lundi 5 octobre 2015

Collection Hétéroclite #3

Des disques qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, proposés hors thème parce que j'en avais envie, c'est le principe de la sélection hétéroclite dont voici le 3ème volume avec du (plus ou moins) vieux, du (relativement) neuf, du in, du out, du doux, du violent... Libre service ! Enjoie.

THe ReaL MCCoy
Little Feat "Sailin' Shoes" (1972)
ou "Glory Roots"

Sous pression de la Warner après un excellent premier album qui s'était très mal vendu, le Little Feat de Lowell George se devait de réagir. C'est chose faite avec un Sailin' Shoes diaboliquement bon.
Pour comprendre la transformation, la mue plutôt, il y a un excellent moyen, comparer les deux versions de Willin', vous savez la chanson dont on dit qu'elle a causé le renvoi de Lowell de chez les Mothers of Invention de Frank Zappa parce que parlant de dope ce que Frank ne tolérait pas, y a d'autres versions mais celle-ci tient la corde, et bien il se trouve que Willin' est justement présente sur l'éponyme de 1971 et sur Sailin' Shoes. Que constate-t-on ? Que l'aimable country cowboy rigolo a été sérieusement boostée par une approche plus (country) rock plus "tight" qui, loin de trahir la composition, l'améliore. Hé bien, c'est absolument symptomatique d'une approche d'ensemble où, sans aucunement perdre son petit côté "à la marge", on n'est pas passé chez Zappa pour rien !, le quatuor devient efficace, et Lowell George un vocaliste et leader en pleine confiance de ses moyens et délivrant, du coup, une performance remarquable. Il est, il faut dire, bien assisté par une équipe qui se connaît désormais parfaitement, c'est la même que sur le premier album, composée d'une section rythmique polyvalente et joueuse (Roy Estrada à la basse, Richie Hayward à la batterie) qui peut blueser, rocker, groover et ballader, et d'un excellent partenaire de jeu et de joutes pour George en la personne du l'organiste/pianiste Bill Payne, qui pique même à Lowell un crédit au chant (le très réussi blues qui swingue Cat Fever), c'est l'autoroute pour le paradis d'un certaine roots music étatsunienne de main de maître menée.
Parce que ces gars, dans leur domaine, savent tout faire, du rock qui envoie (Teenage Nervous Breakdown) ou déraille (Cold, Cold, Cold) ou fait baver d'envie Keith et Mick (Texas Rose Café), du blues plus vrai que nature (A Apolitical Blues), du country rock d'exception (Easy to Slip, Willin'), de la belle ballade aussi (Trouble), tout ça sous la plume, dans les doigts et par la gorge de Mister George. Comme en plus Bill Payne contribue de trois excellentes saillies (le gros boogie qui tâche Triple Face Boogie, écrit avec Hayward, le très sudiste Got No Shadow, et le Cat Fever précédemment évoqué), c'est à une affaire qui roule mieux qu'une pierre (qui roule) qui nous est offerte. Et la production de Ted Templeman (qui s'occupera ensuite des soniques destinés des big rockers de Van Halen, qui reprendront d'ailleurs l'Apolitical Blues de George sur leur cru de 1988, OU812, y a pas de hasard), qui est une très nette amélioration par rapport au travail de Russ Titelman sur celui d'avant, vient justement offrir l'écrin qu'il faut pour que le bonheur soit complet.
Manque encore l'élément funky, qui viendra bientôt, mais, sinon, c'est un Little Feat "fini" qui est parvenu, avec son second opus, à trouver une formule, un son, une identité qui en fait un des tous meilleurs groupes américains de ces jeunes septantes. Et si Sailing Shoes ne sera pas leur plus grand succès mais dont les performances suffiront à contenter la Warner, pour l'instant.

1. Easy to Slip 3:22
2. Cold, Cold, Cold 4:01
3. Trouble 2:19
4. Tripe Face Boogie 3:16
5. Willin' 2:57
6. A Apolitical Blues 3:28
7. Sailin' Shoes 2:53
8. Teenage Nervous Breakdown 2:13
9. Got No Shadow 5:08
10. Cat Fever 4:37
11. Texas Rose Café 3:42

Lowell George - guitar, lead (all but 10) and backing vocals, harmonica, baritone saxophone, drum machine
Bill Payne - Hammond organ, backing and lead (10) vocals, Wurlitzer electric piano, piano, accordion
Roy Estrada - bass, backing vocals
Richie Hayward - drums, backing vocals, percussion
&
Milt Holland
- percussion on "Easy to Slip" and "Trouble"
Sneaky Pete Kleinow - pedal steel guitar on "Willin'" and "Texas Rose Café"
Debbie Lindsey - vocals on "Cold Cold Cold" and "Sailin' Shoes"
Ron Elliott - rhythm guitar on "A Apolitical Blues"

LITTLE FEAT

HaRDyMeNT
Françoise Hardy "Entr'Acte" (1974)
ou "les Mots Bleus de Françoise H."

Si Jacques est un compositeur qui a déniché quelques excellents paroliers (Jacques Lanzmann en premier d'iceux, évidemment), Françoise est une parolière toujours en recherche d'un compositeur pour créer le parfait panorama pour sa mélancolie chronique.
D'ailleurs, en 1974, sur un Entr'acte qui demeure l'une des plus belles pages de sa discographie, les deux se croisent fugitivement (juste pour la création de la musique) sur un très réussi jazz mélancolique de Fin d'Après-Midi, rencontre suffisamment rare pour être appréciée à sa juste valeur, y compris dans leur vie privée alors chaotique avec un Dutronc qui papillonne et une Hardy qui pouponne (le petit Thomas vient de naître).
Or, donc, c'est parce qu'elle se sent seule, délaissée même, que Françoise conçoit son album le plus triste, une œuvre plus que cathartique, thérapeutique avec, comme d'habitude, une belle collection de compositeurs pour l'épauler et, en lieu et place de Michel Berger en temps que producteur, Hugues de Courson de Malicorne (connu plus tard pour ses traitements world music de grands compositeurs classiques tels que Bach, Mozart ou Vivaldi). Musicalement de rock doux (Ce soir, Je te cherche), à chanson acoustique (Et voilà) en passant par l'exploration orchestrale (Chanson noire, Merveilleux, S'il avait été, Il y a eu des nuits), proto-trip-hop qui s'ignore forcément (Bonjour Bonsoir) et même, donc, chanson jazz ambient (Fin d'après-midi et son excellente partie de saxophone), François habite avec conviction tous les climats de sa dépression amoureuse bien mise en valeur par des instrumentations et une production haut de gamme. On y trouve même un bonus dont on se demande ce qu'il est venu faire là puisque datant de 1975, Que vas-tu faire ?, composé par Jean-Michel Jarre dénote du style du reste de l'album. Enfin, c'est une bonne chanson, c'est déjà ça.
Or, donc, en 1974, Françoise Hardy a le blues. Ca nous donne un Entr'acte immensément réussi qui, s'il n'aura pas le succès de son devancier, le vaut largement et mérite qu'on s'y penche.

1. Ce soir 3:25
2. Merveilleux 1:50
3. Et voilà 2:15
4. Je n'aime pas ce qu'il dit 3:45
5. Chanson noire 2:05
6. Je te cherche 3:00
7. S’il avait été 2:40
8. Bonjour, bonsoir 3:12
9. Il y a eu des nuits 1:55
10. Fin d'après-midi 2:30
Bonus
11. Que vas-tu faire ? 3:51

Françoise Hardy - chant, paroles et composition
Hugues de Courson - production et composition
Jean-Pierre Castelain, André Gorget  - composition et direction d'orchestre
Catherine Lara, Jacques Dutronc, Gérard Kawczynski, Michel Sivy, Jean-Michel Jarre - composition
Del Newman, Francis Moze - direction d'orchestre
(musiciens inconnus)

FRANCOISE HARDY

FRee ByRD
Gene Clark "No Other" (1974)
ou "American Summit"

S'il y a un album de la 70s roots music étatsunienne qui n'a pas reçu les justes lauriers de sa complète réussite artistique, de son immense ambition vulgarisatrice (dans le sens scientifique du mot), c'est bien No Other, l'album de 1974 de l'ex-Byrds Gene Clark.
Hélas, cette splendeur d'album, sans doute parce qu'elle explosa son budget faisant perdre patience et foi à son label, Asylum Records, qui a tout de même quand même bien dû y croire à un moment ou un autre pour autant y investir de subsides, ne parviendra pas, comme on dit, à "rencontrer son public" parce que peu voire pas promu.
Et là, on se demande pourquoi. Parce qu'il y a, sur No Other dans sa version d'époque, 8 magnifiques chansons formant un parfait kaléidoscope de traditions revisitées. Ainsi retrouve-t-on du country rock s'acoquinant avec le gospel (Life's Greatest Fool, From a Silver Phial), du folk rock qui évoquera sans doute un certain Loner canadien à l'auditeur (Silver Raven, Lady of the North), une exploration entre soul et blues où Clark s'en donne à cœur-joie sur sa six-cordes (No Other), une espèce de gospel/blues progressif glorieusement troussé (Strength of Strings), une odyssée folk rock aux cordes émouvantes (Some Misunderstanding), de la country relativement classique mais supérieurement réussie (The True One). Certes, les amateurs d'épure pourront trouver tout ça trop ampoulé, trop riche pour le bien de chansons qui auraient encore gagné en efficacité dans un cadre un poil plus minimaliste, mais quelle joie que d'entendre un auteur/compositeur libre d'assouvir ses fantasmes musicaux comme bon lui semble. Et avec quelques excellents partenaires (de l'Allman Brother Butch Trucks à l'Eagles Timothy B. Schmit, du Manassas Joe Lala en passant par un Leland Sklar passé à peu près partout ou un Buzz Felten connu pour sa participation au Blues Band de Paul Butterfield ou aux Rascals), ce qui ne peut pas nuire.
Longtemps indisponible avant sa bienvenue réédition du début des années 90 (juste après le décès de Clark), No Other a depuis acquis un statut culte qui, s'il est indéniablement mérité, ne lui offre toujours pas le large et révérant auditoire qu'il mérite. Parce qu'on tient bien là un grand album, un essentiel de la musique américaine tous styles et époques confondus, et un absolu régal pour ceux qui apprécient les racines d'icelle dans leur acceptation des septantes. Recommandé ? Non, obligatoire !

1. Life's Greatest Fool 4:44
2. Silver Raven 4:53
3. No Other 5:08
4. Strength of Strings 6:31
5. From a Silver Phial 3:40
6. Some Misunderstanding 8:09
7. The True One 3:58
8. Lady of the North 6:04
Bonus
9. Train Leaves Here This Morning 4:59
10. Life's Greatest Fool (alternate) 4:16
11. Silver Raven (alternate) 3:06
12. No Other (alternate) 5:35
13. From a Silver Phial (alternate) 3:42
14. Some Misunderstanding (alternate) 5:17
15. Lady of the North (alternate) 5:54

Gene Clark - guitar, vocals
Chris Hillman - mandolin
Jesse Ed Davis - guitar
Stephen Bruton - guitar
Bill Cuomo - organ
Craig Doerge - keyboards
Howard "Buzz" Feiten - guitar
Danny Kortchmar - guitar
Russ Kunkel - drums
Joe Lala - percussion
Ted Machell - cello
Jerry McGee - guitar
Lee Sklar - bass
Butch Trucks - drums
Michael Utley - keyboards
Richard Greene, Beryl Marriott - violin
Sherlie Matthews, Cindy Bullens, Ronnie Barron, Clydie King, Claudia Lennear, Venetta Fields, Timothy B. Schmit, Carlena Williams - background vocals

GENE CLARK

FRaNCe CuLTuRe
Ange "Emile Jacotey" (1975)
ou "Paroles et Musiques"

La confirmation que le rock progressif français n'est pas que le parent pauvre d'une scène européenne foisonnante, c'est avec Magma et Ange qu'on la trouve. Le premier experimental et jazzy, le second plus académique et symphonique comme va nous l'expliquer Jeremy de chez Forces Parallèles :
"Après l’excellent « Au-Delà du Délire », tout le public français se demandait si un groupe de rock prog de nos contrées allait enfin décoller et devenir une référence du genre. Beaucoup d’espoirs étaient donc placés en Ange, et ce « Emile Jacotey », quatrième album du combo originaire de l’Est de la France, était attendu au tournant. Peut-être trop proche de son prédécésseur, Ange a voulu jouer la carte de la sécurité, et préfère confirmer son nouveau statut de grand, plutôt que de prendre le risque de retomber dans l’anonymat.
Ainsi, on retrouve sur la fin du « Nain de Stanislas », morceau délirant et vraiment bien trouvé, le même type de déclamation que sur « Si j’étais le Messie » de l’album précédent. Sur « Sur La Trace des Fées », c’est plutôt l’ambiance dépeinte qui rappelle celle d’« Au-delà du Délire », ambiance magique qui nous transporte une fois de plus au royaume médiévo-fantastique de Christian Decamps et de sa troupe. « Bêle, bêle petite chèvre » renoue avec l’humour sombre que le groupe n’a jamais voulu abandonner, et « Les Noces » critiquent une fois de plus l’utilité du mariage, et plus largement toutes les sortes de sphère religieuse.
Au niveau instrumental, le groupe continue sur sa lancée, c’est à dire qu’il exploite au mieux la capacité de Christian à créer des ambiances médiévo-fantastique (« Jour Après Jour » rappelle quant à lui le titre éponyme de l’album précédent), mais a aussi progressé dans des passages plus rock (« Bêle, Bêle Petite Chèvre », « Ego et Deus », ou encore la partie instrumentale après la déclamation sur « Le Nain De Stanislas »).
Les paroles quant à elles sont toujours aussi poétiques, et nous replonge encore dans l’univers fantastique si spécifique au groupe (« J’irais dormir plus loin que ton sommeil »). Celles-ci étant renforcées par l’intervention d’Emile Jacotey à deux reprises, sur la fin de « Bêle, Bêle petite Chèvre », et sur l’exceptionnel « Ode à Emile », surement l’un de mes morceaux préférés de toute la discogaphie du groupe tant la magie qu’il dégage est sublime. Frissons garantis sur ce titre d’une intensité rare !
Ce quatrième album amène donc la confirmation du nouveau statut du groupe (à savoir le leader de la scène progressive française). Il contient d’excellents titres (« Ode à Emile », « Sur la Trace des Fées »), des bons morceaux (« Le Nain de Stanislas », « Les Noces », « J’irai dormir plus loin que ton sommeil »), mais aussi quelques autres moins bons (« Le Marchand de Planète », « Ego et Deus », « Aurealia »). J’ai longtemps hésité entre 3 et 4 sur 5, j’opte finalement pour les 4 étoiles, grâce au superbe « Ode à Emile », mais la note la plus appropriée serait 3,5/5. Un bien bon disque !
"
Voilà, le 4ème opus des franc-comtois est chaudement recommandé, tant aux amateurs du genre qu'à ceux souhaitant se frotter au versant français de son expression.

1. Bêle, bêle petite chèvre 3:50
2. Sur la trace des fées 4:48
3. Le nain de Stanislas 5:45
4. Jour après jour 3:09
5. Ode à Émile 3:03
Ego et Deus
6. a- Ego et Deus 4:05
7. b- J'irai dormir plus loin que ton sommeil 4:14
8. c- Aurélia 2:54
9. d- Les Noces 6:31
10. Le Marchand de planètes 4:17

Guenole Biger - guitar, percussion, drums, marimba, vibraphone
Jean Michel Brezovar - guitar, vocals
Christian Decamps - percussion, keyboards, vocals
Francis Decamps - organ, synthesizer, piano, keyboards, vocals
Daniel Haas - guitar, bass
Gerald Jelsch - drums

ANGE

SuPReMe RiDDiM
Max Romeo & the Upsetters "War Ina Babylon" (1976)
ou "Balcony Wars"

C'est une des plus fameuses réussites de cette première vague reggae qui débarqua sur les talons de l'explosion commerciale de Bob Marley et de ses Wailers, c'est War Ina Babylon par Max Romeo et les Upsetters, et Lee "Scratch" Perry, éminence grise et producteur, que l'on n'oublie évidemment pas.
D'ailleurs, même si on voulait l'oublier, la mise en son nous ramènerait vite à la réalité parce que ces basses aquatiques, cette lourdeur groovy quasi-dub immédiatement identifiable, c'est du Lee Perry tout craché ! Et c'est parfait pour la belle collection de composition roots reggae fomentée par le producteur et son vocaliste de la circonstance, ce Max Romeo déjà auteur d'un Revelation Time un an plus tôt, déjà pour le label Black Ark mais sans Perry (au moins officiellement).
C'est donc l'opus de la confirmation et, pour beaucoup, l'album de la révélation que Bob Marley n'était pas le seul à combiner spiritualité et résistance dans une musique où la chaleur et la chaloupe ne doit pas faire oublier la situation socio-économique dans laquelle tout ceci vit le jour. Parce que Romeo n'est pas que le chanteur grivois que certains avait repéré au début des septantes (auteur de joyeusetés telles que Wet Dream ou Pussy Watch Man) mais aussi un auteur conscient qui sait recracher l'amère constat d'une Jamaïque inégalitaire et  violente.
Ca donne un album qui en remontre aux Burning Spear et autres Wailers dans le domaine du reggae qui pense très fort à la révolution. Et puis, considéré par Lee "Scratch" Perry soi-même comme faisnt partie de sa Sainte Trinitié de la période Black Ark (avec Police and Thieves de Junior Murvin et le Party Time des Heptones), c'est une recommandation qu'on peut faire aux amateurs du genre les yeux fermés mais les oreilles grandes ouvertes !

1. One Step Forward 5:15
2. Uptown Babies 5:00
3. Chase the Devil 3:27
4. War ina Babylon 4:51
5. Norman 4:50
6. Stealin' 3:04
7. Tan and See 4:36
8. Smokey Room 3:03
9. Smile out of Style 3:32

Lead vocals – Max Romeo
Male harmony vocals – Barry Llewellyn, Earl Morgan
Female harmony vocals – Cynthia Scholas, Marcia Griffiths
Production and engineering – Lee "Scratch" Perry
The Upsetters 1976
(non crédités sur l'album autrement que par le nom du groupe)
Michael "Mikey Boo" Richards – drums
Anthony "Benbow" Creary – drums
Noel "Skully" Simms – percussion
Boris Gardiner – bass
Earl "Chinna" Smith – guitar
Keith Sterling – piano
Bobby Ellis – horns
"Dirty" Harry Hall – horns
Herman Marquis – horns
Vin Gordon – trombone

MAX ROMEO

éCHoPuNK
Echo and the Bunnymen "Crocodiles" (1980)
ou "Débuts flamboyants"

C'est Andybell de chez XSilence.net qui va vous parler du pêcher originel des liverpuldiens d'Echo and the Bunnymen, Crocodiles, un album important :
"Nous sommes en 1979, la cold-wave explose en Angleterre, Joy Division, et Cure en tête, nous font parvenir des albums cultes.
Et, à Liverpool, éclot un groupe emmené par Ian Mc Culloch, Will Sergent et Les Pattinson. Trois artistes qui vont se montrer très inspirés en matière de rock romantique et psychédélique.
Crocodiles est leur premier album, 10 titres incandescents qui vous envoûtent par son ambiance, entre l'énergie du punk rock, les mélodies glam époque Ziggy Stardust et la qualité d'un groupe garage hors pair.
Produit par les Chameleons, groupe intéressant de la new-wave, Crocodiles n'a pas pris une ride.
Tout ici est parfait, "Villiers Terrace" vous terrasse, "Pictures On My Wall" renvoie tous les romantiques à la révision, "Stars Are Stars" sent la fièvre des soirs embrumés de Liverpool...
Tous les morceaux touchent en plein coeur, la voix de Mc Culloch va forcément faire des émules, mais c'est tout un groupe qui va frapper par sa force rythmique et mélodique.
Pas loin des meilleurs albums psychédéliques des années 60 (on pense aux Doors, à Love) et des meilleurs albums de post-punk, Crocodiles est un symbole musical des prochaines années en Angleterre. Prétendant au titre de meilleur groupe au début des années 80 avec U2 et Simple Minds, ils ont raté le coche sûrement pour des raisons d'image, les Echo étant plutôt austère, froid et mystérieux.
Bref, rien à voir avec leur musique. Et ce premier album est FONDATEUR pour tout fan de rock.
"
Voilà, après ça, et quelques uns de leurs contemporains, la face du rock anglais sera irrémédiablement changée. Et c'est du bon en plus alors, n'hésitez plus, foncez !

1. Going Up 3:57
2. Stars Are Stars 2:45
3. Pride 2:41
4. Monkeys 2:49
5. Crocodiles 2:38
6. Rescue 4:26
7. Villiers Terrace 2:44
8. Pictures on My Wall 2:52
9. All That Jazz 2:43
10. Happy Death Men 4:56
Bonus
11. Do It Clean 2:44
12. Read It in Books 2:31
13. Simple Stuff 2:38
14. Villiers Terrace (early version) 3:08
15. Pride (early version) 2:54
16. Simple Stuff (early version) 2:37
17. Crocodiles (live) 5:09
18. Zimbo (live) 3:36
19. All That Jazz (live) 2:53
20. Over the Wall (live) 5:28

Ian McCulloch – vocals, guitar
Will Sergeant – lead guitar
Les Pattinson – bass
Pete de Freitas – drums

ECHO AND THE BUNNYMEN

MeRCyLeSS
King Diamond "Fatal Portrait" (1986)
ou "Le Roi est Seul"

En rupture d'un Mercyful Fate qui vient de se séparer après un premier run frôlant la perfection, il ne fallut pas longtemps à Kim Bendix Petersen pour se remettre en marche et sortir, 10 mois seulement après la première fin de son groupe, un premier opus solo, ou plutôt du nouveau groupe portant également le même nom que le pseudonyme qu'il s'est choisi, King Diamond.
Si King Diamond est l'indiscutable patron de son nouveau projet, les ressemblances avec Mercyful Fate ne sont pas absentes de la galette. Et comment pourrait-il en être autrement quand, mené par l'organe si particulier de Petersen, et proposant tout de même deux autres ex-membres des danois les plus révérés dans le metal, nommément Michael Denner, guitariste et co-créateur de trois des plages du présent, et Timi Hansen, bassiste de son état ? Ceci dit, déjà les tentations conceptuelles taraudent le vocaliste qui construit même un mini-concept dans l'album (les trois premiers titres et Haunted) et instille des influences gothiques et théâtrales (option Grand Guignol) dans son heavy metal sinon de facture absolument classique.
On peut, à partir de là, considérer Fatal Portrait comme un album de transition, encore un peu comme hier, déjà un peu comme demain où un groupe aux petits oignons (on n'oublie ni Andy LaRoque qui, présentement simple exécutant, prendra bientôt un rôle essentiel dans le processus créatif de Petersen, et Mikkey Dee, passé aux futs derrière Lemmy depuis près d'un quart de siècle... comme le temps passe !), fait le métier sur 8 chansons et un intermède (où toutes les guiotares sont jouées par le chanteur !) dont la star est évidemment la voix particulière de King Diamond et la musique un accessoire extrêmement bien huilé pour la mettre en valeur. Et comme le tout s'avère d'une implacable efficacité, ça riffe, ça shredde, ça badaboume, ça s'égosille à qui meux-mieux, les mélodies fonctionnent et la production, pas exceptionnelle mais tout à fait correcte, emballe le tout comme il faut, on marche dans la combine.
Bien-sûr, King Diamond connaîtra de plus intenses réussites (Abigail et Them aux premières d'icelles, de cette période où on peut presque le rebaptiser Alice Diamond ou King Cooper) mais, pour l'amateur de heavy hanté, il n'y a pas mieux dans le répertoire du viking que ce Fatal Portait originel.

1. The Candle 6:38
2. The Jonah 5:15
3. The Portrait 5:06
4. Dressed in White 3:09
5. Charon 4:14
6. Lurking in the Dark 3:33
7. Halloween 4:12
8. Voices from the Past 1:29
9. Haunted 3:54
Bonus
10. No Presents for Christmas 4:20
11. The Lake 4:11

King Diamond - lead & backing vocals, All guitars on "Voices from the Past"
Andy LaRocque - lead guitars
Michael Denner - lead guitars
Timi Hansen - bass
Mikkey Dee - drums

KING DIAMOND

CiNéMa BoWie
David Bowie "The Buddha of Suburbia" (1993)
ou "Made for TV"

Une bande-son pour une mini-série télévisée, à priori pas de quoi s'affoler sauf que c'est David Bowie (qu'on attendait pas forcément là) et que l'album a son importance dans la relance créative du gars, ce que nous explique fort bien Dariev Stands sur le webzine Guts of Darkness :
"En 1993, le Thin White Duke n’est pas vraiment au mieux de sa forme. C’est même le grand creux de sa carrière. « Black Tie White Noise » n’a pas vraiment convaincu, et il n’a pas encore livré son album-bouée de sauvetage, le nébuleux Outside. Entre les deux, « Buddha Of Suburbia », bande originale d’une petite série télé en 4 épisodes de la BBC2, est paru, dans l’anonymat le plus absolu. Avant de mettre sur pied le projet démesuré qui donnera naissance à « Outside », Bowie donne tout (de son propre aveu) sur cette minuscule B.O., quelques mois après l’échec de « Black Tie ».
Si Bowie a touché le fond à la fin des années 80, c’est bien avec ce disque qu’il prendra le rebond décisif qui le lancera pour la décennie à venir… Remarquons d’ailleurs qu’il réutilisera « Strangers When We Meet » (pourtant la piste la plus fade de ce disque déjà assez timoré) pour fermer « Outside ». « Buddha Of Suburbia » est un peu le disque de la remise sur pied, le caméléon fait profil bas (low profile ça vous dit quelque chose ?) et réalise ce disque seul avec le mutli-intrumentiste virtuose Erdal Kizilcay… On ne voit même pas sa tronche sur la pochette originale, c’est pour vous dire. C’est quand même un cas unique dans toute sa carrière de narcissique maladif ! La musique de l’album s’inscrit dans cette même logique de discrétion, hélas… Dire qu’elle n’apparaît quasiment pas dans la série ! Bowie ne s’est pas encore dépétré du son synthétique horrible des années 80, mais il étoffe quand même la production de quelques effets forts bienvenus, qui nous placent en terrain étrangement familier. En effet, c’est un peu un retour à « Lodger » ou à la face b de « Heroes » qu’il effectue ici, mine de rien, et c’est une veritable renaissance artistique qui s’opère sous nos yeux, ou plutot nos oreilles. On retrouve la plainte du saxo solitaire baigné dans l’écho de « Neuköln » sur « South Horizon », et même si le son rappelle les erreurs variet 80’s, la couleur de l’album est définitement grise et ambient. D’ailleurs, dans le livret, Bowie avoue que sa plus grande inspiration sont les méthodes de travail de Brian Eno. La voix, excepté sur « Strangers When We Meet » et le poignant morceau titre (une simple chanson pop, presque variet, mais fichtre, l’inspiration est de retour !) est trafiquée à souhait et méconnaissable. Surtout sur « Sex And The Church » - un thème d’ordinaire cher à Depeche Mode – où elle sonne robotique et caustique. C’est la mise en retrait de la personnalité de Bowie, si exposée dans la décénnie précédente, sur un disque, toutefois, qu’il écrit et produit intégralement. L’enchaînenement « South Horizon », « The Mysteries » et « Bleed Like a Craze, Dad » est une merveille habitée par le piano ensorceleur de Mike Garson, qui s’interrompt sur « The Mysteries » - piste ambient composée à partir de bandes ralenties, tout comme « Ian Fish » - pour reprendre dans l’intro de « Bleed » d’une façon magistrale. Le meilleur passage de l’album. Le reste est plutôt fade, même si « Dead Against It » et « Untitled No.1 » recelent encore quelques effets de production interessants… « Untitled » commence comme un morceau hip-hop puis dérive vers une atmosphère orientale à la « Lodger ». Le tout s’achève sur une version de la chanson titre avec Lenny Kravitz à la guitare, parfaitement inutile.
Il va sans dire que cet album, qui n’est en fait que le début d’une nouvelle ascension, est le meilleur de l’artiste depuis « Scary Monsters ». Bien sûr, « Outside » ira beaucoup plus loin, et ce bouddha tombera dans les limbes de l’oubli, mais c’est avec ce disque Bowie prendra le bon pli, et pas un autre..."
Un Bowie mineur ? Peut-être. Mais un Bowie important, et recommandé à ceux qui seraient malencontreusement passés à côté.

1. Buddha of Suburbia 4:28
2. Sex and the Church 6:25
3. South Horizon 5:26
4. The Mysteries 7:12
5. Bleed Like a Craze, Dad 5:22
6. Strangers When We Meet 4:58
7. Dead Against It 5:48
8. Untitled No. 1 5:01
9. Ian Fish, U.K. Heir 6:27
10. Buddha of Suburbia 4:19

David Bowie – vocals, keyboard, synths, guitar, alto sax, baritone sax, keyboard percussion
Erdal Kızılçay – keyboards, trumpet, bass, guitar, drums, percussion
3D Echo – drum, bass, guitar on "Bleed Like a Craze, Dad"
Mike Garson – piano on "Bleed Like a Craze, Dad" and "South Horizon"
Lenny Kravitz – guitar on "Buddha of Suburbia"

DAVID BOWIE

BLue STRiNGS
Soldier String Quartet "Inspect for Damaged Gods" (2004)
ou "Petites Musiques de Nuit"

Un ensemble de cordes qui dépasse largement le domaine de la musique classique et sait même, souvent, surprendre l'auditeur non préparé ? C'est le Soldier String Quartet comme démontré sur leur cru de 2004, Inspect for Damaged Goods. que vont nous présenter nos amis belges de pointculture.be :
"Un quatuor à cordes actif dans le non classique, dans des projets, certes ludiques, mais plus abruptes et incongrus que le médiatisé Balanescu. Soldier String Quartet occupe aussi le créneau des musiques savantes qui se créent en-dehors du classique. Je l'avais découvert en 1989 dans des compositions d'Elliott Sharp, version apocalyptique du quatuor à cordes ! Ici, on est dans un autre répertoire : adaptation intelligente de vieux blues,   traditionnels américains, standards populaires (Robert Johnson, Bo Diddley, Sly Stone…). Dans un équilibre réussi : à la fois donner une tournure élaborée, révéler une complexité refusée à ces airs populaires, tout en conservant une esthétique râpeuse. Swing à rebrousse poils. Intermède sirupeux, crooner… Et composition personnelle sous forme d'évocation : « Sontag in Sarajevo », avec accordéon. Remarquable création d'atmosphère. Eclectisme un peu bizarre, mais à suivre, discographie fondamentale pour les évolutions du quatuor à cordes."
Avis aux amateurs...

1. Preachin' Blues 2:48
2. Bo Diddley 4:18
3. Here Comes The King 3:15
4. Michael Callen 3:45
5. Sontag In Sarajevo Pt. 1 7:23
6. Sontag In Sarajevo Pt. 2 3:39
7. In Time 3:54
8. Ugly 3:24
9. N'Orleans 4:03
10. Boogie On Party People 4:47
11. (Untitled) 9:04

Dave Soldier - violin, guitar, triangle
Todd Reynolds - violin
Judith Insell - viola
Dawn Buckholtz-Avery - cello
&
Regina Carter - violin
Rebecca Cherry - soloist
Tiye Giraud - percussion, vocals
Jimmy Justice  vocals 
Laurie Cantrell - vocals
Richard Bona - bass
Jonathan Kane - drums
Roy Young - organ
Valarie Naranjo - balafon

SOLDIER STRING QUARTET

ZE BIGUE BONUS!
WiLLiaM à TRiPLe DoSe
on me l'a demandé, je ne suis que trop content de proposer à nouveau une triplette consacrée à l'excellent William Sheller. Enjoie !

...CaLMe eT VoLuPTé
William Sheller "Lux Aeterna" (1972)
 ou "Sheller avant Sheller"

Un album unique dans la carrière de William Sheller qui compose ici une messe pour le mariages d'amis rencontrés alors qu'il composait la bande originale du film "Erotissimo". Lux Aeterna démontre que, chez le jeune William, il y a déjà toutes les cartes qui en font l'artiste capable d'assimiler la musique classique, la pop et la chanson française pour créer son propre style.
Composé en 1969, Lux Aeterna n'est donc pas une œuvre "courante" de la carrière de William Sheller. Influence de son époque, l'album a des atours profondément psychédéliques tout en dévoilant les racines classiques du compositeur. Le soutien d'un chœur, la qualité des arrangements et des compositions, le souffle lyrique de l'ensemble font de Lux Aeterna, qui n'eut aucun succès à sa sortie en 1972, une première pièce maîtresse de la carrière d'un artiste en devenir mais qui devra encore patienter quelques années et l'improbable novelty hit "Rock'n' dollars" et son album correspondant pour, en 1975, enfin rencontrer un succès ô combien mérité.
Philips, label de William Sheller, profitera d'ailleurs de cette reconnaissance naissante pour rééditer Lux Aeterna qui, sans doute trop atypique et éloigné de son album d'alors, n'eut que peu de retentissement. Cependant, temps passant et bouche à oreille fonctionnant, l'album deviendra culte et continue d'épater tous ceux qui le découvrent et ont une vision rétrécie et ô combien partielle de l'art de M. Sheller.
C'est avec grand plaisir que je vous invite à découvrir le vrai bonheur que constitue cette œuvre hybride et passionnante d'un Sheller avant le Sheller que nous connaissons aujourd'hui.

Lux Aeterna
1. Introit 3:22
2. Ave frater, rosae et aurae 4:25
3. Opus Magnum - Part 1 2:47
4. Opus Magnum - Part 2 3:09
5. Lux Aeterna 1:29
6. Sous le Signe des Poissons 5:57
7. Hare Krishna 6:21
8. Sous le Signe du Verseau 6:44
Bonus
Les Péchés de Jeunesse

Je vous inclus les bonus de ma version (provenant de la presque intégrale, parce que plus toute jeune, "Chemins de Traverse"), soit les premiers ébats de Sheller dans le business musical post-yé-yés de la France de la fin des 60s et du début des 70s. C'est plus anecdotique qu'essentiel, une curiosité... Enjoie !
9. My Year Is a Day (par Les Irrésistibles) 3:03
10. Couleurs 2:11
11. Les 4 Saisons 3:44
12. Leslie Simone 2:51
13. Adieu Kathy 2:19
14. She Opened the Door 3:00
15. Living East Dreaming West 3:20

Le dos de l'album avec un Sheller hippie en diable !

DéCoLLaGe iMMéDiaT !
William Sheller "Univers" (1987)
ou "(uni)vers ailleurs..."

Sheller, Univers. La première fois que j'ai entendu cet album, je n'en revenais pas. A l'époque, peu friand de chanson française et plutôt versé dans le riff plombé que le quatuor à cordes, rien ne me prédisposait à tomber irrémédiablement amoureux d'un petit bonhomme franco-américain, à la voix fragile et aux mains expertes. Univers est passé par là, tellurique galette !
Enfin, tellurique, je me comprends, parce que William Sheller n'est pas du genre à donner dans la pyrotechnie, que ce soit pour ses textes ou ses musiques. Artisan patient et pointilleux, il tisses son écheveau telle la dentelière de Calais additionnant paroles tout en retenue, art compositionnel maîtrisé et arrangements précieux pour un résultat assez unique de part chez nous et même assez unique tout court. Parce que Sheller est au confluent de moult tendances : musique classique puisque telle fut sa formation, pop music puisque tel fut (et est toujours) son amour, et chanson française par héritage et attirance culturelle.
Tout ceci fait de Sheller un créateur à part dans le petit monde de la musique française, et c'est encore plus évident à partir du mini album  Simplement (1984), et encore plus sur Univers où, vraiment !, William lâche les chevaux de son inspiration échevelée.
Quoique ce qui constitue, dans l'édition vinyle d'époque, la Face A reste encore proche de la zone de confort commercial de William. Du rock pop orchestral de Darjeeling, au mid-tempo un poil bluesy mais toujours classicos (Basket Ball), à la pop orchestrale feutrée d'Encore Une Heure, Encore Une Fois et, finalement, à la belle ballade qu'est Les Miroirs dans la Boue, c'est un Sheller à l'ambition certes revenue à la hausse mais encore très préoccupé par le format chanson.
La Face B, sans se départir de la qualité de mélodiste de son compositeur, pousse l'enveloppe plus avant dès le rock orchestral quasi-progressif du Nouveau Monde, composition majeure d'un album qui ne l'est pas moins. Pour le coup, Cuir de Russie, charmante badinerie, et Guernesey, splendide pièce de chanson classique (comprendre chanson et musique classique en un) paraitraient presque "en dedans" s'il n'amenaient sur le magistral et complexe L'Empire de Toholl, indubitablement l'objet musical le plus alien et prospectif depuis Lux Aeterna dont il semble reprendre, bonussé de l'expérience acquise en chemin, l'ambition contemporaine, progressive.
Tout ce que touche Sheller sur Univers, album fondateur d'une deuxième partie de carrière passionnante, semble se transformer en or. C'est un album parfait... Son meilleur ?

1. Darjeeling 3:55
2. Basket ball 4:04
3. Encore une heure, encore une fois 3:34
4. Les miroirs dans la boue 3:43
5. Chamber music (instrumental) 4:59
6. Le Nouveau monde 5:01
7. Cuir de Russie 3:27
8. Guernesey 4:18
9. L'Empire de Toholl 9:10

William Sheller : sitar, piano, chant
&
Laurent Roubach
: guitare
Claude Salmieri : batterie
Renaud Hantson : batterie
Pierre Gossez : saxophone alto
Georges Grenu : saxophone
Marcel Hrasko : baryton
Gilbert Viatge : baryton
Francis Cournet : saxophone, basse
Janick Top : basse
Benoît Paquay : violon
Jean-Pierre Catoul : violon
Eric Gertmans : alto
J.P Emyle Dessy : violoncelle
Christian Padovan : basse
Tolbiac Toads : guitare, voix, batterie
Raymond Lefèvre : direction orchestrale

William qui reçoit une "victoire" bien méritée
(et des mains de la rhâââ Carole Laure !)

Néo-CLaSSieuX
William Sheller "Ailleurs" (1989)
ou "Cordes et âme"


Si Univers, précédent opus de Sheller, mélangeait chanson rock et classique, Ailleurs se départit quasiment de ses oripeaux modernistes pour se concentrer sur les organiques et traditionnelles formations du quatuor à cordes et de l'orchestre symphonique... Le piano et la voix de William en plus, ça va sans dire.
Il est loin l'auteur, compositeur, interprète d'un Vieux Rock'n'roll ou de Rock 'n' Dollars, méconnaissable, presque. C'est, présentement, à un compositeur ambitieux, osant se détacher du format chanson comme jamais il ne le fit jusqu'alors. C'est d'ailleurs évident dès la piste d'ouverture, Le Témoin Magnifique, composition en trois parties où il fait montre de son éducation classique (par un ancien élève de Gabriel Fauré, excusez du peu) dans une perspective plus modérément vulgarisatrice que jamais dans un de ses albums de chansons.
De fait, ce qui subsistait encore d'inspiration pop dans Univers est pour ainsi dire évaporé d'Ailleurs qui n'en porte que mieux son titre. Autant le dire, ce n'est pas un album facile, pas une collection de singles imparables comme pouvait le paraitre Univers, outre Un Archet Sur Mes Veines, blues pour quatuor à cordes très réussi, Excalibur, qui malgré son format progressif reste une mélodie accrocheuse pour une chanson plutôt abordable, et La Tête Brûlée, pour orchestre et voix qui chope bien l'oreille et vous la garde par son ambiance et ses paroles déchirantes, c'est un objet musical différent que Sheller nous propose.
Un objet musical où il laisse libre cours à ses fantaisies musicales les plus précieuses ce qui, dans l'acceptation "vinylienne" de l'album, représente surtout la Face B où, entre deux instrumentaux tout en charme et en maîtrise (Octuor et Partita, assimilables à la musique classique, de chambre pour le second) et 3 "chansons" (Sergei, La Sumidagawa et Ailleurs) où les extraordinaires capacités d'arrangeur et de compositeur de William Sheller explosent à la face du monde (enfin, pour ceux qui ne savaient pas encore...). Certes, cet "emballage final" demandera qu'on y revienne quelques fois pour pleinement en apprécier l'intensité dramatique et la nuance mélodique, c'est le lot de toute musique intellectuellement conçue mais émotionnellement gagnante.
Sheller n'a plus proposé, depuis, de fusion aussi grandiose de ses amours pop, rock, progressifs et classiques. Rien que pour ça, Ailleurs est un album précieux et absolument irremplaçable dans la discographie d'un artiste hors du commun... Comme en plus c'est aussi un très bon long-jeu, toute hésitation de rigueur s'évanouit et on recommande chaudement, très chaudement même ce gout d'Ailleurs si délicieux.

1. Le témoin magnifique 7:56
1a - Prélude à tempo d'un jogger (instrumental)
1b - Cadenza del sol (instrumental)
1c - Chant du témoin
2. Un archet sur mes veines 3:52
3. Excalibur 6:38
4. La tête brûlée 6:19
5. Sergueï 5:50
6. Octuor (instrumental) 4:23
7. La Sumidagawa 8:33
8. Partita (instrumental) 1:37
9. Ailleurs 6:11
bonus
10. Un archet sur mes veines (nouvelle version) 3:36

William Sheller : piano, chant, orchestration
&
chorale d'enfants dirigée par Denis Dupays
Jean-Jacques Justafré (cor)
Mick Lanaro -réalisateur de l'album- (tambourin occasionnel).
orchestre symphonique composé de musiciens issus de différents orchestres nationaux, réunis au Palais des Congrès de Paris. Direction : Jean-Claude Dubois
Orchestre du Capitole de Toulouse. Direction : Jean-Claude Cugullière
quatuor à cordes composé de : Jean-Philippe Audin (violoncelle), Constantin Bobesco (violon), Hervé Cavelier (violon) et Agnès Toussaint-Audin (alto)
John Wooloff (guitare)

Vieux Sheller (mais ça pétille toujours dans ce crâne !)
Visca les vacances, em vaig a...


RENDEZ-VOUS LE 10/10/15

19 commentaires:

  1. Collection Hétéroclite #3

    Little Feat "Sailin' Shoes" (1972)
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    Françoise Hardy "Entr'Acte" (1974)
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    Gene Clark "No Other" (1974)
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    Ange "Emile Jacotey" (1975)
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    Max Romeo & the Upsetters "War Ina Babylon" (1976)
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    Echo and the Bunnymen "Crocodiles" (1980)
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    King Diamond "Fatal Portrait" (1986)
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    David Bowie "The Buddha of Suburbia" (1993)
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    Soldier String Quartet "Inspect for Damaged Gods" (2004)
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    William Sheller "Lux Aeterna" (1972)
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    William Sheller "Univers" (1987)
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    William Sheller "Ailleurs" (1989)
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    1. On dira que la pioche à bien fonctionner pour moi. Et j’aime bien l’éclectisme du résultat. Je ne connais ni ce HARDY, ni ce BOWIE (très éllléchant) et pas tous ces Sheller. Et je vais prendre également le Max Romeo parce que je n’ai pas une culture immense du reagae. Soldier String Quartet a l’ir pas mal, mais je vais finir par une indigestion…
      Rest Crocodiles avec ce son quasi magique (et très voisin des cousins The Teardrop Explodes dont j’adore le premier album). Mais je vais prendre le Bunnymen pour les bonus car j’aime beaucoup les live du groupe.
      Et Gene CLARK avec ce magnifique et immense album (que j’associé pour ma part à This Mortal Coil qui l’avait repris sans que je ne connaisse les originaux).

      Bonnes et chouettes vacances à toi !

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    2. Un bien belle pioche, tu me diras ce que ça t'a fait.
      Et totalement d'accord avec toi sur le Crocodiles et le Gene Clark, si tu veux partager le This Mortal Coil que je ne connais pas, ça m'intéresse !

      Et les vacances ? C'était bien !

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  2. Très bonnes vacances; c'est bien, tu nous laisses souffler ...

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    1. Mais pas si longtemps puisque je suis déjà de retour... Enjoie !

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  3. Le hasard fait bien les choses... si on l'aide un peu !!!!!
    Bonnes vacances

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    1. Rien n'est dû au hasard, tout à l'envie !
      Et merci même si je suis déjà revenu.

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  4. Le Gene Clark me fout par terre à chaque fois.. jamais écouté un disque avec autant de belles mélodies comme cela. Comme un disque avec ses plus belles chansons. Pas une en dessous.
    Quant à "Ailleurs", c'est un monument, un album colossal et absolument unique. J'ai découvert "Le nouveau monde" ado, une belle cassure d'avec sa carrière précédente..je trouve. Notamment grace à ses morceaux "prog" classiques du titre éponyme et de "Excalibur". C'est vraiment un artiste hors norme qu'il faut chérir.

    La petite sucrerie Françoise passe comme une caresse, adorable discographie.

    Comment ça des vacances ??!! ;D

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    1. Parce qu'il faut bien faire des petits breaks, non ? Et puis il a fait si beau et si chaud à Barcelone... ^_^
      Je vois que tu as trouvé tes perles, tant mieux !

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  5. Bonnes vacances.
    Et merci pour toutes ces piqûres de rappel.
    Au 10.10.

    Jean-Paul

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    1. Merci tardif et enjoie !
      Le retour est déjà disponible !

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  6. Merci pour Sheller !!!
    https://www.youtube.com/watch?v=Q7_jbluF0qo

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  7. Oui, tout à fait, merci pour Sheller !!!

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  8. Asi que te vas a Barcelona, "la meva ciutat". Je viens d'y passer 15 jours. C'est ma source de Jouvence...

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    1. Et c'était très bien, et c'était ma première fois mais j'y retournerai. ^_^

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  9. Pour info, l'album "Crocodiles" d'Echo & The Bunnymen n'a pas été produit par le groupe The Chameleons. c'était juste un pseudo qu'avaient pris Bill Drummond et David Balfe pour la production de ce disque et celle de "Kilimanjaro" de Teardrop Explodes (paru la même année). Ian Broudie se chargeant de produire "Rescue" et "Pride" (déjà publié en maxi quelques mois avant l'album).

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