dimanche 23 février 2014

Passé à la hatchet

Molly Hatchet "Flirtin' With Disaster" (1979/2001)
ou "Big guns and big guitars!"


     Molly Hatchet ne sont pas des demi-sels, pas des mauviettes qui édulcorent leur sudiste à la pop vanillée ! Molly Hatchet c'est, en vérité, la plus metallo-compatible des formations de southern rock, les teigneux qui ne lâchent rien (depuis maintenant plus de 35 ans !) !

     Flirtin' with Disaster, second opus qui porte mal son nom, est le retour d'un groupe ayant déjà conquis la "niche" sudiste mais ne s'en contentant pas. Pas un album ambitieux, juste un album plus peaufiné, plus pensé, mieux maîtrisé.
     De la brute énergie d'un éponyme sans tâche, Danny Joe Brown et ses petits gars on tout gardé, Molly Hatchet continue de nous attaquer frontalement de riffs supra-efficaces, de "ravissants" soli baveux, d'une rythmique plombée mais pleine de feeling et, bien sûr des râpeux vocaux du précité, précieux dans l'énergie du sextet. Evidemment, avec trois six-cordistes d'une impeccable habileté, ça dégouline de guitares, faut ce qu'il faut et c'est exactement ce qu'l faut.  A cette suante électricité rock'n'rollesque s'ajoutent une production nettement plus puissante et slick (de Tom Werman, responsable, alors, du décollage de Van Halen, qui sait y faire, donc) et quelques claviers suffisamment discrets pour ne pas alourdir, suffisamment présents pour texturer l'ambiance. Pareil que sur le premier vous me direz, oui mais ça sonne VRAIMENT mieux, allez comprendre pourquoi... Osmose, budget, un remastering miraculeux ? Le mystère reste entier.
     Ces ajustements, en l'occurrence, vont de pair avec une inspiration au moins aussi riche. Parce qu'il y a de l'hymne en puissance ici, du rock de harde de référence ! D'un Whiskey Man emblématique au boogie endiablé final Let the Good Times Roll (qui n'est pas une reprise !) c'est à un déboulé de sudiste first class auquel nous assistons. On citera forcément la puissance soul d'It's All Over Now (une reprise des Valentinos de Bobby Womack déjà revue, dans la foulée, par les Rolling Stones) et l'épique morceau titre, Flirtin' with Disaster, qui demeure un pilier de chaque concert du groupe, une des chansons les plus marquantes de leur carrière aussi, et de très loin la plus utilisée en soundtrack. C'est du lourd, du furieux, et même quand ça s'adoucit un peu (One Man's Pleasure et ses effluves country), ça reste du vrai béton sudiste, inaltérable.

     De tous les groupes de rock sudiste, Molly Hatchet est le plus intègre, le seul (sauf à compter ceux qui étaient en sommeil ou carrément séparés) à ne jamais avoir trahi ses valeurs cardinales pour aller patauger dans la bauge FM voir si les dollars n'y seraient pas plus verts. Leur carrière, qualitativement comme commercialement, a connu des hauts et des bas mais, pourtant, jamais ils n'ont désarmé. En l'occurrence, au sommet de leur art, ils donnent une bonne petite leçon de "sudisme" puissant aux Lynyrd, Allman, et autres Blackfoot, tout simplement, et préfigurent, ce faisant, la vague "Southern Metal" et tout le courant stoner déboulé depuis quelques années. C'est qu'il comptent ces p'tit gars, ils comptent !


1. Whiskey Man 3:38
2. It's All Over Now 3:40
3. One Man's Pleasure 3:24
4. Jukin' City 3:46
5. Boogie No More 6:08
6. Flirtin' with Disaster 5:00
7. Good Rockin' 3:17
8. Gunsmoke 3:11
9. Long Time 3:19
10. Let the Good Times Roll 2:56
Bonus
11. Silver and Sorrow (demo) 3:36
12. Flirtin' with Disaster (live from Jacksonville, FL in 1980) 6:15
13. One Man's Pleasure (live from Jacksonville, FL in 1980) 3:16
14. Cross Road Blues  (live from Jacksonville, FL in 1980) 4:13


Danny Joe Brown – vocals
Bruce Crump – drums
Dave Hlubek – guitar
Steve Holland – guitar
Duane Roland – guitar
Banner Thomas – bass
&
Max Gronenthal
– vocals, background vocals
Tom Werman – percussion, production
Jai Winding – keyboards

 
BONUS! L'ALBUM SOLO DU CHANTEUR DE MOLLY HATCHET.

Danny Joe Brown "Danny Joe Brown and the Danny Joe Brown Band" (1981)
ou "Gone solo, be back soon"


     Parti de Molly Hatchet après le triomphe de Flirtin' with Disaster pour cause de maladie (diplomatique ?), pas de gaîté de cœur, donc, mais se sentant visiblement mieux, Danny Joe Brown revient sur les tablettes en 1981 avec l'unique opus de son Band à lui.
 
     Et que fait un sudiste à la voix délicieusement râpeuse et à la gouaille rock'n'roll de première bourre quand il revient aux affaires ? Du rock sudiste, évidemment ! Avec trois guitaristes, parce qu'il faut ce qu'il faut et que c'est, un peu, devenu une des règles du genre. Et ça sonne ? Ben comme du Molly Hatchet, forcément ! Soit du sudiste qui déménage plus que la moyenne, dégouline autant de soli six-cordés qu'on l'espère, et est bien servi par la gorge chaude du chef de bande.
     On y retrouve le claviériste John Galvin, qui rejoindra Molly Hatchet avec Danny en 1982, le guitariste Bob Ingram, qui rejoindra (devinez !) Molly Hatchet 15 ans plus tard, juste quand son ancien patron quitte, définitivement cette fois, la caravane. Et la mise en son de Glyn Johns - reconnu pour son travail avec le Steve Miller Band, les Who, Humble Pie... Et chez nous avec Téléphone (Un Autre Monde) - tout à fait, claire et nette.
     Bon, ce n'est pas du niveau de son futur ex, ou ex futur ?, groupe, mais ça assure avec quelques vrais morceaux de bravoure (l'efficace midtempo Sundance et son refrain accrocheur, le bon gros blues qu'est Nobody Walks on Me, un The Alamo bien cowboy rock aux guitares remarquables, l'uptempo plein de fougue Run for Your Life, et bien sûr l'épique rock sudiste d'Edge of Sundown rappelant autant Blue Oyster Cult que le futur-ex groupe de Danny, le sommet de l'album) au milieu d'autres chansons pas désagréables mais plus communes.
     Ha oui, et il y a cette affreuse pochette ! On pourra dire ce qu'on veut de l'obsession de l'obsession de qui-vous-savez avec Frank Frazetta, ça en jette tout de même plus que ce rebut de réunion de famille (souris, c'est pour tata !) cadré vite fait, mal fait. Enfin, qu'importe le flacon, etc.

     Clairement, l'unique album du Danny Joe Brown Band n'est pas un chef d'œuvre. Un bon album, certainement, avec un rock sudiste comme il faut, comme on l'aime. Un album qui aura aussi eu le mérite de remettre le pied à l'étrier à un vocaliste talentueux. Un album recommandé, évidemment, à ceux qui aiment le bon rock sudiste "à l'ancienne"... Et Molly Hatchet, bien sûr !


1. Sundance 4:18
2. Nobody Walks On Me 3:08
3. The Alamo 3:06
4. Two Days Home 3:13
5. Edge Of Sundown 6:32
6. Beggar Man 3:45
7. Run For Your Life 3:40
8. Hear My Song 3:14
9. Gambler's Dream 3:32
10. Hit The Road 4:06


Danny Joe Brown - vocals
Bobby Ingram - guitar
Steve Wheeler - guitar
Kenny McVay - guitar
John Galvin - keyboards
Buzzy Meekins - bass
Jimmy Glenn - drums

7 commentaires:

  1. Le Molly' je l' avais en vinil et je prenais mon pied avec le titre "Boogie no more" que je passais en boucle dans ma chambre d' ado

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    1. J' ai déjà dans le DD
      Mais j' ai réécouté le titre avec plaisir en lisant ta chronique ;)

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  2. Discographie quasiment irréprochable pour ces poilus. Et toujours ces putain de pochettes… quand tu achètes du Molly Hatchett tu sais ce qu'il y a dans la boîte !
    Fin de week end chaud bouillant !!!

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    1. C'est quoi ce bordel : voilà que je passe pour un anonyme et pourtant je suis connecté correc !!! Putain d'ordi !!!!!
      Keith Michards… levé du mauvais pied !!!!!

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    2. Il y a quand même des bas dans la discographie de Molly Hatchet, pas aussi dramatiques que ceux es Outlaws, Point Blank ou Blackfoot (pour ne citer que des sudistes) mais pas très reluisants pour autant.

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