Queen "The Game" (1980)
ou "Transformation réussie"
Quand The Game débarque, Queen est un groupe établi qui "bouge les foules" aux quatres coins du globe (oui, je sais les coins d'une sphère, bref), vend des tombereaux d'albums, se hisse régulièrement dans les charts à coup de hits imparables... Des stars quoi ! Pourtant, deux ans plus tôt, le groupe a écorné l'excellence de sa discographie par un album - oh ! excellent bien sûr - mais moins essentiel. En restait une certaine amertume, une crainte larvée de voir la couronne vaciller sur les quatre chefs royaux. Mécréants que nous étions et ô combien magistralement ce carré d'as remit les points sur les « i ».
Dès le délicieux Play the Game, single si typiquement Queenien, on sent que la mayonnaise va prendre et ce n'est pas le (hard) rock presque funk qu'est Dragon Attack ou l'exercice de white funk d'Another One Bites the Dust qui démentiront cette favorable impression. Queen is back in full force et ça fait un bien fou. Bien sûr, les esprits chagrins ne manqueront pas de noter, pinailleurs qu'ils sont, le glissement vers des chansons plus simples et une orientation radio friendly incluant le fameux son de batterie qui pourrira les productions de bien des artistes en ces funestes 80s. Qu'importe ! Ici l'équilibre est admirable et rien dans la production (brillamment restaurée sur le présent remaster) ou les arrangements ne vient troubler le plaisir de l'auditeur comblé. Evidemment, c'est un album léger - primesautier presque - auquel nous avons ici affaire. Et ? Essentiellement, le rock - dont Queen est alors un des plus dignes représentant sur la face commerciale de la montagne - est une musique de fête et l'époque est à l'optimisme et justement, nos britons s'y entendent comme sur l'admirable hommage au rock des origines qu'est Crazy Little Thing Called Love. Le climat est tellement au beau fixe que Taylor y va même d'un rock carré solide ajouté d'amusants synthétiseurs qui - sans être la tuerie que pût être un Sheer Heart Attack - fait son petit effet. Et pourtant...
Sans que l'enthousiasme que produit l'écoute de The Game en soit amoindri, il ne faut pas oublier les nombreux signes avant-coureurs du glissement qui conduira aux fiascos que seront Flash Gordon et Hot Space : Queen trouve ici un filon et s'y complaira jusqu'à l'écœurement avec quelques fulgurances, certes, mais plus jamais avec une aussi parfaite mixture que sur ce renversant Jeu... En ceci, The Game peut être considéré comme le dernier grand classique du groupe en déplaise aux Ayatollahs qui ont déïfés Saint Freddie et ses Apôtres jusqu'à rendre impossible quelque critique que ce soit. Ce faisant, ils nivellent par le bas le catalogue du groupe minorant l'immense qualité de cette période ô combien faste de leur histoire. Queen sort en 1980 son 8ème album en 7 petites années pour autant de perles (certaines plus immaculées que d'autres, j'en conviens) et le couronne par un Save Me d'anthologie. Façon élégante et magistrale de nous rappeler sa royale grandeur et sa classe absolue.
A noter que, comme pour les autres éditions deluxe de la présente série de remasters, vous retrouverez un petit disque bonus avec deux bons lives, un face B (chantée par Roger Taylor), une petite démo qu'ils développeront plus tard (sur l'album post-mortem Made in Heaven) et une copie de travail sans grand intérêt. Ce n'est pas riche, mais c'est toujours mieux que rien.
Cd 1
Album
1. Play the Game 3:30
2. Dragon Attack 4:18
3. Another One Bites the Dust 3:35
4. Need Your Loving Tonight 2:50
5. Crazy Little Thing Called Love 2:44
6. Rock It (Prime Jive) 4:33
7. Don't Try Suicide 3:52
8. Sail Away Sweet Sister 3:33
9. Coming Soon 2:51
10. Save Me 3:50
Cd 2
Bonus
1. Save Me (Live in Montreal, November 1981) 4:18
2. A Human Body (B-side) 3:44
3. Sail Away Sweet Sister (Take 1 with guide vocal, February 1980) 2:34
4. It's a Beautiful Day (Original spontaneous idea, April 1980) 1:31
5. Dragon Attack (Live in Milton Keynes, June 1982) 5:15
Freddie Mercury – lead and backing vocals, intro vocals on "Rock It (Prime Jive)", bridge vocals on "Sail Away Sweet Sister", piano, rhythm guitar on "Crazy Little Thing Called Love", synthesiser
Brian May – electric, acoustic and twelve-string guitars, backing vocals, piano, lead vocals on "Sail Away Sweet Sister", synthesiser
Roger Taylor – drums, electronic drums, backing vocals, rhythm guitar, lead vocals on "Rock It (Prime Jive)", synthesiser
John Deacon – bass guitar, electric and acoustic guitars, piano, percussion, tape effects
&
Mack - Additional synthesisers
Bonus
Queen "Flash Gordon" (1980)
ou "B-O ou laid"
Que dire de la bande originale de Flash Gordon qui n'ait pas encore été dit ? Que c'est un album mineur (au mieux) de la discographie de Queen ? Que l'ensemble, à part quelques moments intéressants, demeure kitsch et mal foutu ? Oui, tout ça.
On concèdera bien volontiers que Flash Gordon (le film) n'est pas un chef d'œuvre et que, par conséquent, la musique de Queen (qui n'en est pas un non plus) est tout à fait au niveau. De fait, outre deux chansons de correcte qualité (qui ouvrent et concluent l'album), c'est à un machin assez médiocre auquel nous sommes confrontés.
Evidemment, les interventions de Brian May sont de qualité et sans doute une des seules raisons de s'enthousiasmer ici. Le reste oscille entre ridicule et le superflu. Il faut croire que Mercury & Co n'étaient pas fait pour ce genre d'exercice et, d'ailleurs, ils le géreront différemment pour Highlander où ils se contenteront de livrer ce qu'ils savent faire le mieux : des chansons.
Les bonus de la présente édition deluxe n'apportent pas grand chose. On appréciera cependant la version revampée de The Hero ou celle de The Kiss (early version en l'occurrence) qui se tiennent plutôt mieux que leurs équivalents de l'album. Les deux singles de l'album (The Hero et Flash) sont même repris en live (Montreal, 1981) histoire de rallonger la sauce.
Bien entendu, comme pour toutes les autres références de cette série de remasters, le son est parfait et restaure l'album à la perfection, dommage simplement que le flacon soit plus attractif que son contenu.
Cd 1
Album
1. Flash's Theme 3:30
2. In the Space Capsule (The Love Theme) 2:21
3. Ming's Theme (In the Court of Ming the Merciless) 2:53
4. The Ring (Hypnotic Seduction of Dale) 0:58
5. Football Fight 1:29
6. In the Death Cell (Love Theme Reprise) 2:26
7. Execution of Flash 1:06
8. The Kiss (Aura Resurrects Flash) 1:47
9. Arboria (Planet of the Tree Men) 1:41
10. Escape from the Swamp 1:44
11. Flash to the Rescue 2:47
12. Vultan's Theme (Attack of the Hawk Men) 1:15
13. Battle Theme 2:20
14. The Wedding March May 0:56
15. Marriage of Dale and Ming (And Flash Approaching) 2:04
16. Crash Dive on Mingo City 1:01
17. Flash's Theme Reprise (Victory Celebrations) 1:39
18. The Hero 3:31
Cd 2
Bonus
1. Flash (Single version) 2:48
2. The Hero (October 1980... Revisited) 2:55
3. The Kiss (Early version, March 1980) 1:11
4. Football Fight (Early version, No Synths! – February 1980) 1:55
5. Flash (Live in Montreal, November 1981) 2:12
6. The Hero (Live in Montreal, November 1981) 1:48
Freddie Mercury - lead vocals, synthesiser, piano, keyboards
Brian May - lead guitar, backing vocals, synthesiser, piano on "Flash's Theme" and "The Hero", co-lead vocals on "Flash's Theme", guitar orchestration on "The Wedding March"
Roger Taylor - drums, timpani, backing vocals, synthesiser
John Deacon - bass guitar, rhythm guitar, synthesiser
Je viens de me trouver le Book Of Angel 20, donc et c'est avec regret que je reporte une réécoute attentive de ce Queen que j'ai délaissé comme tant d'autres à partir de cette période (Le film Flash .. Une kitscherie qui m'a laissé un bon souvenir, dois je tenter une nouvelle vision? That is the question)
RépondreSupprimerA mon avis, la seule façon de revoir Flash Gordon sans être pris de nausées est de l'attaquer dans un état second.
SupprimerTu as trouvé le BoA chez Till (This Beautiful Downgrade) ? C'est là bas que je l'avais posté.
Tu ne m'a pas l'aire très ouvert sur le cinéma B et Z mon ami...
SupprimerCa dépend du film. Plus Bukaroo Banzai que Flasque Gordon. ;-)
SupprimerComme indique précédemment, je préfère The Game a Jazz.
RépondreSupprimerIci, Queen assume pleinement son évolution et son statut de monstre des stades. Abandon des formes a tiroirs, des chevauchées épiques, a leur manière ils ont aussi tire les leçons de l'effondrement sous son propre poids du "rock instrumental" (prog et compagnie) des 70s, ce qui n’était pas nécessairement gagne: en matière de pompeux/pompier ils n’étaient pas les derniers (ni les moins bons évidemment). L’époque est a un renouveau des formes pop et Queen entend bien se tailler la part du roi (ha!). Funk (Another One Bites the Dust évidemment, mais aussi Dragon Attack (orchestrez le différemment (essayez d'imaginer le riff guitare joué par une section de cuivres par exemple), et vous n’êtes probablement pas très loin d'Earth Wind & Fire)), Faux rock retro (Crazy Little Thing..., Don't Try Suicide, Power Pop (I Need Your Loving, Coming Soon), ballades Queenesque (Sail Away Sweet Sister pourrait venir d'un des albums précédents)... Queen touche toujours a tout, et fournit un album qui s'il n'atteint pas des sommets est plutôt cohérent dans sa vision et sa conception, avec son lot de mélodies a fredonner sous la douches, et de refrains pour se trémousser gentiment.
Une page se tourne, et si on considère cet album isolement de ce qui suivra, Queen semble maitriser et avoir fait ce choix délibérément, en sentant l'air du temps. La suite montrera malheureusement que ce n’était pas si simple que ça.
Flash, quant a lui n'est vraiment qu'anecdotique au mieux, et plutôt carrément mauvais. Le film est (très) kitsch mais la musique ne l'est pas réellement, elle a surtout mal vieilli et n’était probablement pas très fraiche au départ. Suite de vagues thèmes sans grande inspiration, a répétitions multiples, agrémentés d'extraits sonores (qui semblent parfois aléatoires), l'album ne fonctionne pas vraiment, et n'a pas de véritable progression (c'est en général ce que l'on attend d'une B.O. non?). La chanson titre? Oui, a la rigueur mais c'est bien tout et çà reste un single mineur au final.
Beau commentaire auquel je n'ai pas grand chose à ajouter... Ha si, je maintiens que la BO de Flasque Gordon est kitsch même si moins que le film (qui est un sommet dans le genre).
SupprimerLa suite bientôt ! ;-)
Admettons, ca n'a probablement pas grande importance a ce niveau la :D
SupprimerSans oublier que May a fait pas mal de zik de films, souvent d'horreur d'ailleurs, Freddy 6, Mad Max et d'autres.
RépondreSupprimerToutes d'un intérêt minimal (sur les 2/3 que j'ai entendues)... Fais des chansons, Brian, c'est ce que tu fais le mieux !
SupprimerCelle de Mad Max colle super bien au film cela dit. Osmose!
SupprimerDans le contexte du film, je dis pas... En écoute isolée, franchement, bof. sans jeu de mots ! ^_^
SupprimerC'est également ça une bonne B.O. Très peu finalement se suffissent à elles même. Des classiques de John Williams, Morricone ou d Alan Silvestri. Encore que bien souvent, les films sont si célèbres qu'il est difficile d'en faire abstraction. Il y a bien les b.o electro de Carpenter qui sont des joyaux autant pour les films qu'elles illustrent que par leurs qualités intrinsèques. Ou encore Paris, Texas par Ry Cooder ou Pat Garett and The Kid par Dylan. Deux superbes albums de musique chaude et sudiste.
SupprimerJe ne dis pas le contraire et je suis d'ailleurs d'accord avec toi. On se demande simplement pourquoi certaines, qui ne servent fondamentalement que de ponctuation sonore au récit, se retrouvent éditées en cd.
SupprimerPS : Il y a aussi les filmworks de Zorn, je m'en serais voulu de passer à côté ! ^_^
Très juste, certaines ne valent pas une édition séparé. J'aime aussi beaucoup le score de Moroder sur "l'histoire sans fin" et "Scarface" et "Midnight Express" et même "Flashdance", fort le mec. Avec toujours le petit plus qui te permet d'écouter le truc de manière purement musicale.
SupprimerLa boucle est bouclée puisqu'on retrouvait justement Freddy Mercury (Love Kills) sur la BO version Moroder de Metropolis.
SupprimerJe n'ai pas écouter celle-ci. J'ai une version DVD, l'avant dernière, une copie complète fut découvert il y seulement 2 ou 3 ans. C'est l'orchestre de Saarbrück qui s'occupe de l'ornement sonore. Un véritable chef-d'oeuvre, si visionnaire.
SupprimerAvec The Game, les "couineux" abordèrent un virage dure à négocier, mais qui somme toute, à tenu la route avec quelques bons moments. La chanson que je déteste: Another One Bites the Dust, un truc destiné à faire fondre les premiers obèses sur les pistes de danse. Les musiciens sont en plein stade de découverte et vont s'amuser (principalement Mercury) avec de nouveaux joujoux, mais le hic, c'est qu'ils vont s'en servir avant d'avoir appris à les maitriser! la suite le démontrera aisément.
RépondreSupprimerLa suite c'est la BO, qui a fait flash dans mon cerveau lorsque je l'ai entendu pour la première fois. Hitchcock et ses "suspences" n'aurai pas fait mieux: est-ce que le prochain morceau sera aussi nul que le précédent? L' angoisse n'a fait que monter track après track. Les machines s' apprivoisent, alors pourquoi ont-ils été aussi téméraire à leur usage. C'est carrément mauvais. Heureusement, la/les voix, la guitare de May, quelques bons passages vite estompés, font que ce gout amer passe en se pinçant le nez. Et pi tout ça n'est que de la zizique d' OST, qui sied bien à ce film que je trouve nul. Au moins raccord la-dessus les couineux!
Et dire que le pire est à venir...
Le pire est à venir ? Hot Space ?
SupprimerSinon, je vois que nous sommes globalement d'accord. The Game, up. Flasque Gordon, down. ^_^
The Game reste encore aujourd'hui un de mes albums préférés.
RépondreSupprimerFlash n'est pas à proprement parler un disque de Queen, c'est du B.O. avec les contraintes que cela engendre.
Enfin, il y a des BO de qualité... Pas celle-ci.
Supprimer