jeudi 12 septembre 2013

Il ne peut en rester qu'un !

 
Imaginez Mick Jagger viré par Richards, Wood et Watts. Imaginez que les deux parties, en bisbille judiciaire, décident, sans attendre, de sortir chacune leur album des Rolling Stones. Ubuesque, n'est-ce pas ?
C'est exactement ce qui arrive à Queensÿche en 2013, deux groupes, deux albums et une résolution légale à venir d'ici la fin de l'an. Mais qu'en est-il des albums et de leur légitimité artistique respective dans l'œuvre du groupe  et lequel des deux groupes mérite-t-il le plus l'appellation Queensrÿche ?
Décryptons.

Queensrÿche (with Geoff Tate) "Frequency Unknown" (2013)
ou "faux Q ?"


Ce poing qui traverse une vitre, ce poing orné du logo du groupe et des lettres FU... Y aurait pas comme un message caché là ? Un "Fuck You" à d'anciens partenaires qui auraient décidé de se passer des services de celui qui se pensait si indispensable ?

Frequency Unknown est le titre du premier album du Queensrÿche de Geoff Tate, le "nouveau" Queensrÿche avec, comme crédibilité, la présence du chanteur historique de la formation, donc, mais aussi celle fugitive de Kelly Gray (1 titre mais la tournée à suivre), un temps remplaçant d'un Chris deGarmo démissionnaire.

A étudier le line-up et son impressionnante cohorte de guest-stars de plus près, on se dit que l'affaire à tous les atours d'un album solo déguisé. Tate dirait sûrement que, dans la précipitation de marquer son territoire, nul autre choix ne s'offrait à lui. Soit, admettons.

Musicalement, Frequency Unknown ressemble assez à un mix entre Dedicated to Chaos, ultime salve de Tate avec ses anciens compagnons, et le Queensrÿche plus classiquement prog metal soit un hard'n heavy moderne qui n'a pas tout à fait oublié d'où il venait tout en incorporant des éléments hérités du nu-metal comme c'est particulièrement évident sur les riffs des morceaux les plus frontaux (Dare par exemple). Mais ce n'est pas la seule tendance d'un album bipolaire tentant aussi de se raccrocher aux sirènes d'un glorieux et lointain passé. C'est d'ailleurs en ces instances qu'on est le plus facilement convaincu qu'il s'agit bien de Queensrÿche et non d'un imposteur vite créé pour nuire à la concurrence qui s'annonçait déjà. Malheureusement, tout n'est pas franchement reluisant. On sent l'album fait trop vite où les idées n'ont pas été filtrées par le recul nécessaire. Ca nous donne quelques bonne chansons comme Cold, Fallen, Life Without You ou The Weight of the World entourée par une nuée d'autres à l'intérêt franchement discutable. De plus, la production pas franchement au top (les guitares un poil boueuses, le manque d'espace dans le son) et une accumulation de guests sans objet nuisent à la cohérence de l'ensemble.

Vers la fin de l'album, histoire sans doute d'encore un peu plus marquer son territoire, Geoff rajoute quelques auto-reprises aux 10 titres originaux du "nouveau" Queensrÿche. Ainsi voit-on 3 titres d'Empire et 1 d'Operation: Mindcrime repris à la sauce 2013 qui, c'est dommage, n'a rien de bien exceptionnel ou transcendant. Ceci dit, ces honnêtes versions, n'apportant que marginalement quelque eau au moulin comme sur un I Don't Believe in Love modernisé, sont loin d'être désagréables à défaut d'être vraiment utiles.

Au bout du compte, loin d'être le fiasco majoritairement dénoncé, Frequency Unknow n'en est pas pour autant un bon album, trop de remplissage, une trop forte impression de hâte pour battre la concurrence sur me fil viennent trop lourdement l'handicaper pour ça. C'est d'autant plus dommage que Tate chante encore très bien et même plutôt mieux que sur les dernières livraisons avec ses anciens compères. En résulte un beau gâchis sur une sélection au potentiel certain mais jamais vraiment réalisé... Dommage et pas la meilleur façon pour Geoff de marquer la légitimité de son Queensrÿche. La prochaine fois peut-être, mais sous quel appellation ? Mystère.

1. Cold 3:39
2. Dare 3:38
3. Give It to You 4:35
4. Slave 3:54
5. In the Hands of God 3:49
6. Running Backwards 3:28
7. Life Without You 4:42
8. Everything 4:28
9. Fallen 4:18
10. The Weight of the World 6:15
11. I Don't Believe in Love (2013 version) 4:32
12. Empire (2013 version) 5:24
13. Jet City Woman (2013 version) 5:33
14. Silent Lucidity (2013 version) 5:41


Queensrÿche with Geoff Tate
Touring band and sessions
Geoff Tate – lead vocals
Kelly Gray – guitars (not on the album except for a solo, track 1)
Robert Sarzo – guitar (track 3)
Rudy Sarzo – bass (on tracks 1, 5, and 9)
Simon Wright – drums (on tracks 1 and 5)
Randy Gane – keyboards (on tracks 1, 5–6, and 8–10), bass (on track 10), orchestration (on track 14), answering machine message (on track 12)

Additional musicians
Craig Locicero – rhythm guitars (on tracks 1–10)
Jason Slater – bass (on tracks 2–4, and 6–8), keyboards (on tracks 7–8)
Martín Irigoyen – all guitars, bass, and drums (on tracks 11–14)
Paul Bostaph – drums (on tracks 6–9)
Evan Bautista – drums (on tracks 2–4, and 10)

Guest appearances
Jason Slater – theremin solo (on track 2)
John Levin – guitar solo (on track 3)
Chris Cannella – guitar solo (on track 4)
Ty Tabor – guitar solo (on tracks 5 and 8)
K.K. Downing – guitar solo (on track 6)
Brad Gillis – guitar solo (on track 7)
Dave Meniketti – guitar solo (on track 9)
Chris Poland – guitar solo (on track 10)
Nina Noir - background vocals (on track 13), spoken word (on track 14)
Emily Tate – background vocals (on track 14)
Miranda Tate – background vocals (on track 14)


Queensrÿche (with Todd La Torre) "Queensrÿche" (2013)
ou "Qonfortablement Qlassique"


Alors que l'autre 'Rÿche, celui du démissionnaire forcé Geoff Tate, semble vouloir poursuivre l'évolution continuelle que la formation connut depuis sa fondation au début des années 80, celui des trois autres membres originels restants (Rockenfield, Wilton & Jackson) se regroupe sur ses fondamentaux, sur ce que, pensent ces estimables musiciens, les fans attendent de leur groupe... Si tant est que qui que ce soit attende quoi que ce soit d'un groupe à la réputation bien écornée par les ans et les errances artistiques.

Pour ce faire, ils ont commencé par engager un clone (Todd La Torre, ex-Crimson Glory, groupe souvent décrit comme un Queensrÿche de seconde division, justement), un petit Tate-bis pas encore vocalement amoindri par le poids des ans. Exactement, en somme, ce qu'Iron Maiden avait refusé de faire quand Judas Priest ne s'était senti d'autre choix au départ de leurs chanteurs/frontmen respectifs, le choix de la facilité, un choix qui valide l'éponymie d'un titre impliquant que s'il s'agit bien la d'un nouveau départ, d'une nouvelle ère autant qu'un retour aux sources... C'est donc bien le Queensrÿche classiquement Metal qui nous revient ici.

Oui mais, étant donné le spectre musical notablement éloigné d'une base Heavy Metal qu'on a pu constater lors de la carrière du groupe originel, ce revirement, ce ressourcement illusoire est-il bien digne de la formation ? La question est légitime et la réponse probablement négative parce que, justement, c'est par cet élargissement stylistique que Queensrÿche a défini son style... Concrètement, ici, c'est à The Warning, Operation: Mindcrime  et Empire (les claviers en moins) qu'on pense et que les trois membres restant ont visiblement voulu coller au plus près. Ceci dit, avec une production tout à fait adéquate et des chansons de belle qualité, l'album convainc plus souvent qu'il ne déçoit. De fait on retrouve sans peine, malgré l'absence d'un Tate et d'un DeGarmo maîtres es-songwriting de l'époque que cet album évoque, la patte Queensrÿche. avec des refrains chantants, des riffs recherchés mais efficaces et l'aisance habituelle d'une paire rythmique de haute-volée.

Une fois l'écoute de l'album achevée, l'impression demeure longtemps qu'on a eu en fait droit à quelques outtakes déterrés de sessions datant du cœur des années 80. Ce qui est loin d'être désagréable et satisfera probablement les fans du combo. On ne peut cependant que regretter la totale absence de surprise du nouvel album d'un groupe nous en ayant réservé souvent. A ce petit bémol près, marginal mais pas sans importance, Queensrÿche 2013 est une affaire qui roule admirablement bien.

Cd 1
Album
1. X2 1:09
2. Where Dreams Go to Die 4:25
3. Spore 3:25
4. In This Light 3:23
5. Redemption 4:16
6. Vindication 3:26
7. Midnight Lullaby 0:55
8. A World Without 4:10
9. Don't Look Back 3:13
10. Fallout 2:46
11. Open Road 3:55

Cd 2
Bonus
1. Queen of the Reich (Live) 4:34
2. En Force (Live) 4:21
3. Prophecy (Live) 4:09


Todd La Torre – vocals
Michael Wilton – lead and rhythm guitars
Parker Lundgren – lead and rhythm guitars
Eddie Jackson – bass, backing vocals
Scott Rockenfield – drums, percussion, orchestral arrangements
&
Pamela Moore
– vocals (on track 8)
Andrew Raiher – violin, additional orchestral arrangements

2 commentaires:

  1. Bin comme y'a rien à redire aux commentaires, je peux dire que j'aime bien les deux versions, si ce n'est une situation regrettable pour le groupe, mais que finalement l'auditeur en ressort gagnant, avec plus de galette à écouter (je connais bien les 2 versions). Le groupe nous avais habitué à des aller et retour musicaux, que finalement, rien à changer! Enchanté un jour, presque déçu l'autre, nous sommes toujours au sommet de la montagne, ne sachant pas comment redescendre et de quel coté.
    Attendons les futures options en profitant du présent.

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    1. Pour info, le jugement est repoussé à début 2014 à la demande des deux parties actuellement en conciliation pour essayer de trouver une solution...
      Deux Queensrÿche pour le prix de deux dont un semble juste là pour emmerder l'autre, dommage parce qu'en plus c'est le moins bon album des deux.

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