lundi 16 novembre 2015

Oh!, to be an english youth and love music in the 90s (Pt. 2/2)

Les morts ne changent rien à l'affaire et reprendre une vie normale sera, pour tous, une manière de montrer au monstres qui ont sévi que nous ne renoncerons pas à ce que nous sommes, êtres libres et fiers prêts à combattre l'ignominie destructrice qui vient de frapper Paris et Saint Denis. Et donc, suite de la série consacrée à la musique qui affolait les jeunes britanniques lors de très intéressantes années 90. Enjoie.

1995
Supergrass "I Should Coco"
ou "BritFun"

Trois petits jeunes à peine sortis de l'adolescences qui aiment les Kinks et les Who, les Buzzcocks, the Jam, faire parler l'électricité et s'amuser comme des petits fous... C'est Supergrass, et sur I Should Coco surtout, premier opus brut de décoffrage et fun, très fun.
De fait, c'est un départ en fanfare pour un power trio augmenté (on n'oublie évidemment pas Rob, le frère de Gaz, et ses claviers) qui joue pied au plancher une pop rock énergétique et infectieuse à laquelle il est virtuellement impossible de résister. Bien-sûr, il y a ce single imparable en tête de gondole (Alright) mais, en vérité, c'est tout l'album qui est une déclaration d'intention pleine de sève et d'électricité.
Et donc les chansons, parce que c'est essentiel, les chansons, avec, pour commencer, une salve power-pop rondement menée (I'd Like to Know) qui annonce monts et merveilles pour la suite et, de fait, ne trompe pas son monde parce que d'un exercice de punk mélodique "britpopisé" (Caught in a Fuzz) à une "Kinkerie" période Arthur de compétition (Sofa (of My Lethargy)) en passant par une freak-folkerie inattendue (We're Not Supposed) et le reste d'une sélection de chansons si parfaitement troussées et pleines d'allant qu'on n'en citera aucune en particulier (elles valent toutes le détour), Supergrass en impose se moquant totalement de ce qui est cool ou ne l'est pas apportant, du coup, un salvateur coup de frais à une scène et un genre qui commençait sérieusement à se scléroser à force de se regarder le nombril, problème qui ne se pose pas avec trois jeunes poussent qui assument un héritage qu'ils savent, donc, faire leur et même magnifier.
Comme en plus la mise en son, rien d'exceptionnel en soi mais une belle puissance et clarté, offre l'écrin idéal pour de telles exactions il n'en faut pas plus pour conseiller sans la moindre réserve l'opus débutant d'un Supergrass qui confirmera bientôt tout le bien qu'on pensait déjà de lui. Bravo.

1. I'd Like to Know 4:02
2. Caught by the Fuzz 2:16
3. Mansize Rooster 2:34
4. Alright 3:01
5. Lose It 2:37
6. Lenny 2:42
7. Strange Ones 4:19
8. Sitting Up Straight 2:20
9. She's So Loose 2:59
10. We're Not Supposed To 2:03
11. Time 3:10
12. Sofa (of My Lethargy) 6:18
13. Time to Go 1:56

Gaz Coombes – vocals, guitar
Danny Goffey – drums, backing vocals
Mick Quinn – bass guitar, backing vocals
&
Rob Coombes – keyboards
Sam Williams – bass on "Sofa (Of My Lethargy)"

SUPERGRASS

BoNuS 'eN BReF'
Black Grape "It's Great When You're Straight... Yeah"
ou "Shaun of the Dance"

Sorti de Happy Mondays séparés en de chaotiques circonstances, tout le monde pensait que Shaun Ryder allait plus squatter les faits divers que les scènes et les studios, et puis Black Grape et une belle revanche pour le déjanté mancunien.
Revanche parce que, en substance, Black Grape ce sont les Happy Mondays en mieux, un rock indépendant lardé de groove, de pop-hooks infectieux et d'humour un poil potache, parce que tout ça n'est pas sérieux même si c'est fait avec une extrême application, comparable à ce que les maschesteriens produisirent à la fin des 80s et au début des 90s sauf que les instrumentistes y sont meilleurs (et Shaun bien secondé par un rappeur, Kermit, du meilleur effet), moins limités et audiblement moins coincés dans un schéma contraignant. Du coup, c'est un Ryder survitaminé qu'on y entend sur une collection de chansons, de Reverend Black Grape à Tramazi Parti en passant par In the Name of the Father ou Shake Your Money (pour ne citer qu'eux), qui donne une sérieuse envie de secouer du popotin un large sourire aux lèvres.
It's Great When Your Straight chantait Ryder, hélas le tour de force ne durera pas et le groupe se séparera après un second opus ne parvenant pas à reproduire l'exploit (Stupid, Stupid, Stupid). Reste cet opus très réussi, ce n'est déjà pas si mal pour un gars dont on n'attendait à priori plus rien, musicalement. Chaudement recommandé

1. Reverend Black Grape 5:12
2. In the Name of the Father 4:21
3. Tramazi Parti 4:45
4. Kelly's Heroes 4:22
5. Yeah Yeah Brother 4:10
6. A Big Day in the North 4:10
7. Shake Well Before Opening 5:40
8. Submarine 3:50
9. Shake Your Money 4:13
10. Little Bob 5:33

Shaun Ryder - vocals
Kermit - vocals
Psycho - vocals
Helen Vigneau - backing vocals
Paul "Wags" Wagstaff - guitar
Anthony Guarderas - bass
Ged Lynch - drums, percussion
Danny Saber - guitars, bass, keyboards, hammond organ, programming, mixing, engineering, production
Stephen Lironi - keyboards, hammond organ, slide guitar, programming, production
Martin Slattery - saxophone
Michael Scherchen - programming, engineering
Bez - vibes/dance

BLACK GRAPE

1996
Archive "Londinium"
ou "Space-Hop"

Premier album d'Archive, groupe désormais bien installé mais débarquant alors de nulle part (Londres) avec leur version d'une musique alors extrêmement populaire (le trip-hop), Londinium demeure l'album à part de leur discographie comme va nous l'évoquer Myger de chez XSilence.net :
"Londinium... c'est incroyable mais à la première écoute dans la voiture j'ai été une nouvelle fois surpris, chamboulé, choqué presque du mélange de style du cd, j'ai repéré illico : classique avec un FABULEUX violon, un on parfait, idyllique, pur, magnifique, incroyable j'en passe et des meilleur; trip-hop bien évidemment; et (???) rap... et oui il y a des passages de rap dans cet album. C'est la que j'ai douté, j'ai mes vieux principes comme tout le monde, alors j'ai eu un pincement au cœur, comme si ces passages enlevait la beauté des morceaux, enlevait au charme d'un album qui, au premier abord, est peu être banal...
Mais mais mais, et oui, j'ai réécouté l'album bien au chaud dans ma petite maison, et c'est la que j'ai compris que tous ces mélanges formaient une unité incroyable, l'un ne pouvant pas vivre sans l'autre. Sans la chanteuse le disque aurait été moins mélancolique, sans le chanteur (rappeur) le disque aurait été moins original moins approfondi, sans ce violon le disque n'aurait eu ce son magistralement pur et n'aurait pas atteint la perfection... sans l'inventivité géniale du noyau du groupe qui avec toutes sortes de rythme assez sensationnels, Londinium n'aurait pas atteint ce que j'appelle cette perfection absolue (Je pèse mes mots).
Quand j'écoute le cd, j'ai l'impression qu'il remet en cause mon existence, j'ai l'impression d'avoir entendu ces titres dans une vie antérieur, ce sont des airs en parfaits accords avec moi même (je sais ça veut rien dire).
Ces sonorités si pures, le refus d'un simplicité qui n'aurait pas donné tout ce charme, et l'immense ouverture de tous les morceaux permet de l'apprécié encore plus et de se demander comment des personnes peuvent y renier.
"Old Artist" est une berceuse trip hop au violon qui ouvre cet album en beauté, "All Time" et "So Few World" sont deux magnifiques titres alternant passages de rap et envolées progressives (je sais pas si ça existe mais ça me fait penser à ça ), "Headscape" est un morceaux de rock progressif qui me fait penser à Pink Floyd, c'est peut être le morceau le plus accessible de l'album, Dark Room, lui est un morceau quasi intégralement rap mais tout de même très beau grâce a tout ce qui se passe autour, grâce a l'unité de toutes les sonorités, Londinium est un des titres phares de l'album il est composé en trois parties dont une de rap et un final vraiment jouissif absolument ahurissant de beauté, "Man Made" est un morceau de pur trip hop et une nouvelle fois pleine de beauté, a écouter en boucle, "Nothing Else" relève toute la beauté de la voix de la chanteuse, "Skyscraper" avec un riff tellement simple de synthé-violon et du rap, "Parvaneh (Butterfly)" est un très beau morceau mais complètement aplati par la force des 2 titres suivants, des morceaux exceptionnels, un genre a en pleurer tellement c'est renversant, a ce demander pourquoi on vie, et on se demande pourquoi, dans de simples ondes sonores, on peu ressentir tant d'émotions : je parle de "Beautiful World" et "Organ Song", l'un avec des sonorités de synthétiseur et un final une nouvelle fois d'une unité jamais atteinte et l'autre morceau avec ce violon au son si pur...
Ce son si pur que l'on entend un nouvelle fois (et une dernière fois) avec "Last Five", dernier titre de mon album qui est, et je pense, restera mon préféré.
Et c'est avec une grande nostalgie qu'on entend s'éteindre ce son si pur... pour... qu'il ne revienne plus... c'est avec regret que je pense à You Take My Head ou You All Look The Same To Me même si ce dernier m'a beaucoup plu mais ce n'est vraiment rien par rapport à ce CHEF D'OEUVRE INTEMPOREL.
On ne retrouvera plus jamais ça... quel regret...
"
Bon, c'est peut-être presque un peu trop enthousiaste... Mais quel album ! Alors, si vous l'avez raté...

1. Old Artist 4:04
2. All Time 3:51
3. So Few Words 6:12
4. Headspace 4:13
5. Darkroom 4:31
6. Londinium 5:19
7. Man Made 4:37
8. Nothing Else 4:37
9. Skyscraper 4:24
10. Parvaneh (Butterfly) 3:50
11. Beautiful World 6:36
12. Organ Song 2:23
13. Last Five 3:47

Bass - Karl Hyde (tracks: 4)
Cello - Julia Palmer
Drums [Additional Drums] - Matheu Martin (tracks: 3)
Engineer - Pete Barraclough
Flute - Pete Barraclough (tracks: 2, 4, 13)
French Horn - Jane Hanna (tracks: 12)
Guitar - Karl Hyde (tracks: 4, 5, 6, 13), Pete Barraclough (tracks: 12), Steve Taylor (tracks: 11)
Triangle [Guest Trianglist] - Anita Hill
Violin - Ali Keeler (tracks: 1, 6, 7, 12)
Vocals - Roya Arab
Vocals [Additional] - Jane Wall (tracks: 11), Siobhan Sian (tracks: 11)
Vocals [Rap] - Rosko John

ARCHIVE

BoNuS 'eN BReF'
The Lightning Seeds "Dizzy Heights"
ou "Ligne Claire"

Un orfèvre pop au sommet de sa forme ? Ce sont les Lightning Seeds de Ian Broudie et leur Dizzy Heights, quatrième long-jeu de leur discographie, un triomphe de pop à l'anglaise.
Il faut dire que le groupe, mené par l'indéboulonnable et omnipotent Ian Broudie, sait recycler les valeurs du passé dans un cadre réactualisé du meilleur effet. Ainsi, si les chansons de ces graines d'éclair doivent beaucoup à l'explosion pop anglaise des années soixante en général et aux Beatles en particulier, elle savent aussi les vernir d'atours productifs typiques de son temps, on pense évidemment aux inflexions électroniques discrètes de, par exemple, Sugar Coated Iceberg. On précisera aussi qu'avec la collaboration de l'excellent Terry Hall (de chez les Specials, Fun Boy Three ou Vegas) le lunetté Broudie a mis toutes les chances de son côté et, de fait, les trois compositions qu'ils ont fomenté en commun (Imaginary Friends, What If et What You Do) font partie des vrais highlights d'un album, par ailleurs, sans le moindre faux pas, triomphe de pop anglaise sans complexe.
Rajoutez à ça une réimagination d'un morceau de deux Byrds (Gene Clark et Jim McGuinn) composé pour les Turtles excellemment troussée (You Showed Me) et vous obtenez un opus que les amateurs de belle pop music classique mais pas (si) revivaliste pour autant ne voudront certainement pas manquer.

1. Imaginary Friends 2:44
2. You Bet Your Life 3:34
3. Waiting for Today to Happen 3:34
4. What If... 3:23
5. Sugar Coated Iceberg 3:53
6. Touch and Go 3:53
7. Like You Do 3:23
8. Wishaway 3:17
9. Fingers and Thumbs 3:21
10. You Showed Me 4:08
11. Ready or Not 3:50
12. Fishes on the Line 3:54

Ian Broudie – vocals, guitar, producer
Simon Rogers – keyboards, programming, producer
Martyn Campbell – bass, backing vocals
Angie Pollack – backing vocals
Chris Sharrock – drums
&
Clive Layton
– Hammond organ, piano
Terry Hall – backing vocals
Carl Brown – backing vocals
Paul Roberts – backing vocals

LIGHTNING SEEDS
(Ian Broudie)

1997
Radiohead "OK Computer"
ou "à la Merveille"

Ha ! Que voici une galette intouchable (ou presque, parce que, disons-le tout de go, rien ne l'est, pas même Bach, Mozart, Coltrane..). Un album qui louvoie entre progressisme non assumé (faut voir/lire la réaction de Yorke and co quand un outrecuidant journaliste osa leur évoquer Queen, Marillion ou Genesis comme improbable et pourtant bienvenue parrainage), à la fibre pop supérieure, l'album où la chrysalide Radiohead dévoile enfin son magnifique papillon : Ok Computer.
Pourtant, on avait été prévenus. The Bends recelait déjà des germes de cette évolution et stratosphérisait l'aimable brit-rock d'un album inaugural, Pablo Honey, accessoire outre quelques salutaires saillies (Creep, Anyone Can Play Guitar). Prévenus certes mais pas à encaisser le choc tellurique d'un album frôlant la perfection avec, en particulier, un trio de chansons absolument inattaquables : Paranoid Android, Exit Music (for a film) et Karma Police. Trois titres qui passeront à la postérité via deux singles et un emprunt à la bande-son du Roméo et Juliette revu et corrigé par Baz Luhrmann (Moulin Rouge, Australia) pour Exit Music, aussi poignant en contexte album que sur support cellulosé. Evidemment, Karma Police est le single irrésistible que nous connaissons tous, pas besoin d'en faire des tonnes, le son parle de lui même. Il n'est pas inutile, par contre, de développer l'argument quand on aborde Paranoid Android, épopée musicale à ce jour inégalé dans le répertoire du groupe. Ici Radiohead rock-progresse comme jamais avant et plus depuis. De fait, chanson "à tiroirs" - un format comparable au Day in the Life des Fab Four, au Bohemian Rhapsody de la Reine, à One Night in Paris de 10cc, etc. - dotée d'envolées tant guitaristiques que vocales (voir le splendide chœur central), d'un vocabulaire mélodique riche et étendu, et retombant magnifiquement sur ses pieds telle la féline œuvre d'art qu'elle est, cette pièce fait plus que séduire, elle chavire l'auditeur, l'entraîne dans un trip toujours trop court (refaimelemele) et ô combien (émotionnellement) gratifiant. Oui, tout ça !
Forcément, après pareil tour de force, on se dit que le reste de la galette ne peut que s'affadir. Et puis non. Parce que TOUTES les chansons sont bonnes (11 au total plus l'intermède Fitter Happier), parce que le groupe et son néo-producteur (Nigel Goldrich, qu'on retrouvera ensuite aux côtés de U2, R.E.M., Air et même Paul McCartney) ont fomenté un parfait équilibre entre expérimentations sonores et classicisme mélodique. Si l'électronique s'infuse pour la première fois dans le répertoire d'un groupe alors fermement électroacoustique, elle n'est nullement envahissante et, au contraire, tisse des climats, des ambiances qui bénéficient autant à chaque titre qu'à la cohérence de l'ensemble.
Et à sa grâce! Parce que, constatons-le, en 1997, Radiohead est sur le toit du monde musical, unité créative (avant-gardiste, presque) et cependant fédératrice, la formation se met, se faisant, une énorme pression quand à la suite d'évènements qui ne pourront que minorer le capital acquis avec pareil opus. C'était le prix à payer pour un coup de génie longue-durée et l'établissement, à long terme, dans la caste très fermée des groupes qui comptent vraiment et n'en font, hallelujah !, qu'à leur tête.

1. Airbag 4:44
2. Paranoid Android 6:23
3. Subterranean Homesick Alien 4:27
4. Exit Music (For a Film) 4:24
5. Let Down 4:59
6. Karma Police 4:21
7. Fitter Happier 1:57
8. Electioneering 3:50
9. Climbing Up the Walls 4:45
10. No Surprises 3:48
11. Lucky 4:19
12. The Tourist 5:24

Colin Greenwood – bass guitar, bass synthesiser, percussion
Jonny Greenwood – guitar, keyboards, piano, mellotron, organ, glockenspiel, string arrangements
Ed O'Brien – guitar, FX, percussion, backing vocals
Phil Selway – drums, percussion
Thom Yorke – vocals, guitar, piano, laptop, programming, illustrations

RADIOHEAD

BoNuS 'eN BReF'
Texas "White on Blonde"
ou "Northern Soul"

Pas le plus recommandé des actes pop anglo-saxons des eighties, Texas ? Peut-être mais il y a la voix charmante de Sharleen qui, quand les chansons sont bonnes...
"Tout ne va pas pour le mieux pour Texas en 1996. Après les débuts tonitruants de Southside en 1989, le groupe a sorti coup sur coup deux albums qui n'ont pas rencontré un grand succès, ni critique ni en terme de ventes. Texas est en passe de figurer comme le groupe d'un seul titre, l'éblouissant « I Don't Want a Lover ». Le groupe change de son pour sortir de l'impasse, il renvoie le delta du Mississipi à ses marécages et opte pour un son urbain de soul blanche.
L'autre métamorphose vient de Sharleen Spiteri, fini la petite nana avec sa Telecaster noire, bonjour la femme légèrement androgyne à la sensualité brûlante. Si le clip de « Say What You Want » le premier simple reste sobre, le papillon achève sa métamorphose sur « Put Your Arms Around Me » destiné à être la locomotive de l'album. Ce titre co-écrit avec Dave Stewart l'ex Eurythmics, met en scène une Sharleen Spiteri légèrement lascive, seule à l'écran sans le groupe, prête à prendre son envol de star.
White On Blonde rencontre vite l'adhésion du public, il est n° 1 des ventes anglaises dès la semaine de sa sortie le 4 février 1997. Texas vient de réussir un coup d'éclat rare, revenir au sommet encore plus fort en changeant de direction musicale. La voix et le charisme de Sharleen Spiteri ont encore fait merveille. (François Alvarez, Music Story).
"
Si le mainstream tu apprécies, à la source texane tu iras t'abreuver, ce n'est pas plus compliqué que ça.
(...)

1. 0.34 (introduction) 0:34
2. Say What You Want 3:53
3. Drawing Crazy Patterns 3:52
4. Halo 4:10
5. Put Your Arms Around Me 4:33
6. Insane 4:45
7. Black Eyed Boys 3:10
8. Polo Mint City 1:37
9. White on Blonde 3:46
10. Postcard 4:00
11. 0.28 (interlude) 0:28
12. Ticket to Lie 3:31
13. Good Advice 4:50
14. Breathless 3:55

Sharleen Spiteri – Vocals, Guitar
Ally McErlaine – Guitar
Johnny McElhone – Bass guitar
Eddie Campbell – Keyboards
Richard Hynd – Drums
&
Roger Ward
– Guitar
Paul Taylor – Programming
Alex Silva – Programming, Keyboards
Terry Disley – Programming, Keyboards
Martin Greene – Strings (Arrangement)
Claire Miles – Strings
Anne Stephenson – Strings
Sally Herbert – Strings
Claire Orsler – Strings
Susan Dench – Strings
Gini Ball – Strings
Chris Pitsillide – Strings
Steven Granville – Backing vocals

TEXAS

1998
Pulp "This Is Hardcore"
ou "Pulp Fiction"

Si les mots de Christophe Conte des Inrocks ne suffisent pas... :
"Avec sa gueule de bois et ses confessions troubles, This is hardcore affirme que la fête est finie : adulte ne rime plus avec confort.
En 98, la marge de manoeuvre de Pulp était aussi étroite que le tour de taille de Jarvis Cocker : refaire un Different class de classe forcément inférieure, ou alors briser une bonne fois le beau jouet seventies top-délire si chèrement, si douloureusement acquis. La classe sans risque contre le risque de voir se flétrir brutalement les fruits d’une croissance parmi les plus spectaculaires ­ et méritées ­ de la décennie. Dans tous les cas, Pulp aurait à négocier son virage le plus coriace depuis son passage de l’ombre indie à la lumière artificielle de Top of The Pops. Pour entendre un très bon album de Pulp vieille manière, avec un tas de singles pulpeux pour gens pressés, on conseillera vivement de se tourner vers le premier album de Rialto, prochainement en vente libre. Car ici, on est prévenus d’entrée : This is hardcore. Après la pelure maigrichonne des débuts, la chair à hits de His’n’hers et Different class, on attaque cette fois le trognon, le noyau, le cœur
 du Cocker. Tout seul dans ses habits de lumière, le bien nommé Glory days, calé vers la fin, nous rappelle les jours d’insouciance où Pulp se dansait, se trémoussait yéyé, s’avalait d’une traite comme un cocktail énergétique et coloré. Plus de boule à facettes à l’horizon, mais une bonne grosse boule dans la gorge. Pliées, les années fric, les années tubes. Retour aux années Freaks, aux années tubes de Prozac. Terminée, la foire, tout le monde descend du manège.
A l’image de l’anti-single This is hardcore,­ le Paranoid android de Pulp­, tous les morceaux de bravoure de l’album sont construits à la façon de mini-psychodrames terrifiants, labyrinthiques, interdits des tics cyniques et décalés qui, hier encore, leur auraient servi de cache-cœurs. Jarvis parle au singulier, chante singulièrement, livre sa part d’ombre en miettes, emballée dans les violons ivres d’un bal mal barré. Il faut bien admettre que si sa joie forcée nous ravissait, ses amertumes sincères sont d’un autre calibre : The Fear et Dishes, deux monuments imposants placés dès l’entrée, gagnent des hauteurs d’où C’mon people paraîtra bien minuscule, Disco 2000 un rien débile. A l’adresse de ceux qui l’imaginent éternellement accoudé au bar d’un hôtel chic, bordé de James Bond girls, Mister Easy en personne, il dit “Je suis un type qui fait la vaisselle.” Un sacré coup de bromure. Et Jarvis récure en profondeur les reliefs de ses festins de la veille, nous épargne les plats réchauffés, passe un méchant savon à quelques vieilles barbes ­ Bowie période allemande sur Party hard, Dylan sur TV movie, Bowie toutes périodes un peu partout ­ et jette Babies avec l’eau du bain. Jamais, en revanche, il ne se fait mousser. Curieusement, This is hardcore rappelle le Imperial bedroom d’un Costello parvenu lui aussi au zénith d’une ambition et qui livrait sa plus voluptueuse bataille, son disque majeur : un autoportrait à l’encre pas franchement sympathique, asséchée de toute complaisance. Difficile de résister à ces quelques rimes et charades : “A little soul/Shabby doll, I’m a man/Man out of time, Elvis/Jarvis”… C’est pas du hardcore, c’est de la musique pour adultes, proscrite aux moins de 20 ans sous peine de lésions graves, de malaise profond. On croit entendre le générique d’Amicalement vôtre ­ John Barry, les futals à pattes d’eph’, les bikinis, Dany Wilde, tout ce cinéma qui recommence ­, et c’est un Jarvis à poil qui déboule, la mine hagarde, pour nous dire que la fête est finie. Que les choses sérieuses commencent.
"
...en vérité je vous le dis, This is great music!

1. The Fear 5:35
2. Dishes 3:30
3. Party Hard 4:00
4. Help the Aged 4:28
5. This Is Hardcore 6:25
6. TV Movie 3:25
7. A Little Soul 3:19
8. I'm a Man 4:59
9. Seductive Barry 8:31
10. Sylvia 5:44
11. Glory Days 4:55
12. The Day After the Revolution 14:56

Bonus Disc
This Is Glastonbury
1. The Fear 7:49
2. Live Bed Show 4:33
3. TV Movie 3:55
4. A Little Soul 4:36
5. Party Hard 4:29
6. Help the Aged 5:33
7. Seductive Barry 9:57

PULP

BoNuS 'eN BReF'
The Bluetones "Return to the Last Chance Saloon"
ou "Le nouveau western"

Les éternels outsiders de la britpop, ceux qui sont arrivés un poil trop tard aussi, pas de chance ces Bluetones alors qu'ils avaient vraiment un truc, leur truc en plus comme sur ce Return to the Last Chance Saloon où il se passe toujours quelque chose.
Dans les faits, c'est pourtant bel et bien d'un album typiquement britpop dont il s'agit mais de britpop qui n'a pas peur de jouer à se moquer d'elle-même ou d'enfreindre ses propres règles mais tout en délicatesse, alors, parce que le diable est dans les détails, comme on dit. Concrètement, ça nous donne un second album nettement plus rock ouvrant par une sorte d'instrumental surf rock qui surprend d'entrée, et satisfait aussi en s'enchainant avec un Unpainted Arizona en forme de western pop. La suite est à l'avenant voisinant le rhythm'n'blues (Solomon Bites the Worm), produisant de vraies belles ballades (Sleazy Bed Track), des pop songs qui se fichent directement dans votre occiput (If...), des riffs bien gras qui font mouche (U.T.A., The Jub-Jub Bird), et, plus généralement, une collection de chansons où la voix de Mark Morriss fait s'évanouir toute tentation de comparaison avec les affreux Oasis avec qui les Bluetones partagent beaucoup de points communs mais aussi la fondamentale différence qu'ils regardent vers l'extérieur là où les mancuniens semblent souffrir de myopie.
Bref, s'il n'eut pas le succès qu'il méritait, Return to the Last Chance Saloon reste un album malin et rondement mené qu'on ne peut que chaudement recommander à tous les amateurs de la pop anglaise des 90s puisqu'il en est l'un des plus dignes représentants.

1. Tone Blooze 2:27
2. Unpainted Arizona 3:09
3. Solomon Bites the Worm 3:09
4. U.T.A. 4:04
5. 4-Day Weekend 3:57
6. Sleazy Bed Track 4:41
7. If... 5:12
8. The Jub-Jub Bird 4:26
9. Sky Will Fall 3:16
10. Ames 4:44
11. Down at the Reservoir 3:19
12. Heard You Were Dead 4:04
13. Broken Starr 15:49

Mark Morriss – vocals, handclapping
Eds Chesters - drums, Fender Rhodes, handclapping, marimba, percussion, piano, timpani, tubular bells, backing vocals, washboard
Adam Devlin - banjo, Fender Rhodes, guitar, handclapping, mandolin, Mellotron, piano, backing vocals
Scott Morriss - bass, fuzz bass, handclapping, backing vocals 
&
Hugh Jones - producer, drums, Hammond Synth, handclapping, Mellotron, piano, backing vocals 

THE BLUETONES

1999
Blur "13"
ou "Flou artistique"

Alors que l'éponyme de 1997 avait été une transition entre un passé britpop et une nouvelle volonté exploratrice, 13, 6ème album de Blur, enfonce le clou des ambitions rénovatrices d'Albarn et Cie rien que dans la décision d'en confier la mise en son au sorcier électro William Orbit. Est-ce pour autant une réussite ? Oui et non comme va nous l'expliquer l'excellent billet de Boom pour le webzine XSilence.net :
"Le successeur de Blur divise dès sa sortie. Indéniablement, il représente un nouveau virage dans leur carrière, et éloigne le groupe de la pop très english de Parklife par exemple. Certains y voient un album génial, subversif, novateur. D'autres une sombre merde expérimentalo-noisy, sans aucun intérêt.
"Tender" nous plonge dans l'album d'une jolie manière, Coxon y fait des merveilles, et on se dit que l'on va peut-être avoir droit à un album de pop coolos, bien écrit. Avec "Bugman" on oublie l'idée d'un album tranquille, Blur se la joue son dégueulasse, saturation de radio FM, riff bourrin, et beuglements. On commence à dodeliner de la tête. Le final est monstrueux.
"Coffee And TV" est sans aucun doute la perle de cet album, parfaite. Du Blur comme on aime. On se dit : c'est bien, ça commence super bien. "Swamp Song" nous remet un tranche de gros son avec un tempo lourdaud et un riff criard, mais n'apporte rien, on écoute stoïque les pitreries de Damon en attendant la suite.
Jusque là, tout va bien.
"1992". Aïe, ça coince. Du Radiohead sans imagination ni le talent. On a presque honte pour eux d'avoir voulu jouer sur ce terrain. "B.l.u.R.e.m.i" et ses voix de Donald nous recolle un gros sourire, drôle et puissante, avec toujours ce fond noisy qui n'est pas pour déplaire, mais ne dissipe pas le doute, renforcé même par un espèce de final bizarre sans intérêt. "Battle" joue sur un terrain electro-pop tranquille, mais cette fois si c'est réussi, la chanson est progressive à souhait, distille quelques expérimentations soniques par-ci par-là, avec inspiration et un final bordélique sur fond d'Hammond sympa.
"The Mellow Song" est incroyablement touchante, sur fond de sanglots, Blur fait monter tranquillement une ballade poppy, dans des sphères noisy et électronique. "Trailerpark" est juste moyenne, écoutable, le final métallo n'est pas très original. "Caramel" s'envole trop haut pour qu'on la suive, et bien trop longtemps pour qu'on supporte d'attendre la fin. On zappe. Tiens! Ben zappons aussi "Trimm trabb" avec son titre qui veut rien dire .
La déception s'est bel et bien installée chez l'auditeur, l'album est inégal et le son est plus que moyen. "No Distance Left To Run" est le dernier petit sursaut du groupe ET de l'auditeur avant la fin de l'album. Avec cette jolie ballade qui rappelle "Tender", on se dit que l'on préfère vraiment quand Blur garde les pieds sur terre. "Optigan 1" viderait sans problème une salle de cinéma. Sans intérêt aucun.
L'album est long, et globalement on est déçu, quelques titres tirent leur épingle du jeu, marquent l'auditeur et sauvent l'album, mais Blur semble avoir perdu le sens des choses. 13 est certes un virage, mais qui mène Blur droit dans le platane que sera Think Tank.
"
Personnellement, je ne serais pas aussi dur avec un album qui a tout de même l'immense mérite de secouer le cocotier, de tenter de nouvelles pistes aussi mais, reconnaissons-le, si 13 a ses vrais grands moments (j'aime beaucoup Caramel par exemple), il n'est pas exempt de quelques petits embarras minorant le plaisir de l'auditeur. A partir de là, à vous de voir si vous souhaitez plonger ou non mais il serait tout de même dommage de refuser l'expérience d'un groupe vraiment en liberté.
 
1. Tender 7:40
2. Bugman 4:47
3. Coffee & TV 5:58
4. Swamp Sons 4:36
5. 1992 5:29
6. B.L.U.R.E.M.I. 2:52
7. Battle 7:43
8. Mellow Song 3:56
9. Trailerpark 4:26
10. Caramel 7:38
11. Trimm Trabb 5:37
12. No Distance Left to Run 3:27
13. Optigan 1 2:34

Damon Albarn – vocals, piano, keyboards, acoustic guitar, melodica, backing vocals on "Coffee & TV"
Graham Coxon – electric and acoustic guitar, lead vocals on "Coffee & TV", banjo, saxophone, backing vocals
Alex James – bass guitar, backing vocals
Dave Rowntree – drums, percussion
&
The London Community Gospel Choir
- vocals on "Tender"
Jason Cox - additional drums on "Battle"

BLUR

BoNuS 'eN BReF'
Travis "The Man Who"
ou "Des gars qui..."

A priori un album qui avait toutes les chances de ne récolter que les louanges de quelques afficionados d'une pop sensible et délicate dont certaines formations britanniques ont le secret, The Man Who, second opus de Travis, fut un retentissant succès amenant pas moins de cinq hits à des garçons qui n'en attendait certainement pas temps.
La raison du phénomène ? D'excellentes chansons, bien-sûr !, et la transformation d'un groupe ayant remisé son énergie et sa bonne-humeur (leur premier album s'appelait Good Feeling, c'est dire !) pour produire une musique rappelant Radiohead quand il se fait réflexif et doux-amer et annonçant Coldplay qui viendra quand même leur chiper leur place de post-britpopeux dépressifs qu'on aime à écouter parce qu'il fait gris dehors et que ça souligne bien nos états d'âme.
Avec The Man Who, Travis réussit sa mue, triomphe dans les charts mais, surtout !, produit un album aussi intemporel que réussi qui, une bonne quinzaine d'années après sa sortie, s'ingère toujours sans le moindre hoquet, un classique ça s'appelle.
 
1. Writing to Reach You 3:41
2. The Fear 4:12
3. As You Are 4:14
4. Driftwood 3:33
5. The Last Laugh of the Laughter 4:20
6. Turn 4:24
7. Why Does It Always Rain on Me? 4:25
8. Luv 4:55
9. She's So Strange 3:15
10. Slide Show 10:30

Fran Healy – vocals, guitar
Andy Dunlop – guitar
Dougie Payne – bass guitar
Neil Primrose – drums
&
Sarah Wilson
– cello (track 7)

TRAVIS

2000, Too LaTe
Coldplay "Parachutes"
ou "Discrets débuts"

Pour se le remettre en tête en oubliant le groupe fadasse et énervant qu'ils sont depuis devenus (les Phil Collins du XXIème siècle, pas moins), la chronique d'époque des Inrocks sous la plume de Frédéric Valion :
"Inconnu il y a douze mois, quand le groupe végétait sur le paillasson de Radiohead, Coldplay vient de donner à l’Angleterre une magistrale leçon d’écriture pop et romantique avec Parachutes. Un premier album à découvrir sur scène,où ce lyrisme voltigeur gagne de l’altitude.
Coldplay ne changera peut-être pas la face du rock anglais, il vient en tout cas de lui rendre un peu de son âme. Et peut-être sa dignité, alors que les lendemains qui chantaient autrefois Champagne supernova menacent un peu plus chaque jour de s’étouffer dans leur propre vomi : accueilli outre-Manche par un concert de louanges et un triomphe inattendu (directement en première place des charts, d’où il a délogé Eminem), Parachutes, le premier album de ce tout jeune quatuor officiellement né à Londres il y a trois ans, s’inscrit en effet dans cette lignée de disques providentiels qui, de The Stone Roses à Definitely maybe, parviennent à stigmatiser les désirs et les frustrations d’une époque. Des albums qui se changent invariablement en irréductibles machines à fabriquer du rêve pour toute une génération. Avec trois fois rien, comme souvent : une voix, tout de même, dont on ne pourra ici s’empêcher de juger l’impeccable maintien et les acrobaties ­ encore prudentes ­ à l’aune des canons définis par Thom Yorke ou Jeff Buckley, virtuoses de la descente (de gammes) en rappel. Avec aussi un piano, et ses harmonies sur lesquelles les guitares viennent délicatement tisser des fleurs de lune. Avec, surtout, une impressionnante collection de chansons, bêtes comme des citrouilles, que Coldplay transforme d’un coup de baguette magique en de somptueux carrosses aux selleries cousues d’or. Un véritable conte de fées en onze chapitres, dont la préface fut écrite il y a quatre ans à l’ombre des solennelles colonnades de l’Université de Londres : “Nous avons fait connaissance à l’University College London, où nous étions tous inscrits dans des disciplines très différentes : j’étais en histoire, Jonny en physique et astronomie, Will en anthropologie et Guy en ingénierie. Nous débarquions des quatre coins du pays. Notre chance fut d’être logés dans la même résidence universitaire. C’est là que nous avons eu le temps de devenir de très bons copains, car avant de songer à faire de la musique ensemble, nous étions déjà sans cesse fourrés les uns chez les autres. C’est ainsi que Jonny et moi avons commencé à élaborer nos premières chansons communes. Le résultat de cette collaboration nous a tout de suite stupéfaits. Ce n’était pourtant rien comparé à ce qui s’est produit lorsque Guy, puis Will, nous ont rejoints. Un groupe, c’est toujours un peu plus qu’une simple somme d’individualités : chacun devient ce que les autres font de lui. Si l’alchimie était là, il nous fallait pourtant encore travailler avant d’imaginer donner le moindre concert. Aussi avons nous répété, tous les jours pendant presque un an, dans nos chambres, ne mettant le nez dehors que pour aller voir d’autres copains se produire sur scène. La vie nocturne londonienne, les clubs, tout ça ne nous a jamais attirés : au lit tous les soirs à minuit !
Cette ascèse studieuse, Chris Martin, Jonny Buckland, Guy Berryman et Will Champion, dream-team dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 21 ans, en partagent le goût avec leurs aînés de Radiohead, dont ils ont aussi vraisemblablement chipé les pédales d’effets et les instruments ­ et à qui on a déjà beaucoup (trop) comparé Coldplay. Un peu comme si ce Parachutes tombé du ciel, qui n’affiche au final qu’une parenté conjoncturelle avec la musique du quintette d’Oxford, était tout à coup devenu le seul espoir de repli au cas où le très attendu quatrième album de Thom Yorke et des siens, prévu pour l’automne, décevait. Son airbag. Son poumon d’acier. Cocasse. Petite mise au point : “Nous sommes parfaitement conscients que nous évoluons sur un terrain où d’autres artistes se sont déjà illustrés. Il faudrait être sourd ou d’une mauvaise foi à toute épreuve pour affirmer que ce disque n’a pas été influencé par son époque. Cela dit, notre son est amené à évoluer au gré des goûts de chacun et de nos progrès dans la maîtrise du processus d’enregistrement. Les Beatles sonnaient au départ comme n’importe quel groupe sixties : ce sont le temps, le talent et George Martin qui les ont rendus uniques.
C’est pourtant vrai qu’on aurait aimé ne jamais avoir écouté Radiohead, ou même The Verve, avant Coldplay. Qu’on aurait préféré que ce soit une oreille encore vierge qui découvre les longs drapés mélodiques de ce Parachutes et s’abandonne à leur moelleux. Entre folk irisé de reflets mercuriaux et rock amniotique, le premier album de Coldplay évoque pourtant tout naturellement ces albums de ballades qu’enregistrent encore quelques solistes jazz. Et ses deux uniques concessions à la dictature des formats radios, Shiver et Yellow, se payent le luxe d’étaler leurs guitares furibardes et leurs rythmiques concassées sur plus de quatre minutes trente. Un premier album d’une ahurissante maturité, où l’on croise les Beatles (période bleue) et Pink Floyd (période rose), Tom Waits et sa majesté King Crimson (aux services secrets duquel œuvre le splendide Spies, l’un des sommets du disque) ou encore Randy Newman (Everything’s not lost) : normal, ils ont tous (ou presque) assisté aux séances d’enregistrement de Parachutes. “Lorsque tu fouilles dans la discothèque de tes parents et que tu tombes sur une vieillerie qui, à l’écoute, n’a pas pris une ride, tu te prends à rêver d’enregistrer un jour ce genre de disque. Quand est arrivé le moment de passer à l’acte et que nous sommes entrés en studio pour enregistrer notre premier album, nous avons trouvé là une vingtaine de disques épinglés au mur : Dark side of the moon, Revolver, des disques de Dylan, de Neil Young, de Tom Waits, des Stones. Rien que des classiques ! Des disques techniquement imparfaits, mais tous bouleversants à leur manière. C’était très intimidant. Nous aussi, nous avons préféré nous concentrer sur les chansons, car nous voulons que les gens croient à ce qu’ils entendent. Tout le reste nous semble pour l’heure parfaitement superficiel.” Une proposition esthétique d’une confondante naïveté, presque une épure, qui ne surprendra personne de la part de ces attachants novices. Ceux-là même qui, récemment vus sur scène à Paris lors d’un concert qui se termina trop tôt avec une étrange reprise de You only live twice, revendiquaient leur statut de professionnels avant que leur chanteur ne se gamelle magistralement au milieu d’un couplet, provoquant l’hilarité de ses camarades. Ainsi travaille donc Coldplay : sans filet, insolemment confiant en sa bonne étoile. Et tant que son Parachutes planera à des kilomètres au-dessus du lot de ses contemporains, on ne voit aucune raison à ce qu’il en soit autrement.
"
Quand à l'avis du Zornophage, sachez que c'est le seul Coldplay, groupe dont j'ai arrêté de suivre les "oeuvres" suite à un peu excitant Viva la Vida, qu'il m'arrive encore de sortir de sa poussiéreuse place dans l'étagère, parce que les chansons, parce que l'épure... Un petit bijou d'indie sensible qu'on recommande chaudement.

1. Don't Panic 2:17
2. Shiver 5:00
3. Spies 5:19
4. Sparks 3:47
5. Yellow 4:29
6. Trouble 4:31
7. Parachutes 0:46
8. High Speed 4:14
9. We Never Change 4:09
10. Everything's Not Lost 5:39

Chris Martin – vocals, acoustic guitar, keyboards
Jonny Buckland – electric guitar, piano (track 4), backing vocals
Guy Berryman – bass
Will Champion – drums, percussion, backing vocals

COLDPLAY

BoNuS 'eN BReF'
Robbie Williams "Sing When You're Winning"
ou "Confirmations"

Il suffit de regarder le tout petit nombre d'artistes issus de boys ou girls bands pour se rendre compte de la performance de l'ex-Take That Robbie Williams, une performance qui va de pair avec une association renouvelée avec Guy Chambers qui avait déjà si bien collaboré avec l'angliche sur son premier album solo. A partir de là, pas de raison de douter de la qualité de Sing When You're Winning.
De fait, dans le genre de musique pouvant constituer une passerelle entre le mainstream le plus total et le rock plus "sérieux", l'album se pose un peu là proposant des bonnes chansons à danser (Rock DJ, Supreme qui paraphrase talentueusement I Will Survive, Kids avec Kylie Minogue, Knutsford City Limits), de belles ballades tire-larmes (le gros tube Better Man, If It's Hurting You, Love Calling Earth, By All Means Necessary), des pop-rockers américanisés bien troussés (Let Love Be Your Energy, Singing for the Lonely, Forever Texas, The Road to Mandalay) pour un tout qui saura séduire à condition, bien-sûr, de pouvoir supporter une musique à visées ouvertement commerciales, ce qui n'est pas un mal quand c'est aussi bien fait avec de si accrocheuses mélodies et une production si efficacement réalisée.
Aussi pouvez-vous railler ce genre d'exercice de séduction massif, démettre le talent vocal et compositionnel de le la paire Williams/Chambers (votre perte !) quand tout est réuni comme sur Sing When You're Winning, c'est d'un vrai plaisir même pas coupable dont il s'agit.

1. Let Love Be Your Energy 4:59
2. Better Man 3:22
3. Rock DJ 4:15
4. Supreme 4:18
5. Kids 4:47
6. If It's Hurting You 4:10
7. Singing for the Lonely 4:31
8. Love Calling Earth 4:04
9. Knutsford City Limits 4:45
10. Forever Texas 3:37
11. By All Means Necessary 4:45
12. The Road to Mandalay 3:58

Robbie Williams - guitar, vocals
Guy Chambers - clavinet, guitar, keyboards, Mellotron, Moogs, Omnichord, orchestration, organ, piano, vocals
&
Kylie Minogue
- guest vocals
Steve Power - glockenspiel, vocoder 
Pete Davies - drum programming, keyboards
Winston Blissett - bass guitar
Brad Lang - double bass, bass guitar 
Dave Catlin-Birch - guitars, bass guitar, vocals 
Alex Dickson - autoharp, guitar 
Steve McEwan - guitar, vocals  
Phil Palmer, Neil Taylor  acoustic & electric guitars
Phil Spalding - bass, fuzz bass, guitar
Gary Nuttall - electric banjo, vocals 
Melvin Duffy - pedal steel 
Mark Feltham - harmonica
Dave Bishop, J. Neil Sidwell - brass
Steve Sidwell - brass, piccolo trumpet 
Pauline Boeykens - tuba 
Edgar Herzog - clarinet 
Bob Lanese - trumpet
Jeremy Stacey - drums
Andy Duncan - drum programming, drums, percussion
Richard Flack - drum programming, programming
Richard Boothby, Richard Campbell, Paul Kegg, Tony Pleeth - loops  
Crystal Adams, Andrea Barreau, Andy Caine, Derek Green, Marielle Herve, Al Duncan, Sylvia Mason James, Katie Kissoon, Tessa Niles, Pauline Taylor, Paul "Tubbs" Williams, Claire Worrall - vocals (Background) 
Patrick Kiernan, Peter Lale, Martin Loveday, Perry Montague-Mason, Anthony Pleeth, Chris Sharrock, Jackie Shave, Robert Smissen - strings
Gavyn Wright - concert master 
Nick Ingman - orchestration

ROBBIE WILLIAMS

 

9 commentaires:

  1. Oh!, to be an english youth and love music in the 90s (Pt. 2)

    Supergrass "I Should Coco"
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    Black Grape "It's Great When You're Straight"
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    Archive "Londinium"
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    The Lightning Seeds "Dizzy Heights"
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    Radiohead "OK Computer"
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    Texas "White on Blonde"
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    Pulp "This Is Hardcore"
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    The Bluetones "Return to the Last Chance Saloon"
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    Blur "13"
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    Travis "The Man Who"
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    Coldplay "Parachutes"
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    Robbie Williams "Sing When You're Winning"
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    1. Encore une sélection très pertinente.
      Supergrass: Complètement d'accord avec toi. La suite est également intéressante, mais ils n'ont jamais réussi à reproduire l'excitation produit par celui-ci. Je les écoute en me disant que c'est bien, très bien et qu'ils mériteraient davantage de reconnaissance, mais au final, je n'ai pas souvent envie de m'y plonger.
      Black Grape: Je crois que je l'avais un peu sous-évalué à l'époque. Il mérite que je le ré-ecoute. Je crois que j'apprécie même plus les Happy Mondays aujourd'hui qu'à l'époque (même su je les écoute pas très souvent, format K7 oblige, il est vrai).
      Archive: effectivement, un album impressionnant par son approche révolutionnaire des beats. Mais je crois que je ne suis jamais paarevnue à m'immerger dedans comme j'ai pu le faire avec Blue Lines ou le premier Portishead. Les mélodies sont moins fortes. Faut que je le réecoute. Les albums suivants n'ont rien à voir, pourtant, il montre un groupe capable de mues suprenantes et réussies (même si je n'ai pas suivi après le 3eme).
      Lightning Seeds: je ne connais que Pure. C'était égréable, mais pas trop révolutionnaire. Peut-être que celui-là... Comme ça, vu de loin, je dirais que c'est le plus faible du lot...
      Radiohead: C'est vrai qu'ils ont supris leur petit monde, voire beaucoup plus. Ils sont devenus une référence. Mais je crois que j'écoute davantage The Bends et Kid A que celui-là. Ou même In Rainbow.
      Texas: bon là, je dis Joker. Même s'ils ont écrits quelques singles remarquables.
      Pulp: je crois que c'est mon préféré de ta sélection. Avec quelques chansons en moins, il aurait vraiment été monumentale. Un groupe vraiment curieux et riche, avec un leader passionant.
      The Bluetones: je suis toujours passée à côté. Donc c'est celui que je vais découvrir.
      Blur: c'est l'album à partir desquels je les ai revalorisé. Pour ma part, avant, Oasis était pour moi au-dessus d'eux (disons sur leur deux premier). Mais là, BLUR mue en quelque chose de plus personnel. Ils posent moins, alors qu'avant, je trouvais leur recette un peu trop facile. Et depuis, Damon ALBARN est vraiment devenu un artiste à suivre. J'aime bien son côté touche à tout, cependant, il possède une écriture très inétressante.
      Travis: un tout petit groupe qui a su ici écrire des chansons souvent immenses. Ils n'ont pas confirmé, mais sur ce disque, qui veillit très bien, ils sont touchés par la gràce.
      Coldplay: j'aime bien les deux premiers. Pas trop le 3eme. Un peu plus Viva la Vida. Mais depuis, c'est devenu tellement caricaturale. Mais ici, ils ont quelques chansons qui contenaient plein de belles promesses...
      Robbie WILLIAMS: je crois que j'ai redécouvert cet artiste en voulant un jour faire une anthologie 90's. Il est capable d'écrire des hits qui ne soient pas que du pré-formaté. Et vraiment, il a sa place dans cette sélection.

      Bizarre que ta sélection n'attire pas plus les foules...

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    2. Comme tu dis, bizarre qu'elle n'attire pas plus les foules...
      Reste à attendre ton retour sur les Bluetones.
      Merci de ton commentaire.

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  2. Yeeep ! Y'a quand même eu des choses sympas durant cette décennies !

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    1. Mais encore ?
      Je suis sûr que le Robbie Williams te fait de l'œil ! ^_^

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  3. J'ai quasi tout pris, connaissant tous les artistes mais n'ayant justement pas ces albums ou alors seulement en K7 ou vynil, ou (mp3 128kbps). Merci bcp. J'avais également fait une razzia sur la part 1/2...
    Vincent

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  4. Il faut bien que les bonnes choses aient une fin, non ? ;-)
    Me reste à découvrir ce que tu penses du Robbie Williams, du Lightning Seeds et du Bluetones... ^_^

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  5. Le son du Lightning Seeds est en effet 90s, la musique pop traditionnaliste à 100%. Amusant, tu as préféré le titre qui m'a fait accrocher aux Bluetones, à la première écoute il n'y avait que celui-là, depuis...
    Merci de ce retour, Chris.

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