dimanche 20 mars 2016

La Barbe ! (série en cours, volume 3)

Retour des virils, ceux qu'ont du poil au menton parce qu'ils peuvent ! Alors si, admettons, tous ne sont pas d'aussi passionnants personnages que le modèle du jour (Sir Richard Francis Burton, wikipédiez !), c'est encore une fois une belle brochette d'hirsutes que je vous propose. Enjoie !

JeRRy'S BeaRD
Grateful Dead "Aoxomoxoa" (1969)
ou "Gland Album"

Avec sa pochette extrêmement sexuée (pénienne serait-on tenté de dire), son psychédélisme triomphant, un line-up étiré à sept membres qui parait enfin stabilisé (mais qui ne l'est pas en fait), Aoxomoxoa est le troisième album d'un Grateful Dead en constante progression, le premier triomphe artistique, à défaut de commercial (il devra attendre 1997 pour arriver au disque d'or), de sa discograhie aussi.
Le Dead a commencé à œuvrer quelque années plus tôt, bête groupe de blues rock vaguement psychédélique. Porté par l'élan du Summer of Love et la consommation de plus en plus irraisonnée de substances psychotropes "à la mode" (demandez voir à Timothy Leary ce qu'il en pense !), le groupe n'a depuis eu de cesse de raffiner son approche, de repousser le blues de ses origines comme un simple artifice de leur cocktail technicolor. Déjà sur Anthem of the Sun, le précédent opus de la formation, tous les éléments sont en place, mais c'est bien ici, sur cet album au titre en palindrome totalement imprononçable, que tout prend réellement forme, que le son "acid-trip" du Grateful Dead en studio atteint sa plénitude créative et trippante. C'est évident dès un St. Stephen qui, commençant tout en douceur, prend petit à petit son envol jusqu'à un final éblouissant de liberté et de grâce. La suite ne démentit pas ce coup de semonce originel avec, en must absolus, le faux-blues et très folky Dupree's Diamond Blues, le dansant psychedelic rocker China Cat Sunflower, le finement acoustique et gracieux Mountains of the Moon ou le super-trippé Cosmic Charlie. Vraiment, le temps et l'argent investi, une fortune à l'époque le groupe s'étant longtemps appesanti dans ses sessions du fait de l'acquisition d'une toute récente console d'enregistrement 16 pistes qu'il fallut bien apprivoiser, ce qui prit du temps.
Magie des rééditions, les bonus sont nombreux (une constante dans les remasters du Dead) et, même !, durent ici plus longtemps que l'album et, vu leur teneur "bœufante" et jouissive, on ne s'en plaindra pas. Parce qu'il y a de quoi se réjouir à l'écoute d'une série de jam-sessions, trois au total pour 36 minutes, où le groupe, libéré de toute contingence "chansonesque" se laisse aller dans de longs et riches développement habituellement plutôt réservés à leur épiques concerts. Rajoutez-y une belle version live en public d'un des titres phares de l'album, Cosmic Charlie, proposé à un public ravi avant même la sortie de l'opus, et vous comprendrez que le festin est complet et la présente édition ô combien recommandée.
Le Grateful Dead aura d'autres hauts-faits, Workingman's Dead en est un et pas des moindres, mais plus jamais le charme unique de cet Aoxomoxoa ne sera atteint. Légendaire ? C'est le mot, et obligatoire à la collection de tout historien du rock qui se respecte, aussi.

1. St. Stephen 4:26
2. Dupree's Diamond Blues 3:32
3. Rosemary 1:58
4. Doin' That Rag 4:41
5. Mountains of the Moon 4:02
6. China Cat Sunflower 3:40
7. What's Become of the Baby 8:12
8. Cosmic Charlie 5:29
Bonus
9. Clementine Jam 10:46
10. Nobody's Spoonful Jam 10:04
11. The Eleven Jam 15:00
12. Cosmic Charlie 6:47
Tracks 9-11 recorded live in the studio at Pacific Recording Studio, San Mateo, California, on August 13, 1968
Track 12 recorded live at Avalon Ballroom, San Francisco, California, on January 25, 1969

Tom Constanten - keyboards
Jerry Garcia - guitar, vocals
Mickey Hart - drums, percussion
Bill Kreutzmann - drums, percussion
Phil Lesh - bass guitar, vocals
Ron "Pigpen" McKernan - keyboards, percussion
Bob Weir - guitar, vocals
&
John "Marmaduke" Dawson
Debbie
Peter Grant
Mouse
David Nelson
Wendy


JERRY GARCIA
(Hirsute in Egypt)

HiP HiP HiPPie
Devendra Banhart "What Will We Be" (2009)
ou "Cool"

On connaît Devendra Banhart pour ses débordements freak-folk amusants si parfois un peu redondants ou empesés. C'est dire si on apprécie le cru 2009 du post-hippie le plus capillairement fourni, What Will We Be, son album le plus cool, le plus détendu. A vrai dire, à écouter ces 14 chansons tranquilles d'une pop folk toujours éminemment passéiste (on ne se refait pas), on se dit que Devendra était alors heureux. Et joueur !, comme on l'entend sur les nombreuses petites trouvailles americana, voire carrément latino-américaines, qui peuplent un opus dont, pour une fois, la provenance géographique ensoleillée (What Will We Be a été enregistré au Mexique) s'entend distinctement dans le résultat final.  Après, que Devendra glisse vers les Beatles (il y a quelque chose dans la mélodie soul de Baby par exemple), le Jefferson Airplane (le très psyché 70s Rats) ou pioche dans la folk rock qui l'a tant influencé (l'excellent Goin' Back et son petit violon country), force est de constater que cette détente retrouvée (puisqu'elle caractérisait ses débuts discographiques) va extrêmement bien au teint de l'hirsute. Et tout ça sans changer l'équipe de son précédent opus, Smokey Rolls Down Thunder Canyon, dont tous les musiciens principaux font leur retour sous la direction conjointe du maître de cérémonie et de Paul Butler des rétro-brits de The Bees qui a dû bien aider à la cool transformation. Voilà, What Will We Be est une vraie belle réussite, un album qu'on écoute pour se mettre un petit rayon de soleil dans l'oreille, c'est de saison et chaudement recommandé !

1. Can't Help But Smiling 2:24
2. Angelika 3:23
3. Baby 3:06
4. Goin' Back 3:44
5. First Song for B 3:00
6. Last Song for B 3:02
7. Chin Chin & Muck Muck 5:25
8. 16th & Valencia, Roxy Music 3:00
9. Rats 5:08
10. Maria Lionza 5:51
11. Brindo 3:42
12. Meet Me at Lookout Point 3:40
13. Walilamdzi 2:11
14. Foolin' 2:43

avec
Devendra Banhart
Paul Butler
Noah Georgeson
Greg Rogove
Luckey Remington
Rodrigo Amarante


DEVENDRA BANHART

TRoiS SuR Quatre
The Beatles "Abbey Road" (1969)
ou "Crossroad"

Si on devait décrire Abbey Road en un mot ? Immense !
Mais ce n'est pas assez, ce n'est pas rendre justice à l'immense album (le dernier enregistré par les Beatles même si Let It Be le suivra dans les magasins), la palpitante collection, le parfait ensemble que la magnifique équipe, parce qu'il ne faut oublier ni celui qui vient de rejoindre George et John,  George Martin, plus qu'un producteur, assurément, ni Billy Preston venu glisser son Hammond sur deux titres, et pas des moindres !, le Something de George Harrison et le I Want You (She's So Heavy) de Lennon.
Musicalement, c'est comme un Double Blanc qui aurait trouvé une cohérence, aurait resserré sa tracklist à l'essentiel. Ho, bien sûr, on pourra démettre certaines compositions plus légères que la moyenne (le Maxwell's Silver Hammer de McCartney, l'Octopus Garden de Ringo, aussi compositeur et pianiste sur le coup !) mais, d'une, on a besoin de légèreté, de deux, c'est si bien troussé, si fun et frais qu'on ne peut décemment qu'y prendre un immense plaisir. Une autre supposée faiblesse dans la cuirasse ? Oh! Darling (McCartney encore) et ses flaveurs de rock 50s, mais lui aussi est bon, très bon. A part ça, Abbey Road est une Rolls ! Come Together dont on ne se lasse pas, Something qui fera le bonheur de Sinatra mais jamais autant que celui de George, I Want You (She's So Heavy)Lennon trippe et hard-rocke à la fois, Here Comes the Sun ou le triomphe ensoleillé de Cool Georgie, un compositeur trop souvent mésestimé. Et la suite !, cette fantastique suite fomentée par McCartney et Martin à la barre des précieux arrangements et savants enchainements... Un paradis pop, ni plus ni moins.
Qu'on ne s'étonne pas, aujourd'hui encore, du persistant succès des Beatles, de Rubber Soul à Sgt. Pepper, du White Album à ce divin Abbey Road, pour ne citer que les plus marquants, les plus historiques, il ont presque tout inventé, ou transcendé ce qu'ils avaient recyclé d'ailleurs (on a le droit de recycler, ça s'appelle avoir des influences). Ha ! Et la version remasterisée, juste l'album dans sa grâce originelle, est parfaite ! Abbey Road ? Si tu ne l'as pas, tu as raté ta vie !

1. Come Together 4:20
2. Something 3:03
3. Maxwell's Silver Hammer 3:27
4. Oh! Darling 3:26
5. Octopus's Garden 2:51
6. I Want You (She's So Heavy) 7:47
7. Here Comes the Sun 3:05
8. Because 2:45
9. You Never Give Me Your Money 4:02
10. Sun King 2:26
11. Mean Mr. Mustard 1:06
12. Polythene Pam 1:12
13. She Came in Through the Bathroom Window 1:57
14. Golden Slumbers 1:31
15. Carry That Weight 1:36
16. The End 2:05
17. Her Majesty 0:23

John Lennon – lead, harmony and background vocals; lead and rhythm guitars; acoustic and electric pianos, Hammond organ and Moog synthesizer; white noise generator and sound effects; percussion
Paul McCartney – lead, harmony and background vocals; lead, rhythm and bass guitars; acoustic and electric pianos, Hammond organ and Moog synthesizer; sound effects; wind chimes, handclaps and percussion
George Harrison – harmony and background vocals; lead, rhythm and bass guitars; Hammond organ, harmonium and Moog synthesizer; handclaps and percussion; lead vocals (on "Something" and "Here Comes the Sun")
Ringo Starr – drums and percussion; background vocals; lead vocals (on "Octopus's Garden")
&
George Martin – piano, harpsichord, organ and harmonium; percussion
Billy Preston – Hammond organ (on "Something" and "I Want You (She's So Heavy)")
Mal Evans – "anvil" (on "Maxwell's Silver Hammer")

THE BEATLES
(trois belles barbes !)

PoiLS à GeoRGe!
Funkadelic "Funkadelic" (1970)
ou "Under the Sign of P"

Dès ce premier opus, le funk si particulier de la bande de George Clinton, ce machin qui barre en jam à qui-mieux-mieux, groove plus salace qu'autrui, fait de la musique fondamentalement noire mais avec un twist blanc qui en fait le parfait pont entre deux mondes, est déjà là. C'est évident dès la piste introductrice de l'opus, Mommy What's a Funkadelic?, et ses neuf minutes où l'humour si immédiatement reconnaissable du barbu dreadlocké multicolore, un irrésistible groove entre blues psychédélique et soul progressive, des voix multiples qui viennent et repartent, et ces guitares trippantes et émotionnelles (merci Eddie Hazel !) ne font pas exactement une chanson mais un excellent "flow" ,et une sacrée expérience gigoto-sudatoire pour l'auditeur, qui deviendra la trademark de ces allumés notoires. La suite confirme cet originel état de fait avec 6 autres excellentes sélections plus ou moins taillées sur le même modèle (allez, on accordera que Music for My Mother est un plus "chanson" et I Got a Thing plus ramassé et furieusement fusion que la moyenne) confirmant que la black music aussi peut emmener loin, haut et fort dans des panoramas chamarrés et extraterrestres quand elle est habitée par une telle tribu qui n'a rien à envier à ses petits camarades à la peau pale. Excellente introduction du "groupe" (plus un collectif protéiforme en fait) à la face du monde à l'époque, toujours une des plus belles pièces de leur catalogue aujourd'hui, Funkadelic, l'album, est chaudement recommandé, et encore un peu plus que ça dans son excellente réédition généreusement bonussée.

1. Mommy, What's a Funkadelic? 9:04
2. I Bet You 6:10
3. Music for My Mother 5:37
4. I Got a Thing, You Got a Thing, Everybody's Got a Thing 3:52
5. Good Old Music 7:59
6. Qualify and Satisfy 6:15
7. What Is Soul 7:40
Bonus
8. Can't Shake It Loose 2:28
9. I Bet You 4:10
10. Music for My Mother 5:17
11. As Good as I Can Feel 2:31
12. Open Our Eyes 3:58
13. Qualify and Satisfy (45 version) 3:00
14. Music for My Mother (Instrumental 45 version) 6:14

Funkadelic
Eddie Hazel - lead guitar, vocals on "Mommy, What's a Funkadelic?" and "I Bet You"
Lucius "Tawl" Ross - rhythm guitar, vocals on "Music for My Mother"
Ramon "Tiki" Fulwood - drums on "Mommy, What's a Funkadelic?", "I Bet You", "I Got a Thing", "Good Old Music", and "Qualify and Satisfy"
Billy "Bass" Nelson - bass guitar on "Mommy, What's a Funkadelic?" and "I Got a Thing"; vocals on "Mommy, What's a Funkadelic?" and "Music for My Mother"
Mickey Atkins - Hammond organ on "Mommy, What's a Funkadelic?"
The Parliaments
George Clinton - lead vocals on "Mommy, What's a Funkadelic?" and "What Is Soul"
Clarence "Fuzzy" Haskins - lead vocals on "I Got a Thing"; vocals on "I Bet You"
Calvin Simon - lead vocals on "Qualify and Satisfy"; vocals on "I Bet You"
Ray Davis - vocals on "I Bet You"
Grady Thomas - vocals on "I Bet You"
&
Ray Monette
- guitar on "I Got a Thing"
Bob Babbitt - bass guitar on "I Bet You"
Bernie Worrell - Hammond organ on "I Got a Thing"
Earl Van Dyke - Hammond organ on "I Bet You"
Brad Innis - drums on "Music for My Mother"
Gasper Lawal - conga on "Music for My Mother"
Herb Sparkman - lead vocals on "Music for My Mother"
Additional vocals by Hot Buttered Soul.
Produced by George Clinton

GEORGE CLINTON
(...plus tard)

LaST BeaRD
The Doors "L.A. Woman" (1971)
ou "Un dernier Jim et puis s'en va"

Cela va sans dire mais il ne coûte rien de le rappeler, L.A. Woman, ultime opus des (vrais) Doors, avec Morrison donc, barbu pour la circonstance, est un exceptionnel album où, pour la dernière fois, un des groupes les plus importants de la seconde moitié des années soixante délivre une performance ô combien recommandable en se repliant, à quelques exceptions près, sur les bases blues qui les virent débuter en 1965.
Et les classiques n'y manquent pas ! D'un Changeling bluesy et entrainant à souhait au jazzy, psychédélique et habité Riders on the Storm, descendant non-officiel de The End diront certains, les raisons de s'enthousiasmer pour le répertoire, et donc de se désespérer de son caractère final, sont aussi nombreuses que le nombre de pistes. Il faut dire que les Doors, séparés de leur producteur historique, Paul A. Rothchild, se sont ici épris d'une liberté nouvellement acquise et se laissent aller à simplement jouer ce qui leur fait envie en ne se souciant que peu (voire pas) de répercussions commerciales que ceci aura. Précisons aussi qu'enregistré live en studio, à l'exception de quelques overdubs de claviers, l'album s'offre sans fard, dans le plus simple appareil musical... Et qu'est-ce que c'est bon !
Ceci dit, le sel de cette édition 40ème anniversaire, s'il vaut pour l'album d'origine ici joliment remastérisé (à partir du mix de 1971), tient aussi dans les nombreuses outtakes et quelques raretés du Cd, matériau inédit à destination de ceux qui en veulent toujours plus et qui, pour le coup, ont largement de quoi se réjouir. En l'occurrence, si les versions ne sont pas dramatiquement différentes de celles qui finiront sur l'album, elles permettent d'entendre les Doors tester d'autres configurations, des idées qui ne seront finalement pas retenues et qui valent autant pour leur valeur musicale qu'historique permettant à l'auditeur de mieux comprendre le processus créatif d'un groupe hors du commun et d'apprécier comme il se doit leurs dernières sessions.
En résumé, chaudement conseillé à ceux qui n'auraient encore eu l'avantage d'y poser l'oreille, L.A. Woman 40th Anniversary Edition, attirera aussi ceux qui l'ont usé à force de trop l'écouter. Un album indispensable à quiconque aime le rock.

CD 1
1. The Changeling 4:21
2. Love Her Madly 3:20
3. Been Down So Long 4:41
4. Cars Hiss by My Window 4:12
5. L.A. Woman 7:49
6. L'America 4:37
7. Hyacinth House 3:11
8. Crawling King Snake 5:00
9. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) 4:16
10. Riders on the Storm 7:09

CD 2
1. The Changeling (Alternate Version) 4:45
2. Love Her Madly (Alternate Version) 3:59
3. Cars Hiss by My Window (Alternate Version) 4:42
4. L.A. Woman (Alternate Version) 8:50
5. The WASP (Texas Radio and the Big Beat) (Alternate Version) 5:37
6. Been Down So Long (Alternate Version) 4:53
7. Riders on the Storm (Alternate Version) 9:11
8. She Smells So Nice 4:41
9. Rock Me 4:30

Jim Morrison: chant
Bobby Krieger: guitare
Ray Manzarek: piano, orgue
John Densmore: batterie
&
Jerry Scheff
: basse
Marc Benno: guitare rythmique

JES... heu, non,
JIM MORRISON

BaRBoPéDieS
Erik Satie "Best of Satie" (1993)
ou "This Is Satie"

Si vous ne connaissez pas Satie, enfin, sauf ce que vous en avez capté à la télévision sans bien savoir de quoi il s'agissait, vous verrez, vous en retrouverez ici, cette judicieuse compilation est un excellent point d'entrée. Alors, certes, de sa pochette un peu cheap (et assez moche, revue et corrigée sur la réédition de 2008 à l'ordre également des piste également chamboulé), elle n'est pas forcément très engageante mais, croyez-moi, si le flacon est médiocre, le nectar est de tout premier cru. Dans le détail, on retrouve les tubes de Satie, des 3 Gymnopédies à la 3ème Gnossienne, des Morceaux en Forme de Poire à Jack in the Box, autant de preuves de la finesse d'un compositeur impressionniste et émotionnel à l'humour un poil dadaïste, un homme qui a un petit éclat dans l'œil qui s'entend dans sa musique. Evidemment, comme la musique classique n'est pas exactement une musique "populaire", à côté des tubes on trouve des choses plus obscures (pour les néophytes) mais également réjouissantes. Pour l'exemple, on citera le truculent Allons-y, Chochotte vocalisé par le baryton Gabriel Bacquier ou l'orchestral Parade démontrant, s'il en était besoin, que Monsieur Satie s'y entendait aussi dans les poèmes symphoniques post-romantiques, superbe ! Bref, si Best of Satie, une compilation qu'on trouve facilement "à pas cher", ne sera d'aucun intérêt pour le spécialiste qui connaît sans doute de chaque œuvre du maître des versions encore plus réussies, c'est un outil utile et intelligemment agencé au monde si particulier d'Erik Satie. Recommandé.

3 Gymnopédies
1. N°1 Lent Et Douloureux  3:00 
2. N°2 Lent Et Triste  2:20 
3. N°3 Lent Et Grave  2:09 
4. Le Picadilly, Marche  1:20 
3 Morceaux En Forme De Poire, À 4 Mains
5. Manière De Commencement  2:19 
6. Prolongation Du Même  0:52 
7. I-Lentement  1:20 
8. II-Brutal  2:23 
9. III-Brutal  1:58 
10. En Plus  1:40 
11. Redite  1:23 
12. 3ème Gnossienne  2:44 
13. Allons-y, Chochotte  4:07 
Peccadilles Importunes
14. I-Être Jaloux De Son Camarade Qui A Une Grosse Tête  1:32 
15. II-Lui Manger Sa Tartine  1:47 
16. III-Profiter De Ce Qu'Il A Des Cors Aux Pieds Pour Lui Prendre Son Cerceau  0:37 
17. Je Te Veux, Valse Chantée  4:43 
La Belle Excentrique, Fantaisie Sérieuse Pour Piano À 4 Mains
18. I-Grande Ritournelle  1:36 
19. II-Marche Franco-Lunaire  1:20 
20. III-Valse Du "Mystérieux Baiser Dans L'Oeil"  1:38 
21. IV-Can-Can Grand Mondain 1:34 
22. La Diva De L'Empire, Intermezzo Américain 2:31 
Choses Vues À Droite Et À Gauche (Sans Lunettes)
23. Choral Hypocrite  1:03 
24. Fugue À Tatons  1:37 
25. Fantaisie Musculaire  1:27 
26. Daphénéo  1:50 
Jack In The Box
27. I-Prélude  2:20 
28. II-Entracte  2:00 
29. III-Finale  2:14 
30. Les Pantins Dansent  2:10 
31. Parade  15:38 

Aldo Ciccolini - piano (1-3, 5-11, 13, 17-23, 25-30)
Orchestre du Capitol de Toulouse, direction André Plasson (4, 12)
Gabriel Bacquier - baryton (13)
Pierre Lanlau - guitare (14-16)
Nicolas Gedda - ténor (17)
Mady Mesplé - soprano (22, 26)
Yan-Pascal Torteller - violon (23-25)
Orchestre de l'Association des Concerts Lamoureux (30)
Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire (31)

ERIK SATIE

SaGe-BaRBe
Camille Saint-Saëns "Le Carnaval des Animaux" (2003)
ou "Classique amusant"

Du classique amusant ? Du qu'on peut proposer à nos "chères têtes blondes" comme apprécier à la maison de retraite ? Le Carnaval des Animaux de Camille Saint-Saëns, évidemment ! Et pourquoi pas dans cette version du Septuor Fantaisie des frères Capuçon, Gautier le celliste et Renaud au violon ? Nostalgie oblige, parce que c'est la version de mon enfance et qu'elle demeurera donc forcément irremplaçable, j'aurais pu opter pour la version avec le récitatif de Claude Piéplu d'un excellent texte de Francis Blanche (que je recommande en complément du présent), mais la musique du maître, un homme à l'air austère avec sa barbe bien taillée et son costume bien coupée, se suffisant à elle-même, pleine de fantaisie et d'humour qu'elle est, ce que Saint-Saëns était, aussi, est ici impeccablement interprétée, et n'a pas besoin de ce certes brillant artifice l'empesant de mots fondamentalement inutiles pour illustrer une musique aussi expressive. Et puis la présente version propose également un programme complémentaire à la courte œuvre (22 minutes et quelques secondes) avec une virevoltante Fantaisie pour Violon et Harpe (excellent duo de Marie-Pierre Langlamet et Renaud Capuçon), trois belles compositions émotionnelles pour violoncelle et piano (Gautier Capuçon et Frank Braley, respectivement) avant un final en beauté orchestrale de chambre avec un Septuor plein de finesse et de maîtrise où la trompette (pourtant pas mon instrument préféré dans la musique classique), instrument soliste ici, trouve sa juste place par la belle interprétation de David Guerrier. Bref, outre l'incontournable Carnaval, c'est un excellent programme introductif à l'œuvre de Saint-Saëns qui est proposé, idéal pour le néophyte et pas inutile pour le spécialiste pour autant.

Le Carnaval Des Animaux 
1. Introduction Et Marche Royale Du Lion  2:08
2. Poules Et Coqs  0:43
3. Hémiones (Animaux Véloces)  0:36
4. Tortues  2:00
5. L'Éléfant  1:32
6. Kangourous  0:53
7. Aquarium  2:23
8. Personnages À Longues Oreilles  0:45
9. Le Coucou Au Fond Des Bois  2:33
10. Volière  1:07
11. Pianistes  1:20
12. Fossiles  1:16
13. Le Cygne  3:05
14. Final  1:52
15. Fantaisie Pour Violon & Harpe Op. 124  12:45
16. Romance Pour Violoncelle & Piano Op. 36  3:20
17. Prière Pour Violoncelle & Piano Op. 158  5:14
18. "Mon Coeur S'Ouvre À Ta Voix" (Samson Et Dalila)  2:48
Septuor Op. 65
19. I Préambule: Allegro Moderato  4:07
20. II Menuet: Tempo Di Minuetto Moderato  4:09
21. III Intermède: Andante  4:12
22. IV Gavotte & Final: Allegro Ma Non Troppo  3:36
(la première partie du Carnaval des Animaux avec Claude Piéplu en extrait)

Cello – Gautier Capuçon (tracks: 1-14,16-22)
Clarinet – Paul Meyer (tracks: 1-14)
Double Bass – Janne Saksala (tracks: 1-14,19-22)
Flute – Emmanuel Pahud (tracks: 1-14)
Harp – Marie-Pierre Langlamet (tracks: 15)
Percussion – Florent Jodelet (tracks: 1-14)
Piano – Frank Braley (tracks: 1-14,16-22), Michel Dalberto (tracks: 1-14)
Trumpet – David Guerrier (tracks: 19-22)
Viola – Béatrice Muthelet (tracks: 1-14,19-22)
Violin – Esther Hoppe (tracks: 1-14,19-22), Renaud Capuçon (tracks: 1-15,19-22)

CAMILLE SAINT-SAENS

15 commentaires:

  1. La Barbe ! (série en cours, volume 3)

    Grateful Dead "Aoxomoxoa" (1969)
    - http://www86.zippyshare.com/v/94juYEqZ/file.html

    Devendra Banhart "What Will We Be" (2009)
    - http://www86.zippyshare.com/v/zOD5xdUJ/file.html

    The Beatles "Abbey Road" (1969)
    - http://www86.zippyshare.com/v/ehDAYH3r/file.html

    Funkadelic "Funkadelic" (1970)
    - http://www86.zippyshare.com/v/6JEqN91Q/file.html

    The Doors "L.A. Woman" (1971)
    - http://www86.zippyshare.com/v/D4VSjAhP/file.html

    Erik Satie "Best of Satie" (1993)
    - http://www86.zippyshare.com/v/LS98IkDB/file.html

    Camille Saint-Saëns "Le Carnaval des Animaux" (2003)
    - http://www86.zippyshare.com/v/nOkAeGAl/file.html

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  2. Ce qu'on constate, c'est qu'en fait il n'y a pas de groupes avec QUE des barbus !!!

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    1. C'était déjà le cas avec ZZ TOP.
      Enfin, pas tous mais c'est quand même largement "tous poils dehors". ^_^

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  3. Ahh Funkadelic !!!!
    "Maggot Brain" ,de l' album suivant,Un must !!!
    https://www.youtube.com/watch?v=dh3bleXWaCk

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    1. Celui-ci est presque aussi bon, ce n'est pas peu dire ! ^_^

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  4. Une livraison où je connais presque tout, à part ce GD et le Funkadelic.
    GD, il est dans tous les anthologie rock, mais je n'ai jamais attiré par ce côté "trip". J'ai découvert le GD par la petite porte, quand ils ont une écriture plus concise. Du coup, je me sens prête cette fois au grand voyage qu'il propose ici.
    Funkadelic, je connais juste celui que tu as déjà proposé. Donc ça va compléter.

    Satie a eu une vraie influence sur le rock par son approche parfois très "simple". Sa musique me fait toujours penser à Une autre Femme de Woody Allen qui l'avait utilisée.
    Camille St Saens, j'aurais bien aimé découvrir une œuvre moins connu de lui. Il y a un côté quand même un peu récréatif dans ce travail.
    Les Beatles et les Doors, c'est vrai qu'ils ont eu leur période barbue, et pas la moins bonne! Ce Doors, c'est celui vers lequel je retourne le plus facilement. Leur premier est meilleur, mais le systématisme de l'orgue me pèse parfois. Ici, on a une belle unité sonore.
    Pour les Beatles, y a ici des trucs assez ahurissant. Moins je suis toujours sidérée par la modernité de Come together. Et avec I want you, que Noir Désir reprenait, on est à des lustres des gentils Beatles. Là aussi, d'une grande modernité. Puis, il y a ce mille feuille finale que, pour ma part, je n'ai pas immédiatement adoré, je préférais à mes débuts le côté "Lennon" des Beatles. Depuis... Difficile à dire. 9a dépend des humeurs. Ces derniers temps, c'était presque le côté "Harrisson"! ^-^. Comme The Church...

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    1. Bon, déjà, bonnes écoutes du Grateful Dead et du Funkadelic, deux bons gros trips finalement assez complémentaires. Tu me diras...
      Ensuite, oui, il y a une certaine simplicité chez Satie, mais ce n'est pas facile de faire simple et, comme te le diront tous les pianistes, il n'est pas simple de jouer du Satie où l'art de la nuance est essentiel.
      Hé oui, comme beaucoup de réalisateurs, les grands du rock sont souvent meilleurs dans leur période "à barbe". Je suis du même avis que toi sur ces deux albums, LA Woman et Abbey Road, mes favoris de chaque groupe. Et, oui, au fait, chez les Beatles, je les aimes tous, même Ringo !, chacun pour sa raison (Ringo le rigolo, Paul le musicien, John le rebelle, George le spirituel, juste un petit résumé). Du coup, avoir un préféré, ça change tout le temps, sauf que ce n'est jamais Ringo ! ^_^

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    2. Et j'ai oublié Saint-Saëns ! Oui, j'ai fait dans le "tout venant", le nostalgique me concernant, et puis, il y a plus que le Carnaval des Animaux sur ce CD ! ;-)

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    3. Mouais... concernant le Grateful Dead, les chansons sont bonnes mais pour ma part je fais partie de ceux qui sont d'avis qu'ils n'ont jamais donné grand chose d'exceptionnel en studio, comparé à leurs prestations en public. American Beauty et Working Man's Dead n'atteignent pas les sommets des Crosby Stills and co. et ce Aoxomoxoa reste bien "sagegement" psychédélique... Sans aller se fourvoyer dans des Dark Star de 30 minutes chrono, on trouve des concerts d'anthologie qui valent à mon humble avis bien plus le détour. Mais bon, nous sommes donc au moins deux à écouter le Dead sur la blogosphère, je commençais à désespérer...

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    4. Ouais, c'est l'avis général concernant le Dead, on dirait, c'est mieux en live. Sauf que ce n'est pas mon avis et que, à de rares exceptions, les longues jams du Dead ne me font pas tellement d'effet. Tout le contraire de celles de Allman où, reconnaissons-le, les musiciens ont bien plus de ressources pour accomplir de pareils débordements. Enfin, comme tu dis, je suis content de voir que je ne suis pas le seul de la blogosphère française à apprécier ces grands-anciens. ^_^

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    5. Nos avis continuent à diverger, sur deux rives d'un même fleuve, mais je me demande parfois si dans tes réponses un rien vexantes ("c'est l'avis général", ie celui de la plèbe au-dessus de laquelle je m'élève) il n'y a pas une recherche de l'originalité à tout prix. Sinon comment comprendre que ce que tu appelles ici "les longues jams" soit qualifié dans ton propre billet de (je cite) "longs et riches développement habituellement plutôt réservés à leur épiques concerts" au sujet des bonus tracks de la présente édition ? A bon entendeur...

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    6. Non, non et encore non. Franchement, fais comme moi, arrête d'essayer d'analyser ! Originalité à tout prix quand je loue un Bowie comme la multitude, les Kinks comme l'intelligentsia rock, les Beatles comme toute la planète ou presque, Dylan comme tellement de gens (qui ont bien raison d'ailleurs !), etc. Ou alors avoir un avis qui diffère sur un sujet qui rassemble ? J'ai tendance à penser que chacun à son avis et sa perception propre même d'un Toxic de Britney Spears, alors quand on attaque les vrais chefs d'œuvre...
      Pour le sujet que tu évoques, j'ai en effet une appréciation oscillante des trips de Garcia & Co, d'une écoute à l'autre j'adore ou je déteste... Comme j'écris mes billets en écoutant les albums, j'avais adoré cette fois-ci, si j'attaque un autre Dead remasterisé, ça peut changer du tout au tout. Enfin, même quand j'apprécie, comme toi d'ailleurs, j'ai du mal avec les "marathons" à la Dark Star, je ne doute pas, cependant, qu'y être devait être tout autre chose et que les vapeur cannabiques et l'ambiance flower power, tout nus et tout pelotés, n'y était pas pour rien non plus. Bref, à bon [ce que tu veux], mon petit empêcheur de penser en rond chéri ! ^_^

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    7. Meuh je t'aime tant quand tu râles mon Zorny ! Même si t'écoutes Saturday Night Fever au lieu de Dark Star ;o)

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  5. Paulo, glabre et pieds nus.. n'empèche pour plaire à son frère qui voulait se barrer, et pour essayer de rafistoler le bordel en branle, le Paulo il s'est fait barbu sur le toit de leur dernier concert ensemble. Get Back...

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    1. Où il était le seul barbu ! Peut jamais faire comme tout le monde le Macca !

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