dimanche 30 novembre 2014

What's new! (Zorn inside!)

De la nouveauté, rien que de la nouveauté ! Mais pas de la nouveauté lambda, pas du tout venant qui s'écoute sur les ondes de France et de Navarre, non !, de l'exceptionnel, de l'événementiel, du barré ! En route !

DeRNièRe LuNe
John Zorn/Moonchild "The Last Judgment"
ou "Final en beauté"

Moonchild c'est fini !, voilà, c'est dit, les amateurs d'Art-Jazz-Core mystique et déjanté devront dorénavant chercher ailleurs leurs frissons musicaux. Mais quel parcours, 7 albums, comprenant le présent The Last Judgment, suite instrumentale et thématique de son prédécesseur, Templars: in Secret Blood puisque cette fois encore dédié à la légende des Templiers.
On y retrouve donc, en toute logique, exactement la formation de 2012 soit le trio de base de la formation; Patton à la voix, Baron à la batterie et Dunn à la basse, augmenté de l'excellent John Medeski à l'orgue; pour un résultat forcément musicalement cousin, frère même avec sa construction en montagnes russes alternant calme théâtralité et psychotiques déluges électroacoustiques en neuf chapitres s'enchainant en une unique pièce conceptuelle, tel un opéra post-apocalyptique. Surpenant ? Sans doute pas mais un satisfaisant opus quoiqu'il en soit parce que des mélodies, nombreuses et inspirées, aux ambiances, réussies et prenantes, c'est tout le charme radical d'une formation d'exception qu'on retrouve, une dernière fois.
Si Ipsissimus restera à jamais la création la plus aboutie de John Zorn pour Moonchild, retournez-y vous ne serez pas déçus, ce Dernier Jugement ne dépare pas dans l'impeccable collection et constitue, ultimement, une fin en presque apothéose d'un projet que, nul doute, on regrettera.

1. Tria Prima 3:28
2. Trinity 5:22
3. Resurrection 4:20
4. Le Tombeau de Jaques de Molay 4:24
5. Sleepy Hollow 2:41
6. Friday the 13th 3:44
7. Misericordia 5:50
8. Incant John 4:28
9. Slipway 6:19

Mike Patton - voice
John Medeski - organ
Trevor Dunn - bass
Joey Baron - drums
&
John Zorn
- composition, direction, production

Moonchild (sans Zorn)

L'iMPRoBaBLe ReNCoNTRe
Scott Walker + Sunn O))) "Soused" (2014)
ou "Duos d'étranges"

Sur le papier on pouvait craindre le pire comme espérer le meilleur. Pensez, la rencontre d'un ex-pop singer passé à l'avant-garde et une formation s'étant fait connaître pour son drone metal sans concession, Scott Walker et Sunn O))), un beau duo d'étranges !
Indubitablement, si on reconnaît régulièrement les drones de Greg Anderson et Stephen O'Malley, textures électriques à l'assumée monotonie héritées des plus ancestrales musiques monacales moyenâgeuses, c'est le ténébreux sexagénaire américain qui domine la galette. Ce qui n'est que logique sachant qu'il en est le compositeur, parolier, arrangeur, producteur, bien assisté par  Mark Warman et Peter Walsh et, donc, les deux de Sun O))) qui sont tout de même plus que de simples musiciens de complément.
Concrètement, ce sont cinq longues plages maladives, suites logiques des explorations musicales de Walker depuis Tilt, qui nous sont proposées. Rien qui ne surprendra les observateurs attentifs de la seconde carrière de Scott, largement de quoi déstabiliser les afficionados des "droneux", plus habitués à un ambient metal tout en fuzz qu'à ces cascades déconstruites. Ceci dit, et c'est peut-être LA surprise de Soused, l'apport du plus extrême des deux, sur le papier au moins, amène une étonnante tempérance à l'art du premier. Il faut dire aussi qu'avec une équipe resserrée, comparativement aux castings imposants de ses précédentes créations, l'album tend à une ascèse à laquelle monsieur Engel (le vrai nom de Walker) ne nous avait jamais habitué, même dans la phase pop de sa (jeune) carrière aux mélodramatiques élans toujours aussi recommandés.
En découle un album pas exactement agréable, ce n'est jamais le but que ce soit pour Walker ou Sun O))) qui, pour le coup, se sont bien trouvés, mais indéniablement plus accessible que ne le fut aucun album de Scott depuis Climate of Hunter. On n'a évidemment toujours pas affaire à des chansons dans le sens classique du terme, et chaque pièce sera mieux considérée comme un mouvement d'un opéra électroacoustique moderne qu'une offre compatible aux ondes radiophoniques où la beauté, souvent, perce la carapace d'ombres angoissantes.
En un mot comme en mille ? Pas facile mais ultimement recommandé !

1. Brando 8:42
2. Herod 2014 11:59
3. Bull 9:21
4. Fetish 9:08
5. Lullaby 9:22

Greg Anderson (Sunn O)))) – guitar, Moog synthesizer
Stephen O'Malley (Sunn O)))) – guitar, Moog synthesizer, feedback, bass, sleeve design, type
Scott Walker – vocals, production, composer, drum programming, mixing
&
Mark Warman - audio manipulation, drum programming, electronic treatments, keyboards, musical director, orchestration, shaker
Peter Walsh - audio manipulation, drum programming, effects, electronic treatments, keyboards, mastering, mixing, producer
Tos Nieuwenhuizen - guitar, introduction, Moog synthesizer
Dot Allison - vocals
Guy Barker - trumpet
G'ast Bouschet - trumpet
Andy Findon - keyboards
Ian Thomas - drums
Sam Walsh - vocals

Sunn O))) et Scott Walker (casquetté)

iL TiNTe eNCoRe !
Gong "I See You" (2014)
ou "Freak Forever!"

Une énième version du plus rigolo des groupes de rock progressif ? Et pourquoi pas !, tant que Daevid Allen est vivant et vibrant, créant encore et toujours, on ne boude pas son plaisir. Et donc, 5 années déjà après le très réussi rassemblement de 2032 (avec Steve Hillage, Didier Malherbe, Miquette Giraudy et Gilli Smyth !), ils sont de retour, Gong !, rien de moins !
Enfin, le retour de Gong... Le retour de Daevid Allen accompagné d'une toute nouvelle équipe où seuls Orlando "Fils-à-Papa" Allen, batteur de son état, et Fabio Golfetti, co-guitariste soliste de l'exercice avec l'ex-Cardiacs et Guapo Kavus Tobabi, avaient déjà fait de précédentes apparitions dans la folie du vieux Daevid, 76 printemps et une imagination intacte.
De fait, on n'a aucune difficulté à rapprocher ce Gong là d'antérieures folies proggo-psyché-spatiales, tant mieux ! Parce que ce Gong ci, toujours autant pris de folie douce et de climats trippo-compatibles, est ultimement inchangé mené qu'il est par la personnalité forte d'un leader sachant s'entourer pour pérenniser son aventure au-delà des incessants changements de personnel, pour habiter de sa voix de vieil alien immédiatement reconnaissable des compositions pleines d'une fantaisie et d'une légèreté à peine updatée d'une approche un poil plus moderne, au moins dans le son, que celles de glorieuses septantes (Ha ! You ! Ha ! Flying Teapot ! Ha ! Camembert Electrique, etc.). Alors certes, les sommets du passé sont inatteignables, distants d'années et de substances désormais remisées mais, franchement, ça tient le choc... Ca le fait ! Des exemples ? L'espèce de comptine introductive déjà, I See You qui donne aussi son titre à l'album, une mélodie simplette certes mais si addictivement démente ! Occupy, qui suit directement avec son gros riff sax/guitare à la (RedKing Crimson et ses décrochages plus légers mais pas moins jazzy. When God Shakes Hands with the Devil où la voix douce-dingue d'Allen, des guitares malines et, surtout !, une flûte baladeuse du plus bel effet font merveilles. The Eternal Wheel Spins où des guitares à la Hillage ne gâchent pas un psychédélisme spatial pas loin de leurs potes de folie d'Hawkwind. Etc., parce que chaque composition, sans jamais tout à fait, donc, égaler le glorieux passé, propose son lot de délicieuses surprises et la preuve que l'âge n'est pas forcément un handicap dans la création de fraiches possibilités, de nouvelles pistes, d'imaginatifs développements.
Réalistement, vu le grand âge de l'irremplaçable maître de cérémonie, I See You sera peut-être le dernier album de Gong, du vrai Gong ! Si tel était le cas, ce qu'on ne souhaite évidemment pas, ce serait vraiment un final en beauté, et en folie aussi ! Pour le moment, c'est uniquement un nouveau chapitre dans la saga protéiforme et passionnante d'une formation dont on ne conseillera jamais trop de se pencher tant sur les grandes heures que sur de récentes aventures valant largement le coup. Dont ce délicieux I See You, donc, vous l'aurez compris.

1. I See You 3:33
2. Occupy 2:54
3. When God Shakes Hands with the Devil 5:40
4. The Eternal Wheel Spins 7:04
5. Syllabub 4:32
6. This Revolution 3:50
7. You See Me 2:40
8. Zion My T-shirt 6:18
9. Pixielation 4:42
10. A Brew of Special Tea 1:22
11. Thank You 10:35
12. Shakti Yoni & Dingo Virgin 9:30

Orlando Allen - drums, vocals (4)
Dave Sturt - bass & computer samples
Kavus Tobabi - neoprog smart guitar
Fabio Golfetti - guitars
Ian East - sax, flute
Daevid Allen - gliss guitar and vocals
&
Gilli Smyth
- sprinkled space whisper
Mark Robson - keyboards (11)

Gong (mais pas le bon line-up)

ô! CaNaDa
Devin Townsend Project/Ziltoid "" (2014)
ou "Double jeu"

Deux albums pour le prix d'un, deux de ses formations pour deux faces d'un même concept, c'est le programme de la cuvée 2014 du canadien Devin Townsend, un gars qui a beaucoup plu avant de quelque peu se perdre dans la multiplication des albums et sous-identités... Pour des fortunes diverses si la qualité n'en était jamais absente.
Or donc, le zigoto rassemble deux albums et deux projets sous la même bannière. Sans doute justifie-t-il l'étrangeté par quelque conceptuelle astuce. Plus pragmatiquement, en ces périodes où les ventes physiques de musique déclinent semble-t-il irrémédiablement, avec deux albums pour (à peine plus que) le prix d'un, c'est une idée plutôt maline d'écouler sa créativité bouillonnante, et une bonne affaire pour l'auditeur/acheteur ce qui ne nuit pas.
Concrètement, nous avons donc affaire à un album du Devin Townsend Project, Sky Blue, et d'un de Ziltoid, Dark Matters, soit deux faces, ombre et lumière, d'une tumultueuse personnalité. Au Devin Townsend Project la proposition d'un metal moderne, racé et mélodique, à Ziltoid celle d'un metal barbare, "science-fictionesque"  et rigolard. Présentement, Sky Blue s'y présente comme la création la moins cohérente du DTP, mais peut-être, du coup, sa plus enthousiasmante parce que, couvrant toujours le spectre d'un metal péri-progressif construit en strates soniques additionnées il propose en plus une plus grande variété que les précédentes offrandes de la formation, et pas mal de chansons mémorables dans une galette fondamentalement sans faux-pas. CD 1, ok, validé, with flying colours comme on dit. Dark Matters, le Ziltoid donc, est une autre histoire. Si l'ambition musicale y est intacte, le setting, l'approche sci-fi post-adolescente pourra déplaire à ceux qui pensent que la musique, c'est sérieux quoi. Si ce n'est pas votre cas et que vous appréciez d'être bringuebalé à coups de chorales spatiales, de riffs lours, de synthés rétro-futuristes et de l'imagination cartoonesque du maître de cérémonie, vous serez servis et bien servis pas le successeur de Ziltoid the Omniscient qui, sans tout à fait reproduire l'exploit de son prédécesseur, offrira suffisamment de grain à moudre aux grand-enfants qu'ils sont. CD 2, ok, validé itou.
Et d'admirer le retour en force de Devin et d'espérer qu'il continue de prendre (un peu) son temps pour nous offrir de ces savoureuses bizarreries dont il s'est fait la spécialité. Et  ? Recommandé aux amateurs de bon metal créatif, tout simplement.













CD 1:
Sky Blue
1. Rejoice 4:16
2. Fallout 4:30
3. Midnight Sun 4:58
4. A New Reign 4:52
5. Universal Flame 4:39
6. Warrior 3:31
7. Sky Blue 3:52
8. Silent Militia 4:28
9. Rain City 7:45
10. Forever 3:45
11. Before We Die 8:24
12. The Ones Who Love 1:32













CD 2:
Dark Matters
1. Z² 3:59
2. From Sleep Awake 3:00
3. Ziltoidian Empire 6:26
4. War Princess 8:18
5. Deathray 4:43
6. March of the Poozers 6:25
7. Wandering Eye 3:41
8. Earth 7:39
9. Ziltoid Goes Home 6:20
10. Through the Wormhole 3:44
11. Dimension Z 6:13

Devin Townsend – vocals, guitars, keyboards, programming
Dave Young – guitars, keyboards
Brian Waddell – bass
Ryan Van Poederooyen – drums
Mike St-Jean – keyboards, programming
Morgan Ågren – additional percussion
Kat Epple – flute
Anneke van Giersbergen – vocals
Chris Jericho – vocals (as "Captain Spectacular")
Dominique Lenore Persi – vocals (as "War Princess")
Mark Cimino – vocals (as "Poozer")
Chris Devitt – vocals (as "Planet Smasher")
Bill Courage – narrator
Marina Bennett – additional voices
Adyson King - voices on "Warrior"
Maria Werner & Jazz-A-Faire - voices on "" (as "excited women on Earth")
Randy Slaugh – orchestrations, string arranging
Florian Magnus Maier – orchestrations
Eric Severinson – choir and orchestra conducting, additional voices
Prague Philharmonic Orchestra – orchestra
The audience at Utrecht Tivoli, August 5th 2014 – backing vocals on "" and "March of the Poozers"
Universal Choir – additional vocals on "Before We Die", "" and "Dimension Z"

Devin Townsend (yarp!)

TRiBuT'aRTiSTiQue
Nguyên Lê with Michael Gibbs & NDR Bigband "Celebrating The Dark Side of the Moon" (2014)
ou "Jazz Floyd"

Alors que ce qui reste de Pink Floyd se vautre dans le revivalisme le plus commercialement intéressé revisitant de vieilles bandes en un douteux hommage à leur décédé claviériste, il est encore des instrumentistes qui font vivre la musique référentielle que nous connaissons tous. Voici Nguyên Lê et son tribute au légendaire Dark Side of the Moon, une célébration, comme son titre l'indique, une vraie !
On y trouve une relecture respectant son sujet sans oublier cependant de prendre quelques libertés, de pousser l'enveloppe d'une partition connue par cœur. Et il fallait oser !, oser transcrire une pièce ô combien révérée pour big band, gonflé ! Alors, certes, on ne niera pas l'opportunité calendaire qu'a su saisir le label ACT en commissionnant la création dudit tribute - en même temps que le piteux The Endless River et l'anniversaire du demi-siècle de la formation honorée - mais c'est, fondamentalement, d'Art dont il s'agit, et d'une exceptionnelle mais finalement pas surprenante réussite. Pas surprenante parce que Nguyen Lê n'en est pas à ses premiers faits d'armes lui qui a déjà hommagé, et bien !, Jimi Hendrix, Led Zeppelin, les Beatles ou Bob Marley et sait donc transformer, s'approprier le matériau d'autrui avec brio. Pas surprenante parce que NDR Bigband , l'orchestre jazz de la radio/télévision publique du même nom, est un bel ensemble de professionnels accomplis bien dirigé par un chef talentueux, Jörg Achim Keller, et doté de solistes de qualité, on citera Christof Lauer dont les explorations saxophoniques libres enluminent Time de nouveaux atours ô combien attrayants.
Y reconnaît-on l'œuvre originelle de Pink Floyd ?  Oui. Triturée, déconstruite, reconstruite, manipulée mais toujours mélodiquement vivace et même, et là est peut-être le réel tour de force de la galette, dans les interludes originaux augmentant la tracklist canonique que créa Nguyên  Lê pour l'occasion, c'est fort, et qui plus est souvent fun. Les fans s'y retrouveront-ils ? Ceux ayant un minimum le goût de la chose jazz et l'oreille aventureuse certainement, les intégristes, zélotes de la chose floydienne plus difficilement, forcément, quoique l'emballage technique et émotionnel du guitariste/leader ne devrait pas les laisser indifférents, pas plus que la performance, c'est le mot !, de la vocaliste sud-coréenne Youn Sun Nah en parfaite adéquation avec l'excellence de l'ensemble.
En l'espèce, dans un domaine différent mais avec d'égales volontés transformatrices, Celebrating the Dark Side of the Moon égale le désormais culte Dub Side of the Moon d'Easy-Star All Stars. C'est un compliment et une façon comme une autre de vous dire à quel point le fait est haut et chaudement recommandé. Bravo !

1. Speak to Me 1:56
2. Inspire 2:54
3. Breathe 2:33
4. On the Run 2:41
5. Time 9:51
6. Magic 2:20
7. Hear This Whispering 2:01
8. Great Gig in the Sky 2:16
9. Gotta Go Sometime 3:14
10. Money 6:12
11. Us and Them 7:51
12. Purple or Blue 2:53
13. Any Colour You Like 5:17
14. Brain Damage 4:13
15. Eclipse 2:34

Nguyên Lê - electric guitar, electronics
Youn Sun Nah - vocals
Gary Husband - drums
Jürgen Attig - electric fretless bass
&
NDR Bigband

Conductor: Jörg Achim Keller
Trumpets: Thorsten Benkenstein , Benny Brown , Ingolf Burkhardt , Claus Stötter (solo on 12) & Reiner Winterschladen
Saxophones/reeds: Fiete Felsch (alto & flute/solo on 11), Peter Bolte (alto & flute), Christof Lauer (tenor & soprano/solo on 4), Lutz Büchner (tenor & soprano/solo on 14), Sebastian Gille (tenor & soprano), Marcus Bartelt (baritone & bass clarinet)
Trombones: Dan Gottshall , Klaus Heidenreich , Stefan Lottermann , Ingo Lahme (tuba & bass trombone)
Percussion: Marcio Doctor
Piano & synths: Vladyslav Sendecki (solo on 8)

Nguyên Lê et Youn Sun Nah

vendredi 28 novembre 2014

Bobbie from the South

Après Emilie, Bobbie. Le Zornophage revient sur les dames de classe, qui s'en plaindra. Et donc voici, recyclés de l'Année du Dragon (souvenirs, souvenirs) les trois cd édités par le label australien Raven, une intégrale ou presque de Miss Gentry, youpi !

Bobbie Gentry "Ode to Billie Joe/Touch 'Em With Love" (2008)
ou "Ca commence"

Si on pourra questionner la raison qui fit rapprocher ces deux albums distants de 3 années et séparés par 3 autres long-jeux au label australien Raven, il faut se réjouir d'enfin en trouver une édition cd digne de ce nom.
Le premier des deux albums, Ode to Billie Joe, est évidemment connu pour sa chanson titre (le titre le plus connu de Bobbie) dont les nombreuses reprises (de Joe Dassin à Sinead O'Connor) assurent encore aujourd'hui une renommée - souvent indirecte - à une artiste ayant tiré sa révérence après une courte carrière (même pas 5 ans et tout de même 6 album dont un en duo avec Glen Campbell). En l'occurrence, la musique de Bobbie, navigant librement entre country, folk, rock, blues, jazz, soul, et middle of the road typique des late 60s, est quasiment sans équivalent à son époque. Déjà parce que Mlle Gentry, dont la musique semble vouloir accrocher les charts, est compositrice et auteure en plus d'être interprète, ensuite parce que, même quand la plus grande facilité mélodique se fait jour, une exigence artistique de tous les instants et des arrangements au cordeau emportent aisément le morceau.
Et puis il y a la voix de Bobbie, ce voile qui lui rajoute tant et sa capacité à coller à chaque registre avec un égal bonheur. Et ça vaut aussi pour la seconde partie de ce double set, Touch `Em With Love (encore un petit cran au dessus de son illustre voisin, album d'une rare variété et d'une excellente tenue de bout en bout... Peut-être le meilleur de Bobbie Gentry, ce qui n'est pas peu dire ! Et comme si ça ne suffisait pas (alors que si, on s'en serait contenté), Raven a rajouté 7 ( !) titres bonus dont une seule facilement trouvable ailleurs (sur l'album avec Glen Campbell déjà évoqué)... Royal !
Si certaines compilations donnent une bonne idée de l'étendue de la palette d'une artiste aujourd'hui trop peu rarement citée quand on en vient à évoquer les grandes dames du passé, cette rencontre de deux de ses plus beaux albums les remplacera avantageusement permettant, qui plus est, par son petit livret biographique, de plonger encore plus avant dans l'histoire peu banale d'une artiste qui ne l'était pas moins. Manquent toutefois les paroles pour que cette édition soit parfaite, étant entendu que, musicalement, elle l'est déjà.

- Ode to Billie Joe (1967)
1. Mississippi Delta 3:06
2. I Saw an Angel Die 2:58
3. Chickasaw County Child 2:47
4. Sunday Best 2:45
5. Niki Hoeky 2:47
6. Papa, Won't You Let Me Go to Town with You 2:34
7. Bugs 2:09
8. Hurry, Tuesday Child 3:55
9. Lazy Willie 2:42
10. Ode to Billie Joe 4:15
- Touch 'Em With Love (1969)
11. Touch 'Em with Love 2:03
12. Greyhound Goin' Somewhere 2:23
13. Natural to Be Gone 2:21
14. Seasons Come, Seasons Go 2:50
15. Glory Hallelujah, How They'll Sing 2:35
16. I Wouldn't Be Surprised 3:24
17. Son of a Preacher Man 2:06
18. Where's the Playground, Johnny 2:32
19. I'll Never Fall in Love Again 2:52
20. You've Made Me So Very Happy 3:19
- Bonus Tracks
21. Scarlet Ribbons 2:39
22. The Girl from Cincinnati 3:32
23. You and Me Together 4:00
24. Let It Be Me (With Glenn Campbell) 2:07
25. All I Have to Do Is Dream (With Glenn Campbell) 2:34
26. Walk Right Back (With Glenn Campbell) 2:19
27. En Todas Partes (Here, There and Everywhere) 2:18


Bobbie Gentry "The Delta Sweete/Local Gentry" (2006)
ou "2/3"

Dans la foule des chanteuses s'embarquant dans la mouvance folk/country/pop à la fin des années 60, Bobbie Gentry a un statut bien à part simplement parce qu'en plus d'être une interprète de qualité elle est aussi une fine plume qui sait, mieux qu'à son tour, trousser une chanson.
Sur son tout premier album ça avait donné - entre autres choses - un Ode to Billy Joe toujours solidement ancré dans l'inconscient collectif, on a vu (entendu) bien pire... C'était en 1967 et la suite directe (ces deux albums parus l'année suivante) ne vient pas démentir cette réputation méritée. Le style est toujours le même - une country folk travaillée pour dépasser les clivages - et on ne s'en plaindra pas. De fait, on est souvent étonnamment proche d'un autre artiste : Lee Hazlewood. Les deux partagent le même amour d'un second degré malin, et d'arrangements mariant allègrement une base country folk et des tentations loungesques (cuivres, cordes, etc.) du plus bel effet. Il faut aussi vanter les mérites de la gouaille `gentrienne' et son ton flegmatique et détaché, car oui, la miss s'y entend à merveille pour conter ses petites histoires autant que pour reprendre celles des autres et les faire siennes (et c'est heureux car trois reprises des Beatles sur les 11 titres de Local Gentry, on approche de l'overdose).
En définitive, ce sont deux albums de grande qualité que nous tenons ici - même si Delta Sweete mène clairement la danse - compilées à l'initiative du label australien Raven Records et bonussées pour l'occasion de trois pistes dignes d'intérêt. Que du bonheur (et l'amer regret d'avoir vu une artiste si talentueuse se retirer après quatre petites années de carrière seulement) !

- The Delta Sweete (1968)
1. Okolona River Bottom Band 2:57
2. Big Boss Man 3:00
3. Reunion 2:37
4. Parchman Farm Blues 3:11
5. Mornin' Glory 3:10
6. Sermon 2:36
7. Tobacco Road 2:49
8. Penduli Pendulum 1:57
9. Jessye 'Lisabeth 3:02
10. Refractions 2:30
11. Louisiana Man 2:42
12. Courtyard 2:59
- Local Gentry (1968)
13. Sweete Peony 2:29
14. Casket Vignette 2:35
15. Come Away Melinda 3:25
16. The Fool on the Hill 3:49
17. Papa's Medicine Show 3:51
18. Ace Insurance Man 3:33
19. Recollection 2:11
20. Sittin' Pretty 3:24
21. Eleanor Rigby 2:32
22. Peaceful 2:53
23. Here, There and Everywhere 2:31
- Titres bonus
24. Stormy 3:30
25. Skip Along Sam 2:40
26. Away in a Manger 2:37


Bobbie Gentry "Patchwork/Fancy" (2007)
ou "This is the end"

Des trois sets rééditant les albums de Bobbie Gentry, celui-ci est sans aucun doute le moins essentiel. Y sont proposés les deux derniers albums de la belle avant qu'elle ne disparaisse irrémédiablement de la scène musicale pour ne plus jamais y reparaitre... à tout juste 27 ans !
Les deux albums ici regroupés (Fancy de 1970 Patchwork de 1971) sont, contrairement à ce qu'on avait pu constater des deux autres références du catalogue, proposés dans l'ordre chronologique. Côté son, rien à dire, le travail a été fait et bien fait, c'est donc un remaster de qualité qui nous est proposé avec ses indispensables notes de pochette. Du bon boulot, vraiment. Au passage, on se doit de remercier le label australien Raven de son aeuvre de réédition du catalogue de Miss Gentry étant donné qu'il est le seul à s'y être collé. Merci, donc.
Côté musique, c'est une histoire plus nuancée, inégale. Patchwork, qui ouvre le bal, n'est pas forcément l'album qu'on aurait attendu de Miss Gentry à ce point de sa carrière. Le plus easy-listenning des (vrais) albums de sa courte discographie, c'est un album qui sent le compromis avec des arrangements « middle of the road » qui voient sa country/folk/pop trop souvent empesée de fioritures inutiles ce qui est d'autant plus rageant que le potentiel compositionnel était bien là. Ceci dit, la voix, au voile si sensuel, est toujours présente et si l'album est une relative déception comparé aux précédentes aeuvres de la dame, par lui-même, il se tient plutôt bien, possède quelques très jolies compositions et s'écoute avec perplexité, certes, mais sans déplaisir aucun. A vrai dire, s'il n'y avait ces quelques fautes de goût, il tutoierait le meilleur de Bobbie, ce qui n'est pas rien.
Suit, Fancy, ultime enregistrement longue durée de Gentry qui, quasi-intégralement rempli de compositions d'autrui, est définitivement un album à part dans la carrière de Bobbie. Si le morceau titre, et seule piste signée de son interprète rappelant son désormais standard (Ode to Billie Joe), n'est pas une surprise et fonctionne admirablement le reste est plus inégal. Déjà parce qu'on y sent Bobbie nettement moins à son aise que sur ses propres compositions ensuite parce qu'encore une fois des arrangements « over the top » (imputables au producteur, Rich Hall) s'y déploient sans qu'on en ressente bien la nécessité. De fait, la mayonnaise ne prend que rarement et généralement sur les morceaux les plus épurés et roots (le Rainmaker de Harry Nillson est un bon exemple) nettement moins, au pif, sur les deux reprises de Burt Bacharach (I'll Never Fall in Love Again et Raindrops Keep Falling on My Head).
Pas essentiel (quoique Patchwork, dans ses kitschs exagérations mérite son pesant de cacahouètes), contrairement aux deux précédentes rééditions de la série (Ode to Billie Joe / Touch Em With Love , Delta Sweete / Local Gentry), cette troisième levée sera à réserver en priorité aux complétistes et aux amateurs de variété américaine du début des années 70 de laquelle on pourra stylistiquement rapprocher cette doublette. Pas tout à fait un final en beauté donc mais suffisamment de raisons de regretter la disparition de Miss Gentry, de sa voix et bien sûr de sa plume jamais remplacée.

- Patchwork (1971)
1. Benjamin/Interlude 4:21
2. Marigolds and Tangerines/Interlude 2:43
3. Billy the Kid/Interlude 2:40
4. Beverly/Interlude 3:48
5. Miss Clara/Azusa Sue/Interlude 4:42
6. But I Can't Get Back 3:34
7. Jeremiah/Interlude 6:14
8. Belinda 4:05
9. Mean Stepmama Blues 3:57
10. Your Number One Fan/Interlude 2:54
11. Somebody Like Me 4:07
12. Lookin' In 4:00
- Fancy (1970)
13. Fancy 4:17
14. I'll Never Fall in Love Again 2:54
15. Delta Man 3:02
16. Something In the Way He Moves 2:36
17. Find 'Em, Fool 'Em and Forget 'Em 2:40
18. He Made a Woman Out of Me 2:35
19. Raindrops Keep Falling on My Head 3:11
20. If You Gotta Make a Fool of Somebody 2:23
21. Rainmaker 2:40
22. Wedding Bell Blues 3:13

lundi 24 novembre 2014

Autour d'Émilie

Ha Émilie ! J'en écrirais des tonnes sur la petite montpelliéraine si talentueuse ! Alors plutôt que beaucoup de mots tout de suite (y en a pas mal plus bas), je vous propose de rentrer dans le vif du sujet d'une petite rétrospective en 4 galettes. Enjoie !

ReNaiSSaNCe
Émilie Simon "Mue" (2014)
ou "Changement de peau ?"

Depuis la sortie de son essentiel premier album éponyme, je suis pas à pas la carrière de la petite montpelliéraine devenue grande. De Végétal à La Marche De L Empereur, des Black Sessions, de son Live à l'Olympia à ses tournées, j'ai régulièrement été épaté par ce petit bout de bonne femme à l'angélique voix et aux capacités créatrices très au-dessus de la moyenne. Alors qu'importe la relative déception d'un Big Machine un poil sur-joué ou d'un Franky Knight un peu en pilote automatique, la nouvelle de la sortie d'un nouvel opus de cette artiste chérie m'a mis dans tous mes états. Avec, en plus, une pochette pareille, rappelant celle de son tout premier béni des muses, et un titre semblant promettre une renaissance, vous comprendrez l'enthousiasme initial du zélote "Simonien" que je concède bien volontiers être.
Parce que la musique d'Emilie Simon, c'est quand même quelque chose ! Un hybride de pop supra-efficace et de musique électronique aux qualités organiques rares, un peu plus standardisée les années et les sorties discographiques faisant, mais du travail d'orfèvre, dans tous les cas.
Et donc Mue, cru 2014, 3 ans après Franky Knight, après le deuil... Une renaissance ? Intimement, on la lui souhaite, l'espère accomplie, musicalement, c'est loin d'être évident. Et ce n'est peut-être pas illogique considérant que le style d'Emilie, qui a évolué mais est fondamentalement resté le même, est partie intégrante de son art et que, donc, s'en éloigner trop serait se perdre.
Ceci dit, qui dit style ne dit pas forcément immobilisme, ce que chaque album d'Emilie a prouvé en ayant sa propre personnalité, son propre son. Mue ne fait pas exception à la règle. Présentement, Emilie a décidé de déshabiller ses chansons, de les offrir bien arrangées mais exemptes de cette emphase instrumentale qui avait fini par envahir sa production. Et c'est une bonne nouvelle parce que la voix et les mélodies de la montpelliéraine, et sa propension à créer des arrangements délicats et épurés, se suffisent largement à elles mêmes.
Côté chansons, ça donne une sélection de très belle qualité où, une fois encore, un cousinage mélodique entre Emilie et Kate Bush s'impose comme l'évidence... C'est un compliment. Déjà, il y a une tessiture voisine, ensuite il y a l'emploi d'icelle pour la création d'une musique mélodique mais formellement toujours un peu prospective. Pop forward, dirait-on. parce qu'Emilie, dont on connaît le bagage académique, aime à triturer les éléments formateurs de sa pop, d'ajouter des larmes de cordes à son émoi (Paris j'ai pris perpète), des acrobaties percussives péri-africaines et des guitares funk (Menteur), des ambiances orientalistes et mélodramatiques à la fois (Encre), de délicates constructions acoustiques (The Eye of the Moon)... etc., parce qu'on ne s'ennuie pas une seconde sur un album varié, mélodique, tirant globalement vers la douceur mais se ménageant quelques utiles crescendos. Une vraie belle collection, avec une jolie reprise du Wicked Game de Chris Isaak en prime, plus délicatement maîtrisée que ses deux devancières, un poil plus inspirée aussi, d'où la globale satisfaction.
Plus qu'un changement de peau, Mue donne l'impression d'une remise à zéro des compteurs, d'un redémarrage de la machine. On y retrouve finalement une Emilie inchangée qui a simplement décidé, en apparence en tout cas, de tout simplifier et, ce faisant, de laisser ses chansons respirer. Une excellente idée pour un excellent album !

1. Paris j'ai pris perpète 3:53
2. Menteur 4:03
3. Encre 3:35
4. The Eye Of The Moon 3:53
5. Quand Vient Le Jour 3:11
6. Les Etoiles De Paris 3:43
7. Des Larmes 3:56
8. Le Diamant 3:43
9. Perdue Dans Tes Bras 4:17
10. Les Amoureux De Minuit 3:10
11. Wicked Games 3:58

Emilie Simon - voix, claviers, guitare, lame sonore
Simon Edwards - basse
Martin Barker, Raphaël Seguinier - batterie
Henri-Charles Caget - percussions, harmonium
Nicolas Bauguil - guitares
Tahiti Boy - claviers
Cyrille Brissot - chœurs, programmations additionnelles
Catherine Michel - harpe
Leon Michels - optigan
Gary Barnacle - saxophone soprano et ténor, flûte
Nick Carter - saxophone baryton et alto, clarinette
Jack Birchwood - trompette, flugelhorn
Steven Fuller - trombone
Sally Herbert - direction cordes
Natalia Bonner, Calina de la Mare, Alison Dodd, Richard George, Ian Humphries, Rick Koster, Everton Nelson, Tom Piggot-Smith, Julia Singleton, Lucy Wilkins - violon
Nick Barr, Charlie Cross, Claire Orsier, Bruce White - alto
Ian Burdge, Sophie Harris, Sarah Wilkinson, Chris Worsey - violoncelle
Richard Pryce, Lucy Shaw - contrebasse

regard...

eN DeuiL
Émilie Simon "Franky Knight" (2012)
ou "Oui, mais..."

En préambule, un coming out : j'aime Emilie Simon. Je l'aime depuis presque 10 ans déjà que j'ai découvert avec ravissement son premier et éponyme album, je l'aime malgré les quelques facilités stylistiques venu poindre le bout de leur nez sur sa `Grosse Machine', je l'aime pour son inventivité sonique malgré des tics d'écriture maintenant évidents, je l'aime - enfin - pour l'infini charme de son caressant organe... je parle bien sûr de sa voix.
C'est dire si Franky Knight a été chaudement accueilli. Un album de deuil ? Après tout, pourquoi pas. Verser son cœur et son âme à la mémoire d'un amour trop vite fauché, sans exhibitionnisme ou indécence... Belle idée, bel hommage. Et, de fait, c'est un charmant album que la belle montpelliéraine délivre. Oui mais... Juste charmant. Remarquez, pour un Prince Charmant, c'est plutôt `spot on'... N'empêche - et peut-être en attendais-je trop, après tout - j'en attends plus d'Emilie. Attention, on est loin du mauvais album... Très loin même. Et quelques plages nous emportent irrémédiablement (Mon Chevalier, Something More), mais le souffle épique qui habitait ses trois précédentes offrandes studio est ici - au moins partiellement - envolé. Et ce n'est pas la sugar-pop de I Call It Love ou la Busherie kraftwerkienne de Franky's Princess ou le juste pas très inspiré Walking With You qui viendront me démentir.
Reste qu'un album d'Emilie Simon, même légèrement moins convaincant, reste un rare plaisir qu'on se doit de ne pas bouder... En attendant la suite.

1. Mon Chevalier 4:44
2. I Call It Love 2:29
3. Holy Pool Of Memories 4:00
4. Something More 4:09
5. Bel Amour 2:37
6. Franky's Princess 3:47
7. Sous Les Etoiles 3:19
8. Les Amants Du Même Jour 1:31
9. Walking With You 3:44
10. Jetaimejetaimejetaime 4:32

belle éplorée

FLoRiLèGe
Émilie Simon "Chansons de Toile (baistophe)" (2009)
ou "Résumé des épisodes précédents"

Une petite compilation maison à usage pédagogique réalisée dans le cadre du blog Baistophe il y a déjà 5 ans ! Un résumé des épisodes précédents qui vous emmènera, de 2003 à 2009, d'un éponyme toujours aussi recommandé à un The Big Machine un peu surgonflé mais encore tout à fait satisfaisant, dans le parcours discographique d'une certaine Émilie Simon.
21 chansons pour presque 80 minutes de celle qu'on considère maintenant comme une valeur sûre mais qui faisait alors figure d'alien, premier exemple d'auteure, compositrice, arrangeuse et interprète, diplômée de l'IRCAM de surcroit, à ainsi mêler pop efficace et électronique prospective en un cocktail si réussi et addictif qu'elle fit finalement facilement son trou. C'était mérité.
En l'occurrence, Chansons de Toile fait bien la soudure chronologique avec les deux albums proposés plus haut, des recyclages, j'avoue, mais on m'avais requis le premier, l'occasion était trop belle ! Bref... Enjoie !

1. Ballad of the Big Machine 5:46
2. Fleur de Saison 4:10
3. Flowers 2:10
4. Opium 2:47
5. Ice Girl 2:53
6. Nothing to Do with You 2:54
7. Never Fall in Love 2:52
8. Lise 3:55
9. Song of the Storm 3:12
10. Dreamland 4:15
11. Dernier Lit 3:03
12. In the Lake 3:20
13. Désert 3:04
14. The Devil at My Door 5:01
15. En Cendres 4:34
16. Closer 3:53
17. To the Dancers on the Ice 3:12
18. Le Vieil Amant 4:36
19. The Frozen World 4:20
20. Il Pleut 3:30
21. Chanson de Toile 4:02

ready to rock?

CHeZ LeNoiR
Émilie Simon "Black Sessions" (2003)
ou "Radio Émilie"

...Et pour conclure, la reproduction d'une captation radiophonique, sur France Inter, chez Lenoir, le 7 avril 2003 à la Maison de la Radio, à peine deux mois après la sortie de son inaugural long-jeu.
C'est donc une Émilie Simon débutante mais déjà largement sûre de son fait, et bénéficiant d'un frémissement critique et populaire déjà, qui propose essentiellement les chansons de son premier opus, dans des versions fidèles et maîtrisées, parce que la jeune femme est une musicienne experte si encore une show-woman en devenir.
On remarque deux reprises, I Wanna Be Your Dog des Stooges et Femme Fatale du Velvet Underground & Nico, deux belles versions que les amateurs de reprises de qualité connaissent sans doute déjà, si pas dans leur présente captation.
Une bonne captation qui fait de ce bootleg plus si facile à trouver une belle introduction à une artiste précieuse, si vous ne la connaissez pas encore, une belle addition à votre collection, si vous avez déjà été conquis. Viva Émilie !

1. Intro 2:31
2. Secret 4:20
3. Il Pleut 4:05
4. Flowers 2:26
5. To the Dancers in the Rain 3:05
6. Blue Light 3:27
7. Solane 3:39
8. Lise 5:21
9. Dernier Lit 3:09
10. I Wanna Be Your Dog 4:30
11. Désert 4:20
12. Graine d'Etoiles 4:30
13. Femme Fatale 4:38
14. Flowers (acoustic version) 2:34
15. Chanson de Toile 3:48


live!

samedi 22 novembre 2014

Pepperland Special

Un petit voyage à Pepperland, ça vous tente ? Alors voici quatre albums, l'original en glorieux mono issu de la dernière génération des ressorties et 3 tributes martyrisant la bête. Enjoie !
 
La VRaie SauCe au PoiVRe
The Beatles "Sgt. Pepper's Lonely Heart Club Band" (1967)
ou "Original Pepperland"

Que dire du monument Sgt. Pepper's qui n'ait déjà été écrit ? Que s'il est régulièrement à la tête des listes des meilleurs albums de tous les temps il doit bien y avoir une raison, non ? Qu'il constitue un véritable tournant dans l'histoire de la pop/rock music non seulement stylistiquement mais aussi, surtout ?, par son ambition artistique alors quasi-unique (Pet Sounds, on ne t'oublie pas !) et ses méthodes d'enregistrements révolutionnaires, merci Mr George Martin ? Que même dans ses moments "faibles" (on "guillemette" avant de citer Fixing a Hole, Being for the Benefit of Mr. Kite, Within You Without You, Lovely Rita parce que c'est tout de même extra, Achille avec un talon renforcé), il surpasse la concurrence de la tête et des épaules ? Oui tout ça et sans doute mille autres "fun facts", anecdotes et records. Pas de doute, si le Sergent Poivre et son groupe eut un cœur solitaire, il s'est depuis fait beaucoup d'amis. Et sa étendard  si immédiatement reconnaissable n'a pas dû nuire, en l'occurrence. Si j'osais, j'ose !, je dirais que c'est ce qu'on appelle un album de légende... Que dis-je ?, L'ALBUM DE LEGENDE ! Indéniablement, après le cru 1967 des Beatles, un grand cru qui vieillit admirablement bien, rien ne sera plus jamais pareil.  Obligatoire.

1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band 2:02
2. With a Little Help From My Friends 2:45
3. Lucy in the Sky with Diamonds 3:27
4. Getting Better 2:47
5. Fixing a Hole 2:37
6. She's Leaving Home 3:25
7. Being for the Benefit of Mr. Kite 2:38
8. Within You Without You 5:08
9. When I'm Sixty-Four 2:39
10. Lovely Rita 2:46
11. Good Morning Good Morning 2:34
12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise) 1:18
13. A Day in the Life 5:35

John Lennon – lead, harmony and background vocals; lead, rhythm and acoustic guitars; piano and Hammond organ; harmonica, tape loops, sound effects and comb and tissue paper; handclaps, tambourine and maracas
Paul McCartney – lead, harmony and background vocals; lead and bass guitars; piano, Lowrey and Hammond organs; handclaps; vocalisations, tape loops, sound effects and comb and tissue paper
George Harrison – lead, rhythm and acoustic guitars; sitar; lead, harmony and background vocals; tamboura; harmonica and kazoo; handclaps and maracas
Ringo Starr – drums, congas, tambourine, maracas, handclaps and tubular bells; lead vocals; harmonica; final piano E chord
&
Sounds Incorporated
– the saxophone sextet on "Good Morning, Good Morning"
Neil Aspinall – tamboura and harmonica
Geoff Emerick – audio engineering; tape loops and sound effects
Mal Evans – counting, harmonica, alarm clock and final piano E chord
George Martin – producer and mixer; tape loops and sound effects; harpsichord on "Fixing a Hole", harmonium, Lowrey organ and glockenspiel on "Being for the Benefit of Mr. Kite!", Hammond organ on "With a Little Help from My Friends", and piano on "Getting Better" and the piano solo in "Lovely Rita"; final harmonium chord.
Session musicians
four French horns on "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band": Neill Sanders, James W. Buck, John Burden, Tony Randall
arranged and conducted by Martin and McCartney
string section and harp on "She's Leaving Home" arranged by Mike Leander and conducted by Martin
harmonium, tabla, sitar, dilruba, eight violins and four cellos on "Within You, Without You", arranged and conducted by Harrison and Martin
clarinet trio on "When I'm Sixty-Four": Robert Burns, Henry MacKenzie, Frank Reidy
arranged and conducted by Martin and McCartney
saxophones on "Good Morning, Good Morning" arranged and conducted by Martin and Lennon
forty-piece orchestra, including strings, brass, woodwinds and percussion on "A Day in the Life"
arranged by Martin, Lennon and McCartney and conducted by Martin and McCartney.

THE BEATLES

à La Sauce KeTCHuP
Big Daddy "Sgt. Pepper's" (1992)
ou "50s Pepperland"

Parce qu'on a le droit de casser du mythe, de se jouer des légendes et de faire, un peu, n'importe quoi juste parce que c'est bon de rire, parfois, le tribute irrévérencieux des américains de Big Daddy au Sgt. Pepper's des Fab Four est un album utile, agréable... Si anecdotique (vous ne l'écouterez pas souvent).
En fait, il suffit de jeter un coup d'œil à la pochette pour savoir à quelle sauce le légendaire opus a été accommodé. Cette contrebasse fièrement offerte, ce jukebox si vintage, ce look, aussi, si totalement (comico)rétro, sans oublier tout ce qui les entoure... Bon dieu mais c'est bien sûr, 50's forever ! Autant le dire, tout n'y est pas d'une égale réussite, le pastiche étant parfois maladroitement mené (une version beat de Within You Without You qui ennuie ferme mais heureusement pas longtemps, un Fixing a Hole rockab' qui perd un peu sa cible... et sa mélodie) mais quand ça fonctionne, quand la sauce prend, quand le kitch d'arrangements sévèrement décalés et richement diversifiés, mais toujours circa 1959, sert la grandeur compositionnelle originelle, on obtient quelques jolies perles dont on ferait volontiers un joli collier (le détournement à la Buddy Holly de A Day in the Life, la version croonin' like Johnny Mathis de Little Help, Lucy en piano rock furieux en grosses boules de feu, une Rita qui rencontre Bo Diddley et Elvis the Pelvis, etc., ne dévoilons pas tout !).
Sans doute plus une curiosité qu'un absolu triomphe, on conseillera surtout cette rigolarde relecture aux amateurs de jeux de piste qui s'amuseront à reconnaître à qui le style de chaque chanson est emprunté, à ceux qui n'en n'ont jamais assez du plus grand album de tous les temps (on les comprend !)... Et enfin aux nombreux qui n'ont pas oublié leur sens de l'humour au vestiaire, ça fait du monde et c'est mérité. Sgt Pepper's par Big Daddy ? C'est un peu comme si un passé lointain se voyait hommagé par un autre encore plus distant, et c'est bon !

1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band 2:21
2. With a Little Help From My Friends 2:50
3. Lucy in the Sky with Diamonds 2:21
4. Getting Better 3:47
5. Fixing a Hole 3:05
6. She's Leaving Home 3:32
7. Being for the Benefit of Mr. Kite 2:29
8. Within You Without You 1:55
9. When I'm Sixty-Four 3:20
10. Lovely Rita 1:54
11. Good Morning Good Morning 2:46
12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise) 1:04
13. A Day in the Life 5:00

Marty Kaniger - vocals, acoustic guitar, autoharp
Tom Lee - vocals, bass vocals, electric guitar
Don Raymond - vocals, lead guitar
Bob Wayne - vocals
John Hatton - bass, backing vocals
Tim Bonhomme - piano, organ, celeste
Bob Sandman - saxophone, flute
Damon DeGrignon - drums, percussion
&
Ed Willett
- cello
Kim Wilkins - viola
Betty Byers, Calabria McChesney - violin
Nancy Weckwerth - french horn
Joanne Kurman-Montana - alto vocals
Roberta Wall - soprano vocals
Buddy Wayne, Lonnie Teper - voice actors

BIG DADDY

HoMMaGe MuLTiPLe eN GRaVy
V/A "Mojo Presents: Sgt. Pepper... with a little help from his friends" (2007)
ou "Mojo's Pepperland"

Au petit jeu des tributes multi-artistes, un pari toujours risqué, un résultat généralement mitigé, le Sgt. Pepper... with a little help from his friends, sponsorisé par le magazine Mojo, s'en sort plutôt très bien. Pourtant, à voir les artistes choisis, pas franchement des cadors universellement reconnus, on pouvait douter... mécréants que nous étions !
La tonalité tend ici vers l'indie rock, auquel le son des Beatles sied parfaitement, par un ensemble de formations dont vous n'avez, comme moi, sans doute jamais entendu parler. Mais bon, fomenté par un périodique de chez sa Gracieuse Majesté, l'empire de la hype où on broie du "newcomer" plus vite qu'il ne faut pour l'écrire, ce n'est pas particulièrement surprenant. Bref, je repère Circulus, des folko-progueux rigolos, et Echo and the Bunnymen, pour un bonus qu'on connaissait déjà, bref... ce n'est pas la foule des grands jours, pas un all-star à faire mouiller du slip mais des p'tits gars qui en veulent, indéniablement. De fait le niveau comme l'inclinaison stylistique sont du genre cohérents : Simple Kid a qui ont été confiés les deux versions de Sgt. Pepper's shoegaze pop avec talent, le duo mixte Puerto Muerto americana-ise bien un Little Help urban cowboy, la caressante et acoustique version de Getting Better par un certain Fionn Regan cajole joliment, l'électrisation intelligente d'un She Leaving Home fondamentalement fidèle par Unkle Bob est simplement parfaite (le meilleur moment de tout le tribute, d'ailleurs), la planerie indienne d'Harrison se voit celtisé par le joli timbre fragile et aérien de Stéphanie Dosen, même le mammouth final de l'album, A Day in the Life, habilement transcrit en une sorte de Procol Harum modernisé à coup de Cocoon est tout à fait satisfaisant, ce n'était pourtant pas le plus facile à reprendre. Le reste ? Soit trop fidèle soit un peu à côté de la plaque, Lovely Rita qu'on a l'impression d'entendre chanté par un clone ivre de Lou Reed (ce qui ruine une belle fin bien psychée, dommage !) est un bon exemple, il n'égale pas les réussite précitées.
Au final, avec ses nombreux hauts et ses quelques bas, Sgt. Pepper... with a little help from his friends, initialement sorti en bonus d'une édition spéciale de Mojo de mars 2007, était une excellente affaire. Disponible depuis à la revente via quelques petits malins, il reste une addition plus que recommandée aux fans des Beatles à la collectionnite compulsive, et un joli moment de musique en hommage à l'immense album que nous connaissons tous pour les autres.

1. Simple Kid "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band" 2:40 
2. Puerto Muerto "With a Little Help From My Friends" 2:34 
3. Circulus "Lucy in the Sky with Diamonds" 4:58 
4. Fionn Regan "Getting Better" 3:00 
5. 747s "Fixing a Hole" 2:44 
6. Unkle Bob "She's Leaving Home" 3:19 
7. Bikeride Being "For The Benefit of Mr. Kite" 2:30 
8. Stephanie Dosen "Within You Without You" 4:23 
9. Chin Up Chin Up "When I'm Sixty Four" 2:43 
10. Dave Cloud & the Gospel of Power "Lovely Rita" 4:33 
11. The M's "The Good Morning Good Morning" 2:29 
12. Simple Kid "Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise)" 1:20 
13. Captain "A Day in the Life" 5:08
Bonus
14. Echo and the Bunnymen "All You Need Is Love" 6:43

(le numéro du tribute)

BeaTLeS' JaMaiCa (WeeDaPPLe SauCe)
Easy Star All-Stars "Easy Star's Lonely Hearts Dub Band" (2009)
ou "Pepperland in Dub"

Ils se sont fait une spécialité de relectures reggae/dub d'artistes ou d'albums rock, ils alors ont déjà bien repris Pink Floyd et Radiohead, ils s'attaquent cette fois au MONUMENT des Beatles, à un jalon essentiel de l'histoire du rock : Sgt. Pepper's. Gonflé. Et réussi ! Voici Easy Star's Lonely Hearts Dub Band, quel titre !
Il faut dire qu'Easy Star All-Stars, la création quelques new yorkais amoureux de riddims intenses, a mis les petits plats dans les grands pour l'évènement entraînant dans son sillage quelques stars jamaïcaines de renom, des Mighty Diamonds à Max Romeo en passant par Sugar Minott, U-Roy ou Steel Pulse, rien que ça ! Evidemment, un casting de rêve ne fait pas tout, il faut tout le savoir-faire, tout le malin chaloupé de ces "quatre garçons dans la fumée" bien entourés pour rondement mener l'affaire. Parce qu'il y avait des chausse-trappes, d'immenses difficultés à s'attaquer à l'entièreté du "précieux" en habits reggae/dub. Là où Pink Floyd et son Dark Side of the Moon, parce qu'ils laisse tant de place, peut-être, paraissaient tomber sous le sens, la préciosité pop dans sa plus belle diversité, de plus connue de tous ou presque, n'étais pas si aisée à dompter. Parce qu'il y a ici la juste proportion entre fidélité et liberté, parce que l'épice jamaïcain s'accorde alors très bien aux compositions de Lennon, McCartney et Harrison (Within You Withou You avec Matisyahu, belle surprise !), aux arrangements et trucs de studio de Sir George Martin CBE, on est rapidement conquis. Et donc, au soleil de Kingston revu et corrigé en la Big Apple, on déguste ce cru dérivé de Londres et Liverpool en oubliant, assez facilement en fait, l'original ou, plutôt, en oubliant de le comparer cette relecture. C'est dire si l'entrain d'un collectif jamais aussi "all-stars" est communicatif !
Parfait ? Sans doute pas, et loin d'égaler son légendaire modèle aussi, à l'impossible nul n'est tenu,  n'en est pas moins un album tribute fort réussi, très fun à écouter et à réécouter offrant, ainsi, une jolie alternative à des versions originales tellement usées de successifs passages qu'on ne boudera pas son plaisir. Recommandé.

1. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (ft. Junior Jazz) 2:22
2. With a Little Help from My Friends (ft. Luciano) 3:13
3. Lucy in the Sky with Diamonds (ft. Frankie Paul) 4:33
4. Getting Better (ft. The Mighty Diamonds) 3:19
5. Fixing a Hole (Extended Dub Mix) (ft. Max Romeo) 4:57
6. She's Leaving Home (ft. Kirsty Rock) 3:09
7. Being for the Benefit of Mr. Kite! (ft. Ranking Roger) 2:34
8. Within You Without You (ft. Matisyahu) 5:13
9. When I'm Sixty-Four (Extended Dub Mix) (ft. Sugar Minott) 5:34
10. Lovely Rita (ft. Bunny Rugs & U-Roy) 4:05
11. Good Morning Good Morning (ft. Steel Pulse) 2:49
12. Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band (Reprise) (ft. Junior Jazz) 1:24
13. A Day in the Life (ft. Michael Rose and Menny More) 5:51

Victor Axelrod - clavinet, melodica, organ, piano 
Selwyn Brown - organ, piano, background vocals
Michael Goldwasser - guitar, percussion, synthesizer 
Victor Rice - bass, guitar, string arrangements 
Kirsty Rock - vocals
Patrick Dougher - drums, percussion
Pamela Fleming - trumpet
Buford O'Sullivan - trombone 
Ivan Katz - percussion  
Eddie "Headdie" Ocampo - drums, percussion 
&
Junior Jazz - vocals
Luciano - vocals
Matisyahu - vocals
Menny More - vocals
The Mighty Diamonds - vocals
Sugar Minott- vocals
Frankie Paul - vocals
Ranking Roger - vocals
Max Romeo - vocals
Michael Rose - vocals
Bunny Rugs - vocals
Jennifer Smith - vocals
Steel Pulse - vocals
U-Roy - vocals
Paul Schellack - acoustic guitar
Roger Lipson  Sitar
Antoine Silverman - violin 
Alex Kadvan - cello
Jonathan Dinklage - viola

EASY STAR ALL-STARS