jeudi 30 octobre 2014

Too Frenchie, Too Furious...Beatin' around the Jazz

Du jazz de France. Oui mais du jazz qui tranche, progresse, transgresse, transforme l'idiome, de jeunes valeurs d'aujourd'hui, vives et prometteuses de moult lendemains qui crient. Enjoie !
 
CoNFiRMaTioN
Guillaume Perret & The Electric Epic "Open Me" (2014)

Son premier album chez Tzadik en avait épaté plus d'un, et il faut avouer que ce jazz prog sans concession avait tout pour lui, Guillaume Perret remet le couvert sur Open Me, évidemment toujours accompagné de son Electric Epic, les amateurs de jazz furieusement électrique apprécieront.
D'ailleurs, c'est à peine s'ils se rendront compte de l'absence de l'invité de marque du premier album, le furieux trompettiste, cornettiste, vocaliste Médéric Collignon qui avait pourtant amené sa pierre au brouet originel de l'agité saxophoniste savoyard. Parce que, toujours muni de son saxophone dopé au multi-effet, toujours furieusement à la croisée du jazz free, du metal dur et du rock progressif sans concession, Perret continue de creuser le sillon qu'un premier opus fort remarqué avait entamé. Pas de surprise, donc, mais une nouvelle grosse baffe de jazz prog metal qu'on rapprocherait du Shining norvégien ou des teutons bétons de Panzerballett (deux formations tout à fait estimables au demeurant) si notre petit frenchie, cocoricotons un peu, n'avait pas un petit supplément d'âme, un souffle épique (justement) assez extraordinaire, et un savoir-faire un poil plus nuancé lui permettant d'autant plus facilement faire passer les excès de décibels de sa furieuse fusion.
Et donc, sans trop entrer dans les détails afin de ne pas spolier ceux qui attendent Open Me comme l'évènement qu'il est, Guillaume Perret & The Electric Epic sont de retour, en forme, sur un second album qui, dit-on, sera bientôt suivi de son Book of Angels à lui. On dira ce qu'on voudra mais un tel honneur confié à un des nôtres, bientôt figurer dans la série phare de John Zorn, ça fait chaud au cœur même si c'est largement mérité. Allez, juste un regret, il est vraiment trop court ton album, Guillaume !
 
1. Opening 5:17
4. Irma's Room 7:15
5. Mamuth 6:26
6. Doors 4:44
7. Ponk 6:28
8. Coma 1:54

Guillaume Perret - electric saxophones
Jim Grandchamp - electric guitar
Philippe Bussonel - electric bass
Yoann Serra - drums, samples
&
Sir Alice - voice (Brutalum Voluptuous)
Monica Vannier - voice (Coma)
 
GUILLAUME PERRET

HoMMaGe 
Médéric Collignon et le Jus de Bocse "A la Recherche du Roi Frippé" (2012)
ou "Le Roi bien honoré"

S'il y a un instrumentiste jazz français qu'on imaginait pouvoir se frotter à l'oeuvre de King Crimson, c'est bien Médéric Collignon et le moins qu'on puisse dire, à l'écoute de ce "Roi Frippé", c'est que nos attentes sont satisfaites.
On connaissait la passion de Collignon pour Miles Davis qu'il hommagea ô combien aptement (et doublement) via les deux précédents opus de son Jus de Bocse: Porgy And Bess pour la phase "cool jazz" et un second pour la période fusion (Shangri-Tunkashi-La), tous deux toujours chaudement recommandées. Cette fois, glissant encore un peu plus dans le temps et s'éloignant stylistiquement de fondamentaux jazz, c'est à un monument du rock progressif que le furieux multi-instrumentiste et vocaliste s'attaque sans oublier, comme il le fit déjà sur Shangri-Tunkashi-La, de glisser quelques traits de sa propre inspiration (ce dont il aurait, à l'écoute, bien eu tort de se priver). Concrètement, 12 titres et 76 minutes durant, avec un luxe de musiciens additionnels (deux quatuors à cordes en la circonstance) auquel Miles n'avait pas eu droit, Collignon et le Jus de Bocse font plus que rendre un simple hommage au Roi Cramoisi, ils parviennent, sans la moindre trahison, à véritablement se réapproprier des thèmes du groupe.
Et ça fonctionne du tonnerre de Zeus ! Parce que les instrumentistes ici présents ne sont pas (loin de là !) des bras cassés, parce que l'imagination de leur leader semble une source inépuisable de merveilleuses petites trouvailles et autres brillantes idées, parce que ces compositions sont, dans leur conception même, ce qu'il est convenu d'appeller de la Grande Musique aussi et, ultimement, parce que ce matériau laisse place à l'interprétation, ce dont le line-up réuni ici ne s'est nullement privé. Ainsi, sur l'introductif Red (monstre de lourdeur et de précision dans son acceptation originelle s'il en fut) entend-on, du cornet vibrionnant de Collignon, d'une impeccable section rythmique à ces cordes puissantes et gracieuses soutenant parfaitement l'édifice, à quelle sauce le Roi Frippé va être mangé. Et on en redemande ! Une constatation pas inutile cependant, si l'élément jazz (fusion) se retrouve ici plus poussé et plus évident que ce à quoi l'auditeur habituel de King Crimson a été habitué, il n'en prend toutefois aucunement le pas sur l'esprit jadis développé par cette exquise et changeante formation ici parfaitement retranscrit par un Médéric visiblement trop fan pour s'en éloigner drastiquement (et c'est très bien comme ça).
Au final, majoritairement instrumental (mais loin de l'indignité quand Médéric y vocalise comme sur Frame by Frame) s'adressant tout aussi bien à ses fans, à ceux de King Crimson qu'à tous ceux qui apprécient un jazz fusionnant, prospectif, moderne, progressif (évidemment) même s'il se conclut, en toute étrangeté, par une apaisante reprise de Nick Drake (River Man) dont on se demande un peu ce qu'elle vient faire ici, A la Recherche du Roi Frippé est exactement ce qu'on attendait de Collignon et ses complices : une complète réussite. Recommandé !

1. Red
2. Lark's Tongues in Aspic II
3. Lark's Tongues in Aspic III
4. Vrooom
5. Vrooom Vrooom
6. Frame by Frame
7. Intrudicsion/Indiscipline
8. 21st Century Schizoid Man
9. Facts of Life
10. Krim 3
11. Dangerous Curves/Incursion
12. River man
(en extrait, la prestation des Victoires du Jazz 2013)

Médéric Collignon - cornet, voix, b3, effets, percussions
Frank Woeste - Fender rhodes, effets, b3
Frédéric Chiffoleau - contrebasse, basse
Philippe Gleizes - batterie
&
Youri Bessières, Anne Le Pape, Widad Abdessemed, Marius Pibarot - violon
Olivier Bartissol, Cécile Pruvot - alto
Valentin Ceccaldi, Matias Riquelme - violoncelle

MEDERIC COLLIGNON

RaDiCaL JeWiSH I
Artichaut Orkestra "T for Teresa" (2011)
ou "Oh! Les beaux légumes!"

Entre modernité et tradition, entre jazz fusionnant et klezmer classisant, et chez Tzadik, le label de John Zorn, excusez du peu, voici Artichaut Orkestra from Toulouse et leur délicieuse première œuvre, T for Teresa.
Mais d'abord, l'Artichaut Orkestra, c'est quoi ? C'est un quatuor (seulement !) mené par un clarinettiste (Camille Artichaud) secondé par un guitariste, un batteur et un accordéoniste. Jusque dans la formation, c'est le compromis entre hier et aujourd'hui, entre attachement séculaire et ouverture au monde. Dans les faits, ce sont 8 compositions dont une reprise de Jean-Sébastien Bach (Gavotte No. 2 BWV 9995) et un court interlude, un court album d'à peine 44 minutes qui passe comme une lettre à la poste avec suffisamment de jolies mélodies klezmer (l'irrésistible Le T de Thérèse, La cloche qui chose, Byzance, le presque ambient La grosse pomme) mais aussi de déviances bienvenues (Cirquencie qui porte si bien son titre, Façon Puzzle qui ose l'excès péri-metalleux et la construction cartoonesque, et la reprise de Bach parce que ça n'est pas si courant) pour contenter aussi bien le curieux de passage, lui qui se dit que du klezmer toulousain chez Tzadik c'est quand même quelque chose qu'il ne faut pas rater (et il a raison), et celui qui sait qu'il va trouver ici un peu plus que ça, une formation qui sait se libérer, tripper comme David Krakauer au plus fort de sa klezmer madness.
Une réussite donc, d'une formation qu'on espère revoir un jour (ça commence à dater et leur site n'engage pas à un enthousiasme délirant) parce que des comme ça, en France, et même dans le monde d'ailleurs, on n'en trouve pas si souvent, pas d'aussi bonnes en tout cas et qu'on serait donc heureux d'entendre la suite. En attendant, T for Teresa est chaudement recommandé, évidemment.

1. Le T De Thérèse 7:41
2. La Cloche Qui Chose 5:46
3. Gavotte No. 2 (BWV 995) 7:23
4. Cirquenscie 5:07
5. Interlude 1:06
6. Byzance 6:20
7. Façon Puzzle 5:44
8. La Grosse Pomme 4:21

Camille Artichaut - clarinet
Frederic Petitprez - drums, percussion
Sebastien Rideau - electric guitar, effects
Pierre-Emmanuel Roubet - accordion, voice

ARTICHAUT ORKESTRA

RaDiCaL JeWiSH II
AutorYno "Pastrami Bagel Social Club" (2010)
ou "Fusion kasher"

Un trio augmenté, un album de jazz/rock subtilement klezmerisé, il n'en fallait pas plus pour attirer les grandes oreilles de John Zorn sur une petite formation de chez nous, AutorYno.
Mené par David Konopnicki, fils de Guy, ci-devant guitariste également influencé, semble-t'il, par les harmonies juives d'Europe de l'Est et les shredders six-cordistes du genre Vai/Satriani, AutorYno ouvrait alors son "deli" non sans commettre, au passage, une référence au Buena Vista fomenté par Ry Cooder et Wim Wenders mais ça, c'est juste pour la vanne.
Parce que pour les effluves cubanas, vous repasserez. AutorYno balance une grosse guitare électrique, de sérieux grooves fusion et, donc, des mélodies où l'inflexion klezmer est tout sauf un gadget. Et à ceux qui s'inquiètent de la référence à des guitaristes étatsuniens plus portés sur la démonstration stérile ou l'instrumental grand public que sur l'épanchement musical de leur âme, on précisera que si David Konopnicki tient bien sa technique des précités, son cœur est tout autre et que lui sait, combinant sa virtuosité et ce qu'il est convenu d'appeler le feeling pour une production, par conséquent, nettement plus habitée, spirituelle même. Mais ce premier long jeu d'AutorYno est aussi, surtout, une bonne grosse tranche de fun où quelques judicieuses additions (accordéon et clarinette) viennent subtilement épicer le petit pain rock et sa viande fumée fusion. C'est d'ailleurs tellement bien troussé que David Krakauer (présent au même concert parisien de la formation, avec Mazal, que votre serviteur, oui da !) ne put résister à l'invitation de participer aux sessions de son successeur (Cosmopolitan Traffic), excusez du peu.
Pastrami Bagel Social Club est un album qu'on conseillera aux rockers curieux de passer le pas d'un jazz multiple et fusionnant qui leur parlera, indéniablement, ne serait-ce que pour sa guitare échevelée, son emballage dynamique et sa qualité mélodique de tous les instants. Recommandé.

1. Ouverture Automatique 5:26
2. Malossol 4:53
3. Crapaud 5:10
4. Kelev 5:22
5. Traditional Hora 6:17
6. Five Flavors 5:43
7. Highway To Stertziv 6:42
8. Les Anges (Otto Theme) 8:46

Bertrand Delorme - Bass
Cyril Grimaud - drums
David Konopnicki - fretless & fretted guitars
&
Loïc Audureau
- accordion
Florent Mery - clarinet

AUTORYNO

MeTaLiZeD
1980 "1980" (2007)
ou "Progfusionfurie"

Quelque part entre Weather Report et Meshuggah, un petit groupe français au nom aussi improbable que pénible à repérer sur la toile, 1980, balance un premier album autoproduit d'une assez incroyable maîtrise, d'une belle qualité. Pour qui aime son jazz bien métallisé, ou son metal bien jazzé, c'est même un incontournable.
Et ils ne sont que quatre pour tout ce barouf, tout ce déballage technico-mélodique où le jazz fusion le plus orthodoxe se voit transformé en artillerie lourde sans toutefois y perdre sa finesse d'exécution et d'arrangement. D'ailleurs, que ce soit dans les grosses rifferies se muant en fusion (Sagaie) ou l'inverse (O Me Oh), les quatre de 1980 démontrent un savoir-faire, une maîtrise qui ne laisse jamais deviner qu'il s'agit là d'une production amateure financée par les musiciens eux-mêmes d'autant que la production, claire et précise, n'a rien à envier à bien des équivalents plus argentés.
On n'en sait pas plus sur la formation, son hypothétique destin et, donc, la possible descendance de cette impeccable éponyme originel. Reste l'album, qui se trouve si l'on cherche bien et mérite indéniablement le déplacement.

1. Intro 0:58
2. Sagaie 4:12
3. O Me Oh 3:28
4. Meshuggreich 4:53
5. Amicalement Votre 5:50
6. 1980 5:51
7. Il Se Fait Tard Mon Ami, Il Faut Rentrer 10:23

Pablo Dominos - keyboards,electronics
Armand Feret - 6 & 7 string guitars
Mathieu Bonardel - drums
Ben de Coster - bass

1980 (the band)

Duo LeaDeR
Rockingchair (Airelle Besson, Sylvain Rifflet) "Rocking Chair" (2007)
ou "Une bombe !"

La formation n'aura peut-être eu qu'une courte vie, deux albums et puis s'en va, elle n'en a pas moins marqué ceux qui ont eu l'honneur et l'avantage de la croiser que ce soit par leurs excellents enregistrements ou leurs impeccables prestations live. Aussi n'est-il que temps de le dire, Rockingchair est un secret trop bien gardé de la scène jazz prospective de chez nous.
Mené par un duo de cuivres en osmose, la trompettiste Airelle Besson et le saxophoniste Sylvain Rifflet, Rockingchair ne force rien, tout ce qui lui vient, des influences rock et prog à une esthétique définitivement jazz et souvent acoustique, coule de source, parfois dans de secouant rapides (Fly Away, Tsunami), parfois sur des flots paisibles (Boo Boo, Désert, Eternité), ou passe abruptement de l'un à l'autre (Forget It) avec, toujours, pour but ultime, et atteint, de faire voyager l'auditeur au gré de leur belle imagination qu'aucune contrainte ne vient perturber mais qui, pourtant, n'en perd rien en cohérence. Un vrai tour de force.
Rockingchair sortira un second album avant que ses composantes n'aillent s'éparpiller dans la nature et de nouveaux projets (qu'on suivra, forcément). Que ça n'empêche surtout pas ceux potentiellement intéressés de se pencher sur une ou l'autre, la formation, en tant qu'une des plus belles possibilités prospectives du jazz de chez nous, le mérite largement.

1. Boo Boo 5:32
2. Forget It 4:05
3. Ma-ion 6:12
4. Fly Away 6:59
5. Désert 5:32
6. Duo 1:02
7. Wee Man 2:44
8. Tsunami 4:39
9. Eternité 7:41
10. Bout de Boo Boo 1:13
(un podcast de 2007 en extrait)

Airelle Besson - trompette
Sylvain Rifflet - saxophones
Pierre Durand - guitare
Eric Jacot - contrebasse
Nicolas Larmignat - batterie

AIRELLE BESSON & SYLVAIN RIFFLET

mardi 28 octobre 2014

Etrange, Mon Ange...

Des musiques qu'on n'entend pas partout. Des artistes incapable du moindre compromis. De l'art ! Etrange, mon ange...
 
THe DeMeNTeD iRiSH
Virgin Prunes "Over the Rainbow (A Compilation Of Rarities 1980-1984)" (2004)
ou "Rare and Strange"

Si la bonne dose d'étrangeté figurant sur leurs albums ne vous suffisait pas, voici une compilation des irlandais déments des Virgin Prunes. Ca va loin !
Et tous azimuts ! D'ambient minimaliste à la Eno (Red Nettle, Mad Bird in the Wood, Jigsawmentallama, Greylight), d'étrangetés punk ou new wave déstructurées et angulaires (Twenty Tens, Moments 'N' Mine, White History Book, Faculties of a Broken Heart), de tribalisme post-punk déjanté (Pagan Lovesong Vibe - Akimbo), de contines post-apocalyptiques (Children Are Crying), de sautillantes chansons synthpop dévoyées (King of Junk), à de totales bizarreries (Happy Dead et ses presque 14 minutes où on se demande souvent où Gavin Friday & Cie vont, un Revenge de douleur), les Virgin Prunes ont indéniablement de l'imagination et une capacité à ne finalement ressembler à personne tout en produisant, à quelques exceptions rencontrées vers la fin de la présente sélection, une musique qui s'écoute avec le bonheur de découvrir un étrange animal dans son milieu d'origine, une jungle urbaine malfamée, peuplée de créatures de tous sexes et de toutes apparences, un cirque des monstres qui n'a rien à envier à celui de Browning.
Tout ça fait d'Over the Rainbow une addition bienvenue à la collection d'albums de ces irlandais pas comme les autres.

CD 1
1. Red Nettle 2:18
2. Twenty Tens 2:27
3. Pagan Lovesong Vibe - Akimbo 6:52
4. Moments 'N' Mine 4:27
5. Mad Bird In the Wood 4:20
6. Children Are Crying 5:12
7. Jigsawmentallama 6:20
8. King of Junk 2:50
9. War 2:06
10. Greylight 4:23

CD 2
1. White History Book 3:43
2. Faculties of a Broken Heart 5:05
3. In the Greylight 2:50
4. Happy Dead 13:41
5. Revenge 3:36
6. Third Secret 4:19
7. Love Lasts Forever 11:26

Gavin Friday - vocals
Guggi - vocals
Dave-id Busarus - vocals
Dik Evans - guitar
Strongman - bass
Mary D'Nellon - drums

VIRGIN PRUNES

JaPaNeSe WeiRD
Yuka Honda "Heart Chamber Phantoms" (2010)
ou "Heart Collector"

Yuka Honda est japonaise mais vit à New York. Yuka Honda a fait partie avec Cibo Matto, collaboré avec le Plastic Ono Band ou Sean Lennon. Heart Chamber Demons est son troisième album solo.
Au programme, un hybride de jazz, d'électronique mélodieuse et de petites déviations ludiques bienvenues. Yuka Honda, maîtresses des samplers mais aussi multi-instrumentiste, y construit des ambiances cotonneuses, pas vraiment futuristes ou alors rétro-futuristes, steampunk en quelque sorte, relecture inspirée d'un idiome ancien sans le violenter, utilisant les outils d'aujourd'hui sans forcément essayer de tout changer. Heart Chamber Phantoms porte, de fait, magnifiquement son titre. Il a indéniablement du cœur, recueilli et confortable il s'écoute plus favorablement en chambre, il est aussi, indéniablement, hanté d'une longue tradition. Et c'est beau, mélodiquement chatoyant, bien arrangé et habité par Miss Honda et ses amis/invités, desquels on citera un Sean Lennon tout en discrétion, l'utile et intense violoncelliste zornien Erik Friedlander, ou Michael Leonhart pour sa trompette "milesienne"...
Electro-jazz atypique à la beauté aussi fragile qu'évidente, la musique de Yuka Honda est chaudement recommandée, en particulier ce très réussi Heart Chamber Phantoms.

1. Phantom With An Armor 4:09
2. Hydrosphere 4:46
3. Last Night, Late, By The Lake 4:56
4. Heart Chamber, Part I: Rock 4:03
5. Heart Chamber, Part II: Zoe 4:12
6. Waters On Mars 3:44
7. Little Hope 4:24
8. Robot Elephant's Tears 4:01
9. Cycle Of Water 6:00
10. Don't Be So Naive 5:36

Yuka Honda - pro-tools, keyboards, sampler, bass, guitar, tenorion, percussion, vocals
Sean Lennon - drums, synth bass, percussion
Dougie Browne - drums
Michael Leonhart - trumpet, flugelhorn, mellophone, vibraphone, bass, wine glass, keyboards, percussion
Shimmy Hirotaka Shimizu - guitar
Erik Friedlander - cello
Pete Drungle - piano
Jeff Hill - bass
Courtney Kaiser - vocals
Scott Seader - vocals

YUKA HONDA

THe PoST-APoCaLyPTiC aMeRiCaN CRooNeR
Scott Walker "The Drift" (2006)
ou "From Boys-Band to Armageddon"

Avoir commencé dans une formation pop visant le cœur de minettes toutes échaudées et se retrouver à sortir des albums absolument alien et difficilement descriptible, le moins que l'on puisse dire c'est que le parcours de Scott Walker intrigue.
Parce qu'en plus d'être une évidente figure tutélaire d'une pop mélodramatique, une énorme influence de David Bowie qui le suivra jusque dans son obsession pour Brel de qui il a emprunté un goût pour le théâtre en chanson qu'on entend jusqu'aujourd'hui, Walker est devenu, au fil des ans et des albums, un animal de moins en moins identifiable, de plus en plus à la marge d'une scène musicale lorgnant souvent sur la facilité ce qui, c'est l'évidence, est tout sauf le propos du ténébreux vocaliste, multi-instrumentiste et compositeur.
Si ce n'est pas une nouveauté, on peut identifier la tendance dès sa moitié du cru 78 des Walker Brothers reformés, Nite Flights, c'est sur Climate of Hunter (1984) et surtout sur l'ébouriffant Tilt (1995) que la recherche finit par prendre le pas sur la composition de chansons classiques. Aussi, donc, se faire chahuter par les étrangetés, les climats clair-obscur, les instrumentations et arrangements déconstruits, la voix froide et détachée de crooner post-apocalyptique d'un Walker en état de grâce compositionnel n'est pas une surprise, et ce The Drift est donc, finalement, plus une confirmation qu'une révolution. Il faut cependant préciser que si étrange The Drift est indéniablement, plus accessible que son barjotant prédécesseur il est aussi, pas beaucoup, juste un peu, juste assez pour rendre l'expérience accessible à d'autres qu'au petit cercle masochiste de ceux qui aiment se compliquer l'existence et le cervelet à coup de Residents, Xenakis et autres Cecil Taylor. Ca reste cependant rude mais, en s'abandonnant au trip total que nous propose Scott, une expérience enrichissante dévoilant des trésors d'une beauté particulière mais tout de même infectieuse.
Et non, je ne décris pas vraiment la musique, simplement parce qu'elle est indescriptible et qu'il n'y a pas mieux, pour se rendre compte, que de tenter soi-même la chose, ce qu'on recommande chaudement parce que des artistes comme Walker et des albums comme The Drift, on n'en croise pas si souvent et que c'est dommage, d'ailleurs. 

1. Cossacks Are 4:32
2. Clara 12:43
3. Jesse 6:28
4. Jolson and Jones 7:45
5. Cue 10:27
6. Hand Me Ups 5:49
7. Buzzers 6:39
8. Psoriatic 5:51
9. The Escape 5:18
10. A Lover Loves 3:11

Scott Walker – Vocals, Guitar, Harmonica, Sax, Sound Treatment
Hugh Burns – Guitar
Ian Thomas – Drums
Mark Warman – Keyboards, Orchestration, Conducting, Percussion, Woodwind, Sound Treatment
Philip Sheppard – Orchestration, Conducting, Cello
Alasdair Malloy – Percussion, Drums
John Giblin – Bass
Steve Pearce – Bass
Peter Walsh – Sound Treatment, Sitar, Percussion
Andrew Cronshaw – Woodwind, Concertina
James Stevenson – Guitar
Brian Gascoigne – Keyboards, Sound Treatment
Thomas Bowes – Violin
Vanessa Contenay-Quinones – Vocals
Beverly Foster – Voice
Pete Long – Sax
Rohan Onraet – Percussion
Lucy Painter – Vocals
Rebecca Painter – Vocals
Ralph Warman – Vocals
Derek Watkins – Flugelhorn

SCOTT WALKER

TuVa BieN
Sainkho Namtchylak "Stepmother City" (2000)
ou "at the Throat"

Au nord de la Mongolie, dans la petite république autonome de Tuva, se trouve une grande artiste. Parce qu'elle n'est pas comme tout le monde, que son nom est aussi imprononçable que difficilement orthographiable, trop peu le savent. C'est pourtant l'évidence à l'écoute de ce Stepmother City, album pont entre asie et europe, modernité et tradition.
Stepmother City est un album à part dans le répertoire de Sainkho Namtchylak, une œuvre étonnamment accessible pour une compositrice et interprète plus habituellement occupée à tâter d'une fusion entre sa folk et un jazz contemporain qu'on pourrait aisément taxer de free. Pas ici où, penchant vers des climats électroniques caresse-tympans, elle pose son "throat singing" millénaire, une tradition Tuva inscrite au patrimoine culturel de l'Unesco, excusez du peu !,  avec une douceur harmonique qu'on ne lui connaissait pas forcément. Le résultat reste malgré tout (agréablement) alien pour des oreilles occidentales point encore préparées à ce son venu d'ailleurs, mais pas longtemps parce que tout ceci s'acquière d'autant plus vite que le parti-pris des compositions et des arrangements a des cousinages "trip-hoppiens" qui nous sont beaucoup plus familiers.
Mais, tout de même, avec ses notes de pochettes écrites par un moine bouddhiste, ses instruments traditionnels et, plus généralement, un ton évoquant un rêve narco-influencé, c'est un vrai trip que cet "easy" Sainkho, un trip où on conviera joyeusement ses amis qui ne regretteront pas d'avoir embarqué.

1. Introduction  1:45 
2. Dance Of Eagle  4:36 
3. Like Transparent Shadow  5:10 
4. Order To Survive  5:41 
5. Let The Sunshine 3:41 
6. Ritual Virtuality 4:27 
7. Tuva Blues 5:06 
8. Old Melodie  4:13 
9. Lonely Soul  7:44 
10. Boomerang  8:45

Double Bass – Paolino della Porta
Guitar, Overtone Voice – Casper David Sacker
Igil, Kurai, Doshpuluur, Overtone Voice – German Popov
Loops, Sampler – Maxim Shapochnikov
Percussion, Sampler – Massimo Iavicoli
Saxophone, Bass, Shakuhachi – Ned Rothenberg
Vocals – Sainkho Namtchylak
Written By Roberto Colombo (6)
Written By Sainkho Namtchylak (tracks: 1 to 5, 7 to 10)
Arranged & Mixed By Roberto Colombo

SAINKHO NAMTCHYLAK

JaPaNeSe WeiRDeR
Melt Banana "Speak Squeak Creak" (1994)
ou "Fun hurts"

On ne le dira jamais assez, le Japon recèle d'une belle quantité de mabouls caractérisés, des kamikaze musicaux prêts à tout et à n'importe quoi mais surtout à se faire plaisir à torturer les pauvres petits cerveaux primitifs d'auditeurs qui en redemandent, en plus, les bougres ! Alors, voilà quoi, Melt Banana, comme Ruins, comme Zeni Geva, comme Yamatsuka Eye, Altered States ou Korekyojinn sont de ceux-là et, parfois, qu'est-ce que ça fait comme bien !
Beaucoup de bruit pour rien ? C'est sans doute ce que penseront les frileux, ceux pour qui l'idée d'écouter le copié/collé avant-noise de ces quatre nippons allumés équivaut à une intense séance de torture.... On en conviendra, tout ceci n'est pas à mettre entre toutes les oreilles, et, pour fun que soit le cocktail de banane fondue, on cromprend l'air interdit de ceux habitués à des univers moins chaotiques. Ceci dit, si vous pouvez encaisser tout ou partie des iconoclastes japonais précités, auxquels on rajoutera volontiers le Fantômas de Mike Patton, c''est un total délice que de prendre en pleine face les agressions rigolardes et nonsensiques de ces zozos agités. Et d'avoir l'impression de tomber sur l'improbable musique d'un cartoon post-apocalyptique où Will E. Coyote et son Roadrunner de proie s'en donnent à coeur-joie à fomenter et déjouer des tours tous plus tordus les uns que les autres.
Bref, aux amateurs de sensations fortes, aux masochistes du conduit auditif, à tout ceux, aussi, pour qui la musique n'est pas seulement une éternelle recherche de la perfection harmonique, je souhaite la bienvenue, que les autres passent leur chemin, ils ne trouveront sur Speak Squeak Creak que fureur et consternation.

1. Tail in Garbage (Tekepake) 1:16
2. Rragg 0:57
3. In x Out = Bug 1:21
4. Scrubber 0:16
5. So Unfilial Rule 0:11
6. Dust Head 1:11
7. A Teaspoon of Salt 0:38
8. Stick Out 0:42
9. Mouse Is a Biscuit 1:05
10. 55 Hands Need to Cut Down 1:29
11. P-Pop-Slop 1:25
12. Smell the Medicine 2:31
13. Switch 2:18
14. P.B.D. 1:43
15. Mind Thief 1:38
16. Chicken Headed Raccoon Dog 1:47
17. Cry for More Fish 0:18
18. Screw, Loose 0:10
19. Cook Cool Kyau Kuru 1:14
20. Scissor Quiz 1:33
21. Too Many to Dispose 0:28
22. Blandished Hatman 1:15
23. Cut Off 2:01
24. Pierced Eye 2:06
25. Speak Squeak Creak 2:35

Yasuko Onuki – vocals
Ichirou Agata – guitars, effects
Rika Hamamoto – bass
Sudoh Toshiaki – drums

MELT BANANA

FouS D'CHeZ NouS (Le RéGioNaL De L'éTaPe)

Les Tétines Noires "Fauvisme et Pense-Bête/Brouettes" (1990/91)
ou "Il avait bobo à la papatte ?"

Au début était la tétine, déité païenne, muse improbable d'un bestiaire à nulle autre pareil. Bienvenue dans une autre France musicale, bienvenue dans le petit monde d'Emmanuel Hubaut et de William Lamy, bienvenue chez Les Tétines Noires !
C'est par le plus grand des hasards que j'ai rencontré ces furieux normands, par accointance commune, ils étaient signés chez Boucherie Productions, j'étais un "ami de la maison". Et comme, parfois, le hasard fait bien les choses, la rencontre fut concluante, d'abord en live où le groupe se livrait à d'incroyables et théâtrales prestations (O'Dogo, un sommet de folie !) puis par les deux albums sortis en cette bonne maison : Fauvisme et Pense-Bête et Brouettes, deux excellentes galettes où se rencontrent, se croisent, s'accouplent cabaret de monstres (le premier album ne commence pas par Freaks pour rien !), rock gothico-industriel et poésie nonsensique. Tantôt en anglais, tantôt en français, mais toujours dans une langue qui n'appartient qu'à eux, et en particulier au Comte d'Eldorado leader naturel et auto-proclamé, meneur de la revue folle.
D'entre les deux albums, je ne saurais choisir, c'est devenu pour moi un package indivisible, souvenir d'une époque, il a près d'un quart de siècle, où j'étais loin d'avoir foulé les terres musicales extraterrestres depuis conquises, ce fut certainement un "pied à l'étrier"...
Et après tout ce temps ? Ca tient plutôt très bien la route ! Certes la production un peu cheap n'est pas au bénéfice de la prestation, certes, encore, il y a quelques longueurs et quelques inutilités (la foule en boucle sur le dernier quart d'heure de Bras Sans Jambe Et Glisse Versa), mais surtout beaucoup de talent, une fertile imagination et, ma foi, un sens de la mélodie suffisamment particulier pour qu'on ne l'oublie pas de sitôt. En gros, nés du bon côté de la Manche, ou outre-Quiévrain, ou vers la Ruhr, on en aurait beaucoup plus parlé. Au jour d'aujourd'hui, plus édités depuis une éternité, les albums des Tétines Noires, sont une rareté qu'on achète cher sur la toile ou qu'on trouve par chance chez un disquaire d'occasion... Dommage.
C'est donc avec un immense plaisir que j'offre à la multitude la possibilité de (re)découvrir une belle bande d'allumés, elle n'en reviendra pas (la multitude).

Fauvisme Et Pense-Bête (1990)
1. Freaks  3:39 
2. Petite Brouette Sans Allumettes  5:26 
3. Fase 1990  4:33 
4. Just One Life  3:57 
5. O' Dogo  4:11 
6. Crazy Horses  5:10 
7. Les Captains  3:57 
8. Streap Teac  3:05 
9. Gouttes Die  3:34 
10. Musique En Forme De Cage  2:16 

Brouettes (1991)
1. Brouette Nentale  5:04 
2. A Different Man  2:16 
3. N & M (Histoire De Lady Na)  3:39 
4. Hill House  2:42 
5. Eleonor  0:33 
6. Les Roseaux Cervicaux  5:39 
7. Imminent Immoral  0:52 
8. Lady Dja Lady  3:46 
9. Epidemik Pakotill  4:18 
10. My Nightclub-Head  3:15 
11. Et La Lumière Roule  0:51 
12. Bras Sans Jambe Et Glisse Versa  17:48

Le Comte d'Eldorado - voix, guitare
Goliam - programmation, claviers, chœurs, batterie
Markus - basse (Fauvisme et Pense-Bête)
Eduardo Leal de la Gala - basse, contrebasse (Brouettes)
Nicolas Barrot - batterie


LES TETINES NOIRES

samedi 25 octobre 2014

Countdown to Robert "0" (1980-1969): The Legend (Souvenirs de Baistophe)

The Fab'Hard 4
C'est le volume qu'on ne présente plus, celui qui fit de Robert Plant l'immense légende que nous connaissons. Afin de sortir un peu des lieux communs, c'est le quintuble cd amoureusement compilé par Baistophe que je vous propose, enjoie !
 
Led Zeppelin
"Hats Off to Led Zeppelin" (2009)

1ère Partie : STUDIO

Parce que Led Zeppelin est un monument, que ses nombreuses facettes nécessitent une juste exploration, je m'étais attablé à la confection de l'épisode studio du 300ème Baistophe (un évènement !) avec un appétit d'ogre et de féroces envies de ne pas respecter les habitudes du genre compilatoire anthologique.
Et donc, Hats Off to Led Zeppelin (c'est moi qui ait trouvé le titre !) n'est ni chronologiquement agencé, parce qu'il est plus intéressant de trouver de bonnes transitions, ni concentré sur les plus grands classiques du groupe ou, plutôt, pas seulement concentré sur les plus grands classiques d'un groupe qui marqua de son indélébile empreinte le monde de la musique bien au-delà du petit cercle des chevelus en cuir habituellement cible de pareilles exactions.
C'est, concrètement, 29 morceaux et 2h40 du plus grand groupe de (hard) rock de tous les temps (c'est ouvert à débat bien sûr...) tendant à démontrer la versatilité talentueuse de Page, Plant, Jones et Bonham.
Enjoie !

CD 1
1. Immigrant Song 2:25
2. All My Love 5:48
3. Thank You 4:20
4. Babe I'm Gonna Leave You 6:40
5. Friends 3:44
6. The Rain Song 7:37
7. Nobody's Fault but Mine 5:50
8. Custard Pie 4:09
9. Stairway to Heaven 7:59
10. Ramble On 4:18
11. Gallows Pole 4:53
12. Communication Breakdown 2:26
13. Since I've Been Loving You 7:22
14. Black Country Woman 4:22
15. Living Loving Maid (She's Just a Woman) 2:39
16. Traveling Riverside Blues 5:09

CD 2
1. Black Dog 4:53
2. Dazed and Confused 6:26
3. Ten Years Gone 6:29
4. Going to California 3:29
5. Kashmir 8:26
6. No Quarter 6:57
7. Wearing and Tearing 5:28
8. Whole Lotta Love 5:31
9. Carouselambra 10:31
10. For Your Life 6:19
11. The Ocean 4:22
12. Whent the Levee Breaks 7:07
13. Hats Off to (Roy) Harper 3:42

2ème Partie : LIVE

Second volume de l'exploration "baistophienne" de la légende des années 70 nommée Led Zeppelin, celui-ci s'intéresse au groupe en live, un domaine dans lequel il excellait.
Amoureusement, et expertement, compilé par mon partenaire de blog d'alors (l'excellent Ayah Gagöhn), ledit volume a l'avantage de dépasser les sorties officielles en proposant de nombreuses captations provenant de bootlegs particulièrement réussis. Comme il y a foison dans le domaine, je vous laisse imaginer le travail de titan que fut la sélection de chaque concert, puis la sélection de chaque titre de chaque concert afin d'obtenir, in fine, le plus beau concert que Led Zeppelin n'ait jamais joué ! Un concert comprenant 26 titres et durant près de quatre heures... Un festin !
Hat off to Led Zeppelin, mais un peu to Ayah Gagöhn quand même !

CD 1
1. Train Kept A Rollin' 3:03
2. I Can't Quit You Babe 6:17
3. Celebration Day 3:21
4. Dazed and Confused 18:37
5. Immigrant Song 4:04
6. Heartbreaker 8:20
7. No Quarter 19:05
8. Over the Hill and Far Away 6:55
9. Achille's Last Stand 9:13

CD 2
1. Communication Breakdown 4:32
2. Since I've Been Loving You 8:06
3. The Song Remains the Same 5:23
4. The Rain Song 8:15
5. Going to California 4:44
6. Bron-Y-Aur Stomp 6:20
7. That's the Way 5:51
8. The Battle of Evermore 5:53
9. White Summer/Black Mountain Side 11:42
10. Kashmir 8:14
11. Black Dog 5:47

CD 3
1. Rock and Roll 4:20
2. In the Evening 7:34
3. In My Time of Dying 11:32
4. Stairway to Heaven 11:50
5. Whole Lotta Love 13:44
6. How Many More Times 22:36


Et l'artwork (que vous retrouverez dans les fichiers) ressemble à ça :

STUDIO (par votre serviteur)

front and back
à l'intérieur
l'inlay

LIVE (par l'excellent Ayah Gagöhn, co-tenancier de Baistophe)

front and back
à l'intérieur
l'inlay

Après ça, vous ne me direz pas qu'il n'y a pas des mabouls qui ont trop de temps à perdre ! ;-)


la fin des haricots (R.I.P.)

jeudi 23 octobre 2014

Countdown to Robert I (1985-1982): Not a Zep anymore!

Gone...
RoBeRT eT LeS SyNTHéTiSeuRs
Robert Plant "Shaken 'n Stirred" (1985)
ou "Into the Wild"

C'est l'histoire d'un Robert Plant tellement pris dans le tourbillon de sa nouvelle carrière et des années 80 qu'il ne se rend pas immédiatement compte des mauvais choix qu'il fait. C'est l'histoire de Robert Plant qui a un peu trop oublié avoir faire partie de Led Zeppelin. C'est l'histoire de Shaken 'n Stirred, 1985... Et celle d'un line-up au bout du rouleau qui ne survivra pas à l'album et la tournée.
Attention, cependant, Shaken 'n Stirred n'est pas un mauvais album pour autant, c'est même un album dont on peut louer la variété et le cran, parce qu'il en fallut pour ainsi se jeter à corps perdu dans l'aventure du rock à synthés. Une aventure qu'il avait déjà effleuré sur ses précédents opus mais qui prend son plein envol ici.
Et c'est là que le bas blesse, comme il le fera encore sur Now and Zen malgré le changement d'équipe, tous ces synthétiseurs, cette absolue volonté de sonner comme les artistes les plus couronnés de succès de l'époque parait trop forcé et pas exactement servi par des compositions aussi réussies que sur ses deux précédents opus, ça n'aide pas.  Tout ceci donne un album où même les meilleurs chansons (qui ne manquent pas même si elles sont moins nombreuses que sur The Principle of Moments ou Pictures at Eleven, on citera tout de même Sixes and Sevens, sommet plantien) se retrouvent lourdement empesées par d'encombrants gimmicks synthétiques affectant jusque la guitare dans l'usage de son équivalent numérique. C'est d'autant plus dommage qu'il y a, sous le déluge de claviers et la production un peu kitsch, des merveilles, des paternes rythmiques (merci Richie Hayward venu de Little Feat) poussant Plant vers une world music qui lui sied parfaitement au teint.
Un beau gâchis, c'est l'impression qui demeure à l'écoute d'un album dont le potentiel est ruiné par une esthétique 80s déplacée. Mais Plant apprend vite les leçons, on ne l'y reprendra (presque) plus.

1. Hip to Hoo 4:51
2. Kallalou Kallalou 4:17
3. Too Loud 4:07
4. Trouble Your Money 4:14
5. Pink and Black 3:45
6. Little by Little 4:43
7. Doo Doo a Do Do 5:09
8. Easily Lead 4:35
9. Sixes and Sevens 6:04
Bonus
10. Little by Little (Remix) 5:12

Robert Plant - vocals
Robbie Blunt - guitar, synthesized guitar
Richie Hayward - drums
Paul Martinez - bass guitar
Jezz Woodroffe - keyboards
Toni Halliday - backing vocals

FiFTieS MeMoRaBiLia
The Honeydrippers "Volume One" (1984)
ou "Récréation"

Quand on est une immense rock star, une véritable légende des 70s, on a aussi le droit de se faire plaisir, de réunir quelques excellents musiciens, dont quelques vieilles connaissances, et de jouer, tout simplement.
La recette du bonheur ?
Pour le groupe de base, sélectionnez quelques pointures nord-américaines reconnues : le claviériste canadien chauve leader du groupe du late show de David Letterman, Paul Shaffer, l'inoxydable guitariste et producteur de Chic, Nile Rodgers, un batteur à l'impressionnant curriculum vitae, Dave Wreckl (qui a joué ou jouera avec Paul Simon, Madonna, George Benson, Chick Corea, Mike Stern, etc.), et un bassiste itou, Wayne Pedziwiatr (Buddy Rich, Blood Sweat & Tears, John Lennon et Yoko Ono, etc.). Du solide.
Ajoutez-y des invités bien sentis venus poser quelques glorieux soli (Jeff Beck et Jimmy Page, deux chacun) et un choix de genre (un rythm'n'blues 50s à peine amendé) permettant l'expression d'une joie simple et communicative. Secouez le tout en studio sur un répertoire de standards d'époque et vous obtenez les Honeydrippers soit la récréation nostalgique d'un Robert Plant resplendissant et, donc, bien entouré.
C'était tout bête, il suffisait d'y penser. Et si ça n'a l'air de rien, ça procure pas mal de bonheur, ce qui n'est pas rien.

1. I Get a Thrill 2:37
2. Sea of Love 3:01
3. I Got a Woman 2:55
4. Young Boy Blues 3:28
5. Rockin' at Midnight 5:55
Bonus
6. Rockin' at Midnight (live) 4:14

Robert Plant - Vocals
Wayne Pedziwiatr - bass
Nile Rodgers - rhythm guitar
Paul Shaffer - keyboards
Dave Weckl - drums
&
Jeff Beck
- guitars ( "I Got a Woman" and "Rockin' at Midnight")
Jimmy Page - guitar solos ( "Sea of Love" and "I Get a Thrill" )
Keith Evans - saxophone ("Rockin' at Midnight")
Robbie Blunt - guitar ("Rockin' at Midnight" live)
Paul Martinez - bass ("Rockin' at Midnight" live)
Jezz Woodroffe - keyboards ("Rockin' at Midnight" live)
Richie Hayward - drums ("Rockin' at Midnight" live)
- The King Bees (a.k.a. The Uptoun Horns)
Crispin Cioe - alto saxophone, baritone saxophone
Bob Funk - trombone
Arno Hecht - tenor saxophone
Paul Litteral - trumpet
- The Queen Bees
Ula Hedwig - backing vocals
Chrissie Faith - backing vocals
Millie Whiteside - backing vocals

WoRLD CLaSS
Robert Plant "The Principle of Moments" (1983)
ou "L'affirmation"

L'essai Pictures at Eleven avait séduit au-delà des espérances, la transformation The Principle of Moments pérénise Robert Plant en artiste solo ayant su s'affranchir d'un passé si glorieux qu'il pouvait en devenir encombrant.
Parce que, voilà, Robert s'est trouvé un style, un rock moderne où claviers et guitares s'y entendent pour habiter la composition, où les libertés stylistiques permettent de continuer d'explorer des panoramas où la voix du leader ne s'est pas encore posée, où toutes choses est destinée à mettre en valeur les qualités d'une formation reconduite n'en manquant pas (et dont Phil Collins, de retour aussi, n'est pas le moindre atout). En toute logique, The Principle of Moments est le successeur logique de Pictures at Eleven, en mieux.
En mieux parce que, si fondamentalement très proche de son prédécesseur, The Principle of Moments convainc plus côté compositions, plus côté arrangements et autant concernant la production et ses atours de modernité. De fait, on peine présentement à trouver la moindre faille dans un répertoire plaisant et cohérent, un répertoire où les réussites se bousculent tellement qu'elle constituent l'ensemble de la tracklist. Aussi, si on citera plus particulièrement un In the Mood pour ses ambiances réussies et ensoleillées, un Wrecking Love qui semble vouloir accoupler les Talking Heads et Led Zeppelin sans pourtant en emprunter tant que ça à l'un ou à l'autre, ou un Stranger Here...Than Over There tout en nuance, étrangeté et polyrythmies malines, c'est l'ensemble d'une galette plus osée qu'il n'y parait qu'il faut louer.
The Principle of Moments, seconde réussite solitaire de Robert Plant en autant d'essai reste, plus de 30 ans après sa sortie, un diable d'album addictif d'un monsieur s'imposant définitivement comme une force vive, en solo ou en groupe. Bravo Robert !
 
1. Other Arms 4:20
2. In the Mood 5:19
3. Messin' with the Mekon 4:40
4. Wreckless Love 5:18
5. Thru' with the Two Step 5:33
6. Horizontal Departure 4:19
7. Stranger Here... Than Over There 4:18
8. Big Log 5:03
Bonus
9. In the Mood (Live) 7:35
10. Thru' with the Two Step (Live) 11:11
11. Lively Up Yourself (Live) 3:04
12. Turnaround 4:55

Robert Plant - vocals
Robbie Blunt - guitars
Paul Martinez - bass guitar
Jezz Woodroffe - keyboards
&
Phil Collins
- drums on 1-3, 5-6, 8, bonus tracks
Barriemore Barlow - drums on 4 and 7
John David - backing vocals
Ray Martinez - backing vocals
Bob Mayo - guitars, keyboards, backing vocals (9-11)


ReTouR eN MoDeRNiTé
Robert Plant "Pictures at Eleven" (1982)
ou "Gone Solo"

Après la tragédie John Bonham et l'irrémédiable séparation de Led Zeppelin qui s'en suivit, Robert revient. Robert prend un nouvel envol, aussi, parce qu'il ne revient pas tout à fait là où on l'attendait...
Parce que Pictures at Eleven n'est absolument pas la suite logique d'In Through the Out Door, parce qu'assumant les trucs et les tics de son époque, Robert se réinvente en chanteur pop-rock prêt à conquérir les charts. Il y a, il est vrai, une belle assurance dans ces premiers pas solitaires, et une bonne nouvelle équipe (dont deux batteurs d'emprunt aux curriculum-vitae impressionnants,  Phil Collins et Cozy Powell), amoureusement constituée par un homme qui n'a aucune envie de stagner. De fait, Plant saisit l'opportunité avec appétit et envie mais, surtout, un répertoire, composé avec son ami et guitariste Robbie Blunt, qui force le respect. Un répertoire proposant un rock moderne plutôt soft se démarquant franchement de Led Zeppelin tout en collant parfaitement à la voix de Robert.
Dans les rocks de qualité, on citera évidemment l'introductif Burning Down One SideRobert feule de manière suffisamment évocatrice qu'il évoque, vocalement uniquement, son glorieux passé, mais aussi l'impeccable Worse Than Detroit jouant entre blues et modernité avec talent et conviction, ou le plus proche de son passé, Slow DancerCozy Powell évoque fréquemment un certain Bonham. Côté douceur, on ne manquera pas de remarquer les douceurs proverbiales du très réussi Moonlight in Samosa, Like I've Never Been Gone belle ballade un rien bluesy où d'emphatiques claviers texturent parfaitement l'ambiance. Et qu'importe si le reste du répertoire est un poil moins convaincant, ces remplissages passent de fait très bien grâce à des musiciens de qualité et une production encore en lien avec les 70s, bonne nouvelle.
Pictures at Eleven, un bon album, ne deviendra peut-être pas le magnum opus du sieur Plant, ce n'en est pas moins un réussi premier coup d'essai, une opération libératoire menée à bon terme par un vocaliste encore inconnu hors de l'emprise de son guitariste d'acolyte et qui, ici, prend un envol bienvenu indicateur, confirmé depuis, qu'il faudra compter avec ce monsieur. Bien joué, et recommandé.

1. Burning Down One Side 3:55
2. Moonlight in Samosa 3:58
3. Pledge Pin 4:01
4. Slow Dancer 7:43
5. Worse Than Detroit 5:55
6. Fat Lip 5:05
7. Like I've Never Been Gone 5:56
8. Mystery Title 5:16
Bonus
9. Far Post 4:42
10. Like I've Never Been Gone (Live) 7:31

Robert Plant - vocals
Robbie Blunt - guitars
Jezz Woodroffe - keyboards, synthesizers
Paul Martinez - bass guitar
&
Phil Collins
- drums on tracks 1-3, 5-6, 8-10
Cozy Powell - drums on tracks 4 and 7
Raphael Ravenscroft - saxophone on track 3

...solo !