Paul McCartney "New (deluxe edition)" (2013)
ou "du New avec du vieux"
Le coup du retour aux sources, ce n'est pas la première fois que Paul McCartney nous le fait, depuis Flowers in the Dirt en fait où il annonçait déjà revenir vers un son des Beatles qu’il n’avait jamais, de toute façon, totalement quitté... 24 ans, une paille ! Alors quand New s'avance, et qu'il est "vendu" comme on l'a vu et entendu (le grand retour, le son Beatles, etc.) on est forcément un peu sceptique, d'autant que Chaos and Creation in the Backyard, concocté avec le producteur ‘in’ du moment, Nigel Godrich (Radiohead, Travis, Beck, Pavement, Air, Natalie Imbruglia, The Divine Comedy, U2, R.E.M, et j'en passe...) avait parfaitement rempli l'office résurrectionnel il n'y a pas si longtemps que ça.
Sur le même modèle, Paul a choisi quelques jeunes producteurs, dont Gilles Martin, fils de qui vous savez, pour l'accompagner dans l'éternel renouvellement de son art propose une offrande à l'ancienne, une sorte de "comfort album"... Ceci dit, qui dit confortable ne dit pas forcément routinier et, c'est l'évidence !, Macca avait présentement une forte envie de se faire chahuter. Ainsi là où Chaos and Creation se contentait de recycler les vieilles recettes pour de nouvelles (et excellentes) chansons, New, qui pour le coup porte admirablement son nom, explore les nuances du style pop-rock embrassant avec enthousiasme les possibles apportés par de jeunes collaborateurs et metteurs en son. Concrètement, ceci se traduit par une galette qu'on qualifierait volontiers de rétro-modernisme si son auteur n'avait été, depuis si longtemps, un chantre de la pop music de qualité.
Bien évidemment, tous ces efforts de mise en forme seraient vains sans bonnes chansons, ce n'est heureusement pas le cas sur New pour lequel on ne peut que vanter la décision de Paul qui a eu bien raison de prendre son temps (6 ans) depuis le sympathique quoiqu'anecdotique Memory Almost Full, son précédent album de compositions. De fait, dès le dynamique et admirablement troussé Save Us, c'est dans un tourbillon de mélodies et d'arrangements de qualité que l'auditeur est embarqué tant et si bien qu'on peine à sortir quelque titre que ce soit d'un lot d'exception. Evidemment, les références aux Beatles sont légion. C'est par exemple, très évident sur le psychédélisant Queenie Eye, le délicatement folky Early Days ou un New, le titre, aux cuivres rappelant un Got to Get You Out of My Life. Il est heureux que ce lourd héritage n'empêche cependant pas Paul d'essayer d'autres choses, de naviguer dans de nouvelles eaux comme sur les quasi-Trip-Hoppants Appreciate et Road ou le Franz-Fernandinandisant, pour situer, I Can Bet.
New, 2013, un petit miracle d'album pop qui réussit le tour de force de combiner traditionalisme et modernité avec une classe, je vous raconte même pas ! Et un son comme on n'en attendait plus (aujourd'hui c'est hier mais c'est aussi demain), des compos de qualité à la pelle (même les bonus de l'édition deluxe dont le délicieux et rigolo blues Get Me Out of Here, c'est dire !)... Décidément, à 70 ans passés, Macca porte beau... Pourvu que ça dure parce que, franchement, des albums de cette trempe, on en demande encore !
1. Save Us 2:39
2. Alligator :27
3. On My Way to Work 3:43
4. Queenie Eye 3:47
5. Early Days 4:07
6. New 2:56
7. Appreciate 4:28
8. Everybody Out There 3:21
9. Hosanna 3:29
10. I Can Bet 3:21
11. Looking at Her 3:05
12. Road 4:36
Bonus
13. Turned Out 2:59
14. Get Me Out of Here 3:27
15. Scared 2:48
Paul McCartney - vocals, guitar, bass, glockenspiel, percussion, synthesizer, piano, celeste, drums, lap steel, mood, mellotron, harpsichord, wurlitzer, tape loops
Paul Epsworth - drums
Abe Laboriel Jr. - drums, percussion, backing vocals
Rusty Anderson - guitar, bouzouki, backing vocals, water bottle
Brian Ray - guitar, dulcimer, congas, drums, backing vocals
Paul "Winx" Wickens - guitar, piano, accordion, organ, keyboards, backing vocals
Tom Pitman - programming, keyboards
Cathy Thompson, Laura Melhush, Patrick Kiernan, Nina Foster - violin
Peter Lale, Rachel Robson - viola
Caroline Dale, Katherine Jenkison, Chris Worley - cello
Richard Price, Steve McManus - bass
Bill Black - bass, harmonium, percussion
Gilles Martin - foot stamp
Eliza Marshall, Anna Noakes - alto flute
Ethan Johns - drums, ipad tampbora app., guitar
Il faudra que je me le repasse un de ces quatre, les première écoutes non attentives n'ont rien donné.
RépondreSupprimerUne nouvelle écoute, je te rejoins au moins sur la qualité. Je sais que cet effet sur sa voix n'est pas nouveau: ce genre de "métallisation" ne m'a jamais convaincu, ressemble trop à John Lennon.
Il y a des trésors de savoir-faire dans cet album... En plus d'un sacré paquet de mélodies.
SupprimerPas gêné par une quelconque lennonisation, pas entendue d'ailleurs...
Pas encore écouté, mais c'est clair que le bougre pourrait en remontrer a des moins vieux que lui.
RépondreSupprimerPour ma part, je reste sur son apparition dans le docu Sound City de Dave Grohl (mon péché mignon a moi). On y voit nos deux lascars prendre un plaisir de sales gosses a faire du boucan sur une grosse jam avec peu de structure (et Macca ne demande pas son reste). Et soudain, le Paulo suggère qu'ils ajoutent une piste ou ils feraient les choristes sur quelques notes harmonisées. Et bam! voila qu'ils se retrouvent avec un truc qui sonne carrément bien, très Helter Skelter, au grand étonnement (presque non feint, car un vieux briscard comme lui ne peut pas être complètement surpris) de Dave Grohl qui dit que ça ne peut quand même pas être aussi simple, et notre cher MacCartney de répondre que si, c'est aussi simple que ça. Un cours magistral de rock par un papy encore plutôt vert.
Il me semble que les expérimentations de MacCartney dans les années 90 entre autres (Musique Classique, The Fireman, Liverpool Sound Collage...), a défaut d’être révolutionnaires, lui ont néanmoins permis de rester relativement frais et ouvert, a un age ou l'inspiration commence a délaisser beaucoup.
Je te rejoins sur la vitale importance des albums hors pop/rock de Macca, j'y ajoute même Kisses from the Bottom, album swing pépère mais sympathique. Il ne me semble pas illogique qu'un homme de cet âge, avec la carrière que l'on connait, ait parfois besoin de s'aérer les oreilles et les méninges dans d'autres univers musicaux, surtout qu'on sait que Paul a toujours été plus qu'un pop-rocker.
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