jeudi 28 novembre 2013

Grand Jeu, 7ème Edition, 6ème Tour

Encore un peu vert !
Une première oeuvre pas tout à fait mure.

C'est toujours émouvant les premiers pas... Bébé s'appuie sur la table basse du salon, pousse sur ses bras, vacille un peu mais finalement avance... avant de vite retomber. En musique, je vous parle d'un temps etc., c'est un peu la même chose, les débuts sont parfois troublés par la jeunesse de leurs compositeurs, l'incertitude qui plane encore sur le style, le son...

Van der Graaf Generator "The Aerosol Grey Machine" (1969)
ou "Le Premier Pas"


...Parce qu'en 1969, Van der Graaf Generator n'est pas encore l'écorché vif d'un rock progressif britannique triomphant (de Yes à ELP en passant par Genesis et King Crimson, pour le "top of the iceberg"), le misfit ultime, plus primitif, séminal, enragé que ses petits copains sympho-kek-chose, mais moins expérimental que les allumés du cerveau du Rock in Opposition (qui viendra plus tard trépaner les neurones avec Henry Cow et ses successeurs, le free punk du prog, pour situer). Bref...

1969 : Aerosol Grey Machine, est sensé être le premier album d'un jeune artiste du nom de Peter Hammill,  il finira par être attribué au groupe auquel il participait et qui vient tout juste de se reformer : Van der Graaf Generator. Clairement, dès l'entame, on sent que peu de moyens ont été alloués à cette production, c'est cru, brut de décoffrage. Musicalement, entre folk, psychédélisme 60s et soupçons du progressisme que développera bientôt la formation, c'est une vague si sympathique approximation du mastodonte fragile que nous connaissons tous, cette créature indomptable (et au jour d'aujourd'hui toujours indomptée) capable des douceurs les plus émouvantes comme des saillies les plus radicales où Hammill se mue en proto-punk lettré. Le Van der Graaf Generator de 1969 est plus tempéré, ce n'est pas encore ce fauve rugissant mais un mignon gros chaton qu'on recueillerait presque en son foyer (j'exagère bien sûr, mais pas tant...). Il y a évidemment de bonnes choses sur cet inaugural long-jeu parce qu'Hammill sait déjà trousser une chanson et l'interpréter de tout son cœur : l'harmonieux Afterwards où l'orgue de Banton et le falsetto de Peter font merveille, la pièce progressive Orthenthian St. ou Into a Game où les indices des constructions émotionnelles à venir sont évidents, l'efficace et gothique Necromancer même s'il prête un peu à sourire... Et quelques autres mais, soyons clair, ce n'est ni Pawn Hearts ni Still Life. Et d'ailleurs, au line-up, qui ne survivra pas à la session, manquent le saxophone et la flute de David Jackson et, évidemment !, la guitare électrique d'Hammill si distinctive, si essentielle au développement du SON Van der Graaf Generator.

Probablement fallait-il en passer par là, et nul doute que les afficionados de la formation y trouveront leur compte... Bientôt, la chenille brisera son cocon et se transformera en resplendissant, et probablement venimeux, papillon (The Least We Can Do Is Wave to Each Other, 1970). En 1969, tout est presque là, mais reste à définir, raffiner. Tout ceci fait d'Aerosol Grey Machine un album accessoire d'une discographie qui n'en connaîtra pas d'autres, sympathique mais accessoire.


1. Afterwards 4:58
2. Orthenthian St., Pts. 1 & 2 6:18
3. Running Back 6:35
4. Into a Game 6:56
5. Ferret & Featherbird 4:33*
6. Aerosol Grey Machine 0:46
7. Black Smoke Yen 1:26
8. Aquarian 8:21
9. Giant Squid 3:19*
10. Octopus 7:57
11. Necromancer 3:29
* bonus


Peter Hammill – lead vocals, acoustic guitar
Hugh Banton – piano, organ, percussion, backing vocals
Keith Ellis – bass
Guy Evans – drums, percussion
&
Jeff Peach – flute

33 commentaires:

  1. Connais pas celui-ci... Mais les oeuvres un peu vertes son toujours intéressantes...

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  2. Je connais un peu la suite. Du coup il sera intéressant de se pencher sur celui-là. Merci :)

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  3. Tain.. encore une pochette naze !!!! pochette prog ?? j'ai du mal à m'y retrouver dans leur discographie, un peu comme les Grateful, à cause des pochettes.. ceci dit, je vais tenter le travelling arrière pour palper la fraîcheur.

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    1. Malheureux, ne compare pas les vieux hippies du Grateful Dead avec les allumés de VdGG. Et puis, VdGG a finalement sorti peu d'albums par rapport à la longueur de leur carrière, pas si diffile de s'y retrouver si on s'est un tantinet intéressé à la carrière du groupe, en fait. Mais palpes donc, palpes donc !

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    2. J'fais qu'ça..j'chu à fond dans la palpe.. je parlais juste des pochettes, quand je vais à Moufetard, GD ou VdGG sont au complets (demande à Jimmy)..pour nous aider, ils ont collé dessus l'ordre chronologiques des albums pour qu'on puisse s'y retrouver dans ce style graphique... mais aussi parce que ce sont des passionnés, et que nous aussi, faut pas nous la faire :C

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  4. Moi je croyais que les pochettes pourries c'était fini !!!!!
    VDGG, pas trop ma tasse de darjeeling mais je vais un jeter une oreille.

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  5. VDGG...
    Là, tu touches plein but, en façade...
    Je suis et reste un grand "écouteur" de ce groupe et de P.Hammill - c'est classé prog, ce n'en est pas...
    C'est habité pas possible, ça n'a rien de redondant, c'est "à part"...
    Qui a vu VDGG sur scène a assisté à un moment de rare puissance et folie mentale et sonique.
    J'ai eu cette chance et ça a radicalement changé mes modes de pensée artistiques.
    Merci à eux et à PH.
    et à toi...

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    1. Il faut aussi dire que Hammill fait parti de cette toute petite minorité de vocalistes aussi intéressants quand ils chantent juste que faux (ça lui arrive souvent, surtout en live). Pour le reste, tu as grandement raison, VdGG ne fait pas du rock progressif mais du rock libre (free rock comme on dit free jazz), ça change tout !

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  6. Vindiou ! Ça part dans tous les sens !
    Pas convaincu à 100 %, mais j'ai trouvé quelques trucs intéressants comme le titre "Aerosol"… mais pourquoi tu l'as fait aussi court, monsieur Van der Graaf ???

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    1. Ca partira moins dans tous les sens dès le second album... A tester ? ;-)

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  7. J'ai un thème pour un prochain Grand Jeu : "Prog-Rock (même un soupçon), Space Machin, Kraut-Bidule, Brian Eno et Yes : reculez jusqu'à les arbres !"
    EWG

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    1. Le truc c'est que je peux te trouver du prog qui n'est pas étiqueté en temps que tel.

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    2. Pervers, tu es pervers (mais tu n'es pas le seul...)

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  8. Comme Charlu, je mélange un peu tout dans leur discographie, et encore d'accord pour juger plus rock que prog. Moi j'aime bien, même si parfois c'est parfois un peu indigeste dans la luxure d'arrangements (pour des albums ultérieurs).

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    1. Pas d'accord sur la "luxure" des arrangements, pas d'accord du tout même !

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  9. Hi le Zornophage !
    Un groupe que j'aurais aimé aimer, mais rien à faire, malgré plusieurs essais...

    Tell me... je commence à m'intéresser sérieusement à Zorn (en partie grâce à toi d'ailleurs). Plusieurs disques ont été publiés sur Exystence, mais les liens sont hélas le plus souvent rompus. Pourrais-tu m'indiquer où je pourrais en récupérer quelques uns ? Cà ne t'aura probablement pas échappé, mais au cas où... "Jazz Magazine" a publié dans son édition de septembre un dossier sur ce musicien prolifique, avec une sélection de disques...
    http://www17.zippyshare.com/v/93595622/file.html

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    1. Tu peux en récupérer auprès de moi, suffit de me demander ce qui t'intéresse.

      Et dommage pour VdGG mais si ça ne passe pas, ça ne passe pas, c'est comme ça !

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  10. Pas mal, bon choix... Pas vraiment la musique que j'ai envie d'écouter en ce moment et donc je ne vais pas trop insister mais j'y reviendrais peut-être un jour... Thanks

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  11. De mes nombreux chouchous, en effet.
    Enjoie ces début prometteurs !

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  12. VdGG on avait parlé longuement l'époque de l'Année du Dragon, sur quelques morceaux j'arrive à accrocher mais la plupart du temps je suis en dehors du truc. C'est pas du prog ok, ça y ressemble quand même foutrement. En tout cas vu de chez moi. Mais j'écouterai les extraits tout à l'heure pour juger sur pièce des débuts du générateur.

    La pochette, pas très belle en effet, mais vintage quoi. L’aérosol a un coté Flying Teapot gonguien.

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    1. Perso, j'avoue me foutre de la qualité graphiqe des pochettes ne les écoutant pas.
      VdGG, je comprends qu'on ait du mal à accrocher.. Idéalement, pour être raccord, il faut aimer le jazz, le psyché, le classique, la pop, le punk... Tout ce qu'on retrouve retraité par ces malades géniaux.

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  13. Où suis-je?
    C'est toujours bien space et déroutant! Comme l'a dit ci-dessus Sb c'est pas non plus ce que j'ai envie d'écouter en ce moment mais j'y reviendrai sûrement.
    Mention spéciale à tes images précédant les albums, toujours bien trouvées!

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    1. Merci.
      Et reviens-y mais si tu ne connais pas VdGG, je te conseille plutôt Still Life ou Pawn Hearts.

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  14. Ça passe pas mal mais j'ai beau aimer les constituants, tous ces groupes prog (ou même prog-de-loin) qui sentent plus le recyclage d'influences que leur digestion/assimilation, ça me donne toujours une impression d'esbroufe, même quand ça déborde pas d'arrangements pompiers ou de technicité. D'un côté le son daté, de l'autre le côté collage hétéroclite, rien à faire ça me rebute. Je désespère pas d'essayer, de temps en temps un groupe m'emballe un peu plus que la moyenne, Family ou The Moody Blues m'ont fait ce genre de petits plaisirs mais entre le krautrock et le prog il y a tout un fossé dans l'esprit comme dans le son ou l'imagerie que je n'arriverai certainement jamais à franchir, les teutons l'emporteront toujours dans mon coeur.

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    1. Mouais. Pour moi VdGG est à part de toute la vague progressive. Teste donc Still Life si tu ne le connais pas déjà.

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  15. Bonne découverte (même si ce n'est pas forcément le meilleur album pour ça).

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  16. Connais pas, mais j'entends parler de rock progressif et forcément, je me méfie...

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    1. Méfiance mal placée à mon avis. Et puis VdGG sont tellement à part...

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