ou "a new trio"
S'il arrive sur la queue de la comète que fut le Book of Angels volume 21 d'Eyvind Kang, une merveille ! ceci dit en passant, la nouvelle création du stakhanoviste new-yorkais John Zorn se doit de ne pas être négligée.
D'une parce qu'elle propose un nouveau trio, ce qui n'arrive pas si souvent dans une écurie de musiciens étendue et versatile dans laquelle le compositeur peut puiser à loisir, avec cependant un vénérable ancien, le fidèle d'entre les fidèles contrebassiste Greg Cohen.
De deux parce que la musique qui y est proposée, louvoyant entre exigence contemporaine et swing expert, y est d'une beauté, d'une luminosité... Comme la galerie des miroirs du Château de Versailles à qui elle emprunte le titre et le visuel d'habillage mais en moins clinquant, en moins rococo/milliardaire russe/sofia-coppola-ladurée (rayez les mentions inutiles), parce que Zorn a du goût, évidemment.
Concrètement, comprenant six pièces rondement menées par le piano de Stephen Gosling pour un peu moins de 50 minutes, In the Hall of Mirrors pourrait, si on cédait à la facilité, être comparé à moult autres projets du compositeur. On évoquera, par exemple, un Gnostic Trio où la responsabilité de soliste aurait été transféré de la guitare de Frisell et du vibraphone de Wollesen vers le piano du susnommé sur une partition notablement intensifiée, ou à l'admirable Dreamachines sorti l'an dernier avec un composition instrumentale seulement augmentée des marteaux tapants du même Magic Kenny W. ce dernier doté d'une contemporanéité nettement moins exacerbée, cependant. De fait, c'est un bon résumé, mais seulement un résumé !, d'un album qui n'oublie jamais d'être mélodique même quand il glisse vers des territoires plus exigeants. Parce que Zorn, tenant en Gosling un pianiste d'exception ayant d'ailleurs publié quelques albums chez l'excellente maison Naxos, lui a préparé une partition puisant dans les capacités techniques d'un "exécutant" aussi bien capable de jazzer, y en a !, que d'explorer expertement les aspects classiques et avant-gardistes parties intégrantes de son art.
Evidemment, si Gosling et la partition du Maître sont les attractions principales de cette Galerie des Miroirs, on n'en oubliera pas l'impeccable et versatile socle rythmique pourvu par la contrebasse sûre de l'ami Cohen et la jeu sur les peaux et les cymbales de Tyshawn Sorey qui, taillé comme un truck américain (genre Buddy Miles, voyez) délivre, en puissance, technique ou inventivité, une prestation si extraordinaire qu'on a parfois l'impression que Kali l'a doté de quelques membres supplémentaire. Pas tout à fait étonnant pour un gars ayant joué avec quelques pontes tels que Wadada Leo Smith, Steve Coleman, Vijay Iyer, Dave Douglas, ou Anthony Braxton, mais une révélation tout de même.
On précisera que si, souvent, Zorn laisse une large part d'improvisation à ses musiciens, ce ne fut pas le cas ici où tout est très écrit justement pour profiter au maximum des doigts d'or de Gosling. Sans doute y a-t-il un fantasme de virtuose frustré là-dessous, au résultat, on ne s'en plaindra pas.
Evidemment, si Gosling et la partition du Maître sont les attractions principales de cette Galerie des Miroirs, on n'en oubliera pas l'impeccable et versatile socle rythmique pourvu par la contrebasse sûre de l'ami Cohen et la jeu sur les peaux et les cymbales de Tyshawn Sorey qui, taillé comme un truck américain (genre Buddy Miles, voyez) délivre, en puissance, technique ou inventivité, une prestation si extraordinaire qu'on a parfois l'impression que Kali l'a doté de quelques membres supplémentaire. Pas tout à fait étonnant pour un gars ayant joué avec quelques pontes tels que Wadada Leo Smith, Steve Coleman, Vijay Iyer, Dave Douglas, ou Anthony Braxton, mais une révélation tout de même.
On précisera que si, souvent, Zorn laisse une large part d'improvisation à ses musiciens, ce ne fut pas le cas ici où tout est très écrit justement pour profiter au maximum des doigts d'or de Gosling. Sans doute y a-t-il un fantasme de virtuose frustré là-dessous, au résultat, on ne s'en plaindra pas.
Je l'avoue, j'ai parfois envie de dire du mal de John Zorn, juste histoire de rompre la routine louangeuse. Mais non, parce qu'à 60 piges maintenant passées, les idées clair, le regard perçant et la mine vive, Zorn se répand musicalement comme un jouvenceau courant la gueuse aux premières sèves printanières. De la joie, il en prend et en donne beaucoup en retour aussi, par son art multiple, sa capacité à sans cesse trouver de nouvelles mélodies, de nouveaux horizons, de nouvelles options toutes aussi viables les unes que les autres. Alors, qu'il joue ou pas pendant les sessions, chaque parution discographique de Master Z est un évènement, celle-ci presque plus qu'une autre, serait-on tenté d'avancer... C'est dire si on recommande ce délicieux, précieux et virtuose In the Hall of Mirrors, en attendant la suite, vite !
1. Epode 5:47
2. Maldoror 10:08
3. Tender Buttons 4:50
4. In Lovely Blueness 11:01
5. Illuminations 12:09
6. Nightwood 4:48
Stephen Gosling - piano
Greg Cohen - bass
Tyshawn Sorey - drums
John Zorn - composition, production
Merci beaucoup, j'attendais absolument de pouvoir l'écouter! ça a l'air d'être un grand cru encore...
RépondreSupprimerVous avez raison, comment dire du mal de Zorn? Alors qu'il pourrait rompre, il ne déçoit pas (selon le 1er extrait que vous avez posté), je file écouter ça dans le noir et dans la nuit! allez, hop! :-)
Ca y est je viens de l'acheter et pas de mauvaise surprise... toujours aussi enthousiasmant...
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