ou "La Classe "Tradi""
Dire le contraire serait nier l'évidence, le rock progressif est un genre largement ancré dans son propre passé où les contributions de jeunes formations valent surtout par la qualité de leurs compositions et la modernité éventuelle de leurs approches sonores. Sinon ? Le rock progressif est un genre largement ancré dans son passé (bis).
Prenez Beardfish, formation suédoise auteure de sept long-jeux, et plus particulièrement, Mammoth, leur sixième, monument au revivalisme triomphant assumé et, précision utile puisque c'est loin de toujours être le cas, de bon goût. Hé bien ces petits gars ne se compliquent pas l'existence en tentant de tracer leur propre chemin, de réinventer la roue, ils recyclent à tout-va ce qui a fait ses preuves et conquis des hordes de chevelus "septantisants" amateurs de cigarettes qui font rire et d'anticipation artistique (parce que ça fait mieux que science-fiction) en rêvant de la fille trop belle qu'il ne serreront jamais dans leurs bras pales et malingres. Bref, si l'audience n'est pas physiquement réjouissante (d'autant qu'elle est largement mâle, boutonneuse ou dégarnie, le choc des générations !), elle est fidèle et généreuse quand elle rencontre une formation de qualité, comme c'est le cas ici. Et Beardfish auraient d'autant plus tort de se priver qu'ils accomplissent leur tâche avec un allant et un enthousiasme qui fait plaisir à entendre, parce qu'ils aiment ce qu'ils font, ces gars-là, c'est évident, en plus de posséder un savoir-faire présentement jamais démenti.
Pour les pattes de velours, vous repasserez mais pour ceux qui aiment leur prog' référencé, ludique comme un jeu de piste, haletant comme un bon thriller "blade-runnerisé" revu et corrigé à l'éclairage naturel, authentique d'un Barry Lyndon. On y croise donc, pêlemêle de vieilles connaissances : un petit coup de saxo qui rappelle Pink Floyd, une certaine idée de la lourdeur clairement héritée de King Crimson mais aussi de Black Sabbath, des orgues que Jon Lord n'aurait pas renié, des petits détours jazzés à la moustache de Frank Z, une emphase pas étrangère d'Emerson Lake & Palmer, une sympho-capacité qui rappelle fugitivement Procol Harum... Dans des chansons bien troussées et, évidemment, épiques qui on le bon goût de ne jamais se trop se vautrer les excès, l'indulgence instrumentale quasi-masturbatoire de certains de leur contemporains et aînés (Yes et ses Tales from Topographic Oceans, non mais, j'vous jure !). Pour tout dire, dès The Platform, pièce d'ouverture de l'opus et démonstration de heavy prog implacable de classe, jusqu'au délicat, accrocheur et complexe à la fois (la maison aime donner dans la composition à tiroirs) Without Saying Anything qui referme le bal, on est saisi par la capacité de Beardfish à rester totalement passéiste tout en appartenant indéniablement à ce millénaire.
Sans doute pas révolutionnaire mais si parfaitement construit et exécuté que nul amateur de rock progressif de qualité ne peut passer à côté de Beardfish et de son poids lourd d'album, le bien nommé Mammoth.
Pour les pattes de velours, vous repasserez mais pour ceux qui aiment leur prog' référencé, ludique comme un jeu de piste, haletant comme un bon thriller "blade-runnerisé" revu et corrigé à l'éclairage naturel, authentique d'un Barry Lyndon. On y croise donc, pêlemêle de vieilles connaissances : un petit coup de saxo qui rappelle Pink Floyd, une certaine idée de la lourdeur clairement héritée de King Crimson mais aussi de Black Sabbath, des orgues que Jon Lord n'aurait pas renié, des petits détours jazzés à la moustache de Frank Z, une emphase pas étrangère d'Emerson Lake & Palmer, une sympho-capacité qui rappelle fugitivement Procol Harum... Dans des chansons bien troussées et, évidemment, épiques qui on le bon goût de ne jamais se trop se vautrer les excès, l'indulgence instrumentale quasi-masturbatoire de certains de leur contemporains et aînés (Yes et ses Tales from Topographic Oceans, non mais, j'vous jure !). Pour tout dire, dès The Platform, pièce d'ouverture de l'opus et démonstration de heavy prog implacable de classe, jusqu'au délicat, accrocheur et complexe à la fois (la maison aime donner dans la composition à tiroirs) Without Saying Anything qui referme le bal, on est saisi par la capacité de Beardfish à rester totalement passéiste tout en appartenant indéniablement à ce millénaire.
Sans doute pas révolutionnaire mais si parfaitement construit et exécuté que nul amateur de rock progressif de qualité ne peut passer à côté de Beardfish et de son poids lourd d'album, le bien nommé Mammoth.
1. The Platform 8:06
2. And The Stone Said: If I Could Speak 15:07
3. Tightrope 4:33
4. Green Waves 8:53
5. Outside / Inside 1:43
6. Akakabotu 5:41
7. Without Saying Anything 8:10
Rikard Sjöblom - vocals, keyboards
David Zackrisson - guitars
Robert Hansen - bass
Magnus Östgren - drums
&
Johan Holm - soprano & alto saxophones
Fish "A Feast of Conséquences" (2013)
ou "Retour pour un même t'aime"
Un festin de conséquences, c'est un peu la vie de Fish, loser magnifique qui tutoya les étoiles du temps de Marillion et du début de sa carrière solitaire avant de s'enferrer dans des problèmes légaux, familiaux, physiques, vocaux et, évidemment financiers... N'en jetez plus la coupe est pleine !
Pourtant, à décortiquer sa discographie depuis son départ de l'icone du néoprog, on se rend compte qu'il n'y a pas grand chose à jeter... Un Internal Exile qui voulait trop reproduire la performance d'un Vigil In A Wilderness Of Mirrors, première livraison du Poisson en solo, d'une exquise tenue, à l'impossible nul n'est tenu. Un Songs from the Mirror, album de reprise un peu faisandé. Un Suits trop surproduit (quoique le remaster rattrapait bien le coup). Un Fellini Days en berne (mais avec 2/3 excellentes chansons !). Assez peu en fait pour un artiste ayant depuis longtemps décidé d'assumer son indépendance totale (studio, label, etc.) avec les aléas et difficultés que ça sous-entend...
2013. 6 ans après 13th Star, une excellente surprise ceci dit en passant, revoici Derek William Dick avec son 10ème album, A Feast of Consequences. Rien que ça, c'est une bonne nouvelle. Quand en plus on considère les 11 titres (ou 7 si on entend la suite The High Wood comme une seule chanson) et la qualité moyenne d'iceux, on chavire de bonheur.
Côté line-up, pas de surprise. Robin Boult a remplacé Frank Usher, jeu de chaises musicales qui dure, qui dure..., le claviériste Foss Patterson, le batteur Gavin Griffiths, le bassiste, et directeur musical depuis 13th Star, Steve Vantsis et même le metteur-en-son Calum Malcolm ont été reconduits. C'est donc un Fish "comme un poisson dans l'eau" qu'on retrouve. Evidemment, à 55 ans, avec tous ses excès mais aussi l'usure d'avoir jadis chanté dans un registre dépassant sa tonalité naturelle, Fish n'a plus la voix du furieux leader qui, de 1982 à 1988, fit le boulot chez Marillion, la voix a changé, est descendue de quelques tons. C'est un fait acquis et, à vrai dire, une transition dans la durée qui s'est faite sans drame pour une destination finalement attrayante. Aussi, la qualité de mélodiste et de parolier de cet imposant géant (2m03), incapable de jouer de quelque instrument que ce soit, n'est pas ici démentie. Autre bonne nouvelle.
Stylistiquement, Fish ne tente plus de défricher de nouveaux territoires, de se réinventer, il se contente de faire ce qu'il fait si bien depuis si longtemps : un progressif parfois celtisant et toujours rock où son talent de conteur/hâbleur fait merveille. Et donc A Feast of Consequences offre les habituels jalons des albums poissonneux avec, dès le lancement de l'opération un Perfume River, baobab de quelques 11 minutes au lent mais si efficient décollage qui rappellera à ceux qui ont suivi la carrière du grand écossais les heures glorieuses de Vigil in a Wilderness of Mirrors ou Sunsets on Empire, deux albums essentiels de son répertoire, ceci dit en passant. La suite ne démentira jamais le classicisme d'un opus que, nul doute, les mauvais-esprits démettront comme œuvre routinière quand elle est simplement confortable et, surtout !, redoutablement bien troussée. Et ce ne sont pas les rockers efficaces, mélodiques et bien sentis (All Loved Up, A Feast of Consequences), la jolie ballade acoustique (Blind to the Beautiful) qui viendront démentir ce bienheureux état de fait, pas plus que la suite The High Wood qui, 28 minutes durant, permet à Fish de nous entrainer du côté des fantômes et des horreurs de la première guerre mondiale mais, aussi, de rappeler que le rock progressif (au sens large chez le Poisson, toujours), et sa portée forcément théâtrale, ben oui, c'est encore son dada et qu'il l'assume (avec beaucoup plus de grâce et de tranquillité que ses anciens partenaires, d'ailleurs) pour un résultat ô combien satisfaisant. Deux autres morceaux s'ajoutent enfin pour un final en beauté (le bel introspectif The Other Side of Me et le progressif si typiquement Fishien The Great Unraveling) histoire d'enfoncer encore un peu plus le clou et de prouver, s'il en était encore besoin, que l'ex-Marillion n'a décidément rien perdu de sa superbe en 2013 ce qu'hélas trop peu de gens auront la chance de constater étant donné le peu de portée commerciale d'une carrière et d'un artiste qui méritaient définitivement mieux, plus.
A Feast of Consequences ? 67 minutes de bonheur pour tous ceux qui apprécient leur prog' moderne mais pas trop, toujours mélodique, habité de paroles intelligentes et de ce petit supplément d'âme qui fait la différence.
1. Perfume River 10:58
2. All Loved Up 5:07
3. Blind to the Beautiful 5:12
4. A Feast of Consequences 4:29
The High Wood
5. [i] High Wood 5:26
6. [ii] Crucifix Corner 7:25
7. [iii] The Gathering 4:30
8. [iv] Thistle Alley 6:08
9. [v] The Leaving 4:59
10. The Other Side of Me 6:08
11. The Great Unraveling 6:31
Fish - vocals
Steve Vantsis - bass, synths & strings pads, programming, loops, treated electric guitar
Robin Boult - electric & acoustic guitar, guitar effects pad, drum loops
Foss Patterson - piano, organ, synth pads, backing vocals
Gavin Griffiths - drums, percussion
&
Elisabeth Troy Antwi - backing vocals
Adam O'Rourke - violin (3, 10)
John Sampson - trumpet (7)
Finlay Hetherington - flugelhorn (7)
Fiona Lund - Trombone (7)
Stuart Watson - Tuba (7)
Giosla Loboda - first violin (5, 9, 11)
Alina-Lin Merx-Jong - second violin (5, 9, 11)
Linda Slackhorst-Custers - viola (5, 9, 11)
Tanja Derwahl - cello (5, 9, 11)
Egbert Derix - string arrangements (5, 9, 11)
Calum Malcolm - Production
Je ne sais pas si je suis attiré par les mammouths (la mammouthphilie, ça existe ?????), mais je vais me laisser tenter par le poisson barbu… d'ailleurs, la poissonphilie, ça existe ?????
RépondreSupprimerTu avais déjà pris le Fish, non ? C'est un excellent album (meilleur que le Beardfish dans le genre "je fais du neuf avec du vieux").
SupprimerJ'aime bien quand le prog montre ses muscles. Et avec ce mammouth-là, on est servi. On retrouve plein de références musicales (Genesis, ELP…), plus quelques solos de guitares qui décoiffent bien. Plus la peine de se demander pourquoi leur album suivant (The Void, 2012) était si méchant ! À cette allure-là, ils vont finir par faire du Thrash !!!!!
RépondreSupprimerPorcupine Tree avait un peu pris le même chemin avant de cesser son activité (jusqu'à quand, mystère !) alors que Opeth prend le chemin exactement inverse... La diversité, la possibilité d'évoluer sont aussi des richesses du rock progressif.
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