samedi 29 août 2015

1995 par 12, 20 ans déjà !

1995 ? La création de l'Organisation Mondiale du Commerce, les essais nucléaires de Chirac, le Québec qui une fois de plus ne deviendra pas indépendant, la terre qui tremble à Kobe, l'inexorable progression des talibans en Afghanistan, déjà une grave crise politique en Thaïlande, bref, c'est pas la joie ! Mais, heureusement, il y a la musique et là, c'est d'un grand cru dont il s'agit avec un paquet d'albums devenus d'authentiques classiques qui ne sont d'aileurs pas tous présents, règle de l'album par mois oblige, dans une sélection pourtant déjà très riche. Enjoie !
 
JaNVieR
Leftfield "Leftism"
ou "Essential Intelligent Techno"

Leftfield est une des ces formations qui, au cœur des années 90, donna ses lettres de noblesses à une scène électronique alors en quête de devenir autre chose qu'une simple pourvoyeuse de musique à danser. Pas étonnant, d'ailleurs, de retrouver chez beaucoup de ces musiciens pionniers, d'Underworld à Prodigy ou Orbital et bien évidemment à Leftfield, des trublions naguère versés au binaire punkoïde et autres expérimentations blanches éloignées de quelque préoccupation secouante de dancefloors que ce soit...
Présentement, la musique du duo britannique nous entraîne dans une relecture spatiale d'influences souvent tribales, un futur des possibles. Ainsi, les nappes planantes, la richesse des sons produits, les beats endiablés et pluriethniques, les voix mixtes dans leur origine comme dans leur genre (dont Lydon ex-Rotten sur un Open Up référentiel ou le rastaman Earl Sixteen sur l'introductif Release the Pressure) sont autant d'éléments qui rendent Leftism spécial, spatial...incontournable ! Il y a de la mélodie, évidemment, puisque nous dépassons largement ici le cadre strict de la musique-à-danser. Et des expérimentations sonores qui raviront ceux qui écoutent le son en pointillistes bienheureux dans un univers hybride et métissée, porteur de nombreuses promesses hélas déçues par un second, et final album, Rhythm And Stealth, décevant sans être indigne mais il faut dire que la barre avait été placée si haut, trop sans doute, par ce tour de force originel. Et ça n'empêche aucunement de tripper sur la Sci-Fi World Music de Dailey et Barnes dans laquelle les plus téléphages s'apercevront sans doute aussi de l'intensif usage que les productions télévisées (qui, quand elles tiennent un filon renâclent toujours à l'abandonner) eurent de certains plages de l'album particulièrement cinématiques.
En vérité, ce cd, avec les années, je l'ai littéralement usé. Au point d'avoir dû le racheter... C'est vous dire si je l'aime ! Alors certes, j'en conviens, la musique électronique a beaucoup évoluée depuis conférant à Leftism une certaine patine rétro aisément justifiée par ses déjà 20 ans d'âge (comme le temps file !) parce que, c'est l'évidence !, un album de cette trempe ne vieillit pas, comme tout bon cru il prend de la bouteille ! Et comme, en tant que landmark de l'évolution d'une musique à danser vers une musique de salon intelligente, prospective et mélodique c'est un toujours un indéniable must have, il n'y a plus longtemps à hésiter pour vous le recommander ô combien chaudement !

1. Release the Pressure 7:39
2. Afro-Left 7:33
3. Melt 5:21
4. Song of Life 6:55
5. Original 6:22
6. Black Flute 3:46
7. Space Shanty 7:15
8. Inspection (Check One) 6:30
9. Storm 3000 5:44
10. Open Up 6:52
11. 21st Century Poem 5:42

Paul Daley, Neil Barnes – producers
Kevin Hayes – berimbau
Earl Sixteen, Cheshire Cat, Papa Dee, Djum Djum, Toni Halliday, Danny Red, John Lydon, Lemn Sissay – vocals

LEFTFIELD

FéVRieR
PJ Harvey "To Bring You My Love"
ou "PJ Top"

Après deux albums critiquement très bien reçu, PJ Harvey enchaine sur ce qu'il est désormais convenu d'appeler la référence de sa discographie, l'album d'une indéniable maturité, aussi, pour une jeune femme de 26 ans à l'organe évocateur et l'écriture en constante amélioration.
Et de plus en plus en contrôle des facultés que mère nature lui a donné, cette voix en particulier, cet organe puissant et habité, rauque et sensuel dont Polly-Jean fait un usage de plus en plus expertement fomenté. Pour ce faire, Mlle Harvey a restructuré l'équipe qui l'accompagnait, interrompu sa collaboration avec les deux membres de son trio, Robert Ellis et Stephen Vaughn, ceux-là même qui l'avait aidé à concevoir le post-blues cru et séminal de ses deux premiers opus, choisi un nouveau partenaire de jeu en la personne de John Parish (des obscurs new-waveux de Thieves Like Us, producteur et co-compositeur du très réussi Souljacker de Eels quelques années plus tard aussi) qui met en son et multi-instrumente sur l'album pour un œuvre nettement plus théâtrale et gothique que ses précédentes exactions et d'ailleurs dotée d'un riche casting de musiciens dévoués à sa cause allant jusqu'à des cordes émouvantes sur 3 titres.
Présentement, avec beaucoup de références bibliques dans ses textes mais toujours une préoccupation pour les rapports humains en général et amoureux en particulier, des mélodies beaucoup développées et des arrangements d'une préciosité inédite pour PJ, la petite anglaise du Dorset se rapproche de mondes souvent visités par l'australien Nick Cave ou l'obligatoire figure tutélaire de Tom Waits avec, cependant, une agressivité et un détachement directement hérités de son passé post-punk. En chansons, ça donne une collection inattaquable avec même quelques morceaux dotés d'authentiques hooks rendant l'expérience d'autant plus jouissive (Down by the Water, Meet Ze Monsta, Long Snake Moan, etc.) et d'autres plus éthérés et écorchés mais non moins réussis (To Bring You My Love, Teclo, The Dancer) et même une légèreté bien sentie (le folky Send His Love to Me).
Œuvre magistrale d'une compositrice et interprète en pleine possession de ses facultés et développement de son art, To Bring You My Love demeure l'un des absolus sommets du répertoire de PJ Harvey, une immense galette libre et souffreteuse qu'on n'aurait surtout pas voulu autrement.

1. To Bring You My Love 5:32
2. Meet Ze Monsta 3:29
3. Working for the Man 4:45
4. C'mon Billy 2:47
5. Teclo 4:57
6. Long Snake Moan 5:17
7. Down by the Water 3:14
8. I Think I'm a Mother 4:00
9. Send His Love to Me 4:20
10. The Dancer 4:06

PJ Harvey - vocals, guitar (1, 4, 5, 8), piano (5, 6), organ, vibraphone (1), marimba (9), bells (5), chimes (5), percussion (9)
John Parish - guitar (1, 2, 6, 9, 10), organ (6), drums (4-8, 10), percussion (1-4, 6, 7, 9, 10)
Joe Gore - guitar (2-4, 6, 7), e-bow (1)
Mick Harvey - bass (6), organ (9)
Jean-Marc Butty - drums (2), percussion (9)
Joe Dilworth - drums (3)
Pete Thomas - string arrangements
Sonia Slany - violin (4, 7, 9)
Jocelyn Pook - viola (4, 7, 9)
Jules Singleton - viola (4, 7, 9)
Sian Bell - cello (4, 7, 9)

P.J. HARVEY

MaRS
Faith No More "King for a Day... Fool for a Lifetime"
ou "Kings of Fools"

Tout juste sortis de deux triomphes commerciaux et artistiques successifs (The Real Thing et Angel Dust) c'est un Faith No More au leadership récemment ré-établi, Mike Patton ayant clairement pris le pouvoir depuis le précédent opus des san-franciscains, qui sort son 5ème long-jeu, le varié et très réussi King for a Day Fool for a Lifetime.
Comme d'habitude, Faith No More a pris son temps, 3 ans séparent le présent de son devancier, ce qui a permis à Mike Patton d'encore un peu se rapprocher de son nouvel ami John Zorn (avec qui il a déjà collaboré mais ce n'est qu'un début !) élargissant ainsi la palette des expérimentations que le vocaliste pense pouvoir instiller dans l'alterno-fusion metal d'un groupe dont il n'est pourtant pas un des fondateurs, c'est dire la personnalité du mec et l'intérêt que ses comparses trouvent dans sa nouvelle prolixité et polyvalence compositionnelle. Alors, bien-sûr, Mike ne fait pas tout tout seul ! Parce que Faith No More, un groupe qui crée dans le chaos comme l'admettent ses membres dans de nombreuses interview, est aussi un collectif, un collectif à l'effectif revu et corrigé, le guitariste Jim Martin, mécontent de la direction prise, a quitté le navire à la fin de la tournée Angel Dust (ou, ceci dit, en passant, il avait l'air de pas mal s'ennuyer). Et donc nouveau guitariste avec l'arrivée d'un pote de Mike, Trey Spruance, son compagnon dans Mr. Bungle qui ne dépassera pas le stade de l'enregistrement prenant peur à la vue des dantesques prévisions de tournées proposés au groupe par son management. Pour le reste, on prend les même et on recommence avec toujours l'excellente section rythmique formée par le besogneux bassiste Billy Gould (pas un monstre de technique mais un vrai sens de son rôle) et l'excellent batteur Mike Bordin (qui ira ensuite cachetonner chez Korn et Ozzy Osbourne), vrai moteur de l'énergie du quintet. Et comment ne pas citer Roddy Bottum, un claviériste reconnaissable entre mille, ce qui n'est pas courant à son instrument, parce que mélodiquement et techniquement unique (comme son pote bassiste pas le plus grand virtuose de l'univers, mais c'est compensé par sa rouerie et sa créativité).  Tout ça fait un groupe cohérent dont on attend, donc, beaucoup vu qu'il s'est imposé comme le leader d'une vague pré-Néo Metal qu'on qualifia alors d'alternative metal ou de metal fusion, ceci pour ceux qui s'intéressent à "l'art de la 'tiquette".
Et donc King for a Day, une pochette assez repoussante déjà mais avec eux, on a l'habitude parce que du cygne de celui d'avant à la torche du premier avec Patton, c'est pas vraiment l'extase picturale chez les californiens ! Enfin, comme on dit, "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse" et l'ivresse, mes aïeux, elle est bel et bien au rendez-vous. Une nouvelle ivresse parce que, passant de deux œuvres d'une grande cohérence musicale au beau foutoir ici présent, le simple rouge en écho au double blanc ?, Faith No More a audiblement décidé de s'amuser ! Et de laisser le rôle central à leur vocaliste qui, indéniablement, est le facteur le plus remarquable de chaque chanson de l'album. Parce que Mike ronronne, aboie, crie, hurle, hulule, croone, rocke, punke et plein de choses encore, parce que, sur chaque composition, ses vocalises constituent ce "petit" supplément qui fait d'un bon album un grand album ! Et qui dit performance hors norme de Patton dit, fatalement, un groupe s'adaptant, allant d'un metal rock punkoïde voire hardcorien (Get Out, The Gentle Art of Making Enemies, Cuckoo for Caca, Ugly in the Morning, Digging the Grave, What a Day) où l'inénarrable chanteur donne de son registre le plus jusqu'au-boutiste sans oublier de ménager quelques salutaires pauses mélodiques et une vraie personnalité à chaque performance évitant ainsi l'effet doublon, à une collection d'autres créations nettement plus nuancées d'un Ricochet presque progressif qui aurait pu être de la fournée précédente, d'un Evidence aux douces effluves soul, d'une fusion rock/jazz renforcée par une section de cuivres (Star A.D.), d'une soudaine inspiration bossa ô combien réjouissante et sensuelle (Caralho Voador), d'un Take This Bottle à l'americana tip top, d'un progressisme typiquement Faith-No-Morien allant de la caresse à l'uppercut (King for a Day avec une ligne de basse de la mort !), d'une fausse ballade tout en puissance et grâce (The Last to Know), au sommet de l'album, et dernier morceau aussi, ce machin soul prog metal, avec chœur gospel et intermède spatial qui a beau dire qu'il n'est qu'un homme (Just a Man !) il a tout d'un alien, d'un magnifique alien !
On peut comprendre que ça en ait perdus certains, ceux qui s'attendaient à un Angel Dust 2 surtout, plus dure fut la chute !, mais, franchement, l'album gagne à y revenir parce que, quelque soit le style de quelle que soit la chanson, c'est une collection d'une impeccable cohérence... mais uniquement qualitative, cette fois. Soyez curieux, venez visiter l'auberge espagnole de Faith No More, ce dantesque King for a Day...Fool for a Lifetime où chacun y trouvera son bonheur !

1. Get Out 2:17
2. Ricochet 4:28
3. Evidence 4:53
4. The Gentle Art of Making Enemies 3:28
5. Star A.D. 3:22
6. Cuckoo for Caca 3:41
7. Caralho Voador 4:01
8. Ugly in the Morning 3:06
9. Digging the Grave 3:04
10. Take This Bottle 4:59
11. King for a Day 6:35
12. What a Day 2:37
13. The Last to Know 4:27
14. Just a Man 5:35

Mike Bordin – drums
Roddy Bottum – keyboards, guitar
Billy Gould – bass guitar
Mike Patton – vocals
Trey Spruance – guitar

FAITH NO MORE

aVRiL
KMFDM "Nihil"
ou "Germains industrieux"

Bien avant Rammstein, il y avait KMDFM, le meilleur export industriel allemand. Le meilleur ? Parce qu'en plus d'être sérieusement méchant, la formation menée par Sasha Konietzko et En Esch s'y entend pour balancer des hooks bien fun et des compositions addictives.
Nihil, déjà le 7ème album des industreux germains, est celui de la consécration, celui ou l'EBM (electric-body-music), les gros riffs qui dépotent et les petits gimmicks mélodiques s'agglomèrent le plus efficacement, harmonieusement oserait-on si tout ça n'était pas un peu destiné à nous trépaner le cervelet. Comme le fait si bien le tube, le morceau qui, de toute évidence, apparaît comme le "morceau de proue", une plage emblématique de Nihil, une chanson qui exemplifie au mieux l'état des lieux du duo augmenté, je parle évidemment de l'hyper-addictif Juke Joint Jezebel, un tube à l'époque, une excellente chanson encore aujourd'hui où la fusion chœurs féminins, penchants métalliques et groove cybernétique démontrent que le fun peut aussi se trouver dans l'agression quand elle est suffisamment modérée et si intelligemment agencée.
Tout n'est pas aussi facile d'accès sur Nihil qui reste tout de même une œuvre assimilable au metal industriel et donc pas forcément du goût des âmes sensibles, mais aussi, surtout !, un album qui vous fera remuer du popotin dans un environnement où vous ne vous y attendiez pas forcément. Ils sont forts ces allemands !

1. Ultra 4:34
2. Juke Joint Jezebel 5:40
3. Flesh 5:02
4. Beast 5:06
5. Terror 4:50
6. Search & Destroy 3:26
7. Disobedience 4:43
8. Revolution 4:27
9. Brute 4:25
10. Trust/Nihil 6:48

Sascha Konietzko - synthesizers, vocals (1-7, 9-10), bass (6), drums (10), production, mixing
En Esch - vocals (1-3, 5-8), guitar (1, 3, 6), drums (6, 9), hi hat (2), cymbals (3), backing vocals (3, 5), harmonica (5)
Günter Schulz - guitars, vocals (2, 6), bass (5), pre-production
Raymond Watts - vocals (1-3, 5, 7, 9), bass (5), drum programming (5)
Mark Durante - steel guitar (1, 7), guitars (5, 7, 9)
&
Dorona Alberti - vocals (4, 8, 10)
Jim Christiansen - trombone (7)
Jennifer Ginsberg - vocals (2)
Jeff Olson - trumpet (7)
Bill Rieflin - drums (1, 3, 7)
Fritz Whitney - bari sax (7)

KMFDM

Mai
Teenage Fanclub "Grand Prix"
ou "Pop en Stock"

Il y en a qui ont le chic pour vous pondre de la pop évidente l'air de ne pas y toucher, c'est le cas des écossais de Teenage Fanclub et de leur 5ème album, l'épatant Grand Prix.
Pas qu'on n'en soit particulièrement surpris d'ailleurs, Blake, Love et McGinley nous ayant déjà fait le coup sur ses quatre précédentes livraison et plus précisément sur le presque parfait Bandwagonesque 4 ans plus tôt. Sauf qu'avant les chansons de Norman Blake paraissaient tellement au-dessus du lot de celles de ses deux comparses que Teenage Fanclub avait des allures de projet solo déguisé entouré de quelques fillers. Mais pas ici, pas sur cet opus où les cinq morceaux de Blake sont évidemment très réussis mais où celles attribuées à Gerard Love et Raymond McGinley (quatre chacun) n'ont pas à rougir de la comparaison.
Musicalement, pas de surprises, l'indie pop rock influencé par les Byrds, Badfinger ou Big Star, que des références éminemment recommandables, a été une fois de plus glorieusement reconduite à peine influencée par un changement de batteur le très professionnel Paul Quinn remplaçant le plus volatile Brendan O'Hare viré avec pertes et fracas. Avec des instrumentations chiadées, le renfort de cordes et de cuivres  tout sauf inutiles d'autant qu'ils sont utilisés avec parcimonie, une production claire et juste, la meilleure de la carrière du groupe, réalisée par le groupe et un certain David Bianco qui contribue aussi largement à la performance instrumentale, le quatuor a fait fort. Les meilleurs moments ? Tous mais encore plus le tout doux Mellow Doubt, ses graciles guitares acoustiques et harmonies délicates, le presque sautillant Verisimilitude, le piano rock soft et encordés de Tears, la typique byrderie pop de Say No, l'admirable exercice de power pop I'll Make It Clear et ses chœurs qui font mouche, juste quelques exemples d'une resplendissante galette de pop perçant la grisaille de Glasgow de quelques salutaires rayons de l'astre du jour.
Teenage Fanclub, toujours en activité si le dernier album commence sérieusement à dater (Shadows en 2010), est un des secrets les mieux gardés de la pop mondiale, une formation qui ne paye pas de mine mais à des trésors de mélodies à offrir, c'est vrai de tous leurs albums et donc forcément du meilleur d'entre eux, Grand Prix. 

1. About You 2:41
2. Sparky's Dream 3:17
3. Mellow Doubt 2:42
4. Don't Look Back 3:43
5. Verisimilitude 3:31
6. Neil Jung 4:48
7. Tears 2:43
8. Discolite 3:07
9. Say No 3:12
10. Going Places 4:28
11. I'll Make It Clear 2:33
12. I Gotta Know 3:27
13. Hardcore/Ballad 1:48

Norman Blake – vocals, guitar
Gerard Love – vocals, bass
Raymond McGinley – vocals, guitar
Paul Quinn – drums
&
David Bianco – occasional guitar, piano, vocals
Dinah Beamish – cello
Jules Singleton – violin
Sonia Slany – violin
Jocelyn Pook – viola
Nigel Hitchcock – alto saxophone
Steve Sidwell – trumpet
Jamie Talbot – tenor saxophone
Chris White – baritone saxophone
Dave Barker – handclaps
Chas Banks – handclaps
Jim Parsons – handclaps

TEENAGE FANCLUB

JuiN
The Chemical Brothers "Exit Planet Dust"
ou "Frères de Samples"

Un changement de nom contraint et forcé afin de se démarquer d'un duo de producteurs étatsunien déjà reconnu les menaçant d'une procédure (les Dust Brothers), un premier album poussant la logique du trip-hop dans ses ultimes retranchements électroniques, c'est le programme du tout premier opus de Chemical Brothers qui feront florès, Exil Planet Dust.
Parce que, reprenant le flambeau de ce qu'il était désormais convenu d'appeler l'Intelligent Techno, par opposition , évolution même, aux beat répétitifs aliénants qui l'avait précédée, les Chemical Brothers inventent leur nouveau genre à eux qui sera bien vite repris par quelques doués suiveurs tels que Fatboy Slim ou les Propellerheads, ce Big Beat qui porte si bien son nom avec ses beats lourds et dansants hérités à part égale de la house musique originelle et d'une rock attitude qui n'échappa à personne et ses nappes synthétiques souvent planantes en direct descendance du Trip-Hop bristolien.
La formule des frères de samples, Tom Rowlands et Ed Simons, d'une incroyable efficacité puisque reposant autant sur de vraies mélodies que des rythmes endiablés, n'est pas en soi révolutionnaire mais suffisamment distinctive, même d'équivalents passés finalement très proches, le Prodigy de Music for the Jilted Generation par exemple, pour durablement marquer les esprits des amateurs du genre et même percer sur un marché étatsunien jusqu'alors rétif à l'électronique d'Albion. C'est sûrement dans la simplicité d'une musique toute en hooks et en beats que réside la raison de ce tour de force, parce qu'avec des morceaux aussi accrocheurs et entêtants que Leave Home, In Dust We Trust, Chico's Groove ou One Too Many Mornings, quatre modèles distincts d'un même esprit vulgarisateur bienvenu, ces malins anglais font fort et ouvrent à un public néophyte les portes d'un paradis electronique qui, jusque-là, se refusait à eux. Il y a même d'authentiques chansons, de bonne chansons en plus, pour accrocher ceux qui ne n'apprécient pas la musique instrumentale pure et dure dont une ballade en clôture de l'opus, Alive Alone avec Beth Orton, qui achèvera de convaincre ceux qui doutaient encore que les Chemical Brothers étaient aussi pour eux.
In fine, première exploration en forme de collection des premières années du duo, certains enregistrements ont plus de deux ans au moment de la sortie de l'album, pratique tout sauf rare dans le monde de l'électro où les EPs pullulent, Exit Planet Dust est un album qui fit date, a excellemment bien vieilli et est donc, en toute logique, aussi recommandé aujourd'hui que le jour de sa délivrance au monde. Très forts ces Chemicals Brothers, et ça ne fait que commencer !

1. Leave Home 5:32
2. In Dust We Trust 5:17
3. Song to the Siren 3:16
4. Three Little Birdies Down Beats 5:38
5. Fuck Up Beats 1:25
6. Chemical Beats 4:50
7. Chico's Groove 4:48
8. One Too Many Mornings 4:13
9. Life Is Sweet (featuring Tim Burgess) 6:33
10. Playground for a Wedgeless Firm 2:31
11. Alive Alone (featuring Beth Orton) 5:16

Tom Rowlands - composer, producer
Ed Simons - composer, producer
&
Tim Burgess - vocals
Steve Jones - bass
Beth Orton - vocals
Seggs - bass

THE CHEMICAL BROTHERS

JuiLLeT
Foo Fighters "Foo Fighters"
ou "Premier Foo, première claque"

Nirvana disparu quand les dramatiques circonstances que l'on sait, il ne fallut pas bien longtemps pour que le sieur Grohl se remette au travail avec la création de son groupe à lui, les Foo Fighters, et un premier album éponyme où il fait tout ou presque, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, n'est-ce pas Dave ?
La raison de cet étonnant isolement créatif, pour un gars qui n'aime rien tant que de jouer en groupe, est simple, ces enregistrements, Dave les a réalisés très majoritairement chez lui, cathartique exercice de remise en question pour un instrumentiste autosuffisant (parce qu'en plus d'être un excellent batteur, la guitare, la basse et le chant font également partie de son arsenal). Stylistiquement, ceux qui s'attendent à quelque chose de larmoyant vu les circonstances particulières en seront pour leurs frais, la galette, enregistrée en une petite semaine en octobre 1994 avec le seul concours de Barrett Jones à la console et aux chœurs et l'Afghan Whigs en chef Greg Dulli à la guitare sur X-Static, est une belle démonstration d'énergie et d'électricité dans un registre qu'on pourra définir comme punk pop. La formule, pas trop éloignée de la légendaire formation à laquelle il a participé, en moins dépressif cependant, aura le mérite de ne pas perdre les nombreux fans se ruant sur l'exercice comme sur le potentiel ersatz qu'elle n'est heureusement pas. Parce que l'écriture de Grohl, sa voix aussi, se démarque suffisamment de celle du regretté Cobain, plus directe, plus les pieds sur terre que la tête dans les nuages, moins colérique aussi, elle est audiblement le travail d'un "bon gars" qui se remet aussi bien qu'il peut en faisant ce qu'il a toujours fait, et qu'il a fugitivement pensé à abandonner, de la musique ! De la bonne musique en plus, de bonnes chansons aux mélodies souvent accrocheuses (This Is a Call, Big Me, For All the Cows et Oh George en étant les plus évidents exemples), à l'énergie et la bonne humeur absolument communicative, aux bienvenues montées de sève comme aux salvatrices pauses électro-acoustique, tout ça faisant un album réussi de bout en bout.
Vous connaissez tous la suite, l'insolente réussite d'un Grohl qui sait s'entourer, choisir ses amis (Josh Homme et ses Reines du stoner par exemple) et mener sa petite barque à lui, ces Foo Fighters dont il demeure plus que jamais le leader maximus, grâce à un talent de plume et un capital sympathie jamais démentis. Normal pour une histoire qui a si bien commencé avec le présent éponyme toujours aussi recommandé.

1. This Is a Call 3:53
2. I'll Stick Around 3:52
3. Big Me 2:12
4. Alone + Easy Target 4:05
5. Good Grief 4:01
6. Floaty 4:30
7. Weenie Beenie 2:46
8. Oh, George 3:00
9. For All the Cows 3:30
10. X-Static 4:13
11. Wattershed 2:16
12. Exhausted 5:45

Dave Grohl – vocals, guitars, bass guitar, drums, production
&
Barrett Jones - backup vocals
Greg Dulli – guitar on "X-Static"

FOO FIGHTERS (Dave Grohl)

aoûT
Ben Harper "Fight for Your Mind"
ou "Body and Soul"

Ayant la lourde tâche de produire un successeur à un Welcome to the Cruel World qui l'avait imposé comme une révélation et un espoir pour l'avenir, Ben Harper ne change foncièrement pas mais élargit tout de même une palette déjà bien garnie sur un Fight for Your Mind resté dans les annales.
Resté dans les annales parce que les chansons y sont supérieures à la fois d'avant, où elle était pourtant déjà très réussies, resté dans les annales parce qu'en déployant un arsenal nettement plus diversifié, tirant parfois vers les jam-bands du type Phish ou Dave Matthews Band (en compagnie de qui il partagera souvent l'affiche, d'ailleurs) sur un épique God Fearing Man en particulier, mais aussi le reggae (Excuse Me Mr., où l'influence de l'idole Marley se fait sentir) et même carrément vers le metal originel de Black Sabbath (un Ground One Down habité de riffs titanesques). Ca ne veut pas, pour autant, dire qu'on y perd la patte Ben Harper, ce condensé de blues, de folk et de rock habité par la forte personnalité vocale et guitaristique d'un artiste hors du commun, bien au contraire !, Ben en sort renforcé que ce soit au niveau de son écriture (les excellentissimes Burn One Down, ode à la fumette, et Power of the Gospel, comme son nom l'indique) ou d'une crédibilité artistique décuplée.
Et voilà, tout ça nous fait un grand album roots mais pas conservateur pour autant, une collection de chansons d'une folle cohérence et d'une exquise qualité, peut-être le tout meilleur opus de Ben Harper dont la discographie ne manque pourtant pas de pépites (Burn to Shine, There Will Be a Light ou un Get Up! enregistré en compagnie du légendaire harmoniciste Charlie Musselwhite). Ca s'appelle un classique, à raison !, alors ne passez surtout pas à côté !

1. Oppression 2:58
2. Ground on Down 4:53
3. Another Lonely Day 3:43
4. Please Me Like You Want To 4:55
5. Gold to Me 5:00
6. Burn One Down 3:31
7. Excuse Me Mr. 5:24
8. People Lead 4:13
9. Fight for Your Mind 4:06
10. Give a Man a Home 3:35
11. By My Side 3:34
12. Power of the Gospel 6:02
13. God Fearing Man 11:49
14. One Road to Freedom 4:14
Bonus
15. Wicked Man 5:04
16. Not Fire Not Ice 3:38

Ben Harper - acoustic guitar, Vocals, weissenborn
Brett Banduci - viola
Danielle Charles - violin
Oliver Charles - drums
Bob "Stiv" Coke - tabla, tambourine, tamboura, sarod
Timothy Loo - cello
Leon Mobley - percussion
Juan Nelson - bass
Ervin Pope - organ, Hammond organ

BEN HARPER

SePTeMBRe
Blur "The Great Escape"
ou "L'échappée belle"

Vainqueur de la guerre des singles qui l'opposa à Oasis, leader incontesté d'une explosion britpop qui n'a pas fini de faire des remous, le Blur de The Great Escape, le quatrième album des londoniens, est une continuation absolument logique de celui qui, sur Parklife paru un an et demi plus tôt, les imposa comme une valeur sûre d'un art pas si simple à produire que ça, soit un opus glorieusement pop, d'une indéniable anglicité et lardé de chansons réussies.
Une fois encore produit par le fidèle Stephen Street, qui produira tous les albums de Blur à l'exception de 13 et Think Tank, deux album où la proverbiale légèreté instrumentale du quartet avait une très nette tendance à disparaître, The Great Escape ne réinvente donc pas le groupe, ce qui fut avec Moddern Life is Rubbish et l'éponyme successeur du présent, se contentant de remettre sur l'ouvrage la formule qui a si bien fonctionné le coup d'avant, d'en explorer les possibles aussi puisqu'il n'est aucunement question d'immobilisme, pour un résultat bluffant de classe.
Outre quatre singles particulièrement réussi (Country House, The Universal, Stereotypes et Charmless Man), c'est à une collection aussi diversifiée que réussie à laquelle nous avons affaire. Vous voulez du qui rocke comme il faut ? Parce que Blur sait aussi défourailler quelques guitares bien tranchantes comme vous aurez Charmless Man, Mr. Robinson's Quango et It Could Be You et Globe Alone, tous dans l'esprit pop du groupe mais, donc, dotés de six-cordes et d'un allant inhabituellement costauds pour le groupe à ce stade de sa carrière. Vous voulez de la pop plus que parfaite ? Vous aurez l'embarras du choix avec le sautillant Stereotypes, le n°1 qui a humilié Oasis (l'irrésistible Country House), un Charmless Man mutin et énergique, ou l'électro pop japonisante de Yuko and Hiro. Vous voulez de la belle ballade à faire mouiller les yeux ? Ne cherchez pas plus loin qu'un gracieux Best Days ou que la power ballad Burt-Bacharachisée The Universal. Un peu de bizarrerie en cerise sur le gâteau ? Elle est souvent à tous les étages, la contribution de Graham Coxon et de ses guitares différentes, mais encore plus sur un Fade Away en parade de l'impossible, un Ernold Sane tout en cordes baroques "spoken-wordisé" par le député du labour et futur maire de Londres Ken Livingstone, un Entertain Me à l'impeccable partie de basses volubile d'Alex James. Et tout ça danse (si tu ne bouges pas ton popotin sur Entertain Me ou Mr. Robinson's Quango, c'est que tu es mort !), rit, rêve, et nous avec ! En vérité, on reste baba devant la polyvalence de quatre petits gars (les deux multi-instrumentistes du groupe plus précisément, Damon Albarn et Graham Coxon) qui ne payent pas de mine mais on des trésors d'idées à dévoiler au monde, et ils ne s'en privent pas pour l'évident bénéfice de l'auditeur comblé qui a en plus pu jouer au jeu de piste en repérant les différentes excellentes influences du groupe (de XTC aux tutélaires Kinks en passant Scott Walker et même Ennio Morricone, pour ne citer qu'eux).
Parklife était déjà un triomphe, commercial aussi mais pas seulement, de l'humble avis de votre serviteur, un avis que tous ne partagent pas, The Great Escape est encore meilleur, une galette de pop multiple et maline dont, 20 ans après sa sortie, on ne se lasse toujours pas. Pour tout dire, l'opus n'est pas recommandé, il est ordonné, oui, rien que ça !

1. Stereotypes 3:10
2. Country House 3:57
3. Best Days 4:49
4. Charmless Man 3:34
5. Fade Away 4:19
6. Top Man 4:00
7. The Universal 3:58
8. Mr. Robinson's Quango 4:02
9. He Thought of Cars 4:15
10. It Could Be You 3:14
11. Ernold Same 2:07
12. Globe Alone 2:23
13. Dan Abnormal 3:24
14. Entertain Me 4:19
15. Yuko and Hiro 5:24
16. To the End (La Comédie) 6:40

Damon Albarn – vocals, piano, keyboards, organ, synthesizer, handclaps
Graham Coxon – electric and acoustic guitar, banjo, saxophone, backing vocals, handclaps
Alex James – bass guitar
Dave Rowntree – drums, percussion
&
Simon Clarke – saxophone
Tim Sanders – saxophone
J. Neil Sidwell – trombone
Roddy Lorimer – trumpet
Louise Fuller – violin
Richard Koster – violin
John Metcalfe – viola
Ivan McCermoy – cello
Ken Livingstone – narration on "Ernold Same"
Theresa Davis – backing vocals on "The Universal"
Angela Murrell – backing vocals on "The Universal"
Cathy Gillat – backing vocals on "Yuko and Hiro"
Françoise Hardy - vocals on "To the End (La Comédie)"

BLUR

oCToBRe
The Smashing Pumpkins "Mellon Collie and the Infinite Sadness"
ou "Les grandes ambitions"

Pour succéder à l'album qui les avait vu s'imposer comme un nom qui compte de la scène rock indépendante étatsunienne, Siamese Dream, Billy Corgan et ses Citrouilles Ecrasées n'ont pas fait les choses à moitié. Un double album, plus de deux heures, 28 chansons, c'est le programme de Mellon Collie and the Infinite Sadness, leur seulement troisième opus, diable !
Alors, évidemment, on peut douter de la viabilité de l'exercice, craindre un remplissage excessif comme c'est souvent le cas des album fleuves (voir le Use Your Illusion de Guns N' Roses pour l'exemple), envisager telle création comme un réel indice d'une "prise de melon" d'un groupe en pleine ascension populaire. Que nenni ! Bon, on ira pas dire que tout est d'une égale et essentielle qualité simplement parce que si rien n'y déçoit, certains morceaux sont un peu plus réussis que d'autres. Pour l'exemple, on citera l'extraordinaire Tonight Tonight (encore meilleur avec l'intro orchestrale qui donne son titre à l'album), d'agressives saillies rondement menées (Jellybelly et Zero, pour ne citer qu'elles), de la pop de chambre de qualité supérieure (Cupid de Locke), de l'acoustique intime et émouvant (Stumbleine), du qui flirte avec le hard et le prog des 70s (1979) mais le fait tellement bien que même les détracteurs du genre auront du mal à nier la réussite, du colérique et gracieux à la fois (Bullet with Butterfly Wings) et même des explorations vers des rivages synthétiques et éthérés encore inexplorés par le quatuor (We Only Come Out at Night).
Forcément, avec un album si long, et si diversifié aussi, parce que les Smashing Pumpkins y touchent à tout du grunge à la folk en passant par la pop, le punk et même le heavy metal, l'écoute peut prendre des allures de marathon et que certains auditeurs risquent de se heurter au fameux mur (si tu cours, tu sais, sinon, mais google donc !) et de ne donc pas pouvoir continuer plus loin, ces pauvres bougres ne sauront probablement jamais ce qu'ils ont manqué quand ceux qui réussirent à dépasser quelques instants moins en accord avec leurs goûts se rendront compte qu'il y ici du bon jusqu'au bout.
Indéniablement un des albums les plus marquants des années 90, Mellon Collie and the Infinite Sadness a, qui plus est, merveilleusement bien vieilli. Il n'en faut pas plus pour chaudement recommander l'absolu sommet de la discographie de ces séminales Citrouilles, un album d'une richesse dépassant l'entendement.

CD 1
1. Mellon Collie and the Infinite Sadness 2:52
2. Tonight, Tonight 4:14
3. Jellybelly 3:01
4. Zero 2:41
5. Here Is No Why 3:45
6. Bullet with Butterfly Wings 4:18
7. To Forgive 4:17
8. Fuck You (An Ode to No One) 4:51
9. Love 4:21
10. Cupid de Locke 2:50
11. Galapogos 4:47
12. Muzzle 3:44
13. Porcelina of the Vast Oceans 9:21
14. Take Me Down 2:52

CD 2
1. Where Boys Fear to Tread 4:22
2. Bodies 4:12
3. Thirty-Three 4:10
4. In the Arms of Sleep 4:12
5. 1979 4:25
6. Tales of a Scorched Earth 3:46
7. Thru the Eyes of Ruby 7:38
8. Stumbleine 2:54
9. X.Y.U. 7:07
10. We Only Come Out at Night 4:05
11. Beautiful 4:18
12. Lily (My One and Only) 3:31
13. By Starlight 4:48
14. Farewell and Goodnight 4:22

Jimmy Chamberlin – drums, vocals on "Farewell and Goodnight"
Billy Corgan – lead vocals, lead guitar, piano, mellotron, production, mixing, string arrangement on "Tonight, Tonight", art direction and design
James Iha – rhythm guitar; backing vocals, mixing, and additional production on "Take Me Down" and "Farewell and Goodnight"
D'arcy Wretzky – bass guitar, vocals on "Beautiful" and "Farewell and Goodnight"
&
Chicago Symphony Orchestra – orchestra in "Tonight, Tonight"
Greg Leisz – pedal and lap steel guitar on "Take Me Down"

THE SMASHING PUMPKINS

NoVeMBeR
Bruce Springsteen "The Ghost of Tom Joad"
ou "Chroniques d'une autre Amérique"

C'est l'album le plus politique de Bruce Springsteen, celui où il crache à la face du monde son désabusement combatif, celui qui est inspiré de Steinbeck et de l'actualité, The Ghost of Tom Joad.
Dans la forme, c'est un Springsteen d'une remarquable sobriété qui s'offre à nous, du genre qu'on n'avait plus entendu depuis Nebraska, c'est aussi le Springsteen le plus politique qui n'ait jamais été et un peu dépressif aussi. Les orchestrations à minima, à très forte dominante folk, quoiqu'une approximation de l'E Street Band le rejoigne sur cinq titres, la voix toute en retenue sont les principales qualités d'une galette en aucun cas racoleuse, pas fille de joie pour deux sous qui s'adressera surtout, parce que les paroles y ont une importance cardinale, à ceux pour qui la langue de Shakespeare n'est pas du chinois. Parce que Bruce semble avoir beaucoup plus misé sur ce qui lui tient vraiment à cœur, un contenu textuel fort, ce qu'il est indéniablement, que sur les mélodies ici atones comme jamais.
Le résultat ne s'écoute pas forcément tous les jours, disque recueilli et lourd de sens The Ghost of Tom Joad est de ces œuvres qu'on se passe et se repasse quand les circonstances sont justes, quand "l'envie" d'une plongée au noir dans une Amérique déliquescente se fait sentir, dans ces instants là, album aussi précieux que recommandé, il vous touche en plein cœur. Essentiel.

1. The Ghost of Tom Joad 4:23
2. Straight Time 3:25
3. Highway 29 3:39
4. Youngstown 3:52
5. Sinaloa Cowboys 3:51
6. The Line 5:14
7. Balboa Park 3:19
8. Dry Lightning 3:30
9. The New Timer 5:45
10. Across the Border 5:24
11. Galveston Bay 5:04
12. My Best Was Never Good Enough 2:00

Bruce Springsteen – guitar, keyboards, harmonica, vocals, Producer
&
Danny Federici – accordion, keyboards
Gary Mallaber – drums
Garry Tallent – bass
Jim Hanson – bass
Marty Rifkin - pedal steel guitar
Soozie Tyrell – violin, background vocals
Lisa Lowell - background vocals
Patti Scialfa – background vocals

BRUCE SPRINGSTEEN

DéCeMBRe
Cibo Matto "Cibo Matto"
ou "Oh! These Japanese Girls!"

Des japonaises émigrées à New York mariant indie rock et électronique, c'est le programme du tout premier mini-album de Yuka Honda et Miho Hatori plus connues sous le nom de Cibo Matto.
Et donc, compilant deux singles parus plus tôt dans l'an à des tirages très limités sur un premier 5 titres d'une petite quinzaine de minutes (c'est court !) Cibo Matto institue un son qui fera florès sur leurs deux parutions à venir, l'album Viva La Woman et l'EP Super Relax. Leur son ? Une voix post-adolescente (Miho Hatori), des samples et des claviers à gogo (Yuka Honda) pour un indie hip-hop addictif et efficace dont on retrouvera les traces, dans des versions différentes, sur les deux précités mais aussi une courte reprise du Black Hole Sun de Soundgarden en français (!) qui n'est lui disponible qu'ici. Encore un peu un "work in progress" à ce stade de leur carrière, la musique du duo a déjà tout son charme n'hésitant pas, ponctuellement, à expérimenter à la matière de leur nouveaux amis new-yorkais (l'ambient minimaliste de Crumbs) pour un résultat nettement plus abstrait que leurs habituels chansonnettes à danser pas idiot.
Tout ça ne fait pas de ce EP, désormais difficile à trouver, un essentiel, juste une jolie rareté réservée aux fans du duo bientôt quatuor (sur un second album, Stereo ★ Type A, comprenant le renfort de Sean Lennon et Timo Ellis en multi-instrumentistes de complément), puis duo (depuis la récente reformation et un joli Hotel Valentine).

1. Beef Jerky 2:25
2. Birthday Cake 3:11
3. Know Your Chicken 3:22
4. Black Hole Sun 2:15
5. Crumbs 4:14

Yuka Honda: sampler, sequencer, keyboard, piano, organ, synthesizer, harpsichord, backing vocals
Miho Hatori: lead vocals, percussion, acoustic guitar

CIBO MATTO


jeudi 27 août 2015

80s Hard Rock (10 ans, 10 albums... Volume 4/4)

C'est la fin, le quatrième et dernier volume d'une saga qui n'a pas dû plaire à tout le monde mais que je me suis bien amusé à concocter (souvenirs, souvenirs...). Voici donc 10 album pour encore les dix années des tant conspuées 80s, 10 raisons de plus d'aimer ou de haïr le hard rock. Enjoie !

1980
Thin Lizzy "Chinatown (Deluxe Edition)"
ou "New Lizzy"

Un nouveau changement de guitariste (out Gary Moore, in Snowy White), un changement de décennie et d'environnement musical à gérer, une succession ardue de l'album que tous ou presque considèrent comme leur magnum opus (Black Rose), le challenge que rencontre Chinatown, 10ème album du plus grand groupe irlandais de tous les temps (U2 ? dans leurs rêves !), n'est pas simple à relever.
D'autant que les abus de substances en tous genres commencent à se ressentir sur l'organisme (et donc l'organe) d'un Phil Lynott pas à proprement parlé au sommet de sa forme vocale, ni à celle de sa forme compositionnelle d'ailleurs, et celles non moins dramatiques de Scott Gorham qui, lui, s'en sortira mieux... Parce que si Chinatown n'est pas, loin s'en faut, un mauvais album, il a des airs de début de la fin dont on sait aujourd'hui qu'ils étaient révélateurs. Mais sur Chinatown il y a aussi les trois ultimes authentiques classiques de Thin Lizzy avec, dans l'ordre de la galette, Chinatown, Killer on the Loose et Genocide (the Killing of the Buffalo) ce qui n'est quand même pas rien, admettez. Et comme les autres titres de l'album, pas de vraie bombe mais pas de bouse intégrale non plus, font de Chinatown une collection de morceaux solides et très très écoutables, il n'est pas simple de se prononcer sur la place de l'opus dans le canon de l'œuvre des irlandais. Alors, bien sûr, il y a un automatisme dans ces compositions qui, totalement typiques de ce qu'on attend de Thin Lizzy, ne disposent pas de ce petit supplément d'âme, de cette qualité mélodique qui faisait précédemment la différence. Ce constat est parfaitement exemplifié par le morceau d'ouverture de l'album, We Will Be Strong, où, des riffs tranchants à un refrain accrocheur, sans oublier l'obligatoire duo de guitares à l'unisson, tout les "trucs" de Lynott & Cie sont reproduits sur une composition loin de l'indignité mais, in fine, peu enthousiasmante. Le schéma se reproduit tout du long des deux faces de la cire noire, à la notable exception des trois jalons précités, où, de Sweetheart à Sugar Blues en passant par Having a Good Time, Didn't I et Hey You toutes les nuances habituelles du répertoire des irlandais, même l'inclinaison celtique sur le mollasson Didn't I, sont au rendez-vous.
Mais donc, que manque-t'il à Chinatown ? L'inspiration ? Probablement. Un groupe mené par autre chose qu'une paire de junkie commençant à payer le prix de leurs abus ? Aussi. Mais, inévitablement, on pointera aussi la double absence d'un beau guitar-hero tel que Gary Moore mais aussi celle d'un Tony Visconti producteur émérite ayant si bien réussi sa collaboration avec Thin Lizzy de Bad Reputation à Black Rose (ceci comprenant l'historique Live and Dangerous) inférieurement remplacés par l'ex-doublure live de David Gilmour de Pink Floyd (Snowy) et un Kit Woolven précédemment ingénieur du son (sur Black Rose par exemple) se voyant promu chef de console pour la seconde fois suivant le Solo in Soho de Phil Lynott sorti un peu plus tôt la même année. En vérité, sans les trois compositions phares de la galette, il aurait été simple de la démettre comme un beau gâchis attribuable à mesdames Héroïne, Cocaïne ainsi que lady Guiness et ses amis, mais elles sont là prouvant que le talent ne se dissout pas si simplement et offrant matière à espérance aux fans, qui n'en manque jamais, c'est bien connu, dans leur amour aveugle pour leurs idoles.
Version Deluxe oblige, il y a ici tout un disque bonus pour prolonger l'expérience. On y retrouve moult live et enregistrements de soundcheck de la tournée, deux versions edit anecdotiques de deux des singles de l'album (We Will Be Strong et Chinatown) et la face B de Killer on the Loose, Don't Play Around, qui ne laissera pas d'impérissable souvenir. Pas exactement essentiel donc mais, avec de vraies bonnes chansons bien interprétées dedans (dont quelques classiques du répertoire), l'offrande devrait contenter les amateurs de la formation, c'est déjà ça.
Un album mi-figue mi-raison, un Deluxe plutôt moins excitant que la moyenne (moins que celui de Black Rose en tout cas), Chinatown n'est indéniablement pas un grand album mais s'écoute sans déplaisir avec, même, quelques beaux frissons. Ca en fait un opus avant tout recommandé aux fans quoique les curieux de passage y trouveront un groupe tout sauf incompétent parce que, fondamentalement, un Thin Lizzy même en sous-régime comme c'est le cas ici demeure le haut du pavé du hard'n'heavy.

CD 1 - Album
1. We Will Be Strong 5:11
2. Chinatown 4:43
3. Sweetheart 3:29
4. Sugar Blues 4:22
5. Killer on the Loose 3:55
6. Having a Good Time 4:38
7. Genocide (The Killing of the Buffalo) 5:06
8. Didn't I 4:28
9. Hey You 5:09

CD 2 - Bonus
1. Don't Play Around (B-side) 3:09
2. We Will Be Strong (Single version) 4:09
3. Sugar Blues (City Hall, Cork, 1980) 5:38
4. Whiskey in the Jar (City Hall, Cork, 1980) 5:47
5. Are You Ready (City Hall, Cork, 1980) 3:09
6. Chinatown (City Hall, Cork, 1980) 5:06
7. Got to Give It Up (RDS Hall, Dublin, 1980) 6:06
8. Dear Miss Lonely Hearts (RDS Hall, Dublin, 1980) 5:23
9. Killer on the Loose (Hammersmith Odeon, 1981) 5:39
10. Chinatown (Edited version) 3:39
11. Chinatown (Soundcheck, Cork, 1980) 4:50
12. Don't Play Around (Soundcheck, Hammersmith, 1980) 3:57
13. Sweetheart (Soundcheck, Hammersmith, 1980) 4:22
14. Didn't I (Soundcheck, Cork, 1980) 5:55
15. Hey You (Soundcheck, Cork, 1980) 6:46

Phil Lynott – bass guitar, keyboards, vocals
Scott Gorham – guitars, vocals
Snowy White – guitars, vocals
Brian Downey – drums, percussion
&
Darren Wharton
– keyboards, backing vocals
Midge Ure – keyboards, Vox organ
Tim Hinkley – electric piano
Fiachra Trench – string arrangement on "Didn't I"


THIN LIZZY

1981
April Wine "The Nature of the Beast (remastered)"
ou "Beautiful Beast"

Il y a des groupes qui vous éblouissent dès leur fracassants débuts, dès d'indépassables déclarations d'intention. Il y en a d'autre, comme les canadiens d'April Wine justement, qui, pas encore tout à fait finis sans doute, prennent leur temps pour arriver à maturation et accomplir leur plus vibrants méfaits.
Parce que franchement, des six premiers opus sorti entre 1971 et 1977, on ne conseillera que le petit miracule Stand Back (75), seul à sortir la tête d'un marasme rock'n'roll assez inoui. Mais tout ça, c'était avant 1978, avant un First Glance qui, peut-être parce que le premier à bénéficier de l'adjonction d'un guitariste et vocaliste supplémentaire (Brian Greenway), sonna le réveil d'une formation dont on n'attendait, en vérité, plus rien. La conséquence sur le son ? Plus de guitares bien-sûr !, des possibilités harmoniques étendues aussi, un tranchant nettement plus affuté enfin, la transformation du vilain petit canard en majestueux cygne blanc, en somme. Déjà confirmée 15 mois plus tôt par un Harder...Faster de compétition (I Like to Rock ! et une exceptionnelle reprise du 21st Century Schizoid Man de King Crimson), du hard rock plein de soleil et de bonne humeur, la parenthèse enchantée est validée et l'embellie entérinée sur le cru de janvier 1981, The Nature of the Beast
Parce que, quel album mes aïeux ! Le précédent avait mis la barre très haut, façon Sergei Bubka, icelui bat tous les records, à la Renaud Lavillenie. Métaphore sportive mise à part, c'est à un groupe au sommet de son art auquel nous avons affaire. Passé un petit rocker d'échauffement qu'on aurait aimé un poil plus enlevé, All Over Town, le quintet emballe la machine d'un hard rock encore franchement ancrée dans des 70s pas si éloignées où, de guitares propres, claires et tranchantes, de chœurs finement troussés, d'une virtuosité, aussi, qui a pour unique but de servir les chansons, tous les éléments "techniques" sont réunis pour une vraie belle réussite. Comme les compositions, d'un Telling Me Lies malin au refrain entêtant, d'un Sign of the Gypsy Queen et One More Time aux faux-airs de Thin Lizzy (ces doubles guitares !), d'une power ballad restant un des plus beaux exemples du genre (Just Between You and Me), de quelques rockers bien entrainants aussi (le court et efficace Wanna Rock, le rocker pour autoroute Big City Girls, l'inhabituellement nerveux Crash and Burn), au reste d'une sélection sans faux pas, sachant alterner douceur et force, vitesse et ralentissement pour un album aussi diablement bien construit qu'enthousiasmant.
Hélas, April Wine, perdant ce savant équilibre entre mélodies accrocheuses et rentre-dedans authentiquement rock'n'roll qui avait fait de lui une des plus belles formations de Hard Pop de la fin des années 70 et du début des années 80, s'enlisera ensuite dans un rock FM peu recommandable. Restent tout de même trois albums dont ce Nature of the Beast est l'indéniable joyau.

1. All Over Town 3:00
2. Tellin' Me Lies 2:59
3. Sign of the Gypsy Queen 4:16
4. Just Between You and Me 3:54
5. Wanna Rock 2:06
6. Caught in the Crossfire 3:33
7. Future Tense 4:07
8. Big City Girls 3:42
9. Crash and Burn 2:31
10. Bad Boys 3:10
11. One More Time 3:55

Myles Goodwyn – vocals, guitars, keyboards
Brian Greenway – vocals, guitars
Gary Moffet – guitars, background vocals
Steve Lang – bass, background vocals
Jerry Mercer – drums

APRIL WINE

1982
Barón Rojo "Volumen brutal (remastered)"
ou "Hot Sauce Ibérique"

En préambule, une précision, s'il existe une version anglophone de Volumen Brutal, qui aurait été concoctée avec l'assistance de Bruce Dickinson d'Iron Maiden, dit-on, on préfèrera la version originale, dans la langue de Cervantès donc, du second long-jeu des heavy rockers madrilènes de Barón Rojo parce que, voilà, cet bel animal hard'n'heavy ne s'exprime jamais aussi bien que dans sa langue natale.
Et donc Volumen Brutal, le titre déjà, et la pochette avec ce point clouté et perforant, en dit beaucoup sur les intentions batailleuses du quatuor de fiers ibères. Et ça pète d'entrée sur un Incomunicación qu'on décrirait volontiers comme une rencontre entre nos Trust à nous et l'énergie rock'n'rollesque d'un Saxon, une belle chevauchée bien menée par des instrumentistes compétents et un vocaliste, Carlos de Castro sur ce coup, trois des quatre membres se partageant le chant lead chez le Baron Rouge, agressif et bien burné. Plus hard rock traditionnel avec ses petits coups de slide et un chant un poil plus contenu, le bassiste Sherpa ici, Los Rockeros Van al Inferno est un peu moins enthousiasmant mais tient bien la route. Parce que, fondamentalement, Barón Rojo n'est jamais aussi bon que quand il glisse vers le heavy metal non sans retenir une façon de faire audiblement héritée des années 70 (le presque classic rock Dame la Oportunida, un Son Como Hormigas qui n'est pas sans rappeler Blue Öyster Cult, un bluesy Satánico Plan (Volumen Brutal) ou un théâtral Concierto Para Ellos aux évidents relents d'Uriah Heep ou un Hermano del Rock & Roll où on jurerait que Saxon veut jouer à Deep Purple) ou s'y lance carrément (Las Flores del Mal et l'instrumental El Barón Vuela Sobre Inglaterra qui ressemblent comme des frères aux compositions de l'Iron Maiden des deux premiers albums, Resistiré qui aurait presque des airs de Motörhead copulant avec Judas Priest)... Bref, que du bon !
Tout ça nous donne une galette qui agréera particulièrement aux goûts des traditionnalistes de la chose hard rock et heavy metal, un opus qui, dans un monde où l'anglophonie ne serait pas une obligation pour réussir, aurait depuis longtemps décroché sa place au Panthéon du genre. En vérité je vous le dis, Volumen Brutal est un immanquable et Barón Rojo l'égal des formations concurrentes les plus prestigieuses.

1. Incomunicación 3:38
2. Los Rockeros Van al infierno 4:15
3. Dame la Oportunidad 3:32
4. Son Como Hormigas 4:05
5. Las flores del Mal 4:51
6. Resistiré 5:01
7. Satánico Plan (Volumen Brutal) 4:10
8. Concierto Para Ellos 4:40
9. Hermano del Rock & Roll 3:21
10. El Barón Vuela Sobre Inglaterra 2:42

Armando de Castro - guitars, backing vocals, lead vocals (9)
Hermes Calabria - drums 
Sherpa - bass, backing vocals, lead vocals (2, 4, 6, 8)
Carlos de Castro - guitars, backing vocals, lead vocals (1, 3, 5 & 7)
&
Colin Towns
- keyboards (8)
Mel Collins  Saxophone (4)


BARON ROJO

1983
Molly Hatchet "No Guts...No Glory"
ou "Guts and Glory"

Certes, ce n'est pas le triomphe de deux albums débutants d'une immense classe sudiste (l'éponyme et Flirtin' with Disaster) mais ce n'est pas non plus la cagade des deux qui suivirent (Beatin' the Odds, tu parles !, Take No Prisoners, ils se sont tous enfuis !), albums en panne d'inspiration qu'on ne conseillera pas. No Guts...No Glory est le retour, en force si pas en forme optimale, d'un sextet d'outlaws patibulaires ayant enfin retrouvé la niaque de leur jeunes temps, un Molly Hatchet enfin retrouvé.
Peut-être est-ce le retour de Danny Joe Brown, qui avait tant fait défaut sur les deux précédents albums lui qui était parti s'essayer en solo et revient présentement au bercail, peut-être aussi est-ce cette nouvelle section rythmique remplaçant (dont l'ex-Mother's Finest BB Borden à la batterie) une doublette qui s'était pas mal usée au fur à mesure de quatre albums et moult tournées, toujours est-il que Molly Hatchet opère un salutaire retours aux sources sur cet ultime opus comprenant le trio de guitaristes originel. Enfin, retour aux sources, force est de constater que c'est surtout l'inspiration qui était en berne chez une bande de sudistes, les plus heavy du genre ou presque, paraissant incapable de changer son fusil d'épaule, de reluquer vers les charts en FMisant, comme tant de leurs comparses (Blackfoot, Point Blank, etc.), un style qui s'y prête pourtant. Pas de ça chez Molly Hatchet ! C'est de pur sudiste dont il s'agit avec force de cavalcades guitaristiques, d'influences ploucs assumées et de savoureuses inclinaisons bluesy. En chansons, si la galette n'atteint donc pas les sommets des deux premières saillies long-jeu du sextet, on trouve d'excellents morceaux qui deviendront des classiques des concerts du groupe (le sautillant Sweet Dixie, le tempéré et très réussi Fall of the Peacemakers et le costaud et bien troussé On the Prowl) entourés d'une solide sélection qui ne décevra pas les amateurs du genre tant elle répond à tous les prérequis incontournables du southern rock et qu'elle est impeccablement mise en son par un grand professionnel tel que Tom Werman.
Hélas, trois fois hélas, l'embellie sera de courte durée le groupe replongeant dans un marasme compositionnel qui ne s'éteindra qu'au nouveau du 3ème millénaire. Reste cet album, parenthèse enchantée, retour du diable vauvert ô combien recommandé.

1. What Does It Matter? 3:33
2. Ain't Even Close 4:35
3. Sweet Dixie 3:54
4. Fall of the Peacemakers 8:03
5. What's It Gonna Take? 3:59
6. Kinda Like Love 4:09
7. Under the Gun 3:54
8. On the Prowl 4:07
9. Both Sides 5:08

Danny Joe Brown - vocals
Dave Hlubek - guitar, assistant producer
Steve Holland - guitar
Duane Roland - guitar, assistant producer
Riff West - bass
Barry "B.B." Borden - drums
&
Dru Lombar
- guitar
Jai Winding - keyboards
John Galvin - keyboards

MOLLY HATCHET

1984
Helix "Walkin' the Razor's Edge (remastered)"
ou "Canadian Hair"

Les AC/DC du hair metal ? Y a de ça !
Helix sont canadiens, n'ont jamais eu le succès qu'ils méritaient et sont, alors, au sommet de leur "art". Oui, des guillemets à art parce que, c'est l'évidence, cette musique n'a d'autre prétention que de vous amuser avec es compositions accrocheuses, divertissantes.
Evidemment, tout ceci n'est pas bien sérieux mais là n'est visiblement pas le propos. Il suffit d'ailleurs d'examiner les thèmes de paroles d'une rare légèreté (les filles, le rock, basiquement) pour s'en convaincre. Et alors ? Y-a-t 'il du mal à se faire du bien ? Assurément pas. Surtout quand, comme sur ce délicieux Walkin' the Razor's Edge, l'affaire est aussi rondement menée avec, en tête de gondole, des titres aussi réussis que Rock You, When the Hammer Falls, Gimme Gimme Good Loving ou la power-ballad (Make Me Do) Anything You Want, autant de preuves qu'on peut faire du léger, du fun en diable tout en gardant une certaine légitimité hard-rockante.

Gimme an R (R!)
 O (O!)
 C (C!)
 K (K!)
 Whatcha got? (Rock!)
 And whatcha gonna do? (Rock you!)
... Et secouez vous chevelures, où ce qu'il en reste, au rythme d'un groupe qui ne vous veut que du bien, ce n'est pas plus compliqué que ça !

1. Rock You 2:51
2. Young & Wreckless 3:22
3. Animal House 2:57
4. Feel the Fire 3:13
5. When the Hammer Falls 3:02
6. Gimme Gimme Good Lovin' 3:25
7. My Kind of Rock 2:54
8. (Make Me Do) Anything You Want 4:07
9. Six Strings, Nine Lives 3:14
10. You Keep Me Rockin' 3:38
Bonus
11. Young & Wreckless (live) 3:25
12. Rock You (live) 4:14
13. Animal House (live) 3:32

Brian Vollmer - lead vocals
Brent "The Doctor" Doerner - guitars, vocals
Paul Hackman - guitars, vocals
Daryl Gray - bass guitar, vocals
Greg "Fritz" Hinz - drums
&
Spider Sinnaeve
- additional bass

HELIX

1985
Dokken "Under Lock and Key"
ou "Don et les Garçons Coiffeurs"

L'archétype de tout ce que l'on aime à détester dans le hair metal triomphant de "yuppiestes" années 80 ? On le retrouve chez Dokken ! Le chanteur vagissant, le guitar-hero qui joue trop vite, le bassiste monocorde (littéralement !) et le batteur d'autant plus tonitruant que, ce sont les eighties, quoi !, et ce look, haaaa, ce look, non mais vraiment, n'en jetez plus, la coupe est pleine !
Ou alors on aime le genre, on se délecte de son proverbial mauvais goût, de son indéniable bassesse du front, de son clinquant terriblement daté et se vautre avec un plaisir non-feint dans les exactions d'un quatuor passé maître dans l'art d'arranger les riffs pour les masses ricaines gavées de pop corn, de corn dogs et autres joyeusetés. Pas bien fin tout ça ? Indubitablement. Mais voilà, dans les bonnes circonstances, dans le bon mood, à la condition précitée aussi, ce que ces grands professionnels aux indéniables compétences savent produire de beaux frissons. Du hard rock bien riffu et accrocheur bien-sûr (Unchain the Night, Lightnin' Strikes Twice, Don't Lie to Me), du plus léger radiophonique aussi (The Hunter, In My Dreams, It's Not Love, Will the Sun Rise tous dotés de refrains éminemment mémorisables), de la power ballad larmoyante évidemment, en double dose ici (Slippin' Away, Jaded Heart) avant l'obligatoire emballage final où, forcément, le badaboumeur donne de la double et qui est, bof, pas le meilleur moment de  l'album parce qu'avec un vocaliste tel que Don Dokken, pas le plus puissant sur le marché (n'est pas Rob Halford qui veut), ça sonne, pas mal fait mais un peu forcé. Evidemment il y a moult soli tapageurs pour que George Lynch case son égo aussi gros que celui du patron (son groupe à lui s'appellera Lynch Mob, ça ne trompe pas !) alors que, dans l'ombre, c'est Jeff Pilson (crédité pour la basse, une des guitares, les claviers, des chœurs mais pas pour les arrangements, alors que...) qui fait tout le boulot !
Bref, dans le genre, Under Lock and Key est une réussite. Après, du fait que vous soyez ou pas réceptif à ce genre de bidule en dépendra votre appréciation mais, dans le genre, c'est un classique, d'une formation qui, ayant récolté un gros succès outre-Atlantique, n'a jamais vraiment pris le temps de venir voir ce qu'il se passait chez nous et reste donc relativement peu connue donc probablement une découverte pour beaucoup.

1. Unchain the Night 5:17
2. The Hunter 4:06
3. In My Dreams 4:18
4. Slippin' Away 3:46
5. Lightnin' Strikes Again 3:47
6. It's Not Love 5:01
7. Jaded Heart 4:13
8. Don't Lie to Me 3:38
9. Will the Sun Rise 4:09
10. Til the Livin' End 3:56

Don Dokken – lead vocals, guitar
George Lynch – guitar
Mick Brown – drums, background vocals
Jeff Pilson – bass, guitar, keyboards, background vocals

DOKKEN

1986
Europe "The Final Countdown (remastered)"
ou "The Final Triumph"

Pour beaucoup, Europe, c'est le maaaaal !, le prototype du hard FM clinquant et sans substance de mecs qui faisaient plus attention à leur précieuse chevelure et à leurs beaux habits qu'à ce qui importe le plus, la musique !
Mais alors, pourquoi cet énorme succès, pourquoi ce tube mondial, certes rapidement agaçant mais à la mélodie indéniablement entêtante ? Pourquoi celles salles de concert pleines d'un public enthousiaste, pourquoi une seconde chance laissée sur un album pourtant franchement raté (Out of This World) ? Parce qu'Europe n'est pas qu'une sorte de boys band du hard rock, pas une énième resucée d'une formule que la suède nous avait déjà vendue (Abba et cætera), parce qu'Europe, qui en est à son troisième album et un septennat d'existence, a eu le temps de perfectionner son approche, d'adjuster son line-up pour, finalement, se retrouver en 1986 avec le tube de la mort qui tue et l'album pour l'accompagner.
En l'occurrence, Joey Tempest, plus que jamais vocaliste et leader de la formation, y abandonne son rôle de claviériste occasionnel et de guitariste de complément, l'arrivée de Mic Michaeli en keyboard-man à plein temps (et choriste supplémentaire) le rendant caduque. Et puis il y a aussi un changement de batteur le limité Tony Reno cédant, contraint et forcé semble-t-il, sa place au bien meilleur (et qui peut en plus chanter) Ian Haugland précédemment aperçu chez le compatriote shredder Yngwie Malmsteen ou aux côtés du doomster de chez Candlemass, Leif Edling. Ajoutez à ça la présence à la console d'un vieux pro (Kevin Elson, connu pour sa collaboration régulière avec Journey) et la dotation du budget nécessaire à la réalisation de la galette et vous comprendrez qu'Europe et sa maison de disques ont réuni les conditions de l'exploit. A partir de là, parce que les chansons sont bonnes sur The Final Countdown, il suffisait d'une étincelle pour que ce produit idéalement de son époque enflamme les charts. C'est chose faite avec le single éponyme évoqué plus haut, du pur hard FM avec, osons !, un gimmick de claviers aussi entêtant qu'insupportable quand il a l'outrecuidance de venir se ficher en notre impuissant cervelet. Mais quelle efficacité, quel savoir-faire ! Et comme trois singles presque aussi efficaces suivront, un bon party rock accrocheur avec Rock the Night, une grosse ballade sirupeuse avec Carrie, et un rocker concerné (ha ! le génocide indien...) et bien troussé (Cherokee), que le reste de la galette (du gros hard rock à refrain FM avec Danger on the Track et On the Loose, du metal light avec le tranchant Ninja, du bon hard rock à beau solo du sous-estimé John Norum sur Time Has Come, et un ultime coup de hard FM bien troussé avec Love Chaser) s'écoute quand même très bien, et que la promotion de la bonne maison Epic, façon bulldozer mais terriblement efficace !, fit tout de même son petit effet, le succès fut au rendez-vous. Succès ? Triomphe plutôt ! Un classement dans le Top 10 un peu partout (même aux States ! même chez les angliches !), des albums écoulés par millions, une présence dans les hautes-rotations de l'alors tout puissant MTV, l'année de l'Europe !
Un ratage commercial et artistique plus tard (Prisoners in Paradise, 1991), la vague grunge ayant débarqué et rendu incroyablement désuet ce genre de feelgood pop metal, Europe se sépara ne laissant pas que de bons souvenirs. Rétrospectivement, The Final Countdown, so 80s !, est un classique de son temps, on a le droit d'adhérer ou pas mais les faits sont là.
 
1. The Final Countdown 5:12
2. Rock the Night 4:03
3. Carrie 4:30
4. Danger on the Track 3:45
5. Ninja 3:46
6. Cherokee 4:20
7. Time Has Come 4:01
8. Heart of Stone 3:46
9. On the Loose 3:08
10. Love Chaser 3:27
Bonus
11. The Final Countdown (live) 5:12
12. Danger on the Track (live) 3:59
13. Carrie (live) 4:40

Joey Tempest – vocals
John Norum – guitars, backing vocals
John Levén – bass guitar
Mic Michaeli – keyboards, backing vocals
Ian Haugland – drums, backing vocals

EUROPE

1987
Great White "Once Bitten... (UK Edition)"
ou "Les incompris"

Great White est un groupe de hard rock, ce qui veut dire que Great White n'est pas un groupe de hair metal malgré leur hâtive assimilation à la vague de metal pop maquillée qui prit d'assaut les charts (étatsuniens surtout) durant les années 80. De cette confusion première, parce que le groupe dû se plier aux dictats "esthétiques" de son époque, à ces clips point fins dont raffolait MTV, à ces looks de garçons coiffeurs aux choucroutes exubérantes qui leur allait si mal au teint parce que, fondamentalement, Great White est, répétons-le, un groupe de hard rock.
J'en veux pour preuve leur troisième long jeu, ici en version UK soit avec une tracklist encore plus classic rock que la version destinée au marché domestique, ce Once Bitten gorgé de... Hard Rock, évidemment (mais suivez, suivez donc !). Clarifions d'abord cette histoire d'éditions : entre le pressage américain (9 titres, que des originaux) et l'anglais (8 titres dont deux reprises), ça varie pas mal. En commun, tous les titres de la face A (1 à 4 pour le CD) et le seul Fast Road pour la face B, nous perdons donc 4 compositions du groupe (le bluesy Mistreater, le presque FM Never Change Heart, le rocker efficace On the Edge et la power ballad Save Your Love, que de bonnes compositions d'ailleurs) remplacées par une titre live (What Do You Do) une bonne reprise des Angels australiens (Face the Day) et une du Spencer Davis Group (Gimme Some Lovin'), trois titres présents sur le précédent opus du Grand Blanc, Shot in the Dark, alors indisponible chez Sa Gracieuse Majesté, ceci explique cela.
Est-ce qu'on gagne au change ? Oui et non... Oui parce que le meilleur de l'édition américaine (un recto très au-dessus de son verso) y est préservé, en particulier un supra-efficace et diablement bien construit Rock Me et un vrai bon single potentiel avec All Over Now. Non parce que, si les deux reprises, excellentes !, sont une addition bienvenue, le trop FMiné What Do You Do, un petit tube chez l'Oncle Sam, n'apporte rien et qu'au rayon rocker on aurait préféré On the Edge à un Fast Road qui est certes plus enlevé est tout de même moins marquant et trop metal pour ces, oui !, hard rockers purs et durs. Parce qu'avec un chanteur qui a le Robert Plant qui pousse en lui, Jack Russell, et un soliste du genre traditionnaliste, Mark Kendall, Great White n'est jamais aussi à son aise que quand il chasse sur les terres de Led Zeppelin, AC/DC, Humble Pie (autre influence déclarée du quintet) ou tout autre formation de rock à gros riff mais à jolies mélodies (oui, même pour les braillards alcooliques australiens !).
Assez difficile à dénicher aujourd'hui, d'autant que tous les albums de Great White se trouvent désormais aisément, ce Once Bitten made in U.K. tient plus de l'anecdote que de l'essentiel. Mais les chansons y sont bonnes, c'est tout de même l'essentiel et satisfera les amateurs de... de... Hard Rock !, bien-sûr.

1. Lady Red Light 4:55
2. Gonna Getcha 4:13
3. Rock Me 7:16
4. All Over Now 4:20
5. Fast Road 3:40
6. What Do You Do 4:14
7. Face the Day 7:04
8. Gimme Some Lovin' 3:47

Jack Russell - lead and backing vocals
Mark Kendall - lead guitar, backing vocals
Michael Lardie - guitar, keyboards, backing vocals
Lorne Black - bass
Audie Desbrow - drums

GREAT WHITE

1988
Magnum "Wings of Heaven"
ou "Magnum sans moustache"

Des anglais qui prog-hard-rockaient à la cool dans les septantes et qui, octantes venues, suivirent la voie de bien de leurs comdisciples choisirent vers un rock FM léché et léger. C'est, en peu de mots. ce qu'on pourrait dire de Magnum à la sortie d'un Wings of Heaven qui, digne successeur du déjà très radiophonique Vigilante, poursuit une œuvre de grand-publicité discutable.
Pas qu'ils le fassent mal, notez, en bons professionnels Bob Catley et Tony Clarkin, l'un chanteur de toujours, l'autre guitariste et compositeur exclusif d'une formation dont il est à l'initiative, savent pondre des mélodies qui, même accommodées en rock FM vaguement hard, conservent un certain impact. Simplement que, quelques années plus tôt d'un toujours recommandé Kingdom of Madness (1978) à un très correct On a Storyteller's Night (1983), quand de justes ambitions progressives et quelques guitares plus acérées venaient compléter le tableau d'un rock mélodique et racé, c'était tellement mieux.
Enfin, O tempora, o mores !, ce n'était plus la donne de 1987 et d'un tout de même fort agréable Wings of Heaven. Parce qu'il y a quelques très bons moments dans cette mer de nappes synthétiques, de guitares compressées, de batterie pleine d'écho (ha ! les 80s !), à commencer par le fort bien troussé Days of No Trust, du rock FM, certes, mais avec une mélodie qui fonctionne, des claviers pas trop envahissants des guitares discrètes mais présentes et un chanteur taillé pour le rock mélodique qui apporte une vraie légitimité à ce mid-tempo réussi. Wild Swan ensuite qui rappelle, sur un hard rock vaguement inspiré de Led Zeppelin, que Magnum sait aussi durcir le ton, fut il un poil émasculé par une production bien lisse. Looking for Love aussi, archétype de la power ballad 80s avec refrain qui pète juste ce qu'il faut (avec un chœur gospel et tout !) et claviers kitchs, c'est un peu idiot mais ça fonctionne bien. Don't Wake the Lion (Too Old to Die Young) enfin qui, épopée de l'album avec ses dix minutes et demie, rappelle que le rock progressif fait aussi parti de la panoplie du combo fut-il englué dans un maniérisme AOR un peu envahissant. Le reste de la galette, les quatre morceaux les plus courts, tiens donc !, ne mérite guère droit de citer, du remplissage qui, heureusement, s'écoute sans déplaisir, sans enthousiasme non plus.
Tout ça ne fait évidemment pas de Wings of Heaven un grand album, pas même un très bon album, une œuvre correcte, une demi-réussite, d'un groupe dont les ambitions commerciales vinrent, il faut le dire, pourrir la musique. Recommandé ? Aux amateurs de rock FM lambda, aux fans de Magnum... et aux indécrottables curieux, bien-sûr !

1. Days of No Trust 5:23
2. Wild Swan 6:15
3. Start Talking Love 3:36
4. One Step Away 4:39
5. It Must Have Been Love 5:16
6. Different Worlds 4:39
7. Pray for the Day 3:45
8. Don't Wake the Lion (Too Old To Die Young) 10:34

Bob Catley — vocals
Tony Clarkin – guitar
Wally Lowe – bass guitar
Mark Stanway – keyboards
Mickey Barker – drums
&
Attie Bauw
– Fairlight rogrammer
The London Gospel Choir – backing vocals on "It Must Have Been Love"
Max Werner – backing vocals on "Different Worlds"

MAGNUM

1989
Blue Murder "Blue Murder"
ou "Bluesnake"

Parti/jeté d'un Whitesnake où il voulait, sérieusement !, continuer sans l'essentiel David Coverdale celui-ci étant indisponible suite à une opération des cordes vocales (profiter d'un malade... mal ça !), l'ex-Tygers of Pan Tang et Thin Lizzy John Sykes mit un certain temps à se remettre de la caravane multi-platinée qu'il avait manqué (l'éponyme de 1987 de Whitesnake et ses 8 millions de copies écoulées outre-Atlantique). Sans vraiment de surprise, quand vint le temps de tout de même se relancer, celui qui avait largement contribué à la genèse du triomphe précité sans en récolter les lauriers suivit exactement la route sur laquelle il avait orienté son ex-patron, celle d'un gros hard rock à l'américaine supplémenté de soupçons de blues.
S'entourant de deux grands professionnels (le batteur Carmine Appice de chez Vanilla Fudge, Cactus, Beck Bogert & Appice, etc. et le bassiste Tony Franklin entendu chez Roy Harper, The Firm et Jimmy Page) Sykes se réinvente en chanteur/guitariste/auteur/compositeur, seul maître à bord ou presque d'un Blue Murder symptomatique de ses folles ambitions. La variable d'ajustement stylistique par rapport au Whitesnake made in America ? Une virtuosité accrue, une voix moins gorgée de soul aussi, n'est pas Coverdale qui veut, mais tout à fait correcte, Sykes est un vocaliste plus qu'honorable. Sinon ? En neuf morceaux et 52 minutes, monsieur Sykes démontre qu'il en a encore dans le carafon et sait toujours pondre du gros hard rock mélodique ou de riffs bien trouvés, du travail texturant de ses autres parties rythmiques aussi, de soli évidemment finement ciselés, le tout supporté par des chansons de qualité et une section basse/batterie qui sait faire et vous obtenez... Bluesnake, pardont Blue Murder. Parce qu'il y a plus qu'un cousinage entre l'entreprise du blond guitariste et celle de son ex-patron, c'est évident sur quelques solides mid-tempo d'ouverture, Riot, ou celui qui donne son titre au groupe et à l'album, Blue Murder, mais encore plus sur un Sex Child, un Valley of the Kings ou un Ptolemy d'inspiration péri-zeppelinienne comme l'était, au hasard, Still of the Night, ou sur un Jelly Roll bluesy en diable. Et que dire du registre de la power ballad que John manie exactement comme il l'avait faire à David comme on l'entend sur Out of Love ?
Tout ça nous fait un album qui, forcément, ravira ceux qui apprécient la version Sykes la plus américanisée de Whitesnake, et plus généralement tous les amateurs de hard rock des années 80 et une formation prometteuse qui, comme tant d'autres se verra emportée par le tsunami grunge qui n'allait plus tarder à déferler. Un second album dispensable avec de nouveaux partenaires sera suivi d'une dissolution d'un projet qui nous aura tout de même laissé un bel album, ce qui n'est déjà pas si mal.

1. Riot 6:22
2. Sex Child 5:51
3. Valley of the Kings 7:51
4. Jelly Roll 4:44
5. Blue Murder 4:54
6. Out of Love 6:44
7. Billy 4:12
8. Ptolemy 6:30
9. Black-Hearted Woman 4:48

John Sykes - Guitars, lead vocals
Tony Franklin - Bass, backing vocals
Carmine Appice - Drums, backing vocals
&
Nik Green
- Keyboards

BLUE MURDER