dimanche 10 novembre 2013

Planons ! C'est dimanche !

Ancestors "In Dreams and Time" (2012)
ou "Rêve éveillé"


Le potentiel qu’ils avaient affichés dans leur précédente production aurait dû nous mettre la puce à l’oreille, et il est vrai qu’un certain underground a bruissé de la rumeur qu’on tenait là une formation pas comme les autres et que, si les petits cochons ne la mangeaient pas, il y aurait du lourd à l’horizon, mais, dans sa quasi entièreté, la scène metal est restée sourde aux cris de ces Ancestors.

Formation de Los Angeles, quintet au line-up relativement stable, Ancestors donnent (ou donnaient… on va y revenir) dans ce qu’il est convenu d’appeler le sludge metal soit, pour ceux non-initiés aux étiquettes qui valsent à n’en plus finir, un metal lent, lourd mais cependant planant qui s’étire généralement sur des longues plages remplies de guitare fuzz et d’ambiances « cannabicompatibles », pour simplifier encore on dira Black Sabbath version post rock.  Donnaient, disais-je… Certes, dès leur premier opus (le toujours recommandé Neptune With Fire) les indices spatiaux et l’ouverture au 70s rock (et pas hard rock ou metal) et même au rock progressif s’étaient faites jour. Constat renforcé avec le très très (oui, deux très) réussi Of Sound Mind un an plus tard, en 2009. Cependant, rien ne nous préparait à la monumentale et ô combien satisfaisante surprise de cet In Dreams and Time tout simplement magistral et c’est heureux parce qu’on l’a attendu longtemps, ce bougre d’album. Certes, on pourra imputer cette métamorphose à un double changement de line-up mais fondamentalement, tout était là avant, diffus mais bien présent.

Mais quoi donc, vous-vois je vous interroger ? Hé bien, cette fois-ci, s’est fait, Ancestors sont un groupe de rock progressif, et un bon, un excellent même. Evidemment, l’influence de Pink Floyd  se fait ressentir mais qui n’est pas plus ou moins influencé par Pink Floyd dans le prog à caractère planant de toute façon ? Hein ? Donc Ancestors aussi, c’est dit. Ce qui est plus intéressant, et débouche sur la magnifique galette dont il est toujours question ici malgré mes chaotiques digressions, c’est ce que le quintet fait de ses influences. En l’occurrence, sur six longues et épiques pistes, Ancestors réussissent le tour de force d’ajouter la lourdeur/précision/emphase d’un King Crimson période Red aux planeries d’un Floyd circa Animals avec un peu de la proverbiale lourdeur psychédélique d'Hawkwind pour bonne mesure. Parce que ce n’est pas une mer d’huile, de grandes vagues de fond y fauchent tout sur leur passage (les lourdes guitares d’influence sludge pour les handicapés de la métaphore) mais toujours avec une grâce, une majesté à laquelle l’omniprésence de synthétiseurs, orgues et mellotrons, texturants richement la musique, n’est pas étrangère. Il y aura même, pour les amateurs de chanteuses, l’excellente surprise d’un Last Return très « chanson » (c’est le seul de l’album dans ce cas) enluminé du charmant organe de Cara Faye.

Certes, les esprits chagrins iront dire que cette musique, pour puissante et ingénieuse qu’elle soit ne fait, en l’espèce que recycler des recettes du passé ? Et ? Ce que font Ancestors, ils le font merveilleusement bien. Créateurs d’ambiances accomplis, compositeurs fins, arrangeurs malins, ils viennent simplement de nous offrir une des plus belles galettes progressives de 2012, et même un des meilleurs albums du cru tout court. Et que ceux à qui le passé métallique de la formation ferait encore peur, on conseillera de franchir le pas sans la moindre crainte, s’ils peuvent encaisser les lourdeurs d’un Porcupine Tree ou d'un Dream Theater (bien que le genre soit ici radicalement différent), In Dreams and Time ne les agressera guère plus, par contre, qu’est-ce qu’il les remuera jusqu’à l’extase finale d’un First Light, grandiose trip de 19 minutes que revendiquerait presque Saint Robert Fripp s’il le pouvait !

In Dreams and Time, comme son nom l’indique, est un rêve sans âge et un album, vous l’aurez je l’espère compris, très chaudement recommandé.


1. Whispers 9:10
2. The Last Return 6:15
3. Corryvreckan 12:08
4. On The Wind 9:31
5. Running In Circles 9:44
6. First Light 19:19


Nick Long: basse, chant
Justin Maranga: guitare, chant
Jason Watkins: orgue, piano, mellotron, chant
Daniel Pouliot: batterie
Matt Barks: synthétiseurs, moog, theremin
&
Cara Faye: chant sur "The Last Wonder"
Craig Casamis: chant additionnel sur "Whispers"
Amanda Salazar: violon sur "First Light"
Melody Yenn: violoncelle sur "First Light"

.Recyclé de l'Année du Dragon.
AdD184

3 commentaires:

  1. Ca m'a l'air d'être du tout bon, j'avais déjà repéré le disque sans sauter le pas de l'écoute. Je vais écouter ça :) En vinyle ça doit rendre génial, rien que pour le pochette très réussie. Merci pour ce billet !

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    1. Salut Alexandre,
      N'hésite pas à revenir dire ce que tu en as pensé.
      Pour ce qui est du vinyl, Tee Pee Records, le label, semble avoir bonne réputation et l'objet est disponible sur Amazon... Tu sais ce qu'il te reste à faire si ça te plait ! ;-)

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    2. Arf... Après écoute, ça ne plaît pas trop. Trop lourd, ça me fait penser à du grunge dans l'esprit, et il ne vaut mieux pas me faire penser à du grunge en général. Les guitares et les voix, ça n'est pas mon truc. Dommage. J'aurais essayé !

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