lundi 31 juillet 2017

Y comme...

Y grec chez nous Why chez eux. Voyelle ici, consomne là-bas... Elle est pas claire cette lettre. Alors, logiquement, la sélection est à l'unisson avec une Star avant, des Stars alors bientôt, des stars qui passèrent vite, mode oblige, d'autres, pas encore Stars, pour qui on se tate toujours, une vielle Star qui rencontre sa succession, de vieilles Stars en fin de cycle (ou en début d'un autre?) et même une Stars à melon, bref... Enjoie !

Y comme...
Y KANT TORI READ "Y Kant Tori Read" (1988)
Tori avant Amos

Une curiosité en passant, quand Tori se la joue un peu Madonne, un peu Cyndi. Pas désagréable, étrange cependant parce qu'on y est déjà (l'Amos pointe !) mais que la prod' et tout le toutim font dans la teen pop US d'alors. En un mot comme en mille, juste une petite curiosité qui ravira les addicts et fera sourire les autres qui y trouveront même peut-être... A tester.

1. The Big Picture 4:19
2. Cool on Your Island 4:57
3. Fayth 4:23
4. Fire on the Side 4:53
5. Pirates 4:16
6. Floating City 5:22
7. Heart Attack at 23 5:16
8. On the Boundary 4:38
9. You Go to My Head 3:55
10. Etienne Trilogy (The Highlands/Etienne/Skyeboat Song) 6:45

Tori Amos – lead singer, acoustic piano
Paulinho Da Costa – percussion
Richard Bernard – bouzouki
Gene Black – guitar
Kim Bullard – acoustic piano, programming, keyboards
Steve Caton – guitar
Vinnie Colaiuta – drums
Devon Dickson – bagpipes
Steve Farris – guitars
Tim Landers – fretless bass guitar
Fernando Saunders – bass guitar
Matt Sorum – drums
Peter White – acoustic guitars
Eric Williams – mandolin
- Backing vocals
CeCe Bullard
Merry Clayton
James House
Rick Nielsen
Zobbin Rander
Nancy Shanks
The Valentine Brothers


Y comme...
YARDBIRDS, THE "For Your Love" (1965)
Going Somewhere

Quand un des plus beaux exemples du british blues boom décide de coller un peu plus au goût du jour ça donne ? For Your Love des Yardbids, évidemment !
Voici donc les Yardbirds au premier tournant de leur carrière. Eric Clapton, mécontent de la tournure que prennent les évènements soucieux qu'il est de continuer de jouer le blues qu'il vénère, est sur le départ, Jeff Beck, son remplaçant, qui apparaît d'ailleurs sur trois titres de l'album sera plus compatibles aux ambitions pop et psychédéliques de la formation, avant de se lasser à son tour mais ça c'est une autre histoire. Pour le moment, Clapton encore présent (il le sera aussi sur une face du second opus de 65, Having a Rave Up), les Yardbirds marchent sur le fil entre leur passé (l'impeccable Five Live Yardbirds et son énergique relecture du blues étatsunien) et ce qui est alors la tendance du moment, une musique plus pop vers laquelle glissent quasiment toutes les formations britanniques et nord-américaines. Les deux tendances sont, pour le moment, toujours d'actualité avec, côté blues, I'm Not Talking, Got to Hurry, I Ain't Got You, I Ain't Done Wrong, I Wish You Would et Good Morning Little Schoolgirl comme autant d'exemples que ces petits blancs savent s'approprier l'idiome blues avec un talent certain, et, côté pop la naissance de quelques morceaux destinés à devenir d'authentiques classiques (For Your Love bien sûr mais également A Certain Girl malgré l'évidente ressemblance aves les Beatles ou Sweet Music produit par un Manfred Mann qui passait par là. Force est de constater que c'est sur le blues que les Yarbirds convainquent le mieux, pas que le reste soit indigne, juste que le groupe y parait moins à son aise que ce soit avec Beck ou Clapton, une leçon qu'il retiendront pour leurs futurs développements n'oubliant jamais, même quand ils s'en éloigneront, ces bases blues qui leur vont si bien au teint.
50 ans après, encore un peu plus dans cette version richement bonussée, For Your Love demeure un album recommandé où, outre le fait de croiser deux des plus fines gâchettes de la six-corde, on entend un groupe de qualité produire une musique qui ne l'est pas moins même si, diable !, qu'il est difficile de concurrencer les quatre gros (Beatles, Stones, Who, Kinks) qui ne le sont pas devenus sans raison...

1. For Your Love 2:31
2. I'm Not Talking 2:33
3. Putty (in Your Hands) 2:18
4. I Ain't Got You 2:00
5. Got to Hurry 2:33
6. I Ain't Done Wrong 3:39
7. I Wish You Would 2:19
8. A Certain Girl 2:18
9. Sweet Music 2:30
10. Good Morning Little Schoolgirl 2:46
11. My Girl Sloopy 5:38
Bonus
12. Baby, What's Wrong (demo) 2:38
13. Boom, Boom (demo) 2:25
14. Honey in Your Hips (demo) 2:19
15. Talkin' 'Bout You (demo) 1:56
16. I Wish You Would (demo) 4:17
17. A Certain Girl (demo) 2:21
18. Got to Hurry (take 4) 2:35
19. Sweet Music (take 4) 2:28
20. Heart Full of Soul (demo, sitar version) 1:54
21. Steeled Blues 2:38
22. Paff Bumm (German issue) 2:27
23. Questa Volta 2:33
24. Paff Bum (Italian issue) 2:36

Keith Relf – lead vocals, harmonica
Eric Clapton – lead guitar on all tracks except "I'm Not Talking", "I Ain't Done Wrong", and "My Girl Sloopy"
Chris Dreja – rhythm guitar
Paul Samwell-Smith – bass, vocals
Jim McCarty – drums, vocals
&
Jeff Beck – lead guitar on "I'm Not Talking", "I Ain't Done Wrong", and "My Girl Sloopy"
Giorgio Gomelsky – backing vocal on "A Certain Girl"
Brian Auger – harpsichord on "For Your Love"
Denny Pierce – bongos on "For Your Love"
Ron Prentice – bowed bass on "For Your Love"
Manfred Mann – keyboard and backing vocals on "Sweet Music"
Paul Jones – backing Vocals on "Sweet Music"
Mike Hugg – vibes on "Sweet Music"
Tom McGuinness – guitar on "Sweet Music"
Mike Vickers – guitar on "Sweet Music"


Y comme...
YAZOO Upstairs at Eric's" (1982)
Waves of Synth

Parti de chez Depeche Mode, pas encore à la barre du projet qui l'habite toujours aujourd'hui, Erasure, Vince Clarke se rapproche d'Alison Moyet (ex-The Vandals) et propose une très belle galette de synthpop.
Parce que l'addiction de Clarke pour les synthétiseurs analogiques déjà clairement décelée sur Speak & Spell de ses anciens collègues est, cette fois, nettement plus maîtrisée ce qui est évident dès l'énorme tube d'introduction, Don't Go, ou Kraftwerk rencontre la blue-eyed soul pour une entêtante mélodie menée tambours battants sur un beat electro à faire swinguer les petits blancs d'Albion. Il faut dire que l'assistance créative et la voix polyvalente, chaude et délicate d'Alison aide grandement à la tâche imposant Yazoo comme le concurrent n°1 d'un Eurythmics encore débutant (on peut, en fait, voix Yazoo un modèle dont s'inspireront Lennox et Stewart pour produire leur premier succès populaire, Sweet Dreams). Et comme le reste de l'album, d'un Bad Connection entrainant et joyeux, d'un Midnigh gorgé de soul électronique, d'un claustrophobe, froid et déstructuré In My Room, d'un tendre et caressant Only You,  du groove irrésistible d'un Tuesday à l'absolue beauté du planant Winter Kills, est une fiesta de tous les instants des possibles d'un duo en grosse inspiration, il n'en faut pas plus pour confirmer que l'excitation critique et populaire de l'époque était bel et bien justifiée et qu'en plus Upstairs at Eric's, quoique qu'absolument typique de ce qu'on imagine d'un album de synthpop de la première moitié des 80s, a admirablement résisté à l'usure des ans.
Un second album suivra l'année suivante, You and Me Both, pas tout à fait aussi réussi mais presque, avant que le duo ne se sépare pour incompatibilité relationnelle (Alison voulait un grand ami, Vince est du genre froid et distant, pas une bonne combinaison). Reste cet opus débutant, et triomphant !, qu'on n'a de cesse de recommander à tous ceux qui souhaitent entendre le meilleur de la synthpop.

1. Don't Go 3:08
2. Too Pieces 3:14
3. Bad Connection 3:20
4. I Before E Except After C 4:36
5. Midnight 4:22
6. In My Room 3:52
7. Only You 3:14
8. Goodbye 70's 2:35
9. Tuesday 3:22
10. Winter Kills 4:06
11. Bring Your Love Down (Didn't I) 4:40

Alison Moyet – vocals, piano
Vince Clarke – instrumentation
&
Daniel Miller – additional production and noises on "Don't Go", "Too Pieces", "In My Room", "Only You" and "Situation"
Eric's mum – extra chit-chat on "I Before E Except After C"
D. Davis – extra chit-chat on "In My Room"


Y comme...
YEAH YEAH YEAHS "Show Your Bones" (2006)
Que d'Os !

Trois ans ! Il aura fallu attendre trois ans pour que le successeur du premier album d'une des formations les plus prometteuses du 3ème millénaire naissant voit enfin le jour, une petite éternité qui ne va, hélas, pas sans son lot de (relatives) déceptions.
Ce n'est pas à dire que Show Your Bones soit un mauvais album, juste que l'effet de surprise d'un Fever to Tell particulièrement addictif s'est notablement amenuisée du fait d'une ressemblance trop criante, comme si les Yeah Yeah Yeahs avaient seulement tenté de reproduire l'exploit là où une progression stylistique aurait été souhaitable.
Ceci dit, Show Your Bones a de vraies qualités, c'est évident dès un très réussi morceau d'ouverture, Gold Lion, où la voix de la girl en chef, Karen O, évoque Siouxsie ou Debbie Harry sur une musique fun, fraiche et décontractée. Evidemment, il y a sur l'album quelques utiles montées de fièvre (Way Out, Fancy, Phenomena ou le crescendo final du délicat Turn Into, tous dotés de guitares tranchantes évoquant un post-punk qui n'est jamais bien loin), mais ce n'est jamais aux dépends de l'ambition de compositions et d'arrangements qu'on aime à décortiquer pour voir comment tout ça a été construit. Parce qu'il y a matière à réjouissance dans cet assemblage dance-punk artistique ne laissant jamais la mélodie lui échapper et sachant même modérer sa relative agression sur quelques sélections bien senties (Cheated Hearts, The Sweets) ou faire tressauter les popotins (Honeybear, Mysteries, ce dernier évoquant pêle-mêle les excellents Strokes et Sonic Youth) et même évoquer le minimalisme arty d'un Velvet Underground (Warrior) voire l'emballage indie d'un Pixies toujours de référence (Dudley). Alors, certes, tout ceci n'a rien de neuf pour les Yeah Yeah Yeahs mais est suffisamment bien troussé pour satisfaire les amateurs du genre comme les curieux de passage.
Le (power) trio a, depuis, confirmé tout le bien qu'on pensait déjà de lui, particulièrement sur un It's a Blitz de la maturité, Show Your Bones n'en est pas, pour autant moins recommandé lui qui sait, par sa large palette et son bel esprit mélodique, presque renouveler l'exploit originel de Fever to Tell, ce n'était pas gagné d'avance.

1. Gold Lion 3:07
2. Way Out 2:51
3. Fancy 4:24
4. Phenomena 4:10
5. Honeybear 2:25
6. Cheated Hearts 3:58
7. Dudley 3:41
8. Mysteries 2:35
9. The Sweets 3:55
10. Warrior 3:40
11. Turn Into 4:05

Brian Chase – drums, percussion, guitar, Vater sticks, Zildjian cymbals
Karen O – lead vocals, omnichord, piano (all tracks); mixing (tracks 4, 10, 11)
Nick Zinner – guitar, mixing, keyboards
&
Money Mark – keyboards (tracks 3, 4), MPC sampler (track 10)
Brooke Gillespie, Squeak E. Clean, Alan "Ringo" Labiner – handclap chorus


Y comme...
YES "Drama" (1980)
Drôle de Drame

Yes sans Jon Anderson ? Impossible, sacrilège même ! Et pourtant il y a Drama en 1980, un album typique des progueux britanniques où leur androgyne vocaliste est pourtant absent. Alors, Yes sans Anderson, ça marche ou ça ne marche pas ?
Etrangement, parce que l'arrivée des deux membres des Buggles (Video Killed the Radio Star, pour situer) paraissait tout sauf une évidence, surtout le remplacement de Jon Anderson par le lunetté Trevor Horn, ça marche ! Ca marche même très bien. Evidemment, une partie de l'album, comme attesté par les bonus de la présente édition, ayant été composée quand Anderson et Wakeman faisaient encore partie de la formation, et que, de toute façon, l'authentique détenteur du son Yes en est l'indéboulonnable bassiste Chris Squire, on retrouve le Yes que tout un chacun connaît, cette créature symphonico-progressive, se perdant parfois dans d'exagérées chansons épiques, mais, tout de même, l'authentique surprise de retrouver une formation finalement inchangée est réelle. Inchangée mais aussi revigorée après un très moyen Tormato où les anglais semblaient uniquement remettre sur l'ouvrage, avec moins de conviction et moins de grâce, ce qu'ils avaient accompli précédemment annihilant ainsi l'embellie Going for the One. Bref, le grand malheur d'avoir perdu deux membres supposés irremplaçables se transforma en bénédiction libératrice d'une inspiration retrouvée.
De fait, dès un extrêmement typique Machine Messiah où Trevor Horn s'approche tant de son prédécesseur qu'on peine souvent à détecter son absence sur une composition, puissante, mélodique et glorieusement progressive et ultimement rassurante prouvant que Yes, tel qu'en lui même mais en nettement meilleure forme que sur Tormato, sait toujours construire de théâtrales édifices où claviers et guitares (belle performance conjointe d'Howe et de Downes) mènent le bal sans qu'on n'en oublie la volubilité d'une section rythmique (Squire et White) dont le mérites ne devraient plus avoir besoin d'être vantés. Machine Messiah a, en vérité, tous les atours d'un classique en devenir et en serait sans doute devenu un s'il avait été créé par un line-up plus classique. La suite est une longue confirmation d'une identité réaffirmée par une forme compositionnelle qui ne se démentira jamais. Pas même sur un Into the Lens, remake reconnaissable si largement transformé, "progisé", du I Am a Camera initialement paru sur l'Adventures in Modern Recording des Buggles. et certainement pas sur un Tempus Fugit racé et accrocheur qu'on aurait bien imaginé sur Fragile tant il développe tous les aspects mélodiques et solistes du "vrai" Yes.
Un bel album donc mais carrément un indispensable si l'on considère l'édition remasterisée, ses généreux et utiles bonus et son impeccable restauration sonique. On y a même droit, donc, à l'embryon du successeur de Tormato, les Paris Sessions, un Drama préhistorique en somme, où Anderson et Wakeman font leurs uniques apparitions de la galette. Ca vaut surtout pour la curiosité parce que, franchement, on n'aurait pas voulu ce Drama autrement que porté par le vent de fraicheur apporté par les Buggles qui, d'ailleurs, sont des autres bonus, works in progress d'une œuvre réussie. Parce que ce Yes-là est, malgré les apparences, un vrai Yes, un bon Yes, un Yes chaudement recommandé à tous ceux qui l'avait démis du fait de soi-disant handicapantes absences.

1. Machine Messiah 10:27
2. White Car 1:21
3. Does It Really Happen? 6:34
4. Into the Lens 8:33
5. Run Through the Light 4:43
6. Tempus Fugit 5:15
Bonus
7. Into the Lens (Single) 3:47
8. Run Through the Light (Single) 4:31
9. Have We Really Got to Go Through This (Drama Jam Sessions) 3:43
10. Song No. 4 (Satellite) (Drama Jam Sessions) 7:31
11. Tempus Fugit (Tracking session) 5:39
12. White Car (Tracking session) 1:11
13. Dancing Through the Light (Paris Sessions) 3:16
14. Golden Age (Paris Sessions) 5:57
15. In the Tower (Paris Sessions) 2:54
16. Friend of a Friend (Paris Sessions) 3:38

Trevor Horn – lead vocals, fretless bass on "Run Through the Light"
Steve Howe – guitars: Gibson Les Paul Gold Top, Fender Telecaster, Martin Mandolin, Fender Stratocaster, backing vocals
Chris Squire – bass, backing vocals, piano on "Run Through the Light"
Geoff Downes – keyboards, vocoder, backing vocals
Alan White – drums, percussion, backing vocals
&
Jon Anderson - lead vocals on the Paris sessions (13-16)
Rick Wakeman - keyboards on the Paris sessions (13-16)


Y comme...
YNGWIE J. MALMSTEEN'S RISING FORCE "Rising Force" (1984)
Shred till you're dead!

De tous les descendeurs de manches à la vitesse de la lumière, les shredders, il est le premier, le mètre étalon de ce qu'un guitariste de hard'n'heavy se doit d'accomplir sur un album destiné au public de la "niche". Mais, franchement, Yngwie J. Malmsteen, déjà un gros égo mais encore beaucoup à donner, est vraiment plus que ça, particulièrement sur son premier album sous son nom, Rising Force.
Une chose pour commencer, ne dites surtout pas à Yngwie qu'il a dû beaucoup écouter Ritchie Blackmore pour en arriver là, il n'aime pas ça du tout et vous répliquera que, non monsieur, vous n'avez rien compris, il aime simplement Jimi Hendrix ET Jean-Sébastien Bach ET Niccolo Paganini ET Uli Jon Roth et que tout ça mis bout à bout donne ce metal néo-classique aux impressionnantes performances guitaristiques dont il s'est fait le champion. Soit, admettons. N'empêche, tout de même... Mais non, vous dit-on !
A l'album donc, son premier en solo après Steeler (avec Ron Keel qui formera, Keel, comme c'est original) et l'Alcatrazz de l'ex-Rainbow Graham Bonnet, Rainbow qui était justement le groupe de Ritchie Blackmore dont Yngwie nie... Mais stop quoi, ça suffit maintenant ! Ok, ok, à la musique, donc... Et au concret pour commencer à savoir que l'album se compose de 8 pistes, 5 instrumentaux de plein droit, 2 morceaux chantés et une outro qui, bouclant la boucle, ramène le six-cordiste suédois dans par la même phrase acoustique qui l'a vu commencer l'album. Dans le vif du sujet maintenant ? Alors on commence par les instrumentaux qui, les 5, comptent parmi les plus belles pièces du genre dont accouchera Yngwie, on y retrouve, évidemment, la technique parfaite du sieur Malmsteen mais aussi, ce dont on lui reprochera souvent de manquer, un vrai feeling rendant digeste les démonstrations dont le monsieur ne peut s'empêcher de faire étalage. Personnellement, mes préférences iraient au costaud Far Beyond the Sun, à l'épique Icarus Dream Suite Op. 4 (basé sur une composition de l'obscur compositeur italien Remo Giazotto) et à l'accorcheur Little Savage où, en plus de la performance guitaristique, on a droit à quelques belles "Lorderies" de l'ami Jens Johansson, présentement au clavecin ou, du moins, à son équivalent sur le clavier digital que le monsieur utilise certainement. Bref, du bel ouvrage toutes les 5 mais ces trois plus précisément. Aux morceaux chantés maintenant qui, sans aucunement s'approcher à moins de mille lieues de l'indignité, ne sont pas exactement la partie la plus excitante de l'album mais plutôt deux très correctes chansons de heavy metal néo-classique comme il s'en produit finalement peu à l'époque. Un préférence pour Now Your Ships Are Burned notamment grâce à l'excellente performance de Jeff Scott Soto et la qualité de la mélodie.
Au final, qu'il soit ou non influencé par celui-dont-on-ne-doit-pas-dire-le-nom, Yngwie réalise une parfaite galette de shredder, le mètre étalon d'icelles en fait, et un classique indéniable du genre qu'on ne peut, donc, que recommander. Même Ritchie est d'accord, c'est dire !

1. Black Star 4:53
2. Far Beyond the Sun 5:52
3. Now Your Ships Are Burned 4:11
4. Evil Eye 5:14
5. Icarus' Dream Suite Op. 4 8:33
6. As Above, So Below 4:39
7. Little Savage 5:22
8. Farewell 0:49

Yngwie Malmsteen – guitar, Moog Taurus, bass, arrangement, production
Jeff Scott Soto – vocals
Jens Johansson – keyboards, harpsichord arrangement (7)
Barriemore Barlow – drums


Y comme...
YOUNG, NEIL "Mirror Ball" (1995)
Young Jam

Troquer son vieux Cheval Fou pour de la Confiture de Perles ? C'est la drôle d'idée qui prit Neil Young et déboucha sur ce Mirror Ball de 1995, un bel album au demeurant.
En fait, Neil, plus exactement dans sa phase exploratoire multi-genres de la fin des années 70 et des années 80, se la joue "safe" se servant, en substance, de Pearl Jam comme d'un Crazy Horse rajeuni. Tout est, en fait, parti d'une rencontre scénique quelques jours plus tôt lors d'un concert pro-choice organisé à Washington DC. Tombés respectivement sous le charme de l'autre, le vieux canadien et les jeunes gars en chemise à carreaux de Seattle décident rapidement d'organiser une session, dans la ville des derniers, qui se tiendra du 26 janvier au 10 février 1995. Une chanson mise à part, Peace and Love coécrite par Young et un Eddie Vedder en duo vocal aussi (alors que le reste de l'album relègue Vedder au rang de choriste, tâche dont il se sort avec les honneurs), toutes les compositions sont de Neil et, en toute logique, ressemble au répertoire rock du canadien. A ce qu'il y a de bon, de juteusement électrique dans le répertoire du Loner comme sur l'épique I'm the Ocean, le frontal Song X, n'oubliant pas, parfois, d'adoucir notablement le ton comme sur le sensible et poignant Truth Be Told. Le tout, brut de décoffrage dans la mise en son, suant l'honnêteté par tous les pores de son cuir, est un Young classique de qualité, presque du niveau de l'exceptionnel Ragged Glory, pour situer.
Un vieux rocker et une valeur montante de ce qu'on appelait alors encore le grunge ? Une rencontre qu'on ne peut que conseiller de visiter souvent, on ne devrait pas avoir à en dire plus... Ha, si ! Bravo messieurs et vous remettez le couvert quand vous voulez, pour le 20ème anniversaire ? Chiche !

1. Song X 4:40
2. Act of Love 4:54
3. I'm the Ocean 7:05
4. Big Green Country 5:08
5. Truth Be Known 4:39
6. Downtown 5:10
7. What Happened Yesterday 0:46
8. Peace and Love 7:02
9. Throw Your Hatred Down 5:45
10. Scenery 8:50
11. Fallen Angel 1:15

Neil Young – vocals, electric guitar, acoustic guitar, pump organ
&
Pearl Jam
Jeff Ament – bass guitar
Stone Gossard – electric guitar
Jack Irons – drums
Mike McCready – electric guitar
Eddie Vedder – vocals on "Peace and Love", background vocals


PS : Le X est dans le Q, ça ne s'invente pas !

lundi 24 juillet 2017

W comme...

Wow! Du Cabaret Jazz à la Soul/Funk en passant par la Country New School ou le Hard Rock millésimé et ô combien influent, en passant par du Rock Prog indémodable et libre, une petite merveille Indie Pop et l'album d'un Ange Cassé, si l'alphabet finit, la qualité ne baisse pas (...à mon humble avis). Alors, en rajouter, pour quoi faire ? Enjoie !

W comme...
WAITS, TOM "Nighthawks at the Diner" (1975)
Vrai Live en Vrai Studio

Live, mais en studio, Tom Waits égrène ses petites histoires d'une Amérique à la marge devant quelques happy-fews conviés à l'évènement, c'est Nighthawks at the Diner et c'est vachement bien !
Et donc, nous sommes au Record Plant de Los Angeles les 30 et 31 juillet 1975, ou au Raphael's Silver Cloud Lounge comme annoncé par Tom, où un jeune Waits, d'âge et de carrière, il n'a alors que deux albums studio dans sa besace, égrène non pas les beaux morceaux de son petit répertoire mais une sélection de nouveaux titres dans une ambiance de club enfumé et alcoolisé impeccablement recréé par l'équipe de production, les musiciens et, évidemment, un chanteur, compositeur et parolier sachant aussi bien raconter des histoires (les nombreux intermèdes introductifs où Tom fait preuve d'humour, souvent !, mais aussi d'un don de conteur qui ne fera que se confirmer) qu'habiter son répertoire de l'occasion. Et le répertoire, justement, mes amis, quelle belle collection de blues/jazz déjà très représentative du Waits que nous avons appris à connaître et à aimer, un artiste déjà en contrôle d'un songwriting héritier d'une vraie belle tradition étatsunienne qui sait la faire sienne,  jusqu'à une reprise d'une vieillerie country sauvée des eaux (Big Joe and Phantom 309)... Grand !
Les fans de Tom Waits connaissent déjà ce Nighthawks at the Diner ô combien référentiel, comme quasiment toute la carrière du monsieur, quoi, les autres feraient bien de se pencher sur cet objet atypique, sympathique et, c'est le mot, recommandé.

1. (Opening Intro) 2:58
2. Emotional Weather Report 3:47
3. (Intro) 2:16
4. On a Foggy Night 3:48
5. (Intro) 1:53
6. Eggs and Sausage (In a Cadillac with Susan Michelson) 4:19
7. (Intro) 3:02
8. Better Off Without a Wife 3:59
9. Nighthawk Postcards (From Easy Street) 11:30
10. (Intro) 0:55
11. Warm Beer and Cold Women 5:21
12. (Intro) 0:47
13. Putnam County 7:35
14. Spare Parts I (A Nocturnal Emission) 6:25
15. Nobody 2:51
16. (Intro) 0:40
17. Big Joe and Phantom 309 6:29
18. Spare Parts II and Closing 5:13

Pete Christlieb – tenor sax
Bill Goodwin – drums
Jim Hughart – upright bass
Mike Melvoin – piano, electric piano, guitar
Tom Waits – vocals, piano, guitar


W comme...
WATERS, ROGER "Amused to Death" (1992)
Amusement for the Masses

C'est, de loin, le meilleur album solo de son auteur, un concept album inspiré d'un livre de Neil Postman, Amusing Ourselves to Death, qui décrypte les us d'une société ultra-médiatisée, c'est Amused to Death de Roger Waters, œuvre à la fois terriblement moderne tout en se situant dans une grande tradition à laquelle elle fait honneur, un opus de toute première bourre en vérité.
Comme souvent avec Waters, un garçon tenu par ses obsessions, le développement du concept de l'album a commencé bien avant sa sortie, pendant la création de son précédent opus en fait, le controversé mais recommandé Radio K.A.O.S.. Dans les faits, album sur la dangereuse décadence de la société occidentale (capitalisme, guerre, médias, mépris d'autrui, etc.), œuvre sombre donc, on en a l'habitude avec le taciturne Waters, Amused to Death n'est pas exactement le genre d'opus qu'on conseillera à un dépressif chronique. Quoique la musique, souvent percée d'irremplaçables beauté, vient tempérer la noirceur du propos. Parce que côté composition, Roger s'est dépassé ! Dès l'introductif The Ballad of Bill Hubbard, un belle chanson d'ambiance dotée d'un puissant récitatif et de cordes émouvantes, on est pris par un tourbillon créatif qui ne se démentira pas, un rock progressif moderne et classique à la fois, de son temps dans le son mais encore héritier de la période dorée (les 70s !) dans la manière. La suite, entre rock épique (What God Wants Part I, The Bravery of Being Out of Range), et compositions plus nuancée (Watching TV avec la contribution vocale de Don Henley des Eagles, It's a Miracle et le moog magique du l'ancien collègue de Madonna, Patrick Leonard, l'éthéré Three Wishes, ou un magistral Amused to Death de conclusion), est un parfait panorama musical pour qui apprécie son rock exploratoire et mélodique.
Avec un line-up "all-star" plus venu pour contribuer que se montrer (Jeff Beck, Luis Conte, Steve Lukather, Jeff Porcaro, Don Henley, etc.), une production absolument parfaite, riche de moult field-recordings texturants, claire et précise, et, donc, un ensemble compositionnel constituant l'indéniable sommet de la carrière de Roger Waters en solo, Amused to Death, presque l'égal des plus belles heures de son ancien groupe, c'est dire !, est un album plus que recommandé, obligatoire !

1. The Ballad of Bill Hubbard 4:19
2. What God Wants, Part I 6:00
3. Perfect Sense, Part I 4:16
4. Perfect Sense, Part II 2:50
5. The Bravery of Being Out of Range 4:43
6. Late Home Tonight, Part I 4:00
7. Late Home Tonight, Part II 2:13
8. Too Much Rope 5:47
9. What God Wants, Part II 3:41
10. What God Wants, Part III 4:08
11. Watching TV 6:07
12. Three Wishes 6:50
13. It's a Miracle 8:30
14. Amused to Death 9:06

Roger Waters – vocals (all tracks except 1), bass guitar (tracks 2 and 13), synthesisers (tracks 2 and 4), guitar (tracks 5, 11 and 14)
Patrick Leonard – keyboards (all tracks except 6 and 7), percussion programming (track 1), choir arrangement (tracks 2, 9-11 and 13), vocals (track 4), acoustic piano (tracks 11 and 13), Hammond organ (track 5), synthesisers (tracks 5 and 13)
Jeff Beck – guitar (tracks 1, 2, 10-14)
Randy Jackson – bass guitar (tracks 2 and 9)
Graham Broad – drums (all tracks except 1, 5, 11 and 13), percussion (tracks 6 and 7)
Luis Conte – percussion (all tracks except 2, 5, 9, 11, 13 and 14)
Geoff Whitehorn – guitar (tracks 2, 8, 10 and 14)
Andy Fairweather Low – guitar (tracks 2, 6-9, 11 and 12), vocals (tracks 6 and 7)
Tim Pierce – guitar (tracks 2, 5, 9 and 12)
B.J. Cole – guitar (tracks 3 and 4)
Steve Lukather – guitar (tracks 3, 4 and 8)
Rick DiFonso – guitar (tracks 3 and 4)
Bruce Gaitsch – guitar (tracks 3 and 4)
James Johnson – bass (all tracks except 1, 2, 5, 9 and 11)
Brian Macleod – snare (tracks 3 and 4), hi-hat (tracks 3 and 4)
John Pierce – bass guitar (track 5)
Denny Fongheiser – drums (track 5)
Steve Sidwell – cornet (tracks 6 and 7)
John Patitucci – bass guitar (track 11)
Guo Yi & the Peking Brothers – dulcimer, lute, zhen, oboe, bass (track 11)
John "Rabbit" Bundrick – Hammond organ (track 12)
Jeff Porcaro – drums (track 13)
Marv Albert – vocals (track 4)
Katie Kissoon – vocals (tracks 2, 8, 9, 12 and 14)
Doreen Chanter – vocals (tracks 2, 8, 9, 12 and 14)
N'Dea Davenport – vocals (track 2)
Natalie Jackson – vocals (tracks 2 and 5)
P.P. Arnold – vocals (tracks 2, 3, 4 and 10)
Lynn Fiddmont-Linsey – vocals (track 5)
Jessica Leonard – vocals (track 8)
Jordan Leonard – vocals (track 8)
Don Henley – vocals (track 11)
Jon Joyce – vocals (track 13)
Stan Farber – vocals (track 13)
Jim Haas – vocals (track 13)
Rita Coolidge – vocals (track 14)
Alf Razzell – vocals (tracks 1 and 14)


W comme...
WEEN "White Pepper" (2000)
Epicé Pop

Que se passe-t-il quand l'un des plus beaux fleurons bizarro-pop se met dans l'esprit d'accoucher d'un album normal ? Il se passe White Pepper, 7ème album des faux-frères Dean & Gene Ween, et le pire c'est que ça marche du tonnerre de Zeus !
Indéniablement, il y a du Beatles (mais pas seulement...) dans ce Ween-là, et pas que dans un titre jouant avec ceux de deux des plus fameuses créations de quatre de Liverpool (Sgt. Pepper, White Album), dans la manière d'accommoder la pop, de l'épicer de moult flaveurs pour un résultat aussi flatteur à l'oreille qu'imaginatif. Evidemment, les Beatles étant passés bien avant et ayant tout inventé (ou presque), c'est à un exercice revivaliste auquel s'adonnent les natifs de New Hope (ça ne s'invente pas !), Pennsylvanie, mais un exercice revivaliste tellement rondement menée qu'on aurait mauvaise grâce à ne pas le célébrer comme il le mérite.
Parce que, mes amis, quelle belle collection de chansons voici ! Parce qu'en couvrant tout le panorama de la pop, d'un psychédélisme à peine modernisé sur la morceau d'ouverture, Exactly Where I'm At, à de douces flaveurs orientales sur Flutes of Chi, à une pop à la Revolver sur Even If You Don't, à un doux décrochage caribéen façon Elvis sous les cocotiers (Bananas and Blow), à une pop folk mélodieusement réussie (Back to Basom, quelque chose de Donovan et du Bowie débutant, She's Your Baby, que Macca ne renierait pas), à une petite jazzerie convoquant le fantôme de Phil Lynott (ce chant !) avec Pandy Fackler, jusqu'à un petit coup de country bienvenu (Stay Forever), c'est avec rouerie et un talent compositionnel qui laisse béat d'admiration que le duo et leurs compères réussissent magistralement leur petit hold-up multi-genres. On a même droit, parce qu'il faut quand même un peu de bruit blanc sur un album de Ween, à une sorte de Motörhead revisité (leur Helter Skelter ? pas loin à entendre l'agressif et addictif Stroker Ace) et à une sorte de sludgerie héritière indirecte de Black Sabbath (The Grobe). Bref, tous azimuts sans jamais le moindre faux-pas, sans la plus petite trace de faute de goût que ce soit... Grand !
Les amateurs de ce genre de chose, de la musique maline toujours un peu dans le second degré mais pas dans le pastiche, en auront pour leurs sesterces, nul doute ! Les autres, les curieux surtout, peuvent plonger dans ce qui demeure l'œuvre la plus attachante et abordable d'un magnifique duo. Youpi !

1. Exactly Where I'm At 4:31
2. Flutes of Chi 3:30
3. Even If You Don't 3:25
4. Bananas and Blow 3:34
5. Stroker Ace 2:08
6. Ice Castles 2:05
7. Back to Basom 3:46
8. The Grobe 3:32
9. Pandy Fackler 3:57
10. Stay Forever 3:32
11. Falling Out 2:28
12. She's Your Baby 3:00

Claude Coleman - Drums
Dave Dreiwitz - Bass
Glen McClelland - Keyboards
Dean Ween - Guitar, Vocals
Gene Ween - Guitar, Vocals
(& other musicians)


W comme...
WEILAND, SCOTT "12 Bar Blues" (1998)
Gone Solo

Celui qui connut la gloire en tant que vocaliste des grungers adaptables de Stone Temple Pilots et frontman du supergroupe Velvet Revolver n'est plus, une vie d'excès en tous genres, narcotiques particulièrement, aura fini par le rattraper et ainsi nous voler l'un des plus beaux spécimens de lucky loser que l'Amérique nous ait offerte depuis les années 90 comme exemplairement démontré par son premier album solo, 12 Bar Blues. Un album qui diffère notablement des travaux de ses partenaires d'alors. La petite trentaine, Weiland y explore ses possibles, y assouvit ses envies entrainant l'auditeur dans une aventure auditive à laquelle il ne s'attendait sans doute pas. Parce que Weiland ose !, ne réussit pas toujours mais a tellement, palpablement, envie qu'on ne peut qu'être séduit sans même avoir à prêter attention aux quelques guests de luxe de la galette (Sheryl Crow, à l'accordéon !, et Brad Mehldau). Ainsi, du glam mutant d'ouverture (Desperation #5, y  du Bowie dedans !), d'une power-pop bricolée à l'électro (Barbarella), d'une belle power-ballad qui prouve qu'il peut faire aussi bien que son groupe sans lui (Where's the Man) à un genre de cyber-groove depuis lourdement usité par Muse (Jimmy Was a Stimulator), il y a du grain à moudre et de la qualité à dénicher dans un album parfois un peu too much, la marque des débuts où l'on veut trop bien faire, mais éminemment sympathique hélas aujourd'hui difficile à trouver puisque pour le moment plus édité. Et unique dans la discographie de son auteur qui, comme ses collègues de l'époque, Layne Staley d'Alice In Chains et Kurt Cobain de qui vous savez, aura ultimement été emporté par son malaise. R.I.P.

1. Desperation #5 4:05
2. Barbarella 6:36
3. About Nothing 4:48
4. Where's the Man 4:55
5. Divider 4:23
6. Cool Kiss 4:55
7. The Date 5:21
8. Son 5:04
9. Jimmy Was a Stimulator 3:58
10. Lady, Your Roof Brings Me Down 5:26
11. Mockingbird Girl 5:02
12. Opposite Octave Reaction 4:18

Scott Weiland – lead vocals, beatbox, guitar, keyboards, piano, bass, synthesized bass, drum loops
Tracy Chisolm – theremin
Blair Lamb – beatbox
Holly Reiger – guitars
Jeff Nolan – guitars
Zander Schloss – guitars
Sheryl Crow – accordion
Brad Mehldau – piano
Peter DiStefano – guitars, bass
Victor Indrizzo – vocals, guitar, piano, keyboards, bass, drums
Daniel Lanois – synthesizers
Tony Castaneda – guitars, bass
Martyn LeNoble – bass, cello
Michael Weiland – drums, percussion, drum loops
Suzie Katayama – cello
Novi Novog – viola
Joel Derouin, Robin Lorentz – violin


W comme...
WHITMORE, WILLIAM ELLIOTT "Ashes to Dust" (2005)
Old is New

William Elliot Whitmore ou comment faire du neuf avec du vieux.
Natif de l'Iowa, 27 ans au moment de la sortie de l'album, son quatrième déjà depuis 1999, William Elliott Whitmore et de ces gars hors du temps qui, dans un cousinage évident avec Tom Waits (style vocal compris), assurent la pérennité d'une Amérique des laissés pour compte et marginaux via une folk/country/blues où, guitariste et banjoïste doué en plus de vocaliste hanté, il assure comme un vieux pro sur des compositions exclusivement de son cru.
Comme Ashes to Dust demeure sa plus fine lame, et son opus le plus sombre ceci dit en passant, il n'est pas besoin de "faire l'article" plus avant, si la musique roots écorchée vive étatsunienne est votre dada, plongez !

1. Midnight 3:34
2. The Day the End Finally Came 4:18
3. When Push Comes to Love 3:50
4. Diggin' My Grave 4:06
5. The Buzzards Won't Cry 2:22
6. Sorest of Eyes 3:30
7. Lift My Jug (Song for Hub Cale) 3:36
8. Gravel Road 3:52
9. Porchlight 5:47

William Elliott Whitmore – vocals, guitar, banjo
Zach Action – bass
Jay Thomas Dandurand – drums


W comme...
WISHBONE ASH "Argus" (1972)
Lucky Bone

On ne dira jamais assez tout le bien qu'il faut penser de Wishbone Ash, l'influence décisive qu'eut ce grand groupe trop méconnu sur moult formations ô combien référentielles telles que Thin Lizzy ou Iron Maiden (et indirectement la myriade de formations suivant ces deux autres authentiques légendes). Alors quand on en vient à évoquer une des plus belles pages de leur foisonnant catalogue (24 albums studio, 12 lives, des compilations et des singles comme s'il en pleuvait), cet Argus de 1972, on commence, forcément, par mentionner les doubles-guitares d'Andy Powell et Ted Turner, élément décisif du son d'une formation navigant entre hard rock, blues et rock progressif. C'est peut-être de là, de cette polyvalence stylistique, que vinrent les difficultés du groupe à s'imposer à un plus grand public que celui qui se repaît des délices musicaux dont il est capable. Et il en est très capable, en particulier dans ses jeunes années, en particulier sur cet Argus où rien n'est autre que très bon, 8 titres, 8 bombes de rock finement composé, supérieurement interprété par un quatuor mariant acoustique et électrique, compositions directes et raffinées en un tout qui ne devrait pas laisser indifférent. Parce que Time Was vaut bien toutes les formations de classic rock de ces bouillonnantes 70s avec ses atours sudistes, son lent et progressif développement, les performances de ses deux guitaristes virtuoses, celle-ci, tour de force introductif d'un album qui ne baissera jamais de niveau, juste citée pour l'exemple d'une galette ô combien réussie (mais peut-être pas assez frontalement hard rockante que certains l'auraient voulu, Wishbone Ash ne sont pas des brutes). Quand on ajoute les nombreux bonus live de la version remasterisée dite "Deluxe", étant entendu Wishbone Ash, excellent en studio l'est encore plus en live (voir un Phoenix partant souvent dans des jams de longue durée sans jamais lasser ou le référentiel Live Dates dont il sera difficile de se passer), il n'y a plus à hésiter pour recommander un groupe, et cet album encore un peu plus que les autres de sa période classique, à toutes celles et tous ceux qui goûtent à un (hard) rock pleinement développé mais jamais inutilement démonstratif parce que Wishbone Ash, toujours en activité si Powell en est le seul membre restant comme sur le Blue horizon de belle qualité sorti dernièrement, est un trésor et qu'Argus en est son plus beau joyau, on ne devrait pas avoir à en dire plus.

1. Time Was 9:42
2. Sometime World 6:55
3. Blowin' Free 5:18
4. The King Will Come 7:06
5. Leaf and Stream 3:55
6. Warrior 5:53
7. Throw Down the Sword 5:55
Bonus
"Live from Memphis" promotional EP
8. Jail Bait 4:57
9. The Pilgrim 10:10
10. Phoenix 17:05

CD Bonus
BBC session 1972
1. Time Was 10:14
2. Blowin' Free 5:51
3. Warrior 5:44
4. Throw Down the Sword 6:47
5. King Will Come 8:11
6. Phoenix 19:35
7. Blowin' Free 5:38
8. Throw Down The Sword 6:13

Martin Turner - bass guitar, vocals
Andy Powell - lead and rhythm guitar, vocals
Ted Turner - lead and rhythm guitar, vocals
Steve Upton - drums, percussion
&
John Tout - organ on "Throw Down The Sword"


W comme...
WONDER, STEVIE "Hotter Than July" (1980)
Still a Wonder

Ce n'est peut-être plus la période de gloire, cette parenthèse enchantée qui, du début au milieu des septantes, fit de Stevie une des toutes premières attractions du monde de la musique, tous genres confondus, mais ce n'est pas non plus l'absolu abysse créatif que certains s'imaginent, non, Hotter Than July, premier cru des 80s de l'ex-petite merveille de la Motown, tient formidablement la route. Alors, certes, la musique s'est simplifiée, des synthétiseurs de leur temps viennent aussi empeser les arrangements de quelques choix discutables mais, dans l'ensemble, qu'il donne dans la ballade tire-larmes (le jazzy Lately), dans l'hymne "positive attitude" (Happy Birthday, wikipédiez !), qu'il fasse le meilleur reggae américain d'alors (Master Blaster), se la joue disco sans se perdre totalement (I Ain't Gonna Stand for It), etc., c'est encore et toujours le compositeur expert auteur d'album aussi essentiels qu'Inner Visions ou Songs in the Key of Life. La suite, on le sait, sera nettement moins glorieuse mais, avec tous ses défauts, l'air du temps n'étant pas le moindre, Hotter Than July demeure une galette qu'on recommande au amateur de soul/funk d'exception, qui n'y trouveront certes pas une totale satisfaction mais suffisamment de bons moments pour ne pas regretter, loin s'en faut !, ce petit tout du côté de chez wonderful Stevie.

1. Did I Hear You Say You Love Me 4:07
2. All I Do 5:06
3. Rocket Love 4:39
4. I Ain't Gonna Stand for It 4:39
5. As If You Read My Mind 3:37
6. Master Blaster (Jammin') 5:07
7. Do Like You 4:25
8. Cash in Your Face 3:59
9. Lately 4:05
10. Happy Birthday 5:57

Stevie Wonder - Vocals, Synthesizer, Drums, Fender Rhodes, Bass Synthesizer, Clavinet, Background Vocals, Arp, Vocoder, Piano, Harpsichord, Celeste, Keyboards, Bass Melodeon, Harmonica, Cabasa, Percussion, Bells, Handclaps, Flute Synthesizer
Nathan Watts - Bass, Background Vocals
Benjamin Bridges - Guitar, Background Vocals
Dennis Davis - Drums on "Did I Hear You Say You Love Me," "As If You Read My Mind", and "Master Blaster (Jammin')"
Earl DeRouen - Percussion, Background Vocals
Isaiah Sanders - Fender Rhodes, Background Vocals, Pianet
Hank Redd - Saxophone, Handclaps
Robert Malach - Saxophone
Larry Gittens - Trumpet
Nolan A. Smith Jr. - Trumpet
Paul Riser - String Arrangement
Hank Devito - Steel Guitar
Rick Zunigar - Guitar
Background Vocals - Angela Winbush, Mary Lee Whitney Evans, Susaye Greene Brown, Alexandra Brown Evans, Shirley Brewer, Ed Brown, Charlie Collins, Eddie Levert, Walter Williams, Michael Jackson, Jamil Raheem, Betty Wright, Ronnie J. Wilson, Charles K. Wilson, Syreeta Wright, Marva Holcolm, Melody McCulley, Delores Barnes
Handclaps - Stephanie Andrews, Bill Wolfer, Trevor Lawrence, Dennis Morrison, Kimberly Jackson

lundi 17 juillet 2017

V comme...

V pour Victoire, n'est-ce pas Winston, mais V aussi pour Valeurs, et ces musiciens en ont !, et elles sont avant tout musicales... Mais pas seulement. De la Vérité nue de Townes aux Vrombissantes explorations de Voivod, c'est un Voyage tout sauf Vain auquel je vous convie cette semaine. Enjoie !

V comme...
VAN DER GRAAF GENERATOR "Live in Concert at Metropolis Studios, London" (2012)
VdGG is Alive!

Il est de ces groupes qui se soucient si peu du commerce qu'ils finissent par avoir une réputation très en deçà de celle qu'ils auraient justement méritée. Van der Graaf Generator, chevalier imputrescible d'un rock progressif libre et (donc) changeant, est de ceux-ci. Longtemps rare en lives enregistrés, le désormais trio toujours mené par l'habité Peter Hammill, y est devenu plus présent, signe de temps où il est plus simple d'obtenir une captation professionnelle à moindre coût et où, en toute logique, les misfits en tous genres (dont les trois papys surpuissants ici présents font définitivement partie), saisissent l'aubaine avec l'appétit créatif qu'on leur connait habituellement.
Evidemment, comme sur les précédentes aventures live du trio (Live At The Paradiso, 2009), les chagrins iront regretter l'absence d'un David Jackson (saxophone) devenu si ingérable pour Hammill & Co qu'ils durent s'en débarrasser pour vital fut-il à leur son. Décidant, courageusement, de continuer sans cet élément décisif, les trois membres restants s'en sortent, ici comme précédemment, merveilleusement bien. On s'en doute, le répertoire conçu pour cette formation resserrée fonctionne parfaitement, on est plus surpris de constater que les classiques inoxydables du groupe (de Lemmings à Childlike Faith en passant par Man-Erg) y résistent si bien à l'amputation d'une partie à priori si soniquement indispensable. C'était sans compter sur la rouerie et l'expérience accumulée au cours de leur chaotique carrière par Hammill, Banton et Evans qui n'y font décidément pas leur soixantaine et donnent, l'air de rien, quelque cours d'énergie et d'intensité dramatique à la jeune concurrence.
Enregistré devant un petit nombre d'heureux privilégiés au Metropolis Studios de Londres, comme son titre on ne peut plus explicite l'indique, le présent live nous offre non seulement une prestation hantée comme seuls VdGG en ont le secret mais aussi une captation parfaite qui permettra de saisir et d'apprécier toutes les nuances d'interprétations perfectibles mais passionnées... et donc passionnantes. Un petit (et réel) bonheur présentement agréablement complété d'une captation vidéo de belle tenue pour un lot, vous l'aurez compris, indispensable à tout amateur du groupe.

CD 1
1. Interference Patterns 4:22
2. Nutter Alert 5:35
3. Your Time Starts Now 4:25
4. Lemmings 14:26
5. Lifetime 5:24
6. Bunsho 5:38
7. Childlike Faith 12:14

CD 2
1. Mr. Sands 5:22
2. Over The Hill 12:21
3. We Are Not Here 4:54
4. Man-Erg 11:50

Peter Hammill: chant, claviers, guitare
Hugh Banton: orgue, basses pédales
Guy Evans: batterie


V comme...


VAN HALEN "1984" (1984)
Big Big Rock!

Ils ne savent pas encore la tuile qui va leur tomber dessus une grosse année plus tard quand en 1983, quand l'album fut conçu, Van Halen se préparait au second souffle qui avait tant tardé à venir. C'est donc, pour le moment, une formation inchangée qui s'avance avec un album... différent.
Différent parce que, bravant les conseils de son chanteur et de son producteur (David Lee Roth et Ted Templeman) qui lui déconseillaient fermement de faire du clavier un instrument central au son de son Van Halen, Eddie le compositeur (les crédits collectifs ne trompent personne) et leader naturel décide de n'en faire qu'à sa tête, à raison vu l'impressionnant succès rencontrée par 1984 et ses 12 millions d'albums fourgués rien qu'aux States ! Et ça commence donc, gros pieds de nez aux amis mécréants, par un instrumental au synthétiseur, une introduction au gros tube Jump que vous connaissez forcément tous et qui, lui aussi, laisse une part non négligeable aux agissement claviéristiques d'un Eddie qui, tout de même, troque le synthé pour la guitare pour un bon gros solo dont il a le secret. Si, par la suite, l'apport de l'instrument honni est plus discret, il n'en est pas moins présent, texturant régulièrement des compositions d'une diabolique efficacité. C'est évidemment le cas des trois autres singles, l'accrocheur Panama, le nerveux et paillard Hot for Teacher, et la ballade synth-rock I'll Wait mais, substantiellement, de l'ensemble d'un album sans faille (si ce n'est sa trop courte durée...) où Van Halen joue même avec le blues électrique (l'excellent Top Jimmy), s'inspire de grooves typique de Led Zeppelin (Drop Dead Legs et un Alex Van Halen se la jouant à la Bonham), ou délivre simplement une version updatée et réussie de son gros rock qui tâche (Girl Gone Bad, House of Pain).
Tout ça nous fait un album qui, bien produit par le metteur en son de toujours du groupe, Ted Templeman (qui suivra David Lee Roth dans les débuts de sa carrière en solo délaissant Van Halen, guéguerre intestine oblige), et appartenant indubitablement à son époque, s'écoute encore avec beaucoup de plaisir aujourd'hui, si tant est qu'on est amateur du genre, et un authentique classique du hard rock des années 80, un immanquable, quoi !

1. 1984 1:07
2. Jump 4:04
3. Panama 3:32
4. Top Jimmy 2:59
5. Drop Dead Legs 4:14
6. Hot for Teacher 4:42
7. I'll Wait 4:41
8. Girl Gone Bad 4:35
9. House of Pain 3:19

Eddie Van Halen – guitar, keyboards, backing vocals
David Lee Roth – lead vocals
Alex Van Halen – drums, percussion, backing vocals
Michael Anthony – bass guitar, backing vocals


V comme...
VAN ZANDT, TOWNES "Texas Troubadour" (2002)
Somme d'Homme

On ne devrait plus avoir à présenter Townes Van Zandt. Artiste essentiel de la country folk de la fin des années soixante et du début des années soixante-dix qui connut par la suite une carrière plus erratique avant de s'éteindre en 1997 des nombreux abus qui affaiblirent son organisme (alcool, drogues, comme d'habitude, hélas). Dans la première partie de sa carrière, de 1968 à 1973, il sortit une assez incroyable série d'albums de tout premier ordre dont on ressent l'influence jusque dans la country musique dite progressive et l'americana d'aujourd'hui. Le dernier album de ce coffret (où manque hélas l'essentiel du live enregistré en 1973 et sorti en 1977, « Live At The Old Quarter, Houston, Texas », pour que le bonheur soit complet), enregistré et sorti en 1978 n'est qu'une parenthèse (dorée) pour un artiste brûlé qui ne réapparaîtra ensuite qu'en 1987, avec peu de succès commercial (encore !) mais une grâce post-traumatique qu'on se doit de souligner.
Concrètement, le coffret se déroule comme suit :

CD 1 :
- For the Sake of the Song (1968)
Premier album du poète Texan et pas la moindre hésitation dans sa country folk douce amère. Le songwriting de Townes s'est déjà affirmé dans les années précédentes (voir ses « early recordings » sur le cd In the Beginning). C'est donc un artiste complet qui se présente ici et déroule 11 compositions confondantes de maturité pour un jeune homme de 24 ans. Tout juste peut-on reprocher des arrangements un peu trop datés qui marquent l'âge de cette galette sinon totalement réussie.
- Our Mother the Mountain (1969)
Moins surproduit que son devancier (et c'est heureux !), Our Mother the Mountain y gagne autant en authenticité et intemporalité. Townes nous propose ici une belle collection de chansons dont il est, encore une fois, le seul et unique responsable. Une réussite malgré, une fois de plus, des arrangements parfois douteux, la faute à un Townes trop confiant dans son producteur, mais la qualité des chansons rattrape facilement ce petit défaut.

CD 2:
- Townes Van Zandt (1970)
Insatisfait de la production et des arrangements de ses deux premiers albums studio, où trop d'ajouts variétisants avaient corrompu l'identité de sa musique, Townes réenregistre quelques unes des plus belles pièces de son premier album, For the Sake of the Song. Les 7 autres morceaux sont autant de preuves d'un artiste en complète possession de ses moyens et offrant une country folk intelligente et sensible que le dépouillement présent (mais pas encore tout à fait total) rend d'autant plus attractif.
- Delta Momma Blues (1971)
Contrairement à ce que son titre semblerait indiquer, Delta Momma Blues n'est pas un album de blues mais bien une nouvelle offrande country/folk de tout premier ordre. Suivant la logique du très réussi album éponyme l'ayant précédé, Delta Momma Blues reproduit une formule où la voix et les textes de Townes sont l'indéniable vedette. Une fois n'est pas coutume, toutes les compositions ne sont, cette fois, pas toutes signées du seul Van Zandt, un morceau traditionnel et une participation avec d'autres songwriters débutant en effet ici. Ca ne nuit nullement à l'exceptionnelle tenue d'un album indispensable.

CD 3:
- High, Low and In Between (1972)
Comme son prédécesseur et son successeur, High Low and In Between est un indispensable à qui apprécie la folk music. L'instrumentation, juste la viande sur l'os, soutient parfaitement le vague-à-l-âme de Townes. 11 compositions parfaites pour un album sans faille. Du grand Townes Van Zandt, un grand album tout court en vérité.
- The Late Great Townes Van Zandt (1972)
Doté d'un titre prémonitoire, Townes disparaissant quelques années de l'actualité discographique suite à ce long jeu, The Late Great Townes Van Zandt est une merveille de plus dans une suite d'album difficilement attaquables du magnifique texan. Second album de 1972 et seconde totale réussite, celui-ci a pour particularité d'être l'album de Townes pour lequel il écrivit le moins, 5 des 11 compositions venant d'autres auteurs ou étant seulement co-signées par Van Zandt et une, Sad Cinderella, étant un réenregistrement d'une ancienne chanson. Ca n'entame en rien le tour de force d'une country/folk sobre et belle.

CD 4 :
- Flyin' Shoes (1978)
La voix a baissé de quelques tons, les excès sont passés par là, Flyin' Shoes n'en est que plus émouvant. Ici Townes revient après cinq longues années de silence dues à ses multiples addictions et leurs malheureuses conséquences. L'écriture de Townes y est intacte, vibrante et précise comme à ses plus belles oeuvres et est, de plus, « bonussée » de ses nombreuses expériences. Un album vrai et beau qui fait d'autant plus regretter la décade silencieuse qui suivra.
- Titres bonus
4 excellentes outtakes de 1972/73 et 8 extraits du mythique live at the Old Quarter qui comporte dans son édition complète 27 chansons, les ajouts au coffret sont peu nombreux mais néanmoins recommandables. Les extraits donneront probablement envie de goûter au live dans sa version intégrale. Un amuse-bouche, en quelque sorte.

Loser magnifique, mauvais garçon chronique, chanteur et compositeur fin et passionné, Townes Van Zandt a tout d'un personnage de fiction (à quand le bio-pic ?). Cette collection, pour un faible coût, permettra à ceux qui ne connaissent pas encore cette mythique figure de combler une inexcusable lacune. L'ajout d'un livret de 36 pages avec un bel essai biographie augmenté de photographies et des pochettes des albums permettra de creuser plus avant l'histoire peu commune de ce grand oublié quand on en vient à évoquer les plus grands songwriters américains, dont il est, donc.

CD 1
- "For the Sake of the Song" (1968)
1. For the Sake of the Song 4:45
2. Tecumseh Valley 2:41
3. Many a Fine Lady 3:51
4. Quicksilver Daydreams of Maria 3:39
5. Waitin' Around to Die 2:23
6. I'll Be Here in the Morning 2:44
7. Sad Cinderella 4:40
8. The Velvet Voices 3:13
9. All Your Young Servants 2:57
10. Talkin' Karate Blues 3:05
11. Sixteen Summers, Fifteen Falls 2:36
- "Our Mother the Mountain" (1969)
12. Be Here to Love Me 2:36
13. Kathleen 2:45
14. She Came and She Touched Me 4:01
15. Like a Summer Thursday 3:02
16. Our Mother the Mountain 4:20
17. Second Lover's Song 2:14
18. St. John the Gambler 3:03
19. Tecumseh 4:53
20. Snake Mountain Blues 2:37
21. My Proud Mountains 5:02
22. Why She's Acting This Way 5:23

CD 2
- "Townes Van Zandt" (1970)
1. For the Sake of the Song 5:18
2. Columbine 2:30
3. Waitin' Around to Die 2:41
4. Don't Take It Too Bad 2:50
5. Colorado Girl 3:15
6. Lungs 2:25
7. I'll Be Here in the Morning 2:57
8. Fare Thee Well, Miss Carousel 5:17
9. Quicksilver Dreams of Maria 4:41
10. None But the Rain 2:23
- "Delta Momma Blues" (1971)
11. F.F.V. 3:32
12. Delta Momma Blues 3:56
13. Only Him or Me 2:27
14. Turnstyled, Junkpiled 3:20
15. Tower Song 4:07
16. Come Tomorrow 2:54
17. Brand New Companion 4:41
18. Where I Lead Me 2:47
19. Rake 4:01
20. Nothin' 2:46

CD 3
- "High, Low and In Between" (1972)
1. Two Hands 2:34
2. You Are Not Needed Now 4:15
3. Greensboro Woman 2:21
4. Highway Kind 2:15
5. Standin' 3:23
6. No Deal 3:13
7. To Live Is to Fly 3:15
8. When He Offers His Hand 3:00
9. Mr. Mudd and Mr. Gold 2:22
10. Blue Ridge Mountains 2:10
11. High, Low and in Between 3:13
- "The Late Great Townes Van Zandt" (1972)
12. No Lonesome Tune 4:20
13. Sad Cinderella 4:15
14. German Mustard (A Clapalong) 2:55
15. Don't Let the Sunshine Fool Ya' 2:26
16. Honky Tonkin' 3:43
17. Snow Don't Fall 2:42
18. Fraulein 2:43
19. Pancho and Lefty 3:40
20. If I Needed You 3:44
21. Silver Ships of Andilar 5:08
22. Heavenly Houseboat Blues 2:40

CD 4
- "Flyin' Shoes" (1978)
1. Loretta 3:50
2. No Place to Fall 3:29
3. Flyin' Shoes 4:23
4. Who Do You Love 4:00
5. When She Don't Need Me 3:11
6. Dollar Bill Blues 3:00
7. Rex's Blues 2:29
8. Pueblo Waltz 3:01
9. Brother Flower 2:55
10. Snake Song 2:35
- Studio Outtakes
11. The Spider Song 2:04
12. Upon My Soul 1:51
13. Buckskin Stallion Blues 2:57
14. At My Window 3:43
- Live Songs from 1973
15. Two Girls 3:48
16. Fraternity Blues 2:51
17. White Freight Liner Blues 3:11
18. Talking Thunderbird Blues 2:35
19. Nine Pound Hammer 3:10
20. Chauffeur's Blues 4:35
21. Cocaine Blues 3:17
22. Only Him or Me 2:32


V comme...
VEGAS "Vegas" (1992)
deux gars biens

Vegas, c'est un peu Eurythmics sans Annie Lennox. Vegas c'est aussi, surtout, la rencontre entre Dave Stewart et Terry Hall (The Specials, Fun Boy Three), un projet à la courte vie mais à l'album, souvent ignoré d'ailleurs, de fort belle facture, pas loin des plus belles exactions de chacun des deux compères de circonstance, en vérité.
Et donc, Vegas c'est un peu Eurythmics sans sa vocaliste soit une pop fourbissant ses armes sur des bases synthétiques et les dépassant souvent. Vegas c'est aussi, surtout, une collection de chansons de qualité par deux grands professionnels audiblement investis dans le projet, y insufflant leur savoir-faire, leur expérience et, bien sûr, leur talent. Et leur talent s'exprime, c'est le moins que l'on puisse dire à l'écoute des neuf compositions confectionnées pas la paire, et accessoirement de la reprise de She de Charles Aznavour qui demeure cependant plus anecdotique, et à laquelle on préfèrera la belle version d'Elvis Costello, que le matériau original qui fusionne avec intelligence et grâce le meilleur de la synthpop, une belle louche de reggae, une nécessaire dose de pop (parce que ces chansons restent en tête, indéniablement, et un soupçon de rock pour épicer le tout. Volontairement, on n'entrera pas trop dans le détail passé cette sommaire description afin de ne pas, trop, déflorer l'exquise surprise.
Bref, un sommet pour Stewart et Hall, ce qui n'est pas peu dire, une galette ô combien méconnue qu'on jubile à l'idée de faire découvrir à de nouvelles oreilles, Vegas, hélas l'unique album de cette fructueuse association, est, si vous arrivez à mettre la main dessus (ma copie est un import australien, c'est dire !), chaudement recommandé.

1. Possessed 4:51
2. Walk into the Wind 5:17
3. She's Alright 4:13
4. Take Me for What I Am 4:51
5. The Trouble with Lovers 5:25
6. Nothing Alas Alack 5:18
7. The Thought of You 3:39
8. Wise Guy 7:21
9. The Day It Rained Forever 4:46
10. She 3:11

avec
Terry Hall
Dave Stewart
Olle Romo
Manu Guiot


V comme...
VIRGIN PRUNES "Over the Rainbow (A Compilation Of Rarities 1980-1984)"  (1985)
Vive les Fous !

Si la bonne dose d'étrangeté figurant sur leurs albums ne vous suffisait pas, voici une compilation des irlandais déments des Virgin Prunes. Ca va loin !
Et tous azimuts ! D'ambient minimaliste à la Eno (Red Nettle, Mad Bird in the Wood, Jigsawmentallama, Greylight), d'étrangetés punk ou new wave déstructurées et angulaires (Twenty Tens, Moments 'N' Mine, White History Book, Faculties of a Broken Heart), de tribalisme post-punk déjanté (Pagan Lovesong Vibe - Akimbo), de contines post-apocalyptiques (Children Are Crying), de sautillantes chansons synthpop dévoyées (King of Junk), à de totales bizarreries (Happy Dead et ses presque 14 minutes où on se demande souvent où Gavin Friday & Cie vont, un Revenge de douleur), les Virgin Prunes ont indéniablement de l'imagination et une capacité à ne finalement ressembler à personne tout en produisant, à quelques exceptions rencontrées vers la fin de la présente sélection, une musique qui s'écoute avec le bonheur de découvrir un étrange animal dans son milieu d'origine, une jungle urbaine malfamée, peuplée de créatures de tous sexes et de toutes apparences, un cirque des monstres qui n'a rien à envier à celui de Browning.
Tout ça fait d'Over the Rainbow une addition bienvenue à la collection d'albums de ces irlandais pas comme les autres.

CD 1
1. Red Nettle 2:18
2. Twenty Tens 2:27
3. Pagan Lovesong Vibe - Akimbo 6:52
4. Moments 'N' Mine 4:27
5. Mad Bird In the Wood 4:20
6. Children Are Crying 5:12
7. Jigsawmentallama 6:20
8. King of Junk 2:50
9. War 2:06
10. Greylight 4:23

CD 2
1. White History Book 3:43
2. Faculties of a Broken Heart 5:05
3. In the Greylight 2:50
4. Happy Dead 13:41
5. Revenge 3:36
6. Third Secret 4:19
7. Love Lasts Forever 11:26

Gavin Friday - vocals
Guggi - vocals
Dave-id Busarus - vocals
Dik Evans - guitar
Strongman - bass
Mary D'Nellon - drums


V comme...
VISAGE "Visage"1981)
Traits seyants

Un haut fait new romantic/synthpop ?, avec de vraies stars en devenir dedans ? C'est Visage et son premier album éponyme !
En l'occurrence, mené par un Steve Strange quelque part entre Düsseldorf et Berlin, entre Kraftwerk et David Bowie, comprenant la participation de gens aussi recommandables que Midge Ure (futur Ultravox et également metteur en son de l'exercice), John McGeoch (ex-Magazine, futur P.I.L. mais surtout un extraordinaire guitariste), Dave Formula (ex-Magazine itou), Bill Currie (passé par Tubeway Army et évidemment Gary Numan) et Rusty Egan (alors ex-Rich Kids), mais aussi les apparitions de Barry Adamson (ex-Magazine et Luxuria, un garçon dont la carrière solitaire est chaudement conseillée) et Chris Payne et Cedric Shapley de chez une autre formation synthpop prometteuse, Dramatis, c'est du premier super-groupe du genre dont il s'agit.
Avec tant de talent réuni, pas étonnant que l'album soit le triomphe qui nous est offert. Evidemment, il y a l'imparable single, Fade to Grey, mais il n'est pas le majestueux arbre cachant la maigre forêt, simplement l'étendard, le maître-étalon des possibilités de la bande puisqu'on retrouve quasiment les mêmes qualités d'ambiance et de mélodie sur Blocks on Blocks ou Mind of a Toy, deux autres flamboyantes réussites d'électro-pop fin et frais. Mais si Visage sait faire rêver, voir ce qui précède, il sait aussi faire danser sur d'infectieux beats synthétiques ornés de synthétiseurs typiques mais pas toc (Visage, la chanson, The Dancer), amuser sur un hommage au grand Clint infusé d'influences western (Malpaso Man) ou réfléchir sur son hymne tabacophage (Tar), un si beau package qu'on oublie bien vite un instrumental final pas franchement affolant (The Steps).
Par la richesse de sa musique, par la qualité de sa production, par son côté si typique, si tellement de son temps, l'inaugural œuvre de Visage est devenu un classique de plein droit, ce n'est que mérité pour une si belle réussite, de celles qui permettront à l'auditeur débutant dans le style de savoir s'il vaut le coup d'aller plus avant parce que, francehment, si vous n'aimez pas Visage, c'est que la synthpop ne sera jamais votre affaire.

1. Visage 3:53
2. Blocks on Blocks 4:00
3. The Dancer 3:40
4. Tar 3:32
5. Fade to Grey 4:02
6. Malpaso Man 4:14
7. Mind of a Toy 4:28
8. Moon Over Moscow 4:00
9. Visa-age 4:20
10. The Steps 3:14

Steve Strange – lead vocals
Midge Ure – guitar, backing vocals, synthesizers
John McGeoch – guitar, backing vocals, saxophone
Dave Formula – synthesizer
Billy Currie – electric violin, synthesizer
Rusty Egan – drums, backing vocals, electronic percussion
&
Barry Adamson – bass guitar (1, 2, 4)
Chris Payne – synthesizer (5)
Cedric Sharpley – drums, electronic drums programming (5)
Brigitte Arens – voice (5)


V comme...
VOIVOD "Nothingface" (1989)
CyberAge

Ils avaient déjà transformé leur thrash metal punkoïde en créature progressive et spatiale sur leur précédent opus, l'impeccable Dimension Hätross. Cette fois, en un élan aussi libérateur que décisif, les québécois de Voivod abandonnent une bonne part de leur excès soniques pour commettre l'album qui reste, de l'avis général, leur plus belle réussite, Nothingface.
Mais Nothingface c'est, surtout, un album absolument, complètement unique, une sorte de maverick musical jamais entendu alors, plus jamais entendu depuis, un état de grâce compositionnel à peine croyable, une œuvre dont on ne peut même pas dire qu'elle fut particulièrement influente tant elle ne ressemble à rien ni à personne. Enfin, si, elle ressemble quand même un peu à ce que Voivod sortit précédemment mais, même là, il y a un monde de séparation entre les déchainements thrash progressifs de science-fiction et leur glorieuse succession.
De leur passé, Voivod on retenu un goût de la bizarrerie, d'une certaine énergie d'interprétation aussi parce que, clairement, les québécois ne sont pas venus pour amuser la galerie. C'est évident dès The Unknown Knows où, porté par les parties de guitares juste dissonantes ce qu'il faut de Denis d'Amour, soutenu par les  patterns atypiques d'une section rythmique au diapason, Denis Belanger, vocaliste revenu des cris primaux de sa jeune carrière, peut vocaliser les prémices de son concept "proto-Matrixien". Qu'y constate-t-on ? Que l'approche y est nettement plus mélodique et abordable une fois adapté à la façon dont Voivod fait les choses, à cet emballage rythmique conservant l'énergie de sa musique source pour l'apposer consciencieusement à ce nouvel univers, à ce chant froid et détaché crachant d'étranges paroles, à ces guitares tranchantes et uniques, un peu comme si un guitariste de jazz, sans préparation aucune, se voyait lancé dans le grand bain metallo-progressif, ça surprend !  Evidemment, on se doit de mentionner l'excellente reprise du Pink Floyd de Syd Barrett, cet Astronomy Domine qui semblait absolument destiné à intégrer le répertoire des québécois et qui, de fait, y trouve naturellement sa place devenant même un de ses étendards, c'est dire. Mais c'est tout l'album qui nous porte dans un monde différent où Voivod sait aussi bien envoyer le bois (le précité The Unknown Knows, l'excellente chanson titre, Nothingface, le paranoïde X-Ray Mirror, etc.) que ralentir l'allure, créer des ambiances plus planantes (la reprise du Floyd, bien sûr, mais aussi Missing Sequences ou Into My Hypercube) sans jamais se départir de son identité, de son absolue unicité.
Voilà, pour tout dire, la meilleure façon de savoir exactement de quel alien bois la galette est faite, il n'est pas de meilleure façon que de s'y confronter en se préparant, auparavant, au choc de l'écoute de quelque chose d'encore jamais entendu et, en vérité, d'excellent et de décisif dans la création d'un metal se détachant progressivement de ses racines blues pour créer un ailleurs ô combien attirant.

1. Intro 0:54
2. The Unknown Knows 5:01
3. Nothingface 4:14
4. Astronomy Domine 5:30
5. Missing Sequences 5:50
6. X-Ray Mirror 4:28
7. Inner Combustion 3:48
8. Pre-Ignition 5:12
9. Into My Hypercube 5:04
10. Sub-Effect 4:30

Jean-Yves Theriault - bass
Denis d'Amour - guitar
Michel Langevin - drums
Denis Belanger - vocals


MERCI !