mercredi 2 octobre 2013

14ème Etoile

Fish "A Feast of Conséquences" (2013)
ou "Comme un poisson dans l'eau"


Un festin de conséquences, c'est un peu la vie de Fish, loser magnifique qui tutoya les étoiles du temps de Marillion et du début de sa carrière solitaire avant de s'enferrer dans des problèmes légaux, familiaux, physiques, vocaux et, évidemment financiers... N'en jetez plus la coupe est pleine !

Pourtant, à décortiquer sa discographie depuis son départ de l'icone du néoprog, on se rend compte qu'il n'y a pas grand chose à jeter... Un Internal Exile qui voulait trop reproduire la performance d'un Vigil in a Wilderness of Mirrors, première livraison du Poisson en solo, d'une exquise tenue, à l'impossible nul n'est tenu. Un Songs from the Mirror, album de reprise un peu faisandé. Un Suits trop surproduit (quoique le remaster rattrapait bien le coup). Un Fellini Days en berne (mais avec 2/3 excellentes chansons !). Assez peu en fait pour un artiste ayant depuis longtemps décidé d'assumer son indépendance totale (studio, label, etc.) avec les aléas et difficultés que ça sous-entend...

2013. 6 ans après 13th Star, une excellente surprise ceci dit en passant, revoici Derek William Dick avec son 10ème album, A Feast of Conséquences. Rien que ça, c'est une bonne nouvelle. Quand en plus on considère les 11 titres (ou 7 si on entend la suite The High Wood comme une seule chanson) et la qualité moyenne d'iceux, on chavire de bonheur.

Côté line-up, pas de surprise. Robin Boult a remplacé Frank Usher, jeu de chaises musicales qui dure, qui dure..., le claviériste Foss Patterson, le batteur Gavin Griffiths, le bassiste, et directeur musical depuis 13th Star, Steve Vantsis et même le metteur-en-son Calum Malcolm ont été reconduits. C'est donc un Fish "comme un poisson dans l'eau" qu'on retrouve. Evidemment, à 55 ans, avec tous ses excès mais aussi l'usure d'avoir jadis chanté dans un registre dépassant sa tonalité naturelle, Fish n'a plus la voix du furieux leader qui, de 1982 à 1988, fit le boulot chez Marillion, la voix a changé, est descendue de quelques tons. C'est un fait acquis et, à vrai dire, une transition dans la durée qui s'est faite sans drame pour une destination finalement attrayante. Aussi, la qualité de mélodiste et de parolier de cet imposant géant (2m03), incapable de jouer de quelque instrument que ce soit, n'est pas ici démentie. Autre bonne nouvelle.

Stylistiquement, Fish ne tente plus de défricher de nouveaux territoires, de se réinventer, il se contente de faire ce qu'il fait si bien depuis si longtemps : un progressif parfois celtisant et toujours rock où son talent de conteur/hâbleur fait merveille. Et donc A Feast of Consequences offre les habituels jalons des albums poissonneux avec, dès le lancement de l'opération un Perfume River, baobab de quelques 11 minutes au lent mais si efficient décollage qui rappellera à ceux qui ont suivi la carrière du grand écossais les heures glorieuses de Vigil in a Wilderness of Mirrors ou Sunsets on Empire, deux albums essentiels de son répertoire, ceci dit en passant. La suite ne démentira jamais le classicisme d'un opus que, nul doute, les mauvais-esprits démettront comme œuvre routinière quand elle est simplement confortable et, surtout !, redoutablement bien troussée. Et ce ne sont pas les rockers efficaces, mélodiques et bien sentis (All Loved Up, A Feast of Conséquences), la jolie ballade acoustique (Blind to the Beautiful) qui viendront démentir ce bienheureux état de fait, pas plus que la suite The High Wood qui, 28 minutes durant, permet à Fish de nous entrainer du côté des fantômes et des horreurs de la première guerre mondiale mais, aussi, de rappeler que le rock progressif (au sens large chez le Poisson, toujours), et sa portée forcément théâtrale, ben oui, c'est encore son dada et qu'il l'assume (avec beaucoup plus de grâce et de tranquillité que ses anciens partenaires, d'ailleurs) pour un résultat ô combien satisfaisant. Deux autres morceaux s'ajoutent enfin pour un final en beauté (le bel introspectif The Other Side of Me et le progressif si typiquement Fishien The Great Unraveling) histoire d'enfoncer encore un peu plus le clou et de prouver, s'il en était encore besoin, que l'ex-Marillion n'a décidément rien perdu de sa superbe en 2013 ce qu'hélas trop peu de gens auront la chance de constater étant donné le peu de portée commerciale d'une carrière et d'un artiste qui méritaient définitivement mieux, plus.

A Feast of Conséquences ? 67 minutes de bonheur pour tous ceux qui apprécient leur prog' moderne mais pas trop, toujours mélodique, habité de paroles intelligentes et de ce petit supplément d'âme qui fait la différence.


1. Perfume River 10:58
2. All Loved Up 5:07
3. Blind to the Beautiful 5:12
4. A Feast of Consequences 4:29
The High Wood
   5. [i] High Wood 5:26
   6. [ii] Crucifix Corner 7:25
   7. [iii] The Gathering 4:30
   8. [iv] Thistle Alley 6:08
   9. [v] The Leaving 4:59
10. The Other Side of Me 6:08
11. The Great Unraveling 6:31


Fish - vocals
Steve Vantsis - bass, synths & strings pads, programming, loops, treated electric guitar
Robin Boult - electric & acoustic guitar, guitar effects pad, drum loops
Foss Patterson - piano, organ, synth pads, backing vocals
Gavin Griffiths - drums, percussion
&
Elisabeth Troy Antwi - backing vocals
Adam O'Rourke - violin (3, 10)
John Sampson - trumpet (7)
Finlay Hetherington - flugelhorn (7)
Fiona Lund - Trombone (7)
Stuart Watson - Tuba (7)
Giosla Loboda - first violin (5, 9, 11)
Alina-Lin Merx-Jong - second violin (5, 9, 11)
Linda Slackhorst-Custers - viola (5, 9, 11)
Tanja Derwahl - cello (5, 9, 11)
Egbert Derix - string arrangements (5, 9, 11)
Calum Malcolm - Production

7 commentaires:

  1. Le Poisson Ecossais nous a sorti un très bel album !
    Peut-être son meilleur depuis Internal Exile ou Sunsets of Empire !! (ça remonte loin !) ; pas que ceux d'après étaient mauvais mais on y trouvait souvent des titres passables alors que sur ce dernier opus il n'y a rien à jeter !
    Vivement son concert au Divan du Monde (04/11) pour ceux que ça intéresse !

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    1. Son meilleur depuis Sunset, on nous fait le coup à chaque nouvel album ! Voyons ce qu'il adviendra, temps passant, de ce festin de conséquences...
      Et vivement le 4/11 !

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  2. Justement en train de l' écouter en surfant un peu sur les blogs musicaux et je tombe comme par hasard sur ta chronique ;)
    Je suis tout a fait d'accord avec toi c' est un album très agréable a écouter

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  3. J'ai toujours mordu à l' hameçon du Fish, quel que soit l'album, et ce petit dernier a tout du grand! Plutôt bien troussé, et portant bien l'habit. J'aime par dessus tout sa voix, et si ses arrangements sont connus à l'avance, l'ensemble me plait toujours autant. Quels sont les meilleurs, je m'en moque, j'écoute et j'aime, alors après, on peut pinailler sur tel ou tel, il y a une marque, une empreinte, et c'est à ça que j'adhère. Dick (pas le rivers) a su trouver sa voie sans rien renier, et toujours avec un seuil de qualité qui peut en faire pâlir bien d'autres! Alors lequel est....

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    1. Si vous en voulez plus, zieutez par là:
      h**p://uploaded.net/f/af7n6h


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    2. C'est connu d'avance mais pas totalement sans surprises... Du très très bon boulot pour un des tous meilleurs albums de 2013.

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