ou "une petite Tour et puis s'en va"
C'était pourtant fort bien parti. Un malin clip de Michel Gondry en heavy rotation sur les musicales françaises, la chanson dudit en airplay régulier sur quelques stations radiophoniques de grande écoutes. Une bonne chanson, il faut dire, une jolie mélodie, une voix soufflée, intime.
Jean-François Coen ? Un oranais de 1959 rapatrié avec tant d'autres au soixante gaulliennes vers la capitale où il apprend la guitare classique. En 1978 il rejoint à la basse Modern Guy dont l'album aujourd'hui introuvable sera produit par John Cale, suite à la séparation desquels il disparaît de l'industrie musicale ne se signalant que par quelques sessions de basse (pour Mirwais par exemple) ou comme compositeur d'un morceau pour Luna Parker, La Tour de Londres qu'il adaptera d'ailleurs pour son tube en Tour de Pise, l'incontournable.
C'est peut-être là le drame de Jean-François Coen et de son premier opus, une belle collection de chansons pop aux arrangements malins qui compensent la voix un peu désincarnée de l'interprète, ce tube qui casse tout (enfin, au niveau de ce genre de production, c'est pas The Final Countdown non plus !) et ne s'enchaine pas sur une autre réussite commerciale, la malédiction du One Hit Wonder... Peut-être que le second single, l'efficace western Roy Bean, reposant aussi sur une sorte de boucle mélodique et d'une voix parlée/chantée, était trop dérivatif du coup de grâce originel, peut-être aussi que, sans le support promotionnel d'une vidéo à la revoyure agréable (en plus de la musique) le coup ne prit pas aussi bien. C'était pourtant une belle composition avec des cordes, un banjo, une guitare harmonieusement mêlés, les gens ne surent probablement pas ce qu'ils perdaient.
Dire que tout l'album reproduit la doublette originale serait exagéré mais la qualité est là, indubitablement. D'un Camille tout doux au chant supporté par une douce voix mutine et féminine (Sonia Bonne), du funky/bluesy tout au fond aux guitares Bensoniennes en diable (Tout au fond), aux tentations synthpop qui rappelleront Rennes à certains (Pépita), à une trompette jazz et la chanteuse Robert qui nous saluent en générique de fin (Clair comme l'eau pure), il y a matière à se réjouir des propositions. Tout n'est pas exactement parfait (Poème à Lou XXXIX , oui, d'Apollinaire, et Un Film Snob pour Martien ont des ficelles un peu épaisses et des mélodies un peu faibles), mais la tenue de l'ensemble, les détails qu'on y trouve, le soin qui y a été audiblement apporté rendent l'album éminemment sympathique...
Mais le succès ne sera pas là, et Coen disparaitra. Avant de reparaitre en 2004 pour un second album (Vive L'Amour, que je ne connais pas) et sur une compilation hommage à Etienne Daho (Tombés pour Daho où il reprend Bleu Comme Toi) en 2008. Et puis plus rien. Reviendra, reviendra pas ? A l'ère où l'autoproduction digitale et sa diffusion à très correcte échelle est possible pour des instrumentistes et compositeurs doués, rien ne s'y oppose. Sauf peut-être sa volonté... Reste ce premier album, que j'aime beaucoup et que je réécoute de temps en temps avec un vrai plaisir. Une valeur sûre, selon moi, que je vous engage à découvrir.
1. La Tour De Pise 3:37
2. Roy Bean 3:32
3. Poème A Lou XXXIX 3:33
4. Camille 4:24
5. Tout Au Fond 3:42
6. Un Film Snob Pour Martien 3:35
7. Ton Marin 3:53
8. A Présent Le Futur 2:59
9. Pepita 3:20
10. L'Esturgeon De La Mer Caspienne 1:52
11. Clair Comme L'Eau Pure 1:47
Jean-François Coen - chant, guitare, basse, programmations, arrangements
&
Hervé Zenouda, Laurent Beignier - batterie
Michel Coeuriot - cordes, piano
Claude Samard - banjo
Eric Naquet - percussions
Peter Leonard, Yann Leker, Nicolas Kristy - guitare
Christophe Guiot - violon
Frank Eulry - orgue
Gnafron - piano
Frédéric Saumagne - saxophone
Stéphane Baudet, Jean Gobinet - trompette
Glenn Ferris - trombone
Mickey Blow - harmonica
Laurent Gueneau - claves électroniques
Sonia Bonne, Marie-Anne Andréani, Elisabeth Tensorer, Robert, Leïla Vigné - chœurs
(les amateurs de line-up surprise apprécieront !)
Un album dont vous voudriez que les gens se souviennent ? N'hésitez pas à la partager (avec un petit texte d'accompagnement si possible), je me ferai un plaisir de le poster.
zornophage[at]gmail[dot]com
Il y a trop peu d'artistes s'exprimant dans notre beau patois gaulois pour que je fasse l'impasse. Je charge et je repasse pour en discuter
RépondreSupprimerJe t'attends donc. Bonné écoute.
SupprimerTrès chouette disque, à la fois grave et léger. Tu cites Daho dans ta chro, c'est vrai qu'il y a un peu de ça. Il y a aussi un peu de la désinvolture à Gainsbourg. Malgré une impression de simplicité, les orchestrations sont très riches et demandent à être entendues plusieurs fois avant de dévoiler leurs parfums.
SupprimerAprès une semaine zornesque, ça fait du bien un peu de futilité !!!!!
Mais voyons, il y a de la futilité chez Zorn aussi.
SupprimerEnfin, content que ça te plaise. Et si je cite Daho, ce n'est pas en comparaison avec Coen qu'en l'occurrence, je peine de rapprocher de qui que ce soit.
Tiens, si tu te sens de partager le second, je suis preneur. Et belle rime, en effet ! :-)
RépondreSupprimerYou're welcome!
RépondreSupprimerN'hésite surtout pas à repasser après !
Si je suis pas trompé je sais que Mr. Coen n'est pas bien connu en France, il est un artiste "moyen" pour les médias. Dit ca parce que au Mexique le single La Tour de Pise fût bien connu grâce à un channel de vidéos. Tous mes copains où j'taffais savions de Coen et le vidéo étais un adoré à cette époque là. De ces années on connais mieux Mr. Coen que, par example, toute la carrière artistique de Mr. Bashung.
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