mardi 5 novembre 2013

Mettez un tigre dans votre Joni !

Joni Mitchell "Taming the Tiger" (1997)
ou "Joni sait faire du bon miaou"


Après un Turbulent Indigo un poil trop pépère pour être totalement satisfaisant, et pourtant salué d’une victoire aux Grammy Awards dans la catégorie album de musique pop (!), Joni Mitchell revient avec un album qui convoque quelques fantômes de son passé et teinte, enfin, son répertoire d’une couleur jazz qui avait manqué à son auditoire.

Et l’attente fut longue ! Quatre ans depuis Turbulent Indigo (avec tout juste un best of pour ronger son frein) et presque 20 ans depuis sa précédente incursion en territoire jazzistique… C’est dire si on pouvait douter d’un retour vraiment gagnant… Et puis… Les entrechats du saxophone, les arabesques de la guitare et – bien sûr ! – le chant de la Dame… Autant d’éléments déterminants de cette musique adulte et intelligente (cela va sans dire mais disons le quand même). Forcément, le mérite en incombe majoritairement à l’écriture supérieurement subtile et raffinée qui a fait le succès de Joni et ne s’est qu’extrêmement rarement démentie en presque 40 ans de carrière.

Ainsi est-on subjugué par la grâce fluide et inspirée d’une musique coulant comme une rivière d’évidences dans les oreilles offertes de l’auditeur conquis. Certes le son propret et les arrangements au millimètre viendraient presque gâcher la fête...  Presque seulement car si, en effet, Joni s’approprie ici des sonorités et maniérismes directement héritées du goût du jour (c’est particulièrement évident sur le seul faux-pas de l’album, My Best to You mais aussi sur le très réussi Harlem in Havana), elle ne le fait jamais que pour servir son écriture et suffisamment intelligemment et modérément pour conserver à l’album un côté organique tout à fait satisfaisant et essentiel à l’expression de son art.

Pour la petite histoire, l’album fut annoncé à sa sortie comme l’ultime album de matériel original que ne sortirait jamais Joni, allégation démentie – près de 10 ans plus tard – par l’impeccable Shine (2007). On se réjouit qu’elle soit revenue sur sa décision mais – en eût-il été autrement – Taming the Tiger eût eu l’allure d’un final en beauté.


1. Harlem In Havana 4:27
2. Man From Mars 4:09
3. Love Puts On A New Face 3:46
4. Lead Balloon 3:37
5. No Apologies 4:17
6. Taming The Tiger 4:17
7. The Crazy Cries Of Love 3:54
8. Stay In Touch 2:58
9. Face Lift 4:41
10. My Best To You 3:42
11. Tiger Bones 4:24


Joni Mitchell: chant, guitare, claviers, percussions, basse
Greg Leisz: pedal steel guitare
Wayne Shorter: saxophone
Larry Klein: basse
Brian Blade: batterie
&
Femi Jiya: voix parlée (Harlem in Havana)
Michael Landau: guitare solo (Lead Balloon)

.Recyclé de l'Année du Dragon.
AdD083

1 commentaire:

  1. Je te copie un commentaire que j'ai posé chez les Paps, histoire d'échanger sur une drôle d'écoute que j'ai de Joni
    "Je persiste, mais comme je suis parti de la "fin" de sa disco, quelle a été ma surprise de la découvrir avec une voix haut perchée.
    En plus, quand tu ne l'a pas écouté sur la durée, c'est mon cas, toute sa discographie est (trop?) impressionnante. Et plutôt "cérébral" je trouve, faudrait que je m'explique mais je suis influencé par une lecture qui avait jugé sa musique travaillée, trop?, et donc davantage cérébrale que émotive.
    Or venant de son disque "Both Sides Now" et de "Travelogue" ... Pas facile.
    mais par petit bout, je rattrape mon retard."
    Mais surtout je vais devoir me prendre le MINGUS que je n'ai ni ne connais. Il parait qu'il est indispensable?

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