lundi 11 novembre 2013

Double Jeune en Cheval Fou

Neil Young & Crazy Horse "Americana" (2012)
ou "Ballade américaine"


Après presque 10 ans de séparation avec son Crazy Horse (Greendale, 2003 et la tournée qui s’en suivit), on s’attendait à du lourd de la part du Loner qui, forcément, en décida autrement et honore ces retrouvailles à coups de reprises de chansons plus ou moins obscures pour nous français (mais classiques pour une audience étasunienne). Etrange choix…

En l’occurrence, cet assemblage de morceaux traditionnels et de quelques reprises (des doo-woppers des Silhouettes à Woody Guthrie en passant par le God Save the Queen que tout le monde connait, pas celui des Sex Pistols, donc) souvent chantés par les petits enfants dans les écoles, jardins d’enfants nord-américains fut, dixit Neil Young, motivé par des contenus lyriques trop souvent oubliés les poussant dans des territoires plus obscures ou revendicatifs. Cette exhaustivité à du bon pour ceux, anglophones, qui souhaiterait se pencher sur lesdites paroles, elle est malheureusement aussi responsable de morceaux s’étirant parfois plus que de raison (Tom Dula et ses 8 minutes, Travel On a presque 7) sans que l’interprétation ne le justifie vraiment (tout le contraire de Psychedelic Pill, comme on le verra après).

Musicalement, pas vraiment de surprise. On retrouve un folk rock électrifié à coup de guitares (soniquement) crues et rudes et de rythmiques bien en place. Il y a bien quelques bizarreries (Get a Job entre doo-wop et garage rock, curieuse rencontre) mais l’ensemble reste dans la « comfort zone » d’un Young paraissant un peu naviguer au radar dans un répertoire qu’on a connu plus excitant. Tout juste note-t-on le renfort de choristes de poids (Mme Young, Pegi de son prénom, et un autre vieux compagnon de passage, Stephen Stills) pour relever un peu la recette.

Pas un mauvais album (mais y en a-t-il vraiment dans la massive discographie de Neil de toute façon ?), Americana n’est pas non plus le dantesque festin qu’on eût légitimement pu attendre des retrouvailles du Loner et de son Cheval Fou. Il s’écoute sans déplaisir mais sans, aussi, l’excitation d’un Gold Rush, d’un Tonight’s the Night, d’un Zuma… Pas un mauvais album mais on en attend toujours plus de Neil, notamment du matériau original, d’où la (relative) déception de ce qui n'est heureusement que le premier chapitre de retrouvailles bienvenues.

Recommandé avant tout aux complétistes et fans hardcore même si ça s'écoutera très bien pour les autres.


1. Oh Susannah 5:03
2. Clementine 5:42
3. Tom Dula 8:13
4. Gallows Pole 4:15
5. Get A Job 3:01
6. Travel On 6:47
7. High Flyin' Bird 5:30
8. Jesus' Chariot 5:38
9. This Land Is Your Land 5:26
10. Wayfarin' Stranger 3:07
11. God Save The Queen 4:09


Neil Young: chant, guitare
Frank Sampedro: guitare
Billy Talbot: basse
Ralph Molina: batterie
&
Dan Greco: percussion
Pegi Young, Stephen Stills: chœurs

.Recyclé de l'Année du Dragon.
AdD153
 
 
Neil Young & Crazy Horse "Psychedelic Pill" (2012)
 
 
Il était dit que les retrouvailles de Neil Young et de son Crazy Horse, entérinées avec un Americana de demi-qualité (pas désagréable mais loin de la quintessentielle fougue qu'on était en droit d'attendre de pareil évènement), ne devaient pas s'arrêter là et que le Loner, toujours aussi productif (et constant) à un âge pourtant dangereusement avancé, nous offrirait une suite originale à l'album de reprises édité plus tôt dans l'an.

C'est chose faite avec Psychedelic Pill, et de quelle façon ! Parce que, c'est évident !, ces gens prennent un vrai grand plaisir à jouer ensemble et à lâcher les chevaux (fous !) dans de longues et prenantes jams à l'exemple de l'inaugural Driftin' Back et ses 27 minutes qui, sur le papier, pourrait faire un peu peur (27 minutes, quoi !) mais s'avère en définitive un bon gros (énooorme même) shoot de rock libre et séminal partant d'un folk typique du vieux "jeune" pour s'admirablement électriser en couplets et refrains mélodiques et soli multiples et bien sentis... Et qui prend son temps aussi, nous emmène avec lui, victimes ô combien consentantes que nous sommes.

Forcément, quand le format se reserre, que les intervenants se disciplinent, l'effet en est d'autant amoindri mais ces respirations, ces pastilles de rock/folk plus standard mais toujours joliment troussées, sont un "mal" nécessaire avant de repartir dans une nouvelle odyssée fuzz'n'free, ce que nous propose Psychedelic Pill "feuilletant" sa tracklist, alternant le normal, le typique et le "tout feu tout flamme" sans limitation de temps. De fait, la construction, tout sauf précaire, coule de source et nous entraîne, 85 minutes durant, dans ce qu'on a envie d'établir immédiatement comme la plus flamboyante réussite de Neil depuis... Une éternité !

...Et de se souvenir d'un Ragged Glory qui, aux naissantes 90s, avait procuré pareil énamourement, similaire retour d'affection pour un musicien pas vraiment rare (au vu de sa régulière activité) mais toujours aussi précieux et présentement dans la forme de ses jeunes années. Un petit miracle qu'on se doit de ne pas bouder.
 
 
1. Driftin' Back 27:35
2. Psychedelic Pill 3:25
3. Ramada Inn 16:48
4. Born In Ontario 3:49
5. Twisted Road 3:28
6. She's Always Dancing 8:33
7. For The Love Of Man 4:12
8. Walk Like A Giant 16:26
9. Psychedelic Pill (Alternate Mix) 3:12
 

Neil Young: guitare, orgue, cordes, sifflet, chant
Ralph Molina: batterie, choeurs
Poncho Sampedro: guitare, choeurss
Billy Talbot: basse, choeurs
Dan Greco: cloche, tambourin
 
.Recyclé de la Caverne d'Ali Baba.

1 commentaire:

  1. Psychedelic Pill
    Cd 1
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    Cd 2
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    Americana
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