mardi 3 décembre 2013

Retour sur...

Je vous ai proposé, hier, l'album de leur retour, voici venu le temps de l'album qui fit frémir leur réputation au point de les voir catalogués comme la next big thing par quelques scribouillards s'illusionnant sur la qualité des connections neuronales du vagissant public indie rock. Pourtant, quel album, quel groupe ! Re-voici donc The Dismemberment Plan !

The Dismemberment Plan "Emergency & I" (1999)
ou "Trésor caché"


Originaires de Washington DC et membres à part entière de la scène "Art-Punk" de cette ville, signés sur le label des ex-Jawbox Kim Coletta et Bill Bardot, produits par l'autre ex-Jawbox J Robbins... Tout porte à croire que The Dismemberment Plan fait dans l'agression sonique de type « qui crie et qui va vite ». Oui...et non.

Déjà parce que la caractéristique de base de la scène de DC est d'avoir mis de la matière grise dans son hardcore-punk. Le temps des furieux batifolages binaires de Minor Threat, Government Issue ou Youth Brigade est depuis longtemps passé. Fugazi (avec l'ex-Minor Threat Ian McKaye en étendard), Jawbox ou Smart Went Crazy ont depuis longtemps revitalisé la formule lui offrant des circonvolutions et développements flirtant même avec l'esprit du rock progressif !

C'est bien dans cette tradition de qualité et d'aventurisme que The Dismemberment Plan s'inscrit tout en conservant une identité à part. C'est encore plus flagrant sur leur 3ème album, Emergency & I, déjà, dans la composition même du groupe, où on aperçoit que ses membres ont - pour la première fois - eu massivement recours aux claviers. Ca se confirme d'ailleurs dans le son où des parties malines de synthétiseur viennent enrichir les compositions anguleuses de Morrison & Cie. Le quatuor pousse même le bouchon jusqu'à enregistrer une chanson de synthpop (un poil paranoïde, faut pas déconner non plus) avec le savoureux You Are Invited. Ensuite, c'est dans l'approche même du format chanson que TDP se démarque de ses petits camarades : si ils ne crachent pas sur l'enchaînement classique couplets/refrains, ils savent aussi y ajouter leur touche à eux, une façon de déstructurer la pop qui n'est pas si éloignée de certains morceaux des jeunes XTC. C'est justement cette étonnante qualité qui fit de TDP un groupe qui, malgré les louanges d'une poignée de fervents adorateurs, ne trouva jamais vraiment sa place. Trop pop et prog pour les purs hardcoreux, trop bizarres et abstraits pour une audience plus mainstream, TDP n'aura hélas pas marqué grand monde mais ceux qui le furent le furent profondément et indélébilement.

Des 12 morceaux qui composent Emergency & I, aucun n'est ne serait-ce que moyen. Cet album - comme son successeur (Change) d'ailleurs - est une impeccable et implacable collection de brulots à la fois psychotiques et amusants. Cette musique, cependant, ne s'apprivoise pas en l'écoutant distraitement, elle demande un minimum d'investissement et d'attention de l'auditeur qui, ce faisant, sera largement repayé de son effort et y découvrira du prog, du ska, du funk, du punk, de la new wave, de la synth pop passés à la moulinette d'un quatuor d'exception mené par un chanteur au falsetto attachant.

Pour conclure sur une petite note personnelle, je préciserais que cet album - que j'ai évidemment beaucoup fait écouter autour de moi - a généralement été très favorablement accueilli et ce par des gens aux univers et goûts musicaux très éloignés les uns des autres. Aussi me plait-il de penser que c'est plus par un abasourdissant manque de chance que par une quelconque absence de talent que The Dismemberment Plan ne sont pas, aujourd'hui, des stars mondiales du calibre de Pearl Jam (grands fans d'iceux, d'ailleurs) ou System of a Down comme ils mériteraient de l'être. Aussi est-ce avec un immense plaisir que je vous livre cet album qui, bien qu'écouté à de très très nombreuses reprises, n'arrive toujours pas à me lasser. Je vous le promets, ça n'arrive pas si souvent.


Eric Axelson: bass, keyboards
Jason Caddell: guitar, keyboards
Joe Easley: drums
Travis Morrison: vocals, guitar, keyboards
Produced by J Robbins


1. A Life of Possibilities 4:34
2. Memory Machine 2:43
3. What Do You Want Me to Say? 4:18
4. Spider in the Snow 3:50
5. The Jitters 4:19
6. I Love a Magician 2:38
7. You Are Invited 4:52
8. Gyroscope 2:29
9. The City 4:26
10. Girl O' Clock 2:54
11. 8œ Minutes 2:57
12. Back and Forth 5:07

.Recyclé de la Caverne d'Ali Baba.

6 commentaires:

  1. Eh ben ces morceaux me plaisent beaucoup plus ! Je vais écouter tout ça à fond, j'apprécierais peut être mieux leur retour après. Merci pour le tuyau !

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    1. Et puis c'est toujours sympa de parler des jeunes XTC, hein ? ;)

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    2. Prochaine étape : Change !
      Et tu as raison, on ne parle jamais assez d'XTC.

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  2. Je me souviens qu'à l'époque, les critiques que j'avais lues étaient très élogieuses...il y a de bonnes idées, c'est indéniablement frais et destructuré mais j'ai du mal avec le chant qui fait trop teenager US et ça me gâche un peu tout.

    Du coup, je suis curieux d'écouter celui de 2013 si vous dites que le chanteur est privé de ses "vocalises psychotiques d'antan" ;)

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    1. La seule critique élogieuse que j'en avais lu était dans Rock Sound où un journaliste dont je ne me souviens plus du nom défendait passionnément la scène indie post-hardcore américaine. Perso, j'adore le chant mais bon, les gouts et les couleurs, hein.

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  3. J'ai en mémoire en particulier une critique sur l'excellent webzine Guts of Darkness (http://www.gutsofdarkness.com/god/objet.php?objet=3619)

    Anyway, merci de m'avoir fait penser à les réécouter !

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