mercredi 23 octobre 2013

Apple d'Or

Fiona Apple "The Idler Wheel Is Wiser Than the Driver of the Screw and Whipping Cords Will Serve You More Than Ropes Will Ever Do" (2012)
ou "Croquez la Pomme !"


Il y a déjà 16 ans de ça, quand sortait son premier album, Tidal, Fiona Apple se voyait propulsée dans la catégorie des chanteuses/compositrices à l’avenir supposé radieux. 3 ans plus tard, l’extraordinaire When the Pawn venait confirmer qu’on tenait là un talent hors du commun ce que ne démentira pas  un Extraordinary Machine (2005) pourtant revu et corrigé après qu’Epic en ait refusé le premier jet (que je préfère toujours à la version du commerce produite par Mike Elizondo, soit dit en passant). Cette fois, rien de ça. Sur Idler Wheel, Fiona est en total contrôle de son art et pas prête à quelque compromis que ce soit comme le prouve l’écoute dudit album.

A ceux qui cherchent absolument des chansons dont les mélodies et les arrangements viennent directement se lover dans le cerveau reptilien répondre à nos plus bas instincts à coup de prémâché et prévisible, je conseille de passer leur chemin. The Idler Wheel est un album où, visiblement, Fiona coupe les ponts avec la Pop Music… Pour le meilleur. Clairement, la voix (de Fiona) est la star de l'album. Toutes ces instrumentations, ces manipulations des conventions ne tendent qu'à une chose : servir des compositions, des textes et des interprétations où Fiona verse son âme, répand ses maux et ses (rares) joies comme peu en sont capables. Concrètement, ceci nous donne des chansons peu communes et, à coup sûr, pas le moindre single évident pour un label qui doit tout de même faire la moue.

De fait, commercialement, l’opus reposera surtout sur le nom et la réputation de sa créatrice, et sur des critiques pour le moment globalement très positives. A raison ! Dès le rêveur Every Night, on est pris dans ce tourbillon pas si minimaliste que pourrait le laisser penser un line-up pour le moins spartiate. Contrairement à la concurrence, Fiona ne fait pas que de l’art pour l’art, un peu comme une avenante et féminine version de Tom Waits, elle construit des paysages sonores autour de CHANSONS. Et, du coup, tous les coups sont permis : du percussif à claquettes (Daredevil), du piano ragtime sur battements de cœur « contrebassés » (Valentine), des pas de danse sur le bitume (Periphery) ou une polyphonie exotico-arty sur roulements de tambours tribaux (Hot Knife). Et tout fonctionne avec un égal bonheur ! Elle y est bien aidé par son binôme de l’occasion et frère d’armes (comme revendiqué dans le livret), Charley Drayton, responsable avec elle de la quasi-totalité des sons ici produits. Et quels sons !

Finalement, en s'affranchissant des structures, en optant pour des arrangements ouvertement expérimentaux (mais jamais abscons, ceci doit être souligné), en étant aussi peu en prise avec ce qui se fait de nos jours et qu’on attendrait d’elle, Fiona réussit sa transformation, celle qu'on attendait déjà sur Extraordinary Machine (et qu’on n’eût que partiellement), celle d'une artiste qui cherche, trouve souvent et se moque éperdument de plaire ou non tout en continuant, têtue et sûre d’elle, à affirmer une personnalité aperçue des ses premiers pas. Par la liberté du ton, on la rapprochera d'une Joanna Newsome, d'une Björk, d’une Kate Bush où d'une Joni Mitchell (excusez du peu !) dans sa propension à se soucier de l'accomplissement de son art avant toute chose. Ce faisant, elle crée, l’air de rien, une merveille d’album intemporel, de ceux dont on est sûr que, dans 20 ans, 30 ans, ils garderont leur fraicheur et énergie originelle et qu’on les réécoutera avec ce bonheur nostalgique que procurent les grandes œuvres. Rien que ça !


1. Every Single Night 3:33
2. Daredevil 3:28
3. Valentine 3:32
4. Jonathan 5:03
5. Left Alone 4:50
6. Werewolf 3:12
7. Periphery 4:58
8. Regret 5:16
9. Anything We Want 4:40
10. Hot Knife 4:02

Fiona Apple: chant, celeste, field recordings, clavier basse, loops, percussions, piano, timpani
Charley Drayton: autoharp, baritone, bouzouki, cora, batterie, field recordings, guitare, marimba, percussions
Maude Maggart: hautes harmonies
Sebastian Steinberg: basse, guitare

.Recyclé de l'Année du Dragon.
AdD145

6 commentaires:

  1. Salut
    Rien a voir avec Fiona mais j'te conseil d' aller voir là :
    http://getrockmusic.org/psicomagia-psicomagia-2013/#more-11766

    Fil

    RépondreSupprimer
  2. Hé ho je fais pas que râler, je l'adore celui-là.
    Tu ne nous en a pas déjà parlé de ce disque? Je ne me souviens plus d'où je le tiens mais tout seul je l'aurais pas trouvé...
    EWG

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tu regardes la toute fin du billet, tu verras que c'est en effet un recyclage (de l'Année du Dragon). En tout cas content que quelque chose que je propose te plaise enfin ! ;-)

      Supprimer
    2. J'avais pas vu, c'est écrit tout petit petit sur mon petit MBA!
      (Meuhh y en a d'autres des trucs que j'aime bien chez toi...)

      Supprimer
    3. Je le mets plus gros à partir d'aujourd'hui... Ha, que ne ferais-je pas pour les potes âgés ? ^_^

      Supprimer