Days Between Stations "In Extremis" (2013)
ou "Yesterday and Today"
Toujours prompts à s'esbaudir sur le premier album venu du moment qu'il répond aux canons du genre, les fans de rock progressif se sont emparés du second album de Days Between Stations, duo angeleno accompagné de moult guests, pour le célébrer comme une immense réussite et un des tous meilleurs albums de 2013. Vraiment ?
Première constatation, stylistique celle-ci, In Extremis n'apporte rien de neuf à la galaxie progressive : la construction en est classique, rétro dirait-on, et la production moderne. Rien que de très courant, en fait.
Seconde constatation, formelle cette fois, c'est d'un concept album dont il s'agit. Un concept album dont l'illustration a été confiée à Paul Whitehead, dessinateur des pochettes des premiers albums de Genesis et de Van der Graaf Generator pour Charisma. Personnellement, je trouve l'artwork d'une rare hideur mais bon, les gouts et les couleurs, hein. Et puis, qu'importe le flacon, etc.
Quand on en vient à analyser la musique et ses influences, on ne peut que constater les fantômes de Pink Floyd (une guitare souvent Gilmourienne en diable mais aussi quelques ambiances), de Genesis (le gout de la sinfonietta électrique, voir la suite finale et éponyme), de Yes (les chœurs) ou de Led Zeppelin (pour la lourdeur de la batterie et quelques riffs bien sentis) et même du Marillion de Steve Hogarth pour le parti-pris moderniste de la mise en son (thanks to Billy Sherwood). Rien de neuf donc, mais un cocktail louable et plutôt très cohérent.
Le nerf de la guerre, à partir de là, tient dans la réussite des compositions, leur qualité et la réussite des enchainements et là, il y a à boire et à manger... Déjà on se questionne sur l'utilité d'enquiller deux instrumentaux, certes ils sont de belle tenue mais retardant d'autant l'entrée dans le vif du sujet conceptuel, c'est dommage. Ensuite, il y a les chansons dont on se demande bien ce qu'elles font là et jurent avec le ton de l'album, c'est le cas de The Man Who Died Two Times (avec Colin Moulding, ex-XTC) qui, trop pop, fait décrocher du trip. Idem pour le charmant instrumental qui suit : une respiration ? certes, mais dont l'utilité échappe. Restent quatre belles grosses pièces progressives, en particulier le morceau titre et Eggshell Man et son solo de moog par nul autre que l'ex-Yesman Rick Wakeman, qui, bien construites et regorgeant de prouesses instrumentales heureusement point trop démonstratives ou onanistes, justifient l'intérêt suscité par In Extremis
Côté guests, outre Tony Levin (King Crimson, Peter Gabriel) et Billy Sherwood (Yes, Toto, etc.), l'accumulation des guests ressemble plus à un gadget de communication qu'à un élément décisif dans la réalisation du présent projet. Ceci dit, c'est un bonheur d'avoir, une dernière fois, l'honneur et l'avantage d'entendre le regretté Peter Banks (guitariste des deux premiers albums de Yes) pour lequel un morceau est d'ailleurs dédié ici (Waltz in E Minor, où il n'apparait pas).
Et donc, In Extremis n'est pas la Rolls généralement dépeinte par les zélotes de la chose progressive. Un bon album, sans l'ombre d'un doute, sachant recycler le passé avec une certaine classe, ce qui est déjà beaucoup me direz-vous et vous n'aurez pas tort, mais rien de plus. Evidemment, on continuera de suivre les aventures musicales d'Oscar Fuentes Bills et de Sepand Samzadeh parce qu'il y a ici la promesse de beaux lendemains.
1. No Cause for Alarm (Overture) 3:51
2. In Utero 5:10
3. Visionary 10:40
4. Blackfoot 10:04
5. The Man Who Died Two Times 4:11
6. Waltz in E Minor (dedicated to Peter Banks) 2:04
7. Eggshell Man 11:56
8. In Extremis 21:37
Oscar Fuentes Bills: Piano, Synthesizers, Rhodes, Mellotron, Hammond Organ, Electronic Percussion
Sepand Samzadeh: Guitars
&
Tony Levin: Bass
Billy Sherwood: Drums and Lead Vocals
Peter Banks: 2nd Lead & Rhythm Guitar on Eggshell Man, In Extremis
Matt Bradford: Dobro on Visionary
Colin Moulding: Lead Vocals on The Man Who Died Two Times
Ali Nouri: Tar solo on Eggshell Man
Jeffery Samzadeh: Sonati Vocals on In Extremis
Rick Wakeman: Mellotron Flute, Minimoog Solo on Eggshell Man
The Barbershop Quartet (Pat Claypool, Matt Gray, Eric Orr, David Rakita): on In Extremis
Chris Tedesco & The Angel City Orchestra: No Cause for Alarm, In Utero, Visionary, Waltz in E Minor, In Extremis
Josh Humphrey: Keyboard Effects and Textures on In Utero, Electronic Drums & Programming on Visionary
Chris Tedesco: Trumpet Solo on Visionary, In Extremis
J'ai lu avec intérêt même si je ne prendrai pas l'album, tu as le chique pour donner l'impression que je l'ai entendu, tes mots se sont gravés sur mes ouïes.
RépondreSupprimerPour la pochette, laide comme celle de VDGG et un peu moins Genesis. Mais je n'ai jamais aimé ce style "à plat" à faire des couvertures pour les livres de SF publié par PressePocket.
Bon, mais j'ai encore quelques chroniques de loupés chez toi, je me ratrappe
Les pochettes moches (plus celles de VdGG que celles de Genesis, nous sommes d'accord), c'était acceptable quand on en était encore à un artisanat confinant parfois à l'amateurisme (plus visuellement que musicalement ceci dit). En 2013, c'est presque une faute professionnelle ce qui est d'autant plus dommage qu'il y a de belles choses sur In Extremis.
SupprimerC'est marrant je pense que les pochettes moches, ça fait partie intégrante des canons du rock progressif et sans ça, ils n'auraient peut-être pas eu autant de succès que vous le mentionnez (bon moi je n'en avais jamais entendu parler avant votre billet mais je suis loin d'être un expert ^_^)
SupprimerJe ne trouve pas que toutes les pochettes de rock prog soient moches... Et je ne suis pas un expert non plus, juste un amateur éclairé. ;-)
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