ou "Avant la retraite ?"
Alors que la rumeur de sa prochaine retraite, aussi persistante qu'inquiétante, continue de courir, c'est avec un grand bonheur qu'on accueille le nouvel album de Peter Hammill, cette fois secondée par le guitariste étatsunien Gary Lucas.
Si on ne présente plus Peter Hammill, son parcours au sein de Van der Graaf Generator et au cours d'une riche et foisonnante carrière solitaire parlent pour lui, il n'est peut-être pas inutile de resituer son compagnon de l'occasion, Mr. Gary Lucas. Formé à l'école Captain Beefheart, chez qui il fera ses débuts aux commençantes 80s, ayant appris la guitare à Jeff Buckley (pour l'anecdote parce que c'est tout sauf essentiel dans son parcours musical comme vous vous en doutez sûrement), collaboré avec John Cale, Lou Reed, Leonard Bernstein, Nick Cave, Bryan Ferry, Patti Smith, Iggy Pop, Dr. John, Adrian Sherwood ou John Zorn (pour le label duquel, Tzadik, il enregistra quelques albums), Gary Lucas est aussi bien reconnu pour son talent et son adaptabilité de guitariste de scène/studio que pour sa verve compositionnelle sur ses œuvres propres. Il est, par ailleurs, conférencier, musicologue et régulièrement engagé par l'industrie audiovisuelle pour ses multiples capacités dont celles de compositeur et d'arrangeur. C'est donc à un vrai artiste en plus d'un énorme professionnel auquel nous avons affaire, pas le moindre doute là-dessus.
Présentement, les deux hommes, avec une exemplaire économie de moyens, la seule voix d'Hammill, les deux aux guitares (tantôt acoustiques tantôt électriques) et quelques texturantes nappes électroniques, déroulent une musique d'une puissance émotionnelle rare. Pas qu'on soit particulièrement surpris d'ailleurs, malgré les dents de scie de sa carrière en solo, on sait Hammill capable de pareils sommets quelque soit le panorama musical choisi (de l'énervé Nadir's Big Chance à l'éthéré Fireships) mais, tout de même !, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus retrouvé à telle fête. Sans doute son compagnon, fine lame et fine plume, n'y est-il pas étranger, certainement même !
Parce que la guitare de Gary Lucas, nettement plus "techniquement correcte" que celle, ancrée dans le primitivisme de bon aloi d'un Peter Hammill axeman proto-punk par excellence, amène une eau, un air et une profondeur qui enrichit substantiellement l'ensemble. C'est cependant bien la performance, textuelle et vocale, d'un Hammill toujours sur le fil du rasoir qui fait la différence, marque de son sceau cet Autremonde. Une performance bien boostée par cette collaboration, et un Hammill par conséquent particulièrement en verve et en gorge qui délivre ses interprétations les plus passionnées depuis... Fireships, il y a 23 ans déjà. Pas que l'intervalle ait été dépourvu de belles pages (Clutch, Singularity et Consequences en sont trois beaux exemples, et pas les seuls), juste que le niveau de grâce est, en l'occurrence, très très très élevé.
Parce que, voilà, il faut bien le constater, Hammill seul aux commandes, ou encore et toujours entouré des mêmes intervenants, du même cercle musical, tournait un peu en rond, variait la formule sur le son plus que sur le fond, changeant les formations, les ambiances, mais plus trop l'écriture. Avec Gary Lucas en co-auteur débarquant et chamboulant un peu tout, forcément, le panorama s'est ouvert, les habitudes ont été repoussées, les tics se sont effacés, et nous, auditeurs enchantés, y gagnons un Hammill régénéré. Mais pas révolutionné parce qu'on le reconnait, le Peter, heureusement d'ailleurs tant sa voix écorchée vive, ses textes ciselés, et son âme sont essentiels et uniques. Et comme en plus les chansons sont bonnes et méritent grandement votre attention...
Des préférées parmi icelles ? Spinning Coins déjà, du Hammill assez typique finalement, une belle ballade comme il en a le secret, avec du fond et du cœur, donc. On citera auss, pour l'exemple parce qu'on cherche la faille, le riffu Cash, l'aérien A kind of Fracas, une autre ballade étalement très belle (Two Views) et, évidemment, Black Ice, le sommet de l'album, où la puissance guitaristique et vocale d'Hammill sont magnifiquement secondés par la finesse et l'intelligence de Lucas. Ce ne sont que quelques exemples de la portion vocale totalement réussie de l'album qui, même sur l'échelle ouverte de Wolfgang Amadeus Mozart demeurent très supérieures à la moyenne.
La portion vocale parce qu'il y en a une instrumentale représentée par 5 pistes qui permettent aux deux compères d'explorer différents climats. Tirant vers l'avant-gardiste (Build from Scratch, Slippery Slope), ou la plus extrême douceur (Attar of Roses), ils s'imbriquent sans heurts aux chansons et créent des respirations bienvenues en plus d'une impression de film sans image loin d'être désagréable.
Ajoutez à tout ceci une production signée des deux hommes, économe de moyens mais chaude et précise comme il se faut, s'avérant tout à fait efficace pour mettre en valeur l'expression artistique du duo et vous comprendrez que la pochette surprise est complète, et particulièrement attractive.
Partageant audiblement la même volonté vulgarisatrice d'une musique difficile et en ressortant, plus souvent qu'à leur tout, une très grande beauté, appartenant d'évidence à la caste des artisans passionnés et pointilleux, Hammill et Lucas se son indéniablement bien trouvés. Otherworld, galette débordante d'émotion et de savoir-faire est par conséquent le premier grand choc de 2014, une œuvre très chaudement recommandée de deux hommes plus tout jeunes mais toujours plein de sève.
Présentement, les deux hommes, avec une exemplaire économie de moyens, la seule voix d'Hammill, les deux aux guitares (tantôt acoustiques tantôt électriques) et quelques texturantes nappes électroniques, déroulent une musique d'une puissance émotionnelle rare. Pas qu'on soit particulièrement surpris d'ailleurs, malgré les dents de scie de sa carrière en solo, on sait Hammill capable de pareils sommets quelque soit le panorama musical choisi (de l'énervé Nadir's Big Chance à l'éthéré Fireships) mais, tout de même !, cela faisait longtemps qu'on ne l'avait plus retrouvé à telle fête. Sans doute son compagnon, fine lame et fine plume, n'y est-il pas étranger, certainement même !
Parce que la guitare de Gary Lucas, nettement plus "techniquement correcte" que celle, ancrée dans le primitivisme de bon aloi d'un Peter Hammill axeman proto-punk par excellence, amène une eau, un air et une profondeur qui enrichit substantiellement l'ensemble. C'est cependant bien la performance, textuelle et vocale, d'un Hammill toujours sur le fil du rasoir qui fait la différence, marque de son sceau cet Autremonde. Une performance bien boostée par cette collaboration, et un Hammill par conséquent particulièrement en verve et en gorge qui délivre ses interprétations les plus passionnées depuis... Fireships, il y a 23 ans déjà. Pas que l'intervalle ait été dépourvu de belles pages (Clutch, Singularity et Consequences en sont trois beaux exemples, et pas les seuls), juste que le niveau de grâce est, en l'occurrence, très très très élevé.
Parce que, voilà, il faut bien le constater, Hammill seul aux commandes, ou encore et toujours entouré des mêmes intervenants, du même cercle musical, tournait un peu en rond, variait la formule sur le son plus que sur le fond, changeant les formations, les ambiances, mais plus trop l'écriture. Avec Gary Lucas en co-auteur débarquant et chamboulant un peu tout, forcément, le panorama s'est ouvert, les habitudes ont été repoussées, les tics se sont effacés, et nous, auditeurs enchantés, y gagnons un Hammill régénéré. Mais pas révolutionné parce qu'on le reconnait, le Peter, heureusement d'ailleurs tant sa voix écorchée vive, ses textes ciselés, et son âme sont essentiels et uniques. Et comme en plus les chansons sont bonnes et méritent grandement votre attention...
Des préférées parmi icelles ? Spinning Coins déjà, du Hammill assez typique finalement, une belle ballade comme il en a le secret, avec du fond et du cœur, donc. On citera auss, pour l'exemple parce qu'on cherche la faille, le riffu Cash, l'aérien A kind of Fracas, une autre ballade étalement très belle (Two Views) et, évidemment, Black Ice, le sommet de l'album, où la puissance guitaristique et vocale d'Hammill sont magnifiquement secondés par la finesse et l'intelligence de Lucas. Ce ne sont que quelques exemples de la portion vocale totalement réussie de l'album qui, même sur l'échelle ouverte de Wolfgang Amadeus Mozart demeurent très supérieures à la moyenne.
La portion vocale parce qu'il y en a une instrumentale représentée par 5 pistes qui permettent aux deux compères d'explorer différents climats. Tirant vers l'avant-gardiste (Build from Scratch, Slippery Slope), ou la plus extrême douceur (Attar of Roses), ils s'imbriquent sans heurts aux chansons et créent des respirations bienvenues en plus d'une impression de film sans image loin d'être désagréable.
Ajoutez à tout ceci une production signée des deux hommes, économe de moyens mais chaude et précise comme il se faut, s'avérant tout à fait efficace pour mettre en valeur l'expression artistique du duo et vous comprendrez que la pochette surprise est complète, et particulièrement attractive.
Partageant audiblement la même volonté vulgarisatrice d'une musique difficile et en ressortant, plus souvent qu'à leur tout, une très grande beauté, appartenant d'évidence à la caste des artisans passionnés et pointilleux, Hammill et Lucas se son indéniablement bien trouvés. Otherworld, galette débordante d'émotion et de savoir-faire est par conséquent le premier grand choc de 2014, une œuvre très chaudement recommandée de deux hommes plus tout jeunes mais toujours plein de sève.
1. Spinning Coins 2:54
2. Some Kind of Fracas 5:14
3. Of Kith & Kin 5:30
4. Cash 2:57
5. Built from Scratch 4:25
6. Attar of Roses 4:20
7. This is Showbiz 3:05
8. Reboot 6:55
9. Black Ice 4:59
10. The Kid 4:16
11. Glass 3:27
12. 2 Views 3:07
13. Means to an End 1:38
14. Slippery Slope 7:04
Peter Hammill - acoustic and electric guitars, vox, found sounds
Gary Lucas - acoustic and electric guitars, fx
Salut
RépondreSupprimerMerci pour ce nouveau Hammill en espérant que ce n' est pas le dernier
Sinon je te propose ceci:
http://daviddominique.bandcamp.com/
http://www.israbox.com/1146495726-david-dominique-ritual-2013.html
Fil
Il parle d'un nouvel album studio en solo et même d'un prochain Van der Graaf Generator (youpi !), ce ne sera donc heureusment pas le dernier. Mais Hammill a 65 ans, la fin approche, inéluctablement.
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