vendredi 12 février 2016

Meat Is Murder #2

C'est le retour des végétariens ! C'est surtout l'occasion de vous proposer de bons albums par de beaux artistes qui se trouvent, en plus, n'en déplaise aux amateurs de carcasse, ne feraient pas de mal à une mouche. Enjoie !

DaMoN aLBaRN
Blur "Modern Life Is Rubbish" (1993)
ou "Avant la gloire"

Avant la gloire mais déjà les dents plantées dedans parce qu'après un premier album relativement anonyme, et s'adaptant à la nouvelle donne qui voit le curseur de la tendance pencher une fois de plus vers la pop, donc un peu opportuniste mais suffisamment talentueux pour pouvoir se le permettre, Blur sort un second album qui est, en fait, le vrai lancement de sa carrière vers les sommets. Et donc fini le shoegaze, welcome à la britpop dans un album varié et malin où la formation se cherche encore un peu mais se trouve déjà largement quand elle approche de la muse qui jadis honora Ray Davies (les très kinksiens For Tomorrow, Colin Zeal et Coping sur un album qui, globalement, doit beaucoup à la plus sous-estimée des formations britanniques des sixties) taquine le Bowie des early seventies (Star Shaped) ou semble hommager ce grand fou de Syd Barrett (Oily Water, Miss America, Resigned) voire des Beatles qui ne sont jamais bien loin (Sunday Sunday) ou offrir une résurgence punkoïde bien troussée (Advert), tout ceci en développant quand même une vraie personnalité parce que les vocalises d'Albarn, les parties souvent un peu à la marge de Graham Coxon et la basse chantante d'Alex James sont  déjà des caractéristiques fortes d'une formation prête pour la gloire... qui ne tardera plus. Alors, certes Modern Life Is Rubbish n'est peut-être pas la pièce la plus essentielle du répertoire de Blur mais, parce qu'elle possède ce petit quelque chose de frais et d'innocent qui lui donne un vrai charme supplémentaire, c'en est assurément une qu'il ne faut pas négliger et qu'on recommande donc, chaudement.

1. For Tomorrow 4:18
2. Advert 3:43
3. Colin Zeal 3:14
4. Pressure on Julian 3:30
5. Star Shaped 3:25
6. Blue Jeans 3:53
7. Chemical World 4:02
   Intermission 2:27
8. Sunday Sunday 2:36
9. Oily Water 4:59
10. Miss America 5:34
11. Villa Rosie 3:54
12. Coping 3:23
13. Turn It Up 3:21
14. Resigned 5:13
    Commercial Break 0:56

Damon Albarn – vocals, piano, keyboards
Graham Coxon – guitar, backing vocals
Alex James – bass guitar
Dave Rowntree – drums
&
Kick Horns – brass ("Sunday Sunday")
Kate St John – oboe ("Star Shaped")

DAMON ALBARN

RiCHaRD Ashcroft
The Verve "Forth" (2008)
ou "Le Retour"

On ne les attendait pas (plus ?) et d'ailleurs ils ne font que passer... Il faut dire que Forth, l'album du retour temporaire de The Verve, 8 ans après leur séparation, 11 depuis leur dernier long-jeu, a un petit côté opportuniste quand on sait à quel point Ashcroft, dont la carrière solitaire ne décollait pas, s'était récrié que jamais The Verve ne reviendrait, qu'on avait plus de chance de réunir les quatre Beatles sur scène que de voir son ancienne formation revenir. Et puis si, et John Lennon n'en est pas revenu d'entre les morts pour autant, Cool Georgie itou, et pourtant il est bien là ce quatrième album dans les nuages. C'est dire si les trois autres ont bataillé pour convaincre Richard de rechausser ses space-boots ! Mais le jeu en vaut-il la chandelle ? Oui et non. Dans les faits, c'est d'un bon album dont il s'agit avec des chansons qui fonctionnent admirablement, un Ashcroft qui sort enfin de son endormissement solo grâce à la saine électricité de ses trois compères (le guitariste, Nick McCabe, en particulier), que les ambiances planantes, pop et même parfois dansantes (Love Is Noise groove joliment) "roulent Raoul" sans tomber dans le racolage, que les capacités à créer de beaux climats tendus et spatiaux n'a pas déserté le quatuor (le bien nommé Noise Epic est là pour le prouver, magistralement), bref, c'est du bel ouvrage. Mais non parce que le coup d'avant, une éternité plus tôt, sur un Urban Hymns parfait équilibre de tous les possibles de la formation en plus d'une mine à singles (Bittersweet Symphony bien sûr mais aussi The Drugs Don't Work et, à un moindre degré, Lucky Man), The Verve avait trouvé quelque chose qu'il n'arrive pas à reproduire ici, plus préoccupé par un psychédélisme trippant que par un "banking" sur l'événementiel d'un album qui, de toute façon, se vendit fort bien. Voilà, c'est Forth, un album finalement plus à recommander à ceux qui pensent que leur plus fameux long jeu était un peu une trahison d'une éthique artistique plus élevée. En bref, choisis ton camp camarade mais sache que The Verve revenant n'est pas un ratage, juste un album qui fait beaucoup moins de concessions que ce qu'on aurait pu imaginer.

1. Sit and Wonder 6:52
2. Love Is Noise 5:29
3. Rather Be 5:38
4. Judas 6:18
5. Numbness 6:34
6. I See Houses 5:37
7. Noise Epic 8:13
8. Valium Skies 4:34
9. Columbo 7:30
10. Appalachian Springs 7:33

Richard Ashcroft – vocals, acoustic guitars, keyboards
Nick McCabe – lead guitar, keyboards, vibraphone, autoharp
Simon Jones – bass guitar
Peter Salisbury – drums, percussion
&
Davide Rossi
– string arrangements, violins (tracks 1, 2, 3, 4, 6 and 8)

RICHARD ASHCROFT

PauL MCCaRTNey
Paul McCartney "Memory Almost Full" (2007)
ou "Pop Mémoires"

Même pas deux ans depuis son retour triomphal à une pop plus Beatles que jamais (sur le très recommandé Chaos and Creation in the Backyard) et, déjà, Paulo revient aux affaires, Macca fait son retour discographique sur le terrain où on l'attend tous (alors qu'on se fiche de ses délires néo-classiques comme cet Ecce Cor Meum sorti quelques mois plus tôt), dire que Memory Almost Full est, du coup, sérieusement attendu au tournant, parce qu'un vieux crouton comme lui ne peut pas nous faire le coup deux fois de suite, impossible !, tient du doux euphémisme. Et on n'est presque pas déçu. Mais presque, ça veut dire qu'on est tout de même un peu déçu et, du coup, on en cherche la raison. On remarque que l'album est une création contemporaine de son prédécesseur discographique, qu'on y retrouve une équipe plus resserrée aussi, 6 chansons avec ses musiciens de scène, sept autres absolument seul, plus dans la tradition de Macca en solo que des Beatles seconde période (la meilleure !), mais, surtout, qu'à l'anglais Nigel Goldrich qui, dit-on, aurait poussé papy dans ses retranchements, se substitue l'américain David Kahne au parcours multicarte laissant deviner qu'il est là pour faire le boulot que souhaite le client. Ce qui influence sans doute le côté plus pépère d'un album très agréable mais, indéniablement, un rien routinier. Mais agréable !, avec de bonnes chansons où l'orfèvre pop assume parfaitement sa nostalgie douce-amère. Rentrer dans le détail, à partir de là, n'est pas franchement nécessaire, vous savez ce que vous y entendrez, de la pop évidemment qui, acoustique, orchestrale, électrique prouve, une fois encore, que ce monsieur a plus que de beaux restes. Oui mais ça ne vaut pas Chaos and Creation in the Backyard (gna gna gna, on se répète) ce qui est, en vérité, le seul vrai défaut de ce Memory Almost Full de très belle tenue.

1. Dance Tonight 2:54
2. Ever Present Past 2:57
3. See Your Sunshine 3:20
4. Only Mama Knows 4:17
5. You Tell Me 3:15
6. Mr. Bellamy 3:39
7. Gratitude 3:19
8. Vintage Clothes 2:22
9. That Was Me 2:38
10. Feet in the Clouds 3:24
11. House of Wax 4:59
12. The End of the End 2:57
13. Nod Your Head 1:58

Paul McCartney played all instruments except for "Only Mama Knows", "You Tell Me", "Vintage Clothes", "That Was Me", "Feet in the Clouds", and "House of Wax", where he was joined by the following musicians (all from his touring band):
Paul 'Wix' Wickens – keyboards
Rusty Anderson – lead guitar
Abe Laboriel Jr. – drums
Brian Ray – rhythm guitar

PAUL MCCARTNEY

JeFF BeCK
Jeff Beck "Who Else!" (1999)
ou "Electrojeff"

Un album de musique électronique pour guitariste ? Satriani s'y est cassé les dents (Engines of Creation), Jeff Beck relève le gant, y a pas à dire, si les deux axemen sont du même monde, leurs inspirations sont des planètes opposées entre classe intégrale pour l'ex-Yardbirds et clinquant systématique pour le chauve ricain (ce qui ne retire absolument rien à son excellente technique d'authentique virtuose). Evidemment, on vous dira que les deux sont d'une autre génération, d'une autre culture et que ça fait toute la différence, ce sont surtout deux personnalités musicales fort différentes avec un Satriani qui raccroche tout à son univers quand Jeff sait se laisser aller, s'immerger totalement dans son sujet de choix comme c'est évident dès un What Mama Said où l'alliance qu'il a fomenté avec quelques habitués invités mais surtout l'ancienne guitariste de Michael Jackson, Jennifer Batten et un Tony Hymas omniprésent et compositeur de la majorité des pistes et coproducteur de la galette avec le maître de cérémonie découle sur un mix où il parait tout à fait naturel qu'un six-cordiste de 55 balais sonne comme Prodigy. Mais si Jeff a dédié son album à une évolution technoïde qui lui va bien au teint, il n'en oublie pas pour autant les fondamentaux comme sur un Brush with the Blues qui, devinez quoi !, est un blues, tout a fait réussi d'ailleurs, un Blast from the East aux flaveurs orientales bienvenues, ou de la guitare qui pleure et plane comme sur Angel (Footsteps) ou Declan. Au bout du compte, force est de constater que Who Else! est une vraie réussite de plus pour un Jeff Beck toujours aussi polyvalent et talentueux.

1. What Mama Said 3:22
2. Psycho Sam 4:55
3. Brush with the Blues 6:24
4. Blast from the East 4:46
5. Space for the Papa 7:41
6. Angel (Footsteps) 6:30
7. THX138 6:15
8. Hip-Notica 4:40
9. Even Odds 3:29
10. Declan 4:02
11. Another Place 1:48

Jeff Beck – guitar
Jennifer Batten – guitar, guitar synthesizer
Mark John – guitar (track 10)
Tony Hymas – keyboard (except track 9), sound effects
Jan Hammer – keyboard (track 9), drums (track 9)
Simon Wallace – synthesizer (track 10)
Steve Alexander – drums (except tracks 2, 9)
Manu Katché – drums (track 2), percussion (track 2)
Randy Hope-Taylor – bass (except track 2)
Pino Palladino – bass (track 2)
Bob Loveday – violin (track 10)
Clive Bell – flute (track 10)

JEFF BECK

KaTe BuSH
Kate Bush "Aerial" (2005)
ou "High as Kate"

12 ans ! C'est le temps qu'il aura fallu pour enfin découvrir le successeur d'un Red Shoes qui n'avait que partiellement convaincu, une éternité. Tellement qu'on craint presque les retrouvailles, parce qu'on a tant aimé Kate Bush... Alors on glisse la première des deux galettes dans le tiroir prévu à cet effet et découvre ce que cette Mer de Miel nous réserve. Et, pas de doute, c'est Kate que l'on retrouve, inchangée sauf à considérer les détails d'arrangements précieux, conçus dans son propre studio, comme un facteur d'évolution, d'innovation déterminant. Mais comme de King of the Mountain (qui rappelle que Kate est une cousine (pas si) éloignée de Peter Gabriel), d'un π tournant allégrement autour de la folk music, d'un Bertie qu'on croirait sorti de temps immémoriaux avec ses allures de musique classique de la renaissance, à un Coral Room à l'instrumentation aussi minimale que son impact émotionnel est important, c'est une excellente collection que nous nous voyons offerte, on ne se plaint pas et, au contraire, célèbre le retour en force d'une grande artiste. Après une telle fête, on se dit que c'est trop beau pour durer que le second disque argenté ne peut décemment par relever le challenge de son  si brillant devancier. Et puis A Sky of Honey, 9 pistes indépendantes dans la première édition fondues en une dans les suivantes, encore plus planant, encore plus mystique, encore plus elfique, un rêve éveillé qui nous emmène haut, si haut ! En vérité, le tour de force ne se décrit pas sauf à dire qu'on fera mieux de s'y abandonner totalement pour un impact maximal, impact dans le cœur évidemment parce que la poudre, sauf celle de perlimpinpin ?, est logiquement absente de cette excellente planerie. Retour en force d'une grande dame qui avait partiellement déçu, rachat qui se confirmera avec The Director's Cut (une correction de son Sensual World et de The Red Shoes) et 50 Words for Snow qui, certes, n'égalent pas la grâce du présent opus mais s'en sortent cependant avec plus que les honneurs. Reste donc Aerial, un obligatoire pour ceux qui aiment voyager dans leur tête sur des sons venus d'un autre monde, celui de Madame Kate Bush.

CD 1
A Sea of Honey

1. King of the Mountain 4:53
2. π 6:09
3. Bertie 4:18
4. Mrs. Bartolozzi 5:58
5. How to Be Invisible 5:32
6. Joanni 4:56
7. A Coral Room 6:12

CD 2
A Sky of Honey

1. Prelude 1:26
2. Prologue 5:42
3. An Architect's Dream 4:50
4. The Painter's Link 1:35
5. Sunset 5:58
6. Aerial Tal 1:01
7. Somewhere in Between 5:00
8. Nocturn 8:34
9. Aerial 7:52

Kate Bush – vocals, piano and keyboards
Peter Erskine, Stuart Elliott, Steve Sanger – drums
Eberhard Weber, John Giblin, Del Palmer – bass
Bosco D'Oliveira – percussion
Dan McIntosh – electric and acoustic guitars
Gary Brooker – hammond organ
Rolf Harris – didgeridoo
Lol Creme, Gary Brooker, Paddy Bush – backing vocals
Michael Wood – male vocal on "A Coral Room"
Chris Hall – accordion
Richard Campbell, Susan Pell – viols
Eligio Quinteiro – renaissance guitar
Robin Jeffrey – renaissance percussion
Rolf Harris – as The Painter (a character in "A Sky of Honey")
Albert McIntosh – as The Sun (a character in "A Sky of Honey")

KATE BUSH

DouG MaRTSCH
Built to Spill "Keep It Like a Secret" (1999)
ou "Secret Stars"

Un des secrets les mieux gardés du rock indépendant nord-américain, Built to Spill est de ces groupes auquel seul un petit clan semble vouloir s'intéresser même si, parfois, le vu-mètre de la renommée semble vaciller en leur faveur comme sur le cru de fin de millénaire, Keep It Like a Secret. On pourrait dire qu'on a ici affaire à un excellent jeu de piste et on aurait raison parce que, indéniablement, la musique de Built for Spill est extrêmement référencée (Neil Young vous pète à la gueule dès le premier titre, par exemple, vocalement et instrumentalement) mais c'est dans la qualité des chansons de Doug Martsch que réside la substantifique moelle de l'alors trio. Parce que le petit gars de Boise, Idaho a le truc pour vous pondre du rock intelligent et créatif des petits bouts qu'il a choppé ailleurs et qu'il fait présentement plus que recycler, qu'il s'approprie pour en faire sa propre créature. Alors, forcément, il y a un petit côté Pixies là dedans, une dose du Dinosaur Jr. De J Mascis aussi, un cousinage avec WeezerGrandaddy ou Pavement (que des références hautement estimables ceci dit en passant) mais quand ça donne des machins aussi réussis et addictifs que le passionné The Plan, le malin Center of the Universe (qui vous trottera longtemps dans le ciboulot), le surprenant Time Trap (qui ne sait jamais trop à quel style il appartient et qu'on aime pour ça), le ludique You Were Right qui s'amuse à réutiliser les fameuses phrases d'autres artistes devenues depuis autant de clichés (que les anglophones s'y collent, c'est excellent) ou le trip final du très Crazy Horse Broken Chairs et ses presque 9 minutes d'électricité créative, on n'a nullement matière à se plaindre. Built to Spill a, avant et après ce quatrième album si réussi, sorti moult opus fort recommandables (toute leur discographie mérite le détour si vous mordez à l'hameçon de celui-ci) aussi dire que Keep It Like a Secret est leur plus beau fleuron devraient vous indiquer à quel point il vous le faut, là, maintenant, tout de suite !

1. The Plan 3:29
2. Center of the Universe 2:43
3. Carry the Zero 5:44
4. Sidewalk 3:51
5. Bad Light 3:22
6. Time Trap 5:22
7. Else 4:09
8. You Were Right 4:45
9. Temporarily Blind 4:48
10. Broken Chairs 8:40

Doug Martsch - guitar, vocals, producer
Brett Nelson - bass
Scott Plouf - drums
&
Sam Coomes
- keyboards on "Broken Chairs"

DOUG MARTSCH

BRiaN May
Brian May "Back to the Light" (1992)
ou "Another Brian"

Brian May le dit lui-même, Back to the Light était sa façon de ne pas sombrer dans une fatale dépression suite aux disparitions successives de son père (qui conçut avec lui sa "signature guitar") et de Freddie Mercury. Se plonger dans le travail pour éviter de se noyer dans les larmes : un exutoire efficace pour l'élégant axeman de Queen. Et, il faut avouer, l'album n'est pas mal du tout. Pas exempt de ressemblances avec son groupe historique non plus. Ce qui n'est que logique, me direz-vous, l'importance de la "touche May" chez la Reine n'ayant échappé à personne. Ainsi, outre les rifferies et soli habituels, retrouve-t-on d'autres éléments marquants du "son Queen" : refrains chorales quasi-opératiques, mélodies accrocheuses entre pop, hard rock et stadium rock, arrangements au cordeau enrichissant la performance, etc. Evidemment, il y a aussi des différences parce May n'est pas Mercury vocalement mais aussi parce que, guitariste de son état, il centre sa musique sur son instrument et sa capacité de le rendre émouvant et toujours supra-mélodique, ça va sans dire mais disons-le quand même. Côté compositions, ça se traduit par une jolie collection où aucun titre ne déçoit même si certains convainquent plus que d'autres. Des exemples ? Back to the Light, rocker mid tempo au refrain si Queenesque qu'on s'y croirait presque. Resurrection, puissant et racé où May nous désosse les feuilles à grands coups de guitares tranchantes qui, pour le coup, rappellerait plus le Rainbow du début des 80s. Too Much Love Will Kill You, repiqué version Mercury pour Made In Heaven (et initialement prévu pour The Miracle), ballade péri-orchestrale toute en émotion. Driven by You et I'm Scared, deux hard rock mid-tempo comme savait en faire qui vous savez. Last Horizon, instrumental où May démontre, entre prodiges instrumentaux et émotionnels le fantastique six-cordiste qu'il est et combien son "trademark sound" est inimitable. Let Your Love Rule Your Head et ses effluves country rock du meilleur effet. Oui, vraiment, une belle collection d'autant que le reste, plus anecdotique mais néanmoins éminemment sympathique, s'écoute avec un vrai plaisir. Evidemment, le fantôme de Freddie est souvent présent sur la galette tant et si bien qu'on se demande régulièrement ce qu'il serait advenu de ces titres traités par la Reine. Ca n'en amoindri nullement le plaisir d'un album salvateur pour son compositeur et fondamentalement très réussi.

1. The Dark 2:20
2. Back to the Light 4:59
3. Love Token 5:55
4. Resurrection 5:27
5. Too Much Love Will Kill You 4:28
6. Driven by You 4:11
7. Nothin' But Blue 3:31
8. I'm Scared 4:00
9. Last Horizon 4:10
10. Let Your Heart Rule Your Head 3:51
11. Just One Life 3:38
12. Rollin' Over 4:36

Brian May - tout sauf...
Cozy Powell - batterie (2, 3, 4, 7, 8)
Goeff Dugmore - batterie (10, 12)
Gary Tibbs - basse (2, 10, 11, 12)
Neil Murray - basse (3, 8)
John Deacon - basse (7)
Suzie O'List, Gill O'Donovan - chœurs (10)
Mike Moran - piano (3, 12), claviers (9)
Don Airey - claviers additionnels (4, 7)

BRIAN MAY

BoB MaRLey
Bob Marley & the Wailers "Exodus" (1977)
ou "Reggae Deluxe"

Il fait indéniablement partie de ceux qu'on ne vend pas parce que, c'est entendu, la carrière de Bob Marley, avec ou sans les deux autres vrais Wailers, Bunny et Peter, présentement absents depuis deux albums, est entrée au Panthéon des grands classiques. On n'en viendrait presque à oublier l'étrangeté de l'accession à la "staritude" internationale d'un petit gars de la Jamaïque avec une drôle de coiffure et de drôles de cigarettes chantant sur un drôle de rythme chaloupé des paroles spirituelles ou revendicatrices. Bob Marley, première star de la "world music", évidemment, est donc seul capitaine à bord de son groupe et tout va bien, les albums s'enchainent et le succès ne fait que croître et personne ne trouve rien à y redire parce qu'il est mérité. Il faut dire qu'en 1977, loin du punk sauf à considérer une communion d'âme avec les plus politisés des britishs énervés, Bob est non seulement au sommet de sa gloire mais aussi une mine à grandes chansons. De fait, Exodus, un épatant déroulé de sa verve, est une galette sans faux-pas qui, d'un Natural Mystic impeccablement planant, où la performance du guitariste Junior Marvin est particulièrement remarquée, à l'excellent chant de paix clôturant l'opus originel (One Love/People Get Ready qui hommage au passage Curtis Mayfield), il n'y a rien à jeter. Evidemment, certaines sont plus connues du grand public (celui qui a Legend), mais le reste, du pur roots reggae de compétition, mérite autant l'attention de l'auditeur (en particulier l'excellente ballade Turn Your Lights Down). Deluxe oblige, il y a une sacrée quantité de matériau bonus à la belle réussite d'époque, un inédit de qualité et quelques versions alternatives ou dubs sur la première galette, et sur la deuxième un excellent live au Rainbow de Londres et de précieuses sessions avec Lee Perry pour les essentiels Punky Reggae Party et Keep On Moving et leur dubs respectifs (une spécialité du démoniaque Scratch, c'est dire la qualité). Parfait. Bien remasterisé, excellemment bonussé, Exodus est un essentiel de toute collection qui se respecte, point barre.

CD 1
1. Natural Mystic 3:28
2. So Much Things to Say 3:08
3. Guiltiness 3:19
4. The Heathen 2:32
5. Exodus 7:40
6. Jamming 3:31
7. Waiting in Vain 4:16
8. Turn Your Lights Down Low 3:39
9. Three Little Birds 3:00
10. One Love/People Get Ready 2:52
Bonus
11. Roots (b-side of "Waiting in Vain") 3:42
12. Waiting in Vain (alternative version) 4:43
13. Jamming (long version) 5:52
14. Jamming (Version) 3:04
15. Exodus (Version) 3:08

CD 2
Exodus tour (Live at the Rainbow Theatre, London, 4 June 1977)

1. The Heathen 6:48
2. Crazy Baldhead/Running Away 9:21
3. War/No More Trouble 7:44
4. Jamming 7:07
5. Exodus 11:46
Sessions with Lee Perry, July / August 1977
6. Punky Reggae Party 9:18
7. Punky Reggae Party (dub) 8:47
8. Keep on Moving 6:25
9. Keep on Moving (dub) 6:15
10. Exodus/Waiting in Vain (advertisement) 1:07

Bob Marley – lead vocal, rhythm guitar, acoustic guitar, percussion
Aston "Family Man" Barrett – Fender bass, guitar, percussion
Carlton Barrett – drums, percussion
Tyrone Downie – keyboards, percussion, backing vocals
Alvin "Seeco" Patterson – percussion
Julian (Junior) Marvin – lead guitar
I Threes (Rita Marley, Marcia Griffiths, Judy Mowatt) – backing vocals

BOB MARLEY

Eddie VeDDeR
Pearl Jam "No Code" (1996)
ou "Classic Rock"

Pearl Jam change, Pearl Jam évolue, Pearl Jam surprend... Mais seulement ceux qui n'avaient pas prêté attention aux racines bien implantées de cinq de Seattle, et de leur quasi-inamovible producteur, Brendan O'Brien. Les racines en question sont celles qui relient Vedder et ses amis à Bruce Springsteen, Neil Young et plus généralement à toute la tradition du rock américain blue collar concerné. Il y avait déjà de très présents indices sur Ten, Vs. et Vitalogy, de plus en plus évidents à chaque album, sur No Code, la transition est accomplie. Ce n'est pas à dire que toute trace d'agressivité électrique punkoïde ait disparue, non, encore cette fois, depuis Vitalogy en fait, ces gars-là savent faire parler la poudre dans de courtes saillies cure-tympans de première bourre (Hail Hail, Habit, Lukin, tous très réussis) mais, cette fois, ils s'aventurent aussi très souvent dans de territoires qu'ils n'avaient précédemment qu'effleuré d'une folk rock plus que convaincante (Who You Are et ses flaveurs indiennes, Off He Goes ou le Boss romantique bien revisité, l'aérien Present Tense ou la magnifique ballade "à la Neil" de clôture, Around the Bend) à un rock mesuré encore bouseux sous les semelles (un Sometimes rampant d'ouverture, un Smile ou un Red Mosquito qui doivent beaucoup au Loner). Et donc, fidèle à lui-même et malgré tout en constante évolution, avec cette fois une production "normale" (contrairement aux délires de Vitalogy) qui met parfaitement en valeur les qualités d'auteurs de Gossard, Ament & Cie, mais surtout d'Eddie Vedder qui s'y impose, encore plus que le coup d'avant où il dominait pourtant, comme l'aiguillon d'une formation qui sait où elle va, directement au Panthéon des grands rockers étatsuniens !

1. Sometimes 2:40
2. Hail, Hail 3:41
3. Who You Are 3:50
4. In My Tree 3:59
5. Smile 3:52
6. Off He Goes 6:02
7. Habit 3:35
8. Red Mosquito 4:03
9. Lukin 1:02
10. Present Tense 5:46
11. Mankind 3:28
12. I'm Open 2:57
13. Around the Bend 4:35

Jeff Ament – bass guitar, guitar, Chapman, vocals
Stone Gossard – guitar, vocals, piano, lead vocals on "Mankind"
Jack Irons – drums
Mike McCready – guitar
Eddie Vedder – lead vocals, guitar, harmonica
&
Brendan O'Brien
– piano

EDDIE VEDDER

11 commentaires:

  1. Meat Is Murder #2

    Blur "Modern Life Is Rubbish" (1993)
    - http://www110.zippyshare.com/v/pQJBt7zr/file.html

    The Verve "Forth" (2008)
    - http://www110.zippyshare.com/v/abOuZVLy/file.html

    Paul McCartney "Memory Almost Full" (2007)
    - http://www110.zippyshare.com/v/Tye8hA61/file.html

    Jeff Beck "Who Else!" (1999)
    - http://www110.zippyshare.com/v/pe2HDvhA/file.html

    Kate Bush "Aerial" (2005)
    - http://www110.zippyshare.com/v/8hNwVdMz/file.html

    Built to Spill "Keep It Like a Secret" (1999)
    - http://www110.zippyshare.com/v/IZBuKpgX/file.html

    Brian May "Back to the Light" (1992)
    - http://www110.zippyshare.com/v/sSz8uvKo/file.html

    Bob Marley & the Wailers "Exodus" (1977)
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    Pearl Jam "No Code" (1996)
    - http://www110.zippyshare.com/v/mmgNBMPI/file.html

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  2. Mais oui.. ce Paulo comme une prie de risque.. un disk de ouf, moderne, sophistiqué.. la liberté total pour un mec qui n'a plus rien à prouver... :D
    Tu m'épates sans cesse avec tes selects... tiens..merci Zozo, samedi pour brouiller cette vase des victoires.. je me mets in the casque VINTAGE CLOTHE... de Memory Paulo ;D

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    1. Ben tu vois, nous ne sommes pas du même avis sur Memory Almost Full qui, pour moi, même s'il est réussi, parce qu'il l'est, est un disque routinier... Ceci dit, je préfère la routine de Macca tous les jours plutôt que la plupart des horreurs qui prétendent aux "victoires".

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  3. Tu m'as troublé avec ce Paulo.. j'ai oublié de te die que je ne m'explique pas pourquoi ce Kate là ne pas pas.. pourtant je suis un amoureux fan terrible, mais celui là, c'est pas que j'aime pas, mais il glisse sans émotion.. alors que le suivant j'en suis fou...

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    1. Ben, pour moi, ça dépend des fois. Il m'arrive de ne pas adhérer du tout à l'un ou à l'autre alors que, la fois suivante, je trippe. Sans doute me faut-il être dans le bon état d'esprit...

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  4. Ce Paul Mc Cartney, c'est vrai qu'il souffre du précédent. Un album très classique, bien réalisé avec un grand savoir faire mais qui, au final, n'apporte pas grand chose à l'oeuvre. Pour ma part, j'écoute beaucoup plus Flaming Pie et Driving Rain qui, je trouve, ouvre plus d'horizon et contiennent des vraies petites merveilles, ce qui fait un peu défaut ici.

    Jeff Beck, l'un des artiste qui ne m'attire jamais. Jamais écouté et toujours pas envie. En fait, je suis assez peu attirée par ces guitaristes qu'on site comme des maitres (Clapton, Page Brian May ou Beck). Pas mon truc.

    Kate Bush, moins, c'est l'inverse de Charlu. Le suivant ne m'emballe pas vraiment, à chaque fois que je l'écoute, ça glisse et je ne retiens rien. Dans celui-là, j'aime la sérénité ou l'apaisement qui s'en dégage.

    Built to spill: c'est celui qui me tente le plus. Je ne connais pas.

    Marley: je crois que c'est l'un de mes préférés. Mais je reste encore assez inculte sur le reggea. Un vrai continent musicale dont je ne connais qu'une poignée d'album.

    Pearl Jam: J'ai jamais trop accroché. Pourtant que Vedder est type plus intéressant que sa musique et que leur musique est devenu plus intéressante qu'avec le pic grunge. Peut-être que je tenterai si j'ai le temps.

    Et alors, de ton côté, Wire, ça a donné quoi,

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    1. Salut Audrey,

      Je vois que
      - nous sommes d'accord sur le Macca
      - nous ne nous comprendrons jamais sur Jeff Beck
      Sinon, bonne pioche pour le BTS, je te conseille aussi le Pearl Jam, s'il y en a un d'eux que tu peux aimer, c'est celui-là. Et le Marley, un vrai Deluxe, c'est pas si courant !
      Et Wire ? Pas de surprise mais je connais quelques Wire donc j'ai un "ancrage".
      A+

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  5. Bonne idée que cette version deluxe du classique de Bob, rien que pour les sessions avec Lee Perry et ce Punky Reggae Party en VO qui, mine de rien, est un beau cri de rassemblement.

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    1. Oui, absolument ! Un vrai Deluxe ce qui, comme je le disais à Audrey, n'est pas si courant.

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  6. Dee Snider n'est pas au programme ?!?!?

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