mardi 8 octobre 2013

Les fantômes de Declan

Elvis Costello and the Roots "Wise Up Ghost and Other Songs (deluxe edition)" (2013)
ou "Des racines et des ailes"


Le mariage de la carpe et du lapin ? Vraiment ? Il est vrai que, sur le papier, rien ne rapprocherait, à priori, ce vieux pub rocker anglo-irlandais reconverti aux sources de la musique nord-américaine et une des formations les plus respectées du hip-hop  étatsunien.

Pourtant, à y réfléchir, il y a un sacré tronc commun qui les unit à commencer par une adoration d'une certaine soul 60s que chacun, à sa manière, recycla. A l'énergie électrique de ses Attractions pour Elvis Costello, au (re)traitement moderne digitalo-acoustique pour The Roots. Deux conceptions pour un même amour, deux conceptions désormais fusionnées en un album : Wise Up Ghost (and other songs).

Composé et produit par le trio Costello, Questlove (ou ?uestlove ou Ahmir Thompson) et Steven Mandel, Wise Up Ghost est une formidable réussite, une merveille d'album où modernité et tradition s'accouplent pour le meilleur, à savoir une galette au charme si intemporel qu'on se dit sans coup férir qu'on l'aimera encore dans 10 ans, 20 ans, 30 ans... Parce que dès Walk Us Uptown, funk millésimé à la lourde basse dubbesque et au melodica joué par Elvis himself, on est pris dans l'esprit "rétromoderniste" de l'affaire. La suite ne fait que confirmer l'impression initiale avec le Motownisant Sugar Won't Work, son groove languissant, ses cordes tire-larmes et son refrain référencé. Ou quand Elvis s'essaie à un rap sur fond funkadelicisant sur l'infectieux Refuse to be Saved, un P-Funk-style convaincant par le petit gars de Londres et ses ponctuels compagnons de jeu... Et dire que ce ne sont que les trois premiers titres !!! Trois tueries qui nous font bénir l'admirable rencontre des Racineux hip-hopers et du Declan au talk show de Jimmy Fallon, là justement où naquit l'idée même de cette divine collaboration. La bénir avec d'autant plus d'enthousiasme que le reste de la sélection est à l'avenant de cet admirable trio introductif et déroule avec rouerie et intelligence tout le catalogue de la black music américaine des années 60 et 70... Et même un peu au delà mais, chut !, on ne va quand même pas tout dire !

Afin d'aussi combler les amateurs de quadri-capilo-découpage, on mentionnera que, pour arriver à leurs fins, Elvis et ses Roots utilisèrent moult cuivres et cordes sans que jamais, ô grand jamais, l'avalanche ne vienne ruiner la précieuse pièce-montée de quelque lourdeur que ce soit. Arrangé avec un goût divin, les 12 compositions coulent absolument de source.

Wise Up Ghost, vous l'aurez compris, est un triomphe... c'est aussi simple que ça. On peut, d'ores et déjà le classer dans les plus belles réussites de l'an et sérieusement le considérer comme une des plus belles galettes de ces dernières années. Parole de musicophage, une bonne dizaine d'écoutes n'ont pas réussi à démentir mon enthousiasme, ce n'est pas si souvent que ça m'arrive alors, tenez-le vous pour dit, c'est de grande classe qu'il s'agit ici et, évidemment !, d'un album totalement, définitivement, absolument recommandé.


1. Walk Us Uptown 3:22
2. Sugar Won't Work 3:31
3. Refuse to Be Saved 4:26
4. Wake Me Up 5:53
5. Tripwire 4:28
6. Stick Out Your Tongue 5:27
7. Come the Meantimes 3:52
8. (She Might Be a) Grenade 4:35
9. Cinco Minutos Con Vos 5:01
10. Viceroy's Row 5:01
11. Wise Up Ghost 6:26
12. If I Could Believe 3:58
Bonus
13. My New Haunt 4:41
14. Can You Hear Me? 6:27
15. The Puppet Has Cut His Strings 4:56


Elvis Costello - vocals, organ, piano, melodica, baritone guitar, wurlitzer, delay guitar, ampeg bass, wah wah baritone guitar
?uestlove - drums
Kirk Douglas - electric & acoustic guitars, backing vocals (1-4, 7-11, 13, 14)
Mark Kelley - bass (1, 3, 5, 7, 9-11, 13, 14))
Frank Knuckles - tambourine, chimes, percussion, bells (5, 7, 9-11)
Ray Angry - clavinet, farfisa, bells, keys (2, 3, 5, 9, 10, 12, 13, 15)
James Poyser - keys, piano (9, 10)
Kamal Gray - keys (13)
Pino Palladino - bass (2, 12, 15)
Korey Riker - tenor & barritone saxophone (1, 4-6, 8, 9, 11, 14)
Matt Cappy - trumpet, flugelhorn (1, 3-6, 8-11, 14)
Chris Farr - saxophone, flute (3, 10)
Damon Bryson - sousaphone (1, 3, 4, 10)
La Marisoul - vocals (9)
Hedi Mandel - screams (13)
Diane Birch - backing vocals (5)
&
The Brent Fischer Orchestra
(3, 4, 8, 9, 12)
orchestrated and conducted by Brent Fischer
Assa Drori
- concertmaster/contractor
Robert Berg, Roland Kato, Kazi Pitelka - viola
Sally Berman, Mark Cargill, Mike Ferrill, Sam Fischer, Alex Gorlovsky, Anna Kostyuchek, Elizabeth Wilson - violin
Miguel Martinez, Kevan Torfeh, Cecilia Tsan - cello
Drew Dembowski, Ken Wild - bass
Alex Budman - bass clarinet
Bob Carr - bassoon, contrabassoon
Steve Hughes - euphonium
Bill Reichenbach - contrabass trombone, euphonium, tuba

4 commentaires:

  1. Très bon celui-ci. L'album que le groupe avait enregistré il y 3 ou 4 ans avec John Legend était d'enfer aussi.

    Les Roots sans perler d'Elvis, ont une discographie d'une qualité exceptionnelle.

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    1. Je ne connais pas celui avec John Legend... Tu en as parlé ?

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  2. Si, parlons donc de Elvis... Un jour (en fait jamais) on oubliera le Presley pour le Costello
    Je l'imaginais pris pas son émission assez rangé des camions. Recevant le gotha du rock de ma jeunesse... Mais en fait, non.
    Je n'ai pas encore tes dizaines d'écoutes... mais je sens que tu as raison sur certains points et sur les autres ... aussi!!

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    1. Doucement mais sûrement, mon top des albums de 2013 se dessine, indéniablement, celui-ci en fera parti.
      Et oui, le grand Elvis est Costello (même si vocalement, Presley...) ! Et surtout pas rangé des camions, les Roots !

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