ou "Le revival que l'on n'attendait pas"
Vous connaissez probablement ce genre d'album si cher qu'on n'ose à peine le critiquer. Ceci ne veut pas dire que c'est le plus grand album du monde, juste une fondation, un pas déterminant vers l'affirmation d'un goût. Script for a Jester's Tear de Marillion est exactement ça pour moi. A l'époque où je l'ai découvert, ma palette était globalement resserrée sur le heavy metal et le hard rock et je méprisais tout ce qui contenait des claviers (comme la plupart de mes pairs). Souvenez vous, c'était une époque où, faute d'attrait pour la chose de la part de la communauté metal, Jon Lord était le champion sans rival de la catégorie claviers de chaque référendum de magazine spécialisé, on a fait du chemin depuis...
Et donc, nous sommes en 1984 et un jeune hardos se voit offert un surprenant cadeau d'anniversaire. Ca n'a rien à voir avec les Iron Maiden, Venom, Metallica, Judas Priest (etc.) sur lesquels il headbangue joyeusement, reprenant les paroles à la volée. La chose se décompose en six longues pistes chargées de claviers, de changements de tempo, de paroles poétiques, de guitares aériennes... Pas grand chose à "mâcher" pour quelqu'un de si peu préparé et pourtant il y a quelque chose, un je-ne-sais-quoi (et un relatif manque de nouveautés en stock, nous sommes avant internet) qui l'attire malgré les réserves d'usage. Bien sûr, il y a des éléments immédiatement accrocheurs, les magnifiques soli de guitare par exemple, et ce sentiment que ça va "clancher"... Et ça a, indubitablement.
Maintenant je sais que Marillion ne faisait que, basiquement, réarranger de vieilles recettes avec une production et une esthétique actualisées. Maintenant je connais Genesis, Pink Floyd, Camel, Yes, Jethro Tull, tous d'évidentes influences d'une formation de rock progressif londonienne alors en pleine ascension vers les sommets. Et, de fait, ils développeront encore plus avant leur côté moderne sur le successeur de Script for a Jester's Tear, Fugazi, avec de formidables résultats. Nous n'y sommes toutefois pas encore tout à fait sur ce qui ressemble vraiment à s'y méprendre à un exercice revivaliste qui n'est pas sans défaut, le premier desquels est un batteur (Mick Pointer, qui ne refera surface que bien des années après au sein de l'Arena de Clive Nolan) qui ne ruine pas la musique mais dont le jeu par trop mécanique et imprécis sera identifié comme le maillon faible par le reste du groupe, et son auteur remercié sans autre forme de procès. L'autre poids sur les épaules de Marillion est évidemment l'encombrante et récurrente comparaison avec Genesis qui, pour être valide, n'en demeure pas moins imprécise et, en vérité, un raccourci vraiment trop facile. Oui, Fish, frontman charismatique et parolier souvent cryptique, se servait alors d'effets rappelant le Peter Gabriel des seventies, le même genre de dramatisation post-adolescente fait de costumes de scènes extravagants, maquillages, masques qui, en vérité, allaient bien au teint d'une formation souhaitant développer son côté magique et différent et la théâtralité qui sied à toute entreprise progressive qui se respecte. Ceci dit, vocalement, avec des influences allant d'Alex Harvey à David Bowie ou Peter Hammill (Van der Graaf Generator), sans oublier le précité, Derek (de son vrai nom) affirme déjà sa propre identité, son propre personnage, son propre petit monde intérieur joliment posé sur la page et chanté avec passion. Aussi, la musique du groupe, nettement plus simple que celle du Genesis de la glorieuse période progressive 70s, pencherait plus vers Camel avec des bribes de Pink Floyd (les soli très gilmouriens de Rothery) dans une combinaison qui fonctionne d'autant mieux que le chanteur y amène un petit extra qui fera, logiquement, de Marillion le leader naturel du regain progressif britannique connu sous le nom de Néo-Prog (Pendragon, Twelfth Night, IQ, Pallas, etc.).
Au bout du compte, avec aucun signe de faiblesse du long de ses 47 minutes (même si j'avoue bien volontiers avoir vu ma passion des deux singles, He Knows You Know et Garden Party, s'émousser avec le temps), Scrip for a Jester's Tear est un formidable album de rock progressif méritant,29 ans après sa sortie, le statu de classique qui lui est désormais attribué. Un état de fait encore plus valide dans sa version remasterisée qui propose de roboratifs bonus comme le chouchou des fans de la première heure, l'épique Grendel et ses 19 minutes mais aussi ses compagnons de EP (Three Boats Down from the Candy et Market Square Heroes).
CD 1 : Album
1. Script for a Jester's Tear 8:44
2. He Knows You Know 5:23
3. The Web 8:52
4. Garden Party 7:19
5. Chelsea Monday 8:17
6. Forgotten Sons 8:23
CD 2 : Bonus
1. Market Square Heroes 4:18
2. Three Boats Down from the Candy 4:31
3. Grendel 19:10
4. Chelsea Monday (manchester square demo) 6:54
5. He Knows You Know (manchester square demo) 4:29
6. Charting the Single 4:51
7. Market Square Heroes (alternate version) 4:48
Fish – vocals
Steve Rothery – guitars
Mark Kelly – keyboards
Pete Trewavas – bass
Mick Pointer – drums
&
Marquee Club's Parents Association Children's Choir – backing vocals on "Forgotten Sons" (short fragment of "Ring a Ring o' Roses").
Peter Cockburn – newcaster's voice on "Forgotten Sons"
CECI EST UN RECYCLAGE DE L'ANNEE DU DRAGON
DERNIERE MINUTE !
Get Happy!, le blog de l'excellent Devant est fermé !!!
Quelqu'un sait-il ce qu'il est advenu ?
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Quelqu'un sait-il ce qu'il est advenu ?
CD 1, album:
RépondreSupprimerhttp://www34.zippyshare.com/v/23835934/file.html
CD 2, bonus:
http://www12.zippyshare.com/v/70434867/file.html
Fermeture honteuse!
RépondreSupprimerEnfin Devant est passé par ici tout à l'heure il est venu commenter:
http://toorsch.blogspot.fr/2013/08/machine-qui-reve.html
Son nouveau pseudo: http://www.blogger.com/profile/02217151954729180212
Affaire à suivre!
Merci de l'info.
SupprimerDe ce que je vois plus bas (le com' de Claude) le problème ne se limite hélas pas au blog de Devant...
Il y a eu une petite hecatombe ces derniers jours: devantf, warfleloup, beyond musicology, Music 60-70 (le fameux veveche presente par Keith il n'y a pas si longtemps), et quelques autres que j'oublie...
RépondreSupprimerQuant a Marillion, j'ai ecoute, il y a longtemps... C'est peut-etre l'occasion d'y remettre une oreille.
Tout ça ?! O_O
SupprimerJe ne savais pas que blogger avait lancé une opération "mains propres" mais c'est, encore une fois, un des ultimes stygmates d'une époque révolue... Vive la licence globale !
Sur Marillion, si tu t'y laisses tenter, n'hésite pas à revenir commenter... Enfin, si le blog n'a pas été fermé d'ici là ! :-s
"Music 60-70" renait de ses cendres!
RépondreSupprimerAllez là:
http://music60-70.ucoz.ru/
et pour les albums, là:
http://music60-70.ucoz.ru/publ
Pour Marillion, leur premier album ne m'a jamais fait penser à du Genesis modernisé, mais plutôt a une certaine évolution et des sons nouveaux, donc novateur et pas imitateur! Et comme dit le propos, plus pinkfloydien qu'autre chose!
Bonne nouvelle ! Les blogueurs ne désarment pas ! :-))
SupprimerJe ne sais pas pour Carlos et Warf mais j'espère qu'ils continueront aussi...
Hop, j'ai oublié de te répondre sur Marillion.
SupprimerCe n'est en effet pas du Genesis modernisé même si les emprunts sont légion... Mais pas qu'à Genesis.
Marillion se modernisera surtout à partir de Fugazi, sinon. Faudra que je revienne sur cet album à l'occasion... ^_^