lundi 9 septembre 2013

La ballade de Mr. Ry

Ry Cooder "I, Flathead" (2008)
ou "Tête plate... Pas vide !"


Légendaire par ses nombreuses et référentielles soundtracks, son art consommé d'accompagner ou de diriger autrui, sa slide guitare en apesanteur et, bien-sûr, ses capacités hors normes de storyteller, Ry Cooder n'est plus à présenter. Ce n'est pas à dire que son art (et l'étendu dudit) soit vraiment connu des foules...

Prenez I Flathead, concept album riche et varié (supplémenté dans sa version deluxe d'un livret d'une centaine de pages contant l'histoire que l'album illustre soniquement), et ultime pièce d'une trilogie entamée avec Chavez Ravine et My Name Is Buddy, où Cooder convoque toutes ses influences pour un résultat dont on pourrait dire qu'il dépasse les espérances si Ry n'était pas si constant dans son art. Portant la signature d'un musicien plus en vue de médias français souvent myopes (Elvis Costello, David Byrne ou Mark Knopfler, par exemple), on eût pu voir lesdits scribouillards accumuler les poncifs pour nous expliquer pourquoi il fallait absolument l'écouter. Et l'écouter, il le faut indéniablement.

En l'espèce, Cooder a pondu un magnifique opus solidement ancré dans les racines de la musique étasunienne, un album sans âge mais néanmoins résolument moderne où, cousin improbable mais finalement logique de ce vieux loup de Tom Waits, il y déroule un country/blues/folk (parfois "latinisant") inspiré et portant évidemment la marque que les habitués de ses galettes connaissent déjà bien, celle d'une musique produite à la perfection et sachant prendre ses libertés avec la tradition sans jamais n'en avoir jamais l'air ou n'en rajouter plus que de raison... Parce que Ry est un malin, évidemment, en plus d'être un compositeur à la verve sans cesse renouvelée.

14 titres, 53 minutes, il n'en faudra pas plus à Mr. Cooder pour retourner les indécis alors, n'hésitez plus et plongez sans réserve dans les chansons de Kash Buk et ses Klowns (sous-titre de l'album), vous ne le regretterez pas.


1. Drive Like I Never Been Hurt 4:07
2. Waitin for Some Girl 3:48
3. Johnny Cash 3:08
4. Can I Smoke in Here 4:19
5. Steel Guitar Heaven 3:40
6. Ridin with the Blues 3:01
7. Pink-o-Boogie 3:05
8. Fernando Sez 4:44
9. Spayed Kooley 2:09
10. Filipino Dance Hall Girl 3:54
11. My Dwarf Is Getting Tired 3:59
12. Flathead One More Time 3:12
13. 5000 Country Music Songs 6:41
14. Little Trona Girl 3:13


Ry Cooder - chant, guitare, basse, mandoline, piano
Rene Camacho - basse
Joachim Cooder - batterie, timbales
Jim Keltner - batterie
Martin Pradler - batterie, piano
Jared Smith - claviers
Gil Bernal - sax ténor
Ron Blake, Jon Hassell - trompette
Francisco Torres - trombone
Flaco Jiménez - accordéon
Mariachi Los Campreros
Juliette Commagere - chant (14)

.Recyclé de l'Année du Dragon.

10 commentaires:

  1. Très bon album de Ry, comme tous ses derniers d'ailleurs. Un beau retour en "solo" depuis "Chavez Ravine".

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    1. Tout à fait. Souhaitons que l'inspiration se poursuive...

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  2. Hello.
    De la trilogie j'ai beaucoup écouté Chavez Ravine (le plus "latinisant" comme tu dis) et très peu les suivants.
    Ton post me donne envie d'y retourner.
    EWG

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    1. C'est une belle trilogie dont I, Flathead est mon favori mais de peu.

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  3. Chavez Ravine... ça a été ma porte d'entrée dans la galaxie Ry Cooder. J'avoue, sans rougir, que même après avoir vu Buena Vista à l'époque, je ne savais pas qu'il était guitariste, ou celui qui avait fait passer Keith (l'autre) à l'open... bref, majeur !

    Chavez Ravine, oui donc, m'a beaucoup plus. Je me laisse tenter par celui-ci, merci zornee !

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    1. Pourtant sa BO du Paris Texas de Wenders... Non ? Même pas ?
      Enfin, mieux vaut tard que jamais ! ;-)

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  4. Depuis il a publié encore deux albums, très bons au passage.

    http://toorsch.blogspot.fr/2013/07/ry-cooder-concept-album-et-conscience.html

    J'avais une rétro depuis "Chavez Ravine" il y 2 mois.

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    1. Je ne connais qu'un des deux albums sortis depuis, qui était très bon d'ailleurs...
      Merci pour le lien.

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  5. Y'a qu'un mot qui lui colle à la peau, le talent, à l'état pur. Tout comme pour JJ Cale, un autre cas similaire, j'apprécie tout son travail, depuis le début. Ils ont en commun le don de me faire avaler tout ce que je n'aime pas chez les ricains (les rednecks). Les deux n'ont pas une production pléthorique, et (tant mieux) un style propre à chacun, ils m'enchantent, alors dégustons avec gourmandise.

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    1. La grammaire de Cooder est tout de même plus développée que celle de Cale (fainéant notoire, ça se sent).

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