vendredi 2 août 2013

A la merveille !

Radiohead "Ok Computer" (1997)
 
 
Ha ! Que voici une galette intouchable (ou presque, parce que, disons-le tout de go, rien ne l'est, pas même Bach, Mozart, Coltrane..). Un album qui louvoie entre progressisme non assumé (faut voir/lire la réaction de Yorke and co quand un outrecuidant journaliste osa leur évoquer Queen, Marillion ou Genesis comme improbable et pourtant bienvenue parrainage), à la fibre pop supérieure, l'album où la chrysalide Radiohead dévoile enfin son magnifique papillon : Ok Computer.

Pourtant, on avait été prévenus. The Bends recelait déjà des germes de cette évolution et stratosphérisait l'aimable brit-rock d'un album inaugural, Pablo Honey, accessoire outre quelques salutaires saillies (Creep, Anyone Can Play Guitar).  Prévenus certes mais pas à encaisser le choc tellurique d'un album frôlant la perfection avec, en particulier, un trio de chansons absolument inattaquables : Paranoid Android, Exit Music (for a film) et Karma Police. Trois titres qui passeront à la postérité via deux singles et un emprunt à la bande-son du Roméo et Juliette revu et corrigé par Baz Luhrmann (Moulin Rouge, Australia) pour Exit Music, aussi poignant en contexte album que sur support cellulosé. Evidemment, Karma Police est le single irrésistible que nous connaissons tous, pas besoin d'en faire des tonnes, le son parle de lui même. Il n'est pas inutile, par contre, de développer l'argument quand on aborde Paranoid Android, épopée musicale à ce jour inégalé dans le répertoire du groupe. Ici Radiohead rock-progresse comme jamais avant et plus depuis. De fait, chanson "à tiroirs" - un format comparable au Day in the Life des Fab Four, au Bohemian Rhapsody de la Reine, à One Night in Paris de 10cc, etc. - dotée d'envolées tant guitaristiques que vocales (voir le splendide choeur central), d'un vocabulaire mélodique riche et étendu, et retombant magnifiquement sur ses pieds telle la féline œuvre d'art qu'elle est, cette pièce fait plus que séduire, elle chavire l'auditeur, l'entraîne dans un trip toujours trop court (refaimelemele) et ô combien (émotionnellement) gratifiant. Oui, tout ça !

Forcément, après pareil tour de force, on se dit que le reste de la galette ne peut que s'affadir. Et puis non. Parce que TOUTES les chansons sont bonnes (11 au total plus l'intermède Filter Happier), parce que le groupe et son néo-producteur (Nigel Goldrich, qu'on retrouvera ensuite aux côtés de U2, R.E.M., Air et même Paul McCartney) ont fomenté un parfait équilibre entre expérimentations sonores et classicisme mélodique. Si l'électronique s'infuse pour la première fois dans le répertoire d'un groupe alors fermement électroacoustique, elle n'est nullement envahissante et, au contraire, tisse des climats, des ambiances qui bénéficient autant à chaque titre qu'à la cohérence de l'ensemble.

Et à sa grâce! Parce que, constatons-le, en 1997, Radiohead est sur le toit du monde musical, unité créative (avant-gardiste, presque) et cependant fédératrice, la formation se met, se faisant, une énorme pression quand à la suite d'évènements qui ne pourront que minorer le capital acquis avec pareil opus. C'était le prix à payer pour un coup de génie longue-durée et l'établissement, à long terme, dans la caste très fermée des groupes qui comptent vraiment et n'en font, hallelujah !, qu'à leur tête.

1.  Airbag  4:44
3.  Subterranean Homesick Alien  4:27
4.  Exit Music (For a Film)  4:24
5.  Let Down  4:59
7.  Fitter Happier  1:57
8.  Electioneering  3:50
9.  Climbing Up the Walls  4:45
10.  No Surprises  3:48
12.  The Tourist  5:24

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