vendredi 4 mars 2016

Ces chers disparus... 2015 (Quatrième Partie, mars-février)

Quatrième mais hélas, parce que la liste commence à être affreusement longue, des thémas du souvenir. Souvenons-nous.

(mars, suite)
SPaCe CHeeSe
Gong "Camembert Electrique" (1971)
ou "Bien Fait !"

Vous prendrez bien une tranche de space cheese d'exception, un belle part de la plus belle galette (quoiqu'il y a compète !) du Gong d'un Daevid Allen qu'on n'a pas fini de pleurer, ce Camembert Electrique qui, aux naissantes seventies, fit plus que son petit effet avec sa foutraquerie hors normes. Parce que, déjà, ce qui signifie nettement plus que sur un Magick Brother encore largement embryonnaire (tant musicalement que dans la formation l'ayant commis), Gong est le plus psychédéliquement spatial des tenanciers de la scène dite de Canterbury comme c'est évident dès l'intro folle (Radio Gnome Invisible) et encore plus sur le frénétique et entêtant You Can't Kill Me et, en fait, tout un opus où il ne fait pas bon avoir les zygomatiques trop coincés. Mais, attention, si Gong et son leader pour le moment incontesté (tout changera avec la scission des années 70 et l'apparition d'un Gong fusion mené par le percussionniste Pierre Moerlen, mais c'est une autre histoire) sont de vrais rigolos, ils n'en font pas pour autant de la musique anecdotique ou purement fantaisiste même s'ils donnent toujours un peu l'impression de vouloir se payer la bobine de l'auditeur qui finit, s'il a le sens de l'humour et une bonne grosse envie de trip, en complice de ces doux-dingues d'exception. Parce qu'il y a du grain à moudre pour celle ou celui qui veut bien dépasser la loufoquerie chronique que ce soit avec les guitares tressautantes ou planantes d'Allen, les feulements d'animal taré d'une Gilly Smyth, les saxes et flutes vibrantes et baladines de Didier Malherbe, l'orgue malin d'un Eddy Louiss encore débutant et, évidemment, l'emballage rythmique différent qu'apposent messieurs Tritsch et Pyle... Epatant ! Evidemment, ce n'est pas encore le "vrai" Gong, celui qui dès l'opus suivant, le très recommandé Flying Teapot, et pour quelques uns, développera un son, une esthétique et un concept (la Radio Gnome Invisible trilogie) qui n'est, sur Camembert Electrique, que partiellement accompli. Ca n'en enlève pas l'aspect absolument fondamentalement essentiel d'un opus non seulement glorieusement troussé mais, surtout, si agréablement aliéné. 

1. Radio Gnome Invisible 0:28
2. You Can't Kill Me 6:18
3. I've Bin Stone Before 2:36
4. Mister Long Shanks/O Mother /I Am Your Fantasy 5:57
5. Dynamite/I Am Your Animal 4:43
6. Wet Cheese Delirium 0:32
7. Squeezing Sponges Over Policemen's Heads 0:13
8. Fohat Digs Holes in Space 6:22
9. And You Tried So Hard 4:39
10. Tropical Fish/Selene 7:36
11. Gnome the Second 0:26

Daevid Allen - guitar (all but 9), vocals, bass (9)
Gilli Smyth - space whisper
Didier Malherbe - saxophones, flute
Christian Tritsch - bass (all but 9), guitar (9)
Pip Pyle - drums
Eddy Louiss - Hammond organ and Piano

Daevid Allen
(13/1/1938 - 13/3/2015)

SMooTH oPeRaToRS
Toto "The Seventh One" (1988)
ou "On the Radio"

Ha, Toto ! Le pire du rock FM, une bande de gars trop propres pour être vrais qui transforment le rock en animal docile... Oui, mais, à y regarder de plus près, il y a un vrai savoir-faire chez ces requins de studio, et un certain talent pour trousser une mélodie... Prenez The Seventh One, leur septième album, ben tiens, qu'y entend-on ? Du rock FM millimétré aux influences jazzy dénotant des racines de la bande (et de se souvenir que Paich sénior fut, en son temps, un arrangeur jazz respecté, ça laisse des traces), et des chansons, parce qu'il est là le nœud de l'affaire, on peut détester le son propret de Toto, on peut railler leur imagerie à épées quand clairement, les fiers estocs musicaux sont largement émoussés, on peut même se rire des yuppies qui pensaient que, voilà quoi, c'est du bon rock Toto... On peut. On peut aussi se rendre compte que Pamela est une sacrée chanson glorieusement troussée et arrangées où la maîtrise instrumentale n'est pas le moindre attribut, que You Got Me dans le genre funk blanc "à la Michael" fait son petit effet (grâce notamment au groove des regrettés frères Porcaro, le bassiste d'iceux, Mike, disparu en mars 2015), que la power ballad Stop Loving You et son entêtant refrain restent longtemps dans les têtes (c'est pas si simple à faire), que Mushanga n'est pas loin de venir concurrencer les Paul Simon et autres Peter Gabriel avec, comme d'hab' un refrain pour ménagère de moins de cinquante ans, c'est le style qui veut ça, que Straight from the Heart est un efficace rocker à la Huey Lewis qui rayonne de tous ses californiens feux, qu'Only the Children en archétype de rock FM botte les fesses des collègues, et qu'Home of the Brave est un beau final péri-progresif, bref, que The Seventh One est une galette qui fonctionne, même si on a envie d'haïr les têtes d'empeignes aux commandes. Envie de les haïr parce qu'on se prend, parfois, à les imaginer avec d'autres ambitions artistiques que de pondre de la chanson qui va bien et que le résultat, fantasmé, aurait pu être du niveau d'un Weather Report, d'un Return to Forever, d'un Mahavishnu Orchestra, le potentiel est là.  Mais pas la volonté d'un Toto qui déjà fait très bien de la musique orientée rock commerciale, c'est déjà ça.

1. Pamela 5:11
2. You Got Me 3:11
3. Anna 4:58
4. Stop Loving You 4:29
5. Mushanga 5:35
6. Stay Away 5:31
7. Straight for the Heart 4:09
8. Only the Children 4:11
9. A Thousand Years 4:53
10. These Chains 4:59
11. Home of the Brave 6:51

Joseph Williams - lead vocals (except on "Anna" and "These Chains")
Steve Lukather - guitars, backing vocals, lead vocals on "Anna" and "These Chains"
David Paich - keyboards, backing vocals, co-lead vocals on "Home of the Brave"
Mike Porcaro - bass
Jeff Porcaro - drums, percussion
&
Steve Porcaro - keyboards, electronics
"Pamela"
Saxophone: Tom Scott
Vibes: Joe Porcaro
Horns arranged by Tom Scott
"You Got Me"
Additional backing vocals: Patti Austin
Additional percussion: Lenny Castro, Jim Keltner
Horns arranged by Jerry Hey & David Paich
"Anna"
Additional percussion: Michael Fisher, Joe Porcaro
Strings arranged by Marty Paich, David Paich & James Newton Howard; conducted by Marty Paich
"Stop Loving You"
Additional backing vocals: Jon Anderson
Additional percussion: Michael Fisher
Additional keyboards: Bill Payne
Horns arranged by Tom Scott
"Mushanga"
Additional backing vocals: Patti Austin
Additional percussion: Joe Porcaro
Steel drums: Andy Narell
Recorders & flute: Jim Horn
"Stay Away"
Additional backing vocals: Linda Ronstadt
Lap steel guitar: David Lindley
"Straight For The Heart"
Additional backing vocals: Patti Austin
Saxophone: Jim Horn
"Only The Children"
Additional backing vocals: Tom Kelly
"A Thousand Years"
Arranged by Mark T. Williams & Toto
Strings arranged & conducted by David Paich
"These Chains"
Vibes: Joe Porcaro
Horns arranged by Tom Scott
Strings arranged & conducted by David Paich
"Home Of The Brave"
Strings arranged by David Paich, Conducted by Marty Paich

Mike Porcaro
(20/5/1955 - 15/3/2015)

HaCHé MeNu
Molly Hatchet "Flirtin' with Disaster" (1979)
ou "Southern Electric"

Molly Hatchet ne sont pas des demi-sels, pas des mauviettes qui édulcorent leur sudiste à la pop vanillée ! Molly Hatchet c'est, en vérité, la plus metallo-compatible des formations de southern rock, les teigneux qui ne lâchent rien (depuis maintenant plus de 35 ans !) ! Flirtin' with Disaster, second opus qui porte mal son nom, est le retour d'un groupe ayant déjà conquis la "niche" sudiste mais ne s'en contentant pas. Pas un album ambitieux, juste un album plus peaufiné, plus pensé, mieux maîtrisé. De la brute énergie d'un éponyme sans tâche, Danny Joe Brown et ses petits gars on tout gardé, Molly Hatchet continue de nous attaquer frontalement de riffs supra-efficaces, de "ravissants" soli baveux, d'une rythmique plombée mais pleine de feeling (dont le regretté Bruce Crump qui nous quitta l'an passé) et, bien sûr des râpeux vocaux du précité, précieux dans l'énergie du sextet. Evidemment, avec trois six-cordistes d'une impeccable habileté, ça dégouline de guitares, faut ce qu'il faut et c'est exactement ce qu'l faut. A cette suante électricité rock'n'rollesque s'ajoutent une production nettement plus puissante et slick (de Tom Werman, responsable, alors, du décollage de Van Halen, qui sait y faire, donc) et quelques claviers suffisamment discrets pour ne pas alourdir, suffisamment présents pour texturer l'ambiance. Pareil que sur le premier vous me direz, oui mais ça sonne VRAIMENT mieux, allez comprendre pourquoi... Osmose, budget, un remastering miraculeux ? Le mystère reste entier. Ces ajustements, en l'occurrence, vont de pair avec une inspiration au moins aussi riche. Parce qu'il y a de l'hymne en puissance ici, du rock de harde de référence ! D'un Whiskey Man emblématique au boogie endiablé final Let the Good Times Roll (qui n'est pas une reprise !) c'est à un déboulé de sudiste first class auquel nous assistons. On citera forcément la puissance soul d'It's All Over Now (une reprise des Valentinos de Bobby Womack revue, dans la foulée, par les Rolling Stones) et l'épique morceau titre, Flirtin' with Disaster, qui demeure un pilier de chaque concert du groupe, une des chansons les plus marquantes de leur carrière aussi, et de très loin la plus utilisée en soundtrack. C'est du lourd, du furieux, et même quand ça s'adoucit un peu (One Man's Pleasure et ses effluves country), ça reste du vrai béton sudiste, inaltérable. De tous les groupes de rock sudiste, Molly Hatchet est le plus intègre, le seul (sauf à compter ceux qui étaient en sommeil ou carrément séparés) à ne jamais avoir trahi ses valeurs cardinales pour aller patauger dans la bauge FM voir si les dollars n'y seraient pas plus verts. Leur carrière, qualitativement comme commercialement, a connu des hauts et des bas mais, pourtant, jamais ils n'ont désarmé. En l'occurrence, au sommet de leur art, ils donnent une bonne petite leçon de "sudisme" puissant aux Lynyrd, Allman, et autres Blackfoot, tout simplement, et préfigurent, ce faisant, la vague "Southern Metal" et tout le courant stoner déboulé depuis quelques années. C'est qu'il comptent ces p'tit gars, ils comptent !

1. Whiskey Man 3:38
2. It's All Over Now 3:40
3. One Man's Pleasure 3:24
4. Jukin' City 3:46
5. Boogie No More 6:08
6. Flirtin' with Disaster 5:00
7. Good Rockin' 3:17
8. Gunsmoke 3:11
9. Long Time 3:19
10. Let the Good Times Roll 2:56
Bonus
11. Silver and Sorrow (demo) 3:36
Live from Jacksonville, FL in 1980
12. Flirtin' with Disaster 6:15
13. One Man's Pleasure 3:16
14. Cross Road Blues 4:13

Danny Joe Brown – vocals
Bruce Crump – drums
Dave Hlubek – guitar
Steve Holland – guitar
Duane Roland – guitar
Banner Thomas – bass guitar
&
Max Gronenthal – vocals, background vocals
Tom Werman – percussion
Jai Winding – keyboards

Bruce Crump
(17/7/1957 - 16/3/2015)

oN HoT RoCKS
Free "Fire and Water" (1970)
ou "All Right Now"

Ha ! Free ! Un des plus beaux fleurons d'un hard rock alors naissant, une formation, il faut le dire, bien doté avec un axeman plein de classe et de blues (un Paul Kossoff disparu beaucoup trop jeune), une voix gorgée de soul (Paul Rodgers, déjà bien rauque), et une section rythmique en guise d'impeccable soutien (l'excellent Simon Kirke, qui suivra Paul chez Bad Company, et l'ex-Bluesbreakers Andy Fraser qui nous a quitté en mars 2015 et n'avait alors que 18 printemps), ce groupe là est plus que prêt quand vient l'heure d'enregistrer son troisième opus, Fire and Water. En l'occurrence, et le présent opus ne fait pas exception, Free est l'un des (voir le) plus crédible héritiers de l'explosion blues que vit le Royaume Uni dans les années 60 parce qu'indéniablement c'est leur base, une base augmentée, modernisée, "hard-rockée" par un groupe qui, ne cherchant pas à réinventer la roue, se sert merveilleusement de tous ses attributs pour offrir sept chansons (dont l'énorme tube All Right Now) démontrant tout l'étendu de ses capacités. Parce que le tube, ici, n'est pas l'arbre qui cache la forêt et que, de beaux mid-tempo tels que Fire and Water, Remember et Mr. Big (et son gros solo... de basse) à des pistes plus mesurées telles que Oh I WeptHeavy Load (avec Fraser au piano en plus de la basse) et Don't Say You Love Me, Free étale une classe roots absolument indéniable. Tel que, parfaitement remasterisé, le bonheur aurait été au rendez-vous mais, Deluxe oblige, moult additions sont ici proposées avec, sur la première galette après la tracklist d'origine, quelque juteuses sessions captées pour diverses cases de la grille de la BBC et, sur la seconde, de nouveaux mix, des alternate takes et quelque live pas piqué des vers mais pas le moindre inédit, c'est à noter. Du coup, l'écoute intégrale d'un trait est un peu fastidieuse et redondante (pas moins de 8 versions d'All Right Now par exemple) mais pas inintéressante pour autant en faisant tout de même, clairement, un objet plus destiné aux fans qu'à l'auditeur de passage. Mais l'album, ha !, l'album, ce Fire and Water passé de plein droit dans la légende, c'est un classique, le genre d'album dont ceux férus de (blues et/ou hard) rock ne pourront décemment pas se passer.

CD 1
1. Fire And Water 4:02
2. Oh I Wept 4:30
3. Remember 4:28
4. Heavy Load 5:22
5. Mr. Big 5:59
6. Don't Say You Love Me 6:05
7. All Right Now 5:37
Bonus
8. Fire And Water (BBC "Sounds Of The Seventies" Sessions 23/06/1970) 3:05
9. Mr. Big (BBC "Top Gear" Session 13/12/1969) 5:06
10. All Right Now (BBC "Sounds Of The Seventies" Sessions 23/06/1970) 5:29
11. Remember (BBC "John Peel Sunday Concert" 15/01/1970) 4:49
12. Mr. Big (BBC "John Peel Sunday Concert" 2/7/1970) 6:37
13. Don't Say You Love Me (BBC "John Peel Sunday Concert" 2/7/1970) 5:54
14. All Right Now (BBC "John Peel Sunday Concert" 2/7/1970) 5:08

CD 2
1. Fire And Water (US Album Mix) 3:43
2. Oh I Wept (New Stereo Mix) 4:31
3. Remember (New Stereo Mix) 4:30
4. Don't Say You Love Me (New Stereo Mix) 6:26
5. All Right Now (Songs Of Yesterday Version) 3:39
6. All Right Now (Single Version) 4:16
7. Fire And Water (Backing Track) 2:26
8. Fire And Water (Alternative Stereo Mix) 4:12
9. Fire And Water (Live At Croydon) 4:12
10. Don't Say You Love Me (Live At Croydon) 5:56
11. Mr. Big (Live In Croydon) 5:56
12. All Right Now (Live In Sunderland) 6:24
13. Mr Big (Live In Sunderland) 5:26
14. All Right Now (Video Mix 1) 4:28
15. All Right Now (Video Mix 2) 4:29
16. All Right Now (Video Mix 3) 4:45

Paul Rodgers – vocals
Paul Kossoff – guitars
Andy Fraser – bass guitar, piano
Simon Kirke – drums

Andy Fraser
(3/7/1952 - 16/3/2015)

LoST PoP
The Left Banke "Walk Away Renée/Pretty Ballerina" (1967)
ou "My Precious"

12 titres pour une trop courte demi-heure de pop baroque à son meilleur, ça vous tente ? Par une des formations les plus injustement oubliées de la seconde moitié des années soixante ? Ne cherchez pas plus loin que l'originel et indépassable premier opus des new yorkais de The Left Banke, Walk Away Renée/Pretty Ballerina. , un opus dont vous connaissez déjà probablement l'un des tubes (les deux donnent leur titre à l'album) sans même savoir qui se nichait derrière une si jolie miniature. Parce qu'elle est là la force de ces américains et de sa paire de leaders (Steve Martin Caro et le regretté Michael Brown qui nous a quitté en mars 2015), pondre de la belle petite chanson à la mélodique évidente et aux arrangement fins et délicats. Et tout ça sans vraiment ressembler vraiment à qui que ce soit même si, la génération spontanée n'existant pas, quelques éléments de glorieux devanciers (Beatles, Beach Boys, Walker Brothers, Kinks et même Phil Spector ou Burt Bacharach) se laissent régulièrement deviner sans jamais toutefois envahir un opus fondamentalement très personnel. Bref, réussi de bout en bout, précieux musicalement mais surtout précieux pour l'auditeur en quête de pop à l'ancienne d'exception,  Walk Away Renée/Pretty Ballerina. est un album qu'on n'a de cesse de recommander parce que, franchement, une telle beauté est à peine croyable !

1. Pretty Ballerina 2:32
2. She May Call You Up Tonight 2:18
3. Barterers and Their Wives 2:56
4. I've Got Something on My Mind 2:46
5. Let Go of You Girl 2:53
6. Evening Gown 1:46
7. Walk Away Renée 2:40
8. What Do You Know 2:57
9. Shadows Breaking Over My Head 2:34
10. I Haven't Got the Nerve 2:13
11. Lazy Day 2:24

Steve Martin Caro — lead vocals
Michael Brown — piano, harpsichord, Clavinet; lead vocals (on "What Do You Know")
Tom Finn — bass, backing vocals
George Cameron — drums, percussion, backing vocals; co-lead vocals (on "I Haven't Got The Nerve")
Warren David-Schierhorst — drums
Jeff Winfield — electric guitar
Rick Brand — electric guitar
&
Hugh McCracken — guitar
Al Gorgoni — guitar
George "Fluffer" Hirsh — guitar
John Abbott — bass, guitar, string arrangements
Seymour Barab — bass, cello
Joe Mack — bass
Al Rogers — drums
Buddy Saltzman — drums
Harry Lookofsky — violin
George Marge — oboe

Michael Brown
(25/4/1949 - 19/3/2015)

HaiR TRiuMPH
Twisted Sister "Stay Hungry" (1984)
ou "Sommet Tordu"

C'est l'histoire d'un groupe qui a mis le temps pour y arriver, l'histoire d'une bande de new yorkais grandement influencés par les New York Dolls dont les débuts remontent à 1972, l'histoire d'un groupe qui finira, à force de concerts et d'abnégation, par décrocher un contrat avec Atlantic au début des années 80, l'histoire d'un troisième album qui finira par les mener à la tête des charts de leur mère patrie, l'histoire, enfin, d'une époque et d'un combat qui les laissera exsangues au point de sombrer aussi vite qu'ils étaient montés, c'est l'histoire de Twisted Sister et de Stay Hungry. Pour bien situer, il faut remonter huit ans plus tôt, à l'arrivée d'un jeune et fringant vocaliste du nom de Dee Snider qui, peu satisfait du répertoire propre du groupe qu'il vient de rejoindre, Twisted Sister donc, s'attelle à la tâche de lui forger quelques compositions dignes de ce nom et en devient, de fait, le leader. Quelques années, centaines de concerts et hectolitres de bière plus tard, rejetés de partout à cause de leur réputation d'intenables bad boys, une sorte de Guns N' Roses avant l'heure, les cinq garçons au look scénique aussi improbable que particulier, imaginez 5 Drag Queens kingsize vous ne serez pas loin du compte, réussissent enfin à convaincre un exécutif local d'Atlantic de leur donner leur chance, non sans avoir précédemment sorti un EP autofinancé sur le microscopique label Secret Records, Ruff Cuts, histoire de prouver ce dont ils étaient capables. Suivront deux albums d'un hard glam musclé qui, peu promus par un label qui ne croit pas en ces peinturlurés qui arrivent pile poil quand Kiss met bas les masques, dépassent tant les espérances, ou plutôt l'absence d'icelles, qu'enfin Twisted Sister devient un objectif dans les yeux emplis de dollars de ces messieurs de chez Atlantic. Et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils avaient senti le vent venir ! Parce que Stay Hungry est un triomphe. Un triomphe dans les charts d'abord, l'album s'écoule à 3 millions d'exemplaires rien qu'aux Etats Unis. Un triomphe dans la manière ensuite parce que, porté par deux singles surpra-éficaces, et deux vidéoclips rigolos en heavy rotation sur la dominante MTV, We're Not Gonna Take It et I Wanna Rock, le heavy glam rock des Sœurs Tordues a plus de gueule que jamais. Comme le reste de la galette est à l'avenant, pas de bon goût, certes, mais si glorieusement accrocheur, affreux, sale et méchant mais doux à l'oreille du fan de (hard) rock en mal d'électricité bananante, avec de vrais bons classiques du genre dedans (Stay Hungry, Burn in Hell, The Price, S.M.F.), et idéalement mis en son par un Tom Werman spécialiste de l'exercice, la réussite est indéniable, et le succès mérité. Bref, la route de la gloire était ouverte à Twister Sister, et puis... Et puis l'affaire PMRC, des femmes de sénateurs du genre desperate housewives qui se lancent dans une croisade contre toutes ces musiques qui polluent les malléables cerveaux de nos chères têtes blondes, un audience au Sénat où Dee Snider, cité avec John Denver et Frank Zappa (un drôle de casting !) pour défendre les intérêts des artistes, s'en sortit très bien, mais un peu beaucoup avec le melon. Un an plus tard, un nouvel album sous la ceinture, Come Out and Play, pas exactement raté mais très en deçà des bonnes habitudes de la formation, sans titre aussi immédiatement mémorisable aussi et avec un choix de premier single contestable (la reprise du Leader of the Pack du girls-band sixties les Shangri-Las et son clip ridicule), Twisted Sister commence sa descente vers les enfers... Jusqu'à un split dont tout le monde se moque en 1987 après un ultime album cette fois franchement raté, Love Is for Suckers. Reste donc une belle triplette originelle, et ce Stay Hungry, un peu plus encore, et même plus que ça dans sa version Deluxe bonussée de nombreuses démos permettant de se rendre compte du travail accompli par la formation pour arriver à son but, un beau package qui complimente un album qui demeure un des grands classiques du hair metal des années 80 et une bonne façon de se souvenir de leur batteur disparu en mars 2015, le puissant A.J. Pero.

CD 1 - Album
1. Stay Hungry 3:03
2. We're Not Gonna Take It 3:38
3. Burn in Hell 4:43
4. Horror-Teria (The Beginning) 7:45
5. I Wanna Rock 3:06
6. The Price 3:48
7. Don't Let Me Down 4:26
8. The Beast 3:30
9. S.M.F. 3:01

CD 2 - Bonus
1. Death From Above 2:42
2. Prime Motivator 2:25
3. We're Not Gonna Take It (Early Demo) 2:47
4. Death Run 1:45
5. This One's For You 2:00
6. S.M.F. (Early Demo) 2:14
7. We're Coming On 1:42
8. Call My Name 2:10
9. Burn In Hell (Early Demo) 5:08
10. Pay The Price 1:42
11. What's Love Without You 1:45
12. Our Voice Will Be Heard 1:29
13. You Got To Fight 1:39
14. The Price (Early Demo) 2:36
15. Stay Hungry (Early Demo) 1:58
16. Radio Spot 0:24
17. 30 (New Track) 4:23
18. Lollipop Guild (Hidden Track) 0:30

Dee Snider - lead vocals
Eddie "Fingers" Ojeda - lead & rhythm guitars, backing vocals
Jay Jay French - rhythm & lead guitars, backing vocals
Mark "The Animal" Mendoza - bass, backing growls
A. J. Pero - drums, percussion

A.J. Pero
(14/10/1959 - 20/3/2015)

uK FoLK
The Pentangle "The Pentangle" (1968)
ou "Pastoral Brits"

Alors que ses deux six-cordistes d'exception ont désormais disparu, Bert il y a trop longtemps, 15 ans déjà !, John en mars 2015, il n'est pas inutile de revenir sur le cas d'une des plus belles formations folk britannique des années 60 et 70, Pentangle. Et sur la première de leurs galettes, l'éponyme augmenté d'un The que le groupe finira par abandonner et qui, loin des territoires hantés par les équivalents américains, trace une route qui fera florès, celle d'une folk ancrée dans une campagne anglaise source de bien des merveilles mais également éprise de libertés instrumentales diablement bien habités par une bande de musiciens aventureux juste ce qu'il faut pour réussir le prodige. Parce que c'est bien de prodige dont il s'agit sur un album supérieurement mélodique, un album où la voix gracieuse de Jacqui McShee est l'idéal contrepoint aux explorations musicales de quatre garçons glissant régulièrement un peu de jazz et de blues dans les paysages anglais qu'ils illustrent (rien que l'instrumental Bells et son gros solo de batterie par l'excellent Terry Cox vous le démontrera). En résumé ? The Pentangle est le genre d'album où l'on arrive pour la beauté du paysage et reste pour tous les détails d'un panorama plus vaste qu'il n'y paraissait initialement... Un prodige, vous dis-je !

1. Let No Man Steal Your Thyme 2:37
2. Bells 3:52
3. Hear My Call 3:01
4. Pentangling 7:02
5. Mirage 2:00
6. Way Behind The Sun 3:01
7. Bruton Town 5:05
8. Waltz 4:54
Bonus
9. Koan (Alternate Version) 2:10
10. The Wheel (Alternate Version) 2:00
11. The Casbah (Alternate Version) 2:17
12. Bruton Town (Edit 1/5/3) 5:15
13. Hear My Call (Alternate Version) 3:18
14. Way Behind The Sun (Alternate Version) 2:49
15. Way Behind The Sun (Instrumental) 2:37

Jacqui McShee – vocals
Bert Jansch – acoustic guitar, vocals
John Renbourn – acoustic guitar, vocals
Danny Thompson – double bass
Terry Cox – drums, vocals

John Renbourn
(8/8/1944 - 26/3/2015)

(février)
JaNiS & LeS GaRCoNS
Big Brother and the Holding Company "Cheap Thrills" (1968)
ou "Toute une époque"

Leur premier album sur l'indépendant Mainstream Records avait été largement handicapé par un minuscule budget et une production approximative empêchant une formation de blues psychédélique prometteuse de livrer la pleine mesure de leur talent. Un an plus tard, et après une très remarquée performance au Monterey Pop Festival, arrive un Cheap Thrills, album soutenu qu'ils sont par la major company Columbia et produit par un John Simon ayant fait ses preuves auprès du jazzman Charles Lloyd ou du folkeux canadien Leonard Cohen, une toute autre histoire en vérité, un vrai morceau de la légende de la pop music, aussi. Effectivement, présenté plus ou moins comme un live mais, en fait, enregistré en grande partie en studio (avec la notable exception de Ball & Chain provenant d'un concert au Winterland Ballroom), c'est une parfaite représentation du blues jammy et psychédélisant de du Big Brother avec, évidemment, une Janis impériale en indéniable cerise sur le gâteau mais aussi un soliste, qui vient de la rejoindre dans les nuages d'ailleurs, Sam Andrew, une fine lame disparue en février 2015. Le terreau sur lequel a poussé cette sauvage fleur électrique est évidemment blues mais le groupe, totalement dans le zeitgeist du flower power San-franciscain, pousse l'enveloppe de la vieille musique vers une freak-attitude absolument de son temps. Porté par deux morceaux phares (la passionnée reprise du Summertime du Porgy & Bess de George et Ira Gershwin et la puissante transformation d'une chanson soul un poil plan-plan en blues/rock électrique de Piece of My Heart), l'album connaîtra un énorme succès s'incrustant durablement, 8 semaines consécutives, à la tête des charts étatsuniens, ce qui n'était, à l'écoute du séminal ensemble, que justice parce que, franchement, quelle fête mes aïeux, quelle chanteuse, et quel parfait groupe pour l'accompagner dans ses éraillées vocalises ! Janis quittera bientôt ses partenaires pour se lancer dans une trop courte carrière solitaire pour les funestes raisons que vous connaissez tous. Le groupe, de son côté, tentera de survivre sans son emblématique figure de proue. Las, ni l'une (même si ses deux albums sont toujours recommandables, particulièrement l'hélas posthume Pearl), ni le groupe (qui reviendra, après une courte séparation, pour une paire d'album pas franchement affolants menés par un nouveau line-up où le trou béant laissé pas Joplin est évident), ne sauront tout à fait reproduire l'exploit. Reste cette galette magique, ce trip multicolore à dominante de bleu, typique de son époque et pourtant toujours d'une brûlante actualité, une œuvre plus que recommandée, obligatoire à la collection de tout amateur de rock/blues qui se respecte.

1. Combination of the Two 5:47
2. I Need a Man to Love 4:54
3. Summertime 4:01
4. Piece of My Heart 4:15
5. Turtle Blues 4:22
6. Oh, Sweet Mary 4:16
7. Ball and Chain 9:02
Bonus
8. Roadblock (Studio outtake) 5:31
9. Flower in the Sun (Studio outtake) 3:04
10. Catch Me Daddy (Live at The Grande Ballroom, Detroit, MI, March 2, 1968) 5:32
11. Magic of Love (Live at The Grande Ballroom, Detroit, MI, March 2, 1968) 3:58

Janis Joplin – vocals
Sam Andrew – lead guitar, bass, vocals
James Gurley – guitar
Peter Albin – bass, guitar
Dave Getz – drums
&
John Simon – piano, Producer

Sam Andrew
(18/12/1941 - 12/2/2015)

So STRaNGe
Visage "Visage" (1980)
ou "In Your Face"

Un haut fait new romantic/synthpop ?, avec de vraies stars en devenir dedans ? C'est Visage et son premier album éponyme ! En l'occurrence, mené par un Steve Strange (qui, rappelons-le, nous a quitté en février 2015, R.I.P.) quelque part entre Düsseldorf et Berlin, entre Kraftwerk et David Bowie, comprenant la participation de gens aussi recommandables que Midge Ure (futur Ultravox et également metteur en son de l'exercice), John McGeoch (ex-Magazine, futur P.I.L. et Banshees mais surtout un extraordinaire guitariste), Dave Formula (ex-Magazine itou), Bill Currie (passé par Tubeway Army et évidemment Gary Numan) et Rusty Egan (alors ex-Rich Kids), mais aussi les apparitions de Barry Adamson (ex-Magazine et Luxuria, un garçon dont la carrière solitaire est chaudement conseillée) et Chris Payne et Cedric Shapley de chez une autre formation synthpop prometteuse, Dramatis, c'est du premier super-groupe du genre dont il s'agit. Avec tant de talent réuni, pas étonnant que l'album soit le triomphe qui nous est offert. Evidemment, il y a l'imparable single, Fade to Grey, mais il n'est pas le majestueux arbre cachant la maigre forêt, simplement l'étendard, le maître-étalon des possibilités de la bande puisqu'on retrouve quasiment les mêmes qualités d'ambiance et de mélodie sur Blocks on Blocks ou Mind of a Toy, deux autres flamboyantes réussites d'électro-pop fin et frais. Mais si Visage sait faire rêver, voir ce qui précède, il sait aussi faire danser sur d'infectieux beats synthétiques ornés de synthétiseurs typiques mais pas toc (Visage, la chanson, The Dancer), amuser sur un hommage au grand Clint infusé d'influences western (Malpaso Man) ou réfléchir sur son hymne tabacophage (Tar), un si beau package qu'on oublie bien vite un instrumental final pas franchement affolant (The Steps). Par la richesse de sa musique, par la qualité de sa production, par son côté si typique, si tellement de son temps, l'inaugural œuvre de Visage est devenu un classique de plein droit, ce n'est que mérité pour une si belle réussite, de celles qui permettront à l'auditeur débutant dans le style de savoir s'il vaut le coup d'aller plus avant parce que, francehment, si vous n'aimez pas Visage, c'est que la synthpop ne sera jamais votre affaire.

1. Visage 3:53
2. Blocks on Blocks 4:00
3. The Dancer 3:40
4. Tar 3:32
5. Fade to Grey 4:02
6. Malpaso Man 4:14
7. Mind of a Toy 4:28
8. Moon Over Moscow 4:00
9. Visa-age 4:20
10. The Steps 3:14

Steve Strange – lead vocals
Midge Ure – guitar, backing vocals, synthesizers
John McGeoch – guitar, backing vocals, saxophone
Dave Formula – synthesizer
Billy Currie – electric violin, synthesizer
Rusty Egan – drums, backing vocals, electronic percussion
&
Barry Adamson – bass guitar (1, 2, 4)
Chris Payne – synthesizer (5)
Cedric Sharpley – drums, electronic drums programming (5)
Brigitte Arens – voice (5)

Steve Strange
(28/5/1959 - 12/2/2015)

8 commentaires:

  1. Ces chers disparus... 2015 (Quatrième Partie, mars-février)

    Gong "Camembert Electrique" (1971)
    - http://www82.zippyshare.com/v/PRDR8bs9/file.html

    Toto "The Seventh One" (1988)
    - http://www82.zippyshare.com/v/fHkphoei/file.html

    Molly Hatchet "Flirtin' with Disaster" (1979)
    - http://www82.zippyshare.com/v/nnFrhIh9/file.html

    Free "Fire and Water" (1970)
    - http://www82.zippyshare.com/v/mkn8Vllz/file.html

    The Left Banke "Walk Away Renée/Pretty Ballerina" (1967)
    - http://www82.zippyshare.com/v/6JYioLYy/file.html

    Twisted Sister "Stay Hungry" (1984)
    - http://www82.zippyshare.com/v/JyKDzYQu/file.html

    The Pentangle "The Pentangle" (1968)
    - http://www82.zippyshare.com/v/ALHPsaaJ/file.html

    Big Brother and the Holding Company "Cheap Thrills" (1968)
    - http://www82.zippyshare.com/v/rgu0IwkL/file.html

    Visage "Visage" (1980)
    - http://www82.zippyshare.com/v/kSqI5EoQ/file.html

    RépondreSupprimer
  2. bah merde...qu'est ce qui s'est passé en mars 2015 ?? ça fait flipper. Moi je pense que Toto c'est le pire du rock FM.. y'a même un paquet de bons disques à part "Isolation" et "Turn Off". Ce 7ème est un brulot rock sans rien à jeter, un eu comme le précédent d'ailleurs, "Farenheit". Une belle brochette de bons zicos avec une voix extra.. d'ailleurs Joseph Williams n'a rien perdu de ses cordes (époustouflant au Zénith Paris y'a 3 ans). Bref Zozo, moi j'aime bien Toto ;D

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oups..moi je pense pas que Toto c'est le pire...;;D

      Supprimer
    2. Je t'avais compris Charlu, comme tu avais compris l'angle de mon billet, vieux canaillou ! Bref, non, Toto ce n'est pas le maaaaal mais pour beaucoup, ça y ressemble et il est vrai que quand ils se laissent aller à trop de facilité, on tombe dans la chansonnette à deux balles.

      Supprimer
  3. Ahhh !!!! Molly Hatchet et son "Boogie No More" toute ma jeunesse
    https://www.youtube.com/watch?v=JInAxnjBfGk

    Fil

    RépondreSupprimer
  4. Ah The Left Banke!! Quelle merveille!! ;)

    RépondreSupprimer