samedi 29 août 2015

1995 par 12, 20 ans déjà !

1995 ? La création de l'Organisation Mondiale du Commerce, les essais nucléaires de Chirac, le Québec qui une fois de plus ne deviendra pas indépendant, la terre qui tremble à Kobe, l'inexorable progression des talibans en Afghanistan, déjà une grave crise politique en Thaïlande, bref, c'est pas la joie ! Mais, heureusement, il y a la musique et là, c'est d'un grand cru dont il s'agit avec un paquet d'albums devenus d'authentiques classiques qui ne sont d'aileurs pas tous présents, règle de l'album par mois oblige, dans une sélection pourtant déjà très riche. Enjoie !
 
JaNVieR
Leftfield "Leftism"
ou "Essential Intelligent Techno"

Leftfield est une des ces formations qui, au cœur des années 90, donna ses lettres de noblesses à une scène électronique alors en quête de devenir autre chose qu'une simple pourvoyeuse de musique à danser. Pas étonnant, d'ailleurs, de retrouver chez beaucoup de ces musiciens pionniers, d'Underworld à Prodigy ou Orbital et bien évidemment à Leftfield, des trublions naguère versés au binaire punkoïde et autres expérimentations blanches éloignées de quelque préoccupation secouante de dancefloors que ce soit...
Présentement, la musique du duo britannique nous entraîne dans une relecture spatiale d'influences souvent tribales, un futur des possibles. Ainsi, les nappes planantes, la richesse des sons produits, les beats endiablés et pluriethniques, les voix mixtes dans leur origine comme dans leur genre (dont Lydon ex-Rotten sur un Open Up référentiel ou le rastaman Earl Sixteen sur l'introductif Release the Pressure) sont autant d'éléments qui rendent Leftism spécial, spatial...incontournable ! Il y a de la mélodie, évidemment, puisque nous dépassons largement ici le cadre strict de la musique-à-danser. Et des expérimentations sonores qui raviront ceux qui écoutent le son en pointillistes bienheureux dans un univers hybride et métissée, porteur de nombreuses promesses hélas déçues par un second, et final album, Rhythm And Stealth, décevant sans être indigne mais il faut dire que la barre avait été placée si haut, trop sans doute, par ce tour de force originel. Et ça n'empêche aucunement de tripper sur la Sci-Fi World Music de Dailey et Barnes dans laquelle les plus téléphages s'apercevront sans doute aussi de l'intensif usage que les productions télévisées (qui, quand elles tiennent un filon renâclent toujours à l'abandonner) eurent de certains plages de l'album particulièrement cinématiques.
En vérité, ce cd, avec les années, je l'ai littéralement usé. Au point d'avoir dû le racheter... C'est vous dire si je l'aime ! Alors certes, j'en conviens, la musique électronique a beaucoup évoluée depuis conférant à Leftism une certaine patine rétro aisément justifiée par ses déjà 20 ans d'âge (comme le temps file !) parce que, c'est l'évidence !, un album de cette trempe ne vieillit pas, comme tout bon cru il prend de la bouteille ! Et comme, en tant que landmark de l'évolution d'une musique à danser vers une musique de salon intelligente, prospective et mélodique c'est un toujours un indéniable must have, il n'y a plus longtemps à hésiter pour vous le recommander ô combien chaudement !

1. Release the Pressure 7:39
2. Afro-Left 7:33
3. Melt 5:21
4. Song of Life 6:55
5. Original 6:22
6. Black Flute 3:46
7. Space Shanty 7:15
8. Inspection (Check One) 6:30
9. Storm 3000 5:44
10. Open Up 6:52
11. 21st Century Poem 5:42

Paul Daley, Neil Barnes – producers
Kevin Hayes – berimbau
Earl Sixteen, Cheshire Cat, Papa Dee, Djum Djum, Toni Halliday, Danny Red, John Lydon, Lemn Sissay – vocals

LEFTFIELD

FéVRieR
PJ Harvey "To Bring You My Love"
ou "PJ Top"

Après deux albums critiquement très bien reçu, PJ Harvey enchaine sur ce qu'il est désormais convenu d'appeler la référence de sa discographie, l'album d'une indéniable maturité, aussi, pour une jeune femme de 26 ans à l'organe évocateur et l'écriture en constante amélioration.
Et de plus en plus en contrôle des facultés que mère nature lui a donné, cette voix en particulier, cet organe puissant et habité, rauque et sensuel dont Polly-Jean fait un usage de plus en plus expertement fomenté. Pour ce faire, Mlle Harvey a restructuré l'équipe qui l'accompagnait, interrompu sa collaboration avec les deux membres de son trio, Robert Ellis et Stephen Vaughn, ceux-là même qui l'avait aidé à concevoir le post-blues cru et séminal de ses deux premiers opus, choisi un nouveau partenaire de jeu en la personne de John Parish (des obscurs new-waveux de Thieves Like Us, producteur et co-compositeur du très réussi Souljacker de Eels quelques années plus tard aussi) qui met en son et multi-instrumente sur l'album pour un œuvre nettement plus théâtrale et gothique que ses précédentes exactions et d'ailleurs dotée d'un riche casting de musiciens dévoués à sa cause allant jusqu'à des cordes émouvantes sur 3 titres.
Présentement, avec beaucoup de références bibliques dans ses textes mais toujours une préoccupation pour les rapports humains en général et amoureux en particulier, des mélodies beaucoup développées et des arrangements d'une préciosité inédite pour PJ, la petite anglaise du Dorset se rapproche de mondes souvent visités par l'australien Nick Cave ou l'obligatoire figure tutélaire de Tom Waits avec, cependant, une agressivité et un détachement directement hérités de son passé post-punk. En chansons, ça donne une collection inattaquable avec même quelques morceaux dotés d'authentiques hooks rendant l'expérience d'autant plus jouissive (Down by the Water, Meet Ze Monsta, Long Snake Moan, etc.) et d'autres plus éthérés et écorchés mais non moins réussis (To Bring You My Love, Teclo, The Dancer) et même une légèreté bien sentie (le folky Send His Love to Me).
Œuvre magistrale d'une compositrice et interprète en pleine possession de ses facultés et développement de son art, To Bring You My Love demeure l'un des absolus sommets du répertoire de PJ Harvey, une immense galette libre et souffreteuse qu'on n'aurait surtout pas voulu autrement.

1. To Bring You My Love 5:32
2. Meet Ze Monsta 3:29
3. Working for the Man 4:45
4. C'mon Billy 2:47
5. Teclo 4:57
6. Long Snake Moan 5:17
7. Down by the Water 3:14
8. I Think I'm a Mother 4:00
9. Send His Love to Me 4:20
10. The Dancer 4:06

PJ Harvey - vocals, guitar (1, 4, 5, 8), piano (5, 6), organ, vibraphone (1), marimba (9), bells (5), chimes (5), percussion (9)
John Parish - guitar (1, 2, 6, 9, 10), organ (6), drums (4-8, 10), percussion (1-4, 6, 7, 9, 10)
Joe Gore - guitar (2-4, 6, 7), e-bow (1)
Mick Harvey - bass (6), organ (9)
Jean-Marc Butty - drums (2), percussion (9)
Joe Dilworth - drums (3)
Pete Thomas - string arrangements
Sonia Slany - violin (4, 7, 9)
Jocelyn Pook - viola (4, 7, 9)
Jules Singleton - viola (4, 7, 9)
Sian Bell - cello (4, 7, 9)

P.J. HARVEY

MaRS
Faith No More "King for a Day... Fool for a Lifetime"
ou "Kings of Fools"

Tout juste sortis de deux triomphes commerciaux et artistiques successifs (The Real Thing et Angel Dust) c'est un Faith No More au leadership récemment ré-établi, Mike Patton ayant clairement pris le pouvoir depuis le précédent opus des san-franciscains, qui sort son 5ème long-jeu, le varié et très réussi King for a Day Fool for a Lifetime.
Comme d'habitude, Faith No More a pris son temps, 3 ans séparent le présent de son devancier, ce qui a permis à Mike Patton d'encore un peu se rapprocher de son nouvel ami John Zorn (avec qui il a déjà collaboré mais ce n'est qu'un début !) élargissant ainsi la palette des expérimentations que le vocaliste pense pouvoir instiller dans l'alterno-fusion metal d'un groupe dont il n'est pourtant pas un des fondateurs, c'est dire la personnalité du mec et l'intérêt que ses comparses trouvent dans sa nouvelle prolixité et polyvalence compositionnelle. Alors, bien-sûr, Mike ne fait pas tout tout seul ! Parce que Faith No More, un groupe qui crée dans le chaos comme l'admettent ses membres dans de nombreuses interview, est aussi un collectif, un collectif à l'effectif revu et corrigé, le guitariste Jim Martin, mécontent de la direction prise, a quitté le navire à la fin de la tournée Angel Dust (ou, ceci dit, en passant, il avait l'air de pas mal s'ennuyer). Et donc nouveau guitariste avec l'arrivée d'un pote de Mike, Trey Spruance, son compagnon dans Mr. Bungle qui ne dépassera pas le stade de l'enregistrement prenant peur à la vue des dantesques prévisions de tournées proposés au groupe par son management. Pour le reste, on prend les même et on recommence avec toujours l'excellente section rythmique formée par le besogneux bassiste Billy Gould (pas un monstre de technique mais un vrai sens de son rôle) et l'excellent batteur Mike Bordin (qui ira ensuite cachetonner chez Korn et Ozzy Osbourne), vrai moteur de l'énergie du quintet. Et comment ne pas citer Roddy Bottum, un claviériste reconnaissable entre mille, ce qui n'est pas courant à son instrument, parce que mélodiquement et techniquement unique (comme son pote bassiste pas le plus grand virtuose de l'univers, mais c'est compensé par sa rouerie et sa créativité).  Tout ça fait un groupe cohérent dont on attend, donc, beaucoup vu qu'il s'est imposé comme le leader d'une vague pré-Néo Metal qu'on qualifia alors d'alternative metal ou de metal fusion, ceci pour ceux qui s'intéressent à "l'art de la 'tiquette".
Et donc King for a Day, une pochette assez repoussante déjà mais avec eux, on a l'habitude parce que du cygne de celui d'avant à la torche du premier avec Patton, c'est pas vraiment l'extase picturale chez les californiens ! Enfin, comme on dit, "qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse" et l'ivresse, mes aïeux, elle est bel et bien au rendez-vous. Une nouvelle ivresse parce que, passant de deux œuvres d'une grande cohérence musicale au beau foutoir ici présent, le simple rouge en écho au double blanc ?, Faith No More a audiblement décidé de s'amuser ! Et de laisser le rôle central à leur vocaliste qui, indéniablement, est le facteur le plus remarquable de chaque chanson de l'album. Parce que Mike ronronne, aboie, crie, hurle, hulule, croone, rocke, punke et plein de choses encore, parce que, sur chaque composition, ses vocalises constituent ce "petit" supplément qui fait d'un bon album un grand album ! Et qui dit performance hors norme de Patton dit, fatalement, un groupe s'adaptant, allant d'un metal rock punkoïde voire hardcorien (Get Out, The Gentle Art of Making Enemies, Cuckoo for Caca, Ugly in the Morning, Digging the Grave, What a Day) où l'inénarrable chanteur donne de son registre le plus jusqu'au-boutiste sans oublier de ménager quelques salutaires pauses mélodiques et une vraie personnalité à chaque performance évitant ainsi l'effet doublon, à une collection d'autres créations nettement plus nuancées d'un Ricochet presque progressif qui aurait pu être de la fournée précédente, d'un Evidence aux douces effluves soul, d'une fusion rock/jazz renforcée par une section de cuivres (Star A.D.), d'une soudaine inspiration bossa ô combien réjouissante et sensuelle (Caralho Voador), d'un Take This Bottle à l'americana tip top, d'un progressisme typiquement Faith-No-Morien allant de la caresse à l'uppercut (King for a Day avec une ligne de basse de la mort !), d'une fausse ballade tout en puissance et grâce (The Last to Know), au sommet de l'album, et dernier morceau aussi, ce machin soul prog metal, avec chœur gospel et intermède spatial qui a beau dire qu'il n'est qu'un homme (Just a Man !) il a tout d'un alien, d'un magnifique alien !
On peut comprendre que ça en ait perdus certains, ceux qui s'attendaient à un Angel Dust 2 surtout, plus dure fut la chute !, mais, franchement, l'album gagne à y revenir parce que, quelque soit le style de quelle que soit la chanson, c'est une collection d'une impeccable cohérence... mais uniquement qualitative, cette fois. Soyez curieux, venez visiter l'auberge espagnole de Faith No More, ce dantesque King for a Day...Fool for a Lifetime où chacun y trouvera son bonheur !

1. Get Out 2:17
2. Ricochet 4:28
3. Evidence 4:53
4. The Gentle Art of Making Enemies 3:28
5. Star A.D. 3:22
6. Cuckoo for Caca 3:41
7. Caralho Voador 4:01
8. Ugly in the Morning 3:06
9. Digging the Grave 3:04
10. Take This Bottle 4:59
11. King for a Day 6:35
12. What a Day 2:37
13. The Last to Know 4:27
14. Just a Man 5:35

Mike Bordin – drums
Roddy Bottum – keyboards, guitar
Billy Gould – bass guitar
Mike Patton – vocals
Trey Spruance – guitar

FAITH NO MORE

aVRiL
KMFDM "Nihil"
ou "Germains industrieux"

Bien avant Rammstein, il y avait KMDFM, le meilleur export industriel allemand. Le meilleur ? Parce qu'en plus d'être sérieusement méchant, la formation menée par Sasha Konietzko et En Esch s'y entend pour balancer des hooks bien fun et des compositions addictives.
Nihil, déjà le 7ème album des industreux germains, est celui de la consécration, celui ou l'EBM (electric-body-music), les gros riffs qui dépotent et les petits gimmicks mélodiques s'agglomèrent le plus efficacement, harmonieusement oserait-on si tout ça n'était pas un peu destiné à nous trépaner le cervelet. Comme le fait si bien le tube, le morceau qui, de toute évidence, apparaît comme le "morceau de proue", une plage emblématique de Nihil, une chanson qui exemplifie au mieux l'état des lieux du duo augmenté, je parle évidemment de l'hyper-addictif Juke Joint Jezebel, un tube à l'époque, une excellente chanson encore aujourd'hui où la fusion chœurs féminins, penchants métalliques et groove cybernétique démontrent que le fun peut aussi se trouver dans l'agression quand elle est suffisamment modérée et si intelligemment agencée.
Tout n'est pas aussi facile d'accès sur Nihil qui reste tout de même une œuvre assimilable au metal industriel et donc pas forcément du goût des âmes sensibles, mais aussi, surtout !, un album qui vous fera remuer du popotin dans un environnement où vous ne vous y attendiez pas forcément. Ils sont forts ces allemands !

1. Ultra 4:34
2. Juke Joint Jezebel 5:40
3. Flesh 5:02
4. Beast 5:06
5. Terror 4:50
6. Search & Destroy 3:26
7. Disobedience 4:43
8. Revolution 4:27
9. Brute 4:25
10. Trust/Nihil 6:48

Sascha Konietzko - synthesizers, vocals (1-7, 9-10), bass (6), drums (10), production, mixing
En Esch - vocals (1-3, 5-8), guitar (1, 3, 6), drums (6, 9), hi hat (2), cymbals (3), backing vocals (3, 5), harmonica (5)
Günter Schulz - guitars, vocals (2, 6), bass (5), pre-production
Raymond Watts - vocals (1-3, 5, 7, 9), bass (5), drum programming (5)
Mark Durante - steel guitar (1, 7), guitars (5, 7, 9)
&
Dorona Alberti - vocals (4, 8, 10)
Jim Christiansen - trombone (7)
Jennifer Ginsberg - vocals (2)
Jeff Olson - trumpet (7)
Bill Rieflin - drums (1, 3, 7)
Fritz Whitney - bari sax (7)

KMFDM

Mai
Teenage Fanclub "Grand Prix"
ou "Pop en Stock"

Il y en a qui ont le chic pour vous pondre de la pop évidente l'air de ne pas y toucher, c'est le cas des écossais de Teenage Fanclub et de leur 5ème album, l'épatant Grand Prix.
Pas qu'on n'en soit particulièrement surpris d'ailleurs, Blake, Love et McGinley nous ayant déjà fait le coup sur ses quatre précédentes livraison et plus précisément sur le presque parfait Bandwagonesque 4 ans plus tôt. Sauf qu'avant les chansons de Norman Blake paraissaient tellement au-dessus du lot de celles de ses deux comparses que Teenage Fanclub avait des allures de projet solo déguisé entouré de quelques fillers. Mais pas ici, pas sur cet opus où les cinq morceaux de Blake sont évidemment très réussis mais où celles attribuées à Gerard Love et Raymond McGinley (quatre chacun) n'ont pas à rougir de la comparaison.
Musicalement, pas de surprises, l'indie pop rock influencé par les Byrds, Badfinger ou Big Star, que des références éminemment recommandables, a été une fois de plus glorieusement reconduite à peine influencée par un changement de batteur le très professionnel Paul Quinn remplaçant le plus volatile Brendan O'Hare viré avec pertes et fracas. Avec des instrumentations chiadées, le renfort de cordes et de cuivres  tout sauf inutiles d'autant qu'ils sont utilisés avec parcimonie, une production claire et juste, la meilleure de la carrière du groupe, réalisée par le groupe et un certain David Bianco qui contribue aussi largement à la performance instrumentale, le quatuor a fait fort. Les meilleurs moments ? Tous mais encore plus le tout doux Mellow Doubt, ses graciles guitares acoustiques et harmonies délicates, le presque sautillant Verisimilitude, le piano rock soft et encordés de Tears, la typique byrderie pop de Say No, l'admirable exercice de power pop I'll Make It Clear et ses chœurs qui font mouche, juste quelques exemples d'une resplendissante galette de pop perçant la grisaille de Glasgow de quelques salutaires rayons de l'astre du jour.
Teenage Fanclub, toujours en activité si le dernier album commence sérieusement à dater (Shadows en 2010), est un des secrets les mieux gardés de la pop mondiale, une formation qui ne paye pas de mine mais à des trésors de mélodies à offrir, c'est vrai de tous leurs albums et donc forcément du meilleur d'entre eux, Grand Prix. 

1. About You 2:41
2. Sparky's Dream 3:17
3. Mellow Doubt 2:42
4. Don't Look Back 3:43
5. Verisimilitude 3:31
6. Neil Jung 4:48
7. Tears 2:43
8. Discolite 3:07
9. Say No 3:12
10. Going Places 4:28
11. I'll Make It Clear 2:33
12. I Gotta Know 3:27
13. Hardcore/Ballad 1:48

Norman Blake – vocals, guitar
Gerard Love – vocals, bass
Raymond McGinley – vocals, guitar
Paul Quinn – drums
&
David Bianco – occasional guitar, piano, vocals
Dinah Beamish – cello
Jules Singleton – violin
Sonia Slany – violin
Jocelyn Pook – viola
Nigel Hitchcock – alto saxophone
Steve Sidwell – trumpet
Jamie Talbot – tenor saxophone
Chris White – baritone saxophone
Dave Barker – handclaps
Chas Banks – handclaps
Jim Parsons – handclaps

TEENAGE FANCLUB

JuiN
The Chemical Brothers "Exit Planet Dust"
ou "Frères de Samples"

Un changement de nom contraint et forcé afin de se démarquer d'un duo de producteurs étatsunien déjà reconnu les menaçant d'une procédure (les Dust Brothers), un premier album poussant la logique du trip-hop dans ses ultimes retranchements électroniques, c'est le programme du tout premier opus de Chemical Brothers qui feront florès, Exil Planet Dust.
Parce que, reprenant le flambeau de ce qu'il était désormais convenu d'appeler l'Intelligent Techno, par opposition , évolution même, aux beat répétitifs aliénants qui l'avait précédée, les Chemical Brothers inventent leur nouveau genre à eux qui sera bien vite repris par quelques doués suiveurs tels que Fatboy Slim ou les Propellerheads, ce Big Beat qui porte si bien son nom avec ses beats lourds et dansants hérités à part égale de la house musique originelle et d'une rock attitude qui n'échappa à personne et ses nappes synthétiques souvent planantes en direct descendance du Trip-Hop bristolien.
La formule des frères de samples, Tom Rowlands et Ed Simons, d'une incroyable efficacité puisque reposant autant sur de vraies mélodies que des rythmes endiablés, n'est pas en soi révolutionnaire mais suffisamment distinctive, même d'équivalents passés finalement très proches, le Prodigy de Music for the Jilted Generation par exemple, pour durablement marquer les esprits des amateurs du genre et même percer sur un marché étatsunien jusqu'alors rétif à l'électronique d'Albion. C'est sûrement dans la simplicité d'une musique toute en hooks et en beats que réside la raison de ce tour de force, parce qu'avec des morceaux aussi accrocheurs et entêtants que Leave Home, In Dust We Trust, Chico's Groove ou One Too Many Mornings, quatre modèles distincts d'un même esprit vulgarisateur bienvenu, ces malins anglais font fort et ouvrent à un public néophyte les portes d'un paradis electronique qui, jusque-là, se refusait à eux. Il y a même d'authentiques chansons, de bonne chansons en plus, pour accrocher ceux qui ne n'apprécient pas la musique instrumentale pure et dure dont une ballade en clôture de l'opus, Alive Alone avec Beth Orton, qui achèvera de convaincre ceux qui doutaient encore que les Chemical Brothers étaient aussi pour eux.
In fine, première exploration en forme de collection des premières années du duo, certains enregistrements ont plus de deux ans au moment de la sortie de l'album, pratique tout sauf rare dans le monde de l'électro où les EPs pullulent, Exit Planet Dust est un album qui fit date, a excellemment bien vieilli et est donc, en toute logique, aussi recommandé aujourd'hui que le jour de sa délivrance au monde. Très forts ces Chemicals Brothers, et ça ne fait que commencer !

1. Leave Home 5:32
2. In Dust We Trust 5:17
3. Song to the Siren 3:16
4. Three Little Birdies Down Beats 5:38
5. Fuck Up Beats 1:25
6. Chemical Beats 4:50
7. Chico's Groove 4:48
8. One Too Many Mornings 4:13
9. Life Is Sweet (featuring Tim Burgess) 6:33
10. Playground for a Wedgeless Firm 2:31
11. Alive Alone (featuring Beth Orton) 5:16

Tom Rowlands - composer, producer
Ed Simons - composer, producer
&
Tim Burgess - vocals
Steve Jones - bass
Beth Orton - vocals
Seggs - bass

THE CHEMICAL BROTHERS

JuiLLeT
Foo Fighters "Foo Fighters"
ou "Premier Foo, première claque"

Nirvana disparu quand les dramatiques circonstances que l'on sait, il ne fallut pas bien longtemps pour que le sieur Grohl se remette au travail avec la création de son groupe à lui, les Foo Fighters, et un premier album éponyme où il fait tout ou presque, on n'est jamais mieux servi que par soi-même, n'est-ce pas Dave ?
La raison de cet étonnant isolement créatif, pour un gars qui n'aime rien tant que de jouer en groupe, est simple, ces enregistrements, Dave les a réalisés très majoritairement chez lui, cathartique exercice de remise en question pour un instrumentiste autosuffisant (parce qu'en plus d'être un excellent batteur, la guitare, la basse et le chant font également partie de son arsenal). Stylistiquement, ceux qui s'attendent à quelque chose de larmoyant vu les circonstances particulières en seront pour leurs frais, la galette, enregistrée en une petite semaine en octobre 1994 avec le seul concours de Barrett Jones à la console et aux chœurs et l'Afghan Whigs en chef Greg Dulli à la guitare sur X-Static, est une belle démonstration d'énergie et d'électricité dans un registre qu'on pourra définir comme punk pop. La formule, pas trop éloignée de la légendaire formation à laquelle il a participé, en moins dépressif cependant, aura le mérite de ne pas perdre les nombreux fans se ruant sur l'exercice comme sur le potentiel ersatz qu'elle n'est heureusement pas. Parce que l'écriture de Grohl, sa voix aussi, se démarque suffisamment de celle du regretté Cobain, plus directe, plus les pieds sur terre que la tête dans les nuages, moins colérique aussi, elle est audiblement le travail d'un "bon gars" qui se remet aussi bien qu'il peut en faisant ce qu'il a toujours fait, et qu'il a fugitivement pensé à abandonner, de la musique ! De la bonne musique en plus, de bonnes chansons aux mélodies souvent accrocheuses (This Is a Call, Big Me, For All the Cows et Oh George en étant les plus évidents exemples), à l'énergie et la bonne humeur absolument communicative, aux bienvenues montées de sève comme aux salvatrices pauses électro-acoustique, tout ça faisant un album réussi de bout en bout.
Vous connaissez tous la suite, l'insolente réussite d'un Grohl qui sait s'entourer, choisir ses amis (Josh Homme et ses Reines du stoner par exemple) et mener sa petite barque à lui, ces Foo Fighters dont il demeure plus que jamais le leader maximus, grâce à un talent de plume et un capital sympathie jamais démentis. Normal pour une histoire qui a si bien commencé avec le présent éponyme toujours aussi recommandé.

1. This Is a Call 3:53
2. I'll Stick Around 3:52
3. Big Me 2:12
4. Alone + Easy Target 4:05
5. Good Grief 4:01
6. Floaty 4:30
7. Weenie Beenie 2:46
8. Oh, George 3:00
9. For All the Cows 3:30
10. X-Static 4:13
11. Wattershed 2:16
12. Exhausted 5:45

Dave Grohl – vocals, guitars, bass guitar, drums, production
&
Barrett Jones - backup vocals
Greg Dulli – guitar on "X-Static"

FOO FIGHTERS (Dave Grohl)

aoûT
Ben Harper "Fight for Your Mind"
ou "Body and Soul"

Ayant la lourde tâche de produire un successeur à un Welcome to the Cruel World qui l'avait imposé comme une révélation et un espoir pour l'avenir, Ben Harper ne change foncièrement pas mais élargit tout de même une palette déjà bien garnie sur un Fight for Your Mind resté dans les annales.
Resté dans les annales parce que les chansons y sont supérieures à la fois d'avant, où elle était pourtant déjà très réussies, resté dans les annales parce qu'en déployant un arsenal nettement plus diversifié, tirant parfois vers les jam-bands du type Phish ou Dave Matthews Band (en compagnie de qui il partagera souvent l'affiche, d'ailleurs) sur un épique God Fearing Man en particulier, mais aussi le reggae (Excuse Me Mr., où l'influence de l'idole Marley se fait sentir) et même carrément vers le metal originel de Black Sabbath (un Ground One Down habité de riffs titanesques). Ca ne veut pas, pour autant, dire qu'on y perd la patte Ben Harper, ce condensé de blues, de folk et de rock habité par la forte personnalité vocale et guitaristique d'un artiste hors du commun, bien au contraire !, Ben en sort renforcé que ce soit au niveau de son écriture (les excellentissimes Burn One Down, ode à la fumette, et Power of the Gospel, comme son nom l'indique) ou d'une crédibilité artistique décuplée.
Et voilà, tout ça nous fait un grand album roots mais pas conservateur pour autant, une collection de chansons d'une folle cohérence et d'une exquise qualité, peut-être le tout meilleur opus de Ben Harper dont la discographie ne manque pourtant pas de pépites (Burn to Shine, There Will Be a Light ou un Get Up! enregistré en compagnie du légendaire harmoniciste Charlie Musselwhite). Ca s'appelle un classique, à raison !, alors ne passez surtout pas à côté !

1. Oppression 2:58
2. Ground on Down 4:53
3. Another Lonely Day 3:43
4. Please Me Like You Want To 4:55
5. Gold to Me 5:00
6. Burn One Down 3:31
7. Excuse Me Mr. 5:24
8. People Lead 4:13
9. Fight for Your Mind 4:06
10. Give a Man a Home 3:35
11. By My Side 3:34
12. Power of the Gospel 6:02
13. God Fearing Man 11:49
14. One Road to Freedom 4:14
Bonus
15. Wicked Man 5:04
16. Not Fire Not Ice 3:38

Ben Harper - acoustic guitar, Vocals, weissenborn
Brett Banduci - viola
Danielle Charles - violin
Oliver Charles - drums
Bob "Stiv" Coke - tabla, tambourine, tamboura, sarod
Timothy Loo - cello
Leon Mobley - percussion
Juan Nelson - bass
Ervin Pope - organ, Hammond organ

BEN HARPER

SePTeMBRe
Blur "The Great Escape"
ou "L'échappée belle"

Vainqueur de la guerre des singles qui l'opposa à Oasis, leader incontesté d'une explosion britpop qui n'a pas fini de faire des remous, le Blur de The Great Escape, le quatrième album des londoniens, est une continuation absolument logique de celui qui, sur Parklife paru un an et demi plus tôt, les imposa comme une valeur sûre d'un art pas si simple à produire que ça, soit un opus glorieusement pop, d'une indéniable anglicité et lardé de chansons réussies.
Une fois encore produit par le fidèle Stephen Street, qui produira tous les albums de Blur à l'exception de 13 et Think Tank, deux album où la proverbiale légèreté instrumentale du quartet avait une très nette tendance à disparaître, The Great Escape ne réinvente donc pas le groupe, ce qui fut avec Moddern Life is Rubbish et l'éponyme successeur du présent, se contentant de remettre sur l'ouvrage la formule qui a si bien fonctionné le coup d'avant, d'en explorer les possibles aussi puisqu'il n'est aucunement question d'immobilisme, pour un résultat bluffant de classe.
Outre quatre singles particulièrement réussi (Country House, The Universal, Stereotypes et Charmless Man), c'est à une collection aussi diversifiée que réussie à laquelle nous avons affaire. Vous voulez du qui rocke comme il faut ? Parce que Blur sait aussi défourailler quelques guitares bien tranchantes comme vous aurez Charmless Man, Mr. Robinson's Quango et It Could Be You et Globe Alone, tous dans l'esprit pop du groupe mais, donc, dotés de six-cordes et d'un allant inhabituellement costauds pour le groupe à ce stade de sa carrière. Vous voulez de la pop plus que parfaite ? Vous aurez l'embarras du choix avec le sautillant Stereotypes, le n°1 qui a humilié Oasis (l'irrésistible Country House), un Charmless Man mutin et énergique, ou l'électro pop japonisante de Yuko and Hiro. Vous voulez de la belle ballade à faire mouiller les yeux ? Ne cherchez pas plus loin qu'un gracieux Best Days ou que la power ballad Burt-Bacharachisée The Universal. Un peu de bizarrerie en cerise sur le gâteau ? Elle est souvent à tous les étages, la contribution de Graham Coxon et de ses guitares différentes, mais encore plus sur un Fade Away en parade de l'impossible, un Ernold Sane tout en cordes baroques "spoken-wordisé" par le député du labour et futur maire de Londres Ken Livingstone, un Entertain Me à l'impeccable partie de basses volubile d'Alex James. Et tout ça danse (si tu ne bouges pas ton popotin sur Entertain Me ou Mr. Robinson's Quango, c'est que tu es mort !), rit, rêve, et nous avec ! En vérité, on reste baba devant la polyvalence de quatre petits gars (les deux multi-instrumentistes du groupe plus précisément, Damon Albarn et Graham Coxon) qui ne payent pas de mine mais on des trésors d'idées à dévoiler au monde, et ils ne s'en privent pas pour l'évident bénéfice de l'auditeur comblé qui a en plus pu jouer au jeu de piste en repérant les différentes excellentes influences du groupe (de XTC aux tutélaires Kinks en passant Scott Walker et même Ennio Morricone, pour ne citer qu'eux).
Parklife était déjà un triomphe, commercial aussi mais pas seulement, de l'humble avis de votre serviteur, un avis que tous ne partagent pas, The Great Escape est encore meilleur, une galette de pop multiple et maline dont, 20 ans après sa sortie, on ne se lasse toujours pas. Pour tout dire, l'opus n'est pas recommandé, il est ordonné, oui, rien que ça !

1. Stereotypes 3:10
2. Country House 3:57
3. Best Days 4:49
4. Charmless Man 3:34
5. Fade Away 4:19
6. Top Man 4:00
7. The Universal 3:58
8. Mr. Robinson's Quango 4:02
9. He Thought of Cars 4:15
10. It Could Be You 3:14
11. Ernold Same 2:07
12. Globe Alone 2:23
13. Dan Abnormal 3:24
14. Entertain Me 4:19
15. Yuko and Hiro 5:24
16. To the End (La Comédie) 6:40

Damon Albarn – vocals, piano, keyboards, organ, synthesizer, handclaps
Graham Coxon – electric and acoustic guitar, banjo, saxophone, backing vocals, handclaps
Alex James – bass guitar
Dave Rowntree – drums, percussion
&
Simon Clarke – saxophone
Tim Sanders – saxophone
J. Neil Sidwell – trombone
Roddy Lorimer – trumpet
Louise Fuller – violin
Richard Koster – violin
John Metcalfe – viola
Ivan McCermoy – cello
Ken Livingstone – narration on "Ernold Same"
Theresa Davis – backing vocals on "The Universal"
Angela Murrell – backing vocals on "The Universal"
Cathy Gillat – backing vocals on "Yuko and Hiro"
Françoise Hardy - vocals on "To the End (La Comédie)"

BLUR

oCToBRe
The Smashing Pumpkins "Mellon Collie and the Infinite Sadness"
ou "Les grandes ambitions"

Pour succéder à l'album qui les avait vu s'imposer comme un nom qui compte de la scène rock indépendante étatsunienne, Siamese Dream, Billy Corgan et ses Citrouilles Ecrasées n'ont pas fait les choses à moitié. Un double album, plus de deux heures, 28 chansons, c'est le programme de Mellon Collie and the Infinite Sadness, leur seulement troisième opus, diable !
Alors, évidemment, on peut douter de la viabilité de l'exercice, craindre un remplissage excessif comme c'est souvent le cas des album fleuves (voir le Use Your Illusion de Guns N' Roses pour l'exemple), envisager telle création comme un réel indice d'une "prise de melon" d'un groupe en pleine ascension populaire. Que nenni ! Bon, on ira pas dire que tout est d'une égale et essentielle qualité simplement parce que si rien n'y déçoit, certains morceaux sont un peu plus réussis que d'autres. Pour l'exemple, on citera l'extraordinaire Tonight Tonight (encore meilleur avec l'intro orchestrale qui donne son titre à l'album), d'agressives saillies rondement menées (Jellybelly et Zero, pour ne citer qu'elles), de la pop de chambre de qualité supérieure (Cupid de Locke), de l'acoustique intime et émouvant (Stumbleine), du qui flirte avec le hard et le prog des 70s (1979) mais le fait tellement bien que même les détracteurs du genre auront du mal à nier la réussite, du colérique et gracieux à la fois (Bullet with Butterfly Wings) et même des explorations vers des rivages synthétiques et éthérés encore inexplorés par le quatuor (We Only Come Out at Night).
Forcément, avec un album si long, et si diversifié aussi, parce que les Smashing Pumpkins y touchent à tout du grunge à la folk en passant par la pop, le punk et même le heavy metal, l'écoute peut prendre des allures de marathon et que certains auditeurs risquent de se heurter au fameux mur (si tu cours, tu sais, sinon, mais google donc !) et de ne donc pas pouvoir continuer plus loin, ces pauvres bougres ne sauront probablement jamais ce qu'ils ont manqué quand ceux qui réussirent à dépasser quelques instants moins en accord avec leurs goûts se rendront compte qu'il y ici du bon jusqu'au bout.
Indéniablement un des albums les plus marquants des années 90, Mellon Collie and the Infinite Sadness a, qui plus est, merveilleusement bien vieilli. Il n'en faut pas plus pour chaudement recommander l'absolu sommet de la discographie de ces séminales Citrouilles, un album d'une richesse dépassant l'entendement.

CD 1
1. Mellon Collie and the Infinite Sadness 2:52
2. Tonight, Tonight 4:14
3. Jellybelly 3:01
4. Zero 2:41
5. Here Is No Why 3:45
6. Bullet with Butterfly Wings 4:18
7. To Forgive 4:17
8. Fuck You (An Ode to No One) 4:51
9. Love 4:21
10. Cupid de Locke 2:50
11. Galapogos 4:47
12. Muzzle 3:44
13. Porcelina of the Vast Oceans 9:21
14. Take Me Down 2:52

CD 2
1. Where Boys Fear to Tread 4:22
2. Bodies 4:12
3. Thirty-Three 4:10
4. In the Arms of Sleep 4:12
5. 1979 4:25
6. Tales of a Scorched Earth 3:46
7. Thru the Eyes of Ruby 7:38
8. Stumbleine 2:54
9. X.Y.U. 7:07
10. We Only Come Out at Night 4:05
11. Beautiful 4:18
12. Lily (My One and Only) 3:31
13. By Starlight 4:48
14. Farewell and Goodnight 4:22

Jimmy Chamberlin – drums, vocals on "Farewell and Goodnight"
Billy Corgan – lead vocals, lead guitar, piano, mellotron, production, mixing, string arrangement on "Tonight, Tonight", art direction and design
James Iha – rhythm guitar; backing vocals, mixing, and additional production on "Take Me Down" and "Farewell and Goodnight"
D'arcy Wretzky – bass guitar, vocals on "Beautiful" and "Farewell and Goodnight"
&
Chicago Symphony Orchestra – orchestra in "Tonight, Tonight"
Greg Leisz – pedal and lap steel guitar on "Take Me Down"

THE SMASHING PUMPKINS

NoVeMBeR
Bruce Springsteen "The Ghost of Tom Joad"
ou "Chroniques d'une autre Amérique"

C'est l'album le plus politique de Bruce Springsteen, celui où il crache à la face du monde son désabusement combatif, celui qui est inspiré de Steinbeck et de l'actualité, The Ghost of Tom Joad.
Dans la forme, c'est un Springsteen d'une remarquable sobriété qui s'offre à nous, du genre qu'on n'avait plus entendu depuis Nebraska, c'est aussi le Springsteen le plus politique qui n'ait jamais été et un peu dépressif aussi. Les orchestrations à minima, à très forte dominante folk, quoiqu'une approximation de l'E Street Band le rejoigne sur cinq titres, la voix toute en retenue sont les principales qualités d'une galette en aucun cas racoleuse, pas fille de joie pour deux sous qui s'adressera surtout, parce que les paroles y ont une importance cardinale, à ceux pour qui la langue de Shakespeare n'est pas du chinois. Parce que Bruce semble avoir beaucoup plus misé sur ce qui lui tient vraiment à cœur, un contenu textuel fort, ce qu'il est indéniablement, que sur les mélodies ici atones comme jamais.
Le résultat ne s'écoute pas forcément tous les jours, disque recueilli et lourd de sens The Ghost of Tom Joad est de ces œuvres qu'on se passe et se repasse quand les circonstances sont justes, quand "l'envie" d'une plongée au noir dans une Amérique déliquescente se fait sentir, dans ces instants là, album aussi précieux que recommandé, il vous touche en plein cœur. Essentiel.

1. The Ghost of Tom Joad 4:23
2. Straight Time 3:25
3. Highway 29 3:39
4. Youngstown 3:52
5. Sinaloa Cowboys 3:51
6. The Line 5:14
7. Balboa Park 3:19
8. Dry Lightning 3:30
9. The New Timer 5:45
10. Across the Border 5:24
11. Galveston Bay 5:04
12. My Best Was Never Good Enough 2:00

Bruce Springsteen – guitar, keyboards, harmonica, vocals, Producer
&
Danny Federici – accordion, keyboards
Gary Mallaber – drums
Garry Tallent – bass
Jim Hanson – bass
Marty Rifkin - pedal steel guitar
Soozie Tyrell – violin, background vocals
Lisa Lowell - background vocals
Patti Scialfa – background vocals

BRUCE SPRINGSTEEN

DéCeMBRe
Cibo Matto "Cibo Matto"
ou "Oh! These Japanese Girls!"

Des japonaises émigrées à New York mariant indie rock et électronique, c'est le programme du tout premier mini-album de Yuka Honda et Miho Hatori plus connues sous le nom de Cibo Matto.
Et donc, compilant deux singles parus plus tôt dans l'an à des tirages très limités sur un premier 5 titres d'une petite quinzaine de minutes (c'est court !) Cibo Matto institue un son qui fera florès sur leurs deux parutions à venir, l'album Viva La Woman et l'EP Super Relax. Leur son ? Une voix post-adolescente (Miho Hatori), des samples et des claviers à gogo (Yuka Honda) pour un indie hip-hop addictif et efficace dont on retrouvera les traces, dans des versions différentes, sur les deux précités mais aussi une courte reprise du Black Hole Sun de Soundgarden en français (!) qui n'est lui disponible qu'ici. Encore un peu un "work in progress" à ce stade de leur carrière, la musique du duo a déjà tout son charme n'hésitant pas, ponctuellement, à expérimenter à la matière de leur nouveaux amis new-yorkais (l'ambient minimaliste de Crumbs) pour un résultat nettement plus abstrait que leurs habituels chansonnettes à danser pas idiot.
Tout ça ne fait pas de ce EP, désormais difficile à trouver, un essentiel, juste une jolie rareté réservée aux fans du duo bientôt quatuor (sur un second album, Stereo ★ Type A, comprenant le renfort de Sean Lennon et Timo Ellis en multi-instrumentistes de complément), puis duo (depuis la récente reformation et un joli Hotel Valentine).

1. Beef Jerky 2:25
2. Birthday Cake 3:11
3. Know Your Chicken 3:22
4. Black Hole Sun 2:15
5. Crumbs 4:14

Yuka Honda: sampler, sequencer, keyboard, piano, organ, synthesizer, harpsichord, backing vocals
Miho Hatori: lead vocals, percussion, acoustic guitar

CIBO MATTO


17 commentaires:

  1. 95 par 12, 20 ans déjà !

    Leftfield "Leftism"
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    PJ Harvey "To Bring You My Love"
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    Faith No More "King for a Day... Fool for a Lifetime"
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    KMFDM "Nihil"
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    Teenage Fanclub "Grand Prix"
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    The Chemical Brothers "Exit Planet Dust" -
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    Foo Fighters "Foo Fighters"
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    Ben Harper "Fight for Your Mind"
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    Blur "The Great Escape"
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    The Smashing Pumpkins "Mellon Collie and the Infinite Sadness"
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    Cibo Matto "Cibo Matto"
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  2. Joli tir groupé, et sacrée année. Ca me donne envie de réécouter le Pj Harvey et le Chemical (le Smashing tournait dans ma voiture ces dernières semaines).
    Je ne connaissais pas le Tennage Fanclub, et vu les extraits, ça devrait me plaire, je prends ! Merci.

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    1. Une sacrée année en effet. Bonne(s) écoute(s) du Teenage Fanclub, un groupe qui mérite d'être mieux connu, et merci de ton commentaire.

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  3. Merci bcp, je vais en prendre une poignée !
    1995 c'était aussi "Good News From The Next World" de Simple Minds, excellent album même si leur hauts faits étaient derrière eux... Et c'était aussi le début de la 1ère tournée de Page & Plant mais l'album c'était en 1994 je pense...
    Vincent

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    1. Oui, le Page/Plant est de 1994, qui était une belle année aussi comme démontré par le billet que j'y avais consacré. Concernant Simple Minds, dont je connais seulement les vieux albums, je ne peux pas me prononcer mais, à l'occasion, si l'opportunité se présente, j'y jetterai une oreille.
      Merci de ton commentaire et n'hésite pas à plonger dans la sélection !

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  4. Un tiers de la sélection en gros, donc, vu qu'il n'y a pas tant de pop que ça... Côté electro, le Leftfield, plus nuancé, moins "boom boom boom" sera peut-être plus dans tes cordes... A tester.
    Merci de ton passage.

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  5. Je me disais justement que j'avais envie de réecouter les Teenage Fanclub.... J'avais un album d'eux, mais je croix que c’était bandwagonesque (?).

    Le Letfield est un album est très riche, vraiment à réecouter. Je l'ai mais sur K7. Avec le Chemical, je crois que c'est mes débuts dans l'electro.

    Pour le smashing, je crois que j'aurai chloisi les mêmes morceaux que toi à mettre en avant. En fait, j'aime moins quand ils font dans le lourd et gras (à part justement bulletwith Butterfly Wings).
    J'ai été très déçu par Ben Harper. Cet album je l'avais bien aimé et pas mas mal écouté à l'époque, mais les dernières fois que je l'ai fait, j'ai trouvé les composition assez quelconque...
    Ce Blur, je l'ai toujours trouvé surestimé. Je préfère le précédent. Il y a de bonnes choses, mais ils font trop les malins. Mais ça me fera plaisir de le réecouter pour l'occasion.

    PJ Harvey, toujours la grande lasse. Marrante ta photo d'ailleurs. Pas du tout l'image qu'on a d'elle.

    Le Springsteen, pas mal écouté, mais je n'arrive pas être emballé. Il est agréable, produit comme je l'aime, mais je n'ai pas les frissons que me procure Nebraska.

    Par contre, je m'aperçois que j'ai toujours fait l'impasse des Foo Fighters. Comme si avant même d'écouter je savais ce à quoi m'attendre. Je vais pouvoir vérifier.

    C'est que l'année était plutôt pas mal. Ta sélection est d'une grande représentativité. Je crois que je vais brancher la machine à remonter le temps cette semaine à cause de toi. :)

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    1. Bandwagonesque (bourse sur fond rose) est aussi un très bon album, ma préférence va cependant vers Grand Prix encore plus "rétro pop".

      Leftfield, tout bon. Le second était décevant, hélas. Il n'y a jamais eu de 3ème...

      Je préfère aussi quand les Smashing Pumpkins ne font pas dans le lourd, sans doute la voix nasillarde de Corgan qui passe difficilement dans ce cas là.

      Ben Harper, pour moi, ça reste son meilleur.

      Blur font les malins, c'est comme ça que je les aime.

      PJ est plus complexe et rigolote que l'image de ténébreuse qu'elle s'est construit.

      Le Springsteen ne vaut pas Nebraska, c'est un fait, mais vaut le coup quand même... dans le bon mood !

      Les Foo Fighters (en fait Grohl en solo alors), tu me diras.

      Bon voyage 20 ans en arrière et merci de ce long commentaire où tu oublies cependant l'extraordinaire Faith No More, à tester !

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  6. Ok! J'en ai quelques uns déjà (le Bruce vous vous doutez bien mais aussi PJ Harvey et Ben Harper et je vais essayer de me convertir à Blur - groupe que j'ai comme Pulp négligé en ces années-là. à suivre!

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    1. Curieux de savoir ce que tu auras pensé du Blur, n'hésite pas à venir faire ton "rapport".
      Et merci de ton commentaire, évidemment.

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  7. Le Cibo Matto, je ne l'ai sorti que parce que décembre était un désert. C'est un bon petit EP préparatoire de quelques albums plus substantiels.

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  8. Dernière escale à Barcelone avant de rejoindre mes pénates. Comme d'habitude, la sélection est audacieuse et juste. À très bientôt.

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    1. Merci !
      A ton retour, j'attends un déluge de commentaire sur un sujet qui te tient particulièrement à cœur et fut largement développé cet été : le hard rock !
      Et tu nous expliqueras aussi comment tu fais pour avoir autant de congés, veinard !
      Bonne fin de congés et merci pour ton passage de Catalunya !

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  9. Faith no more, je crois que je lzs ai toujours confondu avec No Doubt.... La honte! Donc du coup, effectivement je vais jeter une oreille.

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    1. Et tu te rendras compte que ça n'a rien à voir avec Miss Gwen Stefani et les Garçons ! ;-)

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  10. Tu nous en sors tellement que l'on doit faire des choix en éliminant ceux que l'on a (Ben Harper, Blur, Springsteen, Foo Fighters, PJ Harrvey, Chemical brothers et Smashing, Teenage Fan club) et ceux que l'on n'aime pas (Faith no more, KMFDM). Il me reste donc à déguster Cibo Matto, Letfield.
    Encore merci pour ces découvertes

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    1. Je t'en prie !
      Quand même, dommage pour FNM, je suis sûr que tu y aimerais quelque chose...

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