samedi 19 octobre 2013

Electric Ponty

Jean-Luc Ponty "Electric Connection/King Kong" (1969/70)
ou "Violon dingue !"


Ladies and gentlemen, le nouveau Ponty est arrivé ! C'est en substance ainsi que pourrait se résumer la période charnière dans la carrière du violoniste de jazz français qui glisse alors vers le jazz électrique, dit fusion, ou "rock" chez nous (sans qu'on sache exactement pourquoi).

C'est aussi la période d'une relocalisation outre-Atlantique et de line-ups qui font venir l'eau à la bouche : Bud Shank, George Duke, Ernie Watts, Ian Underwood, Art Tripp, Frank Zappa... Ha oui, parce que moitié de ce couplage discographique est dédié à Mr. Zappa, repris, adapté et même composant pour Jean-Luc et ses musiciens (dont quelques collaborateurs habituels de Frankie Moustache).

Deux albums, donc. 1969, Electric Connection ou l'apprentissage accéléré et réussi d'un nouveau vocabulaire, d'un nouvel univers sonore où Ponty, violoniste caméléon s'il en fut, se glisse sans effort et, même !, avec une grâce certaine. On n'est pas encore tout à fait dans le jazz fusion, alors tout juste commençant, mais on s'en approche. D'ailleurs, on crédite même l'album d'une véritable influence stylistique de part sa façon de "vulgariser" le jazz pour une nouvelle génération amatrice du secouage de tête au son de la guitare électrique psychédélique qui trouve ici quelques bienvenus ponts vers ses préoccupations tout en restant, fondamentalement, un album de jazz avec une guitare encore timide mais il faut dire que le violon de Ponty prend, logiquement puisque il est le leader, beaucoup de place. Et puis il y a moult cuivres (des sections tour à tour proto-funkées ou big-bandisantes) qui, rythmant, enjolivant la musique méritaient aussi d'être mis en valeur par le mix.
1970, King Kong, c'est tout autre chose ! Déjà parce que le matériau de base (4 reprises du répertoire de Frank Zappa, et un original pour chaque star du disque), en majorité du Zappa donc, s'écarte notablement des canons du jazz classique qu'Electric Connection choyait encore. Ici les amarres sont définitivement larguées ce que Ponty et son violon dingue, et son seul compagnon sur tous les titres qu'il faudrait voir à ne pas oublier d'autant qu'il s'agit du regretté George Duke, ont l'air de particulièrement apprécier. Tout comme les fans du divin moustachu apprécieront la lecture surjazzée et ludique des standards de leur idole ainsi que le solo de Frank, sa seule apparition instrumentale de l'album... Sur la seule composition qu'il ne signe pas ! On mentionnera évidemment la grosse pièce de l'album, Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra et ses presque 20 minutes, où, entre improvisation jazz et classique contemporain prouve la versatilité exceptionnelle tant du compositeur que de son interprète de l'occasion.

Phase exploratoire et démarrage d'une carrière américaine riche qui le verra aussi frayer avec un John McLaughlin et son Mahavishnu Orchestra, la présente doublette, si un peu artificiellement accolée vu l'écart de style, est une réussite à conseiller à tous ceux que le violon jazz meut.


Electric Connection (1969)

1. Summit Soul 4:55
2. Hypomode del Sol 6:27
3. Scarborough Fair/Canticle 3:02
4. The Name of the Game 5:27
5. The Loner 4:29
6. Waltz for Clara 5:09
7. Forget 4:25
8. Eighty-One 6:35

Jean-Luc Ponty – violin
Bud Shank – alto saxophone
Richard Aplan – baritone saxophone
Bob West – bass
Paul Humphrey – drums
Tony Ortega – flute
Wilbert Longmire – guitar
George Duke – piano
Frank Strong, Thurman Green – trombone
Mike Wimberly – bass trombone
William Peterson, Tony Rusch, Larry McGuire, Paul Hubinon – trumpet

King Kong: Plays the Music of Frank Zappa (1970)

9. King Kong 4:54
10. Idiot Bastard Son 4:00
11. Twenty Small Cigars 5:35
12. How Would You Like to Have a Head Like That 7:14
13. Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra 19:20
14. America Drinks and Goes Home 2:39

Jean-Luc Ponty – electric violin, baritone violectra
Frank Zappa – guitar
George Duke – piano, electric piano
Ernie Watts – alto and tenor sax
Ian Underwood – tenor sax
Buell Neidlinger – bass
Wilton Felder – Fender bass
Gene Estes – vibraphone, percussion
John Guerin – drums
Art Tripp – drums
Donald Christlieb – bassoon
Gene Cipriano – oboe, English horn
Vincent DeRosa – French horn, descant
Arthur Maebe – French horn, tuben
Jonathan Meyer – flute
Harold Bemko – cello
Milton Thomas – viola

7 commentaires:

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  2. Merci Zorno, je prends le Electric Connection que je ne connais pas.

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  3. youpi !!!! voila un disque que je voulais ecouter depuis bien longtemps !!!

    Merci m'sieur

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    1. ...et un King Kong pour Pierre (tu passes pas souvent !).

      Enjoyez !

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  4. deux beaux albums que je viens de reecouter suite a la parution recente du Road Tapes #2 de Frank Zappa, que je recommande tres chaudement. Il s'agit d'un concert de la formation de 73 pour laquelle tres peu d'enregistrements etaient disponibles. George Duke, le couple Underwood, Ponty... ce sont parmi les meilleurs musiciens ayant joue avec Zappa, et le concert delivre u jazz-rock (faute de mieux) du meilleur gout, funky, inspire, avec son lot de bizarreries zappatesques, mais sans trop de blagues douteuses qui font parfois fuir. En plus le son est remarquable.
    Voila, du coup, je parle peu des albums postes ici, mais bon, tu le fais deja bien! :)

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    1. Road Tapes #2, c'est noté ! ;-)
      Pas grave que tu parles peu des albums, tu apportes autre chose, c'est déjà énorme. Merci, donc.

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