Peter Gabriel/VA "Scratch My Back... And I'll Scratch Yours" (2010/13)
ou "The Great Cover Show"
Scratch My Back (2010)
Sorti en 2010, si Scratch My Back est un album de reprise c'est surtout, du fait du parti-pris ambiento-orchestral de l'instrumentation et des arrangements et de la grande liberté mélodique souvent prise avec les originaux, avant tout un album de Peter Gabriel faisant siennes les chansons d'autres.
C'est aussi un projet double au (double aussi) délai, pour une fois, pas à imputer au perfectionnisme extrême voire excessif de l'ex-frontman de Genesis, Peter ayant attendu que viennent les réponses de ceux qu'il avait choisi de reprendre avant de lancer Scratch My Back en "stand-alone" en attendant la suite (et 2013 avec And I'll Scratch Yours).
Dès Heroes, d'après David Bowie, le setting est établi, ceux qui veulent du pouêt-pouêt, du qui met la banane repasseront, Peter, en mode Reichien dirait-on, susurre un Bowie qu'on n'avait jamais entendu comme ça... Allez, on reconnait le texte mais, sinon, la chanson est méconnaissable et, à vrai dire, un peu ennuyante. Ce que n'est heureusement pas tout l'album qui possède de très bons moments comme le Boy in the Bubble de Paul Simon parfaitement retranscrit. The Power of the Heart de Lou Reed qui, tout en retenue et en tristesse contenue, vous atteint en plein cœur. The Book of Cole, adapté des Magnetic Fields de Stephin Merritt, qui marche formidablement bien en sa zen "cotonosité. Après-Moi de la russo-new yorkaise Regina Spektor, le plus upbeat de l'album, c'est dire !, et aussi une des plus évidentes réussites, où Gabriel se glisse tel un caméléon funambule. Ou, enfin, Street Spirit (Fade Out) de Radiohead, qui n'auraient pas apprécié se retirant du coup du projet And I'll Scratch Yours, pourtant très réussi dans sa dépressive beauté orchestrale. Bref, de quoi se sustenter et faire passer la pilule de versions moins réussies. Loin du désastre que certains se plurent à décrire à sa sortie.
L'occasion de la sortie de son compagnon est trop belle pour ne pas en appeler solennellement à la réévaluation d'une œuvre, comme d'habitude chez le flegmatique mais sensible Gabriel, profondément humaine, à fleur de peau.
Scratch My Back (2010)
1. Heroes (David Bowie) 4:10
2. The Boy in the Bubble (Paul Simon) 4:28
3. Mirrorball (Elbow) 4:48
4. Flume (Bon Iver) 3:01
5. Listening Wind (Talking Heads) 4:23
6. The Power of the Heart (Lou Reed) 5:52
7. My Body Is a Cage (Arcade Fire) 6:13
8. The Book of Love (The Magnetic Fields) 3:53
9. I Think It's Going to Rain Today (Randy Newman) 2:34
10. Après moi (Regina Spektor) 5:13
11. Philadelphia (Neil Young) 3:46
12. Street Spirit (Fade Out) (Radiohead) 5:06
And I'll Scratch Yours (2013)
La suite de Scratch My Back... A peine si on s'attendait à la voir atterrir un jour... Et puis voilà, avec quelques variables d'ajustement suite à la défection de quelques participants (nommément Neil Young, David Bowie et Radiohead) le voici ce "Peter Gabriel par les autres".
A l'exemple des libertés que repris a pris avec les chansons d'origine, la tonalité d'ensemble est plus à l'adaptation, la réappropriation qu'à la religieuse fidélité... Avec des bonheurs évidemment divers.
Côté réussites, au petit jeu du contre-pied, les champions sont David Byrne et Stephin Merritt qui ont grosso-modo eut l'idée de transposer Gabriel en électro-pop bien balancée. Byrne garde une petite tête d'avance, il ose plus et chante mieux, mais Merritt gagne la prime à l'humour avec le refrain "chipmonkisé" de Not One of Us... Irrésistible.
Plus fidèles, Bon Iver, Regina Spektor, Arcade Fire, Elbow et Feist réussissent tous leurs versions en gardant la mélodie du maître et la transposant des attributs habituels de leur "trademark sound". Ce n'est pas chavirant mais c'est du bon boulot qu'on écoute avec un grand plaisir.
Sans surprise, Paul Simon a choisi Biko et, sans surprise, il fait dans la délicatesse et le bon goût... Beau final.
Et puis il y a Lou et Solsbury Hill... Alien, définitivement. Vous aimerez ou vous détesterez... Du vrai Lou Reed en tout cas avec la guitare qui "drone", la voix à côté de la plaque et parfaite à la fois. Sauf que la colline qu'on imaginait verdoyante chez le Gab' devient une décharge industrielle lugubre chez Lou... J'ai aimé, mais j'aime me faire mal, parfois...
Côté "oui, mais non", Joseph Arthur ne choque que le Monkey, sa version minimaliste pseudo-éthérée fonctionne mais n'évolue pas, ne s'élève pas... Et finit par lasser. Ennuyeux donc le remplaçant. L'arrangement du Big Time by Randy Newman est sympathique mais Randy chante définitivement de plus en plus mal et casse l'effet de ses couaquements agaçants. Mother of Violence par Brian Eno (qui remplace Bowie en tant que co-compositeur du Heroes repris par Gabriel sur Scratch My Back), ne plait ni ne déplait... On l'oublie vite, ce n'est jamais bon signe... Et c'est tout !
Comme toujours dans les tribute albums, c'est inégal mais plutôt réussi dans l'ensemble, un bel hommage, donc. Les amateurs les plus zélotes de Gabriel grinceront parfois des dents, ceux qui y espéraient une aventure musicale apprécieront.
And I'll Scratch Yours (2013)
1. I Don't Remember (David Byrne) 3:38
2. Come Talk to Me (Bon Iver) 6:20
3. Blood of Eden (Regina Spektor) 4:39
4. Not One of Us (Stephin Merritt) 3:49
5. Shock the Monkey (Joseph Arthur) 5:49
6. Big Time (Randy Newman) 3:29
7. Games Without Frontiers (Arcade Fire) 3:22
8. Mercy Street (Elbow) 5:28
9. Mother of Violence (Brian Eno) 3:00
10. Don't Give Up (Feist feat. Timber Timbre) 5:28
11. Solsbury Hill (Lou Reed) 5:24
12. Biko (Paul Simon) 4:19
Le catalog de chansons choisis dans SES reprises m'avaient surpris au point de pensées mauvaises langues: Une palette pour démontrer qu'il était à l'écoute de la musique toujours branché le Peter. Et si il l'était vraiment, hein? Devant! Pas encore écouté la deuxième partie, mais promis, LOU REED d'abord
RépondreSupprimerHa oui ! Et reviens après, surtout ! ^_^
SupprimerHi le Zornophage
RépondreSupprimerle dossier consacré au mois de septembre par Jazz Magazine à ton héros musical préféré ne t'aura certainement pas échappé, mais au cas où... et également, "Le matin des musiciens" le mardi 1er octobre de 11h à 12h30 sur France Musique (podcastable). Bonne lecture et bonne écoute !