dimanche 29 mars 2015

Tire le fil #3

3ème édition de "Tire le Fil", comme vous en connaissez désormais le principe, chaque musicien lie l'album précédent et le suivant et ainsi de suite, pas de long discours introductif, juste une sélection de 8 albums de qualité avec des musiciens hors-pair. Enjoie !
 
HaMMiLL aLoNe
Peter Hammill "The Silent Corner and the Empty Stage" (1974)
ou "Acoustic Generator"

Hammill sans son Generator ? A regarder la composition de la formation assemblée par le vocaliste progressif britannique, basiquement VdGG avec une invitation à Randy California pour un solo sur Red Shift, ce n'est pas exactement ça. Hammill en chef, en contrôle de son Generator ? On s'en approche parce que c'est évidemment un album solo et, globalement, une œuvre plus apaisée, au moins musicalement, que la production habituelle de son bouillant groupe tout en en conservant l'esprit, qui est essentiel, c'est bien connu.
Parce que Peter Hammill, en s'y étant imposé en leader musical naturel, en voix écorchée vive, unique en son genre marquant de son emprunte mélodique et compositionnelle indélébile un, Van der Graaf Generator qui est aussi, fondamentalement, sa chose, une chose augmentée par l'interaction avec ses comparses, tous d'excellents instrumentistes partageant son goût pour un rock absolument libre, trop d'ailleurs pour être hâtivement coincé dans le galaxie progressive sauf pour en définir ses contours les plus exotiques et improbables, les plus furieux aussi.
Et donc, un album solo de Peter Hammill, surtout de cette période avec l'exacte formation qui l'accompagnait en communauté juste avant, est forcément comparable au "body of work" Van-der-graafien. The Silent Corner and the Empty Stage, le troisième jalon solitaire, ne fait pas exception, il serait même le plus proche, le moins particulièrement indistinct de ce qu'on imagine du son VdGG.
Précisons qu'historiquement, nous sommes ici en plein dans la première séparation de VdGG. Mi 72, fatigué par les tournées, par le manque de soutien de leur management et de leur label, par des difficultés et, pire que tout !, par une routine qui ne lui sied guère, Hammill décide de reprendre sa carrière solitaire là où il l'avait laissée avec l'excellent Fool's Mate. Chameleon in the Shadow of the Night, très bon album, sort en mai 1973 avec déjà cette version allégée, "folkisée" de son maintenant ex-groupe. On y retrouve d'ailleurs quelques titres originellement prévus pour l'hypothétique successeur du magistral Pawn Hearts dont l'énorme (In the) Black Room/The Tower. C'est d'ailleurs aussi le cas ici avec l'épique A Louse Is Not a Home si typique de la personnalité sombre et théâtrale du combo, un petit chef d'œuvre de chanson à tiroirs, ceci dit en passant.
Un petit chef d'aeuvre finalement tout à fait représentatif d'un album plus électrique, plus brute que son prédécesseur, aussi aventureux évidemment, on ne refait pas Hammill, également précieux instrumentiste à défaut d'être un monstre de technique. Et un arrangeur imaginatif comme le prouve d'emblée un Modern d'un beau dynamique bien que privé de tout élément percussif. Entre ces deux Himalaya (Modern et A Louse pour ceux qui ne suivraient pas), le niveau d'excellence ne se dément jamais, de la belle ballade hantée qu'est Wilhemina, de The Lie composition largement menée par le piano de Peter et l'orgue de Hugh Banton jusqu'à son crescendo final, du Pawn-heartsien Forsaken Gardens où enfin s'imposent les présences si attendues de David Jackson et de Guy Evans (dont c'est la première apparition sur l'album). Etc. Parce que rien ne déçoit même quand Peter s'impose un relatif minimalisme instrumental comme sur le très réussi Rubicon où, outre quelques discrètes touches de mellotron, les seules voix et guitares d'Hammill (basse incluse) s'expriment.
Clairement, l'album d'une éblouissante qualité, il n'a besoin de rien d'autre pour s'imposer comme un obligatoire pour ceux qui aiment le rock progressif qui progresse vraiment sans se reposer sur d'atroces boursoufflures instrumentales. Mais il y a en plus, sur le présent remaster, trois BBC sessions de fort correct niveau sur lesquelles, bien sûr !, on ne crache pas surtout qu'elles viennent, en l'occurrence, seulement rallonger un bouillon si savoureux que le rab' n'est vraiment pas de trop.

1. Modern 7:33
2. Wilhelmina 5:22
3. The Lie (Bernini's Saint Theresa) 5:46
4. Forsaken Gardens 6:24
5. Red Shift 8:12
6. Rubicon 4:45
7. A Louse Is Not A Home 12:31
Bonus
8. The Lie (Live in Kansas City 16.02.78) 6:35
BBC Sessions
9. Rubicon 5:09
10. Red Shift 5:51

Peter Hammill - guitars, piano, bass (on 1, 2, and 6), harmonium, keyboards, vocals, mellotron, and oscillator
Hugh Banton - organ, bass (on 3, 4, and 7), keyboards, background vocals
Guy Evans - percussion, drums
David Jackson - flute, alto, tenor, and soprano saxophones
&
Randy California
- lead guitar on "Red Shift"

Peter Hammill (chant, guitare)

TWo oLD MeN
Peter Hammill & Gary Lucas "Other World" (2014)
ou "Peter et Gary sont dans un studio..."

Alors que la rumeur de sa prochaine retraite, aussi persistante qu'inquiétante, continue de courir, c'est avec un grand bonheur qu'on accueille le nouvel album de Peter Hammill, cette fois secondée par le guitariste étatsunien Gary Lucas.
Si on ne présente plus Peter Hammill, son parcours au sein de Van der Graaf Generator et au cours d'une riche et foisonnante carrière solitaire parlent pour lui, il n'est peut-être pas inutile de resituer son compagnon de l'occasion, Mr. Gary Lucas. Formé à l'école Captain Beefheart, chez qui il fera ses débuts aux commençantes 80s, ayant appris la guitare à Jeff Buckley (pour l'anecdote parce que c'est tout sauf essentiel dans son parcours musical comme vous vous en doutez sûrement), collaboré avec John Cale, Lou Reed, Leonard Bernstein, Nick Cave, Bryan Ferry, Patti Smith, Iggy Pop, Dr. John, Adrian Sherwood ou John Zorn (pour le label duquel, Tzadik, il enregistra quelques albums), Gary Lucas est aussi bien reconnu pour son talent et son adaptabilité de guitariste de scène/studio que pour sa verve compositionnelle sur ses œuvres propres. Il est, par ailleurs, conférencier, musicologue et régulièrement engagé par l'industrie audiovisuelle pour ses multiples capacités dont celles de compositeur et d'arrangeur. C'est donc à un vrai artiste en plus d'un énorme professionnel auquel nous avons affaire, pas le moindre doute là-dessus.
Présentement, les deux hommes, avec une exemplaire économie de moyens, la seule voix d'Hammill, les deux aux guitares (tantôt acoustiques tantôt électriques) et quelques texturantes nappes électroniques, déroulent une musique d'une puissance émotionnelle rare. Pas qu'on soit particulièrement surpris d'ailleurs, malgré les dents de scie de sa carrière en solo, on sait Hammill capable de pareils sommets quelque soit le panorama musical choisi (de l'énervé Nadir's Big Chance à l'éthéré Fireships) mais, tout de même !, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus retrouvé à telle fête. Sans doute son compagnon, fine lame et fine plume, n'y est-il pas étranger, certainement même !
Parce que la guitare de Gary Lucas, nettement plus "techniquement correcte" que celle, ancrée dans le primitivisme de bon aloi d'un Peter Hammill axeman proto-punk par excellence, amène une eau, un air et une profondeur qui enrichit substantiellement l'ensemble. C'est cependant bien la performance, textuelle et vocale, d'un Hammill toujours sur le fil du rasoir qui fait la différence, marque de son sceau cet Autremonde. Une performance bien boostée par cette collaboration, et un Hammill par conséquent particulièrement en verve et en gorge qui délivre ses interprétations les plus passionnées depuis... Fireships, il y a 23 ans déjà. Pas que l'intervalle ait été dépourvu de belles pages (Clutch, Singularity et Consequences en sont trois beaux exemples, et pas les seuls), juste que le niveau de grâce est, en l'occurrence, très très très élevé.
Parce que, voilà, il faut bien le constater, Hammill seul aux commandes, ou encore et toujours entouré des mêmes intervenants, du même cercle musical, tournait un peu en rond, variait la formule sur le son plus que sur le fond, changeant les formations, les ambiances, mais plus trop l'écriture. Avec Gary Lucas en co-auteur débarquant et chamboulant un peu tout, forcément, le panorama s'est ouvert, les habitudes ont été repoussées, les tics se sont effacés, et nous, auditeurs enchantés, y gagnons un Hammill régénéré. Mais pas révolutionné parce qu'on le reconnait, le Peter, heureusement d'ailleurs tant sa voix écorchée vive, ses textes ciselés, et son âme sont essentiels et uniques. Et comme en plus les chansons sont bonnes et méritent grandement votre attention...
Des préférées parmi icelles ? Spinning Coins déjà, du Hammill assez typique finalement, une belle ballade comme il en a le secret, avec du fond et du cœur, donc. On citera auss, pour l'exemple parce qu'on cherche la faille, le riffu Cash, l'aérien A kind of Fracas, une autre ballade étalement très belle (Two Views) et, évidemment, Black Ice, le sommet de l'album, où la puissance guitaristique et vocale d'Hammill sont magnifiquement secondés par la finesse et l'intelligence de Lucas. Ce ne sont que quelques exemples de la portion vocale totalement réussie de l'album qui, même sur l'échelle ouverte de Wolfgang Amadeus Mozart demeurent très supérieures à la moyenne.
La portion vocale parce qu'il y en a une instrumentale représentée par 5 pistes qui permettent aux deux compères d'explorer différents climats. Tirant vers l'avant-gardiste (Build from Scratch, Slippery Slope), ou la plus extrême douceur (Attar of Roses), ils s'imbriquent sans heurts aux chansons et créent des respirations bienvenues en plus d'une impression de film sans image loin d'être désagréable.
Ajoutez à tout ceci une production signée des deux hommes, économe de moyens mais chaude et précise comme il se faut, s'avérant tout à fait efficace pour mettre en valeur l'expression artistique du duo et vous comprendrez que la pochette surprise est complète, et particulièrement attractive.
Partageant audiblement la même volonté vulgarisatrice d'une musique difficile et en ressortant, plus souvent qu'à leur tout, une très grande beauté, appartenant d'évidence à la caste des artisans passionnés et pointilleux, Hammill et Lucas se son indéniablement bien trouvés. Otherworld, galette débordante d'émotion et de savoir-faire est par conséquent le premier grand choc de 2014, une œuvre très chaudement recommandée de deux hommes plus tout jeunes mais toujours plein de sève.

1. Spinning Coins 2:54
2. Some Kind of Fracas 5:14
3. Of Kith & Kin 5:30
4. Cash 2:57
5. Built from Scratch 4:25
6. Attar of Roses 4:20
7. This Is Showbiz 3:05
8. Reboot 6:55
9. Black Ice 4:59
10. The Kid 4:16
11. Glass 3:27
12. 2 Views 3:07
13. Means to an End 1:38
14. Slippery Slope 7:04

Peter Hammill - acoustic and electric guitars, vox, found sounds
Gary Lucas - acoustic and electric guitars, fx

Gary Lucas (guitare)

a DiFFeReNT BLueS
Gary Lucas & Dean Bowman "Chase the Devil" (2009)
ou "Vade retro Satanas !"

Ho !, la belle rencontre que voici ! Quand Dean Bowman (ex-vocalistes des bouillants Screaming Headless Torsos) rencontre l'excellent six-cordiste Gary Lucas (récemment avec Peter Hammill, en solo sur une tripotée d'albums, compositeur de musique de film ou aperçu en accompagnateur de Captain Beefheart, Lou Reed, Patti Smith, Jeff Buckley, John Cale, Nick Cave ou John Zorn, pour ne citer que les plus glorieux), quand les deux hommes se trouvent une passion commune pour la roots music spirituelle, l'offre se révèle en galette inspirée, dépouillée et recueillie et, paradoxalement, souvent enjouée.
Parce que, évidemment, la foi est joie et que les gospels, parfois "judéocentrés", repris par  Lucas et Bowman l'expriment à merveille. Il suffit en fait de peu de choses, des deux hommes, et du percussionniste Mustafa Ahmed sur les deux premières pistes de l'album, les seules compositions originales de la sélection, pour bâtir cette maison en rondeau de bois, y poser sur la terrasse ses proverbiaux rocking-chairs, et laisser s'installer et s'exprimer une musique simple (mais pas simpliste) faite de prières mais aussi d'un allant et d'une dose d'électricité réjouissants.
Pas de surprise concernant Gary Lucas, on le sait fine lame et adaptable à tous les répertoires (ou presque mais ça reste à confirmer), il y fait un boulot parfait entre acoustique "coin du feu" et électrique, l'ampli branché sur le générateur à mazout et parfois même en planant vers la stratosphère. Ceux qui ne connaissent pas Dean Bowman trouveront un vocaliste aussi capable de retenue que d'emportements (extatiques en la circonstance), une bonne voix black à la large palette audiblement inspirée par le thème dévot de ce Chase the Devil.
Concernant la tracklist, on regretterait presque la présence des deux originaux d'ouverture, deux compositions au dessus de tout soupçons (l'impeccable Nobody's House en particulier) mais pas exactement dans l'ambiance de ce qui suit. Et ce qui suit est du meilleur vin (de messe). On y retrouve un ensemble emprunté au domaine public, au répertoire traditionnel ou à quelques classiques du folk/blues judéo-chrétien (dont deux du révérend Gary Davis) des Etats Unis ou d'ailleurs (Hinay Ma T'ov, traditionnellement chanté pour le sabbat ou Jérusalem, hymne anglais par excellence jadis repris par Emerson Lake & Palmer ici moins "bombastique" ça va sans dire) qui, l'un après l'autre, nous emmènent en balade au pays de Dieu, où tout n'est pas si parfait qu'on l'escomptait et que, du coup, on y resterait bien plus longtemps, parce que l'imperfection est rassurante d'humanité finalement, que les trois courts quart d'heure que constituent cet opus organique en diable (!).
L'offre pouvait laisser perplexe à priori, pensez !, du folk/blues qui croit en dieu quand chacun sait que la beauté du diable est tellement plus attrayante. Et puis non, par la magie d'un guitariste aussi élégant que virtuose et d'un vocaliste aussi inspiré que l'extraordinaire Dean Bowman, ce qui n'aurait pu être qu'une curiosité se révèle une jolie petite trouvaille sur un label, Knitting Factory Records, qui n'en manque, il est vrai, aucunement. Recommandé !

1. Nobody's House 3:26
2. Time And The Place 2:37
3. God Is A Good God 6:22
4. Twelve Gates To The City 3:22
5. Dark Was The Night, Cold Was The Ground / This May Be The Last Time 5:38
6. Hinay Ma T'ov 2:05
7. Children Of Zion 3:04
8. Out On The Rolling Sea 3:23
9. In Christ There Is No East Or West 3:25
10. Jerusalem 2:02
11. Let My People Go 3:41
12. Up Above My Head 4:52

Gary Lucas - guitar
Dean Bowman - vocals
&
Mustafa Ahmed
- percussion (1, 2)

Dean Bowman (chant)

LooK MuM, No HeaD
Screaming Headless Torsos "1995" (1995/2001)
ou "Wild Fusion"

L'ultime album de fusion ? C'est bien possible parce que quand se rencontrent tant de genre, tant de talent et tant de furie, on reste forcément baba. Pourtant, qui a entendu parlé de ces "furieux torses sans têtes" ? Pas grand monde, réparons cette crasse injustice.
La pochette est, il le faut dire, d'une rare laideur, le nom du groupe pas franchement attrayant non plus et l'apparence de beau bordel d'une première écoute sidérée n'aide pas à infirmer l'impression que, certes, les musiciens sont excellentissimes mais qu'on a plus à faire à un ultime onanisme musical qu'à une réelle collection de chansons. Pourtant, écoute après écoute, parce qu'il y a tout de même ici quelque chose d'étrangement attirant, une étrange magie opère. Le beau bordel initial se transforme en vraies chansons, les mélodies, ô combien nombreuses et efficaces, s'instillent dans l'occiput défendant de l'auditeur bientôt béat d'admiration.
Mais, au fait, à quoi ressemble ce tour de force ?, parce que c'en est indéniablement un. Concrètement, prenez la furie d'un jazz électrique (rock !) poussé dans ses ultimes retranchements, une bonne dose de funk, quelques soupçons de hip-hop, de rock progressif et, évidemment !, d'incroyables performances instrumentales de musiciens de très haute volée et d'un vocaliste, Dean Bowman, au registre si étendu et multiple qu'on peine à croire qu'il est le seul à donner de la gorge et vous ne serez pas bien loin du compte. Et des compositions appropriées pour servir les ambitions peu communes de la furieuse bande. Il y a ici le fantôme du grand Frank (Zappa, who else ?) qui n'était jamais le dernier à s'adonner au mariage de la carpe et du lapin comme c'est ici si talentueusement le cas, celui de Miles Davis (deux reprises/adaptations de deux belles compositions du maître au programme !), celui, aussi, d'une scène new yorkaise, puisque c'est de là que viennent les cinq diables, bouillonnante de passion et de créativité (deux membres firent partie de la tribu Hasidic New Wave, le guitariste David Fiuczynski et le bassiste Fima Ephron, le premier ayant également collaboré avec John Medeski quand le second a souvent croisé la route de nul autre que John Zorn), bref, un panorama, des "credentials" qui parlent d'eux-mêmes. Comme en plus la version réédité de 2001 propose deux bonus substantiels, une reprise du Little Wing de Jimi Hendrix, une autre du Something de discret Beatle George Harrison, toutes deux délicieusement dévoyées de leurs intentions originelles, on ne peut que fondre de plaisir à l'écoute de cet improbable et addictif tour de magie sonique.
20 ans (déjà !) après la sortie de l'album, ceux qui, l'estomac assez bien accroché, les oreilles suffisamment grandes ouvertes, ont succombé au charme de ce album absolument, radicalement, passionnément alien ne s'en sont toujours pas remis, c'est un signe, et une galette toujours ô combien recommandée !

1. Vinnie 4:24
2. Free Man 4:27
3. Cult of the Internal Sun 4:09
4. Little Wing 4:45*
5. Word to Herb 4:23
6. Blue in Green 5:14
7. Chernobyl Firebirds 0:29
8. Graffiti Cemetery 7:13
9. Smile in a Wave 3:52
10. Wedding in Sarajevo 6:24
11. Hope 4:22
12. Kermes Macabre 8:02
13. Another Sucka 4:31
14. Something 5:09*
* bonus

Dean Bowman - vocals
David Fiuczynski – guitar
Fima Ephron – bass
Jojo Mayer – drums
Daniel Sadownick – percussion

Jojo Mayer (batterie)

MooN SouNDS
David Fiuczynski & John Medeski "Lunar Crush" (1994)
ou "Meeting of Minds"

C'est la rencontre de deux musiciens encore presque débutants mais destinés à de grandes choses, celle d'un guitariste capable de tout (David Fiuczynski) et d'un claviériste déjà leader de sa propre formation (Medeski Martin & Wood), à l'époque ce n'est pas grand chose mais, à y revenir aujourd'hui, c'est une toute autre histoire.
Une chose est claire, ces deux là se sont bien trouvés, amateurs de jazz à la marge, de gros groove qui tue ils n'eurent pas à beaucoup chercher pour se trouver des points communs ni à beaucoup de forcer pour collaborer, sur des compositions de Fiuczynski, et se trouver un son qui leur agrée, et ils sont bien entourés, le bougres, avec le bassites Fima Ephron (qui accompagnera Fiuczynski dans ses Screaming Headless Torsos ou Gil Scott-Heron sur le très réussi Spirits), le batteur Jojo Mayer (même parcours que le précité mais aussi leader de sa propre formation, Nerve), et aussi Gene Lake (batteur aussi, entre autres chez Henry Threadgill, Dave Douglas, etc.), bref, du beau monde pour une belle fête évoquant parfois les funkeries jazzistiques du Lifetime de Tony Williams. en plus de pontes de l'avant-garde fusion tels que Sun Ra, Sonny Sharrock ou Pharoah Sanders. Allez, pour minorer un tout petit peu l'enthousiasme, on avouera que les chansons avec vocaux (Pacifica, Gloria Ascending, Lillies That Fester...) sont un peu moins enthousiasmantes que leurs voisines instrumentales, mais c'est vraiment tout ce qu'on peut reprocher à un album sinon d'excellente tenue.
Vous aimez le jazz qui funke dur ?, celui qui balance sévère sans oublier la finesse ? Ne cherchez pas plus loin que ce Lunar Crush certes ancien, plus de vingt ans !, mais toujours d'actualité.

1. Vog 6:41
2 Pacifica 4:25
3 Gloria Ascending  6:01
4 Pineapple 3:55
5 Quest 6:37
6 Freelance Brown 6:33
7 Slow Blues for Fuzy's Mama 6:50
8 Lillies That Fester... 4:25
9 122 St. Marks 5:19
10 Fima's Sunrise 6:10

David Fiuczynski - guitar
John Medeski - keyboards
Fima Ephron - bass
Gene Lake - drums 
Jojo Mayer - cymbals, drums 
Gloria TroppMichelle Johnson - vocals

Fima Ephron (basse)

GloRieuX HeRoN
Gil Scott-Heron "Spirits" (1994)
ou "L'esprit de Gil"

C'est l'album d'un retour, avant une nouvelle et cruelle séparation. Spirits donc, par un Gil Scott-Heron sans doute trop résistant, trop vocal dans ses prises de positions anti-establishment pour qu'on le laisse s'exprimer, Gil Scott-Heron résistant d'une Amérique qui souffre de n'avoir pas accès aux même privilèges qu'une WASP society qui sait ne pas bouger une oreille quand il le faut et ne résister qu'à l'illusoire et au convenu, Gil Scott-Heron parolier précieux à la verve sans cesse renouvelée contraint au silence par une industrie qui ne le comprend pas, ne l'accepte plus.
A écouter Spirits, on ne peut que rager qu'un artiste d'exception, aujourd'hui disparu, se fit aussi rare dans les trois dernières décennies de sa chaotique et pourtant si riche carrière. Parce que Scott-Heron n'a rien perdu de sa verve et de sa capacité d'analyse sociale et politique, parce qu'aussi les chansons sont de grande qualité avec, en particulier, le triptyque live The Other Side, un remake modernisé de Home Is Where the Hatred Is, qui brille tant musicalement que, évidemment, textuellement où Scott-Heron déverse son âme d'addict résistant (et souvent échouant) dans des paroles d'une rare puissance, ou Message to the Messengers s'adressant à la jeune génération du hip-hop et qui, sans prêchi-prêcha inutile, les avertit d'utiliser avec sagesse leur pouvoir d'influence. On retrouve aussi sur Spirits une adaptation du morceau éponyme de John Coltrane dans lequel Scott-Heron délivre son habituel, mais jamais radotant, torrent de sagesse insoumise.
Concernant le style même de l'album on constate une obligatoire modernisation de la soul/funk jazzy qui fit connaître Gil Scott-Heron dans les 70s. Acoquinné comme depuis la fin des années 70 avec le bassiste, pianiste et arrangeur Malcolm Cecil, également co-producteur de la galette comme il le fut pour Stevie Wonder lors d'une période particulièrement faste de celui-ci (entre 1972 et 1974), il réussit parfaitement son évolution et son implantation dans les 90s sans jamais trahir ses racines ni même changer ce qui, fondamentalement, fit ce qu'il était. C'est donc avec soulagement qu'on retrouve la belle voix grave de Gil sur un funk jazzy updaté juste ce qu'il faut pour coller à l'air du temps, et d'éviter le piège d'une approche nostalgique pas franchement raccord avec le personnage. Parfait. D'autant que les musiciens enrôlés, dont David Jackson, son partenaire des glorieuses 70s dans un cameo bienvenu, assurent tous du tonnerre de Zeus. On citera, pour l'exemple, le six-cordiste Ed Brady, un habitué de la maison lui aussi, dont la performance de soliste sur The Other Side est simplement éblouissante.
Au final, le seul défaut de Spirits est de ne pas avoir eu de successeur plus immédiat qu'I'm New Here... 16 ans plus tard ! Une éternité où la vie de Scott-Heron passera encore par moult évènements dont deux incarcérations liées à ses, hélas, habituels problèmes d'usage de substances prohibées qui nous privèrent, une immense perte !, de toute présence discographique, de tout nouveau matériau révolutionnaire. Tout ceci fait de Spirits un album rare, une vignette de ce qu'aurait pu être la relance d'une carrière toujours satisfaisante si indéniablement erratique.

1. Message To The Messengers 4:57
2. Spirits 7:48
3. Give Her A Call 5:44
4. Lady's Song 3:14
5. Spirits Past 3:00
6. The Other Side, Part I 5:25
7. The Other Side, Part II 6:10
8. The Other Side, Part III 6:40
9. Work For Peace 7:33
10. Don't Give Up 5:58

Gil Scott-Heron - piano, vocals
Malcolm Cecil - bass, piano
Fima Ephron - bass
Robbie Gordon - bass
Ed Brady - guitar
Brian Jackson, Kim Jordan, Vernard Dickson - piano
Ron Holloway - saxophone
Leon Williams - saxophone
Ibrahim Shakur - flute
Larry McDonald, Tony Duncanson - percussion
Rodney Youngs - drums

Ron Holloway (saxophone)

SéQueNCe HoMMaGe
Gov't Mule "Dark Side of the Mule" (2014)
"Gov't Floyd"

Quand un jam band largement influencé par le Grateful Dead et le Allman Brothers Band s'attaque, en live !, au monument progressif et psychédélique qu'est Pink Floyd, ça donne ? Dark Side of the Mule, pardi !
A l'origine, un concert de le soir d'halloween 2008 au Orpheum Theatre de Boston, dont la présente galette n'est que portion congrue*, est oubliée la première partie du set et le rappel final tous deux dédiés à d'autres horizons musicaux, où Warren Hayes et ses petits gars, alias Gov't Mule, osent, ils ont de l'estomac, reprendre cette référence pourtant quelque peu éloignée de leurs habituelles préoccupations. On pouvait donc, en toute logique, avoir quelques doutes sur la viabilité d'un tel projet, doutes vite balayés par le talent d'une formation avant tout dédiée à ses fans ô combien fidèles et souhaitant, donc, toujours leur offrir de nouvelles expériences en plus de repousser ses propres limites supposées.
Au programme, une douzaine de chansons de la période post-Barrett du Floyd issus de Meddle, Wish You Were Here, Animals et, comme le titre de la galette le laisse deviner, Dark Side of the Moon avec rien moins que six extraits, que du lourd, quoi avec, comme c'est pratique, deux choristes ayant pris part aux grand-messes publiques du groupe hommagé (Machan Taylor et Durga McBroom). Le groupe, sans forcément tenter de réinventer la roue, c'est heureux, infuse sa personnalité dans le répertoire amenant, à minima, des petits machins qu'on accueille avec plaisir et rendent l'ensemble moins dérivatif qu'il n'y parait. On a ainsi droit, par exemple, à un Have a Cigar nettement plus bluesy et groovy que sa version originale, à un Fearless joliment électrifié, à un Shine on You Crazy Diamond bordant souvent la paranoïa. Pas une révolution en soi mais d'aptes versions permettant de jouir pleinement de la performance sans avoir l'impression d'écouter un bête tribute band.
Dark Side of the Mule ? Un bel hommage si imparfait (live, quoi !) qui plaira autant aux fans de Pink Floyd qu'à ceux de Gov't Mule. Mission accomplie.
 
* à noter qu'il existe une version complète du concert sur quatre cd.

1 One of These Days 6:15  
2 Fearless 5:37  
3 Pigs on the Wing, Pt. 2 1:37  
4 Shine on You Crazy Diamond, Pt. 1-5 13:57  
5 Have a Cigar 6:27  
6 Breathe (In the Air) 3:20  
7 Time 6:48  
8 Money 7:15  
9 Comfortably Numb 6:10  
10 Shine on Your Crazy Diamond, Pt. 6-9 13:59  
11 Wish You Were Here 6:02

Warren Haynes - guitar, producer, vocals 
Danny Louis - guitar, keyboards, backing vocals
Jörgen Carlsson - bass
 Matt Abts - drums, percussion, vocals 
Ron Holloway - saxophone 
Machan Taylor - background vocals 
Durga McBroom - background vocals 
Sophia Ramos - background vocals 
Leslie Bloome - sound effects

Danny Louis (claviers)

eMo PRoGReSS
Coheed and Cambria "Good Apollo I'm Burning Star IV, vol. 1: From Fear Through the Eyes of Madness" (2005)
ou "Conceptuellement votre"

De l'Emo Prog ? Et pourquoi pas ? C'est, après tout, ce vers quoi tendait les américains de Coheed and Cambria depuis leur premier album, l'impeccable The Second Stage Turbine Blade.
Il faut dire que, fièrement menés par un Claudio Sanchez à la voix aussi particulière que celle du chanteur d'une audible influence du groupe, Geddy Lee de Rush, amateurs d'ambiances contrastées, de décollages épiques et de contenus conceptuels, le groupe avait tout pour réussir pareil exercice. Et donc, sur leur troisième opus au titre trompeur, mais que vient faire ce IV ?, partis de leur petit label indépendant, Equal Vision, en faveur de la grosse maison Sony depuis leur précédent opus, enregistré pour leur première maison puis ressorti par la major, et bénéficiant donc de moyens nettement plus aptes à accomplir pareille tâche, les petits gars de Coheed and Cambria se lâchent plus que jamais et produisent ce qu'il est convenu d'appeler un Opéra Rock.
Concrètement, Good Apollo I'm Burning Star IV, vol. 1: From Fear Through the Eyes of Madness (quel titre !) a une très nette tendance à se rapprocher d'un cadre hard et heavy beaucoup plus classique que ses deux devanciers. C'est évident dans le son mais également dans l'écriture du groupe qui y rappelle souvent un Queensrÿche au meilleur de sa forme progressive. D'aucun compareront d'ailleurs l'album à l'Operation: Mindcrime originel ce qui n'est pas tout à fait faux même si Coheed and Cambria conserve son cachet indie et s'en démarque tout de même notablement ne serait-ce que par la nature science-fictionnesque des paroles du sieur Sanchez ayant beaucoup plus à voir avec celle de Neil Peart sur 2112 (Rush, évidemment !).
Evidemment, à comparer l'album avec deux piliers du concept progressif, on ne lui rend pas forcément service d'autant que Coheed and Cambria conserve, malgré ses influences, malgré la pléthore d'invités venus renforcer le spectre musical, la personnalité du combo emo  hard prog qu'il fut à ses débuts, et si le groupe a perdu en ingénuité, il a définitivement gagné en professionnalisme ce qui est tout sauf inutile quand on s'attaque à de si ambitieuses constructions bien servies par un sens mélodique, une qualité d'arrangement qui installe le quatuor au panthéon du genre.
Ceux qui apprécient le genre savent probablement déjà à quelle fête Good Apollo premier volume les convie, les autres feraient bien de suivre leur exemple et de jeter une oreille (et même les deux) sur le travail d'une formation régénérant un genre, le rock progressif, comme peu le firent en ce nouveau millénaire.

1. Keeping the Blade 2:08
2. Always and Never 2:23
3. Welcome Home 6:14
4. Ten Speed (Of God's Blood and Burial) 3:46
5. Crossing the Frame 3:26
6. Apollo I: The Writing Writer 5:15
7. Once Upon Your Dead Body 3:19
8. Wake Up 3:35
9. The Suffering 3:43
10. The Lying Lies & Dirty Secrets of Miss Erica Court 3:17
11. Mother May I 4:31
The Willing Well
12. I: Fuel for the Feeding End 7:17
13. II: From Fear Through the Eyes of Madness 7:28
14. III: Apollo II: The Telling Truth 7:18
15. IV: The Final Cut 7:40

Claudio Sanchez – lead and backing vocals; lead and rhythm guitars
Travis Stever – lead and rhythm guitars; lap steel; backing vocals
Michael Todd – bass guitars; backing vocals
Josh Eppard – drums; keyboards; percussion; backing vocals
&
Danny Louis
– keyboards (tracks 5-10 & 15)
Kara Bullock and Nick Gardner – ukulele
Chester Brockwell – didgeridoo
Daniel Sadownick – percussion (Tracks 6 & 8)
Sarah Kathryn Jacobs – backing vocals (Tracks 9 & 15)
Janiris Sanchez – child's voice (Tracks 2 & 15)
Kurtis Jungersen – sound effects

l'étrange groupe cette fois se compose de :
Peter Hammill - vocals, guitars, Gary Lucas - guitars,
Dean Bowman - vocals, Jojo Mayer - drums, Fima Ephron - bass,
Ron Holloway - saxophone, Danny Louis - keyboards

jeudi 26 mars 2015

His name is Dave, Dave Stewart

7 albums pour un homme : Dave Stewart. Lui si souvent dans l'ombre est ici mis en lumière en solo, en groupe, en compositeur, en producteur, aujourd'hui, hier et même avant-hier. 7 albums qui vous feront aimer l'éternel barbu aux arrangements capillaires divers et variés... Enjoie !

PRéHiSToiRe
The Tourists "Greatest Hits" (1997)
ou "Avant la gloire"

Avant la gloire, avant Eurythmics, Dave Stewart et Annie Lennox s'adonnent à la musique alors en vogue : la new wave. Et ça donne quoi ? Un groupe assez anecdotique dont le parcours et les trois albums sont résumés sur ce Greatest Hits (titre nimportnawesque) de 1997.
Autant le dire tout de suite, on est loin de la synth-pop teintée de soul que développeront Stewart et Lennox avec le succès international que l'on sait, en pleine vague post-punk/new-waveuse, les Tourists ne font pas autre chose que pas mal de leur petits copains depuis largement oubliés. Ce qui aurait probablement été le cas du présent quintet si deux de ses membres n'étaient, depuis, passés à la postérité. Parce que si les trois albums du quintet, dont sont issus les 20 chansons de ce Greatest Hits, fonctionnent plutôt bien, on est loin du combo de référence, en particulier quand le groupe glisse dans la reprise accessoire (I Only Want to Be With You de Dusty Springfield, pourtant leur plus gros hit britannique) ou dans le rock direct et franc mais pas franchement décisif (Save Me, So Good to Back Home Again, Angels and Demons) mais pas à jeter aux orties pour autant, nettement moins quand ils glissent dans une new wave aux guitares edgy et saxophone barré (Useless Duration of Time), du quasi art-rock plein d'emphase (In The Morning (When The Madness Has Faded)), dans un reggae blanc plutôt efficace et bien troussé (Ain't No Room), dans de vraies belles compositions laissant entrevoir un potentiel d'écriture certain (Fool's Paradise, Deadly Kiss, Nothing to Do), dans une ballade hantée (Strange Sky) ou une esthétique en devenir (It Doesn't Have to Be This Way ou From the Middle Room, un peu du Eurythmics avant l'heure).
Pas inintéressant pour qui souhaite savoir d'où venaient Lennox et Stewart avant d'exploser à la face du monde, The Tourists demeure une formation typique de son époque avec les qualités et les défauts que ça comporte. Recommandé donc, avant tout, aux fans du duo et de ses travaux subséquents qui, s'ils ne pointent le bout de leur nez qu'épisodiquement ici, viennent clairement de cette anecdotique petite et sympathique formation.

1. Blind Among The Flowers 3:31
2. I Only Want To Be With You 2:24
3. Useless Duration Of Time 4:23
4. Ain't No Room 3:27
5. Save Me 1:55
6. Fools Paradise 3:27
7. So Good To Be Back Home Again 2:38
8. It Doesn't Have to Be This Way 3:45
9. The Loneliest Man In The World 4:06
10. In the Morning (When the Madness Has Faded) 4:01
11. All Life's Tragedies 3:52
12. Everywhere You Look 3:18
13. Deadly Kiss 3:55
14. Don't Say I Told You So 3:46
15. From The Middle Room 4:20
16. Nothing To Do 3:26
17. One Step Nearer The Edge 4:42
18. Angels And Demons 3:14
19. So You Want To Go Away Now 3:06
20. Strange Sky 4:12

Peet Coombes - vocal, guitar
David A. Stewart - guitar
Annie Lennox - vocal, keyboards
Eddie Chin - bass guitar
Jim Toomey - drums

THE TOURISTS


Le GRaND BooM!
Eurythmics "Sweet Dreams (Are Made of This)" (1983)
ou "Rêves dorés"

Après la courte aventure des Tourists, Dave Stewart et Annie Lennox continuent en duo. En 1981, ils sortent un premier album, le peu concluant In the Garden, avant d'enfin trouver la formule avec leur second opus, Sweet Dreams (Are Made of This) et le reste, comme on dit, is history.
La formule ? Transcender une synth-pop alors en vogue en y incluant une bonne dose de soul, bien vu !, et de féminité, forcément, et ainsi générer une mouture originale et, on le verra, décisive, d'un genre confiné à la prude Albion et à des explorations majoritairement masculines. C'est tout simple en fait, il suffisait d'y penser, et d'avoir les armes pour fourbir tel arsenal. Evidemment, sans bonnes chansons, tout ceci resterait un vœu pieux mais les bonnes chansons, justement, sont là et propulsent le deux d'aspirants vers les sommets des charts mondiaux avec d'abord le morceau titre de la galette auquel il fut alors impossible de résister. Mais ce n'est pas tout. Sur la foi de cette excellente saillie, moult autres sucreries qui filent droit au but et aux chœurs d'auditeurs qui n'en croient pas leurs oreilles. Des exemples ? L'introductif Love Is a Stranger déjà, une excellente façon d'installer l'esthétique chic et pop et pas idiote du duo, I've Got an Angel, où Lennox déploie tout le potentiel de son impressionnant organe, The Walk, qui a tout d'une réponse œstrogènée au mâles du mouvement en plus d'un catalogue de tous les trucs de production du père Stewart, ou la longue ballade rampante qui clôt l'album d'origine, This City Never Sleeps. Et encore plus dans la version bien remasterisée et généreusement bonussée proposant quelques douceurs supplémentaires telles qu'une jolie reprise du Satellite of Love de Lou Reed ou l'inédit Home Is Where the Heart Is, ou de plus accessoires tels les deux remixes des deux tubes de l'opus.
Sweet Dreams (Are Made of This), la chanson et l'album, contribueront largement à installer, durablement qui plus est, un duo qui s'est bien trouvé parmi le best of d'années 80 souvent décriées mais qui, présentement, apportent leur eau au moulin de la pop musique, toutes époques confondues. Et dire qu'Eurythmics feront encore mieux, la même année avec Touch, à peine croyable !

1. Love Is a Stranger 3:43
2. I've Got an Angel 2:45
3. Wrap It Up 3:33
4. I Could Give You (A Mirror) 3:51
5. The Walk 4:40
6. Sweet Dreams (Are Made of This) 3:36
7. Jennifer 5:06
8. This Is the House 4:56
9. Somebody Told Me 3:29
10. This City Never Sleeps 6:33
Bonus
11. Home Is Where the Heart Is 3:03
12. Monkey Monkey 4:14
13. Baby's Gone Blue 5:15
14. Sweet Dreams (Are Made of This) (Hot Remix) 5:17
15. Love Is a Stranger (Coldcut Remix) 7:18
16. Satellite of Love 4:37

Annie Lennox – vocals, keyboards, synthesisers, flute
David A. Stewart – guitar, keyboards, synthesisers, programming, backing vocals
&
Robert Crash
– guitar, e-drums, synth, robotic vocals
Green Gartside (of Scritti Politti) – guest vocal duet on "Wrap it Up"
Dick Cuthell – trumpet
Adam Williams – bass, synthesiser
Andy Brown – bass
Reynard Falconer – synthesisers
John Turnbull – guitar

EURYTHMICS

NouVeau Duo
Vegas "Vegas" (1992)
ou "deux gars biens"

Vegas, c'est un peu Eurythmics sans Annie Lennox. Vegas c'est aussi, surtout, la rencontre entre Dave Stewart et Terry Hall (The Specials, Fun Boy Three), un projet à la courte vie mais à l'album, souvent ignoré d'ailleurs, de fort belle facture, pas loin des plus belles exactions de chacun des deux compères de circonstance, en vérité.
Et donc, Vegas c'est un peu Eurythmics sans sa vocaliste soit une pop fourbissant ses armes sur des bases synthétiques et les dépassant souvent. Vegas c'est aussi, surtout, une collection de chansons de qualité par deux grands professionnels audiblement investis dans le projet, y insufflant leur savoir-faire, leur expérience et, bien sûr, leur talent. Et leur talent s'exprime, c'est le moins que l'on puisse dire à l'écoute des neuf compositions confectionnées pas la paire, et accessoirement de la reprise de She de Charles Aznavour qui demeure cependant plus anecdotique, et à laquelle on préfèrera la belle version d'Elvis Costello, que le matériau original qui fusionne avec intelligence et grâce le meilleur de la synthpop, une belle louche de reggae, une nécessaire dose de pop (parce que ces chansons restent en tête, indéniablement, et un soupçon de rock pour épicer le tout. Volontairement, on n'entrera pas trop dans le détail passé cette sommaire description afin de ne pas, trop, déflorer l'exquise surprise.
Bref, un sommet pour Stewart et Hall, ce qui n'est pas peu dire, une galette ô combien méconnue qu'on jubile à l'idée de faire découvrir à de nouvelles oreilles, Vegas, hélas l'unique album de cette fructueuse association, est, si vous arrivez à mettre la main dessus (ma copie est un import australien, c'est dire !), chaudement recommandé.

1. Possessed 4:51
2. Walk into the Wind 5:17
3. She's Alright 4:13
4. Take Me for What I Am 4:51
5. The Trouble with Lovers 5:25
6. Nothing Alas Alack 5:18
7. The Thought of You 3:39
8. Wise Guy 7:21
9. The Day It Rained Forever 4:46
10. She 3:11

avec
Terry Hall
Dave Stewart
Olle Romo
Manu Guiot

VEGAS

RêVe BRiSé

SuperHeavy "SuperHeavy" (2011)
ou "SuperGroupe ou SuperFlop ?"

Quand on regarde le line-up de SuperHeavy on se dit que ce sera soit un triomphe, soit la bérézina. La vérité est ailleurs ou, plus précisément, quelque part entre les deux. Il faut dire que le coup du super groupe ne fonctionne pas à chaque fois comme l'histoire de la musique rock n'a cessé de le prouver.
Sur le papier, la formation a tout pour faire saliver : le lippu vocaliste des Rolling Stones (Mick Jagger), le plus jeune fils du roi du reggae (Damian Marley), la nouvelle petite sensations blue-eyed soul du moment (Joss Stone, hélas trop employée comme une bête choriste de luxe), un compositeur et producteur bollywoodien (A.R. Rahman) et la moitié vocalement silencieuse de feu-Eurythmics (Dave Stewart, coproducteur de la chose avec Jagger), indéniablement, ça en jette même si on se demande bien ce que tous ces gens ont, concrètement, en commun. Dans les faits, sans être le total fiasco que certains se prirent plaisir à décrire, le résultat est assez contrasté sans doute parce que tout ça part beaucoup trop dans tous les sens pour en faire une œuvre cohérente. S'il y a de vraies belles choses, du bien troussé, bien balancé (Warring People, Beautiful People, deux exemples où l'ensemble international trouve un semblant d'union sonore, ou Miracle Worker, le meilleur morceau de la galette qui n'a donc pas été choisi comme single par hasard, ou les rock francs du collier que sont I Can't Take It No More et Common Ground) il y a aussi pas mal de remplissage voire quelques machins peu recommandables qu'on est sincèrement surpris de retrouver sur un album déroulant un tel casting où Stewart (le vrai producteur, Jagger ayant juste mis sa grosse patte sur l'album comme une espèce de droit divin de la légende vivante qu'il est).
Ni un super-album, ni un super-flop, SuperHeavy, qui pourrait facilement être retitré SuperGrosBordel tant chacun a voulu apporter sa propre voix à l'ensemble, que ça fonctionne ou pas, unique galette d'un super-groupe qui ne survivra pas à son absence de succès, reste une galette sympathique qu'on explore sans trop de réticence même si on y gagne à trier le bon grain de l'ivraie. Un peu un coup d'épée dans l'eau, donc, mais ses éclaboussements sont parfois jolis.

1. SuperHeavy 5:05
2. Unbelievable 3:50
3. Miracle Worker 4:09
4. Energy 3:42
5. Satyameva Jayathe 4:07
6. One Day One Night 4:37
7. Never Gonna Change 4:23
8. Beautiful People 5:00
9. Rock Me Gently 6:00
10. I Can't Take It No More 3:21
11. I Don't Mind 4:59
12. World Keeps Turning 3:43
Bonus
13. Mahiya 3:26
14. Warring People 5:05
15. Common Ground 3:43
16. Hey Captain 3:33

Dave Stewart – Lead guitar
A. R. Rahman – Piano, synthesizers, continuum fingerboard, vocals, drum programming
Mick Jagger – Vocals, guitar & harmonica
Damian Marley – Vocals & programming
Joss Stone – Vocals

SUPERHEAVY

à La CoNSoLe
Stevie Nicks "In Your Dreams" (2011)
ou "Producteur de rêves"

Quand la moitié mâle d'Eurythmics s'occupe de la destiné de la voix de Fleetwood Mac deuxième période, ça donne In Your Dreams, septième album solo de Stevie Nicks, et c'est plutôt pas mal du tout.
Sans doute le fait que l'album sonne beaucoup comme du Fleetwood Mac avec Stevie, avec une chanson récupérée dans un lointain passé (Secret Love) et même la présence de Lindsey Buckingham sur une autre (Soldier's Angel), soit quelque part entre folk, pop et soft rock, contribue-t-il largement à sa réussite. Peut-être aussi parce que Dave Stewart a su parfaitement tisser une toile qui sied si bien à la personnalité vocale de la dame, et cosigner 7 des 13 compositions avec elle prouvant qu'il est, avant tout, un très apte caméléon musical en plus d'un excellent metteur en son. Surtout parce que l'ensemble, d'une rare cohérence est, donc, la plus proche version de son groupe historique de toute sa carrière solo, et coule comme un long et majestueux fleuve dans un paysage luxuriant, et conséquemment flatte l'oreille plus qu'aucune autre de ses apparitions solitaires.
Alors certes, les mauvais esprits iront taxer tout ceci d'hautement dérivatif (ce qui n'est pas tout à fait faux) mais, pour toutes ces raisons, si vous appréciez Stevie et Fleetwood Mac, il vous est recommandé de vous précipiter sur cet In Your Dreams qui porte si bien son titre et vous comblera... Au-delà de vos rêves les plus fous. En un mot comme en mille, une réussite.

1. Secret Love 3:15
2. For What It's Worth 4:32
3. In Your Dreams 3:58
4. Wide Sargasso Sea 5:36
5. New Orleans 5:34
6. Moonlight (A Vampire's Dream) 5:26
7. Annabel Lee 5:58
8. Soldier's Angel 5:16
9. Everybody Loves You 5:16
10. Ghosts Are Gone 6:06
11. You May Be The One 5:26
12. Italian Summer 4:38
13. Cheaper Than Free 3:38

Stevie Nicks - vocal, keyboards, percussion
David Stewart - guitar, production, vocals
Ned Douglas - keyboards and programming
Ricky Peterson, Mike Rojas - Hammond organ, piano
Zac Rae - Hammond organ
Mike Rowe - keyboards, Hammond organ
Glen Ballard - guitars, keyboards and piano
Lindsey Buckingham - guitars, vocal
Tom Bukovac, Rob Cavallo, Neale Heywood, Waddy Wachtel - guitars
Greg Leisz - mandolin
Mike Campbell - electric, acoustic and lap steel guitars, bass, keyboards, drums, percussion
Mike Bradford, Simon Smith, Michael Rhodes - bass
Al Ortiz - electric, acoustic and bass guitars
Chad Cromwell, Steve Ferrone, Mick Fleetwood, Blair Sinta - drums
Scott Campbell - drum programming and additional percussion
Lenny Castro, Mike Fasano - percussion
Sharon Celani, Lori Nicks - backing vocals
Ann Marie Calhoun, Torrey DeVitto - violins

DAVE STEWART & STEVIE NICKS

à La CoNSoLe II
Joss Stone "LP1" (2011)
ou "Mue provisoire (sous influence)"

Petite diva britannique de la soul, à la sortie de son premier album, Joss Stone n'avait que 17 ans mais déjà une voix qu'on remarquait. Désireuse de se renouveler, la demoiselle fait appel à Dave Stewart d'Eurythmics pour un album, LP1, qui ne trouvera pas son public. Mais est-ce bien mérité, au fait ?
Oui et non. Oui parce que la voix de Joss, si soul !, n'est pas toujours excellemment mise en valeur par un album et des compositions s'éloignant parfois trop de sa zone de confort, de ce qui lui sied le mieux au teint. Non parce qu'il y a de belles tentations d'ouverture qui fonctionnent bien, vers la funk (Karma), la folk et le blues (Newborn, Landlord, Take Good Care), la pop rock (Cry Myself to Sleep, Somehow) en toujours conservant une base soul semble t'il inséparable de la personnalité de la belle. Paradoxalement, outre qu'on aimerait une plus grande cohérence de ton, on aimerait que Joss et son producteur/compositeur, Stewart, se lâchent un peu plus, décident carrément de remiser tout ce qui fit la gloire débutante de la starlette en, par exemple, proposant un album de folk blues puisque c'est ce qui convainc le plus ici. Présentement, alors que l'album est plutôt court, 10 chansons et 40 minutes, on passe trop souvent de la carpe au lapin pour que tout ceci atteigne son but renaissant.
Un peu foutoir mais ultimement sympathique, peut-être parce qu'un peu foutoir justement, LP1 ne fut pas la relance que cherchait mademoiselle Stone qui repartira bien vite, mais sans grand succès, vers ses fondamentaux soul, sans Stewart cette fois. Reste un album un peu bancal mais pas inintéressant qui intéressera avant tout les fans de la vocaliste sans qu'ils y trouvent tout à fait ce qu'il s'attendait.

1. Newborn 3:43
2. Karma 3:54
3. Don't Start Lying to Me Now 4:08
4. Last One to Know 4:52
5. Drive All Night 5:07
6. Cry Myself to Sleep 3:51
7. Somehow 3:04
8. Landlord 3:57
9. Boat Yard 5:02
10. Take Good Care 2:29

Joss Stone - vocals, producer
Dave Stewart - guitars, Producer
Chad Cromwell - drums, percussion
Michael Rhodes - bass
Tom Bukovac - guitar
Dan Dugmore - steel pedal guitar
Mike Rojas - keyboards
Drea Rhenee, Wendy Moten - backing vocals
&
Luke Potter - guitar (2)

JOSS STONE & DAVE STEWART

HiMSeLF
Dave Stewart "Lucky Numbers" (2013)
ou "Solo Gambler"

Dave Stewart en solo ? Autant le dire, tout le monde ou presque s'en moque. Dur dur d'être un homme de l'ombre, d'Eurythmics à Vegas en passant par ses nombreuses collaborations et productions, de s'imposer en solitaire.
Et donc Lucky Numbers, cru 2013 du barbu, ne fit pas exception et fut largement ignoré par un public qui s'intéresse plus au clinquant qu'à la substance, au joli qui  brille qu'au laborieux qui fonctionne. Présentement, pourtant, avec un groupe bien développé et de nombreux invités, Stewart fait le métier et le fait bien. Il faut dire que Dave est tout sauf un débutant en solo, Lucky Numbers est tout de même son 8ème album, et un faiseur particulièrement roué pour d'autres (de Joss Stone à Stevie Nicks en passant par Tom Petty et ses Heartbreakers ou Ringo Starr). Certes, ses travaux solitaires en dents de scie, du réussi Greetings from the Gutter au très moyen premier opus de ses Spiritual Cowboys, ne plaide pas pour un intérêt systématique de son œuvre mais, tout de même !, voir l'indifférence dans laquelle il est confiné alors qu'il fut instrumental dans une des plus belles réussites des 80s, Eurythmics évidemment, tient de la plus crasse injustice. Et donc Lucky Numbers, un album de qualité à défaut d'être transcendant, mérite l'attention de ceux qui apprécient leur rock avec un art de la nuance consommé et un savoir-faire certain. De fait, on y retrouve quelques excellentes chansons (...) et pas beaucoup de faux-pas autour. Quelque part entre rock d'aujourd'hui et d'hier, country (oui, country !), blues et pop, il propose, par exemple, une jolie introduction en duo avec Martina McBride (Every Single Night), un blue rock gospelisant de qualité (Drugs Taught Me a Lesson), une bonne chanson d'inspiration cajun toute en chaloupe (How to Ruin a Romance), un rock bien solide au riff presque zeppelinien (Satellite), une apte ballade countrysante (Nashville Show), ou, toujours dans le voisinage de la plouc music américaine, un bien troussé Never Met a Woman Like You, ou encore un folk rock pas très éloigné du Mellencamp de Lonesome Jubilee (One Step Too Far). Autant de chansons prouvant que le sieur Stewart sait y faire tant en tant que compositeur que d'arrangeur ou de producteur.
Clairement, Lucky Numbers ne révolutionne rien, ce n'est pas son ambition de toute manière, mais sait, varié qu'il est, toucher à de nombreux domaines sans perdre un iota de cohérence. Une jolie réussite, dommage que ça ne se sache pas plus.

1. Every Single Night 6:45
2. Drugs Taught Me A Lesson 5:27
3. How to Ruin a Romance 3:22
4. What Is Wrong With Me? 5:08
5. Satellite 3:15
6. Why Can't We Be Friends 6:01
7. You and I 4:09
8. Nashville Snow 4:08
9. Never Met A Woman Like You 3:41
10. One Step Too Far 3:27
11. Lucky Numbers 4:40
12. Every Single Night (Radio Edit) 3:50

Dave Stewart - vocals, guitars
Chad Cromwell - drums, percussion
Michael Rhodes - bass
Tom Bukovac - guitar
Dan Dugmore - lap steel & pedal guitar
Mike Rojas - keyboards
Kieran Kiely - accordion, bodhran, low whistle
&
Vanessa Amorosi - vocals (2, 3, 4)
Martina McBride - vocals (1)
Laura Michelle Kelly - vocals (7)
Karen Elson - vocals (8)
Holy Quin Rah - vocals (11)
Josh Bohlinger - lead guitar (9)
Allison Bond, Andie Jane de la Torre - backing vocals (9)
Ann Marie Calhoun - violin (7)
The Ringmaster's Choir - backing vocals (2, 4)
musicians on "Why Can't We Be Friends"
Randy Cooke - drums
Michael Bradford - bass
Caitlin "Bird" Evanson - violin
Jeff Paris - piano
Amy Keys, Sierra Swan - backing vocals


DAVE STEWART

lundi 23 mars 2015

reKINKez-vous !

Comme il n'y a pas de mal à se faire du bien, je vous propose un divin recyclage en forme de rétrospective des Kinks de la grande période avec, au programme, le coffret mono aujourd'hui totalement épuisé (une vraie édition limitée, ce n'est pas si courant), le coffret des enregistrements pour la BBC et, cerise éclatante sur le gâteau dantesque, deux albums à ne surtout pas rater (et une impasse sur Percy qui ne vaut pas tripette). Enjoie !

MoNo TRéSoR
"The Kinks in Mono" (2011)
ou "Légendaire !"

Des quatre "piliers" de la British Invasion, les Kinks est le moins souvent nommé, moins souvent loué. Evidemment, les frères ennemis (Beatles et Rolling Stones), de part leur retentissement mondial (pour le premier) et incroyable longévité (pour le second), semblent indétrônables. Derrière, les Who font figure de challenger #1 et les Kinks de grands oubliés de service, la faute, sans doute, à une déliquescente fin de carrière (avec tout de même quelques pépite par trop éparses)...
Alors quand sort ce magnifique objet avec des vinyl-replicas de qualité et un mono mix fidèle et performant, on se dit qu'il est grand temps de rappeler aux oublieux qu'il fut un temps où Ray Davies & Co faisaient mieux que rivaliser avec leurs copains/concurrents... Ils tutoyaient les étoiles à coup d'albums nerveux, classieux, inventifs, malins et implacables. En l'occurrence, cette Mono Box Set est le parfait rappel de cette grâce post-adolescente où déjà - dans des textes bien plus pernicieux et malins que ceux des contemporains - s'affiche fièrement un second degré assumé et un humour typiquement british.
Et c'est peut-être là le drame des Kinks, celui qui en fait un des groupes cultes les plus connus de la planète en lieu et place du spot de superstars qui leur semblait promis. Ce second degré, cette distance... Ca intrigue mais éloigne aussi.
Alors, à ceux qui n'auraient pas encore goûté au divin nectar Kinksien, je ne puis que conseiller l'écoute attentive de ce magnifique coffret, cinq des sept albums qui y sont présenté - étant entendu que les deux premiers, sympathiques mais immatures, ne sont que des brouillons du groupe à venir - peuvent être qualifié de légendaires, essentiels. Et comme en plus les bonus (4 ep's réunis sur un cd et le double de raretés, "Kollectables") sont une addition intéressante et qui n'interfère pas avec l'essence de chaque album, il ne reste plus qu'à dire : BRAVO et MERCI.

CD 1
KINKS (1964)
1. Beautiful Delilah 2:08
2. So Mystifying 2:55
3. Just Can't Go To Sleep 2:00
4. Long Tall Shorty 2:51
5. I Took My Baby Home 1:49
6. I'm A Lover Not A Fighter 2:05
7. You Really Got Me 2:17
8. Cadillac 2:46
9. Bald Headed Woman 2:43
10. Revenge 1:31
11. Too Much Monkey Business 2:17
12. I've Been Driving On Bald Mountain 2:03
13. Stop Your Sobbing 2:07
14. Got Love If You Want It 3:46

Ray Davies – rhythm guitar, harmonica, keyboards, lead vocals
Dave Davies – lead guitar, backing vocals, lead vocals on "Beautiful Delilah", "Long Tall Shorty", "I'm a Lover Not a Fighter" and "I've Been Driving on Bald Mountain"
Pete Quaife – bass guitar, backing vocals
Mick Avory – tambourine, drums
&
Jimmy Page
– twelve string guitar, acoustic guitar
Jon Lord – piano
Bobby Graham – drums
Rasa Didzpetris-Davies - backing vocals on "Stop Your Sobbing"

CD 2
KINDA KINKS (1965)
1. Look For Me Baby 2:17
2. Got My Feet On The Ground 2:16
3. Nothin' In The World Can Stop Me Worryin' Bout That Girl 2:46
4. Naggin Woman 2:38
5. Wonder Where My Baby Is Tonight 2:02
6. Tired Of Waiting For You 2:35
7. Dancing In The Streets 2:21
8. Don't Ever Change 2:25
9. Come On Now 1:49
10. So Long 2:11
11. You Shouldn't Be Sad 2:02
12. Something Bettter Beginning 2:26

Ray Davies - lead vocals (except where indicated), backing vocals, rhythm guitar, piano on "Wonder Where My Baby Is Tonight"
Dave Davies - lead guitar, backing vocals, lead vocals on "Got My Feet on the Ground", "Naggin' Woman", "Wonder Where My Baby Is Tonight" and "Come On Now"
Pete Quaife - bass guitar, backing vocals
Mick Avory - drums (except where noted)
&
Bobby Graham
- drums on "Tired of Waiting for You"
Rasa Davies - backing vocals on "Look for Me Baby", "Dancing in the Street" and "Come On Now"

CD 3
THE KINK KONTROVERSY (1965)
1. Milk Cow Blues 3:43
2. Ring The Bells 2:20
3. Gotta Get The First Plane Home 1:49
4. When I See That Girl Of Mine 2:13
5. I Am Free 2:30
6. Till The End Of The Day 2:24
7. The World Keeps Going Round 2:37
8. I'm On An Island 2:18
9. Where Have All The Good Times Gone 2:52
10. It's Too Late 2:35
11. What's In Store For Me 2:07
12. You Can't Win 2:41

Ray Davies – lead and backing vocals, rhythm guitar, harmonica
Dave Davies – lead guitar, backing vocals, lead vocals on "I Am Free" and "What's in Store for Me", shared lead vocals on "Milk Cow Blues" and "You Can't Win"
Pete Quaife – bass guitar, backing vocals
&
Mick Avory
– drums (tracks 1, 2 and 9), percussion
Clem Cattini – drums (tracks 3-8, 10-12)
Nicky Hopkins – keyboards
Rasa Davies – backing vocals (track 6 and 9)

CD 4
FACE TO FACE (1966)
1. Party Line 2:38
2. Rosie, Won't You Please Come Home 2:36
3. Dandy 2:14
4. Too Much On My Mind 2:32
5. Session Man 2:22
6. Rainy Day In June 3:19
7. House In The Country 3:09
8. Holiday In Waikiki 2:55
9. Most Exclusive Residence For Sale 2:50
10. Fancy 2:31
11. Little Miss Queen Of Darkness 3:21
12. You're Looking Fine 2:53
13. Sunny Afternoon 3:40
14. I'll Remember 2:27

Ray Davies – lead vocals, rhythm guitar, mellotron
Dave Davies – lead guitar, backing vocals, lead vocals on "Party Line", "You're Lookin' Fine"
Pete Quaife – bass guitar, backing vocals (except where noted)
Mick Avory – drums, percussion
&
John Dalton
– bass guitar on "Little Miss Queen of Darkness"
Nicky Hopkins – keyboards, piano, harmonium on "Sunny Afternoon"
Rasa Davies – backing vocals on "Sunny Afternoon", "Session Man" and "Rainy Day in June"

CD 5
SOMETHING ELSE (1967)
1. David Watts 2:33
2. Death Of A Clown 3:05
3. Two Sisters 2:03
4. No Return 2:03
5. Harry Rag 2:17
6. Tin Soldier Man 2:50
7. Situation Vacant 3:19
8. Love Me Till The Sun Shines 3:19
9. Lazy Old Sun 2:49
10. Afternoon Tea 3:27
11. Funny Face 2:18
12. End Of The Season 2:58
13. Waterloo Sunset 3:14

Ray Davies – lead vocals, rhythm guitar, harmonica, harp, harpsichord, organ, tuba, maracas
Dave Davies – lead guitar, 12 string guitar, backing vocals, lead vocals (on tracks 2, 8, 11)
Pete Quaife – bass guitar, backing vocals
Mick Avory – drums, percussion
Nicky Hopkins – keyboards, piano
&
Rasa Davies
– backing vocals

CD 6
THE KINKS ARE THE VILLAGE GREEN PRESERVATION SOCIETY (1968)
1. The Village Green Preservation Society 2:55
2. Do You Remember Walter 2:26
3. Picture Book 2:36
4. Johnny Thunder 2:31
5. Last Of The Steam Powered Trains 4:10
6. Big Sky 2:52
7. Sitting By The Riverside 2:29
8. Animal Farm 3:02
9. Village Green 2:11
10. Starstruck 2:27
11. Phenomenal Cat 2:39
12. All Of My Friends Were There 2:26
13. Wicked Annabella 2:43
14. Monica 2:19
15. People Take Pictures Of Each Other 2:17

Ray Davies – lead vocals, guitar, keyboards, harmonica, saxophone, trumpet, trombone, accordion, oboe, flute
Dave Davies – lead guitar, backup vocals, lead vocals on "Wicked Annabella"
Pete Quaife – bass, backup vocals
Mick Avory – drums, percussion
&
Nicky Hopkins
– keyboards, mellotron
Rasa Davies – backing vocals

CD 7
ARTHUR (1969)
1. Victoria 3:43
2. Yes Sir, No Sir 3:50
3. Some Mother's Son 3:27
4. Drivin' 3:15
5. Brainwashed 2:37
6. Australia 6:46
7. Shangri La 5:23
8. Mr Churchill Says 4:44
9. She's Bought A Hat Like Princess Marina 3:10
10. Young And Innocent Days 3:24
11. Nothing To Say 3:10
12. Arthur 5:24

Mick Avory – drums, percussion
John Dalton – bass guitar, background vocals
Dave Davies – lead guitar, background vocals, co-lead vocal on "Australia" and "Arthur", lead vocals on his own tracks
Ray Davies – lead and background vocals, rhythm guitar, keyboards (harpsichord and piano), production
Pete Quaife – bass guitar, background vocals on bonus tracks: "Plastic Man", "King Kong", "This Man He Weeps Tonight", "Lincoln County", "Hold My Hand" and "Creeping Jean"

CD 8
THE KINKS EP'S (2011)
KINKSIZE SESSION (1964)
1. Louie Louie 2:58
2. I've Gotta Go Now 2:54
3. Things Are Getting Better 1:56
4. I've Got That Feeling 2:44
KINKSIZE HITS (1965)
5. You Really Got Me 2:15
6. It's All Right 2:38
7. All Day And All Of The Night 2:24
8. I Gotta Move 2:25
KWYET KINKS (1965)
9. Wait Till The Summer Comes Along 2:09
10. Such A Shame 2:19
11. A Well Respected Man 2:43
12. Don't You Fret 2:45
DEDICATED KINKS (1 966)
13. Dedicated Follower Of Fashion 3:04
14. Till The End Of The Day 2:21
15. See My Friends 2:47
16. Set Me Free 2:11

CD 9
THE KINKS MONO KOLLECTABLES VOL. 1 (2011)
1. Long Tall Sally 2:13
2. You Still Want Me 2:00
3. You Do Something To Me 2:25
4. Beautiful Delilah (alternate mono mix) 2:08
5. I'm A Lover Not A Fighter (alternate mono mix) 2:03
6. Bald Headed Woman (US mono mix) 2:41
7. Ev'rybody's Gonna Be Happy 2:17
8. Who'll Be The Next In Line 2:03
9. I Need You 2:27
10. Never Met A Girl Like You Before 2:05
11. Sittin' On My Sofa 3:08
12. I'm Not Like Everybody Else 3:30
13. Dead End Street 3:23
14. Big Black Smoke 2:35
15. Act Nice And Gentle 2:39
16. Autumn Almanac 3:10

CD 10
THE KINKS MONO KOLLECTABLES VOL. 2 (2011)
1. Afternoon Tea (Canadian mono mix) 3:18
2. Susannah's Still Alive 2:23
3. Wonderboy 2:51
4. Polly 2:53
5. Lincoln County 3:13
6. There Is No Life Without Love 2:04
7. Days 2:55
8. She's Got Everything 3:09
9. Hold My Hand 3:21
10. Creeping Jean 3:18
11. Plastic Man 3:04
12. King Kong 3:24
13. Mindless Child Of Motherhood 3:09
14. This Man He Weeps Tonight 2:41
15. Australia (Australian single mix) 2:41
16. Lola 4:06
17. Berkeley Mews 2:38
18. Apeman 3:52
19. Rats 2:41
20. Apeman (European single version) 3:38

young KINKS (1965)

RaDio KiNKS
"The Kinks at the BBC" (2013)
ou "Kinkons les ondes"

Diable ! 5 cds, plus de cinq heures de musique (et je vous passe le DVD !), on peut dire que le programme de cette edition "coffretée" (à tirage hélas limité, dépêchez-vous, y en aura pas pour tout le monde !) de The Kinks at the BBC est substantielle... Ce que les Kinks, groupe le plus sousestimé des "grands" de l'explosion rock britannique des sixties, mérite amplement.
Le mieux c'est encore de laisser la parole à la musique pour cette énorme collection couvrant trente années d'agitation radiophonique (et télévisuelle) d'un des groupes anglais les plus essentiels qui soient avec, évidemment, tous les standards imparables de leur plus faste période (1964-1971) et de se rendre compte que la suite, pas exempte de faux-pas et d'errances stylistiques, mérite tout de même toute notre attention... Et il y a de quoi faire ! C'est, qui plus est, une excellente façon de montrer que les Kinks, quelque soit la formation, savaient faire tourner leur ritournelles acides autrement qu'en studio et que leur leader, l'immense et ô combien mésestimé Ray Davies, en plus d'être une des plus fines plumes du pop/rock britannique, est aussi un animal qui a des choses à dire comme le démontrent les courtes mais heureusement nombreuses interviews disponibles ici.
The Kinks at the BBC ? Une somme, et un excellent complément de leur discographie studio, à ne surtout pas manquer !

CD 1
- Live at The Playhouse Theatre, 1964
1. Interview: Meet The Kinks 0:32
2. Cadillac 2:36
3. Interview: Ray Talks About 'You Really Got Me' 0:13
4. You Really Got Me 2:08
5. Little Queenie 1:47
6. I'm A Lover Not A Fighter 2:02
7. Interview: The Shaggy Set 1:17
8. You Really Got Me 2:14
9. All Day And All Of The Night 2:22
- Live at Piccadilly Studios, 1964
10. I'm A Lover, Not A Fighter 2:11
11. Interview: Ray Talks About The USA 0:46
12. I've Got That Feeling 2:45
13. All Day And All Of The Night 2:17
- Live at Maida Vale Studios, 1965
14. You Shouldn't Be Sad 1:50
15. Interview: Ray Talks About Records 0:59
16. Tired Of Waiting For You 2:21
17. Everybody's Gonna Be Happy 2:13
- Live at Aeolian Hall, 1965
18. This Strange Effect 2:32
19. Interview: Ray Talks About "See My Friends" 1:07
20. See My Friends 2:54
21. Hide And Seek 2:16
- Live at The Playhouse Theatre, 1965
22. Milk Cow Blues 2:46
23. Interview: Ray Talks About Songwriting 1:01
24. Never Met A Girl Like You Before 1:59
25. Wonder Where My Baby Is Tonight 1:53
26. Interview: Meet Pete Quaife 1:16
27. Till The End Of The Day 2:17
28. A Well Respected Man 2:40
29. Where Have All The Good Times Gone? 2:45
- Live at The Playhouse Theatre, 1967
30. Love Me Till The Sunshines 2:25
31. Interview: Meet Dave Davies 0:43
32. Death Of A Clown 2:56
33. Good Luck Charm 1:25
- Live at Maida Vale Studios, 1967
34. Sunny Afternoon 2:51
35. Autumn Almanac 3:07
36. Harry Rag 2:25
37. Mr Pleasant 2:48

CD 2
- Live at Maida Vale Studios, 1967
1. Susannah's Still Alive 2:40
2. David Watts 2:13
- Live at BBC Piccadilly Studios, 1968
3. Waterloo Sunset 2:15
4. Interview: Ray Talks About Working 1:39
5. Days 2:49
- Live at The Playhouse Theatre, 1968
6. Interview: Ray Talks About Solo Records 0:35
7. Love Me Till The Sun Shines 2:44
8. Monica 2:14
9. Interview: Ray Talks About "Village Green" 1:22
10. The Village Green Preservation Society 2:47
11. Animal Farm 3:07
- Live at The Riverside Studios, 1969
12. Where Did My Spring Go? 2:07
13. When I Turn Off The Living Room Lights 2:19
- Alternate Versions
14. Plastic Man 3:02
15. King Kong 3:14
16. Do You Remember Walter 2:17
- Live at Aeolian Hall, 1969
17. Interview: Ray Talks About Rumours 3:59
- Alternate Versions
18. Victoria 3:35
19. Mr Churchill Says 3:37
20. Arthur 3:20
- Live at The Aeolian Hall,1970
21. Interview: Ray Talks With Keith Altham 3:33
- Alternate Version
22. Lola 3:52
- Live at The Aeolian Hall,1970
23. Mindless Child Of Motherhood 2:53
- Alternate Versions
24. Days 3:00
25. Apeman 3:51
- Live at Kensington House, 1972
26. Acute Schizophrenia Paranoia Blues 3:47
27. Holiday 3:08
28. Skin And Bone 2:33

CD 3
- Live at Kensington House, 1972
1. Supersonic Rocket Ship 3:23
- Alternate Version
2. Here Comes Yet Another Day 2:47
- Live at Langham Studios, 1974
3. Demolition 3:41
4. Mirror Of Love 3:30
5. Money Talks 3:55
- In Concert at The Hippodrome Theatre, 1974
6. DJ Alan Black Introduces "In Concert at The Hippodrome Theatre" 0:37
7. Victoria 3:29
8. Here Comes Yet Another Day 4:37
9. Mr. Wonderful 0:45
10. Money Talks 4:14
11. Dedicated Follower Of Fashion 4:02
12. Mirror Of Love 4:20
13. Celluloid Heroes 5:23
14. You Really Got Me / All Day And All Of The Night 4:13
15. DJ Alan Black Talks About "Preservation Act 2" 0:42
16. Daylight 3:34
17. Here Comes Flash 3:17
18. Demolition 4:28
19. He's Evil 4:37
20. Lola 4:52
21. Outro 0:34
22. Skin And Bone / Dry Bones 5:45

CD 4
- The Kinks Christmas Concert, 1977
1. Alan Freeman Introduces "The Kinks Christmas Concert" 0:57
2. Juke Box Music 2:16
3. Bob Harris Introduction 1:07
4. Sleepwalker 4:17
5. Life On the Road 5:51
6. A Well Respected Man 1:26
7. Death Of A Clown 1:03
8. Sunny Afternoon 1:48
9. Waterloo Sunset 2:59
10. All Day And All Of The Night 3:06
11. Slum Kids 5:40
12. Celluloid Heroes 5:17
13. Get Back In The Line 4:02
14. The Hard Way 3:17
15. Lola 4:34
16. Alcohol 5:34
17. Skin And Bones / Dry Bones 3:31
18. Father Christmas 2:26
19. You Really Got Me 2:52
- Live at Maida Vale Studios, 1994
20. Interview: Ray Talks To Johnny Walker 0:39
21. Phobia 4:30
22. Interview: Ray Introduces "Over The Edge" 0:15
23. Over The Edge 4:02
24. Wall Of Fire 5:15
25. Till The End Of The Day 2:47

CD 5
- Live at Maida Vale Studios, 1994
1. All Day And All Of The Night 3:02
2. Waterloo Sunset 2:41
3. I'm Not Like Everybody Else 4:04
4. Till The End Of The Day 2:35
5. You Really Got Me 2:34
- Live at The Playhouse Theatre, 1964
6. Louie Louie 1:54
7. Stop Your Sobbing 2:03
- Live at Aeolian Hall, 1965
8. Milk Cow Blues 3:48
- Live at The Playhouse Theatre, December 1965
9. Milk Cow Blues 2:35
10. I Am Free 2:11
- Live at The Playhouse Theatre, 1968
11. Susannah's Still Alive 2:06
12. Days 2:42
- Recorded at BBC Televison Centre, 1968
13. Dedicated Follower Of Fashion / A Well Respected Man / Death Of A Clown 3:09
- Alternate Versions
14. Sunny Afternoon 2:37
15. Two Sisters 2:04
16. Sitting By The Riverside 2:34
17. Lincoln County 3:10
18. Picture Book 2:36
19. Days 2:54

Ray Davies - lead vocals, acoustic & rhythm guitars, harmonica, piano
Dave Davies - lead guitar, backing vocals, lead vocals
&
Mick Avory - drums (1964/1983)
Bob Henrit - drums (1993/1994)
Pete Quaife - bass guitar, backing vocals (1964/1968)
John Dalton - bass guitar (1969/1974)
Andy Pyle - bass guitar (1977)
Jim Rodford - bass guitar (1983/1994)
John Gosling - keyboards (1970/1977)
Mark Haley - keyboards (1993)
Ian Gibbons - keyboards (1983, 1994)

at the BBC

KiNKoNCePT
"Lola Versus Powerman and the Moneygoround, Part One" (1970)
ou "Rockin' hard again"

Quand commencent les 70s, les Kinks, le plus typiquement britannique des groupes de la british invasion, viennent d'enchainer leurs deux albums les plus ambitieux, leur deux chefs d'œuvre de la fin des 60s, The Village Green Preservation Society et Arthur. Ils sont aussi, contrairement à la majorité de leurs contemporains, ceux qui n'ont pas cherché à prendre en marche le train psychédélique. C'est donc, sans avoir vraiment besoin d'autre chose que de continuer à perfectionner leur art, un groupe fier et indépendant, et au sommet de son art, qui se présente avec son deuxième concept album d'affilée, Lola Versus Powerman and the Moneygoround, Part One.
Le concept ? Une lecture sarcastique et un poil désabusée d'une industrie discographique qui ne les comprend pas les prenant, Ray Davies et son acerbe plume en tête, comme un nom de plus, fut-il référentiel, d'une scène où tout ne va pas pour le mieux (séparation des Beatles, des Rolling Stones en plein exil fiscal, l'arrivée d'une nouvelle vague les reléguant ces légendes au rang des oldies). Mais les Kinks ont plus d'un tour dans leur sac à malice et, malheureusement plus pour très longtemps, un talent à confectionner d'excellentes chansons. Et de rocker dur, comme ils ne l'avaient plus fait depuis leurs glorieux débuts (Get Back in Line,  Rats, Powerman) avec, en bonus, l'acquis de leur expérience sans, donc, tout à fait laisser de côté une esthétique folk qui leur bien au teint (The Contenders, Strangers) ni oublier qu'ils sont aussi un excellent groupe de pop (Denmark Street, The Moneygoround, A Long Way Home, Apeman) pour une sélection de chansons sans la moindre faute de goût, sans le moindre faux-pas.
Si la suite de leur carrière sera moins décisive, quoique le successeur de Lola, l'impeccable Muswell Hillbillies tutoie les sommets, les Kinks 1964-1970, et ceux de Lola donc, demeurent un essentiel à qui apprécie le rock de qualité très supérieure, tenez-le vous pour dit et n'hésitez pas à plonger où vous voulez dans ce premier septennat qui vaut largement tout ce que produisit leur concurrence d'alors et tout ce qui se fit depuis. Oui, carrément.

1. The Contenders 2:42
2. Strangers 3:20
3. Denmark Street 2:02
4. Get Back in Line 3:04
5. Lola 4:01
6. Top of the Pops 3:40
7. The Moneygoround 1:47
8. This Time Tomorrow 3:22
9. A Long Way From Home 2:27
10. Rats 2:40
11. Apeman 3:52
12. Powerman 4:18
13. Got to Be Free 3:01
Bonus
14. Lola (mono single mix) 4:08
15. Apeman (acoustic demo) 3:41
16. Powerman (acoustic demo) 4:23

Ray Davies – lead vocals, guitar, harmonica, keyboards, resonator guitar
Dave Davies – lead guitar, banjo, backing vocals, lead vocals on "Strangers" and "Rats", co-lead vocal on "Powerman"
Mick Avory – drums, percussion
John Dalton – bass guitar, backing vocals
John Gosling – keyboards, piano, organ

The Kinks 1970

ViTe, La SuiTe !
"Muswell Hillbillies" (1971)
ou "Un autre Kinks, une autre réussite"

Pour leur tout joli, tout neuf nouveau contrat avec RCA (qui succède donc à Pye chez qui tous les albums des Kinks étaient alors sorti), Ray Davies & Co frappent fort. Muswell Hillbillies succède pourtant à une impeccable succession d'albums de qualité supérieure (qui tutoient les Beatles et ridiculisent le reste de la concurrence) et surtout d'un Lola totalement renversant. Faire ne serait-ce qu'aussi bien parait alors un doux songe ô combien inaccessible.
Mécréant que nous étions ! Les Kinks relèvent le défi et le soufflet méprisant qu'ils nous assènent à tout d'un uppercut de Cassius Clay. Parce qu'en plus d'être de d'excellents instrumentistes, les Kinks sont des compositeurs supérieurement malins possédant une incroyable aptitude au renouvellement. Leur melting-pop and blues américano-britannique (un comble pour le plus anglais des groupes de la british invasion), tantôt bouffonnant, tantôt bouleversant, est preuve de l'écrasante injustice subie par un groupe connu pour une poignée de chansons alors qu'ils délivrèrent les perles à la chaîne. Comme sur ce Muswell Hillbillies un poil chaotique... Comme l'est la vie des cette working class ici dépeinte.
Bipolaire et délicieux, larger than life, mais hélas trop méconnu (comme le sont la plupart des albums de ces divins britons), Muswell Hillbillies, album sans le moindre faux-pas, est évidemment chaudement recommandé et vous fera voyager plus qu'agréablement quelque soit la paroisse pour laquelle vous prêchez.

1. 20th Century Man 5:57
2. Acute Schizophrenia Paranoia Blues 3:32
3. Holiday 2:40
4. Skin and Bone 3:39
5. Alcohol 3:35
6. Complicated Life 4:02
7. Here Come the People in Grey 3:46
8. Have a Cuppa Tea 3:45
9. Holloway Jail 3:29
10. Oklahoma U.S.A. 2:38
11. Uncle Son 2:33
12. Muswell Hillbilly 4:58
Bonus
13. Mountain Woman 3:08
14. Kentucky Moon 3:57

Ray Davies - acoustic guitar, harmonica, lead vocals, resonator guitar
Dave Davies - lead guitar, slide guitar, banjo, backing vocals
John Dalton - bass guitar, backing vocals
John Gosling - piano, Hammond organ, accordion
Mick Avory - drums, percussion
&
Mike Cotton
- trumpet
John Beecham - trombone, tuba
Alan Holmes - saxophone, clarinet

The Kinks (plus si jeunes) en 1971

Et le fête n'est pas finie ! Cbez Jimmy aka Les Bruits Magiques, une adresse toujours chaudement recommandée !, vous pourrez retrouver The Great Lost Album de 1973, une autre perle ! Elle est pas belle la vie ?

The Davies Brothers