mardi 15 avril 2014

Que le Diable l'emporte !

SELIM LEMOUCHI
R.I.P.
1981-2014
 
Une petite précision sur le titre de l'article. "Que le diable l'emporte" est évidemment une référence au nom du groupe d'un compositeur et guitariste disparu trop tôt (33 ans), probablement d'un suicide considérant que, depuis trop longtemps, couraient de vilaines rumeurs sur son état psychique, rumeurs semble-t-il dramatiquement fondées. Un de plus que la fatalité fauche, snif.
Et donc, hommage :

The Devil's Blood "The Thousandfold Epicentre" (2011)
ou "In Memoriam"


     Occulte et régressif sont les deux qualificatifs les plus facilement accolés à la musique des bataves de The Devil's Blood, avec raison. Et, s'il n'y avait la production « moderne » (rétro-moderne serait encore plus approprié), on se laisserait facilement à penser qu'on vient de dénicher là une petite perle trop longtemps reléguée sur l'étagère poussiéreuse d'un label indélicat.

     En l'occurrence, on a souvent l'impression d'entendre une disciple Grace Slick chanter sur un album d'Hawkwind. L'effet est, à vrai dire, assez saisissant, addictif aussi. La grande force du groupe ? Sa chanteuse, évidemment, mais aussi des compositions et arrangements, terriblement crédibles et bien troussées, ne suivant pas forcément le format classique de la musique « pop » et visant plus à créer une ambiance lourde et angoissée (mais néanmoins lumineuse). Certains diront qu'ils en font trop - à l'image de leur fétiche scénique de jouer couverts de sang -, que tout ceci n'est pas très naturel, qu'un groupe, en 2012, ne peut pas ainsi reproduire le passé sans être extrêmement suspect. Et je comprends ces réserves et y adhérerait probablement si ces 74 minutes n'étaient si efficaces, à défaut d'être parfaite. Parce que, oui, il y a quelques longueurs (en particulier sur le final, Feverdance, 15 minutes !) et quelques maladresses dans cet autrement impeccable opus, mais, après tout, The Thousandfold Epicentre n'est que leur deuxième album et s'approche déjà si « dangereusement » du divin que bouder son plaisir reviendrait à faire preuve de la pire mauvaise foi.

     En l'espèce, la musique psychotrope de The Devil's Blood, pour rétrograde et revivaliste qu'elle soit, offre une bouffée d'air frais de par son innocence et son honnêteté et prouve que faire de la musique avec son coeur et ses tripes est toujours une bonne idée.
Recommandé.


1. Unending Singularity 2:18
2. On the Wings of Gloria 7:04
3. Die the Death 3:53
4. Within the Charnel House of Love 3:35  
5. Cruel Lover 7:25
6. She 5:39
7. The Thousandfold Epicentre 9:02
8. Fire Burning 5:06
9. Everlasting Saturnalia 6:12
10. The Madness of Serpents 8:28
11. Feverdance 15:14


Farida Lemouchi - vocals
Selim Lemouchi - guitar
&
Rob Oorthuis - guitar
Koen Lommers - effects, guitar, tape manipulation
Igor De Wit - percussion
Arno Landsbergen - Clavinet, Fender Rhodes, Hammond B3, piano
Hans Timmermans - orchestral arrangements
Pieter Kloos - effects, engineering, mastering, mixing, production, tape manipulation, vocals

.Recyclé de l'Année du Dragon.

2 commentaires:

  1. Sans doute, la plus belle chose qui soit arrivée au Metal, ces dernières années.
    Et Selim vient gonflé la liste de ces artistes tellement investis dans leur art qu'ils y on laissé leur vie. Putain, fait chier !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En même temps, tous les artistes énormément investis dans leur musique ne commettent pas l'irréparable comme lui. Un vraie perte, cependant.

      Supprimer