Newsted "Heavy Metal Music" (2013)
ou "De nouvelles ambitions"
Depuis son départ surprise de Metallica (quitter ainsi la poule aux œufs d'or, quelle idée !), nous étions resté relativement sans nouvelle de Jason Newsted. Il y a bien eu un essai de groupe, Echobrain, genre indie rock, mais rien qui n'affola la masse des adorateurs de Metallica ou de ceux qui s'étaient simplement pris d'affection pour leur ô combien sympathique bassiste. Du coup, on en était venu à ne plus rien attendre de Jason, a tel point qu'on avait même été surpris de le retrouver, temporairement, en bassiste des Progressive Thrashers québécois de Voivod ,ou en tournée avec Ozzy,(Ozzfest 2003)... Plus rien attendre jusqu'à ce que débarque de nulle part l'inaugural opus de Newsted, le groupe, en fait.
Clairement, présentement, Jason se rappelle aux foules metalleuses et ce dès le titre de l'album de son groupe : Heavy Metal Music. Dans le genre "ne vous inquiétez pas mes amis, je vous ai compris, je sais ce que vous attendez de moi", on a rarement fait plus explicite. Jason revient donc au Metal, à la basse bien sûr mais également en tant que vocaliste, ce qui fait sens quand on appelle le groupe de son patronyme. Qui plus est, ayant choisi de s'entourer de relatifs inconnus (deux potes à la guitare rythmique et la batterie et l'ex-guitariste des affreux Staind pour les soli), il est clair que Jason est le patron et assumera pleinement et entièrement la réussite ou l'échec de l'entreprise Newsted. Et le pari est risqué mais Jason nous met tout de suite à l'aise avec un titre inaugural (Heroic Dose) montrant clairement que l'intention est bien de revenir à ses sources. Des sources qu'on tracera présentement au Black Album de Metallica sur un mid tempo aux vibrations comparables à Sad But True sans trop lui ressembler, dieu merci (pour Jason qu'on aurait été chagriné de voir donner dans le plagiat).
La suite ne viendra que rarement démentir les bonnes intentions de départ et l'évidente influence de son ancienne maison sur la musique de son combo. Et c'est sans doute mieux ainsi, parce qu'à 50 ans (déjà !), sans doute un peu par opportunisme mais surtout grâce à une vraie connaissance de ses forces et de ses faiblesses, Jason sait qu'il n'est jamais aussi bon que quand il éructe furieusement dans le micro en pilonnant ses quatre cordes. En éructant souvent dans un registre non sans évoquer un certain James H., d'ailleurs, ce qui ne surprendra aucunement ceux qui ont eu l'occasion de voir emprunter le micro sur scène au patron pour de courtes performances toutes en rage si pas forcément très nuancées. C'est d'ailleurs le défaut qu'on peut d'ailleurs accoler à sa présente performance, un poil monocorde mais néanmoins tout à fait correcte. Si Jason n'est indéniablement pas un grand chanteur, il rattrape son relatif déficit vocal par un enthousiasme largement communicatif.
A partir de là, la qualité des compositions et de leur mise en forme, la production et les arrangements étant d'une importance aigüe dans le metal quelque soit le sous-genre pratiqué, est fondamentale à la réussite de l'entreprise. Si l'ensemble de la tracklist se défend bien, pas de gros ratage à signaler, certaines chansons sortent évidemment du lot à commencer par le morceau d'ouverture déjà décrit plus haut, mais pas seulement. Le bon gros thrash qui suit, Soldierhead, fait aussi son petit effet avec sa surprenante moshing part et son soli "Hammettien" en diable, tout comme ...as the Crow Flies qui vous aurait un petit gout de Load remétallisé à la sauce stoner. Plus loin, King of the Underdogs rappelle que Jason sait aussi y faire en thrash nuancé, et pas seulement depuis Metallica, souvenez-vous de Doomsday for the Deceiver de Flotsam & Jetsam (dont il écrivit d'ailleurs la majorité des paroles) !, mais présentement, outre une prod' moderne, on se retrouve projeté dans un improbable mix des Mets d'...And Justice for All et du Black Album, et ça marche ! On citera aussi The Twisted Tail of the Comet à l'influence Voivodienne si évident que Jason le dédie à leur défunt guitariste, Piggy (Denis d'Amour) dans le bonus DVD, un making of d'Heavy Metal Music de 38 minutes, qui vous confirmera aussi que Jason est définitivement un mec sympathique, abordable et intelligent, attachant quoi !
Alors Heavy Metal Music ? Pas un grand album mais un bon album de ce qu'on qualifiera comme du Heavy Thrash moderne, un début prometteur pour le jeune quatuor Newsted et son expérimenté leader aussi. Evidemment, il a des airs de vil paliatif en attendant la suite des aventures des Four Horsemen, à tel point qu'on se dit qu'à une époque, si on lui avait offert une plus grande place dans l'élaboration de la musique du groupe, et si James et Lars n'avaient pas traversé quelques crises existentielles de millionnaires trop bien nourris, il ne serait probablement jamais parti. Mais on ne refera pas l'histoire et, à tout prendre, on se retrouve désormais avec deux formations de qualité qui, pour cousines qu'elle apparaissent musicalement, n'en ont pas moins chacune leur personnalité et dont une a clairement son futur devant elle, et qu'on aura plaisir à retrouver, espérons, bientôt.
PS: on favorisera l'édition limitée certes plus onéreuse mais possédant trois titres bonus de belle tenue et un documentaire nous en apprenant plus sur la genèse de l'œuvre. Intéressant.
1. Heroic Dose 5:25
2. Soldierhead 4:17
3. …as the Crow Flies 5:59
4. Ampossible 4:00
5. Long Time Dead 4:32
6. Above All 4:36
7. King of the Underdogs 5:58
8. Nocturnus 6:13
9. Twisted Tail of the Comet 5:14
10. Kindevillusion 5:20
11. Futureality 5:25
bonus
12. Spiderbiter 4:32
13. Godsnake 5:16
14. Skyscraper 6:35
Jason Newsted - lead vocals, bass
Jessie Farnsworth - guitars, backing vocals
Mike Mushok - guitars
Jesus Mendez Jr. - drums
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