ou "Revolution Funk"
Mai 1971 Marvin Gaye sort son chef d'œuvre absolu, What's Going On, album politique dont les notes d'espoir sont sans aucun doute influencées par le positivisme humaniste de Martin Luther King. Même pas une demi-année plus tard, Sly Stone, un tout autre genre d'animal, semble lui répondre, Malcolm X musical du Luther Gaye, There's a riot goin' on. Lucide, le gars.
Et bouillant album de rupture ou la contestation joyeuse de Stand! se mue en colère sourde. Parce qu'en ces seventies commençantes, Sly n'est plus tout à fait le même, et l'Amérique plus tout à fait la même non plus.
Parce que, dans l'Amérique des années 70, les luttes sociales, raciales et sociétales ne se sont pas éteintes, elles ne font, de fait, que se radicaliser à mesure que les différents camps s'organisent, idéologiquement comme matériellement, et parce que Sly commence à sérieusement souffrir des addictions qui l'éloigneront petit à petit des spotlights, et d'enregistrements de qualité. Mais nous n'en sommes pas là, Sly et son collectif multiracial sont toujours une fantastique machine à groover avec le poing dressé et la menton haut, apanage d'une jeunesse ne se suffisant pas d'un ordre établi claustrophobe. Ca nous donne un album notablement plus sombre, plus extrême même quand il se frotte à des thèmes plus frivoles, véhiculant la violence de la résignation comme peu réussirent à le faire. Un album évidemment doté de quelques immortels aux premiers desquels on citera le blues languissant Just Like a Baby, la soul presque naturaliste de Family Affair (un beau concurrent pour les tubes de Stevie Wonder de la même époque), le jammy et délicieux Africa Talks to You et ses inclinaisons gospel post-Woodstock, le léger et délicat (You Caught Me) Smilin' essentiel comme l'un des rares rais de lumière de la galette, ou l'adaptation réussie de Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin) en funk lent et lourd qu'est Thank You for Talkin' to Me Africa. Mais ce ne sont que quelques exemples d'une galette sans faux-pas, égale en qualité à l'essentiel Stand!, autre pinacle du funk "sly-stonien".
Album admirablement de son temps à la mise en son sourde et organique (faut aimer les basses !), There's a Riot Goin' On restera hélas l'ultime coup d'éclat de Sly et de sa famille complètement stone, dommage ! Dommage parce qu'avec Funkadelic/Parliament, Gil Scott-Heron et quelques autres, Sly Stone représentait un possible d'une black musique intelligente et concernée par le monde qui l'entoure transcendant les communautés et les genres avec un naturel et une classe qu'on aimerait rencontrer plus souvent. Raison de plus pour ne pas bouder son plaisir en plongeant ou replongeant dans ce furieux bain sonique, et encore moins dans cette édition remasterisée définitive rendant enfin justice à l'édition de cire noire originelle. Impeccable, quoi !
Parce que, dans l'Amérique des années 70, les luttes sociales, raciales et sociétales ne se sont pas éteintes, elles ne font, de fait, que se radicaliser à mesure que les différents camps s'organisent, idéologiquement comme matériellement, et parce que Sly commence à sérieusement souffrir des addictions qui l'éloigneront petit à petit des spotlights, et d'enregistrements de qualité. Mais nous n'en sommes pas là, Sly et son collectif multiracial sont toujours une fantastique machine à groover avec le poing dressé et la menton haut, apanage d'une jeunesse ne se suffisant pas d'un ordre établi claustrophobe. Ca nous donne un album notablement plus sombre, plus extrême même quand il se frotte à des thèmes plus frivoles, véhiculant la violence de la résignation comme peu réussirent à le faire. Un album évidemment doté de quelques immortels aux premiers desquels on citera le blues languissant Just Like a Baby, la soul presque naturaliste de Family Affair (un beau concurrent pour les tubes de Stevie Wonder de la même époque), le jammy et délicieux Africa Talks to You et ses inclinaisons gospel post-Woodstock, le léger et délicat (You Caught Me) Smilin' essentiel comme l'un des rares rais de lumière de la galette, ou l'adaptation réussie de Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin) en funk lent et lourd qu'est Thank You for Talkin' to Me Africa. Mais ce ne sont que quelques exemples d'une galette sans faux-pas, égale en qualité à l'essentiel Stand!, autre pinacle du funk "sly-stonien".
Album admirablement de son temps à la mise en son sourde et organique (faut aimer les basses !), There's a Riot Goin' On restera hélas l'ultime coup d'éclat de Sly et de sa famille complètement stone, dommage ! Dommage parce qu'avec Funkadelic/Parliament, Gil Scott-Heron et quelques autres, Sly Stone représentait un possible d'une black musique intelligente et concernée par le monde qui l'entoure transcendant les communautés et les genres avec un naturel et une classe qu'on aimerait rencontrer plus souvent. Raison de plus pour ne pas bouder son plaisir en plongeant ou replongeant dans ce furieux bain sonique, et encore moins dans cette édition remasterisée définitive rendant enfin justice à l'édition de cire noire originelle. Impeccable, quoi !
1. Luv n' Haight 4:01
2. Just Like a Baby 5:12
3. Poet 3:01
4. Family Affair 3:06
5. Africa Talks to You 'The Asphalt Jungle' 8:45
6. There's a Riot Goin' On 0:00
7. Brave & Strong 3:28
8. (You Caught Me) Smilin' 2:53
9. Time 3:03
10. Spaced Cowboy 3:57
11. Runnin' Away 2:51
12. Thank You for Talkin' to Me Africa 7:14
Bonus
13. Runnin' Away (mono single version) 2:44
14. My Gorilla Is My Butler (instrumental) 3:11
15. Do You Know What? (instrumental) 7:16
16. That's Pretty Clean" (instrumental) 4:12
Sly Stone – arrangements, drums, drum programming, keyboard programming, synthesizers, guitar, bass, keyboards, vocals
Larry Graham – bass, backing vocals
Greg Errico, Gerry Gibson – drums
Bobby Womack, Freddie Stone, Ike Turner – guitar
Billy Preston – keyboards
Jerry Martini – tenor saxophone
Cynthia Robinson – trumpet
Rose Stone – vocals, keyboards
Vet Stewart, Elva "Tiny" Mouton, Mary McCreary (aka Little Sister) – backing vocals
"Ultime coup d'éclat" ? Ne peut-on pas en profiter pour réhabiliter Fresh, dans lequel Sylvester, rythmiquement orphelin, fait mentir un court instant son décès artistique que tu dates en 71 ?
RépondreSupprimerEntendons-nous bien, j'ai tout Sly et la Family et je sauverais du matos sur tous les albums, même le franchement très moyen, Ain't but the One Way de 1983, ultime clou du cercueil... Et donc, oui, Fresh est excellent, Small Talk et High on You sont loin de démériter aussi, mais il y a une indéniable érosion qui commence dès Fresh et ne s'interrompra hélas jamais. Triste mais vrai.
SupprimerFunk ? Je prends !
RépondreSupprimerEt tu reviens après parce que ce funk là, ça mérite qu'on y revienne !
SupprimerMerci. ^_^
RépondreSupprimerHey, les copains, vous avez entendu cette basse ?????
RépondreSupprimerQuelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi on ressort épuisé de l'écoute de ce disque ? En plus, on a la peau un peu plus foncée et les cheveux crépus… c'est normal, docteur Zornie ???
Fait chaud soudain, je vais peut-être aller me promener à poil sur la plage. Et peut-être que je tomberai sur une gentille nana qui a chargé la même galette !!!
Absolument imparable
Les symptômes sont normaux, Monsieur Michards. Un petit coup d'Iron Maiden, de Joy Division ou de Richard Wagner et vous reblanchirez ! ;-)
SupprimerC'est vrai que Wagner va me faire pâlir d'un seul coup !!!!!
SupprimerChef d'œuvre absolu !
RépondreSupprimerJe suis désolé de ne pas commenter tout ce que tu publies en ce moment, mais c'est très très très intéressant. Je connais la plupart de tes albums de 71, excellente sélection (et éclectique, de Fela à Bowie il y en a du chemin!), et excellents articles.
Voilà, je voulais juste te laisser un petit mot pour te le dire, n'ayant pas le temps de détailler beaucoup plus ce que je pense de tous ces merveilleux disques :)
A+
Je ne t'en veux pas. Je n'ai pas, moi même, souvent le temps de commenter ailleurs. Alors merci pour ce passage, Alexandre.
SupprimerUn disque malade de malades. Superbe conclusion que j'approuve avec l'égoïsme de l'auditeur qui regrette la stérilité du rapprochement de Sly et Miles. Ce que p'tain de musique cela aurait donné.
RépondreSupprimerJ'sais pas en fait... Pour moi l'opportunité manquée c'est surtout la rencontre entre Miles et Hendrix. Il paraitrait même qu'il y a des bandes qui existent, quelque part, perdues dans les limbes...
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