Duke Ellington "Money Jungle" (1963)
ou "Trois gars en or"
La fine équipe que voici !
Nous sommes en 1962 et le Duke profite de son statut (mérité) de légende vivante pour assembler de petites formations avec la fine fleur de la jeune génération, et il a bien raison !
Avec l'exceptionnel batteur qu'est Max Roach (révéré, à raison, jusqu'aujourd'hui) et le turbulent et talentueux bassiste (mais pas seulement même s'il est ici "relégué" à ce rôle) qu'est Charles Mingus, ont peut dire que l'expérimenté pianiste/compositeur a visé juste.
Money Jungle est un délice, c'est un fait. Non seulement c'est un album de jazz gracieux et mélodique et, forcément !, expertement joué, c'est aussi une sorte de passage de témoin d'une génération à une autre, un bilan avant travaux (et quels travaux !).
Ce jazz, bien sûr, jazz de salon au sens noble du terme, adoubé, domestiqué mais pas moins agréable quand il est fait "comme il faut", existera évidemment toujours quand la jeune génération ira pousser l'idiome toujours plus loin, toujours plus prospectivement "ailleurs"... Quitte à faire passez les Ellington, Basie & Co pour des dinosaures (le free jazz est un peu, beaucoup !, le punk du jazz). Qui eux-mêmes, en leur temps firent passer, etc. L'histoire est un éternel recommencement.
Et dire que 9 jours plus tard (la présente session date du 17 septembre 1962) le Duke rencontrera Coltrane ! Imaginez le quatuor potentiel si le calendrier avait été favorable ! Mais bon, Money Jungle avec le piano en star et le pianiste en maître incontesté, accompagné élégamment par une section rythmique "boostante" et boostée... Quel pied, quoi ! Parce qu'Ellington est un compositeur qui impose le respect, un instrumentiste qui sait se mouvoir en toutes circonstances et que les jeunes loups qui l'accompagnent ont l'air bien content d'être là, avec la légende, et de la pousser dans ses retranchements à coups de prodiges rythmiques discrets mais avérés. La mayonnaise prend aisément et le setting en trio, avec la place que ça suppose et les réadaptations qui s'imposent, fait le reste... Enorme, vous dis-je !
Et puis y a des bonus. Différents dans chaque édition de l'album, on s'y retrouve difficilement, il faut faire un choix alors, celui-ci ou un autre... Avec de belles alternate takes et une piqûre de rappel orchestrale, ça le fait.
L'album est essentiel à toute collection jazz qui se respecte, quelque soit l'édition choisie. Un point c'est tout !
1. Money Jungle 5:29
2. Fleurette Africaine (African Flower) 3:36
3. Very Special 4:26
4. Warm Valley 3:32
5. Wig Wise 3:20
6. Caravan 4:12
7. Solitude 5:33
Bonus
8. Switch Blade 5:24
9. A Little Max (Parfait) 2:58
10. REM Blues 4:18
11. Backward Country Boy Blues 6:33
12. Solitude (alternate take) 4:44
13. Solitude (orchestral version 1) 4:43
14. Solitude (orchestral version 2) 6:27
15. Caravan (orchestral version) 6:08
Duke Ellington – piano
Charles Mingus – bass
Max Roach – drums
Absolument !
RépondreSupprimerD'ailleurs, si tes bonus sont complémentaires, je les veux bien ! ^_^
Il existe moult éditions, j'ai choisi celle-ci pour la qualité de son master.
RépondreSupprimerJe connaissais l'anecdote Roach/Mingus qui n'a rien d'étonnant pour ceux qui ont lu l'autobiographie du grand Charles, ouvrage chaudement recommandé, ça va sans dire.
Duke en trio, un fait rare, car ce n'est guère son "image" habituelle.
RépondreSupprimerIci la section rythmique fait légende, la fleurette africaine est un délice et la caravane ne fait pas que passer, elle s'arrête sur cette oasis pour inscrire le jazz autrement qu'en simple étiquette musicale, mais en réelle marque légendaire incontournable d'une immense nomenclature.
des albums comme ça, des rencontres comme ça ?
unique, pour sur et obligatoire (et pas que pour les adorateurs de jazz...).
à +
Obligatoire, je suis bien d'accord.
SupprimerMerci de ton commentaire.