Figure essentielle, artiste protéiforme, père du punk avec Lou, du post-rock avec Terry, instrumentiste multiple et doué, vocaliste ô combien sous-estimé, compositeur hors pair... Voici John Cale, un mec sur le cas duquel il n'est jamais inutile de revenir, présentement dans sa période 1967-1979. Enjoie !
ENTReZ DaNS La LéGeNDe
The Velvet Underground "The Velvet Underground & Nico (Remastered)" (1967)
ou "Banane Flamboyante"
Ho l'énorme classique que voici, la définition même de l'aeuvre qu'on se doit de ne pas manquer sous peine d'avoir un sacré manque dans sa culture musicale.
Déjà il y a la pochette, signée Warhol comme vous le savez tous, qui est aussi manager du groupe au moment de l'enregistrement, comme vous n'êtes pas sans l'ignorer, mais qui se fera virer pour n'avoir pas su dénicher le contrat permettant de révéler l'album au monde, parce que Lou Reed en avait marre, et que du coup Nico aussi prendra la porte pour ne garder que le quatuor dont aucun nom ne doit vous être étranger.
Parce que, donc, il fallut une petite éternité pour que The Velvet Underground & Nico trouve son label, il faut dire que l'œuvre est schizophrène. D'un côté vous avez les chansons douces où folk, pop, psychédélisme et accessibilité vont de pair, d'un autre les expérimentations garage ne démontrant pas la moindre volonté de compromission. Schizophrène donc, et pourtant, ou peut-être parce que, largement l'aeuvre d'un homme, Lou Reed, qui ne laisse que miettes de l'écriture à ses partenaires (Sunday Morning et The Black Angel's Death Song avec Cale, collectivement sur European Song) qui participent cependant largement à la "mise en chair" de la chose, Cale en particulier, arrangeur et multi-instrumentiste précieux qu'il est. L'influence de Warhol, mentor, manager, mécène, est plus délicate à définir, on sait qu'il fut présent lors de quasiment toutes les étapes, des répétitions à l'enregistrement sans oublier le mixage, ce qu'il y fit, lui qui est certainement un authentique artiste mais aucunement un musicien, sans doute mettre son grain de sel, glisser quelques judicieux conseils, spéculations...
Toujours est-il que le résultat est là, d'un tout tranquillou Sunday Morning, un beau rayon de soleil pop pour commencer, d'un proto-punk garage en mode junkie tragique (I'm Waiting for My Man), d'une excursion en terre indienne revue et corrigée et la sauce new-yorkaise via deux improbables ragas (Venus in Furs, Heroin), à du blues lo-fi psyché-noisy (Run Run Run et The Black Angels Death Song à vous faire passer le Eight Miles High des Byrds pour un chant grégorien), en passant par une espèce de Beatles garage (There She Goes Again) à une bonne grosse jam finale qui fait un boucan de tous les diables (et préfigure White Light/White Heat qui sortira quelques mois plus tard), sans, évidemment !, oublier les trois participations de la chanteuse (sic !) Nico (deux jolies chansons pop, Femme Fatale et I'll Be Your Mirror, à son raga à elle, All Tomorrow's Parties), la collection a du corps, de l'esprit si pas franchement de cohérence stylistique ou de mise en son. Mais il est là, aussi, le charme de ce premier opus, dans ce mélange d'un savoir-faire déjà bien affirmé et d'innocence juvénile, d'une volonté de couper le cordon avec la pop music d'un côté mais de continuer à en faire de l'autre. Schizo, quoi !
Et ça fait un essentiel, déjà parce qu'elle contient les premiers ébats ô combien intéressants de deux monstres sacrés, Reed et Cale, ensuite parce qu'on y a vraiment l'impression de plonger dans le New York avant-gardiste de cette seconde moitié des années 60. Un album beau, bizarre, épatant, étonnant... essentiel !
1. Sunday Morning 2:54
2. I'm Waiting for the Man 4:39
3. Femme Fatale 2:38
4. Venus in Furs 5:12
5. Run Run Run 4:22
6. All Tomorrow's Parties 6:00
7. Heroin 7:12
8. There She Goes Again 2:41
9. I'll Be Your Mirror 2:14
10. The Black Angel's Death Song 3:11
11. European Son 7:46
Lou Reed - lead vocals (1, 2, 4, 5, 7, 8, 10, 11), backing vocals (3), lead guitar (1-5, 7-11), ostrich guitar (4, 6)
Sterling Morrison - rhythm guitar (2, 5, 7, 8, 9), lead guitar (3, 10, 11) bass guitar (1, 4, 6), backing vocals (3, 5, 8)
John Cale - electric viola (1, 4, 6, 7, 10) piano (1, 2, 3, 6), bass guitar (2, 3, 5, 8, 9, 10, 11) backing vocals (8), celesta (1), hissing (10), sound effects (11)
Maureen Tucker - percussion (1, 3, 4, 7-11), drums (2, 5), tambourine (2, 6, 9), bass drum (6)
Nico - chanteuse (3, 6, 9), backing vocals (1)
THE VELVET UNDERGROUND |
VeLouRS CHaoTiQue
The Velvet Underground "White Light White Heat (Deluxe Edition)" (1968)
ou "Noir c'est noir"
Au cas où on ne l'aurait pas compris avec leur premier album, White Light White Heat nous rappelle que le Velvet Underground n'est pas un groupe de rigolos. Mais là où l'album à la banane nous berçait encore doucement de quelques délicates mélopées, le présent brûlot, nous lamine de son radicalisme sans compromis.
Out Nico et Andy Warhol, les ventes désastreuses de The Velvet Underground & Nico ont détérioré les rapports entre le groupe et leur mentor. Et puis après tout, White Light/White Heat, conçu à partir d'improvisations de tournée est leur album à eux, un animal dangereux, urgent comme les courtes sessions qui l'enfanteront : 2 jours !
Présentement, captés par Tom Wilson (qui a travaillé avec Sun Ra, les Animals d'Eric Burdon, Zappa et ses Mothers of Invention ou Bob Dylan), ils laissent libre cours à leurs pulsions électriques les plus ravageuses pour un résultat qui ne l'est pas moins. Parce qu'il faut d'abord dompter la bête pour ensuite vraiment l'apprécier. Parce que cette déconstruction de rock'n'roll post-moderne ne se livre pas facilement, plus beauté cachée que cover girl.
Pourtant, le morceau d'ouverture, qui donne son titre à l'album, ne paye pas de mine, petit rock'n'roll juste un peu "garageux" sur les bords mais finalement digne héritier d'un Jerry Lee Lewis ou d'un Chuck Berry. The Gift, errance improvisée et psychédélique, propose un Cale récitant un texte de Lou Reed sur une histoire d'amant destroy décidant de s'envoyer par la poste à sa bien aimée (Lou y es-tu ?), c'est aussi le début du grand largage d'amarres avec le commun de la pop musique et une exemplaire réussite d'avant-gardisme distrayant, bravo ! Au moins aussi étrange, Lady Godiva's Operation est une sorte de droning psyche pop post-apocalyptique avec Cale au chant et le groupe tournant sur le même thème ne s'autorisant que de rares variations, et c'est étrange et étrangement attirant même quand les voix se mélangent, la musique décline et la bizarrerie augment. Une drôle de chanson. Here She Comes Now c'est un peu la version garage, lo-fi du gentil Velvet Underground du premier album, sauf que le chant de Lou Reed, la souplesse instrumentale et l'ambiance beatnik électrique l'entraîne vers d'autres terres, et nous avec.
On sait que le groupe fut mécontent de I Heard Her Call My Name où il essayèrent, sans succès selon eux, de capturer l'énergie live du morceau. C'est pourtant un beau déluge électrique avec les badaboums primaires et énervés de Maureen Tucker et la voix et la guitare de Lou Reed en mode pas content, et ce ne sont pas les quelques chaeurs qui viennent alléger l'ensemble... Une vraie furie ce titre ! Et puis vient le Gros Morceau, Sister Ray. 17 minutes captées live en studio en une seule et unique prise, qu'importent les maladresses et les fausses notes, un peu l'équivalent musical de l'écriture automatique chère à Kerouac, une folie ! Qui fonctionne parce qu'elle a la beauté de ces arts primitifs, parce qu'elle sait s'envoler en d'improbables crescendos, qui fonctionne aussi parce que le son du groupe y est si crument organique, y repousse, confond si radicalement les limites de la jam et du n'importe-quoi qu'on ne peut que fondre devant tant d'ingénuité et de cran. Marquant.
Et c'est fini. Et on en sort un peu rincé, parce que White Light/White Heat, ce n'est pas de l'easy listenning, mais définitivement content, certain d'avoir assisté à quelque chose d'unique, à une nouvelle définition, une nouvelle conception de la musique populaire pour jeunes gens de bon gout. Un quelque chose qui connaîtra des répliques, et des répliques (demandez voir au punks et à leurs descendants !), bref, important.
Deluxe Edition oblige, il y a du bonus à foison dans la présente édition, à commencer par deux outtakes des fameuses sessions, une version alternative de I Heard Her Call My Name et un inédit instrumental déjà croisé sur la compilation Another View (Guess I'm Falling in Love), toutes deux accessoires mais pas désagréable. On y retrouve aussi les extraits de deux sessions de février et mai 1968, les dernières de John Cale avec le VU, d'où ressortent Stéphanie Says et Temptation dans leurs mixes originaux et une early version vraiment inédite, la seule ici, de Beginning to See the Light de fort belle facture qui nous laisse songeur quand à ce que la suite de la carrière des new yorkais aurait pu donner avec leur ténébreux gallois.
Mais la fête n'est pas finie, loin de là, un live, enregistré le 30 avril 1967 au Gymnasium de New York, vient compléter la fête. Et quel live ! Déjà parce qu'il sonne diablement bien, mieux que tous les bootlegs et enregistrements plus ou moins officiels du Velvet Underground avec John Cale croisés de-ci de-là, ensuite parce que le groupe y délivre une prestation faite d'intensité et de talent à couper le souffle. C'est bien simple, à lui-seul, ce live justifie l'acquisition du coffret pourtant fort riche sinon avec, notamment, un texte fort intéressant narrant la genèse de l'aeuvre.
White/Light White Heat était déjà un album dont, fondamentalement, aucun amateur de rock intelligent ne pouvait se passer, c'est encore plus vrai avec cette édition anniversaire totalement renversante.
CD 1 (Stereo Version)
1. White Light/White Heat 2:48
2. The Gift 8:20
3. Lady Godiva's Operation 4:57
4. Here She Comes Now 2:05
5. I Heard Her Call My Name 4:38
6. Sister Ray 17:32
Bonus
7. I Heard Her Call My Name (Alternate Take) 4:39
8. Guess I'm Falling In Love (Instrumental Version) 3:34
9. Temptation Inside Your Heart (Original Mix) 2:33
10. Stephanie Says (Original Mix) 2:50
11. Hey Mr. Rain (Version One) 4:40
12. Hey Mr. Rain (Version Two) 5:24
13. Beginning To See The Light (Previously Unreleased Early Version) 3:39
CD 2 (Live At The Gymnasium, New York City, April 30, 1967)
1. Booker T. 6:46
2. I'm Not A Young Man Anymore 6:17
3. Guess I'm Falling In Love 4:10
4. I'm Waiting For My Man 5:28
5. Run Run Run 6:58
6. Sister Ray 19:03
7. The Gift 10:25
John Cale - vocals, electric viola, organ, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Sterling Morrison - vocals, guitar, bass guitar, medical sound effects on "Lady Godiva's Operation"
Lou Reed - vocals, guitar, piano
Maureen Tucker - drums, percussion
THE VELVET UNDERGROUND |
GoNe SoLo
John Cale "Vintage Violence (Remastered)" (1970)
ou "Le velours déchiré"
Premier album solitaire d'un John Cale en rupture de ban avec ses camarades du Velvet Underground et première belle page d'une carrière féconde, Vintage Violence surprend.
Vintage Violence surprend parce que le gallois y propose une musique apaisée, pop même !, qu'on n'attendait pas considérant le déluge électrique de son ancienne formation et leur virage "tranquilou" sans lui (The Velvet Underground, 1969). En toute logique, on se dit que Cale devait être la composante "remuante" du groupe, celui qui allait nous décrasser les tympans d'une juste salve... Que nenni !
Présentement, presque uniquement entouré d'illustres inconnus (outre Garland Jeffreys qui fera une belle petite impression solo et le bassiste Harvey Brooks croisé chez Miles, les Doors ou Bob Dylan), Cale est seul maître compositionnel à bord, et même coproducteur avec Lewis Merenstein (Astral Weeks de Van Morrison, entre autres), et, on l'imagine, pas particulièrement sous pression de son label (o tempora o mores), d'autant que le budget du long-jeu est d'ordre lilliputien. C'est donc bien de l'expression volontaire de son art en 1970 dont il s'agit.
Et donc Vintage Violence surprend, et séduit surtout ! Parce que les compositions y sont superbes, bien sûr ! Du dynamique morceau d'ouverture (Hello There), aux penchants blues dévoyés (Adelaide), à la splendeur orchestrale maîtrisée (Big White Cloud), aux tentations country rock savoureuses (Bring It On Up) jusque l'épure la plus torale (Amsterdam), et j'en passe !, tout y atteint son but, rien n'y déçoit ! Cale s'y affirme, ce faisant, comme son propre animal, capable de tout, toujours pour le meilleur (même sur le bonus expérimental aux flaveurs indiennes du présent remaster, Wall, annonciateur de bien des merveilles à venir).
Décrit à sa sortie, dans Rolling Stone Magazine, comme ressemblant à un album des Byrds produit par Phil Spector (une définition qui fait toujours sens aujourd'hui), Vintage Violence n'est pas l'uvre essentielle de Cale mais, indéniablement, un premier chapitre de belle qualité et un album toujours aussi recommandé à ceux qui aiment leur pop/rock avec son supplément d'intelligence, une qualité qui ne manquera jamais au ténébreux gallois.
1. Hello, There 2:48
2. Gideon's Bible 3:24
3. Adelaide 2:22
4. Big White Cloud 3:33
5. Cleo 2:36
6. Please 4:19
7. Charlemagne 5:03
8. Bring It On Up 2:25
9. Amsterdam 3:13
10. Ghost Story 3:47
11. Fairweather Friend 2:33
Bonus
12. Fairweather Friend (alternate version) 2:38
13. Wall 6:07
John Cale - bass guitar, guitar, keyboards, vocals
Harvey Brooks - bass guitar
Sanford Konikoff - drums
Ernire Coralla - guitar
Garland Jeffreys - guitar, backing vocals
Stan Szelest - piano
JOHN CALE |
Duo SPaTiaL
John Cale & Terry Riley "Church of Anthrax (Remastered)" (1971)
ou "Deux Mondes"
Voilà une rencontre qui a dû en surprendre plus d'un quand, en 1971, elle apparut dans les bacs des disquaires.
Surprendre surtout ceux qui ne savaient pas qu'avant le Velvet Underground et son premier album solo (l'excellent Vintage Violence), John Cale avait frayé avec quelques olibrius chantres d'un avant-garde minimaliste alors naissant et, en particulier, avec le Theatre of Eternal Music de La Monte Young.
Parce qu'ici, à l'exception de l'accessoire et déplacé The Soul of Patrick Lee (pas un mauvais titre cependant), pas de chansonnettes mais une musique instrumentale habitée où Terry Riley "drone", sa spécialité, et Cale illustre en multi-instrumentiste passionné et passionnant. Et si on sent bien qu'on a affaire à une jam c'est surtout à une création musicale d'une grande beauté qui nous est proposée, une musique qui sait se faire relaxante sans jamais perdre de son ambition et ambitieuse sans jamais se prendre la tête, où les influences world, jazz ou classiques apportent leur lot d'épices à la création, où les univers et acquis de deux Hommes s'imbriquent à la perfection.
Longtemps indisponible, outre quelques versions pirates peu recommandables circulant sous le manteau, il est bon de retrouver ce Church of Anthrax aussi stellaire que possédé, un petit bijou de musique avant-gardiste ET écoutable par deux grands messieurs au riche catalogue. Recommandé !
1. Church of Anthrax 9:05
2. The Hall of Mirrors in the Palace at Versailles 7:59
3. The Soul of Patrick Lee 2:49
4. Ides of March 11:03
5. The Protege 2:52
John Cale - keyboards, bass guitar, harpsichord, piano, guitar, viola, organ
Terry Riley - piano, organ, soprano saxophone
Bobby Colomby - drums
Bobby Gregg - drums
&
Adam Miller - vocals on "The Soul of Patrick Lee"
TERRY RILEY |
CoNTeMPoRaiN
John Cale "The Academy in Peril" (1972)
ou "Cale en liberté"
A-t-il été influencé par son escapade en compagnie de Terry Riley l'année d'avant (sur le très recommandé Church of Anthrax) ?, John Cale s'éloigne largement de son excellent premier album, Vintage Violence (1970), un petit chef d'œuvre de pop intelligente, s'orientant vers l'écriture moins immédiate, plus artistique de la musique classique, et en sort grand gagnant, avant une nouvelle mue... Intenable ce gallois !
Et donc voici Cale revenu, avec les acquis de son parcours musical déjà riche, à sa formation académique (d'où le titre ?) soit à la musique classique avec, notamment, un poignant hommage à Johannes Brahms sur le second titre de l'albumn Brahms justement où, seul au piano, Cale ne fait pas dans l'épate mais dans l'émotion. Mais l'album n'est pas qu'un hommage, il sait se frotter à son époque (Days of Steam, seule concession à la pop 70s, King Harry et son calypso post-apocalyptique ), chercher dans les possibles futurs (la fusion entre blues et musique contemporaine sur The Philosopher), et surtout souligner une fois encore le talent d'un homme, John, et ses caméléonesques capacités. Parce que le Cale du Velvet Underground est loin, parce que le Cale de Vintage Violence ne répond guère plus, parce que l'artiste à besoin d'air, The Academy in Peril est multiple tout en n'y perdant absolument pas en cohérence. La tonalité, c'est l'évidence, est à la musique contemporaine, à l'exploration, à l'orchestre aussi, tentation à laquelle Cale n'avait pas encore cédé et où il excelle (3 Orchestra Pieces, un John Milton à couper le souffle).
Pour l'anecdote, la pochette est d'Andy Warhol et le futur Rolling Stones et alors encore dans les Faces avec Rod Stewart, Ron Wood, joue le bluesman du Philosopher introductif. Pour l'anecdote parce que le plus important est dans la musique, dans la partition.
Et tout fonctionne ! Alors, on regrettera que l'album n'ai pas encore été remasterisé (c'est l'un des derniers Cale à ne pas avoir eu son coup de ripolin, il serait temps) et que la présente version souffre d'un souffle qui, dans les passages les plus ambiants, peu agacer. C'est le seul défaut, technique donc, d'un album de musique dite difficile sauvé par la grâce de ses mélodies et donc accessible à tous. Enfin, à tous ceux qui ont un minimum d'ouverture d'esprit et de gout de l'aventure. Parce que ce Cale là, homme libre, compositeur inspiré, instrumentiste précieux se mérite, demande à l'auditeur d'être là pour lui. Vu les trésors qu'il déploie, c'est le minimum.
1. The Philosopher 4:30
2. Brahms 6:27
3. Legs Larry at Television Centre 3:39
4. The Academy in Peril 6:56
5. Intro/Days of Steam 3:01
6. 3 Orchestral Pieces: Faust/The Balance/Captain Morgan's Lament 8:45
7. King Harry 4:11
8. John Milton 7:56
2. Brahms 6:27
3. Legs Larry at Television Centre 3:39
4. The Academy in Peril 6:56
5. Intro/Days of Steam 3:01
6. 3 Orchestral Pieces: Faust/The Balance/Captain Morgan's Lament 8:45
7. King Harry 4:11
8. John Milton 7:56
John Cale: bass, guitar, keyboards, viola
Del Newman: drums
&
Adam Miller: vocals on "Days of Steam" and "King Harry"
Ron Wood: slide guitar on "The Philosopher"
Legs Larry Smith: narration on "Legs Larry at Television Centre"
The Royal Philharmonic Orchestra
JOHN CALE |
BaRoQue PoP
John Cale "Paris 1919 (Remastered)" (1973)
ou "En attendant Drella"
Un vrai classique, tout le monde s'accorde là-dessus, mais pas forcément là où on attendait l'ex Velvet Underground après sa tentative ratée d'exploiter son background classique (pas Church of Anthrax en duo avec Terry Riley, The Academy in Peril, le bien nommé).
Un peu à l'image de son premier album (Vintage Violence, toujours fortement recommandé !) mais encore plus distant des sons de son ancienne formation, on y retrouve un Cale apaisé délivrant une pop intelligente et un poil exploratoire. Accessible tout en demeurant clairement intello, cette collection de chansons demeurera longtemps le mètre étalon de la splendeur « Calienne » (jusque son opus en duo avec Lou Reed, Songs for Drella).
Et il y a de quoi s'émerveiller ! The Endless Plain of Fortune, chef d'œuvre de pop orchestrale, le presque folk Child Christmas in Wales, le charme suranné et irresistible de la douce ballade qu'est Andalucia, le rock franc-du-collier pseudo-shakespearien de Macbeth, la préciosité entrainante d'un Paris 1919... Et le reste est à l'avenant !
Réédition « Deluxe » oblige, un gros lot de bonus tracks a été exhumé pour la circonstance. Trop souvent ce genre de reliquat équivaut à autant d'amères déceptions, pas ici. Et c'est une bonne nouvelle étant donné que la re-mise-en-son ne s'avère pas d'une brûlante urgence. En l'occurrence, la générosité rivalise ici avec la qualité. Générosité parce qu'un album à l'origine très court (32 minutes) se trouve enrichi de plus de 45 minutes de matériel (bigre !). Qualité parce que même l'anecdotique y est sympathique (les deux mixes du morceau-titre) et qu'en plus on y touche parfois au divin (la version rehearsal d'Antarctica Starts Here encore plus poignante que la version album). Tout juste regrettera-t-on qu'un seul réel inédit soit dévoilé, le sympathique et countrysant Burned Out Affair. Mais là, on mégote.
Un « classique-que-tout-un-chacun-se-doit-de-posséder » additionné d'une impressionnante collection de bonus versions allant d'intéressantes à splendides ? Exactement ce à quoi on s'attend en acquérant ce genre d'objet. Et on ne se plaint pas, et on en redemande...
Un peu à l'image de son premier album (Vintage Violence, toujours fortement recommandé !) mais encore plus distant des sons de son ancienne formation, on y retrouve un Cale apaisé délivrant une pop intelligente et un poil exploratoire. Accessible tout en demeurant clairement intello, cette collection de chansons demeurera longtemps le mètre étalon de la splendeur « Calienne » (jusque son opus en duo avec Lou Reed, Songs for Drella).
Et il y a de quoi s'émerveiller ! The Endless Plain of Fortune, chef d'œuvre de pop orchestrale, le presque folk Child Christmas in Wales, le charme suranné et irresistible de la douce ballade qu'est Andalucia, le rock franc-du-collier pseudo-shakespearien de Macbeth, la préciosité entrainante d'un Paris 1919... Et le reste est à l'avenant !
Réédition « Deluxe » oblige, un gros lot de bonus tracks a été exhumé pour la circonstance. Trop souvent ce genre de reliquat équivaut à autant d'amères déceptions, pas ici. Et c'est une bonne nouvelle étant donné que la re-mise-en-son ne s'avère pas d'une brûlante urgence. En l'occurrence, la générosité rivalise ici avec la qualité. Générosité parce qu'un album à l'origine très court (32 minutes) se trouve enrichi de plus de 45 minutes de matériel (bigre !). Qualité parce que même l'anecdotique y est sympathique (les deux mixes du morceau-titre) et qu'en plus on y touche parfois au divin (la version rehearsal d'Antarctica Starts Here encore plus poignante que la version album). Tout juste regrettera-t-on qu'un seul réel inédit soit dévoilé, le sympathique et countrysant Burned Out Affair. Mais là, on mégote.
Un « classique-que-tout-un-chacun-se-doit-de-posséder » additionné d'une impressionnante collection de bonus versions allant d'intéressantes à splendides ? Exactement ce à quoi on s'attend en acquérant ce genre d'objet. Et on ne se plaint pas, et on en redemande...
1. Child's Christmas in Wales 3:21
2. Hanky Panky Nohow 2:46
3. The Endless Plain of Fortune 4:13
4. Andalucia 3:54
5. Macbeth 3:08
6. Paris 1919 4:07
7. Graham Greene 3:00
8. Half Past France 4:20
9. Antarctica Starts Here 2:47
Bonus
10. Burned Out Affair (Outtake) 3:24
11. Child's Christmas in Wales (Alternate Version) 3:30
12. Hanky Panky Nohow (Drone Mix) 2:51
13. The Endless Plain of Fortune (Alternate Version) 4:08
14. Andalucia (Rehearsal) 4:34
15. Macbeth (Alternate Version) 3:4
16. Paris 1919 (String Mix) 4:29
17. Graham Greene (Rehearsal) 1:40
18. Half Past France (Alternate Version) 4:50
19. Antarctica Starts Here (Rehearsal) 2:52
20. Paris 1919 (Piano Mix) 6:09
21. Macbeth (unlisted instrumental) 5:17
2. Hanky Panky Nohow 2:46
3. The Endless Plain of Fortune 4:13
4. Andalucia 3:54
5. Macbeth 3:08
6. Paris 1919 4:07
7. Graham Greene 3:00
8. Half Past France 4:20
9. Antarctica Starts Here 2:47
Bonus
10. Burned Out Affair (Outtake) 3:24
11. Child's Christmas in Wales (Alternate Version) 3:30
12. Hanky Panky Nohow (Drone Mix) 2:51
13. The Endless Plain of Fortune (Alternate Version) 4:08
14. Andalucia (Rehearsal) 4:34
15. Macbeth (Alternate Version) 3:4
16. Paris 1919 (String Mix) 4:29
17. Graham Greene (Rehearsal) 1:40
18. Half Past France (Alternate Version) 4:50
19. Antarctica Starts Here (Rehearsal) 2:52
20. Paris 1919 (Piano Mix) 6:09
21. Macbeth (unlisted instrumental) 5:17
John Cale: chant, basse, guitare, claviers, viola
Wilton Felder: basse
Lowell George: guitare
Richie Hayward: batterie
U.C.L.A. Orchestra
LOWELL GEORGE |
uN JouR
Kevin Ayers, John Cale, Eno and Nico "June 1, 1974" (1974)
ou "Jam Session"
Une affiche un peu trompeuse (John Cale et surtout Nico n'y font qu'une brève apparition), une de ces jam sessions si typiques des années 70, c'est le June 1 1974 de Kevin Ayers et Brian Eno, mais surtout Kevin en fait.
Or donc, en ce 1er juin 1974, quelques musiciens s'étant croisés lors d'erratiques ou décidés parcours, ayant plus au moins répété avant l'évènement, se retrouvent sur la scène du Rainbow Theatre de Londres pour un taper le bœuf sur quelques unes de leurs chansons respectives et celles des autres aussi. Dans les faits, l'album n'est qu'un montage de l'évènement puisque, tel que confirmé par de sûres sources, deux morceaux de Cale, deux autres de Nico et un de Kevin Ayers y furent omis. Des neufs titres restants, la part belle à Ayers qui squatte toute la face B originelle (de May I? à Two Goes Into Four), normal en tant qu'initiateur du projet, toutes n'offrent pas le satisfecit qu'on aurait pu attendre, c'est en partie la faute à la face précitée où, évidemment !, Ayers fait le métier mais peine à égaler les performances de ses trois illustres collègues (n'aurait-il pas été plus judicieux d'inverser les deux faces, d'ailleurs ?). Parce quelle face A, mes aïeux !, quel enchainement de transe musicale avec, pour bien commencer, un Eno du feu de quelque déité que vous voulez sur un Driving Me Backwards bien barré (avec le violon déchainé de Cale en essentiel complément faisant de cette version celle de référence) et un Baby's on Fire plus abordable mais presque aussi trippant. Viennent ensuite John Cale pour le Hearbreak Hotel d'Elvis transformé et vicieux dont la version studio paraitra bientôt (sur Slow Dazzle) et Nico pour une version du The End des Doors carrément supérieure à celle qu'elle vient juste d'enregistrer, deux complètes réussites qui concluent une première moitié de feu, bravo.
Pour plus de détails sur la cuisine interne et le jeu de chaises musicales entre musiciens, je vous laisse vous référer à la tracklist (plus bas), il n'est pas cependant inutile de noter que si quatre noms prestigieux ornent la pochette, d'autres excellents et légendaires musiciens ont également participé dont Mike Oldfield (les deux dernières), Robert Wyatt (aux percussions, pourquoi seulement aux percussions ?!, sur deux-tiers des titres), John "Rabbit" Bundrick (de chez Kossoff, Sandy Denny, Free, etc.) et quelques autres moins connus mais aussi compétents et s'amusant autant que les autres dans une atmosphère allant du sérieux le plus appliqué à une franche rigolade jammesque.
Bref, inégal, décousu, éparpillé dirait-on même, ou, tout ça est vrai mais n'est-ce pas la nature même de ces rencontres impromptues ?, June 1 1974 est une galette néanmoins bourrée de charmes qu'on conseillera par conséquent aux amateurs de pop/rock/folk, de la musique communautaire par une bande de post-hippies en somme, des années 70. En quelques mots complémentaires ? Une belle photographie de groupe de vrais talents, recommandé.
1. Driving Me Backwards 6:07
2. Baby's on Fire 3:52
3. Heartbreak Hotel 5:19
4. The End 9:14
5. May I? 5:30
6. Shouting in a Bucket Blues 5:07
7. Stranger in Blue Suede Shoes 3:27
8. Everybody's Sometime and Some People's All the Time Blues 4:35
9. Two Goes into Four 2:28
Kevin Ayers – vocals (5-9), guitar (5-9), bass guitar (1-2)
Brian Eno – vocals (1-2), synthesizer (1-4, 9)
John Cale – vocals (3), piano (2), viola (1, 9)
Nico – vocals (4), harmonium (4)
Mike Oldfield – lead guitar (8), acoustic guitar (9)
Ollie Halsall – piano (1), guitar (2-3, 8), lead guitar (5-7), acoustic guitar (9)
John "Rabbit" Bundrick – organ (1-3 & 5-8), organ, piano, electric piano (5-7)
Robert Wyatt – percussion (1-3, 5, 8, 9)
Doreen Chanter – backing vocals (3)
Archie Leggatt – bass guitar (1-3 5-7 + 9)
Eddie Sparrow – drums (2,3, 5-7), bass drum (1), tympani (9)
Liza Strike – backing vocals (3)
Irene Chanter – backing vocals (3)
ENO, NICO AYERS, CALE |
oN aN iSLaND
John Cale "The Island Years (Remastered)" (1974/75)
ou "Avant le silence"
Outre des enregistrements et des publications rapprochées, signe de temps où tout allait plus vite dans le monde de la rock music, il y a un vrai sentiment d'urgence sur la triplette enregistrée par John Cale pour le label Island et réunie (avec quelques inédits pas inutiles) sur un double cd bien fichu mais, surtout !, gorgé d'excellentes performances par d'excellents musiciens pour un résultat, ô surprise !... Excellent !
Or donc, au lendemain d'un triomphant et précieux Paris 1919, œuvre à laquelle nul ne niera une "panthéonienne" destinée, le gallois change notablement de ton en plus de label revenant à des amours plus brutales et donc à un rock'n'roll brut de décoffrage (mais pas idiot pour autant (intello un jour, intello toujours !) preuve qu'on peut bander ses muscles, tendre sa voix sans tomber dans l'agression machiste d'un Ted Nugent pour ne citer qu'un bon gros bœuf étatsunien) tout en continuant d'assurer l'héritage de ses expérimentations plus pop. Précisons aussi que la crème collectée par Cale dans les différents line-up qui l'accompagnent (en vrac : Manzanera, Eno, Richard Thompson, Chris Spedding, Phil Collins (ne riez/fuyez pas !), etc.) n'est pas exactement un facteur handicapant de l'entreprise... Mais bon, c'est Cale à la barre, c'est lui le chef et ces années Island sont définitivement marquées du sceau de sa divine colère, juste colère, sa glaçante colère... sa Belle colère ! Mais pas que de la colère, Cale est trop malin pour ça.
Si on rentre dans le "gras de la bête" et en isole chacune des ses composants, on dira que Fear, premier paru en octobre 1974, est aussi le plus varié du lot, le moins lugubre aussi, et qu'on y croise moult créatures chatoyantes qui ont sans aucun doute beaucoup influencé ce qu'est Nick Cave aujourd'hui devenu (tous projets confondus). Et c'est un magnifique album avec, en tête de gondole, un Ship of Fools tout simplement bouleversant.
Cinq mois seulement plus tard (ha les cadences infernales des joyeuses seventies !), en mars 1975, parait Slow Dazzle suite logique mais plus "rockocentrée" de Fear qui gagne largement en efficacité ce qu'il cède en diversité. C'est encore un album intense avec un Cale "à vif". On en ressortira l'hommage à Brian Wilson, Mr. Wilson, la reprise hantée d'Elvis Presley, Heartbreak Hotel, et un bien senti Dirty Ass Rock 'N' Roll qui en remontre facilement à son copain Lou.
Last but not least, en novembre 1975, Helen of Troy, l'album d'avant la rupture, est aussi le plus cohérent, celui qui donne le plus l'impression d'écouter un groupe des trois, pas un hasard puisque c'est celui au line-up le plus constant. Et pas le moins réussi donc parce qu'on y trouve des pépites comme la chanson titre ou le croquignolet (I Keep a) Close Watch où Cale croone comme un vieux pro. C'est aussi tout en étant le moins agité, le plus théâtral de ces années Island comme en témoigne le quasi-progressif Engine... Et une réussite de plus !
On ajoutera que les trois fonctionnent très bien les uns à côtés des autres et constituent un tout intéressant sur une période où Cale, visiblement, a quelques visées commerciales qui ne seront, hélas, pas payées en retour malgré la qualité générale des prestations et des compositions. Peut-être cette pop rock certes abordable mais encore un peu trop cérébrale et parfois un peu trop acide laissa froid un public amateur récurrent de prêt-à-mâcher... Peut-être aussi qu'un Cale, qui n'est pas un grand chanteur ni n'a jamais prétendu l'être, à la voix si particulière, n'était pas taillé pour le costard...
Peut-être... Mais le petit drame de la période c'est qu'il faudra quelque années avant que Cale ne repasse par la case studio privant donc le monde, et les fulgurances de son début de catalogue solo, d'une suite immédiate. Il faudra ainsi attendre 1981, et le pas glop (mais pas honteux non plus) Honi Soit, pour retrouver du matériau original de Cale en solitaire... Le niveau s'améliorera heureusement dès l'année et la galette suivante avec le très bon, essentiel même !, et pourtant cruellement indisponible aujourd'hui Music For A New Society, mais c'est une autre histoire...
De l'objet proprement dit, outre quelques bonus tracks bienvenues, on appréciera de le voir doté d'une pochette classe et pas tapageuse, à l'image du ténébreux artiste qu'elle affiche. Il n'y a pas à dire, c'est du bon boulot où on regrettera simplement l'absence de paroles qui auraient joliment complémenté les notes de pochettes de Ben Edmonds (du magazine Rolling Stones US, qui s'y connait visiblement) et les quelques photos d'époque. Mais bon, c'est pour pinailler parce que, vraiment !, The Island Years offre une trop belle opportunité de découvrir John Cale dans une phase moins "commercialement faste" de sa carrière (c'est tout relatif, Cale n'ayant jamais été un gros vendeur) mais pas moins faste artistiquement comme ceux qui tenteront l'expérience s'en rendront joyeusement compte.
CD 1
Fear (1974) & outtake
1. Fear Is a Man's Best Friend 3:52
2. Buffalo Ballet 3:28
3. Barracuda 3:46
4. Emily 4:21
5. Ship of Fools 4:36
6. Gun 8:04
7. The Man Who Couldn't Afford to Orgy 4:33
8. You Know More Than I Know 3:34
9. Momamma Scuba 4:23
10. Sylvia Said 4:07 (single B-side, remixed)
Slow Dazzle (1975) & outtakes
11. All I Want Is You 2:55 (outtake)
12. Bamboo Floor 3:24 (outtake)
13. Mr. Wilson 3:15
14. Taking It All Away 2:56
15. Dirty-Ass Rock 'N' Roll 4:41
16. Darling I Need You 3:35
17. Rollaroll 3:57
Fear (1974) & outtake
1. Fear Is a Man's Best Friend 3:52
2. Buffalo Ballet 3:28
3. Barracuda 3:46
4. Emily 4:21
5. Ship of Fools 4:36
6. Gun 8:04
7. The Man Who Couldn't Afford to Orgy 4:33
8. You Know More Than I Know 3:34
9. Momamma Scuba 4:23
10. Sylvia Said 4:07 (single B-side, remixed)
Slow Dazzle (1975) & outtakes
11. All I Want Is You 2:55 (outtake)
12. Bamboo Floor 3:24 (outtake)
13. Mr. Wilson 3:15
14. Taking It All Away 2:56
15. Dirty-Ass Rock 'N' Roll 4:41
16. Darling I Need You 3:35
17. Rollaroll 3:57
CD2
1. Heartbreak Hotel 3:10
2. Ski Patrol 2:05
3. I'm Not the Loving Kind 3:07
4. Guts 3:26
5. The Jeweller 4:11
Helen of Troy (1975) & outtakes
6. My Maria 3:48
7. Helen of Troy 4:18
8. China Sea 2:30
9. Engine 2:45
10. Save Us 2:20
11. Cable Hogue 3:30
12. (I Keep A) Close Watch 3:27
13. Pablo Picasso 3:20
14. Leaving It Up To You 4:33
15. Baby, What You Want Me to Do? 4:48
16. Sudden Death 4:36
17. You & Me 2:50 (outtake)
18. Coral Moon 2:14
19. Mary Lou 2:46 (outtake)
1. Heartbreak Hotel 3:10
2. Ski Patrol 2:05
3. I'm Not the Loving Kind 3:07
4. Guts 3:26
5. The Jeweller 4:11
Helen of Troy (1975) & outtakes
6. My Maria 3:48
7. Helen of Troy 4:18
8. China Sea 2:30
9. Engine 2:45
10. Save Us 2:20
11. Cable Hogue 3:30
12. (I Keep A) Close Watch 3:27
13. Pablo Picasso 3:20
14. Leaving It Up To You 4:33
15. Baby, What You Want Me to Do? 4:48
16. Sudden Death 4:36
17. You & Me 2:50 (outtake)
18. Coral Moon 2:14
19. Mary Lou 2:46 (outtake)
"Fear" (1974)
John Cale - bass guitar, guitar, keyboards, viola, lead vocals, production, writing, cover
Phil Manzanera - guitar, slide guitar on "Momamma Scuba", executive producer
Fred Smith - drums
Brian Eno - synthesizer, effects, executive producer
Archie Leggatt - bass
Michael Desmarais - drums on "Momamma Scuba"and "Fear"
Richard Thompson - slide guitar on "Momamma Scuba"
Bryn Haworth - slide guitar on "Momamma Scuba"
Brian Turrington - bass on "Momamma Scuba"
Irene Chanter - background vocals
Doreen Chanter - background vocals
Liza Strike - background vocals, girl's choir
Judy Nylon - lead vocals on "The Man Who Couldn't Afford to Orgy"
"Slow Dazzle" (1975)
John Cale: piano, organ, clavinet, vocals, production, cover, writing
Gerry Conway: drums
Pat Donaldson: bass
Timi Donald: drums
Brian Eno: synthesizer
Phil Manzanera: guitar
Geoff Muldaur: harmony vocals on "Guts" and "Darling I Need You"
Chris Spedding: guitar
Chris Thomas: violin, electric piano
"Helen of Troy" (1975)
John Cale - keyboards, guitar, vocals
Phil Collins - drums
Pat Donaldson - bass
Timi Donald - drums
Brian Eno - synthesizer
Chris Spedding - guitar
Robert Kirby - string & choir arrangement
JOHN CALE |
MoDeRN VioLeNCe
John Cale "Sabotage/Live" (1979)
ou "De bruit et de fureur"
Vous pensiez que, chez les ex-Velvet Underground, Lou Reed avait le monopole de la colère ? Le Sabotage/Live de son poteau John Cale va vous faire fissa réviser votre jugement parce que ce live, la dernière livraison des seventies, 4 ans après Helen of Troy, d'un Cale qui s'il est trop discret dans les parutions est présentement hurlant de rage, suant d'électricité, est une explosive démonstration... Place aux mots de Dioneo de chez Guts of Darkness :
"Foutaise, cette histoire, ce raccourci : dans le Velvet Underground, Lou Reed aurait été l’âme rock’n’roll, la fleur de caniveau qui cherchait à tout prix à percer, persistant et se nourrissant de l’ordure pour recracher sa poésie et son boucan ; et John Cale le fils d’Europe, cultivé, esprit classique en recherche de corruption, d’électricité, qui se serait mangé le flash et la décharge en rencontrant les autres…
Certes : en intégrant le groupe, Cale a dû trouver la concision, l’obligation de serrer le tir, la liberté de jouer "faux" sans qu’on lui objecte que ce serait un parti-pris, aussi, un concept. Ce dernier point n’est même pas certain, d’ailleurs. Car en terme d’expérimentations sauvages, de tout-est-permis, Cale en avait vu d’autre avant le Velvet. Des Tony Conrad, Marian Zazeela, La Monte Young… Tout le Dream Syndicate : tritureurs de drones, mutateurs d’ondes, de charges. Les jeux de voltage, il connaissait déjà, bien avant que les autres s’en mêlent. Et puis "la culture", il n’est pas difficile de voir, d’entendre ce qu’il en fait, ce qu’il lui veut, tout au long de cette discographie instable, ouverte, multiforme : ce doit être un acide, une pointe, une attache qui pète et cingle en pleine face ; il faut que ça ouvre et mette au jour, éveille ; il faut parfois que ça terrifie ; il faut aussi que ça secoue d’un grand frisson hilare, face à tout, face à la foule, face au gouffre.
Ce live de 1979 raconte bien cette histoire là. En formes coupantes et contondante. Avec des casques de travaux, des choristes au maquillage et au timbre bubblegum. Avec des guitares qui rampent, cabrent, fulgurent. Dans le groove, le noir. Si on en croit ce qu’en disent ceux qui en furent, même en n'ayant pas besoin de tendre excessivement l’oreille : dans la liesse, la dope, l’excès des deux. Cale, paraît-il, ne voulait pas quitter les salles si un seul corps dans l’assistance n’en sortait pas secoué. A voir les images de ces années – de celles qui ont suivi – il paraît clair que tout ça partait trop loin pour leur bien, leurs santés. A l’écouter, on sent l’éclate perpétuelle et l’épuisement qu’ils devaient s’infliger en retour, dans ces tournées qui étaient des raids. Sans jamais cesser de chercher le point sensible, la faille dans le bloc, chaque nouveau lieu investi. Sans jamais rien éteindre ou mettre en sourdine : amplis et encéphales. John Cale, au CBGB’s – salle où avaient débuté Ramones, Television, Talking Heads, Blondie, Dead Boys… tous les cracks et craqués, génies ou brillants abrutis du punk américain d’alors – commence par ce qui doit être une paraphrase de Machiavel, de ses écrits de stratégie militaire. "Les mercenaires ne servent à rien… Une maigre solde qui suffit à leur donner envie de TUER pour vous mais pas de MOURIR pour vous". Et dans l’instant le voilà qui entre sans autre prémisse et précaution : le rock’n’roll, disais-je.
Levons un doute, aussi : Sabotage n’est pas une pauvre réponse au Rock’n’Roll Animal de Reed, sorti six ans plus tôt. Sans doute, peut-être même pas un "moi aussi", une tentative de l’égaler. A mon sens ce n’est d’ailleurs pas le cas : puisque celui-là éblouit d’un éclat bien plus fou, brut, et finalement plus… Sale. Là où l’ancien complice avait embauché une certaine crème – l’intégralité du futur Alice Cooper Band, parmi lesquels Hunter et Wagner, guitar-heroes flamboyants mais requins de studio, des shock-rockers sachant allumer les stades plutôt que des affamés piaffant dans l'arrière-cour – Cale va chercher des sauvages inconnus. Hirsutes, jeunes et nerveux, minces, l’envie de mordre et de jouir chevillé au corps comme une mission ou comme un parasite. Fin de la parenthèse, allons : ce disque se tient tout seul, brûle haut sans ces comparaisons. Le jeu du nommé Marc Aaron noue des paquets, des embrouilles de riffs pour en faire jaillir l’instant d’après des lignes brillantes, épiques, grandioses si le propos, si la chanson l’exige. Deerfrance – choriste, amie proche de Cale à cette époque – chante seule une sorte d’interlude doux et coloré, confiserie poudrée. Ça raconte paraît-il ses pensées après s’être enfuie de justesse d’un viol qu’un camionneur avait voulu lui infliger, histoire de se "payer sur la bête" pour l’avoir prise en stop… Béni Soit Le Perçant Des Escarpins.
Partout ailleurs John Cale gueule ou caresse, possédé, crooner. On dirait parfois presque Jim Morrison – celui de la fin, barbu et cramé au bourdon plutôt qu’éclairé lysergique. Il reprend Walking The Dog, avec cette voix ci – une sorte de standard, "novelty-song", hit à moitié comique, soul, rhythm and blues en son temps balancé par Rufus Thomas. Quand on sort le chien, on sait bien que c’est pour qu’il pisse et chie. Ou autre chose. Passons. Du salissant… Juste après, le même nous conte une fable de défaite coloniale – l’Inde et l’Empire, les vieux capitaines jamais arrivés, toujours là trop tard, l’attente déçue. Rudyard Kippling se paume dans le Désert des Tartares de Buzatti, il y crève sans fin de malheur et d’ennui ; il chiale sous le port imperturbable ; mais ce qu’on entend, ce sont ces claviers cristallins, timbres synthétiques et somptueux ; et cette guitare qui fouille le ventre et déchire l’horizon… Sabotage – le morceau qui donne son titre à l’album – n’est pas qu’un titre : il perpètre ce qu’il énonce. Il est beau que tout ça finisse par un chœur d’une espèce de curieux gospel. Qu’autours du vaste et haut et ténébreux, nébuleux sommet – Captain Hook, donc – ceux-là envoient du groove comme si les Talking Heads (décidément…) s’étaient trompé de rue, de ruelle, d’impasse, de quartier. Le cuir, ça supporte mieux les jets d’huile que le costard. D’hémoglobine, également. Et puis les fanfreluches, aussi – rubans, jarretières, crinolines – c’est absorbant autant que ça excite l’œil. Ils ont la classe – comme nom vulgaire d’une élégance. On le répète : il est probable qu’ils soient tous défoncés.
Sabotage : on ne prend pas le manche ni la route sans être persuadé que le monde attend, désire, a besoin des cimes aux tréfonds qu’on vienne l’accidenter, le libérer, l’ouvrir béant par effraction. On se fout bien, à ces heures, de se faire prendre ou d’y rester."
Voilà, tout est dit, vous savez ce qu'il vous reste à affaire, et bon décrassage des conduits auditifs, ça fait du bien !
Certes : en intégrant le groupe, Cale a dû trouver la concision, l’obligation de serrer le tir, la liberté de jouer "faux" sans qu’on lui objecte que ce serait un parti-pris, aussi, un concept. Ce dernier point n’est même pas certain, d’ailleurs. Car en terme d’expérimentations sauvages, de tout-est-permis, Cale en avait vu d’autre avant le Velvet. Des Tony Conrad, Marian Zazeela, La Monte Young… Tout le Dream Syndicate : tritureurs de drones, mutateurs d’ondes, de charges. Les jeux de voltage, il connaissait déjà, bien avant que les autres s’en mêlent. Et puis "la culture", il n’est pas difficile de voir, d’entendre ce qu’il en fait, ce qu’il lui veut, tout au long de cette discographie instable, ouverte, multiforme : ce doit être un acide, une pointe, une attache qui pète et cingle en pleine face ; il faut que ça ouvre et mette au jour, éveille ; il faut parfois que ça terrifie ; il faut aussi que ça secoue d’un grand frisson hilare, face à tout, face à la foule, face au gouffre.
Ce live de 1979 raconte bien cette histoire là. En formes coupantes et contondante. Avec des casques de travaux, des choristes au maquillage et au timbre bubblegum. Avec des guitares qui rampent, cabrent, fulgurent. Dans le groove, le noir. Si on en croit ce qu’en disent ceux qui en furent, même en n'ayant pas besoin de tendre excessivement l’oreille : dans la liesse, la dope, l’excès des deux. Cale, paraît-il, ne voulait pas quitter les salles si un seul corps dans l’assistance n’en sortait pas secoué. A voir les images de ces années – de celles qui ont suivi – il paraît clair que tout ça partait trop loin pour leur bien, leurs santés. A l’écouter, on sent l’éclate perpétuelle et l’épuisement qu’ils devaient s’infliger en retour, dans ces tournées qui étaient des raids. Sans jamais cesser de chercher le point sensible, la faille dans le bloc, chaque nouveau lieu investi. Sans jamais rien éteindre ou mettre en sourdine : amplis et encéphales. John Cale, au CBGB’s – salle où avaient débuté Ramones, Television, Talking Heads, Blondie, Dead Boys… tous les cracks et craqués, génies ou brillants abrutis du punk américain d’alors – commence par ce qui doit être une paraphrase de Machiavel, de ses écrits de stratégie militaire. "Les mercenaires ne servent à rien… Une maigre solde qui suffit à leur donner envie de TUER pour vous mais pas de MOURIR pour vous". Et dans l’instant le voilà qui entre sans autre prémisse et précaution : le rock’n’roll, disais-je.
Levons un doute, aussi : Sabotage n’est pas une pauvre réponse au Rock’n’Roll Animal de Reed, sorti six ans plus tôt. Sans doute, peut-être même pas un "moi aussi", une tentative de l’égaler. A mon sens ce n’est d’ailleurs pas le cas : puisque celui-là éblouit d’un éclat bien plus fou, brut, et finalement plus… Sale. Là où l’ancien complice avait embauché une certaine crème – l’intégralité du futur Alice Cooper Band, parmi lesquels Hunter et Wagner, guitar-heroes flamboyants mais requins de studio, des shock-rockers sachant allumer les stades plutôt que des affamés piaffant dans l'arrière-cour – Cale va chercher des sauvages inconnus. Hirsutes, jeunes et nerveux, minces, l’envie de mordre et de jouir chevillé au corps comme une mission ou comme un parasite. Fin de la parenthèse, allons : ce disque se tient tout seul, brûle haut sans ces comparaisons. Le jeu du nommé Marc Aaron noue des paquets, des embrouilles de riffs pour en faire jaillir l’instant d’après des lignes brillantes, épiques, grandioses si le propos, si la chanson l’exige. Deerfrance – choriste, amie proche de Cale à cette époque – chante seule une sorte d’interlude doux et coloré, confiserie poudrée. Ça raconte paraît-il ses pensées après s’être enfuie de justesse d’un viol qu’un camionneur avait voulu lui infliger, histoire de se "payer sur la bête" pour l’avoir prise en stop… Béni Soit Le Perçant Des Escarpins.
Partout ailleurs John Cale gueule ou caresse, possédé, crooner. On dirait parfois presque Jim Morrison – celui de la fin, barbu et cramé au bourdon plutôt qu’éclairé lysergique. Il reprend Walking The Dog, avec cette voix ci – une sorte de standard, "novelty-song", hit à moitié comique, soul, rhythm and blues en son temps balancé par Rufus Thomas. Quand on sort le chien, on sait bien que c’est pour qu’il pisse et chie. Ou autre chose. Passons. Du salissant… Juste après, le même nous conte une fable de défaite coloniale – l’Inde et l’Empire, les vieux capitaines jamais arrivés, toujours là trop tard, l’attente déçue. Rudyard Kippling se paume dans le Désert des Tartares de Buzatti, il y crève sans fin de malheur et d’ennui ; il chiale sous le port imperturbable ; mais ce qu’on entend, ce sont ces claviers cristallins, timbres synthétiques et somptueux ; et cette guitare qui fouille le ventre et déchire l’horizon… Sabotage – le morceau qui donne son titre à l’album – n’est pas qu’un titre : il perpètre ce qu’il énonce. Il est beau que tout ça finisse par un chœur d’une espèce de curieux gospel. Qu’autours du vaste et haut et ténébreux, nébuleux sommet – Captain Hook, donc – ceux-là envoient du groove comme si les Talking Heads (décidément…) s’étaient trompé de rue, de ruelle, d’impasse, de quartier. Le cuir, ça supporte mieux les jets d’huile que le costard. D’hémoglobine, également. Et puis les fanfreluches, aussi – rubans, jarretières, crinolines – c’est absorbant autant que ça excite l’œil. Ils ont la classe – comme nom vulgaire d’une élégance. On le répète : il est probable qu’ils soient tous défoncés.
Sabotage : on ne prend pas le manche ni la route sans être persuadé que le monde attend, désire, a besoin des cimes aux tréfonds qu’on vienne l’accidenter, le libérer, l’ouvrir béant par effraction. On se fout bien, à ces heures, de se faire prendre ou d’y rester."
Voilà, tout est dit, vous savez ce qu'il vous reste à affaire, et bon décrassage des conduits auditifs, ça fait du bien !
1. Mercenaries (Ready for War) 7:55
2. Baby You Know 4:03
3. Evidence 3:34
4. Dr. Mudd 3:56
5. Walkin' the Dog 4:09
6. Captain Hook 11:30
7. Only Time Will Tell 2:28
8. Sabotage 4:28
9. Chorale 3:44
John Cale - vocals, piano, guitar, fretless bass, viola
Marc Aaron - lead guitar
Joe Bidewell - keyboards, vocals
Doug Bowne - drums, vocals
Deerfrance - percussion, vocals
George Scott - bass, vocals
JOHN CALE |
A Fond de Cale (1967-1979)
RépondreSupprimerThe Velvet Underground & Nico "The Velvet Underground & Nico" (1967)
- http://www76.zippyshare.com/v/MSqYn95w/file.html
The Velvet Underground "White Light White Heat" (1968)
1 - http://www76.zippyshare.com/v/QQN1BYHw/file.html
2 - http://www76.zippyshare.com/v/ALADrXZ1/file.html
John Cale "Vintage Violence" (1970)
- http://www76.zippyshare.com/v/9A2qbyTg/file.html
John Cale & Terry Riley "Church of Anthrax" (1971)
- http://www76.zippyshare.com/v/PVw9osF4/file.html
John Cale "The Academy in Peril" (1972)
- http://www76.zippyshare.com/v/TqSMiGOH/file.html
John Cale "Paris 1919" (1973)
- http://www76.zippyshare.com/v/iKHAeidj/file.html
Kevin Ayers, John Cale, Brian Eno and Nico "June 1, 1974" (1974)
- http://www76.zippyshare.com/v/tBch8z1O/file.html
John Cale "The Island Years" (1974/75)
- http://www76.zippyshare.com/v/fkMjIKgY/file.html
John Cale "Sabotage/Live" (1979)
- http://www76.zippyshare.com/v/NLC1whuQ/file.html
Pendant longtemps, il était courant de lire que l'oeuvre de Cale était bancale et qu'il n'avait intégralement réussi que Paris 1919. C'était un temps aussi où les CD n'existait pas (ou peu). Je me rappelle avoir commandé cet album en Vinyl import à la FNAC pendant des mois sans jamais l'avoir, alors que des amies en voyage à Londres l’avaient trouvé en Nice Price (avec le Forever de LOVE!!!!). Deux trésors que je chéris toujours autant.
RépondreSupprimerDepuis une dizaine d'année, son oeuvre parait, à juste titre , notoirement réévaluée. Et effectivement, Paris 1919 n'est pas la seule merveille. Et pour ma part, bien des chansons des autres albums surpassent celles de Paris 1919 (la liste est d'ailleurs trop longue).Pour ce qui est du Velvet, je dois avouer que j'écoute très rarement White Light White Heat (si c'est pour plonger dans une musique difficile de l'époque je préfère Trout Mask Replica ou Tago Mago), par contre, les autres, notamment le 1er et le sous-estimé Loaded, c'est une autre affaire (et 1969 également).
Les rééditions Deluxe sont un sacré bordel au niveau des bonus. Celui avec Nico comprend quasiment l'intégral de Chelsea Hotel (où le rôle de Cale fut important), si tu ne l'as pas, je l'ai chez moi (ainsi que le Loaded et Music For a New Society si tu peines à le retrouver).
Je m'aperçois que je ne connaissais pas Church of Anthrax et Academy in Peril. Je viens d'écouter ce dernier toute la matinée. En fait, du temps où j'attendais Paris 1919, j'avais un peu fantasmé l'épaisseur de ce son. J'ai toujours trouvé celui Paris 1919 un peu décevant par rapport à ce fantasme que j'avais eu à l'attendre si longtemps (je ne parle que du son, pas des chansons qui sont exceptionnelles pour la plupart). D'ailleurs, je n'ai pas les bonus, donc je l'ai également pris.
Tu signales également la qualité de sa reprise de Heartbreak Hotel. C'est vraiment effectivement un vrai choc. D'ailleurs pendant longtemps je n'ai pas fait le parallèle avec l'original. Si juste une fois, je me suis dit que ce nom de chanson me disait quelque que chose (c'était ça le problème d'écouter sur des K7 repiquées sans avoir d'internet sous la main). Et en réecoutant l'original, je découvre que le texte était bien aussi effrayant... I feel so lonely I could Die... Que dire de plus si ceux quui n'ont pas écouté cette phrase dans la bouche de Cale ne peuvent pas connaitre l'angoisse que j'ai lorsqu'il m'arrive de dormir seule dans un hôtel (et pourtant, je ne suis pas véritablement seule dans la vie). Et il allait recommencer avec Hallelujah de Cohen.
Et difficile également d'imaginer le chaos de sa vie à travers sa musique. J'ai cru comprendre qu'il a été pas mal cabossé à une certaine période de sa vie. Julian Cope lui-même avoue avoir eu son plus grand choc en concert en le voyant furax quitté la scène. Difficile de l'imager ainsi quand on le voit aussi fringant à son âge. Et sans parler de son rôle de producteur visionnaire...
Bref, un personnage clé de l'histoire du rock et une oeuvre dans lequel on peut plonger et replonger. Et dans chaque album, il y a des splendeurs que Lou Reed a rarement dépassées dans sa carrière solo.
Merci à toi pour ce beau partage et ces beaux textes passionnés et passionnants.
Et merci à toi pour cet excellent commentaire.
SupprimerAu passage, sa version du Hallelujah de Cohen est la meilleure, celle qui donna les Buckley & Wainwright aussi qui s'inspirent plus de John que de Leonard.
J'ai encore des trous dans la carrière de Cale, tout ce qui suit ce que j'ai proposé sauf un (je te laisse deviner lequel !), en fait. J'y viens doucement et les conseils (passé, avec LaMonte Young, tu connais ?, et passé proche, 80s, 90s, etc.) seront donc les bienvenus.
Merci encore de tes précieuses participations.
Je suppose que c'est le Song For Drella?
SupprimerNon, je ne connais pas la MonteYoung, juste un truc dont j'ai lu deux ou trois choses. Pour ce qui est de Cale, je ne peux que te conseillé le live A fragment of A Rainy Seasons, dans lequel Cale revisite son répertoire en solo au piano ou à la sèche et livre des versions vraiment habité de ses chansons (ou des autres ^-^).
De la même époque, il y avait son autre album avec orchestre, Words for the Dying. Par contre, je ne l'ai pas trop suivi après. J'avais écouté rapidement son dernier qui ne m'avait pas emballé.
Music for a new Society est certainement le meilleur qui te manque. Si tu le veux, je pourrais te le faire parvenir.
Je retiens tes recommandations. Merci.
SupprimerEt tout bon pour Drella, c'est bien ça ! ^_^
Bon! Vous connaissez ma position sur Cale depuis belle lurette! Donc , je ne peux qu'approuver ce genre d'initiative et applaudir des deux mains: c'est fou ce qu'on peut trouver dans son oeuvre. Academy in Peril par exemple est d'une richesse folle !
RépondreSupprimerTout le Cale de cette période est d'une richesse folle, tellement plus que chez son pote Lou...
SupprimerMerci de ton passage, Joe !
Moi par contre, englué dans le blues rock depuis plus de 25 ans (et je découvre quand même tout le temps, par ex Johnny Winter cette semaine), je ne connais John Cale (et oserais-je dire le Velvet) quasi que de nom, donc je prends tout et je trouverai le temps de découvrir (je dois avoir 100 CD de retard) ! Merci beaucoup !
RépondreSupprimerVincent
PS: ma prochaine écoute: le tout nouveau mix 2015 du Tug of War de Macca, mon 1er vynil, j'avais 15 ans ! Une vraie madeleine de Proust pour moi, et un bon album quand même...
Comble donc ce retard et reviens dire ce que ça t'a fait, Vincent. Un beau programme en perspective à mon humble avis.
SupprimerTug of War ? Pas écouté depuis une petite éternité, pas de très bons souvenirs, d'ailleurs.
Merci de ton passage, Vincent.
Merci à toi pour cet article. Autant je connais bien l'oeuvre du VU, autant j'ai assez peu farfouillé dans celle de John Cale (préférant, à tort peut-être, ou du moins faute d'avoir approfondi de l'autre côté) la carrière de Lou Reed. Je vais me réécouter Paris 1919 du coup.
RépondreSupprimerTu vas te régaler ! Enjoie !
SupprimerMerveilleux post : bravo!
RépondreSupprimerOn attend celui sur Moe....
Moe, il y a quand même moins de matériel...
SupprimerEt merci, Jimmy !
J'ai eu les cheveux verts pour mes 40 ans, mais roses, non je n'ai pas tenté. Super photo de John Cale en tout cas. John Cale est celui du Velvet qui était humainement le plus sobre, Nico étant un cas à part qui l'a conduit à sa perte précocement. La discographie de John Cale épouse un large spectre et ton post le démontre particulièrement bien. Merci pour tous ceux qui vont apprécier cette palette. Bonne suite
RépondreSupprimerEt merci d'appuyer ma recommandation.
SupprimerA +
Merci à toi pour ce beau partage.
RépondreSupprimerRien d'autre à te dire.
Ce John nous le chérissons.
Jean-Paul
Bien dit, Jean-Paul, grand homme, trop silencieux ces dernières années...
Supprimer
RépondreSupprimerJe me fais plaisir avec Paris 1919, Island years et Sabotage.
Grand merci pour ce super post !!
Nous voilà bien "Calés" !
Je t'en prie.
SupprimerMerci de ton passage.
Link to 'Sabotage (Live)' is dead..... :(
RépondreSupprimerMerci pour cette chronique.
RépondreSupprimerNe pas hésiter à compléter l'écoute de sa discographie par son autobiographie, "What's Welsh for 'Zen'?", à peu près aussi intense, sincère et émouvante que son œuvre.
Dans un grand public et des rockers de base qui ne jurent souvent que par Lou pour les "ex-Velvet", le Gallois est à découvrir, à redécouvrir, il faut prendre le temps de se faire sa discographie en entier et dans l'ordre chronologique, car comme pour de vrais artistes comme lui ou de rares autres, il faut apprécier l'évolution de l’œuvre, surtout ne pas commencer par une compilation.
J'espère que ton article aura permis à quelques-uns de le faire !
Amicalement,
Vincent
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerPetite parenthèse pour évoquer le EP "Animal Justice" paru en 1977, avec ces titres :
RépondreSupprimer- Chickenshit
- Memphis
- Hedda Gabler
Autres titres de l'époque :
- Jack the Ripper
- Rosegarden Funeral Of Sores (face B du 45 T "Mercenaries (Ready for War) )
- Tonton Macoute
Les trois premiers ont été inclus dans une réédition de "Sabotage/Live", et tous sont au minimum très recommandables.