mercredi 18 septembre 2013

Gauchechamps

Leftfield "Leftism" (1995)
ou "Intelligent techno"


Leftfield est une des ces formations qui, au cœur des années 90, donna ses lettres de noblesses à une scène électronique alors en quête de devenir autre chose qu'une simple pourvoyeuse de musique à danser. Pas étonnant, d'ailleurs, de retrouver chez beaucoup de ces musiciens pionniers, d'Underworld à Prodigy ou Orbital et bien évidemment à Leftfield, des trublions naguère versés au binaire punkoïde et autres expérimentations blanches éloignées de quelque préoccupation « secouante de dancefloors » que ce soit...

Présentement, la musique du duo britannique nous entraîne dans une relecture spatiale d'influences souvent tribales, un futur des possibles. Ainsi, les nappes planantes, la richesse des sons produits, les beats endiablés et pluriethniques, les voix mixtes dans leur origine comme dans leur genre (dont Lydon ex-Rotten sur un Open Up référentiel ou le rastaman Earl Sixteen sur l'introductif Release the Pressure) sont autant d'éléments qui rendent Leftism spécial, spatial...incontournable ! Il y a de la mélodie, évidemment, puisque nous dépassons largement ici le cadre strict de la musique-à-danser. Et des expérimentations sonores qui raviront ceux qui écoutent le son en pointillistes bienheureux dans un univers hybride et métissée, porteur de nombreuses promesses hélas déçues par un second, et final album, Rhythm And Stealth, décevant sans être indigne mais il faut dire que la barre avait été placée si haut, trop sans doute, par ce tour de force originel. Et ça n'empêche aucunement de tripper sur la Sci-Fi World Music de Dailey et Barnes dans laquelle les plus téléphages s'apercevront sans doute aussi de l'intensif usage que les productions télévisées (qui, quand elles tiennent un filon renâclent toujours à l'abandonner) eurent de certains plages de l'album particulièrement cinématiques.

En vérité, ce cd, avec les années, je l'ai littéralement usé. Au point d'avoir dû le racheter... C'est vous dire si je l'aime ! Alors certes, j'en conviens, la musique électronique a beaucoup évoluée depuis conférant à Leftism une certaine patine rétro aisément justifiée par ses déjà 18 ans d'âge (comme le temps file !) parce que, c'est l'évidence !, un album de cette trempe ne vieillit pas, comme tout bon cru il prend de la bouteille ! Et comme, en tant que « landmark » de l'évolution d'une musique à danser vers une musique de salon intelligente, prospective et mélodique c'est toujours un indéniable « must have », il n'y a plus longtemps à hésiter pour vous le recommander ô combien chaudement !


1. Release The Pressure 7:39
2. Afro Left 7:33
3. Melt 5:13
4. Song Of Life 7:01
5. Original 6:22
6. Black Flute 3:46
7. Space Shanty 7:14
8. Inspection (Check One) 6:29
9. Storm 3000 5:43
10. Open Up 6:52
11. 21st Century Poem 5:43


Paul Daley, Neil Barnes: samples, programmations
Earl Sixteen, Cheschire Cat, Papa Dee, Djum Djum, Toni Halliday, Danny Red, John Lydon, Lemn Sissay: voix invitées

.Recyclé de l'Année du Dragon.

2 commentaires:

  1. Totalement d'accord ! LE disque qui m'a initié-décomplexé vis-a-vis de la techno (comme on disait à l'époque). Le jeune con que j'étais à l'époque s'est mis à tripper là-dessus comme le vieux con que j'étais déjà devenu continuait à valser sur le Floyd. Un disque libérateur, important, essentiel.

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    1. Parce que c'est musical avant d'être techno ! C'est ce qui fait la différence.
      Depuis, certains titres ont été utilisés intensemment pour des pubs, des reportages, etc.

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