mercredi 29 juin 2016

2006 par 12 (12 mois, 12 albums)

10 ans c'est peu et c'est beaucoup à la fois. En regardant la sélection que je vous ai concocté pour l'anniversaire, je me disais que les choses avaient beaucoup changé depuis, que certains artistes avaient soit disparu soit étaient en voie de ringardisation quand d'autres tiennent encore magnifiquement la barre, que ce qui était alors "in", ce stoner rock en plein développement par exemple, est aujourd'hui devenu un peu "out" parce que passé au grand public. Bref, 10 ans c'est peu mais c'est aussi beaucoup, une bonne raison de plus pour se souvenir... Enjoie.

JaNVieR
Rosanne Cash "Black Cadillac"
ou "Fille de"

C'est peut-être une fille de, de Johnny Cash bien-sûr mais aussi de June Carter, membre d'une des familles les respectées de la country music, n'empêche que Rosanne Cash a une vraie personnalité et son propre bout de viande à défendre, comme sur ce Black Cadillac, son 11ème album depuis ses débuts remarqués de la fin des années 70. Dans les faits, l'album, enregistré pour moitié à Los Angeles avec le producteur Bill Botrell, pour l'autre à New York avec son époux, le musicien John Leventhal, affiche sans rougir une duplicité conséquence logique de sessions nettement distinctes sans (trop) y perdre en cohérence d'ensemble. Parce qu'il fallait bien un contrepoint aux ballades émotives et personnelles enregistrées avec Botrell, un peu de légèreté pour contrebalancer la gravité de voisines certes très réussies mais qui, seules, auraient tout de même un peu plombé l'ambiance. Et donc, pas exemple, un Radio Operator upbeat et bien troussé devance un intimiste I Was Watching You qui lui-même s'enchaine sur un Burn Down This Town aux atours country rock bluesy tout à fait satisfaisants. Et un bel équilibre, donc, pour un album de country music moderne varié et, évidemment, excellemment mis en son où l'on déborde souvent de l'idiome de base (comme sur le jazzy World Without You ou la pop rock à peine country de Like Fugitives) pour un résultat ô combien satisfaisant. "Fille de" peut-être, Rosanne Cash trace un petit bonhomme de chemin où Black Cadillac, album indubitablement recommandé, n'est pas la moindre étape.

1. Black Cadillac 3:45
2. Radio Operator 3:22
3. I Was Watching You 4:01
4. Burn Down This Town 3:11
5. God Is in the Roses 4:07
6. House on the Lake 3:31
7. The World Unseen 5:13
8. Like Fugitives 3:40
9. Dreams Are Not My Home 3:40
10. Like a Wave 3:26
11. World Without Sound 3:42
12. The Good Intent 3:44
13. 0:71 1:13

Rosanne Cash: Vocals
Bill Bottrell: Guitars, 12-String Guitar, E-Bow Guitar, Mando Cello, Bouzouki, Background Vocals, E-Bow
Benmont Tench: Organ, Wurlitzer Piano, Background Vocals
Bruce Fowler: Trombone
John Leventhal: Guitars, Bass, Dobro, Percussion, Mandolin, Keyboards, Piano
Shawn Pelton: Drums
Michael Rhodes: Bass
Kevin Breit: Mandolin, Acoustic Guitar
Catherine Russell: Harmony Vocal
Charley Drayton: Drums
Brian McLeod: Drums, Background Vocals
Dan Schwartz: Bass, Background Vocals
Jose Hernandez: Trumpet
Albert Wing: Tenor Saxophone, Clarinet

ROSANNE CASH

FéVRieR
The Sword "Age of Winters"
ou "Winter Is Coming"

Des texans qui font en 2006 du heavy metal comme on était censé le jouer dans les années 70 ? Avec une totale crédibilité jusque dans le look (qui compte, même si marginalement) ? C'est The Sword et leur opus inaugural, l'excellent Age of Winters. La recette du succès ? Du gras, du lourd, de l'agressif augmenté d'un déjà consommé de faire du neuf avec du vieux. Parce que, enfin !, tout ceci est éminemment régressif, et c'est ça qui est bon ! Il faut dire que The Sword propose un arsenal de riffs, un emballage rythmique et un vocaliste aux cordes vocales burinées à coup de spliffs et de bière "bourbonnée" qui sied idéalement à un exercice, c'est à noter, DIY puisque produit et mixé en interne. Gonflés ces petits gars ! Et pourtant fraichement reçus par une communauté metal qui n'y voit qu'un développement opportuniste de plus de leur idiome adoré, de vils récupérateurs qu'il est bon de vilipender. Et pourtant, dès Barael's Blade (sans oublier son intro, Celestial Crown), c'est à un beau déboulé hirsute auquel nous sommes convié, où votre serviteur ne détecte autre chose qu'une totale sincérité par une bande de petits gars qui s'y amusent beaucoup. Et même quand ils ralentissent le tempo et se décident à planer un peu plus haut comme sur l'introduction d'Iron Swan ou les décrochages bluesy de Lament of the Aurochs (après tout c'est quasiment une étape obligatoire dans le genre), ils s'en sortent avec plus que les honneurs même si c'est fondamentalement anecdotique sur un album surtout bien rentre-dedans. Évidemment, ceux qui veulent du pur heavy metal n'y trouveront pas leur compte, les autres, ceux plus ouverts à l'expression rétro-jeuniste de leur musique  n'y entendront pas autre chose qu'un excellent album du genre qui récure bien les conduits auditifs sans pour autant plonger dans l’ultra-violence. Belle pioche et beau débuts pour un groupe qui a depuis confirmé.

1. Celestial Crown 1:57
2. Barael's Blade 2:48
3. Freya 4:34
4. Winter's Wolves 4:36
5. The Horned Goddess 5:01
6. Iron Swan 5:46
7. Lament for the Aurochs 7:59
8. March of the Lor 4:41
9. Ebethron 5:35

J. D. Cronise – vocals, guitars
Kyle Shutt – guitars
Bryan Richie – bass
Trivett Wingo – drums

THE SWORD

MaRS
Matisyahu "Youth"
ou "Hassidic Riddims"

Vu de loin, Matisyahu et son "reggae kasher" pourraient être vus comme un "novelty act" de plus, un machin qui après un hit surprise (King Without a Crown sur l'album de 2005, Shake Off the Dust... Arise, opportunément repris dans une version revue et corrigée sur le présent) était voué à disparaître son attrait particulier évanoui avec la surprise de sa nouveauté. Et puis Youth, un second opus qui surfe bien sur le succès de son devancier, en élargit le spectre même, alors il faut prendre Matthew Paul Miller, son vrai nom, au sérieux. Parce qu'avec un bon groupe dévoué à son reggae à lui (Roots Tonic, un trio pour aller à l'essentiel), entre deux traditions, celle de Bob et celle de David, le chemin tracé par cet outsider fièrement barbu, qui est tombé dans la musique en devenant fan des post-hippies jammants de Phish, est un bienvenu courant d'air frais dans un reggae aux chapelles trop séparées et souvent limitées par leur propres règles respectives. Ce dont Matisyahu n'a cure, embarquant tout ce qui lui plait, qui vient surtout du reggae, du ragga et du dub mais aussi du rock qui l'a tant marqué dans sa jeunesse et évidemment de racines juives si chères à son cœur, pour un cocktail qui n'appartient qu'à lui. On ne niera pas que l'album manque parfois d'immédiateté, que la réécoute sera nécessaire pour certaines des pièces les plus expérimentales (celles où on sent le plus l'influence du producteur, Bill Laswell, et son goût pour le dub cosmique) mais se rassurera parce qu'il regorge de moult vraies belles réussites (l'intime et épuré What I'm Fighting For, Dispatch the Troops avec son petit air de The Police, par exemple) en excellentes portes d'entrées dans l'univers de l'homme. Bref, si vous aimez le reggae pas comme les autres, ni roots ni digital mais son propre animal, Youth, et plus généralement toute la discographie de Matisyahu, mérite le détour.

1. Fire of Heaven/Altar of Earth 3:59
2. Youth 4:18
3. Time of Your Song 4:27
4. Dispatch the Troops 4:05
5. Indestructible 4:09
6. What I'm Fighting For 2:11
7. Jerusalem 4:00
8. WP 3:58
9. Shalom/Saalam 1:06
10. Late Night in Zion 3:13
11. Unique is My Dove 3:24
12. Ancient Lullaby 4:18
13. King Without a Crown 3:42

Matisyahu—vocals
Roots Tonic—music (Aaron Dugan: guitar, Josh Werner: bass and keys, Jonah David: drums)
Marlon "Moshe" Sobol —guest musician on "WP"
Stan Ipcus—guest musician on "WP"
Yusu Youssou—guest musician on "Shalom/Saalam" and "Ancient Lullaby"

MATISYAHU

aVRiL
The Flaming Lips "At War with the Mystics"
ou "De toutes les couleurs"

Depuis qu'ils ont décidé de camoufler leur avant-gardisme iconoclaste derrière un vernis pop et psychédélique du plus bel effet, depuis le toujours chaudement recommandé The Soft Bulletin, les Flaming Lips de Wayne Coyne se sont fait leur petite niche dans le monde des musiques juste à la marge qui plaisent tant aux jeune-gens intelligents. Mais même en mettant son cerveau au placard, en se laissant happer par la portée émotionnelle de l'opus, en oubliant tout le bien qu'on a pu en lire dans les Inrocks ou chez Télérama, quoi, At War with the Mystics est une belle réussite. Et un bel équilibre entre la folie des noise rockers de jadis et les popsters psychédéliques d'aujourd'hui, comme les titres (tous ou presque à rallonge !) le démontrent. Parce que contrairement aux deux épisodes précédents, les Flaming Lips utilisent moins, ici, l'instrument studio et retrouvent, de ce fait, un peu de l'énergie primale qui habitaient leurs débuts. Enfin, ça c'est pour la forme parce que, dans le fond, on reconnait immédiatement le groupe de The Soft Bulletin et Yoshimi Battle the Pink Robots, dès un efficace et bien emmené Yeah Yeah Yeah Song en forme de glorieux revivalisme pop psychédélique. La suite, des grooves joliment déconstruits de Free Radicals et The Wizard Turns On, des planeries ascentionnelles de The Sound of Failure, des délicats atours folk et gainsbarriens de Vein of Stars, d'un emballage presque "à la Gong meets Sigur Rós" sur un It Overtakes Me simplement phénoménal, etc. est une fête des sens où les moult trouvailles d'arrangements, où les rétro-kitschs habillages synthétiques font un effet boeuf. Plus léger que The Soft Bulletin, moins expérimental et exigeant que Yoshimi, At War with the Mystics est l'album introductif idéal à l'univers chamarré de Coyne, Ivins et Drozd, un opus réussi de bout en bout, fun et frais qui, qui plus est, porte admirablement ses dix ans. Recommandé.

1. The Yeah Yeah Yeah Song (With All Your Power) 4:51
2. Free Radicals (A Hallucination of the Christmas Skeleton Pleading with a Suicide Bomber) 3:39
3. The Sound of Failure / It's Dark... Is It Always This Dark?? 7:18
4. My Cosmic Autumn Rebellion (The Inner Life as Blazing Shield of Defiance and Optimism as Celestial Spear of Action) 4:48
5. Vein of Stars 4:15
6. The Wizard Turns On... The Giant Silver Flashlight and Puts on His Werewolf Moccasins 3:41
7. It Overtakes Me / The Stars Are So Big... I Am So Small... Do I Stand a Chance? 6:50
8. Mr. Ambulance Driver 4:21
9. Haven't Got a Clue 3:23
10. The W.A.N.D. (The Will Always Negates Defeat) 3:44
11. Pompeii am Götterdämmerung 4:22
12. Goin' On 3:39

Wayne Coyne – guitar, bass guitar, vocals
Steven Drozd – guitars, keyboards, drums, vocals
Michael Ivins – bass guitar, vocals,
&
Greg Kurstin – backing vocals and instruments on "Haven't Got a Clue"
Kliph Scurlock – drums, percussion

THE FLAMING LIPS

Mai
Scott Walker "The Drift"
ou "From Boys-Band to Armageddon"

Avoir commencé dans une formation pop visant le cœur de minettes toutes échaudées et se retrouver à sortir des albums absolument alien et difficilement descriptible, le moins que l'on puisse dire c'est que le parcours de Scott Walker intrigue.
Parce qu'en plus d'être une évidente figure tutélaire d'une pop mélodramatique, une énorme influence de David Bowie qui le suivra jusque dans son obsession pour Brel de qui il a emprunté un goût pour le théâtre en chanson qu'on entend jusqu'aujourd'hui, Walker est devenu, au fil des ans et des albums, un animal de moins en moins identifiable, de plus en plus à la marge d'une scène musicale lorgnant souvent sur la facilité ce qui, c'est l'évidence, est tout sauf le propos du ténébreux vocaliste, multi-instrumentiste et compositeur. Si ce n'est pas une nouveauté, on peut identifier la tendance dès sa moitié du cru 78 des Walker Brothers reformés, Nite flights, c'est sur Climate Of Hunter (1984) et surtout sur l'ébouriffant Tilt (1995) que la recherche finit par prendre le pas sur la composition de chansons classiques. Aussi, donc, se faire chahuter par les étrangetés, les climats clair-obscur, les instrumentations et arrangements déconstruits, la voix froide et détachée de crooner post-apocalyptique d'un Walker en état de grâce compositionnel n'est pas une surprise, et ce The Drift est donc, finalement, plus une confirmation qu'une révolution. Il faut cependant préciser que si étrange The Drift est indéniablement, plus accessible que son barjotant prédécesseur il est aussi, pas beaucoup, juste un peu, juste assez pour rendre l'expérience accessible à d'autres qu'au petit cercle masochiste de ceux qui aiment se compliquer l'existence et le cervelet à coup de Residents, Xenakis et autres Cecil Taylor. Ça reste cependant rude mais, en s'abandonnant au trip total que nous propose Scott, une expérience enrichissante dévoilant des trésors d'une beauté particulière mais tout de même infectieuse.
Et non, je ne décris pas vraiment la musique, simplement parce qu'elle est indescriptible et qu'il n'y a pas mieux, pour se rendre compte, que de tenter soi-même la chose, ce qu'on recommande chaudement parce que des artistes comme Walker et des albums comme The Drift, on n'en croise pas si souvent et que c'est dommage, d'ailleurs.

1. Cossacks Are 4:32
2. Clara 12:43
3. Jesse 6:28
4. Jolson and Jones 7:45
5. Cue 10:27
6. Hand Me Ups 5:49
7. Buzzers 6:39
8. Psoriatic 5:51
9. The Escape 5:18
10. A Lover Loves 3:11

Scott Walker - Vocals, Guitar, Harmonica, Sax, Sound Treatment
Hugh Burns - Guitar
Ian Thomas - Drums
Mark Warman - Keyboards, Orchestration, Conducting, Percussion, Woodwind, Sound Treatment
Philip Sheppard - Orchestration, Conducting, Cello
Alasdair Malloy - Percussion, Drums
John Giblin - Bass
Steve Pearce - Bass
Peter Walsh - Sound Treatment, Sitar, Percussion
Andrew Cronshaw - Woodwind, Concertina
James Stevenson - Guitar
Brian Gascoigne - Keyboards, Sound Treatment
Thomas Bowes - Violin
Vanessa Contenay-Quinones - Vocals
Beverly Foster - Voice
Pete Long - Sax
Rohan Onraet - Percussion
Lucy Painter - Vocals
Rebecca Painter - Vocals
Ralph Warman - Vocals
Derek Watkins - Flugelhorn

SCOTT WALKER

JuiN
Hammers of Misfortune "The Locust Years"
ou "Yesterday, Today, Tomorrow"

Dans la série "les vilains petits canards du metal qui ne plairont jamais aux bien-écoutants", les rétro-progressivo-hard rockeurs de Hammers of Misfortune se posent un peu là. Au départ le side-project de John Cobbett et Mike Scalzi de (The Lord Weird) Slough Feg, que ce dernier finira par quitter d'ailleurs, le groupe a progressivement trouvé son ton, son style et aussi un petit noyau dur de fanatiques qui ne jurent que eux et par cet album justement, The Locust Years, leur troisième long-jeu. La recette de ces messieurs dames, ben oui, Hammers of Misfortune est une formation mixte avec deux musiciennes dedans, et pas la sexy chanteuse alibi habituelle, possède une vraie fondation traditionaliste à chercher chez Black Sabbath, Uriah Heep et Jethro Tull savamment remise au goût du jour par d'astucieux artisans qui savent expertement accommoder leur brouet maléfique d'un esprit épique absolument communicatif. J'en veux pour preuve l'ouverture de l'opus, ce morceau titre de sept minutes et demies où, de riffs percutants en orgues texturants, avec une mélodie chantée dans un unisson du plus bel effet par Scalzi et Myers culminant dans un refrain digne du meilleur hard prog des seventies, fantastique ! Et la suite est à l'avenant avec des transitions où l'agression laisse la place à la douceur (We Are the Widows, Famines Lamp, la première partie de l'épique final, Church of Broken Glass) entourés de solides démonstrations de force hard prog glissant parfois vers un heavy référencé early 80's (Trot Out the Dead), pouvant même rappeler le meilleur du Deep Purple classique (Election Day, son orgue "Lordesque" et sa guitare pas loin d'être "Blackmoresque"), mais toujours habitée de cet esprit mélodique typique du groupe, et cette art de mêler vocaux masculins et féminins, qui lui donne un je-ne-sais-quoi de celtique absolument chavirant. Voilà, en 45 minutes et 9 excellentes chansons, comment le vilain petit canard s'est transformé en beau cygne blanc et a pris son gracieux envol, loin au-dessus de la mêlée des laborieux. The Locust Years ? Il vous le faut !, c'est aussi simple que ça.

1. The Locust Years 7:32
2. We Are the Widows 3:17
3. Trot Out the Dead 4:13
4. Famine's Lamp 5:15
5. Chastity Rides 6:06
6. War Anthem 5:24
7. Election Day 5:38
8. Widow's Wall 7:28
9. Church of Broken Glass 4:15

Chewy - drums
Jamie Myers - vocals, bass guitar
Mike Scalzi - vocals, guitar
Sigrid Sheie - acoustic and electric piano, Hammond B3, backing vocals
John Cobbett - electric, lead and acoustic guitars

HAMMERS OF MISFORTUNE

JuiLLeT
Muse "Black Holes and Revelations"
ou "Euterpe soit louée"

Plut tout à fait à leur meilleur, c'était le coup d'avant, avec l'exceptionnel Absolution, mais heureusement pas encore trop tombé dans la pompe excessive qui caractérisera la suite de sa carrière même si on en sent les premiers symptomes (le crescendo de Take a Bow avec ses synthétiseurs ELPisants et ses choeurs Queenants est très réussi mais à la limite du mauvais goût quand même), et si c'est donc un Muse encore en équilibre qui se présente pour son 4ème long-jeu, le réussi Black Holes and Revelations, c'est déjà un tout petit peu le début de la fin. Parce qu'en plus, il n'y a plus tout à fait le souffle épique d'avant mais, rassurons-nous, ce que Bellamy & Cie perdent on "poils qui se dressent sur les bras", il le gagnent, entre autre, en "je remue mon popotin" comme exemplifié par un Starlight à se dandiner mollement (avant le headbanging modéré de l'explosion de rigueur), un Supermassive Black Hole carrément en forme de funk blanc millénariste (Prince's not dead !), et diablement efficace !, ou, plus loin, la bonne pop à danser presque Morriconienne d'Exo-Politics. Là n'est évidemment pas le seul propos d'un groupe qui sait présentement varier les plaisirs, qu'il plongent coupablement dans le rock progressif (un peu partout mais plus précisément sur le "synth-heavy" Map of the Problematique, le puissant et Zeppelinien  City of Delusion et le pompeux final, Knights of Cydonia, à faire passer Queen et Yes pour des ascètes, j'exagère à peine !), se rêvent en hard-rocker toutes guitares dehors (Assassin, quelle feu !), ou fait dans l'intimiste de belle facture (la pop acoustique à la Macca de Soldier's Poem, la belle ballade jazzy/bluesy Hoodoo). Et comme ils le font bien, que la maîtrise de l'instrument studio est aussi évidente que raisonnable (Muse saura prouver que presque tout ceci est jouable en scène), c'est à une vraie belle galette qu'on a droit, un album très référencé, ça fait d'ailleurs partie de son charme, mais suffisamment personnel pour qu'on ne boude pas son plaisir.

1. Take a Bow 4:35
2. Starlight 3:59
3. Supermassive Black Hole 3:29
4. Map of the Problematique 4:18
5. Soldier's Poem 2:03
6. Invincible 5:00
7. Assassin 3:31
8. Exo-Politics 3:53
9. City of Delusion 4:48
10. Hoodoo 3:43
11. Knights of Cydonia 6:06

Matthew Bellamy – lead vocals, lead and rhythm guitars, piano, synthesizers
Christopher Wolstenholme – bass, backing vocals, double bass on "Soldier's Poem", some synthesizers on "Map of the Problematique" and "Hoodoo"
Dominic Howard – drums, percussion, brief vocals and electronic drums on "Supermassive Black Hole", Buchla 200e on "Take a Bow"
&
Edoardo de Angelis – first violin on "Take a Bow", "City of Delusion", "Hoodoo" and "Knights of Cydonia"
Around Art – strings on "Take a Bow", "City of Delusion", "Hoodoo" and "Knights of Cydonia"
Marco Brioschi – trumpet on "City of Delusion" and "Knights of Cydonia"

MUSE

aoûT
Miossec "L'étreinte"
ou "L'ouverture"

En hommage au désormais défunt Magic RPM, sans doute le tout meilleur magazine musical français de tous les temps, non j'exagère pas, c'est leur chronique du 6ème Miossec que je vous livre en pâture. Je rajouterai juste que je suis tout à fait d'accord avec son auteur.
"Il y a mille bonnes raisons d’aimer passionnément Christophe Miossec… Portant le verbe haut et cru, le Brestois n’a-t-il pas redonné à la chanson d’ici une ferveur depuis longtemps négligée par ses pairs ? Cette façon inimitable de se dire, même au plus bas de soi, au fond du trou, ne fait-t-elle pas déjà école ? Qu’il se trimballe dans le plus simple appareil (Boire, Baiser) ou vêtu des plus élégants costumes (1964, L’Étreinte), cet auteur courtisé s’est toujours livré sans compter. Chastes oreilles s’abstenir, son débit versant parfois dans le bilieux, dans le vraiment douloureux. Telle est la vie, la vraie, ici célébrée avec un allant auquel seul Serge Reggiani mais lui n’a jamais écrit une ligne nous avait habitué, il y a un bail. Alors oui, certainement, pour la première fois de sa carrière Miossec risque de diviser… Obligé de trier ! La découverte des merveilles cachées derrière L’Étreinte est à ce prix. Mais plutôt que de l’éreinter pour ses quelques faux-pas, attardons-nous sur les vraies réussites de ce sixième album. Juste parce qu’il le vaut bien et qu’on ne cherche pas de poux à un type de cette trempe alors qu’il livre là son oeuvre la plus variée. Élaboré pour la seconde (et dernière) fois en tandem avec Jean-Louis Piérot (moitié des Valentins et arrangeur surdoué) et quelques génies notoires tels que Robert Johnson et Stef Kamil Carlens de Zita Swoon, L’Étreinte voit notre expatrié belge reprendre son souffle dans les cordes merveilleux Nicolas Stevens, partenaire d’Imprudence de Bashung sur scène avant de mettre l’autre en face au tapis. L’amour se consomme ainsi, des coups comme s’il en pleuvait (La Grande Marée, LE morceau du disque) et Dieu sait si Miossec en a eu pour son grade. Mais puisque ici le charnel l’emporte toujours et c’est très bien comme ça , saluons cette Julia aux formes délicieusement callipyges, ou cette confession finale à sa chère Maman : « Je ne contrôle plus mes arrières, j’ai succombé à des plaisirs qui devrait un jour te déplaire ». Charnel encore, Quand Je Fais La Chose, où l’on se prend à rêver à une association avec le trublion Red, aurait autrement plus d’allure que ces poses discutables à Califourchon. Et si le ton se fait de plus en plus sentimental superbe Maman, les arpèges de La Mélancolie, le piano très Gainsbourg de 30 Ans, composé pour lui par le compagnon de Madame Juliette Gréco, sûr que ça ne s’arrangera pas avec le temps. Gare aux rétroviseurs donc, sauf s’il s’agit de mettre du Clash dans les guitares, et tant mieux pour La Facture D’Électricité, ce tube programmé aux jolis choeurs. Compositeur inspiré de plus de la moitié des titres, Miossec demeure cet être faillible, terriblement humain, que L’Étreinte nous présente sans fard, vulnérable, mais finalement plus attachant que jamais." (Renaud Paulik)

1. La Facture d'électricité 3:15
2. Maman 2:57
3. La Mélancolie 5:28
4. Trente Ans 3:25
5. Mes crimes : le châtiment 3:08
6. Quand je fais la chose 3:17
7. Le Loup dans la bergerie 5:29
8. La Grande Marée 3:03
9. L'Imbécile 3:22
10. L'Amour et l'Air 3:54
11. Julia 3:20
12. Bonhomme 3:02

Christophe Miossec : chant et textes
Robert Johnson : guitare
Jean-Louis Piérot : basse
Ian Thomas : batterie
&
Gérard Jouannest : composition et piano sur 30 ans
Olivier Bodson et Pierre Gillet : trompette sur 30 ans
Catherine Grozrigolote, Fay Lovsky et Stef Kamil Carlens : chœurs sur La Facture d'électricité
Radio Candip : chœurs sur Maman
Jean-Louis Piérot, Jean-François Assy et Nicolas Steven : cordes

MIOSSEC

SePTeMBRe
Scissor Sisters "Ta-Dah"
ou "Dance-pop plus ultra"

Pour ceux qui ne les connaîtrait pas encore, si il en reste !, les Scissor Sisters sont un quintet New Yorkais ouvertement gay (et quasi-iconique en l'occurrence) ayant produit en 2004 un premier album mêlant pop, funk, disco, rythmes technoïdes et humour ravageur (avec même une reprise club du Comfortably Numb de Pink Floyd qui fit grincer quelques dents, mais pas les miennes !).
Le dit album, contenant des titres aussi imparables que "Laura", "Take Your Mama Out" ou "Mary", n'avait cessé de m'amuser depuis ma découverte d'icelui quelques mois après sa sortie. J'avais cependant les plus grand doutes quand à la possibilité pour le groupe de reproduire une telle performance. Quelle erreur ! Ta-Dah (regardez l'artwork !) est au moins autant une fête pour les sens et l'album "fun" le plus immédiatement accrocheur de l'année en cours.
Passons déjà l'évidence : production et arrangements sont de toute première classe signe d'un budget conséquent en plus d'un vrai talent. L'intemporalité du style (le même astucieux mix que sur leur premier en plus cuivré cependant) n'est plus à prouver mais, et c'est là que réside le tour de force, les compositions sont encore cette fois à la hauteur ! Ainsi nous avons non seulement une impeccable forme mais aussi un fond d'égale qualité. Du futur hit "I Don't Feel Like Dancin'", hypra addictif !, à la toute dernière piste, "Everybody Wants the Same Thing", les Scissor Sisters déroulent une implacable collection de chansons alternant malins penchants dance music (le single précité mais aussi "Lights", "Kiss You Off", "Ooh".) et belles ballades/mid-tempi pop ("Land Of A Thousand Words", "Intermission" - qui ne dépareillerait pas sur un le Magical Mystery Tour des Beatles -, "Everybody Wants The Same Thing"). Point appréciable : ici pas de machines ! Tout est réellement joué par des musiciens compétents, un soin tout particulier semblant avoir été porté aux guitares qui, pour discrètes, n'en sont pas moins ébouriffantes ! Il y a donc le quintette de base mais aussi des musiciens de studios et invités dont le plus fameux, est, à n'en pas douter Sir Elton John qui vient poser son si reconnaissable piano sur le single inaugural ainsi qu'"Intermission". Et, là, LE nom est lâché ! Sans doute la voix de Jake Shears y est-elle pour beaucoup, bien que reposant plus sur un falsetto de bon aloi, mais aussi la tonalité générale de l'album qui rappelle le plus "fun & upbeat" de EJ sans qu'on puisse jamais, cependant, crier au plagiat ou au clone... D'autres influences sont indéniables : The Beatles, The Bee Gees, KC & The Sunshine Band, etc... Hé oui, tout ceci n'est pas très sérieux, mais, bon sang de bois !, qu'est-ce que c'est bon ! A ECOUTER ABSOLUMENT.... A DANSER ABSOLUMENT AUSSI !!!

1. I Don't Feel Like Dancin' 4:48
2. She's My Man 5:31
3. I Can't Decide 2:46
4. Lights 3:35
5. Land of a Thousand Words 3:50
6. Intermission 2:37
7. Kiss You Off 5:02
8. Ooh 3:29
9. Paul McCartney 3:44
10. The Other Side 4:22
11. Might Tell You Tonight 3:20
12. Everybody Wants the Same Thing 4:22

Jake Shears - vocals
Babydaddy - bass guitar, keyboards, vocals, guitar
Ana Matronic - vocals
Del Marquis - guitar, bass guitar
Paddy Boom - drums, percussion
&
Elton John - piano on "I Don't Feel Like Dancin'" and "Intermission"
J.J. Garden - additional piano on "She's My Man", piano on "I Can't Decide", "Land of a Thousand Words", "The Other Side" and "Everbody Wants the Same Thing"
Gina Gershon - Jew's harp on "I Can't Decide"
Carlos Alomar - additional guitar and bass on "Lights", "Paul McCartney" and "Hair Baby", additional guitar on "Transistor"
Paul Leschen - piano on "Lights", "Ooh" and "Everybody Wants the Same Thing"
Crispin Cioe - saxophone and horn arrangement on "Lights", "Paul McCartney" and "The Other Side"
Bob Funk - trombone on "Lights", "Paul McCartney" and "The Other Side"
Larry Etikn - trumpet on "Lights", "Paul McCartney", "The Other Side"
Joan Wasser - string arrangement and violin on "Land of a Thousand Words"
Jeff Hill - cello on "Land of a Thousand Words"
Van Dyke Parks - string arrangement on "Intermission"
Peter Kent - concert master on "Intermission"

SCISSOR SISTERS

oCToBRe
The Who "Endless Wire"
ou "Qui a peur du grand méchant Who ?"

John Entwistle vient alors de nous quitter, Keith Moon lui est mort depuis plus d'un quart de siècle, ça n'empêche pas les deux survivants de relancer encore une fois (une dernière fois ?) leur bonne vieille machine. Voici Endless Wire ou comment Pete Townsend déguise ses aeuvres solitaires sous le nom de son historique formation.
Or donc, Endless Wire est le onzième album des Who, le premier depuis près d'un quart de siècle, c'est dire si on l'attendait au tournant, ce retour sans Keith, sans John, surtout quand il était si distancié de la première mort de l'immense groupe. Endless Wire est aussi un album en deux temps, deux tiers collection de chansons, un tiers opéra-rock (Wire & Glass), rien que de très normal, finalement, pour un groupe s'étant, dans le passé, aussi bien exprimé dans l'un que dans l'autre, mais un césure étrange, cependant. Et commençons par ce dernier, tiens, qui par sa durée et son appellation de mini-opéra évoquerait presque A Quick One While He's Away mais dont l'imagination et l'approche harmonique est nettement moins iconoclaste et furibarde que son glorieux devancier. Ça reste cependant une jolie suite démontrant, s'il en était besoin, que Townsend sait toujours trousser une chanson et déployer ses facultés d'arrangeur même si une certaine "pépèritude" est définitivement présente. Et donc 9 chansons, une demi-heure seulement, pour la première partie, et un petit coup de modernité pour commencer avec un Fragments épicé d'électronique qui fait son petit effet, à défaut de totalement nous chavirer, et rappelle l'intro du fameux Baba O'Riley, accessoirement. Le reste de neuf titres est un égal festival revival avec, en tête de pont immanquables, des chansons telles que Mike Post Theme ou Black Widow's Eyes qu'on croirait tout droit sorti des sessions de Who's Next s'il n'y avait la voix forcément vieillie, mais toujours de belle tenue, de Daltrey. Alors, évidemment il manque les roulement incessants et périlleux d'un Keith Moon et la basse baladeuse d'Entwistle pour que le bonheur soit vraiment complet mais, en l'espèce, on s'en approche très près ce qui n'est pas un mince exploit.
Alors, non, Endless Wire n'est pas la triomphante campagne résurrectionnelle d'une des plus importantes formations de l'histoire du rock'n'roll, ce n'est pas non plus le fiasco que l'on pouvait craindre, juste un album finalement logique dans le canon des Who, un album ambitieux avec ses erreurs souvent attachantes et ses réussites qui nous prendraient presque de court. Et d'espérer, du coup, que Roger et Pete repiquent un jour, avant qu'il ne soit trop tard, à la Qui-aventure., on l'attend de pied ferme sans, toutefois, se faire trop d'illusion. Bref, Endless Wire est recommandé, et pas seulement si vous êtes fans.

1. Fragments 3:58
2. A Man in a Purple Dress 4:14
3. Mike Post Theme 4:28
4. In the Ether 3:35
5. Black Widow's Eyes 3:07
6. Two Thousand Years 2:50
7. God Speaks of Marty Robbins 3:26
8. It's Not Enough 4:02
9. You Stand by Me 1:36
Wire & Glass: A Mini-Opera
10. Sound Round 1:21
11. Pick Up the Peace 1:28
12. Unholy Trinity 2:07
13. Trilby's Piano 2:04
14. Endless Wire 1:51
15. Fragments of Fragments 2:23
16. We Got a Hit 1:18
17. They Made My Dream Come True 1:13
18. Mirror Door 4:14
19. Tea & Theatre 3:24
Bonus
20. We Got a Hit (Extended) 3:03
21. Endless Wire (Extended) 3:03

Roger Daltrey - lead vocals
Pete Townshend - guitars, vocals, bass guitar, drums, piano, keyboards, violin, banjo, mandolin, drum machine
&
Lawrence Ball - electronic music on "Fragments"
Ellen Blair - viola on "Trilby's Piano"
John "Rabbit" Bundrick - Hammond organ, backing vocals
Jolyon Dixon - acoustic guitar on "It's Not Enough"
Rachel Fuller - keyboards on "It's Not Enough", orchestration supervisor on "Trilby's Piano"
Peter Huntington - drums
Gill Morley - violin on "Trilby's Piano"
Vicky Matthews - cello on "Trilby's Piano"
Billy Nicholls - backing vocals
Pino Palladino - bass guitar
Stuart Ross - bass guitar on "It's Not Enough"
Zak Starkey - drums on "Black Widow's Eyes"
Simon Townshend - backing vocals
Brian Wright - violin on "Trilby's Piano"

(ce qu'il reste de) THE WHO

NoVeMBRe
Joanna Newsom "Ys"
ou "Ys Is Art"

En 2006, celle qu'on pourrait hâtivement taxer de Björk américaine, il y a de ça mais c'est évidemment caricatural et réducteur d'autant qu'on pourrait très bien substituer Kare Bush à l'islandaise pour un goût comparable des textures organiques et des mélodies à la marge, sortait son 2ème album, le délicat, difficile et beau Ys sur lequel, OMNI comme on en croise pas si souvent, il n'est pas inutile de revenir. Pour l'occasion, la Dame s'est entouré d'une noyau dur aussi étrange que passionnant avec Jim O'Rourke à la production, Van Dyke Parks aux arrangements et Steve Albini à la console, un peu l'alliance de la carpe et du lapin et pourtant, dans le cadre de cette folk orchestrale d'avant-garde, un étiquette qui en vaut bien une autre à défaut de mieux (je vous mets au défi !...), avec une belle équipe de base et tout un orchestre pour réaliser son ultime fantasme musical, ça fonctionne au-delà des plus folles espérances. Concrètement, la galette s'articule en 5 longues pistes (de 7 à 17 minutes, Yes n'a qu'à bien se tenir !) où la voix et la harpe, l'instrument de prédilection de Joanna Newsom, dominent forcément un opus qui n'est pas de ceux dans lesquels on rentre immédiatement mais s'immisce, écoute après écoute, devenant progressivement familier puis carrément confortable, sans rien perdre de l'étrange grâce qui avait saisi l'auditeur lors de sa primo-écoute, fort. Il faut dire que les arrangements orchestraux aux petits oignons, qui n'étonnent pas venant d'un Van Dyke Parks ayant également collaboré avec Brian Wilson, délicats et nuancés, support en vérité idéal de la voix gracile de Joanna, font merveille, que les compositions, longues, complexes parce que ne suivant pas le format ô combien familier de l'enchainement des couplets et refrains, sont d'une immense qualité et que la mise en son, les amateurs de haute-fidélité apprécieront, permet d'entendre jusqu'au plus petit détail de ce gothique, au sens architectural du terme, assemblage. Bref, on pourrait continuer longtemps de vanter les mérites d'Ys qu'on ne lui rendrait encore pas justice parce que cette musique à la fois savante et émotionnelle, expression d'une femme sûre de son art, d'une artiste d'exception, ultimement, se vit... Alors vivez-là !

1. Emily 12:07
2. Monkey & Bear 9:29
3. Sawdust & Diamonds 9:54
4. Only Skin 16:53
5. Cosmia 7:15

Joanna Newsom – vocals, harp, pedal harp
Bill Callahan – vocal harmonies
Matt Cartsonis – banjo, mandolin
Grant Geissman – electric guitar
Don Heffington – percussion
Emily Newsom – vocal harmonies
Van Dyke Parks – accordion
Lee Sklar – electric bass
&
Orchestra
Briana Bandy – viola
Caroline Buckman – viola
Giovna Clayton – cello
Patricia Cloud – flute
Peter Doubrovsky – bass
Jeff Driskill – clarinet
Erika Duke-Kirkpatrick – cello
Karen Elaine – viola
Phillip Fethar – oboe
Susan Greenberg – flute
Sharon Jackson – violin
Peter Kent – violin, concertmaster
Gina Kronstadt – violin
Miriam Mayer – viola
John D Mitchell – bassoon
Peter Nevin – clarinet
Robert O'Donnell, Jr. – trumpet
Bart Samolis – bass
Terrence Schonig – marimba, cymbalom
Edmund Stein – violin
David Stenske – viola
David R. Stone – bass
Cameron Patrick – violin
Vladimir Polimatidi – violin
Julie Rogers – violin
Marda Todd – viola
Jessica Van Velzen – viola
John Wittenberg – violin
Shari Zippert – violin

JOANNA NEWSOM

DéCeMBRe
Pagan Altar "Mythical & Magical"
ou "Les Obscurs"

Secret trop bien gardé ou culte un peu exagéré, selon qu'on est un "true" metalleux ou un demi-sel qui se contente du tout venant, Pagan Altar est un groupe dont vous n'avez probablement jamais entendu parler. Il faut dire que, formé en 1978, n'ayant sorti qu'un mini-album cassette sur la queue de la comète New Wave of British Heavy Metal avant de se séparer en 1985 pour opérer un retour, 13 ans plus tard, aussi surprenant que peu attendu en 1998, l'album Volume 1, ces quatre messieurs plus tous jeunes (tous participèrent à l'aventure en son "premier run") ne tentent absolument pas d'être dans le ton du moment et continuent, indécrottables, à marteler leur heavy-doom de leur indéfectible foi, c'est beau. Et un peu vain sans doute étant donné que tout ceci n'intéresse pas grand monde diraient les cyniques, dont ne sont pas ces guerriers du riff costaud. Dans les faits, si vous tentez d'imaginer une fusion entre le Black Sabbath de Ronnie James Dio voir de Ian Gillan et le genre de heavy metal à doubles-guitares typique des groupes anglais du début des années 80 (d'Iron Maiden à Angel Witch en passant par Demon) vous ne serez pas bien loin du compte. Le groupe ose même une sorte de power-ballad électroacoustique évoquant Jethro Tull (The Crowman), c'est dire si tout ceci est tout sauf "in". Même la voix du chanteur, Terry Jones (rien à voir avec le Monty Python), une sorte de Ian Anderson en moins rootsy, a tout pour, à priori, rebuter celui qui n'a pas déjà tout écouté dans le genre et surprendra même le plus aventureux des spécialistes, faudra s'y faire, quoi. Ben oui, sont pas sexy ces vieux angliches mais, tudiou, ils font de la bonne zizique ! Il y a le précité évidemment, une pièce aussi surprenante que réussie, mais aussi le très Iron Maiden Cry of the Banshee, le sombre et rampant Daemoni na Hoiche, le guerrier Dance of the Druids et son beau décrochage folk-metal, et bien-sûr l'épique final de The Rising of the Dark Lord et son progressisme "à la Harris" bienvenu. Alors, certes, Pagan Altar n'invente fondamentalement rien, mais, groupe seulement semi-pro faut-il le rappeler, il s'en sort mieux que moult de ses plus fortunés, mieux produits, plus jeunes et plus beaux collègues et offre à l'auditoire médusé, parce qu'il ne s'y attendait pas, la plus belle surprise heavy metal de 2006, pas moins!

1. Samhein 5:30
2. The Cry of the Banshee 5:15
3. The Crowman 5:36
4. Daemoni na Hoiche (Demons of the Night) 5:14
5. The Sorcerer 7:40
6. Flight of the Witch Queen 4:10
7. Dance of the Druids 7:26
8. The Erl King 8:22
9. The Witches Pathway 5:13
10. Sharnie 1:20
11. The Rising of the Dark Lord 8:42

Trevor Portch -    Bass
Mark Elliot -  Drums
Terry Jones - Vocals
Alan Jones - Guitars
&
Dean Alexander - Drums (tracks 3 & 4)
Louise Walter - Keyboards
Valerie Watson - Vocals
Rosanne Magee - Vocals

PAGAN ALTAR

La suite du programme ?

Rendez-vous dimanche 3 juillet !

dimanche 26 juin 2016

William en Intégrale Volume 2 (Live, Classique, Cinéma et Raretés)

Après ses 13 albums de chansons dans le billet précédent, il est temps d'aller fouiller dans les placards de William Sheller avec l'album alien, les musiques de film, la musique classique et, évidemment, les live ! Une belle sélection complémentaire en somme. Enjoie !

eaRLy SHeLLeR
Lux æterna (1972)

Un album unique dans la carrière de William Sheller qui compose ici une messe pour le mariages d'amis rencontrés alors qu'il composait la bande originale du film "Erotissimo". Lux Aeterna démontre que, chez le jeune William, il y a déjà toutes les cartes qui en font l'artiste capable d'assimiler la musique classique, la pop et la chanson française pour créer son propre style.
Composé en 1969, Lux Aeterna n'est donc pas une œuvre "courante" de la carrière de William Sheller. Influence de son époque, l'album a des atours profondément psychédéliques tout en dévoilant les racines classiques du compositeur. Le soutien d'un chœur, la qualité des arrangements et des compositions, le souffle lyrique de l'ensemble font de Lux Aeterna, qui n'eut aucun succès à sa sortie en 1972, une première pièce maîtresse de la carrière d'un artiste en devenir mais qui devra encore patienter quelques années et l'improbable novelty hit "Rock'n' dollars" et son album correspondant pour, en 1975, enfin rencontrer un succès ô combien mérité. Philips, label de William Sheller, profitera d'ailleurs de cette reconnaissance naissante pour rééditer Lux Aeterna qui, sans doute trop atypique et éloigné de son album d'alors, n'eut que peu de retentissement. Cependant, temps passant et bouche à oreille fonctionnant, l'album deviendra culte et continue d'épater tous ceux qui le découvrent et ont une vision rétrécie et ô combien partielle de l'art de M. Sheller.
C'est avec grand plaisir que je vous invite à découvrir le vrai bonheur que constitue cette œuvre hybride et passionnante d'un Sheller avant le Sheller que nous connaissons aujourd'hui.

1. Introït 3:22
2. Ave frater, rosae et aurae 4:25
3. Opus magnum (Part. 1) 2:47
4. Opus magnum (Part. 2) 3:09
5. Lux æterna 1:30
6. Sous le signe des poissons 5:57
7. Hare Krishna 6:21
8. Sous le signe du verseau 6:44
Bonus
9. My Year Is a Day 3:04
10. Couleurs 2:11
11. Les 4 Saisons 3:44
12. Leslie Simone 2:51
13. Adieu Kathy 2:19
14. She Opened the Door 3:00
15.  Living East Dreaming West 3:20

CiNéMa SHeLLeR
Erotissimo/L'écrivain public (2005)

Outre le fait que ce sont deux bandes originales de films, il faut avouer que le rapprochement d'Erotissimo et de L'écrivain public a beaucoup du mariage de la carpe et du lapin parce que, franchement, à part leur auteur évidemment, tous les sépare. Le premier des deux est une œuvre de jeunesse d'un William qui prend ce qu'on lui donne et se retrouve à composer quelques thèmes pour une comédie érotique typique de son temps. Le score est court, quelque part cousin de ce que Sheller a fait avec Lux Aeterna mais évidemment beaucoup plus léger, une sorte de pop psyché groovy qui se laisse écouter à défaut de plus. Le second, pour un vrai film à la française (même s'il est en fait franco-suisse) signé d'un certain Jean-François Arniguet, avec Robin Renucci en (plus si) jeune premier romantique, est un score de musique de chambre et de piano seul permettant, en plus d'avoir le rare loisir d'illustrer des images, à William d'explorer la face classique de son art. Et c'est du beau boulot, une belle collection de mélodies sentimentales où l'on reconnaît aisément la patte du compositeur, une belle collection qui s'écoutera facilement sans les images qu'elle est sensée illustrer. En résumé ? Avec deux facettes, plus complémentaires qu'opposées comme le démontrent ses albums de chansons, d'un compositeur vraiment inspiré, c'est une belle addition beaucoup moins anecdotique qu'il ne pourrait y paraître à la collection de tout amateur de William. Recommandé.

Erotissimo (1969)
1. Erotissimo 4:16
2. Generissimo 1:47
3.Excitissimo 1:14
L'écrivain public (1993)
4. Ouverture 2:53
5. Solitudes 4:01
6. Eclats 2:52
7. Aria 4:45
8. Le Canot 1:45
9. Prelude 1 3:41
10. Prelude 2 2:41
11. Lettre 1 1:48
12. Ouverture (piano) 2:57
13. Aria (piano) 2:23
14. Le Petit Canot (piano) 0:57
15. Hungaria (quatuor) 2:51
16. Adagio (quatuor) 2:57
17. Allegro (quatuor) 4:23
18. Final 4:44

Arlette (1997)

Ben oui, ce n'est pas parce qu'on est un des plus grands chanteurs français, un des plus fins arrangeurs et compositeurs de l'hexagone que tout ce qu'on touche se change en or. Prenez la bande-son d'Arlette, comédie lourdingue avec Josiane Balasko et Christophe Lambert, William Sheller y fait ce qu'il peut, compose de petits thèmes sympathiques mais pas assez mémorables pour se tenir sans le nanar qu'ils sont censés accompagner. Il y a des exceptions bien sûr, un Générique plus pop que la moyenne d'un score sinon largement orchestral, un Voyage en Ballon ou une Échappée Belle un peu plus épiques que ce qu'il les entoure et qui du coup sortent du lot, une jolie réorchestration des Yeux Noirs, et, pour finir, une Arietta pleine de joie de vivre... C'est peu, c'est aussi la faute à des vignettes vraiment trop courtes pour avoir le temps de pleinement se développer et qui laissent conséquemment sur l'auditeur sur sa faim. C'est ainsi, c'est le jeu de la bande-son, un jeu auquel Sheller ne s'adonnera d'ailleurs plus. Chat échaudé craint l'eau froide ?

1. Générique 3:43
2. Wedding Chorale 1:09
3. Jeu De Cartes 1:14
4. Franck 1:07
5. Valse Lente 1:32
6. Le Vieux Chateau 1:16
7. Voyage En Ballon 2:22
8. Feu D'artifice 0:58
9. Techno Club 0:58
10. Les Noces À Lulu 0:52
11. Rivera Barcarolle 0:57
12. Suite Cocotte 1:52
13. Les Yeux Noirs 1:06
14. En Calèche 0:35
15. Garden Party 1:58
16. Vision Hindoue 1:15
17. Hollywood Flash 0:58
18. Mauvais Rêves 1:42
19. L'échappée Belle 1:29
20. Au Casino 2:35
21. Le Père, Les Adieux 1:36
22. Arietta 1:20

SHeLLeR CLaSSiQUe
Quatuors (2003)

S'il exprime souvent sa sensibilité classique sur ses albums de chansons, il arrive aussi à William Sheller de vouloir proposer, sans doute sans visée commerciale, sa musique instrumentale de chambre ou orchestrale. Présentement habitées par le Quatuor Parisii, les compositions de William n'ont pas l'ambition, irréaliste d'ailleurs, de venir concurrencer Bach, Mozart, Schubert ou Bartók, non, ce sont de simples petites fantaisies de chambre composées par un amoureux de musique (en général, et classique en particulier) qui se trouve avoir aussi les armes pour une telle expérience en plus du goût de sortir des sentiers battus qu'il pratique habituellement. Au passage il y confirme une propension à fusionner cette base académique de flaveurs pop bienvenues comme on peut le constater sur, par exemple, le bien nommé Pepperland. Il y affirme aussi une identité mélodique forte puisqu'on y reconnaît régulièrement sa patte ce qui, mine de rien, n'était pas gagné d'avance. Bref, si ces quatuors ne sont évidemment pas destinés à tournebouler les sens des mélomanes experts du format, ils sont la juste, honnête et précieuse expression d'un compositeur qui est définitivement plus qu'un simple chanteur de variété et donc un opus recommandé, et pas qu'à ses fans les plus fidèles.

Les Viennois
1. Script 4:14
2. Ondis 3:41
3. Foehn 2:52
Livre I
4. Baba-Yaga 5:27
5. Luna 2:46
6. Obsession-Jardin 3:33
7. Hawaï-Fifties 4:44
Livre II
8. Aria-Klein 3:54
9. Pepperland 4:49
10. Hungaria 3:06
11. Le Petit Schubert Est Malade 3:01
12. Néo-Nocturne 6:44

Ostinato, Œuvres Symphoniques (2006)

De la musique symphonique, par William Sheller mais confiée à un chef d'orchestre, on imagine sous l’œil attentif du compositeur, c'est le programme d'Ostinato, première collection d'œuvres symphoniques classiques d'un compositeur qui a souvent tourné autour dans ses albums de chansons et qui, présentement, franchi enfin le pas. Et ? C'est beau ! Plus que ça, c'est exactement ce qu'on imaginait d'un Sheller symphonique à savoir une collection de quatre pièces variées où l'identité mélodique du compositeur n'est pas soluble dans l'environnement choisi. Parce qu'il faut le dire, Sheller est immédiatement reconnaissable ici, que ce soit sur le poème symphonique "Sully" où on a l'impression, à tout moment, que sa voix pourrait apparaitre, ou dans sa façon (comparable à ce qu'il a fait sur Le Nouveau Monde par exemple) de mettre un instrument pas souvent mis à l'honneur en avant, en l'occurrence la trompette sur un Concerto final du plus bel effet. Si, évidemment, la galette sera plus ouvertement recommandée à celles et ceux qui suivent avec intérêt la carrière de ce petit bonhomme au grand talent, on conseillera tout de même aux amateurs de musique classique orchestrale de se pencher sur cet Ostinato d'excellente qualité qui ne changera pas le monde de la musique, il n'est pas fait pour ça, mais constitue audiblement plus qu'une récréation pour son auteur.

Symphonie "Sully"    
1. Mouvement No. 1 - Allez allant 6:55
2. Mouvement No. 2 - Modéré 5:18
3. Mouvement No. 3 - A Tempo Juste 6:00
Symphonie de Poche
4. Mouvement No. 1 (Pantomime) 3:06
5. Mouvement No. 2 (Sérénade) 2:27
6. Mouvement No. 3 (Bergamasque) 3:26
Élégies  pour violoncelle & orchestre
7. Élégie No. 1 5:03
8. Élégie No. 2 5:38
Concerto pour trompette & orchestre
9. Mouvement No. 1 - Allègre et modéré 7:11
10. Mouvement No. 2 - Lent 4:57
11. Mouvement No. 3 - Animé 4:55

SHeLLeR eN SCèNe
Olympia 82 (1982)

Sheller a déjà cinq album de chansons quand il se lance, enfin !, dans l'exercice de la captation live. C'est en 1982 que ça se passe, et à l'Olympia, excusez du peu... Entouré d'un groupe de qualité, qui lui permet de couvrir chaque aspect de son répertoire, c'est à une sorte de best-of live que se livre William, un best-of live où l'on notera l'absence de son tout premier tube, l'encombrant Rock'n'Dollars. Parce que Sheller n'est pas un chanteur rigolo même s'il sait être un chanteur léger (J'suis pas bien et Rosanna Banana, du dernier album en date, ceci explique sans douce cela, c'est pas bien sérieux, ni bien fameux d'ailleurs) et que ses thèmes de prédilection, beaucoup de chansons d'amour tristes et de bulles de nostalgie, n'ont que peu avoir avec les déhanchement variéteux de la plupart de ses collègues. Et donc, Sheller fait un live sérieux, appliqué, d'un immense professionnalisme mais qui, franchement, manque de la flamboyance d'un Olympiade ou de l'émotion d'un Sheller en Solitaire. Un live qui s'écoute sans déplaisir, évidemment, avec de pareilles chansons !, mais n'emporte pas autant qu'on l'aurait voulu. On se doute que la pression de l'enregistrement, dans ce qui était alors le vrai temple de la chanson française et pas une salle comme une autre comme elle l'est maintenant, est largement ce qui impacte cet premier Sheller en scène un poil timide.

1. Symphoman 6:07
2. Un endroit pour vivre 4:20
3. Fier et fou de vous 3:10
4. Oh ! J'cours tout seul 5:29
5. Les petites filles modèles 4:08
6. Les orgueilleuses 3:40
7. Les mots qui viennent tout bas 4:00
8. Dans un vieux rock'n'roll 4:47
9. À franchement parler 4:26
10. Prélude à l'ampoule 2:27
11. Petit comme un caillou 3:02
12. Sonatine 3:06
13. La Toccatarte 2:18
14. Nicolas 3:19
15. J'suis pas bien 3:37
16. Une chanson noble et sentimentale 3:46
17. Rosanna Banana 5:45
18. La Bavaroise 3:05
19. Le Carnet à spirale 2:44

William Sheller et le quatuor Halvenalf (1984)

A l'Olympia comme si vous y étiez avec un chanteur/pianiste et un quatuor à cordes, le programme est sympathique, la captation itou, voici William Sheller et le Quatuor Halvenalf dans le plus mythique des salles parisiennes où, du 11 au 16 septembre 1984, fut enregistré le présent live album... Plus de 30 ans déjà !
On y retrouve Sheller tel qu'en lui-même, équilibriste précieux cheminant sur sa corde raide faite de chanson française, de pop anglo-saxonne et de musique classique et proposant, comme autant de perles rares, une sélection de ses plus belles chansons retravaillées pour sa voix, son piano et le quatuor à cordes l'accompagnant. Forcément, dénuée de tout artifice excessif, la performance est intime, recueillie presque, impression qu'une setlist forcément taillée pour la circonstance ne fait que renforcer. C'est l'occasion d'apprécier, dans une captation parfaite, les compositions de ce diable de William débarrassées de leurs oripeaux de modernité et d'y trouver, ce qui est tout sauf une surprise venant de quelqu'un possédant son bagage académique, de vraies petites merveilles d'harmonie et de sensibilité où Sheller le parolier en remontre à Sheller le compositeur, c'est dire !
Ce live, un peu plus que sur les albums studio où l'on retrouve les versions originales des chansons l'habitant, est chaudement recommandé à tous les amateurs de chanson française de qualité, de pop fine et orchestrale (de chambre), de bonne musique tout simplement. Ça fait du monde !

1. Ouverture 4:02
2. Maman est folle 2:15
3. Les mots qui viennent tout bas 2:38
4. Le capitaine 3:47
5. Chanson lente 2:39
6. J'suis pas bien 3:22
7. À franchement parler 3:37
8. Oh! J'cours tout seul 2:49
9. Les filles de l'aurore 3:45
10. Le Carnet à spirale 2:19
11. Nage libre 2:02
12. Une chanson noble et sentimentale 2:49
13. Symphoman 5:17
14. Simplement 4:17
15. Mon dieu que j'l'aime 4:33

Sheller en solitaire (1991)

Après un live avec groupe, un suivant accompagné d'un seul quatuor à cordes, Sheller réduit encore la voilure et s'expose, seul en scène, pour le plus grand bonheur des amateurs de moments intimistes. En l'occurrence, enregistré au Studio Davout devant un petit parterre de privilégiés (deux centaines d'invités, les chanceux !), William démontre que son travail d'arrangeur, ô combien précieux et apprécié, n'est pas le cache-misère de ses compositions, que celles-ci, débarrassées de tout ornement instrumental, rapprochées de leur expression originelle, tiennent toujours merveilleusement la route. Comme en plus l'homme est un pianiste non seulement d'excellent niveau mais, qui plus est, au toucher immédiatement reconnaissable (comme Higelin, tiens, dans un style forcément différent), les microscopiques doutes qui avaient pu saisir l'auditeur au moment d'entamer la galette disparaissent instantanément. Le miracle, parce que miracle il y a, étant que même les chansons les plus, imaginait-on, dépendantes de leur arrangement, ce Symphoman d'ouverture qui ne s'appelle pas comme ça pour rien par exemple, y gagnent une personnalité intimiste qu'on n'envisageait même pas. Fort. Mais, évidemment, la plupart des choix tend vers la portion la plus douce du répertoire de William avec même une nouvelle chanson, Un Homme Heureux, qui connaîtra le succès, mérité, que l'on sait. Voilà, si vous voulez avoir l'impression d'avoir William dans votre salon, on imagine pire invité !, Sheller en Solitaire sera l'instrument idéal, un vrai beau live tout en douceur que seul ce diable d'homme pouvait réussir avec autant de goût.

1. Symphoman 5:39
2. Maman est folle 2:03
3. Basket-ball 5:06
4. Genève 3:53
5. Les mots qui viennent tout bas 3:03
6. Les miroirs dans la boue 4:08
7. Un endroit pour vivre 4:02
8. Fier et fou de vous 2:57
9. Nicolas 3:12
10. Oh ! J'cours tout seul 4:05
11. Chanson lente 2:46
12. Une chanson qui te ressemblerait 3:24
13. Les filles de l'aurore 4:03
14. Petit comme un caillou 2:54
15. Un homme heureux 4:52
Bonus
16. Vienne 4:25

Olympiade (1995)

Dans la foulée d'un Albion qui restera comme un de ses plus gros fours commerciaux, mais pas un mauvais album, ça non !, accompagné non pas des musiciens qui l'avaient assisté à faire son album de hard rock à lui de l'autre côté de la Manche mais d'une assemblage savant entre groupe de rock et orchestre de chambre, à géométrie variable selon les besoins et les désirs du Maître de Cérémonie, c'est un Sheller en total contrôle et complètement à son aise (un état de fait bien illustré par la photo de la pochette d'ailleurs) qui propose, comme à l'accoutumé, un best-of live réactualisé de sa belle œuvre. Modérément réactualisé en l'occurrence avec le seul La Navale de son dernier opus en date, c'est peu, et une opportunité que William saura heureusement saisir sur son prochain live, celui du Théâtre des Champs-Élysées, mais ça, c'est une autre histoire. D'autant qu'on aurait mauvaise grâce à se plaindre avec la fêtes des sens qui nous est réservée avec, notamment, la chance d'y découvrir quelques titres des deux plus beaux opus de son répertoire (Univers et Ailleurs) en plus d'une belle revue d'effectif d'une carrière déjà bien remplie... Mais toujours pas de Rock'n'Dollars ! Et puis il y a ce petit supplément de fantaisie, cette drôle d'idée que d'inviter deux Dames qu'il aime, Marie-Paule Belle (pour une jolie composition douce-amère) et Micheline Dax venu siffler (!) un aria de sa composition, étonnant, et réussi. Bref, Olympiade, live d'un artiste au sommet de son art, vaut tous les best-of de la création parce qu'en plus il a de l'âme ! Recommandé.

CD 1
1. Les petites filles modèles 3:49
2. La tête brûlée 6:18
3. Basket-ball 5:08
4. Oh ! J'cours tout seul 4:40
5. Cuir de Russie 3:30
6. Nicolas 3:19
7. Le carnet à spirale 2:19
8. Fier et fou de vous 3:00
9. À franchement parler 4:44
10. L'homme que je n'aime plus (chanté par Marie-Paule Belle) 3:37
11. Une dépression d'hiver 5:33
12. Aria (sifflé par Micheline Dax) 4:23

CD 2
1. Une chanson noble et sentimentale 3:07
2. Les miroirs dans la boue 3:51
3. Un homme heureux 4:32
4. Maman est folle 2:16
5. Les orgueilleuses 3:06
6. Les filles de l'aurore 3:47
7. Photos-souvenirs 2:59
8. C'est l'hiver demain 4:13
9. La Navale 6:16
10. Quand j'étais à vos genoux 5:55
11. Dans un vieux rock'n'roll 3:06
12. Le nouveau monde 5:58

Live au Théâtre des Champs-Élysées (2001)

Le petit frère d'Olympiade en plus électrique ? Il y a de ça dans le cru live de 2001 de William Sheller, un live qui le voit pour la première fois, sauf pour un Sheller en Solitaire capté devant une minuscule audience au Studio Davout, s'éloigner de l'Olympia où furent enregistrées toutes ses performances précédentes. Pas que ce changement ait quelque incidence que ce soit sur l'art désormais bien installé du bonhomme, d'ailleurs. On notera aussi, avec la même exception que l'album en solitaire, que c'est la première fois qu'un live de Sheller est issu d'une performance unique, en l'occurrence le 11 novembre 2000 au Théâtre des Champs-Élysées. Sinon, c'est l'habituel session des meilleurs titres avec, cette fois, dans le rôle de ceux qu'on n'avait encore jamais eu, pas mal d'extraits du très réussi Les Machines Absurdes (alors son dernier album en date), une belle sélection d'un Albion qui mérite d'être réévalué (dont l'Excalibur version quasi-heavy metal parfaitement interprété) et, mais si cette fois c'est vrai, il a osé, il l'a fait... Rock'n'Dollars !, pour l'anniversaire de son quart de siècle, il était temps ! Captation la plus emportée de sa carrière, parce que la formation assemblée pour l'occasion sait faire parler la poudre quand c'est nécessaire,  Live au Théâtre des Champs-Élysées n'est aucunement un live de trop, une vraie belle addition à un "body of work" qui en impose !

CD 1
1. Symphoman 6:32
2. Moondown 4:20
3. Indies (Les millions de singes) 4:43
4. Les orgueilleuses 3:26
5. To You 2:40
6. Centre-ville 3:18
7. Un endroit pour vivre 3:45
8. Les enfants sauvages 4:42
9. C'est l'hiver demain 4:16
10. Relâche 4:58

CD 2
1. Le témoin magnifique 8:33
2. Genève 4:13
3. Un archet sur mes veines 3:44
4. Parade (Le bel adieu) 4:11
5. La maison de Mara 2:04
6. Une chanson qui te ressemblerait 3:03
7. Chamberwood (La vilaine maison) 3:00
8. Le capitaine 4:01
9. Excalibur 7:14
10. Rock'n'dollars 3:05
11. Chanson lente 5:33

Parade au Cirque Royal (2005)

Un live dé-hexagonalisé puisque enregistré au Cirque Royal de Bruxelles le 14 mars 2005, ce n'est pas si courant chez Monsieur Sheller qui, sorte de Woody Allen parisien, n'enregistre généralement ses live qu'en capitale. Ça ne veut pas pour autant dire que le dépaysement est total. Pas de fine expérimentation, pas d'énorme changement de direction (voir Albion, un bon album, un gros échec), d'autant que, concert oblige, on a quand même envie de faire plaisir. Alors, avec des musiciens du cru, Sheller donne un récital de chanson "rockestrale" et "symphop" tout à fait dans la lignée d'Olympiade (mon favori), et du Live Au Théatre des Champs-Elysées, classique. Et une belle tracklist qui, 17 morceaux durant, nous entraîne dans l'histoire de la musique de William Sheller. Une sorte de best-of avec, en supplément irremplaçable, le cœur que met ce petit bonhomme dans chacune de ses apparitions scéniques. Un peu routinier tout ça ? On va dire ça, parce qu'il est vrai que nous avons tous, nous qui suivons William, de nombreuses versions live et studio d'une majorité de ces chansons. Il est tout de même agréable de les apprécier dans un nouveau contexte, et d'y voir rajoutées de petites nouvelles qui en imposent ! Du pur Sheller, du bon Sheller.

1. Symphoman 5:54
2. Toutes les choses qu'on lui donne 4:06
3. Nicolas 2:56
4. Fier et fou de vous 3:03
5. Le Carnet à spirale 2:09
6. Le Capitaine 4:00
7. Relâche 4:15
8. Mon hôtel 3:09
9. J'en avais envie aussi 3:38
10. Oh ! J'cours tout seul 3:55
11. Un homme heureux 4:01
12. Les Filles de l'aurore 3:28
13. Indies (Les millions de singes) 4:24
14. Excalibur 6:31
15. Dans un vieux rock'n'roll 4:06
16. Rock'n'dollars 2:44
17. Les Machines absurdes 3:18

William Sheller et le quatuor Stevens (2007)

Il nous avait déjà fait le coup avec le Quatuor Halvenalf 23 ans plus tôt, Sheller remet le couvert et, cette fois-ci accompagné du Quatuor Stevens, nous fait faire le tour du propriétaire d'un répertoire qu'il aime à retoucher. C'est sur la scène du Carré Magique de Lannion (Côtes d'Armor), pour son second live d'affilé délocalisé de ses terres parisiennes donc, que se déroule la captation de l'évènement. Comme d'habitude chez Sheller, la sélection est constitué des immanquables de son répertoire augmentés de quelques surprises, qu'il s'agisse de chansons plus récentes ou d'autres rarement entendues en scène. Comme d'habitude chez Sheller, la finesse de l'arrangement n'a d'égale que la qualité de l'interprétation avec, notamment, un quatuor encore mieux employé que sur sa précédente tentative (le bénéfice de l'expérience, sans doute)... Alors, évidemment, il y a ceux qui iront dire qu'on n'a là, fondamentalement, qu'un live de plus, ceux-ci n'ont pas compris que l'art de Sheller est dans la nuance, dans le détail (qui ne manque jamais) et que, par conséquent, chaque nouvelle version de chacune de ses magnifiques chansons est bonne à prendre. Et puis, avec d'aussi beaux moments que Cuir de Russie, Un Archet Sur Mes Veines, Le Capitaine ou le désormais incontournable Un Homme Heureux (où, comme sur la Chanson d'Automne de conclusion, le quatuor fait sa petite pause), avec même un utile décrochage dans son art instrumental (Babayaga), ont aurait mauvaise grâce de se plaindre et, donc, on ne se plaindra mais et goûtera pleinement à une belle heure et quart de chansons péri-classiques, comme d'habitude chez Sheller, de qualité très supérieure... Recommandé.

1. Ouverture 4:02
2. Toutes les choses qu'on lui donne 3:49
3. Maman est folle 2:13
4. Les Mots qui viennent tout bas 2:45
5. Simplement 4:10
6. Cuir de Russie 3:31
7. Babayaga 3:48
8. Le Carnet à spirale 2:24
9. Nicolas 3:16
10. Les Filles de l'aurore 3:50
11. Mon hôtel 3:25
12. To You 2:43
13. À l'après-minuit 3:40
14. Le Capitaine 3:28
15. Les Orgueilleuses 3:12
16. Un archet sur mes veines 3:42
17. Oh! J'cours tout seul 3:33
18. Les Machines absurdes 2:58
19. À franchement parler 4:28
20. Un homme heureux 4:42
21. Dans un vieux rock'n'roll 3:38
22. Chanson d'automne 3:51

Piano en ville (2010)

Petit live sans public uniquement disponible sur les plateformes de téléchargement, Piano en Ville n'apporte strictement rien à la carrière du grand monsieur qu'est William Sheller, rien sauf le plaisir de l'entendre, seul au piano, jouer quelques jolis extraits de son riche répertoire dont certains, Felix et Moi (d'Avatars) et Les Enfants du Week-End (qu'on retrouvera sur le Stylus de 2015), pour la toute première fois. Sans doute pas essentiel, sauf aux fans de ce petit bonhomme au si grand talent, Piano en Ville est une petite bulle intimiste qui fait du bien par où elle passe, ce qui n'est déjà pas si mal même si, avec seulement 17 petites minutes, c'est vraiment beaucoup trop court.

1. Felix et moi 2:15
2. J'me gênerai pas pour dire que j't'aime encore 3:12
3. Mon dieu que j'l'aime 1:53
4. Les Enfants du week-end 2:22
5. Chanson noble et sentimentale 2:19
6. Chamber music 4:56