dimanche 31 août 2014

AfricaZen (et suite d'hier)

Ballaké Sissoko, Vincent Ségal "Chamber Music" (2009)
ou "Chambre noire et rêve éveillé"


A première vue, l'album d'un joueur de kora et d'un violoncelliste et de leurs sub-sahariens invités, on pourrait se dire que le titre de l'album est trompeur. Chamber Music pour la rencontre de l'Afrique et de l'Europe, quelle drôle d'idée !
 
Et puis non, parce que le coup fomenté par Ballaké Sissoko et Vincent Ségal (de chez Bumcello, etc.) ne fonctionne jamais aussi bien qu'en une écoute recueillie et solitaire, retirée du monde et profondément contemplative... De la musique de chambre donc, une autre définition que celle habituellement accolée au terme mais finalement tout à fait juste.
La kora y vibrionne, y papillonne de ses suaves et exotiques sonorités, le violoncelle y ajoute une gravité, une profondeur qui lui sied parfaitement au teint. C'est magique. Ni tout à fait africain ni complètement européen, quoiqu'ayant quelques résonnances avec un certain jazz et une musique classique décomplexée et décentrée de son occidentalisme forcené, c'est une croisée des chemins pour et par deux musiciens particulièrement avides de rencontres, de l'entrelacement de deux univers qu'on pensait opposé, la vérité tribale de l'un, la science établie de l'autre qui, finalement, se recoupent, se regroupent sur des émotions simples et un identique goût de la mélodie libre. Le résultat est zen en diable, précieux parce qu'atypique, confortable parce que d'une beauté où on se plonge sans la moindre difficulté, un vrai tour de force pour moments calmes. De ceux, si chers parce que si rares, où on se retrouve en un ailleurs où seuls comptent l'harmonie et le recueillement qui va avec.
 
Aussi approprié pour une écoute attentive qu'en musique de fond d'un bon bouquin ou en bande-son d'un rêve éveillé, Chamber Music, loué en soit le label No Format qui n'a jamais aussi bien porté son nom, est une œuvre riche, à la fois complexe et évidente dans laquelle il fait bon plonger et se perdre, encore et encore.


1. Chamber Music 5:31
2. Oscarine 5:41
3. Houdesti 8:52
4. Wo Yé N'Gnougobine 5:51
5. Histoire de Molly 5:31
6. 'Ma-Ma' FC 5:12
7. Regret (à Kader Barry) 3:45
8. Halinkata Djoubé 5:08
9. Future 3:15
10. Mako Mady 6:06


Ballaké Sissoko – Kora
Vincent Ségal – violoncelle
&
Awa Sanagho - Chant sur "Regret"
Mahamadou Kamissoko - N'goni sur "Houdesti"
Fassery Diabaté - Balafon sur "Houdesti"
Demba Camara - Bolon sur "Oscarine", "Halinkata Djoubé", "Mako Mady"; karignan sur "'Ma-Ma' FC", "Regret-À Kader Barry"


Ballaké Sissoko "At Peace" (2012)
ou "La grâce et la paix"


On ne dira jamais assez de bien des formations hybrides et métissées avec lesquelles nous transporte régulièrement l'impeccable label parisien No Format. Ballaké Sissoko, justement, y avait plongé dans un magnifique album en duo avec le violoncelliste Vincent Ségal, album toujours aussi recommandé aujourd'hui et dont At Peace apparait comme la suite logique, si indirecte.
 
Ballaké Sissoko se présente ici en solo (mais pas toujours solitaire, voir line-up) et, sous la bienveillante direction de son compère d'hier mais toujours partenaire d'aujourd'hui, Vincent Ségal, il produit une musique qui, pour plus se rapprocher de ses racines maliennes que ce que Chamber Music nous avait offert, n'en développe pas moins sa propre grammaire, son propre univers dans un panorama sonore rêveur où les notes de sa kora scintillent telles des étoiles filantes.
Intimistes, spirituelles et, évidemment, profondément ancrées dans leurs racines africaines, les compositions d'At Peace déroulent l'apaisée et vivifiante expérience d'une musique poussant à la contemplation et au recueillement. Une proposition rare que les citadins sur-stressés ne manqueront pas de saisir. Et une superbe surprise supplémentaire en provenance du décidément essentiel label No Format !
 
Très chaudement recommandé.


1. Maimouna 3:34
2. Boubalaka 4:43
3. Badjourou 4:00
4. Kabou 4:18
5. Nalésonko 5:53
6. Kalata diata 5:22
7. N'tomikorobougou 10:23
8. Asa branca 3:11
9. Kalanso 3:17


Ballaké Sissoko - kora
&
Aboubacar "Badian" Diabaté
- guitare acoustique 12 cordes (2, 3, 6, 7), guitare (8)
Moussa Diabaté - guitare (3, 6)
Fassery Diabaté - balafon (3, 6)
Vincent Ségal - violoncelle (3, 4, 6, 8), production

samedi 30 août 2014

Songs en harmonie

Piers Faccini & Vincent Ségal "Songs of Time Lost" (2014)
ou "Zen Duet"


Quelques originaux, quelques reprises, la rencontre de deux musiciens en phase pour un album intimiste et beau... Il n'en faut pas plus pour la nouvelle réussite de l'excellent label No Format.
 
Les deux hommes, Piers Faccini, folkeux italo-britannique doté de quelques très bons albums (dont le chaudement recommandé Two Grains of Sand), et Vincent Ségal, violoncelliste français co-auteur d'un déjà excellent Chamber Music avec le malien Ballaké Sissoko sur le même label et session-man reconnu, fait sens, pas seulement parce que ces deux ci sont amis depuis longtemps.
Elle fait sens parce que le duo partage un même goût d'une musique reposant souvent sur l'ascèse et l'intimité même si, pour Faccini, la logique n'a jamais été aussi poussée, l'approche instrumentale aussi radicalement minimaliste. Elle fait sens aussi parce que les deux amis aiment audiblement explorer des chemins où on ne les attendrait à priori pas, présentement avec quelques chansons napolitaines, une reprise de Marlene Dietrich, et un détour par l'île de la Réunion sur une relecture d'une chanson d'Alain Peters (Mangé pou le cœur) ou encore le Texas sur un très réussi Quicksilver Daydreams of Maria (de l'immense mais hélas trop méconnu Townes Van Zandt). Les relectures, à l'aulne d'une localisation à la fois moderne et intemporelle, rendent évidemment de vibrants hommages aux originaux mais, surtout, créent leur propre voie où la voix et la guitare de Piers et le violoncelle de Vincent se rencontrent, s'épousent même, dans une quête harmonieuse et précieuse un peu hors du monde et, pourtant, profondément terrienne, humaine. On n'en oubliera pas pour autant les originaux, au nombre de quatre, qui complètent admirablement le tableau de leur fragile beauté.
On notera aussi l'artwork qui, tout à fait dans la ligne esthétique épurée instituée par le label, a été réalisé par Piers, également peintre et illustrateur quand il se départ de son médiator et de son microphone. Une pochette réussie.

Au bout du compte, petit miracle comme le label hôte en a le secret, Songs of Time Lost est un album qui poussera à une écoute recueillie et contemplative, une beauté rare dont on espère qu'elle sera suivie de nombreuses suite tant le chemin ouvert ici promet de très riches perspectives.


1. Jesce sole 2:58
2. The Closing of Our Eyes 2:25
3. Cammina cammina 3:22
4. Cradle to the Grave 2:19
5. Quicksilver Daydreams of Maria 4:36
6. Villanella di cenerentola 2:02
7. A Half of Me 4:24
8. Mangé pou le coeur 4:59
9. Cicerenella 2:39
10. Wenn ich mir was wünschen dürfte 2:30  
11. Everyday Away from You 2:14
12. Dicitencello vuje 3:52
13. Make Me a Pallet on Your Floor 2:14
(vous pouvez écouter des extraits ICI)


Piers Faccini - vocals, guitar
Vincent Segal - cello

jeudi 28 août 2014

RAVIssement général !

Aujourd'hui, c'est avec un immense plaisir que je vous convie à un festin. Vous y trouverez deux coffrets de qualité dévolus à la carrière de l'immense Ravi Shankar. Le premier, un résumé de sa carrière, vous démontrera l'étendu de la palette du monsieur. Le second, regroupant ses collaborations avec son ami George Harrison, sera un pont idéal entre orient et occident. Enjoie!

Ravi Shankar "In Celebration" (1996)
ou "Somme d'homme"


Que dire de cette collection d'enregistrements, de 1960 à 1995, si ce n'est qu'elle représente indéniablement plus qu'un simple artifice de découverte de l'œuvre et de l'homme Ravi Shankar, une somme permettant de goûter à la diversité d'un musicien et compositeur trop souvent confiné au petit domaine de la musique indienne, à la bande-son d'un curry bien épicé.
 
On y retrouve, en 4 disques bien remplis et thématiquement arrangés, une palette certes centrée sur un instrument et une famille stylistique mais n'hésitant pas à déborder, à sortir de son cadre traditionnellement plus restrictif.
Bien sûr, il y a de la musique indienne classique telle qu'on se l'imagine, celle-là même qui influença tant George Harrison, devenu disciple puis ami du maître, et entraîna les Beatles dans une retraite indienne dont ils ne sortirent pas inchangés. Le premier cd, Classical Sitar, fait parfaitement l'office démontrant, quoique ce ne fut pas vraiment nécessaire, la virtuosité de Ravi, sa grâce aussi à embarquer l'auditeur dans des sons et des grilles harmoniques auxquelles les oreilles occidentales ne sont pas habituées. Le sesond, Orchestral and Ensembles, pousse encore un peu plus la logique de son devancier avec, toutefois, des arrangements plus précieux encore pour un voyage d'autant plus dépaysant. Le troisième, East-West Collaborations, est celui de l'ouverture au monde, de la fusion entre la grammaire habituelle de la musique de Shankar et sa confrontation à d'autres qui ne la transfigure pas tout à fait, l'enrichit plutôt. Le quatrième et dernier, Vocal and Experimental, est celui des tentations pop, des atours Bollywoodiens dans des compositions plus ramassées et, à vrai dire, globalement moins intéressantes que celles des autres galettes argentées. Pas mauvaises cependant, juste moins dépaysantes, moins trippantes.

Le tout, avec son beau gros livret comportant moult photographies de la vie de Ravi, une biographie/étude évoquant son œuvre et son parcours mais aussi une brève explication de chaque titre figurant sur le coffret, est une somme dans laquelle il est bon de plonger et replonger. Recommandé, en guise d'introduction, aux néophytes mais aussi en objet précieux, pour son livret mais aussi quelques raretés, aux autres.


CD 1
Classical Sitar

1. Charu Keshi 13:27
India's Master Musician (1963)
2. Bhatiyar 18:38
Unique Ravi Shankar (1991)
3. Adarini 8:48
previously unreleased (1995)
4. Marwa 17:40
Ravi Shankar in New York (1967)
5. Dhun Kafi 12:31
India's Master Musician/Recorded in London (1964)

CD 2
Orchestral and Ensembles

1. V 7½  18:09
previously unreleased (1968)
2. Jait 9:42
Ravi Shankar's Music Festival from India (1976)
3. Sandhya Raga 11:19
Inside the Kremlin (1989)
4. Ghanashyam 5:06
The Musical Genius of Ravi Shankar (1992)
5. Tilak Shyam 23:21
New Offerings (1984)

CD 3
East–West Collaboration

1. Sitar and Violin Duet 14:32
West Meets East, Volume 2 (1968)
2. 2nd Movement Sitar Concerto No. 1 6:13
Concerto for Sitar & Orchestra (1971)
3. 3rd Movement Sitar Concerto No. 1 3:28
Concerto for Sitar & Orchestra (1971)
4. Morning Love 12:05
West Meets East, Volume 3 (1977)
5. Indo-Japan Finale 12:55
previously unreleased (1985)
6. Enchanted Dawn 11:45
West Meets East, Volume 3 (1977)
7. 4th Movement Raga Mala (Sitar Concerto No. 2) 12:45
Raga-Mala (Sitar Concerto No. 2) (1982)

CD 4
Vocal and Experimental

1. Vandana 2:37
Ravi Shankar's Music Festival from India (1976)
2. Hey Nath 6:07
Passages (1990)
3. Pather Panchali 7:00
Improvisations (1962)
4. Supaney Mein Aye 4:11
Shankar Family & Friends (1974)
5. West Eats Meat 6:08
Tana Mana (1987)
6. Oh Bhagawan 3:35
Joi Bangla EP (1971)
7. Friar Park 5:50
Tana Mana (1987)
8. Tana Mana 3:40
Tana Mana (1987)
9. I Am Missing You 3:40
Shankar Family & Friends (1974)
10. Ta Na Nom 6:42
previously unreleased (1974)
11. Fire Night 4:30
Improvisations (1962)
12. Sanwaréy, Sanwaréy 3:12
Anuradha soundtrack (1960)
13. Dispute & Violence 2:29
Shankar Family & Friends (1974)
14. Shanti Mantra 6:49
Inside the Kremlin (1989)


Ravi Shankar & George Harrison "Collaborations"
(2010)
ou "Two friends"


Deux amis : le Maître et le Disciple. Une rencontre : l'occident et l'orient. L'un, petit gars de Liverpool, est producteur, et parfois plus, l'autre, indien du nord, est compositeur et instrumentiste, et inspirateur aussi. C'est en peu de mots ce qu'on pourrait dire du magnifique coffret de Ravi Shankar et de George Harrison, Collaborations.
 
Dans les faits, on retrouve les trois albums qui ont scellé la collaboration dans la cire noire, trois albums qui ne sont pas le début d'une histoire commencée dans les années 60 quand l'un (Harrison) chercha auprès de l'autre (Shankar) les "armes", le tutorat de son élargissement musical vers d'improbables nouveaux horizons marquant, ce faisant, l'histoire de la musique pop, et de son groupe bien connu.
Au programme, trois albums, deux de 1974, le troisième de 1997. Le premier choisi dans l'ordre du coffret mais plus récent des trois, Chants of India de 1997, a pour but de faire revivre d'anciennes prières védiques et hindoues pour la circonstance mises en musique par Ravi Shankar. Produit par George qui y joue également (voir crédits), c'est un album tout en nuance et délicatesse particulièrement respectueux de son sujet, et une très belle réussite. Suit Ravi Shankar's Music Festival from India (1974 pour l'enregistrement, sorti en 1976) est un album vulgarisateur présentant aux occidentaux un panorama de la musique classique indienne, et une autre réussite. Last but not least, Shankar Family and Friends (enregistré en 73, sorti l'an suivant), est, comme son nom l'indique, un album regroupant la "smala" Shankar, un album en deux volets, le premier de chansons courtes et parfois pop (I Am Missing You), le second (et sommet) présentant la musique d'un ballet où toute la puissance évocatrice du compositeur Ravi se fait jour, et c'est immense !
L'objet coffret, magnifique avec son beau livret au luxueux papier glacé, ses reproductions de pochette presque grandeur nature (plus grand qu'un 45 tours, plus petit qu'un 33), propose également un DVD avec la captation audio et vidéo d'une performance au Royal Albert Hall suivant l'enregistrement de Music Festival from India, ajout nécessaire bonussé d'un court documentaire sur le remastering 5.1 de la chose par Ravi et sa fille, Anoushka.

Les deux amis nous ont depuis quitté, Harrison en 2001 beaucoup trop jeune, Shankar en 2012 à l'âge canonique de 90 ans, reste donc la musique, vivante, vibrante, à jamais éternisée dans ce coffret de référence, un objet qu'on ne saurait trop recommander.


CD 1
Chants of India (1997)

1. Vandanaa Trayee 4:32
2. Omkaaraaya Namaha 1:53
3. Vedic Chanting One 3:12
4. Asato Maa 7:12
5. Sahanaa Vavavtu 4:26
6. Poornamadah 1:28
7. Gaayatri 3:26
8. Mahaa Mrityunjaya 4:43
9. Veenaa-Murali 3:36
10. Geetaa 2:13
11. Managalam 4:03
12. Hari Om 2:57
13. Svara Mantra 4:34
14. Vedic Chanting Two 2:13
15. Prabhujee 8:06
16. Sarve Shaam 5:09

Ravi Shankar – sitar, direction, arrangements
George Harrison – vocals, acoustic guitar, autoharp, bass, vibraphone, marimba, glockenspiel
Anoushka Shankar – conductor and assistant
Ronu Mazumdar – flute

Madras sessions
Kalyan – violin and assistant
Subramaniam, Devi – veenas
Murali – harmonium
Seenu – mridangam
Balasai, Kamalaskar – flutes
Shekar, Biswas, John – cellos
Mirali, Rex, Balu, Sasi, Girijan – violins
Narayanan, Rebbecca Goodsell, Sririam, Venkataraman, Gowri Shankar – tanpuras
Babu Parameshwaran, Natesan, Ramchandran Suresh, Sashidran, Babu, Mani, Mani Kiran, Shanta Dhananjayan, Suhasini, Latha, Rashmi – vocals ("Indian chorus")
Sarada, Martha, Vimala, Pearl, Adela, Dr Grub, Billy, Tony, Arul, Ranjith – vocals ("Western chorus")

London sessions
Chandrashekhar – violin and assistant
M. Balachandar – mridangam, morsing
Bikram Ghosh – tabla
Tarun Bhatacharaya – santoor
Jane Lister – harp
Antonia Paget – violin
Michael Paget, Stella Page – violas
Isabel Dunn – cello
Terry Emery – tuned percussion
Deepa Singh, Hari Sivanesan, Sivashakti Sivanesan, Gaurav Mazumdar, Shyamali Basu, Chandrashekhar, Sukanya Shankar – vocals

CD 2
Ravi Shankar's Music Festival from India (1974)

1. Vandanna 2:44
2. Dhamar 5:23
3. Tarana/Chaturang 5:33
4. Raga Jait 9:48
5. Kajri 4:51
6. Bhajan 3:56
7. Naderdani 4:43
8. Dehati 10:09

Ravi Shankar – direction, arrangements; sitar
Lakshmi Shankar – vocals, swarmandal
Alla Rakha – tabla
T.V. Gopalkrishnan – vocals, mridangam, khanjira
Hariprasad Chaurasia – bansuri
Kartick Kumar – sitar
Sultan Khan – sarangi
Shivkumar Sharma – santoor, kanoon, backing vocals
Gopal Krishan – vichitra veena, backing vocals
L. Subramaniam – South Indian violin
Satyadev Pawar – North Indian violin
Rijram Desad – pakavaj, madal-tarang, dholki, nagada, huduk, duff
Kamalesh Maitra – tabla-tarang, duggi-tarang, sarod, madal, ektara
Anant Lal – shehnai
Harihar Rao – kartal, manjira, dholak, gubgubbi, backing vocals; sitar (DVD only)
Kamala Chakravarty – tambura, backing vocals
Viji Shankar – tambura, backing vocals

CD 3
Shankar Family & Friends (1974)

1. I Am Missing You 3:45
2. Kahan Gayelava Shyam Saloné 2:55
3. Supané Mé Ayé Preetam Sainya 4:15
4. I Am Missing You (reprise) 4:03
5. Jaya Jagadish Haré 4:54
- Dream, Nightmare & Dawn (Music for a Ballet)
6. Overture 2:33
- Part One (Dream):
7. Festivity & Joy 3:56
8. Love-Dance Ecstasy 3:13
- Part Two (Nightmare):
9. Lust (Raga Chandrakauns) 3:13
10. Dispute & Violence 2:43
11. Disillusionment & Frustration 2:50
12. Despair & Sorrow (Raga Marwa) 3:04
- Part Three (Dawn):
13. Awakening 3:05
14. Peace & Hope (Raga Bhatiyar) 4:31

Ravi Shankar – direction, spoken voice, sitar, surbahar, Moog synthesizer, backing vocals
Lakshmi Shankar – vocals, swarmandal, backing vocals
Jitendra Abhisheki – vocals
Tom Scott – saxophones, flute, handclaps
George Harrison – electric and acoustic guitars, autoharp, arrangement on "I Am Missing You"
Shivkumar Sharma – santoor, shaker, backing vocals
Shubho Shankar – sitar
Alla Rakha – tabla, pakavaj
Emil Richards – marimba, percussion
Hariprasad Chaurasia – bansuri, cowbell
Ashish Khan – sarod, swarmandal, backing vocals
L. Subramaniam – violin
Palghat Raghu – mridangam
Harihar Rao – spoken voice, dholak
Kamala Chakravarty – backing vocals
G.S. Sachdev – bansuri
Sharad Kumar – bansuri
Pranesh Khan – dholak
Fakir Mohammad – tamboura
Nodu Mullick – kartal, tamboura
Krishna Temple – kartal
George Ruckert – sarod
Klaus Voormann – bass
Nicky Hopkins – piano
Jim Keltner – drums
Billy Preston – organ
Ringo Starr – drums
Fred Teague – organ
Ed Shaunessey – drums
Dennis Budimir – electric guitar
David Bromberg – electric guitar
Vini Poncia – tambourine
Paul Beaver – Moog synthesizer
Malcolm Cecil – Moog synthesizer
Robert Margouleff – Moog synthesizer
Ray Cramer – cello
Al Casey – mandolin
W. Webb – esraj
Ronald Cohen – sarangi
Ray Pizzi – bassoon
Bobby Bruce – violin
Gordon Swift – violin
Gene Cipriano – oboe

mercredi 27 août 2014

Franc-Comtois' not dead!

Hubert-Félix Thiéfaine "Homo Plebis Ultimae Tour" (2012)
ou "Tour d'honneur"


Résolument rock ! C'est en deux mots le résumé qu'on pourrait faire de la présente captation de la dernière tournée en date du franc-comtois le plus rock de la galaxie. Mais, bon, c'est un peu court, surtout pour quelqu'un qui aime autant les mots qu'Hubert-Félix Thiéfaine... Alors, entrons un peu dans le détail.
 
Déjà, il y a le titre qui fait peur : ultime tournée d'un homme de la plèbe (ou à peu près, mon latin est un peu rouillé). Mais... Ultime ? On n'y croit pas une seule seconde ! L'Hubert a encore trop de sève, trop d'envie pour ainsi plier les gaules ! L'envie, on la sent dans l'énergie de la prestation qui est, donc, résolument rock, nettement plus que les précédentes offrandes live du pas si vieux Thiéfaine (63 ans alors, 66 maintenant) et plutôt bien conservé. La sève on la remarque dans le cocktail proposé où se succèdent vieilles scies, parfois ressorties d'un placard où elles prenaient depuis trop longtemps la poussière, et nouvelles lames qui sans concurrencer les précitées n'ont pas à rougir de l'illustre voisinage. D'autant qu'il y a un public toujours aussi réjoui, toujours aussi nombreux, et qui se renouvelle de génération en génération et, même, enfin !, une reconnaissance médiatique qui n'a que trop tardé et n'en est donc que plus douce. Sur la setlist proprement dite, on apprécie donc ce mix de nouveautés de belle tenue et de classiques, dont en particulier le plaisir de retrouver Le chant du fou, ça faisait longtemps !, l'inévitable La Fille du coupeur de joints, on ne pouvait décemment pas faire sans, un Mathématiques souterraines avec son fils Lucas, séquence émotion forcément, l'enchaînement d'Autorisation de Délirer et d'Alligator 427, on ne s'y attendait pas, un Solexine et ganja sévèrement burné, etc. Etc. parce qu'il y a largement matière à contenter le plus difficile des fans du bonhomme. Ajoutez à ça un groupe aux petits oignons, professionnel jusqu'au bout des ongles mais suffisamment habité pour diablement bien seconder leur boss et une qualité d'enregistrement remarquable de la prestation, capturée au Zénith de Nantes le 9 décembre 2011. Largement de quoi faire oublier les deux précédents exercices du genre, les mi-figue mi-raisin Scandale Mélancolique Tour et Au Bataclan, youpi !

En souhaitant (bis) que le titre n'augure pas d'une retraite ô combien anticipée, on ne peut que recommander, tant aux fans qu'aux néophytes, cet excellent Homo Plebis Ultimae Tour que ce soit dans sa version cd ou dans son pendant dvd/blu-ray. Impeccable, c'est le mot.


CD 1
1. Annihilation 10:35
2. Fièvre résurrectionnelle 3:47
3. Lorelei sébasto cha 3:42
4. Soleil cherche futur 3:33
5. Infinitives Voiles 5:18
6. Petit matin, 4.10, heure d'été 6:22
7. Le Chant du fou 5:11
8. Confession d'un never been 5:02
9. Les Dingues et les Paumés 5:07
10. L'Étranger dans la glace 3:44
11. Sweet Amanite Phalloide Queen 5:17
12. Solexine et Ganja 6:21

CD 2
1. 113ème cigarette sans dormir 5:29
2. Narcisse 81 3:32
3. Garbo XW Machine 4:38
4. Mathématiques souterraines 5:18
5. Ta vamp orchidoclaste 3:32
6. La Ruelle des morts 3:51
7. Autorisation de délirer 1:39
8. Alligators 427 8:17
9. Les Ombres du soir 9:00
10. La Fille du coupeur de joints 6:28
11. Les Filles du sud 5:04
12. Lobotomie Sporting Club 4:31


Hubert-Félix Thiéfaine - chant, guitares, harmonica
Alice Botté - guitares
Christopher Board - guitares, claviers
Marc Perier - basse
Jean-Philippe Fanfant - batterie
&
Lucas Thiéfaine - guitare (Mathématiques Souterraines)


Et une petite interview en bonus qui va bien :

mardi 26 août 2014

Want some Candye?

Alors comme ça Jimmy voulait du pas progressif ? Il va être servi. Comme Antoine qui se voit honoré par la piste 12. Et comme les autres qui pourront gouter à ce bonbon soul/jazz/blues à forte poitrine ! Enjoyez !

Candye Kane "The Toughest Girl Alive" (2000)
ou "It's not over when the fat lady sings"


Du blues, du jazz, de la soul et Candye Kane.... Ha, Candye ! On a fait plus délicat, on a fait plus original aussi mais, quelle énergie, quelle fougue !
 
Ca fait deux décennies que l'américaine traine ses guêtres et ses gros poumons, brièvement passés par le porno auparavant, sur les scènes de clubs enfumés où sa voix puissante fait merveille.
La recette, sur ce Toughest Girl Alive, comme sur le reste de sa discographie, n'est pas bien compliquée : du blues bien sûr, des décrochages par la soul ou le jazz avec de bons gros cuivres bien arrangés et des mélodies accrocheuses qu'on jurerait souvent qu'on a affaire à des reprises sans vraiment réussir à les identifier (c'en est, parfois, mais pas souvent). Et puis c'est tout ! Enfin, c'est tout mais le réussir n'est pas si aisé et donc la tour de force n'en est que plus évident. Bien sûr, si vous cherchez du sensible, du délicat, de l'original même, il faudra repasser, là n'est en l'occurrence pas le propos. Mais quelle énergie (bis), quelle fougue (bis encore) ! Et quel bonheur que de se laisser emporter par le plaisir simple d'une musique finalement intemporelle, pleine de joie de vivre et de swing infectieux.
 
Survivante aussi, elle s'est récemment remise d'un cancer du pancréas, Candye Kane n'est pas une star, pas un nom qui fait tourner les têtes des spécialistes du bon goût non plus parce que, c'est l'évidence !, tout ceci est un peu vulgaire... Mais tellement bien foutu et si immédiatement jouissif que tenter d'y résister est futile. The Toughest Girl Alive ? Sûrement, sûrement...


1. I'm the Toughest Girl Alive 3:07
2. Who Do You Love? 3:56
3. One More Day (Without Your Love) 3:34
4. For Your Love 3:26
5. Didn't We 2:45
6. Who Walks in When I Walk Out? 2:34
7. To See a Grown Man Cry 4:08
8. She Was My Baby Last Night (Hey Mister!) 1:59    
9. Je n'en peux plus sans ma Cadillac (I Can't Go on Without My Cadillac) 2:41
10 Let's Commit Adultery 3:45
11. Highway of Tears 3:08
12. Get Happy 2:06
13. Scream in the Night 2:46 


Candye Kane - vocals
&
Dave Alvin
- guitar 
Marcia Ball - piano, background vocals
Scott Billington - percussion
Marco Fiume - guitar 
Wendy Fraser - background vocals
Troy Jennings - baritone saxophone
Bob Mathes - tenor saxophone
Lisa Otey - piano 
Andy Paley - marimba 
Jeff Ross - dobro, guitars
Larry Taylor - bass guitars 
Earl Thomas - vocals, background vocals
Joey Vee - drums, tambourine, background vocals
April West - trombone 
Steve Wilcox - guitars
Greg Willis - bass guitar

lundi 25 août 2014

Folkestra

Ho la belle trouvaille que voici, ho la belle bande de musiciens experts aussi. Welcome, ladies and gentlemen, dans le petit monde prog roots du Beat Circus de Brian Carpenter. Asseyez-vous confortablement dans votre fauteuil et préparez vous à décoller !

Beat Circus "Boy from Black Mountain" (2009)
ou "Americana carnivalesque"


Progressive Americana ? Et pourquoi pas. En indice il y a le label, Cuneiform, bonne maison. Ensuite il y a la musique de ces bostoniens mené par le multi-instrumentiste Brian Carpenter.
 
Boy from Black Mountain, troisième album de Beat Circus, est la suite de leur second, Dreamland, et mouvement central d'une trilogie dont on attend toujours la conclusion. Un projet ambitieux, donc, qui laissait entrevoir son potentiel, potentiel présentement pleinement réalisé.
Conceptuellement, on évoque un parc d'attraction de Coney Island vers la fin du XIXème siècle et le début du XXème qui fut détruit par un dévastateur incendie et dont il ne reste donc, aujourd'hui, plus que des souvenirs et quelques archives jaunies. On se doute que l'histoire a une résonnance particulière pour Brian Carpenter, pour les auditeurs c'est surtout la musique qui parle. Et donc, premièrement, ne pas se laisser tromper par la pochette ambiance art naïf sauf à la considérer comme une réflexion d'une autre époque. Parce que c'est bel et bien là que nous transporte Beat Circus, dans un lointain passé, un passé un peu fantasmé tout de même.
A la musique, donc. Le terreau dans lequel se développe l'écriture de Brian Carpenter est fermement rivée dans une tradition américaine séculaire à laquelle s'ajoute un esthétisme, une inclinaison héritée de l'art rock des 70s. On en revient donc à la définition d'Americana progressive, une relecture ambitieuse alimentée par des compositions dont la qualité est indéniable. On y croise donc de la musique des Appalaches, un peu de jazz de la Nouvelle-Orléans, une pincée de blues et quelques influences continentales (gaéliques, est et centrale européennes principalement) en un tout cohérent et divertissant en diable parfois pas sans rappeler ce génie (plus si) méconnu qu'est Tom Waits. Parce qu'il ne faut pas oublier le pouvoir d'attraction, la capacité à amuser l'auditeur de part moult petits tours instrumentaux pas piqué des vers. Et c'est aussi la nouveauté, et le sel, de cet album comparé à ses deux prédécesseurs : un casting de musiciens particulièrement bien senti avec, en particulier, la batterie de l'ex-Karate Gavin McCarthy, le violon de Paran Amirinazari ou le violoncelle de l'invitée de marque (et ex-Rasputina) Julia Kent venus apporter leur pierre (précieuse) à l'édifice.

Reste à attendre la suite, la clôture (qui tarde un peu) de la trilogie avec, souhaitons, le même bonheur instrumental et compositionnel, parce que Boy from Black Mountain place la barre très haute sur un album évidemment recommandé, même si vous vous croyez allergiques à la "roots music".


1. The February Train 4:16
2. The Life You Save May Be Your Own 2:59
3. Boy From Black Mountain 5:48
4. Clouds Moving In 1:25
5. Petrified Man 3:43
6. As I Lay Dying 4:13
7. Saturn Song 3:27
8. The Course of the River 1:45
9. The Quick and the Dead 5:00
10. The Sound and the Fury 4:11
11. Judgment Day 3:55
12. Nantahala 3:48
13. Lullaby For Alexander 1:59


Brian Carpenter - lead vocals, harmonica, accordion, piano, trumpet, harmonium
Paran Amirinazari - violin, backing vocals
Jordan Voelker - viola, backing vocals
Paul Dilley - upright bass, acoustic guitar
Andrew Stern - electric guitar, banjo
Doug LaRosa - trombone
Ron Caswell - tuba
Gavin McCarthy - drums
&
Bill Cole
- chinese suona (10)
Larkin Grimm - vocals (2, 5, 6, 7)
Julia Kent - cello (1, 11)
Ellen Santaniello - voice (2, 3, 10, 13)

dimanche 24 août 2014

Damon in the rough

A 46 ans déjà, Damon Albarn, l'homme de Blur, de Gorillaz et de moult autres projet sort son premier album solo. Il a mis le temps !

Damon Albarn "Everyday Robots" (2014)
ou "Robot for a Day"


Il a tout fait Damon ! De la brit-pop tirant, avec le temps, sur l'art-rock, du hip-hop/trip-hop animé, de la musique africaine avec des musiciens du cru, de l'opéra chinois, de l'opéra anglais avec un ambitieux Dr. Dee (au passage, le premier album sous son nom propre), etc. Aussi quand vint le temps de son premier vrai album solo, il fallait être voyant pour deviner à quelle sauce il allait s'accommoder.
 
La campagne promotionnelle, en l'occurrence, nous a vendu ce Everyday Robots comme un futur, que dis-je, un déjà classique, comme un album introspectif, autobiographique, blah blah blah... L'important est ailleurs, dans le plaisir de retrouver Damon sur un territoire, dans un style au moins cousin de celui qu'il n'avait plus pratiqué depuis trop longtemps et dans lequel, pourtant, il excellait, celui d'une pop sensible, variée, excellemment composée et arrangée. Parce que Damon Albarn, l'être humain, n'est jamais aussi bon que quand il laisse sa morgue de côté, celle-là même qui a pu le rendre agaçant, mais moins que ses concurrents Gallagher, du temps d'une brit-pop triomphante. Ici, aidé de moult musiciens, d'un coproducteur attentif (Richard Russell) et même d'un Eno venu prêter main forte, il déroule toute la sensibilité, toute la mélancolie qui sied à l'idée conceptuelle derrière la merveille, une nécessité de se raccrocher à l'essentiel, de combattre la perte des liens humains si symptomatique de notre époque. Forcément, pour que le son soit raccord au thème, il use d'une toile organique, pas si éloignée d'un Robert Wyatt, voire d'un Lou Reed épris de douceur, qui séduit immédiatement. Pas moderne pour deux sous, la musique d'Everyday Robots est quasiment l'antithèse d'un Gorillaz certes séduisant mais un poil tapageur et "jeuniste", preuve, s'il en fallait, de la versatilité créatrice de l'Homme Albarn.

C'est volontairement que je ne rentre pas dans le détail du contenu de l'album, que je n'extrait aucun titre plutôt qu'un autre parce que cet album, une réussite de bout en bout ceci dit en passant, mérite de ne pas être défloré afin d'en garder la substantifique moelle pour une première écoute, et les nombreuses qui ne manqueront pas de suivre, ébahie et d'ainsi jouir pleinement de l'œuvre rare d'un auteur compositeur interprète qui n'a pas fini de faire parler de lui. Everyday Robots beauté rare permettant de ralentir dans un monde où tout va toujours trop vite, candidat évident au titre honorifique d'album de l'année ? Oui da !


1. Everyday Robots 3:57
2. Hostiles 4:09
3. Lonely Press Play  3:42
4. Mr Tembo (featuring. The Leytonstone City Mission Choir) 3:43
5. Parakeet 0:43
6. The Selfish Giant (featuring. Natasha Khan) 4:47
7. You and Me (featuring. Brian Eno) 7:05
8. Hollow Ponds 4:59
9. Seven High 1:00
10. Photographs (You Are Taking Now) 4:43
11. The History of a Cheating Heart 4:00
12. Heavy Seas of Love (featuring. Brian Eno & The Leytonstone City Mission Choir) 3:44
(aucun extrait cette fois, prenez-le, savourez-le, vous m'en direz des nouvelles !)


Damon Albarn – vocals, piano, guitar, omnichord, ukulele, backing vocals, drum machine, bass, choir, Korg M1, synthesizer, executive production, additional production, mixing, engineering
&
Richard Russell – executive production, drum programming, MIDI, drum machine, MPC, AKAI MPC 500, production, spoken word, mixing, sampling, Roland TR-909, engineering
Richard Buckley – voice sample (tracks 1, 4 and 12), backing vocals
Veona Byfield-Bowen – choir, chorus
Dan Carpenter – trumpet
Kris Chen – spoken word
Isabelle Dunn – strings
Margurita Edwards – choir, chorus
Brian Eno – guest vocals (tracks 7 and 12), backing vocals, synthesizers
Conroy Griffiths – choir, chorus
Nicholas Hougham – french horn
Natasha Khan – guest vocals (track 6), backing vocals
Ollie Langford – violin
Timothy Leary – voice sample (track 10), backing vocals
Robert Morley – voice sample (track 6)
Celia Murphy – choir, chorus
Jerome O'Connell – steel pans
Mary Oldacre – choir, chorus
Antonia Pagulatos – strings
Pauli the PSM – live drums
Alice Pratley – strings
Kotono Sato – strings
Seye – live bass, live guitar
Mike Smith – live keyboards, string arrangements
Simon Tong – additional guitar
Patsy Walsh – choir, chorus
Jeff Wootton – live guitar, live bass

samedi 23 août 2014

Genesis supplément II

Ultime billet consacré à la saga Genesis, Archives #2 n'est pas l'apothéose finale à laquelle j'aurais aimé vous convier, pas un coffret tout à fait inintéressant non plus.

Genesis "Archive #2: 1976/1992" (2000)
ou "Au rab !"


S'il y a indéniablement de quoi se ravir de ce second Archives de Genesis, il y a aussi des choix étranges et discutables, comme souvent avec la période trio du groupe, celle-là même qui truste l'extrême majorité du présent volume.
 
Mais, donc, il y a de quoi se ravir, restons positifs !, avec, en tout premier lieu, la quasi-intégrale des inédits de la période (seul manque Me & Virgil, parce que Tony Banks ne l'aime plus, qui sera heureusement inclus au coffret 1983-1998). Où tout n'est pas, avouons, d'égale qualité mais qui propose de jolies choses telles que l'excellent Do the Neurotic (meilleur morceau des sessions Invisible Touch), le charmant Pigeons, le très beau Submarine ou les essentiels Inside and Out et It's Yourself (parce qu'il y a encore Steve Hackett ? Sans doute). Le reste oscille entre le très correct et le totalement accessoire ce qui n'est pas totalement surprenant pour des B-sides.
Ensuite, il y a les nombreux titres live qui viennent joliment compléter les albums en public sorti par Genesis depuis le départ de Peter Gabriel. Evidemment, on sera nettement plus intéressé par un Entangled avec Steve Hackett et Bill Bruford que par un Illegal Alien avec Daryl Stuermer et Chester Thompson, cet exemple pour prendre les deux extrêmes du spectre. Quoiqu'il en soit, pour les fans du groupe, c'est une addition bienvenue et, forcément !, des performances de qualité ce qui ne surprend pas quand on sait le soin que Genesis porte à la reproduction en scène de ses titres.
Dans la série bouche-trous dont on se serait volontiers passé, une série de remixes est également proposée. Des remixes "maxi 45 tours", de sinistre mémoire, qui ne font qu'allonger la sauce de façon souvent difficilement supportable mais pas plus que la version "travaux en cours" de Mama qui s'étire sur 11 douloureuses minutes.
Côté choix discutables, on citera l'agencement général du coffret où on passe, sans raison apparente, des inédits au live, aux remixes pour revenir sur du live puis sur des inédits. Sans doute la créature tricéphale a-t-elle voulue lutter contre l'ennui de regrouper par source, par genre, et ainsi éviter la bête évidence d'un choix chronologique et thématique. On regrettera aussi que M. Banks impose alors ses goûts à des fans qui ne lui avaient rien demandé en n'incluant pas Me & Virgil alors que, même sans retrancher quoique ce soit de ce qui est proposé, il restait de la place. On pestera, enfin, que plus de place n'ait pas été faite à Steve Hackett avec, par exemple, l'inclusion d'un live de la tournée A Trick of the Tail avec, en plus, l'extraordinaire Bill Bruford en doublure rythmique de luxe d'un Phil Collins passé au micro.
On apprécie par contre un beau et gros livret. Certes il est moins essentiel que celui du premier Archives, qui couvre une période sur laquelle il y avait plus de choses à dire il est vrai, mais du bel ouvrage tout de même, indéniablement.

Comme son équivalent de début de carrière, avec lequel il partage d'ailleurs l'infortune de ne plus être actuellement édité, Archives #2: 1976/1992 est un bel objet indubitablement plus destiné aux fans de Genesis qu'à l'auditeur lambda. Contrairement à son équivalent de début de carrière, il est loin d'être exempt de tout reproche tant sur ses choix que sur sa sélection. Un addition bienvenue pour les maniaques de la chose génésienne cependant.


CD 1
1. On The Shoreline 4:47
B-Side of "I Can't Dance" in December 1991
2. Hearts On Fire 5:14
B-Side of "Jesus He Knows Me" in July 1992
3. You Might Recall 5:30
4. Paperlate 3:20
The above two tracks recorded in 1981 during the Abacab sessions and released in 1982 in the UK on the 3X3 EP and on the original North American release of Three Sides Live
5. Evidence Of Autumn 4:58
B-Side of "Misunderstanding" in August 1980 in the UK, and released on the original North American release of Three Sides Live
6. Do The Neurotic 7:07
B-Side to "In Too Deep" in the UK in August 1986
7. I'd Rather Be You 3:57
B-Side to "Throwing It All Away" in the UK in July 1987
8. Naminanu 3:52
B-side to "Keep It Dark" in October 1981
9. Inside And Out 6:43
From the Spot the Pigeon EP in May 1977. Also used as the US B-side to Follow You, Follow Me in 1978
10. Feeding The Fire 5:49
B-Side to "Land Of Confusion" in the UK in November 1986
11. I Can't Dance 7:00
12" remix
12. Submarine 5:13
Modified version of the B-side to "Man on the Corner", March 1982. The original ending is omitted and another part is repeated, resulting in an edited version that's longer than the original.

CD 2
1. Illegal Alien 5:31
Recorded live at the L.A. Forum, Los Angeles on 14 January 1984
2. Dreaming While You Sleep 7:48
Recorded live at Earls Court Exhibition Centre, London in November 1992
3. It's Gonna Get Better 7:31
Recorded live at the L.A. Forum, Los Angeles on 14 January 1984
4. Deep in the Motherlode 5:54
Recorded live at Theatre Royal, Drury Lane, London on 5 May 1980
5. Ripples 9:54
Recorded live at the Lyceum Theatre, London on 6 May 1980
6. The Brazilian 5:18
Recorded live at Wembley Stadium, London on 4 July 1987
B-Side of Invisible Touch (live) CD Single

7. Your Own Special Way 6:51
Recorded live at the Sydney Entertainment Centre in December 1986
B-Side of Hold on My Heart CD Single

8. Burning Rope 7:29
Recorded live at the Hofheinz Pavilion, Houston on 22 October 1978
9. Entangled 6:57
Recorded live at Bingley Hall, Staffordshire on 10 July 1976
10. Duke's Travels 9:32
Includes "Duke's End." Recorded live at the Lyceum Theatre, London on 7 May 1980

CD 3
1. Invisible Touch 5:58
12" remix
2. Land Of Confusion 6:59
12" remix
3. Tonight, Tonight, Tonight 11:46
12" remix
4. No Reply At All 4:56
5. Man On The Corner 4:04
The above two tracks recorded live at the Savoy Theatre, New York City on 28 November 1981
6. The Lady Lies 6:07
Recorded live at the Lyceum Theatre, London on 6 May 1980
The nearly identical version published on a green translucide flexi-disc in Flexipop Magazine #21 in 1982 in the UK was recorded live at the Lyceum Theatre, London on 7 May 1980

7. Open Door 4:08
B-Side of "Duchess" in May 1980 in the UK, and released on the original North American release of Three Sides Live
8. The Day The Light Went Out 3:12
9. Vancouver 3:01
The above two tracks constituted a double B-Side for "Many Too Many" in June 1978
10. Pigeons 3:12
From the Spot the Pigeon EP in May 1977
11. It's Yourself 5:26
Recorded during A Trick of the Tail's sessions (and excerpted to open "Los Endos"), this track would be released as the B-Side to "Your Own Special Way" in February 1977. The original version was about 5:45; this is faded out early.
12. Mama (Work in Progress) 10:43
A rehearsal take recorded in 1983 during the Genesis sessions


Tony Banks - keyboards, vocals, background vocals
Phil Collins - drums, percussion, vocals
Mike Rutherford - guitars, bass, background vocals
Steve Hackett - guitars on Disc 1, Track 9; Disc 2, Track 9; and Disc 3; Tracks 10 and 11
&
Daryl Stuermer
- bass, guitar on Disc 2 (except "Entangled") and on Disc 3, Tracks 4, 5 and 6
Chester Thompson - percussion, drums on Disc 2 (except "Entangled") and on Disc 3, Tracks 4, 5 and 6
Bill Bruford - percussion on Disc 2, Track 9

vendredi 22 août 2014

Genesis supplément I

Ultimement incomplets et donc, forcément frustrants, les deux coffrets Archives de Genesis ont déjà le mérite d'exister. Encore un peu plus pour le premier du nom.

Genesis "Archives 1967-75" (1998)
ou "Goldent vault"


A la fin des années 90, Genesis se décide enfin à ouvrir ses coffre-forts et offrir au monde quelques douces raretés, bonne nouvelle ! 
 
Et c'est encore une meilleure nouvelle quand on étudie le contenu dudit coffret avec, déjà, une captation à Los Angeles en janvier 1975 de l'intégralité de The Lamb Lies Down on Broadway retouché, c'est à préciser, de quelques overdubs enregistrés pour la circonstance, nommément par ce grand perfectionniste de Peter Gabriel et l'autre ex-Genesis de la période, et presque aussi maniaque que son compère vocaliste, Steve Hackett, bien sûr ! L'un comme l'autre ayant refusé l'inclusion du live brut de décoffrage, c'est donc à cette versions amendée auquel nous avons droit, et, à l'écoute, c'est très bien comme ça.
Le troisième CD nous offre une partie d'un excellent live au Rainbow de Londres. Un live que les possesseurs du coffret live 1973-2007 connaissent dans une version plus complète mais qui est alors, outre quelques bootlegs, totalement inédit. Le reste du CD, une session radiophonique et 3 inédits, vaut surtout pour un Stagnation enregistré pour la BBC et le rare si anecdotique single edit de Watcher of the Skies, les deux restants étant disponible dans le coffret intégrale 1970-75.
L'ultime galette argentée propose les vraies raretés en ordre chronologique inversé. Avec un BBC Session de qualité et des démos allant du passionnant à l'accessoire (en gros plus c'est vieux, moins c'est bon), permettant de sonder la genèse de la formation dont ses touchants débuts pop où, sous la férule de Jonathan King, leur producteur et manager d'alors, et encore avec Ant Phillips, les membres de ce qui deviendra un des leaders du rock progressif des années 70 montrent que, s'ils ont déjà un certain talent, le chemin à parcourir jusque Trespass reste énorme.
Il faut évidemment vanter la qualité d'un livret présentant moult photographies d'époque mais aussi un joli texte biographique (réservé aux anglophones) permettant d'en savoir plus, avec comme source irremplaçable les principaux intéressés, sur le développement d'une entreprise musicale qui, comme vous le savez tous, fera florès.

Indéniablement, Archives 1967-75 est un bel objet avant tout adressé aux fans qui en auront pour leur argent, dommage que l'édition semble en avoir été abandonné, sans doute pour mieux vendre les coffrets intégraux. Les autres, ceux cherchant une introduction à la musique de Genesis, iront piocher dans les quelques compilations disponibles sur le marché.


The Lamb Lies Down on Broadway
live at the Shrine Auditorium, Los Angeles, California on 24 January 1975
CD 1
1. The Lamb Lies Down on Broadway 6:29
2. Fly on a Windshield 4:38
3. Broadway Melody of 1974 0:34
4. Cuckoo Cocoon 2:17
5. In the Cage 7:56
6. The Grand Parade of Lifeless Packaging 4:25
7. Back in N.Y.C. 6:19
8. Hairless Heart 2:22
9. Counting Out Time 4:00
10. The Carpet Crawlers 5:45
11. The Chamber of 32 Doors 5:52

CD 2
1. Lilywhite Lilith 3:04
2. The Waiting Room 6:15
3. Anyway 3:28
4. Here Comes the Supernatural Anaesthetist 3:57
5. The Lamia 7:12
6. Silent Sorrow in Empty Boats 3:15
7. The Colony of Slippermen (Arrival - A Visit to the Doktor - Raven) 8:47
8. Ravine 1:39
9. The Light Dies Down on Broadway 3:37
10. Riding the Scree 4:30
11. In the Rapids 2:25
12. It 4:20

CD 3
live at the Rainbow Theatre in London, England on 20 October 1973
1. Dancing with the Moonlit Knight 7:05
2. Firth of Fifth 8:29
3. More Fool Me 4:01
4. Supper's Ready 26:31
5. I Know What I Like (In Your Wardrobe) 5:36
Raretés
10 May 1971 recording for the BBC "Sounds of the 70s" show
6. Stagnation (BBC Session) 8:52
B-Sides
7. Twilight Alehouse 7:45
8. Happy the Man 2:53
9. Watcher of the Skies (Single version) 3:42

CD 4
1. In the Wilderness (rough mix without strings) 3:00
22 February 1970 for the BBC "Night Ride" show
2. Shepherd 4:00
3. Pacidy 5:42
4. Let Us Now Make Love 6:14
20 August 1969 Regent Sound demos
5. Going Out to Get You 4:54
6. Dusk 6:14
August 1968 rough mixes
7. Build Me a Mountain 4:13
8. Image Blown Out 2:12
9. One Day 3:08
1968 demos
10. Where the Sour Turns to Sweet 3:14
11. In the Beginning 3:31
12. The Magic of Time 2:01
March 1968 demo
13. Hey! 2:28
Autumn 1967 demos
14. Hidden in the World of Dawn 3:10
15. Sea Bee 3:05
16. The Mystery of the Flannan Isle Lighthouse 2:36
17. Hair on the Arms and Legs 2:42
Summer 1967 demos
18. She Is Beautiful 3:47
19. Try a Little Sadness 3:21
Easter 1967 demo
20. Patricia 3:05


Peter Gabriel - lead vocals, backing vocals, flute, percussion, drums ("Patricia")
Tony Banks - piano, organ, electric piano, Mellotron, synthesizer, 12-string guitar, backing vocals, 2nd lead vocal ("Shepherd")
Mike Rutherford - bass guitar, 12-string guitar, bass pedals, backing vocals
Steve Hackett - lead guitar (Discs 1-3)
Phil Collins - drums, percussion, vocals (Discs 1-3), lead vocals ("More Fool Me")
Anthony Phillips - guitars, backing vocals (Disc 4), 2nd lead vocal ("Let Us Now Make Love")
John Mayhew - drums (Disc 4, tracks 3-6)
John Silver - drums (Disc 4, tracks 1, 7-8), biscuit tin (Disc 4, track 12)

jeudi 21 août 2014

Fantôme à l'huître bleue (bonussé)

Vade retro diabolo, satan l'habite ! Oui, tout ceci n'est pas sérieux, du shock rock tout juste bon à apeurer quelques évangélistes américains en mal de mouton noir, alors il reste la musique, parlons-en.

Ghost "Infestissumam Redux" (2013)
ou "Shock Me! Rock Me!"


Quand le premier album de Ghost débarqua, d'abord, personne n'y prêta grande attention. Et puis, le bouche à oreille, une promo larvée finalement bien orchestrée, l'aura de mystère autour de la réelle identité de musiciens voilés d'un attirant anonymat firent leur office. Il faut dire que l'album, sans être exactement renversant, fonctionnait parfaitement. Tout ceci fit que, quand vint le second opus il y a quelques mois, Infestissumam, l'affaire prit des airs d'évènement. Mais, était-ce seulement mérité ou une énième resucée d'un stratagème marketing, d'une histoire qu'on a que trop entendu ?
 
Commençons par évacuer le premier malentendu, Ghost N'EST PAS un groupe de metal, plus un groupe de hard rock, en fait. Certes, il y a des traces mais c'est à peu près tout. Et profitons-en pour évacuer le second, Ghost N'EST PAS un groupe sataniste, tout au plus la formation joue-t'elle d'une imagerie se rapportant au culte du grand cornu et y a-t-elle trouvée, d'un même élan, un concept unificateur pour ses paroles, ses tenues et prestations scéniques et une bonne idée pour choquer les âmes (les plus) sensibles. Pas de grand méchant loup, donc, pas de Charles Manson ou de groupuscule procédant à des sacrifices de vierges, juste du bon vieux shock rock comme on en connaît depuis Screaming Jay Hawkins (père fondateur malgré lui), Arthur Brown, Alice Cooper, Kiss, Marilyn Manson et consorts. Du théâtre rien que du théâtre, alors rangez vos crucifix et vos bibles et ouvrez vos oreilles.
Parce qu'outre le concept malin fourbissant les armes d'impeccables performances scéniques, c'est de musique dont il s'agit, d'un rétro-rock mélodique emprunt aussi bien de rock gothique que d'influences metalliennes et hard-rockantes light, plus précisément. Un cocktail finalement tout à fait "ear-friendly" qui leur permit de passer de l'indépendant Rise Above à la grosse maison Universal qui a bien senti le potentiel d'attraction, et le potentiel commercial évidemment, de la formation. Parce que Infestissumam est rempli jusqu'à la garde de bonnes chansons bien interprétées et bien arrangées par des suédois (oui, encore des suédois !) qui, s'ils se cachent pour le moment, ont indéniablement une véritable expérience de la chose.
De bonnes chansons donc, et une influence si musicalement criante, quoique remise juste ce qu'il faut au (rétro) goût du jour par leur moderne production, qu'elle en deviendrait presque envahissante : Blue Öyster Cult, et pas seulement parce que la voix de Papa Emeritus rappelle étonnamment celle de Donald "Buck Dharma" Roeser, parce qu'il y a dans ce rock un peu hard, un peu métal, un peu théâtral, des similarités d'ambiance et d'approche mélodique qu'il est impossible de ne pas entendre. Passée cette évidente ressemblance, il reste donc de bonnes chansons donc, accrocheuses, excellemment troussées desquelles on ressortira particulièrement Per Aspera ad Infini et son côté riffu finalement pas si présent sur le reste de la galette, Secular Haze et ses parties d'orgue infectieuses, Jigolo Har Megiddo dont le refrain vous restera longtemps en tête, Year Zero et son esthétisme confinant au stadium rock ou le théâtral Monstrance Clock qu'on aurait bien imaginé, par exemple, dans le Phantom of the Paradise de Brian de Palma. En vérité, pas une chanson ne rate vraiment sa cible, les précitées étant juste les plus marquantes d'un album extrêmement professionnel et efficace... Réjouissant !
C'est encore plus le cas sur cette version "Redux" où, en plus d'un bonus casé à la fin du cd album classique (La Mantra Mori), on trouve une petite galette bonus où Papa Emeritus et ses goules anonymes rallongent la sauce à coup de reprises (et d'un titre live plus accessoire) aussi inattendues que bienvenues. Inattendues parce que aussi éloignées que possible d'une scène metal à laquelle ils sont sensés appartenir (Depeche Mode !, Abba !!, Army of Lovers !!!), bienvenues parce que rondement menées et explicitant finalement bien les inflexions pop ressenties sur tout l'album. Pour l'anecdote, on y croise même le Foo Fighter en chef Dave Grohl venu donner le rythme et produire sur un I'm a Marionette du plus bel effet.

Avec tout ça, vous vous dites qu'on tient là un album majeur... Et non. Parce que, fondamentalement dérivatif, pour talentueux qu'il soit (et il l'est !), le recyclage de Ghost reste du recyclage. Du bon recyclage qui, espérons-le, donnera envie à quelques jeunes pousses d'aller creuser dans les références du passé et de découvrir quelques légendaires formations leur étant encore inconnues (dont Blue Oyster Cult, évidemment !). Ceci dit, avec un concept malin et des chansons de qualité, Infestissumam (encore un peu plus dans sa version Redux, donc) demeure un album recommandé et une des plus belles offrandes de ce revival occult/shock rock si actif ces derniers temps. 


Album
1. Infestissumam 1:42
2. Per Aspera ad Inferi 4:09
3. Secular Haze 5:11
4. Jigolo Har Megiddo 3:58
5. Ghuleh / Zombie Queen  7:29
6. Year Zero 5:50
7. Body and Blood 3:43
8. Idolatrine 4:24
9. Depth of Satan's Eyes 5:25
10. Monstrance Clock 5:53
11. La Mantra Mori 5:19 (bonus track)

Bonus disc
1. If You Have Ghosts (Roky Erickson cover) 3:34
2. I'm a Marionette (ABBA cover) 4:52
3. Crucified (Army of Lovers cover) 5:13
4. Waiting for the Night (Depeche Mode cover) 5:37
5. Secular Haze (Live) 5:27


Papa Emeritus II − vocals
Nameless Ghouls – all instrumentalists: lead guitarist, bassist, keyboardist, drummer, rhythm guitarist
&
St. Trident Tenors of Tinseltown
- backing vocals
Dave Grohl - drums, production on "I'm a Marionette"
Derek Silverman - organ on "Waiting for the Night"

Est-ce bien raisonnable ?

mercredi 20 août 2014

Rage teutonique

les membres d'Accept sont des gars simples. Ils continuent de défourailler un heavy metal juste ce qu'il faut d'agressif, juste ce qu'il faut de mélodique avec une constance à peine croyable. Alors, quand vient leur troisième album depuis leur reformation de 2009, on sait à quoi s'attendre, et c'est parfait comme ça.

Accept "Blind Rage" (2014)
ou "Toujours la même histoire (tant mieux !)"


Depuis leur retour aux affaires avec Blood of the Nations, les germains metalleux d'Accept on trouvé une second jeunesse. Le mérite en revient évidemment au master-compositeur Wolf Hoffmann et à son lieutenant bassiste Peter Baltes mais également à un nouveau vocaliste, l'ex-TT Quick Mark Tornillo, capable de ressembler à son historique et gnomique prédécesseur et même à en étendre la gamme, parce qu'il a une meilleure voix que la gargouille de Wuppertal, tout simplement.
 
Aussi, c'est sans crainte qu'on rentre dans Blind Rage, sans crainte mais avec un petit sourire en coin pour une pochette qui, avouons-le, est d'un rare ridicule mais qui, aussi, évoque finalement bien le balls-out heavy/power metal qui est la marque de fabrique des vétérans teutons. Sur le fond, ce qui fera sans doute plaisir à certains, l'ambition conceptuelle de l'excellent Stalingrad a été remisée laissant la place, cette fois, à une "bête" collection de chansons.
Qui commence d'emblée pied au plancher avec le puissant et typique Stampede, qui servit de teaser à l'album, où l'on a distinctement l'impression, comme son titre l'indique, de se faire joyeusement piétiner par un troupeau de long-horns en furie. La chanson, c'est un fait, n'apporte strictement rien au style habituel du groupe mais, efficace et rondement menée, elle sert parfaitement son office d'ouverture un poil bourrine mais diablement fun. La suite ne dément pas cette sympathique entrée en matière avec dix titres d'un classicisme indéniable creusant, encore et toujours, le sillon d'un metal extrêmement référencé qui pourrait avoir 10 ans, 20 ans, 30 ans qu'on n'y trouverait rien à redire.
Tout, à partir de là, repose sur la qualité des compositions qui, pour le troisième fois en autant d'essais depuis le retour de la formation, est bienheureusement au rendez-vous. Alors, évidemment, si vous cherchez ne serait-ce qu'une once d'originalité, vous serez déçu. Si, par contre, vous ne vous attendez pas à autre chose qu'à du Accept pur jus, vous serez comblés. Plus particulièrement par Dying Breed mid-tempo mélodique et racé où Wolf nous enchante de petits licks dont il a le sercret, où Tornillo prouve qu'il est vraiment plus qu'un simple clone de d'Udo, un Udo++ au registre aussi agressif mais plus mélodique et étendu, où les chœurs virils de la formation sont bel et bien présents et où, forcément, un solo mélodique et trippant vient couronner l'ensemble. Suit une autre belle réussite avec le rampant et mélodique Dark Side of My Heart, qui n'aurait pas déparé sur Metal Heart ou Russian Roulette, qui brille par sa mélodie de chant infectieuse, (encore) son solo millimétré. Par la suite, le groupe joue avec toutes les cartes de sa donne naturelle : de la fausse ballade (parce qu'elle finit par péter sur un refrain "armée rouge" !) au bon riff syncopé Fall of the Empire, de quelques déboulés furieux prouvant que ces vieux messieurs en ont toujours sous la semelle (Trail of Tears, Bloodbath MastermindFinal Journey - Où Wolf nous refait le coup de l'emprunt classique sur son énorme solo, je n'en dis pas plus, pas de spoiler ! - et, juste un peu moins vite, 200 Years), de mid-tempo de première bourre (Wanna Be Free, From the Ashes We Rise) et même du presque léger qu'on démettrait volontiers s'il n'était aussi bien fichu (The Curse, avec un Wolf du tonnerre de Thor sur un solo tout en finesse).
Le tout, impeccablement emballé par une production first class signée encore une fois, c'est une bonne habitude, d'Andy Sneap (Hell, Sabbat) s'ingère avec un réel enthousiasme et risque, vous ne direz pas qu'on ne vous a pas prévenu, de faire souffrir quelques cervicales... Youpi !

En 2014, sans surprise mais avec talent et conviction, Accept continue de faire du Accept. On n'en demandait pas plus, on est servi, et bien servi !


1. Stampede 5:14
2. Dying Breed 5:21
3. Dark Side of My Heart 4:37
4. Fall of the Empire 5:45
5. Trail of Tears 4:08
6. Wanna Be Free 5:37
7. 200 Years 4:30
8. Bloodbath Mastermind 5:59
9. From the Ashes We Rise 5:43
10. The Curse 6:28
11. Final Journey 5:02


Mark Tornillo – lead vocals
Wolf Hoffmann – guitar
Herman Frank – guitar
Peter Baltes – bass guitar
Stefan Schwarzmann – drums

mardi 19 août 2014

Un retour sans fanfare (The Genesis Live Series 5/5)

Un petit tour et puis s'en va ? On n'espère pas. Ce ne sera, en tout cas, pas le cas de la massive rétrospective ayant occupé une partie de la période estivale du présent blog. Wait & see...

Genesis "Live Over Europe 2007" (2007)
ou "Pré-retraités"


Dans les rêves les plus fous de ceux qui attendaient Genesis depuis l'arrêt d'activité ayant suivi l'album et la tournée en compagnie de Ray Wilson ne figurait pas le retour du trio couvert de platine des années 80, il fallut néanmoins s'en contenter.
 
Comme il fallut se contenter du Live Over Europe qui, sur le papier au moins, s'annonçait nettement plus juteux que son prédécesseur, The Way We Walk, ne serait-ce que parce qu'on y trouvait une setlist offrant plus de place au groupe dans son acceptation 70s... Plus dure fut la chute.
C'est un comble de devoir le dire mais, à force d'être de grands professionnels en complète maîtrise de leur sujet, les trois membres de Genesis et leurs deux accompagnateurs habituels (messieurs Thompson et Stuermer) ennuient un peu là où on aimerait tellement se laisser emporter. Alors, oui, ce qui est concrètement proposé fait souvent venir la bave aux lèvres même si on doit, pour ce faire, se fader quelques tubes insipides.
Et puis il y a le chant de Collins. Déjà sur The Way We Walk, on avait dû subir des baisses de tonalité sur certains titres. Cette fois, c'est l'entièreté des captations qui est impactée par les limitations d'un vocaliste vieillissant. Et, finalement, il y a l'interprétation de groupe, ce ressenti global qu'ils font le boulot en pilote automatique ou, pire !, qu'ils n'ont d'autre choix vu le show proposé autour de la performance musicale (voir la partie documentaire du DVD When in Rome pour s'en convaincre). Aussi, quand, comme sur la version audio présentement billetée, on n'a que le son pour procurer l'extase, qui ne vient jamais vraiment, c'est franchement handicapant.
Formellement, avec une setlist donc plutôt maline et bien torchée, Live Over Europe n'est pas un mauvais album en public, il manque simplement cruellement de cette passion, de ce souffle épique qui caractérisait les meilleures performances scéniques du groupe. Et ce n'est pas le choix d'un assemblage artificiel de plusieurs concerts qui rattrapera tout ça. Dommage, vraiment dommage de voir un si beau, si grand groupe finir (pour le moment ?) sur une note si terne.

A choisir, si vraiment vous souhaitez un témoignage de cette tournée, optez pour le DVD précité, ce n'est pas la panacée mais a, au moins, l'avantage d'une certaine vérité. Sinon, il existe d'autres live de Genesis (de celui de 73 à Seconds Out en passant par Three Sides Live) qui rendent éminemment mieux justice à ce géant des 70s.


CD 1
1. Duke's Intro (Behind the Lines/Duke's End) 3:48
– Manchester
2. Turn It On Again 4:26
- Amsterdam
3. No Son of Mine 6:57
- Amsterdam
4. Land of Confusion 5:11
- Helsinki
5. In The Cage/The Cinema Show/Duke's Travels 13:30
- Manchester
6. Afterglow 4:27
- Manchester
7. Hold on My Heart 5:58
- Hannover
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 11:58
- Düsseldorf & Rome
9. Follow You Follow Me 4:19
- Paris
10. Firth of Fifth [excerpt] 4:39
- Manchester
11. I Know What I Like (interpolating "Stagnation") 6:45
- Manchester

CD 2
1. Mama 6:57
- Frankfurt
2. Ripples 7:57
- Prague
3. Throwing It All Away 6:01
- Paris
4. Domino 11:34
- Rome
5. Conversations With 2 Stools 6:48
- Munich
6. Los Endos 6:24
- Twickenham
7. Tonight, Tonight, Tonight [excerpt] 3:49
- Rome
8. Invisible Touch 5:35
- Rome
9. I Can't Dance 6:11
- Munich
10. The Carpet Crawlers 6:00
- Manchester


Phil Collins – lead vocals, drums, tambourine
Tony Banks – keyboards, backing vocals
Mike Rutherford – bass, guitar, backing vocals
&
Daryl Stuermer – guitar, bass, backing vocals
Chester Thompson – drums, percussion

lundi 18 août 2014

Plus c'est long, plus c'est bon (The Genesis Live Series 4/5)

Une double dose de plaisir ? Plus ou moins... Dernier live de Genesis avant le départ de Phil Collins, The Way We Walk est, en vérité, un bien étrange animal.

Genesis "The Way We Walk: the long and the shorts" (1992-93/2009)
ou "Live cocktail"


Les éditions diverses et variées du 4ème live (ou 4ème et 5ème si on le sépare comme dans sa première édition) de GenesisThe Way We Walk, sont un beau bordel avec donc la première à la sortie décalée de quelques mois proposant un "Shorts" en forme de best of live suivi d'un "Longs" avec les titres plus ambitieux (et progressifs), puis une compilation des deux sans altération de l'ordre de la tracklist en 1998 et, enfin, la version du coffret 1973-2007 où l'ordre change, accommodant l'ensemble tel un vrai concert malgré des sources différentes, et un bonus accessoire (Turn It On Again), cette dernière également éditée en papersleeve dans la foulée... A ne plus s'y retrouver.
 
Ceci dit, si vous avez le choix, c'est sur la version "ultimate" qu'il faut se porter et ce pour plusieurs raisons : déjà parce que la séparation des singles et des pièces progressives y a disparu rendant le tout plus naturel, ensuite parce que les morceaux y sont souvent allongés avec des introductions de Phil Collins absentes autrement, enfin parce qu'il y a tout de même un titre bonus, pas une tuerie mais c'est toujours bon à prendre.
Formellement, c'est tout de même un peu le live du déclin avec moult chansons à la tonalité modifiée pour s'adapter à un Collins n'atteignant plus certaines notes confortablement, avec des musiciens certes très professionnels et précis (ce qu'ils furent toujours, même dans les trippantes 70s, c'est à préciser) mais parfois un peu en pilote automatique, particulièrement sur les "shorts". On y remarque aussi que la période Peter Gabriel, déjà maltraitée sur Three Sides Live (quoiqu'un peu moins dans la réédition "four sides live") est ici expédiée dans un Old Medley ou pas moins de 10 morceaux sont, plus ou moins rapidement, passés en revue, et que c'est tout de même le mariage de la carpe et du lapin parce que passer, par exemple, du "pouet-pouet" Illegal Alien à l'ultra référentiel Firth of Fifth ne tenait pas de la criante évidence. On ne boude cependant pas son plaisir de retrouver quelques vieilles scies, fussent-elles incomplètes, ayant plutôt mieux supporté le passage des ans que d'autres pourtant plus contemporaines. Dans le reste de la sélection, on ne retrouve rien d'avant 1983, un comble considérant la richesse du catalogue du groupe, un comble aussi quand, amateurs de Genesis, on sait que cette époque plus récente est aussi nettement moins inspirée même si pas totalement exempte de bons moments tels que les deux longues plages de We Can't Dance (Driving the Last Pike et Fading Lights) ou un duo de batteur de qualité (The Drum Thing). Les autres, singles ou pièces plus longues, plairont surtout à ceux qui apprécient le Genesis pop, ensemble capable du meilleur (No Son of Mine, In Too Deep) comme du pire (Hold on My Heart, Invisible Touch).
Evidemment, les captations sont de très bonne qualité permettant de tout entendre dont une suspecte absence d'erreur faisant penser qu'un passage par la case studio, afin de corriger quelques inévitables pains, n'a pas été omis.

Live descriptif du groupe d'alors, The Way We Walk a les défauts de ses qualités en promouvant un groupe qui s'est notablement éloigné de ses bases d'antan optant pour une écriture modernisée et simplifiée devenant, ce faisant, une success story d'une ampleur aussi colossale qu'imprévisible. Aussi imprévisible que ce qui suivra : le départ de Phil Collins, un ultime album studio avec un nouveau vocaliste, une séparation avant un retour scénique dans la même configuration mais avec une visée plus récapitulative qu'ici. En résumé, on recommandera surtout The Way We Walk aux complétistes de la choses génésienne et à ceux appréciant leur période FMinée, ça fait déjà du monde !
 

CD 1
1. Land of Confusion 5:13
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. No Son of Mine 7:02
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
3. Driving the Last Spike 10:19
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. Old Medley 19:43
Dance on a Volcano/The Lamb Lies Down on Broadway/The Musical Box/Firth of Fifth/I Know What I Like (In Your Wardrobe) + excerpts of That's All, Illegal Alien, Your Own Special Way, Follow You Follow Me & Stagnation
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, Germany
5. Throwing it all Away 6:54
2 August 1992 Knebworth Park, Stevenage, GBR, 13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Fading Lights 10:50
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
7. Jesus He Knows Me 5:31
11 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
8. Home by the Sea/Second Home by the Sea 12:03
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover

CD 2
1. Hold On My Heart 5:54
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
2. Domino 11:20
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover 
3. The Drum Thing 5:49
10 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover
4. I Can't Dance 7:15
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
5. Tonight, Tonight, Tonight 3:49
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
6. Invisible Touch 5:27
13 July 1992 Niedersachsenstadion, Hannover, DEU
7. Turn it on Again* 7:10
* Bonus on the 2009 audio live boxset
8. Mama 6:48
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
9. That's All 4:58
4 July 1987 Wembley Stadium, London, GBR
10. In Too Deep 5:35
October 1986 L.A. Forum, Inglewood, CA, USA


Phil Collins – lead vocals, drums, percussion
Tony Banks – keyboards, vocals, background vocals
Mike Rutherford – guitars, bass, background vocals
&
Daryl Stuermer
– guitar, bass,
Chester Thompson – drums, percussion