vendredi 30 janvier 2015

Hanni soit qui mal y pense...

Hanni El Khatib
L'occasion fait le larron, c'est bien connu ! Et donc, à l'occasion de la sortie de son troisième long-jeu, Moonlight, je vous propose icelui mais aussi, bonheur !, un retour sur les deux épisodes précédents de la frémissante carrière du californien possédé Hanni El Khatib ! Elle est pas belle la vie ?

FRoM ouT oF NoWHeRe
"Will the Guns Come Out" (2011)
ou "l'Apparition"

Avec un patronyme pareil (son vrai nom), une pochette de cet acabit et un titre d'album aussi cryptique, on ne peut pas, à moins d'en avoir lu quelque information, présager de ce qui nous attend sur le premier album d'Hanni el Khatib... La surprise n'en est que plus "douce".
En l'occurrence, c'est à une relecture "garage" du meilleur esprit rock'n'rollien à laquelle nous sommes conviés, un album simple, franc et direct où une jeune pousse étale son amour d'un traditionalisme tout sauf calculé offert avec l'énergie de son post-adolescent enthousiasme. Et il n'y perd pas de temps bouclant l'aventure en 11 titres et 32 petites minutes où se rencontrent, se télescopent rock franc, blues sale et folk possédée, et même doo-wop garage... un beau petit panorama en somme. Précisons qu'il y fait tout, de la cave au grenier, avec une aisance et une fraicheur (une innocence) qui font grand plaisir à entendre. C'est d'ailleurs dans cette juvénile énergie que tient tout le sel d'une galette sinon d'un immense classicisme. Ainsi y retrouve-t-on, tour à tour, du Tom Waits, du Troggs, du Rolling Stones, du Stooges, du Beatles, du Neil Young, du Bob Dylan, etc. Oui, tout ça ! Les sources sont sûres, l'héritage honnête, en demander plus serait sans doute en demander trop surtout que c'est déjà beaucoup et très fun, qui plus est.
Côté highlights, ça se presse avec en tête l'irrésistible F*** It, You Win et sa simplicité toute "White-Stripesienne", le chant de dément d'Hanni en sus. Plus loin, au détour d'un blues mutant, Come Alive, quelque part entre le loner Canadien, Bo Diddley et André 3000, il continue de nous épater. Et ça continue avec la reprise d'Elvis, Heartbreak Hotel qui, toute en irrévérence, ravive le mythe en le transformant en blues "Waitsien" en diable. Que dire, enfin, parce qu'on ne va pas tous les faire non plus !, d'un supra-efficace Wait Wait Wait, bel intermède d'American Folk Tradition tout en émotion et en retenue. Bref... 8 compositions originales qui n'ont pas à rougir du voisinage de 3 reprises réussies, Hanni el Khatib a amassé une bien belle collection qui fait parfois un peu de bruit, c'est comme ça que c'est bon !
Depuis, le jeune homme d'origine palestinienne a fait du chemin, des publicitaires se sont entichés de sa musique (présence dans de nombreux spots pour des marques dont on taira pudiquement le nom) et, surtout !, a fait la rencontre de son nouveau producteur, le totalement 'in' Dan Auerbach (The Black Keys, Dr. John, etc. producteur à la mode aussi) avec qui il a enregistré le tout nouveau tout beau Head in the Dirt. A suivre, donc... Mais, en attendant, il fait bon revenir sur cet originel tour de force toujours chaudement recommandé.

1. Will the Guns Come Out 1:25
2. Build. Destroy. Rebuild. 2:58
3. F—k It, You Win 3:11
4. Dead Wrong 3:28
5. Come Alive 2:35
6. Loved One 2:37
7. Heartbreak Hotel 3:12
8. Wait Wait Wait 3:56
9. Garbage City 3:54
10. You Rascal You 2:21
11. I Got a Thing 2:00

Hanni El Khatib - tous instruments, chant
&
Greg Reeves - guitarron (4)
Nicolas Fleming-Yaryan - batterie (10)
Marc Bianchi - batterie additionnelle (1-5, 7, 9)

2011

iNTo THe WiLD
"Head in the Dirt" (2013)
ou "la Belle Suite"

Après un très réussi premier album, Will The Guns Come Out, où il s'occupait de tout ou presque, Hanni El Khatib revient sous le patronage bienveillant du Black Keys Dan Auerbach, producteur "in" s'il en fut, mettant tous les atouts du côté de son garage rock revivaliste et de son envol vers des sommets inespérés, commerciaux et artistiques (c'est tout le mal qu'on lui souhaite !).
De fait, si l'approche lo-fi n'est pas tout à fait remisée, elle est nettement amenuisée par une production "au goût du jour" sans être raccoleuse, c'est aussi vrai de l'énergie brute du premier album qui est ici nettement plus domptée. Ceci dit, ce que la musique d'Hanni perd en agressive fraicheur, elle le gagne en rouerie mélodique et compositionnelle, c'est évident dès le shuffle extrêmement catchy d'Head in the Dirt, la chanson, dès l'ouverture de l'album. C'est aussi à une galette notablement plus variée à laquelle nous avons affaire avec la sunshine soul'n'pop de Penny (qu'on croirait presque les Dexys Midnight Runners en pleine relecture Motown !), le reggae rock au refrain énervé de Move ou le Them meets Black Keys de Low. Il reste évidemment de ces salves rageuses du même acabit que celles qui firent le succès du premier opus d'El Khatib comme le furieux Family, Pay No Mind ou Sinking in the Sand, trois parfaits exemples de maîtrise garage rock. On notera aussi le blues Stonien à l'excellent emballage final qui clôt l'album (House on Fire), parfaite façon de finir sur une vraie bonne note un album globalement très réussi.
Avant de conclure, on évoquera évidemment la production et les co-arrangements de Dan Auerbach qui, discret, s'est parfaitement intégré à l'univers de son "client". Tout juste a-t-il su doper la recette préexistante pour la rendre, certes un peu plus policée mais encore plus addictive.
Avec Head in the Dirt, Hanni El Khatib se place, souhaitons-lui, durablement dans le club de ces jeunes qui possèdent la capacité de faire revivre le passé sans donner l'impression de le vampiriser. Un joli tour de force de l'ex-skateboarder en attendant la suite d'évènements s'annonçant sous de brillants auspices si l'on en croit la qualité de son catalogue naissant.

1. Head in the Dirt 3:18
2. Family 2:27
3. Skinny Little Girl 3:55
4. Penny 3:17
5. Nobody Move 2:31
6. Can't Win Em All 3:04
7. Pay No Mind 3:05
8. Save Me 2:49
9. Low 2:31
10. Sinking in the Sand 2:30
11. House on Fire 3:45

Hanni El Khatib - guitar, farfisa, lead vocals, percussion
Dan Auerbach - bass, guitar, background vocals, percussion
Patrick Keeler - drums, percussion
Bobby Emmete - hammond organ, piano, keyboards, electric sitar
Nikki Lane, Jesse Darlin, Nikki Darlin - background vocals

2013

SNaKe CHaRMeR
"Moonlight" (2015)
ou "la Confirmation"

Avec la régularité d'un coucou suisse, Hanni El Khatib, le skater/designer californien devenu rocker, nous livre notre petite dose bisannuelle de bon son, la troisième à son encore jeune catalogue, une bonne nouvelle.
S'il avait conçu son précédent opus, le toujours recommandé Head in the Dirt, avec le Black Keys producteur super-in Dan Auerbach, il revient présentement à la formule de son premier méfait, l'excellentissime Will the Guns Come Out, et redevient le presque unique instrumentiste, compositeur, producteur de sa petite entreprise s'adjoignant simplement les services d'un dénommé Ron Marinelli aux badaboums de circonstance et de quelques guests pour se sentir moins seul et épicer son délicieux brouet rock'n'rollesque, et sans doute pour se sentir moins seul parce qu'avouons, la musique c'est rigolo en communauté, aussi .
Et donc Moonlight... Vous dire qu'Hanni s'y réinvente, s'y révolutionne serait, plus qu'une exagération, une grossière distorsion de la réalité. Parce qu'Hanni fait ce qu'il aime depuis ses débuts et, un homme de plaisirs simples sans doute, n'a pas tant changé depuis que sa réputation en a fait un nom qui commence sérieusement à compter. En fait, il y ferait presque un pas en arrière et un peu de côté, revenant au son plus dru de son premier long-jeu, à l'énergie séminale qui s'en dégageait sans pour autant s'y "auto-revivaliser". Seul maître à bord, si évidemment, nécessairement secondé dans son entreprise par une bonne équipe de professionnels de studio, ingénieurs du son & Cie, El Khatib y retrouve en effet ce je-ne-sais-quoi de fraicheur qui s'était fugitivement absentée avec le parrainage d'Auerbach... Mais ne refait heureusement pas une illusoire tentative de copie carbone de son originel tour de force ! Parce que Moonlight, allez, par le menu : du garage rock presque théâtral (Moonlight, When The Teeth Begin to Show) , du rock brut de décoffrage (Melt Me, Servant, All Black, le revivaliste sixties Home), et même quelques mignonettes expérimentations du psyché (Chasin') à un jazz/blues sale et possédé que ne renierait pas Mr. Waits (Worship Song) jusqu'à un essai réussi de power ballad (Mexico) et un final (Two Brothers) ouvrant sur bien des possibles avec ses cordes emphatiques, sa rythmique disco (oui, disco !) pour un résultat presque french touch (Air !) du meilleur effet. Oui, c'est une belle collection que nous livre Hanni, une qui ne le coupe pas de ses bases mais le pousse juste ce qu'il faut vers un autre chose qu'il sera libre de définir tant il s'ouvre moult portes.
Et, en attendant, c'est d'un excellent album dont il s'agit, et d'un premier beau coup de semonce rock'n'rollesque majeur en ce début 2015. Bravo Hanni !

1. Moonlight 3:33
2. Melt Me 3:40
3. When The Teeth Begin to Show 3:11
4. Chasin' 2:49
5. Worship Song (No. 2) 4:01
6. Mexico 4:56
7. Servant 4:16
8. All Black 2:39
9. Home 3:10
10. Dance Hall 3:29
11. Two Brothers 5:47

Hanni El Khatib - vocals, guitars, bass, piano, mellotron, synthesizers, percussion
Ron Marinelli - drums, percussion, harlow
&
Matt Sweeney - snake guitar (Moonlight)
Hayden Tobin - mellotron (Chasin')
Greg Reeves - bass (Chasin')
Robert Ackroyd - additional guitar (Worship Song (No. 2))
Yasi Salek - background vocals (Servant)
Nathan "Hey Hey" Awelu - additional guitar (Two Brothers)
Tom Lea - viola, violin (Two Brothers)
Sonny DiPerri - modular synth (Two Brothers)

2015

lundi 26 janvier 2015

Organic, Olympic...Zornophagie 2015 volume 1

Janvier 2015, déjà deux albums pour l'hyper-prolifique, l'inusable John Zorn ! Ca ne plaisante pas... Et on en profite pour revenir sur la série des Hermetic Organs. Enjoie !

aRCHéoLoZoRNie
John Zorn/Dither "Olympiad volume 1: Dither Plays Zorn" (2015)
ou "New Series, Old Memories"

Une nouvelle série dans la galaxie Zornienne, rien que ça tient de l'évènement, aiguise les appétits de ceux qui savent que l'homme Zorn ne se lance jamais à la légère dans de nouvelles explorations.
En l'occurrence, les Olympiades, dont est proposé ici le volume inaugural, nous ramèneront à l'origine du mythe ou presque, à une période où Zorn, empêcheur de jouer en rond, abat une à une les cloisons séparant le jazz le plus free, le contemporain le plus exploratoire, et l'esprit punk le plus juvénilement irrévérencieux (pour bonne mesure). Autant dire que ceux qui se sont fait aux élans lyriques, souvent mélodiques et mystiques peuplant le plus gros dernières années de l'intense production du compositeur pourront repasser. Hockey, Curling, Fencing, trois sports olympiques pour trois "compositions par cartes"* datant de 1977 et 1978, c'est du rude !
Mais qui dit nouvelle série dit nouvelle interprétation, nouvelle appropriation par une formation qu'on découvre pour l'occasion, une formation dominée par la guitare, instrument que les quatre instrumentistes pratiquent, mais où ne sont pas absentes quelques saveurs cousines (des cordes, toujours des cordes !). Et qui dit nouvelle interprétation, nouvelle appropriation dit, forcément !, la surprise de découvrir ces "machins" antédiluviens, que peu ont entendu pour la bonne raison qu'ils ont été rarement joués et enregistrés (l'exception Hockey, sur l'album éponyme ou le coffret Parachute Years), par de jeunes pousses prêtes à en découdre avec ce qui n'est pas le "body of work" le plus exactement abordable du furieux New Yorkais. Dither s'en sort avec une rare classe honorant comme il se doit l'insigne honneur d'ouvrir la collection. Les quatre gars viennent, comme de bien entendu, de la grosse pomme, ont collaboré avec des pointures telles que Fred Frith (Henry Cow, Art Bears, Massacre, etc.), Lee Ranaldo (Sonic Youth, bien sûr !) ou Elliott Sharp, c'est dire si le roué Zorn n'a pas confié son matériau au hasard.
Concrètement, ça ressemble à quoi ? Un chaos contrôlé, de belles bulles mélodiques bientôt perturbées de sorties de routes spectaculaires, et des cordes, bien sûr !, des cordes, puisque telle est la spécialité des quatre instrumentistes composant la formation, tous guitaristes versatiles et exploratoires qui jouent, comme on joue au lego, une musique aussi imprévisible que ludique. Pas clair tout ça ? C'est parce qu'il faut le vivre pour le comprendre comme c'est toujours le cas des œuvres les plus "libres" du compositeur new-yorkais qu'elles voisinent avec le contemporain ou le jazz, ou les deux comme c'est présentement le cas.
Quand à ce qu'apportera la série des Olympiades dans l'avenir, puisque c'est un volume 1, hein !, le mystère demeure intégral. Se basant sur ce premier volume, vous l'aurez compris chaudement recommandé aux oreilles aventureuses, on en salive déjà !

* Les règles d'un Game Piece sont définies par un jeu de 18 cartes, qui codifient les relations entre les musiciens. Un exemple de carte est : Les gens qui jouent actuellement s'arrêtent, ceux qui ne jouaient pas peuvent désormais jouer s'ils le souhaitent. Lors de l'exécution d'un Game Piece, les musiciens choisissent eux-mêmes quelles cartes ils veulent jouer, en faisant un signe à Zorn, qui répercute alors sur l'ensemble du groupe le choix en montrant la nouvelle carte, et donc les nouvelles règles - wikipedia

1. Curling (electric short) 7:31
2. Hockey (acoustic dry) 3:59
3. Fencing (electric) 11:55
4. Curling (acoustic) 13:16
5. Hockey (electric wet) 6:35
6. Fencing (acoustic) 11:20
7. Hockey (electric dry) 4:04
8. Curling (electric long) 19:22

Taylor Levine - electric and acoustic guitars
Joshua Lopes - electric and acoustic guitars, bajo sexto, zhong 'wan
James Moore - electric and acoustic guitars, banjo, mandoline
Gyan Riley - electric and acoustic guitars, banjo

Dither

HeRMeTiC uK
John Zorn "The Hermetic Organ Vol. 3 (St. Paul's Hall, Huddersfield)" (2015)
ou "Toujours plus orgue !"

Et un Hermetic Organ de plus, un ! Depuis 2014, janvier semble être devenu le rendez-vous rituel des explorations "organiques" de John Zorn, bonne nouvelle.
En l'occurrence, celui-ci fut enregistré lors du festival de musique contemporaine d'Huddersfield, West Yorkshire, c'est dont le premier qui voit Zorn s'éloigner de ses bases new yorkaises. Ce que ça change ? Pas grand chose en fait... A tel point que je pourrais facilement concocter une improbable fusion de mes billets sur les deux précédents volumes sans vraiment tomber loin du cœur de la cible.
Sans le moindre doute, Zorn a son approche, son style à l'orgue, une approche, un style qui combine théâtralité et avant-gardisme sans pour autant tout à fait oublier la mélodie, juste ce qu'il en faut. Comment pleinement goûter cet étrange moment, ces drones organiques, ces crescendos glorieux, ces climats angoissants ? En musique d'un film d'horreur expressionniste imaginaire... Fermez les yeux, imaginez Nosferatu montant l'escalier son ombre portée en stigmate d'un funeste destin... On n'est pas loin du compte. Imaginez ces scènes surnaturelles que surent si bien filmer un Dario Argento ou un Mario Bava ornées de cet orgue seul, certes, mais définitivement apte à construire de complexes et émotionnelles ambiances particulièrement adéquates pour illustrer le malaise jusque dans son côté étrangement attirant.
Entre improvisation et composition, entre un avant-gardisme plus que jamais affirmé et un traditionalisme mélodique rattrapant l'audieur lambda, Zorn construit un excellent chapitre à ses créations pour orgue d'église. On n'a qu'une hâte en fait, pouvoir assister, enfin !, à telle représentation in vivo ! En attendant, on se contentera avec plaisir du pis-aller en galette argentée.

Office Nr 11
1. The Fall of Satan 14:37
2. Spectral Angels 10:06
3. The Revelation of St. John 13:02

John Zorn - orgue d'église

St Paul's Hall
 
ST ZoRN eN La CHaPeLLe
John Zorn "The Hermetic Organ Vol. 2 (St Paul's Chapel, NYC)" (2014)
ou "Le fils rebelle de Jean-Sébastien ?"

Pour sa première apparition discographique de 2014, John Zorn nous refait le coup de l'orgue d'église, et donc d'un volume 2 de son Hermetic Organ. Bonne nouvelle, le premier avait séduit.
Une première constatation, sur la forme celle-ci, si le premier volume était une succession d'ambiances et de mélodies, la performance n'était pas découpée en plusieurs pistes contrairement à ce volume second qui en présente sept. Ainsi pourra-t-on l'écouter par "tranches", dans l'ordre ou pas selon l'envie et l'instinct, ce qui en facilitera sans doute la digestion, la compréhension aussi.
Parce qu'il est évident que le trip présentement proposé n'est pas exactement immédiatement accessible, sauf à se laisser émotionnellement submerger par le torrent. Il est évident aussi que Zorn "trippe" énormément sur l'orgue de la Chapelle Saint Paul de New York City devant un public qu'on imagine volontiers, tour à tour, enjôlé, médusé, cajolé, violenté par de tant passion et si peu de compromission quant à l'usage de l'instrument cérémoniel.
A l'évidence, et pas seulement parce que les titres alloués à chaque segment pointent dans cette direction, il y a une dimension profondément mystique dans la performance, tout sauf une surprise pour ceux qui suivent un tant soit peu l'œuvre du trublion. Mais si le mysticisme zornien, présentement, déborde encore souvent vers un bruitisme orageux, les apaisements, pas si peu nombreux qu'on pourrait l'imaginer et tous bienvenus comme sur un Prayer en état de grâce (ça tombe bien !), respirations nécessaires à ce maelstrom, tempèrent ce déluge de notes péri-improvisées et sont autant d'entrées évidentes dans cet univers d'une noirceur souvent violente.
Alors, évidemment, on peut trouver des références, des ressemblances dans le classique contemporain le plus ardu, de Xenakis à Messiaen, de Stockhausen à Nono (le blabla promotionnel de Tzadik ne s'en prive d'ailleurs pas) mais aussi chez des minimalistes tels que Reich, Terry Riley ou, surtout !, le Philip Glass des débuts qui en disait tant en peu de notes qu'il nous laissait, du coup, ébahis. A l'image de ses glorieux devanciers, Zorn le roué, Zorn le malin sait ne pas trop en faire justement, et sait, ce faisant, hypnotiser son auditoire de belles ambiances calmes... Pour mieux le trépaner de furieuses cavalcades ensuite !
Toute l'œuvre fonctionne sur cette dichotomie, cet équilibre entre le chaud et le froid, le beau et le laid, le grandiose et le ridicule, le facile et le demandant. Typiquement zornien en somme et en même temps un autre monde parce que Zorn y oublie pas mal de ses tics en choisissant d'honorer, avant tout, l'instrument et ses possibles dramatiques, liturgiques même.
Au final, passées les 47 minutes que durent la performance, on ressort un peu rincé, tout à fait épaté par la capacité de l'homme Zorn possède de sans cesse se réinventer, de toujours trouver de nouveaux champs d'action sans jamais avoir l'air de s'y forcer, de chercher absolument à élargir son spectre. Et de se dire que ce que l'inaugural volume de la série avait touché du doigt en une emphase mélodico-foutraque, son successeur l'accomplit : faire du neuf avec du vieux, réussir l'incroyable exploit d'être à la fois familier et révolutionnaire.
A mon humble avis, que vous avez tout à fait le droit de ne pas partager me démettant comme un vil zélote du compositeur/performer New Yorkais, Bach, qui s'y connaissait un peu en musique pour orgue, serait fier de cet improbable et furieux rejeton. Oui, rien que ça !

Office Nr 9 - The Passion
1. Crucifixion 6:55
2. Prayer 9:12
3. Ascent into the Maelstrom 4:33
4. In Gloria Dei 11:28
5. Holy Spirit 7:17
6. Battle of the Angels 3:16
7. Communion 4:21

John Zorn: orgue d'église

St Paul's Chapel

au CoMMeNCeMeNT...
John Zorn "The Hermetic Organ (St Paul's Chapel, NYC)" (2012)
ou "Grandes Orgues"

John Zorn seul à l'orgue en la Chapelle St Paul de l'Université de Columbia le 9 Novembre 2011 à 23h. Live donc. Plus que live, en vérité, en format impro et sur l'instrument qui vit ses premiers pas d'instrumentiste, il y a un demi-siècle de ça : l'orgue d'église.
Il n'est besoin que de connaître la réputation de l'hyperactif compositeur New Yorkais pour se douter que la performance n'aura rien de banal, rien de facile non plus. En l'occurrence, profitant de la puissance de l'instrument, de sa capacité à « droner » à qui mieux mieux aussi, Zorn laisse son imagination divaguer entre chaos et contemplation, bruit et douceur. Rien que de très classique, en somme, pour un créateur dont on connaît la totale liberté et le goût pour des climats nuancés. En l'occurrence, pour pleinement profiter des ambiances et mélodies ici instillées, il faudra savoir s'abandonner, se laisser aller à cette messe noire, païenne, évoquant des images d'un comte Frankenstein donnant vie sa créature ou d'un Vlad Tepes sortant de l'ombre pour croquer le cou de sa prochaine victime. Pas vraiment surprenant quand on sait que l'attirance initiale de Zorn pour l'instrument a beaucoup à voir avec sa fascination enfantine pour les musiques des films d'horreurs de la Hammer où, justement, l'orgue avait une place non négligeable. On peut même dire que l'exercice a quelque chose de régressif pour le presque sexagénaire. Régressif et prospectif à la fois, sacré Zorn !
Evidemment, cet Objet-Musical-Non-Identifié ne sera pas à mettre entre toutes les oreilles. Ceci dit, dans les bonnes conditions (une nuit de pleine lune, par exemple), cette musique, à la fois savante et primitive, fera indéniablement son « petit effet ». Et maintenant, on attend la suite...

1. Office Nr 4 36:25
- Introit
- Benediction
- Offertory
- Elevation
- Communion
- Descent
un extrait pour entendre (les premières minutes).

John Zorn: orgue d'église

Zorn à l'orgue

lundi 19 janvier 2015

Recyclages hétéroclites #1

Comme Mange Mes Disques est désormais une vieille maison, elle-même héritière de moult aventures bloggistiques, il faut s'attendre, de temps en temps à un petit "vide grenier"... Les recyclages hétéroclites que ça s'appelle, en voici le premier volet. Enjoie !

CHaMBeR MuSiC
JS Bach "Sonatas for Viola da Gamba & Harpsichord" (2009)
ou "Une merveille de virtuosité et d'intimité"

Je n'ai pas forcément la « grammaire » pour décrire en terme savants et informés la musique de Bach ici interprétée par les deux maîtres que sont Jordi Savall et Ton Koopman. Je pourrais, à renfort de « wikiculture » prétendre savoir, bah, c'est vain et les émotions procurées par ces sons, de toute façon, suffisent amplement. Pour l'expertise technique, vous repasserez.
Et donc, épurées et belles, ces 3 sonates pour formation de poche, si elles ne seront pas forcément une révélation pour ceux que le classique baroque interpelle et qui connaissent leur Bach comme le dos de leur main, proposent une musique d'un autre temps où tout est dans l'harmonie, l'art du contrepoint et, évidemment !, la grâce de mélodies savamment composées mais finalement très accessibles même à un public relativement peur roué à la chose. Entendre ainsi la viole de gambe et clavecin, instruments anciens et inhabituels pour les occidentaux gavés d'électricité que nous sommes, a quelque chose de profondément apaisant même dans les tempi rapides d'icelle.
Forcément, l'interprétation de Jordi Savall et Ton Koopman est parfaite. La prise de son, intime comme il se doit, ne l'est pas moins. Et à ceux qui pourraient avoir peur d'aborder cette musique à priori savante, je le répète, c'est de simple beauté dont il s'agit et cette langue là n'a pas de frontière, géographique ou temporelle.

Sonate n1 sol maj bwv1027
1. I-Adagio I 3:59
2. II-Allegro 3:46
3. III-Andante 2:25
4. IV-Allegro 3:16
Sonate n2 re maj bwv1028
5. I-Adagio 1:52
6. II-Allegro 4:02
7. III-Andante 4:50
8. IV-Allegro 4:13
Sonate n3 sol min bwv1029 
9. I-Vivace 5:30
10. II-Adagio 5:59
11. III-Allegro 3:56

Ton Koopman - Harpsichord
Jordi Savall - Viole de Gambe

Jordi Savall

BLueS & RaGa
The Paul Butterfield Blues Band "East-West" (1966)
ou "Le blues vire à l'est"

Il y a beaucoup à dire sur le Paul Butterfield Blues Band.
Sa formation multiraciale dans une Amérique sortant difficilement des démons d'une politique ségrégationniste déjà, pas forcément facile à assumer au cœur des sixties.
Son incroyable fidélité à un idiome blues et jazz ancien juste électrifié pour contenter la jeune génération et contrer les hordes de chevelus britanniques venus squatter aussi, la formation sait faire, indéniablement.
Mais, sur ce second album, il y a surtout East-West, exploration fusionnelle des ragas indiens sur les base blues et rock du combo, une révolution en soi avec son "cut & paste" alors inédit, un sommet de psychédélisme que les Byrds ou le Quicksilver Messenger Service ne tarderont pas à recycler à leurs sauces (Eight Miles High en version live pour les premiers, Calvary pour les seconds) faisant injustement ombre à la création de Mr. Butterfield et des ses acolytes.
East-West c'est aussi, et surtout !, un excellent album de blues rock soul et cru mais pas sans finesse où un harmoniciste/chanteur d'exception, le leader d'ailleurs un temps réquisitionné par nul autre que le légendaire Muddy Waters, déroule ses exceptionnelles capacités techniques et émotionnelles bien entouré par des musiciens au diapason de sa performance dont un jeune et bouillant Mike Bloomfield (écoutez donc l'exceptionnelle reprise de Nat Adderley, frère de Cannonball, Work Song !). East-West c'est, enfin, une addition nécessaire à toute discothèque rock qui se respecte, un vrai morceau d'histoire avec de la très bonne musique dedans.
Obligatoire !

1. Walkin' Blues 3:15
2. Get Out of My Life Woman 3:13
3. I Got A Mind to Give Up Living 4:57
4. All These Blues 2:18
5. Work Song 7:53
6. Mary, Mary 2:48
7. Two Trains Running 3:50
8. Never Say No 2:57
9. East-West 13:10

Paul Butterfield — vocals, harmonica
Mike Bloomfield — electric guitar
Elvin Bishop — electric guitar, lead vocal on "Never Say No"
Mark Naftalin — piano, organ
Jerome Arnold — bass
Billy Davenport — drums

Paul Butterfield

FuSioN SPiRiTueLLe
Carlos Santana, Mahavishnu John McLaughlin "Love Devotion Surrender" (1972)
ou "Hare Santa Rama Rama Hare Santa Na Hare Hare (et John aussi !)"

Conspué à sa sortie par les fans de Santana n'acceptant pas le virage jazz fusion de leur poulain, album ayant depuis acquis une réputation culte bien méritée, Love Devotion Surrender est une œuvre qui touche souvent au divin.
En l'occurrence, la rencontre d'une sélection de musiciens du Santana band et du Mahavishnu Orchestra de John McLaughlin (l'autre tête d'affiche de l'album) sur une somme d'influences héritées de John Coltrane et Miles Davis (dont John a été le sideman) réactualisées à la sauce fusion mystique  fonctionne magnifiquement bien. Les latineries du Santana star mondiale chicano n’apparaissent que fort ponctuellement donc, évidemment, et on comprend le désespoir d’accros soudain privés de leur dose mais, en l’espèce, bouder son plaisir devant pareille merveille tient purement et simplement du sacrilège.
Bien sûr les deux guitaristes sont des maîtres, personne ne le niera, il n’était pourtant pas gagné d’avance que leur cohabitation se mue en l’accord parfait dont nous avons l’avantage d’être les témoins, de fait, au service de la musique plus que de leur égo, les deux rivalisent de virtuosité et de feeling sans jamais donner l’impression de vouloir manger dans l’assiette du voisin. Le répertoire – 2 Coltrane, un traditionnel et 2 originaux, le tout glorieusement bonussé de deux alternate takes dans la présente édition - est, il bien l’avouer, d’une rare grâce. Et si la formation modernise des standards tels qu’A Love Supreme ou Naima, c’est toujours avec doigté, sentiment, talent et – surtout ! -, en disciples dévoués, en respectant scrupuleusement l’esprit de cette musique prospective aspirant aux plus inaccessibles hauteurs (A Love Supreme) ou pleine de tendresse et de nostalgie (Naima, où les deux leaders dialoguent en acoustique). Et ce n’est pas tout à fait un hasard si les deux originaux de l’album, The Life Divine et Meditation (signés McLaughlin) évoqueront à parts égales le Mahavishnu Orchestra de John et les fusionnantes années de Miles en ne perdant toutefois jamais de vue les guides spirituel (Sri Chinmoy) et artistique de l’album (John Coltrane). Finalement, seul le traditionnel (Let Us Go Into the House of the Lord, déjà repris par Pharoah Sanders) rappellera un tant soit peu l’œuvre du moustachu Carlos tout en restant admirablement cohérent dans un ensemble jazz prog ici élevé par la double caution d’un duo de choc en osmose intégrale.
Que dire de plus ? Ah, oui, que Love Devotion Surrender est un album essentiel.

1. A Love Supreme 7:51
2. Naima 3:12
3. The Life Divine 9:28
4. Let Us Go into The House of the Lord 15:45 
5. Meditation 2:51
Bonus
6. A Love Supreme (alternate take) 7:27
7. Naima (alternate take) 2:52

Carlos Santana - guitare, chant
John McLaughlin - guitare, piano
Billy Cobham, Don Alias, Michael Shrieve - batterie
Phil Browne - percussions
Jan Hammer - batterie, claviers
James Mingo Lewis - piano
Armando Peraza - congas, percussions, chant
Doug Rauch - basse, guitare
Khalid Yasin, Larry Young - orgue

Carlos & John

Du BoN SoN
Stephen Stills "Manassas" (1972)
ou "Stills on top!"

Ho le bel album que voici !
Nous sommes en 1972, Stephen Stills, en rupture de CSNY, décide de former un groupe, Manassas, où il pourra glisser ses nombreuses et variées envies musicales. Pour se faire, il s’entoure de quelques pointures (l’ex-Byrds et Flying Burrito Brothers Chris Hillman, Al Perkins également des FBB, Paul Harris qui a joué avec CSNY, Nick Drake, etc.) et s’enferme en studio avec pour seule ambition de se faire plaisir, sans restriction.
Musicalement, avec des influences blues, country, rock, latines (et j’en passe !) c’eût pu être un beau bordel, c’est, en fait, à un album varié et divertissant auquel nous avons affaire. Divertissant parce que les morceaux s’y enchainent sans temps mort, sans transition stylistique aussi mais, surprenamment, sans qu’une impression de décousu ne s’y glisse.
Concrètement, l’album se divise en 4 parties : The Raven (1 à 5), The Wilderness (6 à 11), Consider (12 à 17) et Rock & Roll Is Here to Stay (18 à 21) chacune explorant une facette de l’inspiration textuelle et musicale de son leader. The Raven nous propose les titres les plus latino-rock (en grande partie enregistrés live en studio) quand The Wilderness explore la facette Country Rock (domaine où l’expertise de Stills n’est plus à prouver), Consider un Folk Rock qui n’est pas sans rappeler Crosby Stills Nash (& Young quand il ne fait pas sa tête de cochon) et enfin Rock & Roll is Here to Stay qui, comme son titre l’indique, est dévolu au Rock’n’Blues et dédié à quelques talents partis trop tôt (Jimi Hendrix, Al Wilson, Duane Allman) et contenant l’épique The Treasure et ses 8 minutes de jammesque plaisir.
Le résultat plaira aux amateurs de musique roots américaine puisque tel est le terreau où Manassas puise sa force vitale. Et quelle force ! 21 titres, pas un ratage, pas une erreur ! 72 minutes qui, avec un peu plus de chance et de justice, étaient destinées à passer à la postérité mais échoueront tristement... Commercialement, parce que, comme vous l’avez compris, musicalement c’est un festin de tous les instants tant et si bien que Bill Wyman, bassiste des Rolling Stones et guest sur Gangster of Love (qu’il a également co-signée avec Stills) déclara qu’il aurait quitté son groupe pour le plaisir de jouer avec Manassas, rien que ça !
Petit chef d’œuvre d’album n’ayant pas reçu les suffrages qu’il méritait, Manassas, présentement magnifiquement remasterisé, est chaudement recommandé à tous ceux qui n’auraient encore eu la chance d’y poser l’oreille quelque soit la chapelle pour laquelle ils pensent « prier »… C’est dire la qualité de l’objet.

The Raven
1. Song Of Love 3:26
2. Rock And Roll Crazies/Cuban Bluegrass 3:31
 3. Jet Set (Sigh) 4:22
4. Anyway 3:19
5. Both Of Us (Bound To Lose) 3:02
The Wilderness
6. Fallen Eagle 2:05
 7. Jesus Gave Love Away For Free 3:01
8. Colorado 2:52
9. So Begins The Task 3:59
10. Hide It So Deep 2:46
11. Don't Look At My Shadow 2:29
Consider
12. It Doesn't Matter 2:30
13. Johnny's Garden 2:45
 14. Bound To Fall 1:53
15. How Far 2:51
16. Move Around 4:15
17. The Love Gangster 2:51
Rock & Roll is Here to Stay
 18. What To Do 4:44
19. Right Now 2:58
20. The Treasure (Take One) 8:04
21. Blues Man 4:04

Stephen Stills: chant, guitare, piano, orgue, clavinette
Chris Hillman: chant, guitare, mandoline
Al Perkins: pedal steel guitare, guitare, chant
Calvin "Fuzzy" Samuel: basse
Paul Harris: orgue, piano, clavinette
Dallas Taylor: batterie
Joe Lala: percussions, chant
&
Sydney George: harmonica
Jerry Aiello: piano, orgue, clavinette
Roger Bush: basse acoustique
Byron Berline: violon
Bill Wyman: basse ("The Love Gangster")
Jerry Garcia: pedal steel guitare ("Jesus Gave Love Away For Free")

MANASSAS

FuNKy Jam
Kool & the Gang "Wild and Peaceful" (1973)
 ou "Shake ya booty!"

Loin des succès radiophoniques millimétrés qui feront leur gloire planétaire et leur considérable fortune, c'est ici que tout commence pourtant vraiment pour Kool & the Gang.
Pourtant le groupe n'en est pas à ses premières armes ayant sorti, depuis 1969, une collection d'album jazz/soul vaguement funky et instrumentaux. Ici, pour la première fois, Kool & the Gang est un vrai groupe de Funk. L'ajout du chant mais aussi un plus total abandon à un son qui fait alors florès dans une bouillonnante scène black américaine dopée par la récente affirmation de sa noire fierté. Et la concurrence est rude ! De James Brown à Parliament/Funkadelic en passant par Earth Wind & Fire, les Ohio Players, Sly Stone et une multitude d'autres tout aussi recommandables, la qualité s'ajoute alors à la quantité pour le plus grand plaisir d'auditeurs comblés. Dans ce foisonnant panorama, les, donc, néo-funksters de Kool & the Gang n'ont aucunement à rougir. Ici, les cuivres rutilent, les voix soulent, la basse sautille, la batterie groove... C'est de Funk de compétition dont il s'agit ! Crue, urbaine, suante, profondément séxuée aussi, cette musique, souvent orgasmique, est faite pour secouer le bas des reins sur ses cadences diaboliques, pour se pâmer sur la soie de sa profonde sensualité... Un appel du corps au corps, un appel au corps à corps !
Evidemment, plus tard, la formation rencontrera encore plus de succès, en refourguant sa « street cred' » au profit d'une image policée et d'un son à l'avenant. Ce n'est pas de ce Kool & the Gang FMiné dont il s'agit mais bien d'une vraie formation de bon gros funk, ici très inspirée du Soul Makossa de Manu Dibango (cela se devait d'être précisé), comme il se faisait si bien dans les 70s. Une très recommandable si hélas trop courte (38 minutes) rasade de bon son et, crénonvindiou !, qu'est-ce que ça joue !

1. Funky Stuff 3:03
2. More Funky Stuff 2:53
3. Jungle Boogie 3:06
4. Heaven At Once 5:05
5. Hollywood Swinging 4:39
6. This Is You, This Is Me 5:26
7. Life Is What You Make It 3:56
8. Wild And Peaceful 9:30

Robert "Kool" Bell - basse, chant
"Funky" George Brown - batterie, percussions, chant
Ricky West - piano, chant
Clay Smith - guitare
Dennis "Dee Tee" Thomas - saxophone alto, flute, congas, chant
Ronald Bell - saxophone ténor et soprano, chant
Robert "Spike" Mickens - trompette, chant

KOOL & THE GANG

aFRoaMeRiCa
Antibalas "Who Is This America?" (2004)
ou "C'est pas que l'Amérique..."

Le grand Fela aurait été fier, et sans doute un peu surpris, de voir sa fusion africano-jazzo-funkienne (le bien nommé afrobeat) se répandre ainsi sur 5 continents tant elle paraissait n'appartenir qu'aux bidonvilles de Lagos...
Les cocos du jour, en l'occurrence, sont américains d'adoption mais multi-nationaux d'origine. Antibalas, puisque c'est d'eux dont il s'agit, se sont fait une (bonne) habitude de s'inspirer des plus funko-jazzeux moments de l'aeuvre du sieur Kuti. "Who Is This America?" - leur troisième album - est gorgé de cuivres, de tressautantes rythmiques, de tribalismes vocaux et de la nécéssaire dose d'humour.
Le résultat est un son massif, vibrant et diablement addictif. C'est également, à mon humble avis, la galette dans laquelle ils excellent... 75 minutes (!) durant. Impressionnant.

1. Who Is This America Dem Speak Of Today? 11:59
2. Pay Back Africa 8:23
3. Indictment 5:38
4. Big Man 7:55
5. Obanla'e 1:39
6. Elephant 14:03
7. Sister 19:14

Ernesto Abreu: congas, chant
Duke Amayo: percussions, chant
Mayra Vega, Babatunde Adebimpe, Veronica Cuevas, U Poppa Dobi, Ogugua Iwelu, Olia Toporovsky: choeurs
Victor Axelrod: clavinet, orgue, piano
Stuart Bogie: saxophone ténor
Martin Perna : saxophone bariton
Jordan McLean: trompette
Aaron Johnson : trombone
Tom Brenneck, Luke O'Malley, Gabriel Roth: guitare
Nick Movshon, Del Stribling: basse
Alex Kadvan : violoncelle
Entcho Todorov: violon
Geoff Mann: shekere
Fernando Velez: congas
Dylan Fusillo: percussions
Philip Ballman: batterie

ANTIBALAS

Le DeNieR oCCuLTe
Darkthrone "The Underground Resistance"  (2013)
ou "Aux sources du Mal"

Le duo norvégien Darkthrone est du genre voyageur. Death Metal d'abord, Black Metal ensuite, Punk Crust Heavy Metal pour continuer et maintentant revivaliste d'un underground par beaucoup ignoré, celui d'un Heavy Metal vraiment evil... on peut dire que Nocturno Culto (Ted Skjellum) et Fenriz (Gylve Fenris Nagell) n'ont d'autre ambition que de se faire plaisir en jouant ce que bon leur semble et se foutant comme de leur première guigne de ce que les "fans" attentent d'eux. De vrais punks, en somme.
Sur The Undeground Resistance, 15ème album (!) des norvégiens depuis leurs débuts discographiques en 1991, ils se penchent sur divers styles dans leur entendement 80's. Ainsi, ce qu'il reste de Black Metal est influencé par les premiers maîtres du genre (Venom, Bathory, Celtic Frost), ce qui vient du Doom Metal a de forts relents de Candlemass ou St Vitus, leur Heavy Metal a beaucoup à voir avec les cultes Mercyful Fate, Angel Witch, Satan ou Holocaust, leur Speed/Thrash avec Exciter ou Whiplash et leur punkitude, nul doute !, a de vraies (si rares présentement) accointances avec Discharge ou Exploited (etc.)... Que des noms qui échapperont aux non-spécialistes ce qui n'est que logique parce que, justement, Fenriz et Nocturno Culto sont des spécialistes, de ces monomaniaques collectionneurs de démos, eps, lps plus improbables et obscurs les uns que les autres, des mecs qui diraient probablement que ma liste ne contient que des formations célébrissimes (et qui n'auraient pas tort dans le petit cercle des spécialistes).  Si je m'appesantis tant sur le sujet c'est parce que The Underground Resistance est exactement la résultante de leur passion débordante et d'une musique "fan de" extrêmement référencée.
Name-dropping mis de côté, c'est un foutu bon album de metal à l'ancienne auquel nous avons affaire. Cette espèce de bouillon de cultures d'influences, de références, de connaissances et de savoir-faire atteint le but qu'on imagine que ses deux concepteurs s'était fixé : faire du neuf avec du vieux. Loin de l'impression de plagiat éhonté que laissent moult formations, pour ne pas dire la quasi-entièreté, de la scène rétro-Metal), Darkthrone hommage ici plus qu'il ne recycle. Evidemment, on ne niera pas que, pour fun que soit The Underground Resistance, il n'aura aucunement la portée du Darkthrone Black Metal (1992-2004, Transylvanian Hunger et toussa) qui, en son temps, redéfinit à lui seul le genre, un Darkthrone que les afficionados de trve BM (comme on dit) ne reconnaîtront que très épisodiquement ici, et encore, en tendant bien l'oreille. Qu'importe, la "sauce" prend admirablement et c'est bien là l'essentiel. Et ça fait un bien fou, comme quand comme votre serviteur on s'est régulièrement délecté de délices underground 80s, de sentir revivre une autre conception du Heavy Metal (du sans fioritures et atermoiements, tout en riffs simples et rythmiques bastonnantes) , avant tout mue par une vraie passion, une indéfectible honnêteté et une vraie indépendance d'esprit pour un groupe jamais vraiment là où on l'attendait.
En 2013, Darkthrone (aka Fenriz et Nocturno Culto) se fait plaisir et nous fait plaisir... Que demande le peuple ?

1. Dead Early 4:55
2. Valkyrie 5:19
3. Lesser Men 5:00
4. The Ones You Left Behind 4:20
5. Come Warfare, The Entire Doom 8:47
6. Leave No Cross Unturned 13:49

Nocturno Culto – vocals, electric guitar, bass guitar
Fenriz – drums, vocals, bass guitar on track 4

DARKTHRONE

jeudi 15 janvier 2015

American Oldies...Roots to Branches

Ca vous tente une petite ballade américaine ? Ca tombe bien, c'est le programme du jour. Enjoie !

HuRT oF THe MiSSiSSiPi
Mississippi John Hurt "The Complete Studio Recordings" (2000)
ou "Blue & Greens"

Tous les enregistrements studio du grand Mississipi John Hurt pour le label Vanguard.
Ces enregistrements datent des années 60 quand l'intérêt pour les vieux bluesmen refit surface grâce à une bande de chenapans britanniques bien décidés à en découdre.
S'en suivit la résurrection d'un certains nombre d'artiste dont Mississipi John Hurt n'est pas des moindre.
Ce triple cd est le parfait compagnon des sessions que le même Mississipi John Hurt enregistra pour le label Okeh dans la seconde moitié des années 20 (Avalon Blues: The Complete 1928 Okeh Recordings).
Au total, John Smith Hurt (son vrai nom) n'aura eu que le temps d'enregister ces 42 tites avant de s'éteindre, le 2 novembre 1966, à l'âge de 72 ans... Quintessentiel, on peut le dire.

CD 1
Today (1966)
1 Payday Hurt 4:21
2 I'm Satisfied 2:55
3 Candy Man 2:56
4 Make Me a Pallet on the Floor 4:34
5 Talking Casey 5:07
6 Corrina, Corrina 1:51
7 Coffee Blues 3:47
8 Louis Collins 4:08
9 Hot Time in the Old Town Tonight 3:33
10 If You Don't Want Me Baby 3:22
11 Spike Driver Blues 3:28
12 Beulah Land 3:43

CD 2
The Immortal Mississippi John Hurt (1967)
1 Since I've Laid My Burden Down 2:45
2 Moanin' the Blues 3:14
3 Stocktime (Buck Dance) 2:05
4 Lazy Blues 1:29
5 Richland Woman Blues 4:02
6 Wise and Foolish Virgins (Tender Virgins) 2:52
7 Hop Joint 2:08
8 Monday Morning Blues 3:58
9 Got the Blues (Can't Be Satisfied) 2:49
10 Keep on Knocking 2:08
11 The Chicken 1:09
12 Stagolee 5:36
13 Nearer My God to Thee 3:27

CD 3
Last Sessions (enregistré en 1966/sorti en 1991)
1 Poor Boy, Long Ways from Home 2:15
2 Boys, You're Welcome 3:03
3 Joe Turner Blues 3:31
4 First Shot Missed Him 1:44
5 Farther Along 3:46
6 Funky Butt 1:59
7 Spider, Spider 1:33
8 Waiting for You 3:40
9 Shortnin' Bread 2:16
10 Trouble I Had All My Days 3:05
11 Let the Mermaids Flirt With Me 3:23
12 Good Morning, Carrie 1:58
13 Nobody Cares for Me 3:44
14 All Night Long 2:47
15 Hey, Honey, Right Away 2:02
16 You've Got to Die 3:31
17 Goodnight Irene 2:26

BoNuS
Mississippi John Hurt "Avalon Blues-Complete 1928 Okeh Recordings" (2008)
ou "Original Folk'n'Blues"

Un conseil en guise de préambule : que ceux qui ne tolèrent que des enregistrements de haute définition passent prestement leur chemin, ils ne trouveraient ici que consternation et agacement. Les autres, ceux pour qui seule la musique importe, peuvent évidemment rester et goûter au talent souvent rigolard d'un bluesman originel moins souvent cité que Robert Johnson, Blind Lemon Jefferson ou Charley Patton mais tout aussi essentiel à la compréhension et l'appréciation pleine et entière du blues des origines.
Or, donc, ces Okeh Recordings de 1928 ont un son peu recommandable, vu leur ancienneté et les conditions de préservation (dont on se doute qu'elles ne furent pas optimales) depuis leur pressage initial, c'est déjà un petit miracle de les retrouver ici d'autant qu'ils ont longtemps été perdu... Comme leur auteur d'ailleurs qui cessa toute activité - Grande Dépression oblige - avant de revenir aux affaires dans les années soixante et de s'éteindre en 1966.
Vous l'aurez compris, c'est une bénédiction que ces précieuses sessions aient finalement refait surface tant le matériel ici présenté est bon et Mississippi John Hurt - alors jeune et plein d'allant - en forme et en verve déroulant son blues folkisant comme autant de standards en devenir. Et si l'intérêt historique de la chose - qu'on se doit de ne pas nier - est évidement présent, c'est réellement par la performance de l'interprète et la qualité de ses chansons que la galette emporte le morceau.
Pour toutes ces raisons, et malgré les restrictions d'usage quand à la qualité sonore, les Okeh Recordings 1928 de Mississipi John Hurt sont essentielles à qui apprécie la note bleue noire-américaine, tout simplement.

1. Frankie 3:21
2. Nobody's Dirty Business 2:51
3. Ain't No Tellin 2:53
4. Louis Collins 2:56
5. Avalon Blues 3:01
6. Big Leg Blues 2:50
7. Stack O'Lee 2:55
8. Candy Man Blues 2:44
9. Got The Blues (Can't Be Satisfied) 2:49
10. Blessed Be The Name 2:45
11. Praying On The Old Camp Ground 2:35
12. Blue Harvest Blues 2:50
13. Spike Driver Blues 3:13

Mississipi John Hurt

THiS LaND iS youR LaND!
Woody Guthrie "My Dusty Road" (2009)
ou "Original Protest Folk"

Woody Guthrie est un rebelle, un vrai, un homme en rébellion contre les injustices, un indigné avant l'heure.
My Dusty Road est une triple anthologie proposant une segmentation thématique du répertoire de ce pilier de la working class étatsunienne. Un premier CD, Woody's "Greatest Hits" (notez les guillemets, Woody n'ayant jamais vendu beaucoup ou voulu se vendre d'ailleurs) propose les grands classiques de son répertoire. On y note les interprétations crues et directes d'un compositeur qui, ni grand vocaliste ni grand instrumentiste, sait avant tout raconter des histoires.
La suite explore les différents aspects de la carrière de cette figure de légende, du gentil baladin seul ou accompagné des Roots ou des collaborations avec Cisco Houston et Sonny Terry et, bien sûr, celui qui retient le plus l'imaginaire et les consciences aujourd'hui, l'agitateur politique, représentant et militant des plus pauvres de ses compatriotes, l'essentielle voix d'une Amérique qui n'a toujours pas fini de souffrir.
Pour la petite histoire, ces enregistrements historiques nous sont parvenus grâce à la trouvaille inattendue, en 2003, des masters originaux qu'on croyait irrémédiablement perdus, les Stinson Masters. My Dusty Road est donc un coffret miraculeux, et essentiel, ça va sans dire.

CD 1
Woody's "Greatest" Hits
1. This land is your land 2:47
2. I ain't gonna be treated this way 2:59
3. Talking sailor 3:09
4. Philadelphia lawyer 2:35
5. Hard travelin' 2:41
6. Jesus christ 2:44
7. The sinking of the reuben james 3:29
8. Pretty boy floyd 3:09
9. Grand coulee dam 2:12
10. Nine hundred miles 2:55
11. I ain't gonna be treated this way 3:00
12. Ship in the sky 2:36
13. Bad repetation 2:51

CD 2
Woody's Roots
1. Poor boy 2:29
2. Worried man blues 3:04
3. A picture from life's other side 3:08
4. Buffalo skinners 3:23
5. Hard ain't it hard 2:43
6. Stewball 3:30
7. Stackolee 3:04
8. Gypsy davy 2:52
9. Little darling pal of mine 2:57
10. What did the deep sea say? 3:02
11. Chisholm trail 2:39
12. Put my little shoes away 2:52
13. Will you miss me when I'm gone? 2:36
14. John henry 2:39

CD 3
Woody the Agitator
1. I'm gonna join that one big union 2:32
2. Hangknot, slipknot 2:35
3. Gonna roll the union on 2:40
4. The ludlow massacre 3:35
5. Sally don't you grieve 2:26
6. Harriet tubman's ballad part 1 3:24
7. Harriet tubman's ballad part 2 3:12
8. Tear the fascists down 2:10
9. When the yanks go marching in 2:45
10. You can hear my whistle blow 2:26
11. Union burying ground 3:08
12. You gotta go down and join the union 2:42

CD 4
Woody, Cisco, and Sonny Jam the Blues, Hollers, and Dances
1. Train breakdown 2:34
2. Do you ever think of me? 3:09
3. Guitar rag 2:22
4. Square dance medley 3:53
5. Guitar breakdown 2:23
6. Raincrow bill 2:39
7. Ain't nobody's business 2:45
8. Stepstone 2:55
9. Ezekiel saw the wheel 2:45
10. Bile them cabbage down 2:49
11. Danville girl 3:46
12. Guitar blues 2:59
13. Brown's ferry blues 2:49
14. More pretty girls than one 2:57
15. Sonny's flight 3:42

Woody Guthrie - vocals, guitar, mandolin,
&
Cisco Houston
- guitar, harmony vocals
Sonny Terry - harmonica

Woody Guthrie

WHiTe JaZZ
Stan Kenton "Eight Classic Albums" (2011)
ou "Swinging for WASPs"

Un ponte du swing blanc dans une Amérique qui aime à s'encanailler sur les pistes de danse mais pas encore à se mélanger avec des individus à la peau sombre pourtant créateurs du genre, Stan Kenton qu'il s'appelle le gars au sourire allbright et, au costard tiré à quatre épingles et à la coupe bien dégagée autour des oreilles, un petit gars qui présente bien.
Chez nous, où les peaux sombres précitées sont souvent venu se réfugier du ségrégationisme de leur mère patrie, Stan Kenton est pour ainsi dire un inconnu et pourtant, quel talent, quel swing ! En tant que leader de son propre Big Band ou comme le pianiste virtuose qu'il fut, Stan s'y entendait pour faire secouer maints fessiers blancs en de trémoussantes bacchanales, ce que démontre aisément la sélection de 8 albums contenu dans le coffret un peu beaucoup cheap mais pas inutile où, cependant, contrairement à son titre, tout n'est pas exactement classique. En effet, si les galettes instrumentales dévouées à son Big Bang et au bon gros swing qu'il savait produire s'écoutent telles que les délicieuses sucreries jazzy qu'elles sont, celles qui incluent des vocaux et/où glissent vers la musique d'ascenseur (The Ballad Style, quelle purge !) sont nettement moins enthousiasmantes. Comme ça représente tout de même la moitié de la proposition, on peine à considérer le coffret comme une pleine réussite. Ceci dit, l'autre moitié, le VRAI classique Sketches on Standards en tête, avec ses rutilants big-bands ô combien bien menés et arrangés, rattrape largement le coup et fait de l'objet une incontestable trouvaille en plus d'un petit morceau de l'histoire du jazz blanc américain.
Pour la petite histoire, on dit que Kenton n'aurait pas beaucoup apprécié que, en 1956, les critiques du magazine Down Beat livrent l'entièreté de leurs awards à des musiciens noirs, s'en suivirent des accusations de racisme toujours démenties par un Kenton répliquant qui travaillait régulièrement avec des instrumentistes afro-américains. Quoique cette petite anecdote révèle sur la personnalité de cette figure du jazz américain des années 50, sa musique pour Big Band reste chaudement recommandée.

CD 1
- Sketches on Standards (1953)

1. Sophsticated Lady 3:15
2. Begin The Beguine 3:02
3. Loverman 2:48
4. Pennies From Heaven 2:57
5. Over The Rainbow 3:03
6. Fascinatin' Rhythm 2:42
7. There's A Small Hotel 2:43
8. Shadow Waltz 2:34
9. Harlem Nocturne 3:08
10. Stella By Starlight 3:18
11. Dark Eyes 2:13
12. Malaguena 2:32
13. Spring Is Here 3:21
14. I'm Glad There Is You 4:15
- With Voices (1957)
15. Dancing In The Dark 2:04
16. Sophisticated Lady 2:32
17. Softly 2:59
18. Eager Beaver 3:29
19. Women Usually Do 2:44
20. After You 3:22
21. Temptation 2:28
22. Walk Softly 2:52
23. Opus In Chartreuse 2:58
24. All About Ronnie 3:03
25. Interlude 2:36
26. Lullaby Of The Leaves 2:00

CD 2
- Duet (with June Christy) (1955)

1. Ev'rytime We Say Goodbye 3:52
2. Lonely Woman 5:57
3. Just The Way I Am 3:56
4. You're Mine, You 3:13
5. Angel Eyes 4:22
6. Come To The Party 3:13
7. Baby, Baby All The Time 2:22
8. We Kiss In A Shadow 1:57
9. How Long Has This Been Going On 4:59
- Two Much (with Ann Richards) (1960)
10. It's A Wonderful World 4:08
11. The Morning After 4:13
12. I Was The Last One To 4:05
13. My Kinda Love 4:48
14. I Got Rhythm 4:17
15. No Moon At All 4:50
16. Don't Be That Way 3:59
17. Suddenly I'm Sad 4:21
18. Nobody Like My Baby 3:20
19. All Or Nothing At All 4:04


CD 3
- Standards in Silhouettes (1959)
1. Willow Weep For Me 5:51
2. The Thrill Is Gone 4:54
3. The Meaning Of The Blues 5:27
4. When Sunny Gets Blue 4:47
5. Ill Wind 5:26
6. Django 5:03
7. I Get Along Without You Very Well 5:04
8. Lonely Women 5:32
- The Stage Door Swings (1958)
9. Lullaby Of Broadway 2:40
10. The Party's Over 2:56
11. Baubles, Bangles And Beads 2:43
12. Ev'ry Time We Say Goodbye 3:16
13. Whatever Lola Wants 2:27
14. Bali Ha'i 2:04
15. Hey There 2:30
16. Younger That Springtime 2:58
17. On The Street Where You Live 2:09
18. I Love Paris 2:27
19. I've Never Been In Love Before 3:13
20. All At Once You Love Her 2:36

CD 4
- Back to Balboa (1958)
1. The Big Chase 4:16
2. Rendezvous At Sunset 4:15
3. Speak Low 3:27
4. My Old Flame 4:02
5. Out Of This World 5:43
6. Begin The Beguine 3:41
7. Get Out Of Town 2:37
8. Royal Blue 5:50
9. I Concentrate On You 3:21
10. Beyond The Blue Horizon 3:32
- The Ballad Style of Stan Kenton (1958)
11. Then I'll Be Tired Of You 3:05
12. More Than You Know 3:19
13. When The Stars Looked Down 2:50
14. The End Of A Love Affair 2:50
15. A Sunday Kind Of Love 3:32
16. Moon Song 3:08
17. Early Autumn 3:32
18. How Am I To Know? 3:26
19. The Things We Did Last Summer 3:17
20. We'll Be Together Again 3:09
21. How Deep Is The Ocean 3:11
22. The Night We Call It A Day 2:37

Stan Kenton

par Cabu (RIP)

THe iNFLueNCe
Fats Domino "The Paramount Years" (1996)
ou "The (Fats) Prince of the Rhythm 'n' Blues"

Prince du rhythm'n'blues (et du rock'n'roll) de la Nouvelle-Orléans, influence majeure sur la vague métissée qui va bientôt déferler sur une Amérique qui ne s'en remettra pas, Fats Domino est ce qu'il est convenu d'appeler une légende.
Les 63 titres proposés, majoritairement issus de ses années les plus fastes (les années 50 et 60), démontreront, s'il en était besoin,  ses exceptionnelles capacités de compositeur de petites chansons ultra-efficaces, souvent pleines de joie de vivre, servant, grosso modo, à faire tressauter les popotins d'une jeunesse noire américaine en pleine révolution (les droits civils viendront bientôt). La musique de Fats ? C'est léger, c'est frais, c'est distrayant, toujours bien joué et bien chanté (Fats est un bon vocaliste et un excellent pianiste) et, évidemment !, une tranche essentielle dans l'évolution de la musique populaire en tant qu'art.
Toujours bel et bien vivant, moins cité comme influence viscérale du rock'n'roll que ses comparses d'alors, de Little Richard à Chuck Berry en passant par Bo Diddley, et tous ceux que j'oublie probablement, Antoine "Fats" Domino est une valeur à réévaluer, par ce coffret un peu cheap dans sa présentation mais essentiel dans son contenu, par exemple. 

CD 1
1. When I'm Walking (Let Me Walk) 2:13
2. I Got A Right To Cry 2:28
3. There Goes My Heart Again 2:27
4. Just A Lonely Man 2:20
5. Red Sails In The Sunset 2:38
6. Bye Baby,Bye Bye 2:25
7. Forever,Forever 2:19
8. I'm Livin' Right 2:06
9. Can't Go On Without You 2:15
10. Land Of 1000 Dances 2:25
11. Song For Rosemary 2:28
12. Tell Me The Truth,Baby 2:17
13. I Don't Want To Set The World On Fire 2:38
14. You Know I Miss You (Version 2) 2:32
15. Fats On Fire 2:10
16. The Land Of Make Believe 2:33
17. Old Man Trouble 1:53
18. Love Me 2:55
19. Mary,Oh Mary 2:18
20. Gotta Get A Job 2:05
21. The Fat Man (Version 2) 2:32
22. Valley Of Tears (Version 2) 2:16
23. Fats' Shuffle 2:24
24. I'm A Fool To Care 2:24

CD 2
1. When My Dreamboat Comes Home (Version 2) 2:26
2. Wigs 2:12
3. Trouble In Mind (Version 2) 2:50
4. Man That's All (Another Muleversion 1) 2:41
5. Kansas City 2:27
6. Reelin' And Rockin' 2:13
7. Slow Boat To China 1:55
8. Monkey Business 2:52
9. Heartbreak Hill 3:03
10. (I Met) The Girl I'm Gonna Marry 2:15
11. Why Don't You Do Right 2:45
12. Ballin' The Jack 1:56
13. Lazy Lady 2:45
14. Goodnight Sweetheart 2:44
15. Let Me Call You Sweetheart 2:22
16. That Certain Someone 2:08
17. Nobody Needs You Like Me 2:25
18. Who Cares 3:01
19. Something You Got Baby 2:25
20. If You Don't Know What Love Is 2:28
21. Packin' Up 2:41
22. (All Of My Life) For You 1:56
23. Sally Was A Good Old Girl 2:10
24. A Whole Lot Of Trouble 2:07

CD 3
1. If I Get Rich 3:37
2. My Old Time Used To Be 4:22
3. Any Old Time 3:07
4. Shame On You 3:43
5. Sleeping On The Job 3:26
6. The Girl I Love (Version 2) 3:39
7. After Hours/I Almost Lost My Mind 5:52
8. Just Can't Get New Orleans (Off My Mind) 2:39
9. Move With The Groove 2:47
10. Love Me 3:04
11. Something About You Baby 2:47
12. If I Get Rich (Alternate Track) 3:37
13. Who Cares (Alternate Track) 3:05
14. I'm Walkin' (1990) 2:48
15. Blueberry Hill (1990) 2:31

Fats Domino

HyMN To THe KiNG
Elvis Presley "Complete 68 Comeback Special: 40th Anniversary Edition" (2008)
ou "Un vrai morceau d'histoire"

C'est un authentique évènement de la télévision américaine, la relance de la carrière d'une icone du rock'n'roll aussi... Ha le '68 Comeback du King, c'est quand même quelque chose !
Il n'est sans doute pas inutile de situer la chose. En cette fin des années 60, fatigué de se perdre dans une collection de nanars hollywoodiens généralement peu recommandables accompagnés d'albums n'atteignant que très fugitivement le rock'n'roll séminal de ses flamboyants débuts, Elvis aspire à un retour aux sources, à un retour à son vrai métier : la scène. Toujours prompt à saisir l'opportunité et doté d'un certain talent pour créer l'évènement, le Colonel Parker organise avec le network NBC un show de Noël destiné à magistralement remettre son poulain sur les rails de la gloire... Et y réussit au-delà de toute espérance. Le show, bientôt connu sous le nom du '68 Comeback, ravive nettement l'intérêt, sa captation sur rondelle noire se glisse dans le top 10 des charts, une première pour le King depuis le début des années soixante. Outre le succès populaire, c'est une libération pour un Elvis qui peut enfin choisir le matériau qu'il va s'approprier, les musiciens qui vont l'accompagner, et s'y amuse audiblement beaucoup.
Parce que tout ceci est d'un réel intérêt, que vous aimiez le King ou pas, parce qu'Elvis Presley est tout de même un vocaliste hors du commun confinant au génie quand le matériau proposé est à la hauteur de son timbre de velours noir (c'est le cas ici), le coffret quatre CDs commémorant les quarante ans de cette ô combien libératrice relance, où on retrouve non seulement l'album d'origine dûment remasterisé mais aussi l'intégrale des captations d'époque et même des extraits des répétitions, est un objet essentiel en plus d'être classieusement présenté.

CD 1
Original Album
1. Medley: Trouble/Guitar Man 3:29
2. Medley: Lawdy, Miss Clawdy/Baby, What You Want Me To Do/Heartbreak Hotel/Hound Dog/All Shook Up/Can't Help Falling In Love/Jailhouse Rock/Love Me Tender 14:42
3. Medley: Where Could I Go But To the Lord/Up Above My Head/Saved 7:35
4. Medley: Blue Christmas/One Night 5:34
5. Memories 3:20
6. Medley: Nothingville/Big Boss Man/Guitar Man/Little Egypt/Trouble/Guitar Man 6:43
7. If I Can Dream 3:22
8. It Hurts Me 2:32
9. Let Yourself Go 2:37
10. A Little Less Conversation 1:46
11. Memories 3:08
12. If I Can Dream 3:09

CD 2
First "Sit Down" Show
1. That's All Right 4:08
2. Heartbreak Hotel 2:54
3. Love Me 3:12
4. Baby, What You Want Me To Do 5:44
5. Blue Suede Shoes 2:20
6. Baby, What You Want Me To Do 4:02
7. Lawdy Miss Clawdy 3:02
8. Are You Lonesome Tonight? 2:51
9. When My Blue Moon Turns To Gold Again 0:38
10. Blue Christmas 2:36
11. Trying To Get To You 2:49
12. One Night 3:57
13. Baby, What You Want Me To Do 5:10
14. One Night 2:37
15. Memories 3:26
First "Stand Up" Show
16. Heartbreak Hotel 1:28
17. Hound Dog 0:46
18. All Shook Up 1:58
19. Can't Help Falling In Love 2:18
20. Jailhouse Rock 1:59
21. Don't Be Cruel 1:42
22. Blue Suede Shoes 2:33
23. Love Me Tender 4:17
24. Trouble 3:01
25. Baby, What You Want Me To Do 3:05
26. If I Can Dream 3:16

CD 3
Second "Sit Down" Show
1. Heartbreak Hotel 4:12
2. Baby, What You Want Me To Do 3:27
3. Introductions 2:16
4. That's All Right 3:07
5. Are You Lonesome Tonight? 4:00
6. Baby, What You Want Me To Do 3:24
7. Blue Suede Shoes 2:26
8. One Night 3:19
9. Love Me 4:14
10. Trying To Get To You 3:04
11. Lawdy, Miss Clawdy 2:57
12. Santa Claus is Back In Town 1:17
13. Blue Christmas 4:02
14. Tiger Man 3:11
15. When My Blue Moon Turns To Gold Again 1:17
16. Memories 3:15
Second "Stand Up" Show
17. Heartbreak Hotel 1:23
18. Hound Dog 0:46
19. All Shook Up 1:37
20. Can't Help Falling In Love 2:25
21. Jailhouse Rock 2:00
22. Don't Be Cruel 1:37
23. Blue Suede Shoes 2:46
24. Love Me Tender 3:31
25. Medley: Trouble/Guitar Man 5:10
26. Medley: Trouble/Guitar Man 2:32
27. If I Can Dream 3:20

CD 4
First Rehearsal
1. I Got a Woman 2:47
2. Medley: Blue Moon/Young Love/Oh, Happy Day 2:21
3. When It Rains It Really Pours 2:55
4. Blue Christmas 3:28
5. Medley: Are You Lonesome Tonight?/That's My Desire 3:12
6. That's When Your Heartaches Begins 0:49
7. Peter Gunn Theme 1:37
8. Love Me 1:45
9. When My Blue Moon Turns To Gold Again 1:52
10. Medley: Blue Christmas/Santa Claus is Back In Town 3:03
Second Rehearsal
11. Danny Boy 1:35
12. Baby, What You Want Me To Do 3:22
13. Love Me 2:38
14. Tiger Man 3:14
15. Santa Claus is Back In Town 2:44
16. Lawdy, Miss Clawdy 2:18
17. One Night 2:19
18. Blue Christmas 2:49
19. Baby, What You Want Me To Do 1:26
20. When My Blue Moon Turns To Gold Again 1:14
21. Blue Moon of Kentucky 1:43



Elvis!