vendredi 2 novembre 2018

Higelin, monté au ciel.

Jacques Higelin "Tombé du Ciel" (1988)
ou "Mieux vaut tard que jamais..."

Aux grandes émotions les (petits) hommages...
1988, j'ai 17 ans et je m'ouvre, après des années de metal, à "d'autres musiques". Le pont vers la chanson française se fait d'abord avec Thiéfaine et le rock alternatif mais, très vites, vient Maître Jacques.1988, j'achète la version cassette de son nouvel album, un des plus variétoche de sa discographie, et, pourtant, j'ai le coup de foudre.
Parce  qu'ici, avec une équipe bien rodée où les nouvelles arrivées ne sont pas légion mais, aussi, avec quelques excellentes guests, ce sont surtout les chansons qui gagnent, et la variété dans l'étalage d'icelles avec, toujours, la personnalité d'un Higelin reconnaissable entre mille.
Bon, dans sa longue et déjà prolifique carrière on ne peut pas nier qu'Higelin a déjà à peu près tout fait, des débuts hippies avec Areski, de la période rock (mais tellement plus que ça) avec, entres autres, un tout jeune Louis Bertignac, de grands albums malades et partant dans tous les sens avec la doublette Champagne/Caviar, de la World Music souvent mais plus particulièrement avec Aï, et même de la pure presque pure variété avec un Pars qui passera d'ailleurs beaucoup sur les ondes radiophoniques. Mais là, avec une approche nettement plus grand-public que tous ses autres albums, sans pour autant sembler donner dans le bassement commercial, hein !, Higelin réussit le tour de force d'approcher des oreilles de Monsieur et Madame Tout-Le-Monde (Tombé du Ciel, le titre, est un vrai beau tube) sans pour autant céder quoique ce soit de ses particularismes de poète chanteur.
Ainsi, qu'il fasse dans la blague néoclassique (La Fuite dans les Idées, avec Sheller aux arrangements et au, discret, piano), dans le funk/rap cuivré (Bras de Fer), dans la ballade nostalgique (Parc Montsouris), dans la plus pure expression pop de sa carrière (Tombé du Ciel, Chanson), voire dans la quasi chanson pour enfants (Tom Bombadilom) ou dans la revendication (Le Drapeau de la Colère), Higelin est impérial. Alors, certes, certains reprocheront à l'album ses atours si typiques de l'époque de sa sortie mais, vraiment, c'est se couvrir les oreilles de réelles pépites qui ne sont pas, qui plus est, les plus connues du catalogue de ce grand de la chanson d'chez nous.
Un grand qui nous a quitté, trop jeune, toujours trop jeune quand on est si au-dessus du lot de la médiocrité ambiante. Nous avons, en 2018, beaucoup plus besoin d'un Jacques Higelin que jamais, c'est pour ça qu'il manquera, parce qu'il fut irremplaçable de fraicheur, de malice et de poésie.
J'avais vu le Grand Jacques pour cette tournée, et quelques autres fois ensuite, et en était sorti transformé, moi qui pratiquait, habituellement, plus volontiers Metallica et Iron Maiden. Son énergie, sa bonne humeur, son aura de poète foutraque aussi, m'avaient profondément séduit et me poussèrent à détailler l'ensemble de l’œuvre de celui qui allait devenir, plus qu'un artiste, un familier de ma vie.
En apprenant sa mort, j'ai pleuré comme un gosse, comme si j'avais appris la disparition d'un vrai proche, je ne m'y attendais pas. Tu vas me manquer, Jacques, terriblement.

1. Follow the line 4:16
2. La fuite dans les idées 3:56
3. Bras de fer 4:30
4. Parc Montsouris (à mon père) 5:19
5. Tombé du ciel 4:47
6. Poil dans la main 4:05
7. Chanson 4:04
8. Tom Bonbadilom 4:04
9. Ballade pour Roger 6:13
10. Le drapeau de la colère 4:35
11. L'innocence 6:28
12. Symphonie des droits de l'homme 12:07

Musiciens
    Jacques Higelin : voix, piano, synthétiseurs, accordéon
    Michel Santangelli : batterie
    Guy Delacroix : basse
    Jean-François Oricelli : guitares
    Charlie Ollins : claviers
    Emberik Dali : percussion
    Anne Vassiliu et Marilyne Marolany : chœurs

Invités
    Marie Rivière : voix sur Ballade pour Roger
    Djura : voix sur Le drapeau de la colère
    Didier Lockwood : violon sur Follow the line et Chanson
    Doudou N'diaye Rose et son groupe : tambours sur Le drapeau de la colère
    Djamel Ben Yelles : violon sur Le drapeau de la colère
    William Sheller : piano, arrangement des cordes sur La fuite dans les idées
    Tchikara Tsuzuki: mélodica sur "Tombé du ciel"



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