mercredi 19 mars 2014

Grand Jeu, 8ème Edition, 5ème Tour et demi (aka Anti Bonus)

ANTITHEME:
"Ils n´ont plus rien à se maudire / Ils se perforent en silence / La haine est devenue leur science / Les cris sont devenus leurs rires / L´amour est mort, l´amour est vide"
L'amour est mort : bromure musical.
 
Parce que l'art ce n'est pas toujours sexy, des fois ça ne l'est même pas du tout. La preuve :


Killing Joke "Killing Joke" (1980)
ou "C'est vraiment pas la joie"


     Inquiétant, lourd, agressif, le premier album des Anglais de Killing Joke est un cri primal et une aeuvre essentielle dans l'invention du post-punk.

     Bien qu'on puisse assimiler Jaz Coleman & Cie à la queue de la comète punk d'Albion, leur musique va bien au-delà de celle de leurs devanciers. Là où des schémas empruntés au reggae, à la soul, au funk ou à l'electro formaient l'essentiel des groupes punks cherchant à se diversifier (Gang of Four, Ruts, Clash, Damned, etc.) Killing Joke ajoutait une saleté, une lourdeur, une urbanité qui les différenciait définitivement. Et une totale maîtrise de leur sujet pour couronner la réussite.
     Cette musique n'est pas technique, les musiciens impliqués connaissaient probablement leurs limites et comment les retourner en forces. Pour le coup, cette relative rudesse donne à la musique des accents tribaux qu'on ne soupçonnerait pas dans ce genre de musique. Les rythmes sont souvent lents mais ne manquent jamais de dynamique grâce à des lignes de basse simples mais efficaces qui complètent à merveille la performance toute en lourdeur de Paul Ferguson à la batterie. La guitare, étrangement, semble comme reléguée au second plan, à un effet sonore certes de très bon gout mais auquel on pourrait aisément substituer un autre instrument.
     Evidemment, parler de Killing Joke sans mentionner la voix écorchée vive de Jaz Coleman serait impensable. Tel qu'on le connait toujours aujourd'hui, Jaz livre une performance possédée. Juste ce qu'il fallait à cette musique pour réellement exister. Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner l'instrumental de l'album. Pas désagréable au demeurant avec son côté dub-punk-discoïde, il n'est du niveau d'aucune autre composition présentée ici simplement parce que Jaz n'y est pas (enfin, il y est mais uniquement aux claviers) et que sa verve inimitable y manque cruellement.
     Cerise sur le gâteau, le remaster est de grande qualité. Les basses et l'amplification n'y ont pas été trop boostées, défauts généralement constatées sur les remasters baclés disponible sur le marché (et sur un trop grand nombre de sorties récentes mais c'est un autre débat..).

     En résumé, en plus de n'avoir pas pris une ride plus de 30 ans après sa sortie, l'éponyme n°1 de Killing Joke (le groupe en sortira un second en 2003) est un album important dont les influences se retrouvent partout chez à peu près tout ce qui se rapporte au rock industriel, au rock gothique, au post-punk et à pas mal de formations de metal aussi.
     Essentiel donc, tout simplement.


1. Requiem 3:45
2. Wardance 3:49
3. Tomorrow's World 5:31
4. Bloodsport 4:46
5. The Wait 3:45
6. Complications 3:08
7. S.O.36 6.52
8. Primitive 3:37
Bonus
9. Change 4:01
10. Requiem (Single Version) 3:47
11. Change (Dub) 4:00
12. Primitive (Rough Mix) 3:35
13. Bloodsport (Rough Mix) 4:50


Jaz Coleman – vocals and synthesizer
Kevin "Geordie" Walker – guitar
Martin "Youth" Glover – bass guitar
Paul Ferguson – drums and vocals

.Recyclé de la Caverne d'Ali Baba.

14 commentaires:

  1. Amen ! Disque très important, éminement influent... En anglais, on dirait "a milestone"

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    1. C'en est un, qui dépasse les chapelles en plus. Grand.

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    2. Pour l'anecdote, la première fois que j'ai écouté l'album, je tombe sur la 1ère plage, "Requiem", et je suis sidéré.
      Ca faisait des semaines que je tentais de faire un truc du genre avec un synthé au son quasi similaire et ma batterie, en croyant être original. Ces mecs avaient des années lumières d'avance.

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    3. Et en plus mon truc ne rendait rien, alors que "Requiem", bon sang, c'est une sacrée gifle.

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    4. Merci pour l'anecdote ! J'ai bien ri.
      C'est vrai qu'on a souvent l'illusion de la grandeur quand on crée, je connais.

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  2. Enorme ! Pas sexy du tout c'est sûr mais j'adore ce disque depuis bientôt 35 ans. Le deuxième était plus faible, par contre leur chef-d’œuvre pour moi c'est Revelations.
    La rythmique lourde contrastent avec les stridences du clavier de Jaz, Sur Revelations la guitare devient plus présente (différence de productions j'imagine, le premier est autoproduit, le troisième est produit par Conny Plank).

    Et ne pas négliger le live intercalé entre What's this for ? et Revelations, un vinyle 10" intitulé Ha ! qui contient une excellente version de Wardance et LA meilleure version de Pssyche. Et pour les avoir vus en concert à cette époque, je peux te dire que ça décoiffait.Qu'est-ce que j'ai pu écouté ces disques ! J'ai lâché le groupe après Firedances, le virage new-wave ne m'avais pas plu. Par contre je ne connais pas du tout les derniers disques et je viens de voir que sur le dernier en date étaient réunis les membres fondateurs, Big Paul Ferguson compris.

    PS : "C'est vraiment pas la joie". We Have Joy est un de mes morceaux préférés du groupe, je l'avais d'ailleurs mis sur ma compile 50 ans. Mais on ne parle pas de la même joie.

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    1. Je ne connais pas le live intercalé. Il n'aurait pas été mis en bonus d'un des deux album qui l'entoure ?

      Sinon, j'ai aussi vu KJ mais beaucoup plus tard (Pandemonium), ils avaient une extraordinaire énergie. Un pote me vante régulièrement les mérites de leur discographie récente que je connais assez mal, il faudra que je m'y mette, un jour.

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    2. HA était à l'origine un 10" 6 titres. Il est ressorti en CD avec 3 titres bonus je crois. J'ai le vinyle d'époque mais je ne suis pas équipé pour les ripper. Je dois avoir ça quelque part en mp3, si ça t’intéresse à l'occasion.

      Et les derniers albums de temps en temps je me dis que je devrais essayer mais je ne m'y suis toujours pas mis.

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    3. Je vais d'abord chercher dans mes archives mais je n'hésiterai pas à revenir vers toi si je ne l'ai pas. Merci !

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  3. Et il en est où, finalement, Jaz, avec l'apocalypse?!

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    1. Jaz va bien, il fait du rock industriel et de la musique orchestrale.

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    2. Ouais c'est bon l'apocalypse va beaucoup mieux. Même les Mayas en rigolent encore.

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    3. Album important de la troisième vague punk... Après la colère, le "on s'en fout de savoir jouer", le punk qui fait peur à mémé... je les ai vénéré jusqu'au troisième album, après... pffff... New Wave et compagnie... Dommage. Dire que le néo métal (ta mère) vient de là... recommandé quand même.

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    4. Le néo-métal ne vient pas que de là.
      Album important, c'est le moins que l'on puisse dire.

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