Imaginez un groupe impossible, avec 5 individus au caractère si bien trempé qu'il en deviendrait la hantise des organisateurs de concerts. C'est ce que je vous propose aujourd'hui mais c'est aussi, surtout, l'occasion de revenir sur 5 belles galettes bien différentes les unes des autres. The Ill Tempered Quintet... Enjoie !
RuDe BaSSiSTe
Charles Mingus "Pithecanthropus Erectus (remastered)" (1956)
ou "Fondations"
C'est la pierre fondatrice de l'art de Charles Mingus, le premier album où il développe et impose vraiment un style qui n'appartient qu'à lui, un jazz savant, inventif, lettré mais aussi terriblement habité par la personnalité entière d'un compositeur et instrumentiste entré dans la légende. C'est Pithecanthropus Erectus, une œuvre dont on ne dirait pas qu'elle aura, déjà !, 60 ans l'an prochain.
C'est entendu, Pithecanthropus Erectus n'est pas aussi révolutionnaire que Mingus Ah Um, pas aussi radicalement fou et avant-gardiste que The White Saint and the Sinner Lady, ça n'en demeure pas moins la base sur laquelle les chefs d'œuvres futur de Charles seront construits, celle d'un jazz s'extirpant du courant bop alors encore en vogue pour créer son propre paysage, sa propre grammaire, ses propres possibles. Sans doute le fait que le créateur ne joue pas d'un des instruments stars du genre (saxophone et piano aux premiers d'iceux), influence-t'il notablement l'aspect compositionnel et prospectif de la chose, sans doute, d'ailleurs, la formation classique de jeunesse de Mingus au violoncelle était-elle déjà l'élément décisif sur lequel tout une carrière, et quelle carrière !, sera érigée, mais tout de même, il faut le talent du colérique et parfois violent contrebassiste, ces acquis d'un jeune temps où il se chercha une appartenance, lui le métisse, cette continue contrariété qui semblait habiter un personnage définitivement "larger than life" qui du se battre pour s'imposer comme autre chose qu'un simple accompagnateur puisque tel était le lot de ceux pratiquant le même instrument que lui.
Du coup, Mingus en fait plus, travaille plus, cherche plus, et trouve... des merveilles ! Comme l'adaptation plus que réussie du Foggy Day de George et Ira Gershwin originellement composé pour Fred Astaire et le grand écran et, ici, gracieusement méconnaissable porté, chahuté qu'il est pas un groupe dévoué à la démarche prospective de son leader, une version si décisive qu'il faudra attendre 30 ans et le Standard Time Volume 1 de Branford Marsalis pour qu'un autre jazzman ose se risquer à en rejouer une version instrumentale. Le reste de l'opus se compose de trois compositions originales du maître qui, à commencer par celle qui donne son titre à l'œuvre, un poème tonal en quatre parties illustrant l'évolution, le développement puis la déchéance du genre humain, rien que ça !, osent l'ambition sans jamais s'éloigner d'une faconde instrumentale demeurant le fil d'Ariane entre innovation et tradition. Il faut dire que, maître de la session, Mingus ouvre moult opportunités à ses partenaires de s'exprimer via le filtre de sa fantastique imagination offrant ici à Mick Waldron ou Jackie McLean, respectivement pianiste et altiste, leur plus belle opportunité de briller en soliste.
Or, donc, Charles Mingus fera mieux, mais pas beaucoup !, il n'en reste pas moins que Pithecanthropus Erectus, album important dans sa discographie comme dans l'histoire du jazz tout court, est un absolu incontournable pour les amateurs de jazz moderne, inventif et gracieux en plus d'une excellente porte d'entrée pour toutes celles et tous ceux qui ne se seraient pas encore frotté à "la bête"... Un classique, tout simplement.
1. Pithecanthropus Erectus 10:36Du coup, Mingus en fait plus, travaille plus, cherche plus, et trouve... des merveilles ! Comme l'adaptation plus que réussie du Foggy Day de George et Ira Gershwin originellement composé pour Fred Astaire et le grand écran et, ici, gracieusement méconnaissable porté, chahuté qu'il est pas un groupe dévoué à la démarche prospective de son leader, une version si décisive qu'il faudra attendre 30 ans et le Standard Time Volume 1 de Branford Marsalis pour qu'un autre jazzman ose se risquer à en rejouer une version instrumentale. Le reste de l'opus se compose de trois compositions originales du maître qui, à commencer par celle qui donne son titre à l'œuvre, un poème tonal en quatre parties illustrant l'évolution, le développement puis la déchéance du genre humain, rien que ça !, osent l'ambition sans jamais s'éloigner d'une faconde instrumentale demeurant le fil d'Ariane entre innovation et tradition. Il faut dire que, maître de la session, Mingus ouvre moult opportunités à ses partenaires de s'exprimer via le filtre de sa fantastique imagination offrant ici à Mick Waldron ou Jackie McLean, respectivement pianiste et altiste, leur plus belle opportunité de briller en soliste.
Or, donc, Charles Mingus fera mieux, mais pas beaucoup !, il n'en reste pas moins que Pithecanthropus Erectus, album important dans sa discographie comme dans l'histoire du jazz tout court, est un absolu incontournable pour les amateurs de jazz moderne, inventif et gracieux en plus d'une excellente porte d'entrée pour toutes celles et tous ceux qui ne se seraient pas encore frotté à "la bête"... Un classique, tout simplement.
2. A Foggy Day 7:50
3. Profile of Jackie 3:11
4. Love Chant 14:59
Charles Mingus – bass
Jackie McLean – alto saxophone
J. R. Monterose – tenor saxophone
Mal Waldron – piano
Willie Jones – drums
Charles Mingus |
CRaZy oN DRuMS
Masters of Reality "Sunrise on the Sufferbus" (1993)
ou "un Bus pour le Paradis"
5 ans après un premier album remarqué à défaut de rencontrer un véritable succès, Masters of Reality, l'ex-quatuor de l'indéboulonnable Chris Goss, devient trio avec un invité de marque venu apporter sa pierre à l'édifice : Ginger Baker.
Le mariage tombe sous le sens pour ces Masters of Reality dont la filiation avec Cream était si évidente sur le premier album éponyme de 1998. Sauf que, cette fois, la formation, enfin, le duo qu'il en reste, le second guitariste ayant disparu dans le même élan que le précédent batteur, a décidé d'élargir le champs vers un rock infusé de country qu'on ne leur connaissait pas. Et c'est une excellente nouvelle dans laquelle le rouquin batteur se glisse sans la moindre difficulté, avec une évidente délectation, même. Evidemment, sur d'autres morceaux, un petit tiers de l'épatante galette, il reste la forte emprunte du trio de Clapton, Bruce et Baker, une emprunte d'autant plus profonde et réussie qu'elle bénéficie du style unique du frapadingue Ginger. On a même des relents de Beatles, sur deux courts intermèdes déjà, si gracieux qu'on aurait aimé les entendre plus développés, et même à un spoken word mis en musique où l'anglais du lot, l'ancien aussi, Ginger donc, critique la crasse incapacité des américains à faire une bonne tasse de thé, irrésistible ! Tout ça nous fait un album, varié sans rien perdre de sa cohérence, qui plus est efficacement mis en son par le trio lui-même.
Evidemment, c'était trop beau pour dure et, Ginger Baker étant aussi volubile que volatile comme on le sait, le projet restera un one shot qu'il désertat bientôt pour vaquer à d'autres activités, reste ce Sunrise on the Sufferbus sans tâche, une perle perdue dans les limbes qu'il est plus que nécessaire de recommander comme la vraie belle grande réussite qu'il est, la plus belle d'un groupe à la discographie pourtant globalement réussie, ces trop méconnus Masters of Reality.
Evidemment, c'était trop beau pour dure et, Ginger Baker étant aussi volubile que volatile comme on le sait, le projet restera un one shot qu'il désertat bientôt pour vaquer à d'autres activités, reste ce Sunrise on the Sufferbus sans tâche, une perle perdue dans les limbes qu'il est plus que nécessaire de recommander comme la vraie belle grande réussite qu'il est, la plus belle d'un groupe à la discographie pourtant globalement réussie, ces trop méconnus Masters of Reality.
1. She Got Me (When She Got Her Dress On) 2:47
2. J.B. Witchdance 3:37
3. Jody Sings 3:03
4. Rolling Green 3:41
5. Ants in the Kitchen 3:22
6. V.H.V. 4:21
7. Bicycle 0:47
8. 100 Years (Of Tears on the Wind) 4:06
9. T.U.S.A. 2:59
10. Tilt-A-Whirl 3:42
11. Rabbit One 3:33
12. Madonna 0:38
13. Gimme Water 2:23
14. Moon in Your Pocket 3:31
Chris Goss - vocals, guitars, keyboards
Googe - bass, backing vocals
Ginger Baker - drums, backing vocals, lead vocals (T.U.S.A.)
Ginger Baker |
MéCHaNT GuiTaRiSTe !
Deep Purple "Deep Purple in Rock (remastered)" (1970)
ou "Rock in a Hard Place"
Si la nouvelle formation de Deep Purple a été inaugurée moins d'un an plus tôt sur l'inégal Concerto for Group and Orchestra, c'est bel et bien sur In Rock que le groupe trouve le cachet qui l'imposera comme une des valeurs les plus vives du hard rock des années 70.
Il y avait déjà le flacon (ce Mont Rushmore revu et "purplisé"), il y aura en plus l'ivresse (ce hard rock agressif et racé), pas étonnant que ce 4ème studio soit désormais passé dans la légende, lui qui propose un nouveau line-up, une nouvelle approche et, surtout !, 7 excellentes chansons dont 3 authentiques classiques du répertoire des britanniques. Evidemment, il aura fallu trouver LA voix, celle permettant à Blackmore, Lord et Paice de réaliser leur fantasme hard-rockant, c'est chose faite avec l'adoubement d'un jeune Gillan dérobé aux prometteurs mais non-réalisés Episode Six, un type capable de la plus grande douceur comme de l'ultime assaut sur les tympans d'auditeurs qui n'en attendaient pas tant, un vrai chanteur de hard rock capable d'en remontrer à l'archétype du genre, Robert Plant bien-sûr. Sauf qu'avec un contexte musical différent, des influences blues bien moindres, une attirance évidente pour la musique classique et le rock progressif, restante devrait-on dire puisque ce fut la base de la précédente mouture de Deep Purple, la messe est tout autre que celle ordonnée par Jimmy Page.
Ici, dominé par un duo de solistes aussi complémentaires que roués à l'exercice (eux qui furent musiciens de studio avant de se lancer dans la création de leur propre créature), dans un opus conçu comme une boucle (il commence et se conclut dans le même fracas instrumental), nous avons droit à un cas d'école proto-metal de ceux qui influencera toute la vague qui suivra (on citera pour mémoire la décisive New Wave of British Heavy Metal et en particulier son leader incontesté, Iron Maiden, mais aussi tout le prog-metal que nous connaissons jusqu'aujourd'hui). Il faut dire que, dès un Speed King plein d'énergie et d'électricité, le nouveau quintet a mis les petits plats dans les grands concevant des chansons tranchantes et décisives (Bloodsucker, Flight of the Rat, Into the Fire, Hard Lovin' Man) tout juste tempérés par quelques restes de psychédélisme (Living Wreck) et une ballade épique révérée à raison (Child in Time, évidemment), où la maîtrise instrumentale de ses membres, tous de vrais virtuoses de leur instrument respectif, n'est pas portion congrue de la réussite, pas plus que la mise en son tout à fait appropriée de Martin Birch, d'Andy Knight et du groupe, autre facteur ô combien décisif de l'implacable triomphe.
Massivement bonussée dans cette édition du 25ème anniversaire, Deep Purple In Rock est de ces albums qu'on ne devrait plus avoir à recommander, c'est dire l'imposante réputation de la chose, une réputation parfaitement méritée pour un opus légendaire de bout en bout et indispensable à la collection de tout amateur de bon rock des années 70.
Ici, dominé par un duo de solistes aussi complémentaires que roués à l'exercice (eux qui furent musiciens de studio avant de se lancer dans la création de leur propre créature), dans un opus conçu comme une boucle (il commence et se conclut dans le même fracas instrumental), nous avons droit à un cas d'école proto-metal de ceux qui influencera toute la vague qui suivra (on citera pour mémoire la décisive New Wave of British Heavy Metal et en particulier son leader incontesté, Iron Maiden, mais aussi tout le prog-metal que nous connaissons jusqu'aujourd'hui). Il faut dire que, dès un Speed King plein d'énergie et d'électricité, le nouveau quintet a mis les petits plats dans les grands concevant des chansons tranchantes et décisives (Bloodsucker, Flight of the Rat, Into the Fire, Hard Lovin' Man) tout juste tempérés par quelques restes de psychédélisme (Living Wreck) et une ballade épique révérée à raison (Child in Time, évidemment), où la maîtrise instrumentale de ses membres, tous de vrais virtuoses de leur instrument respectif, n'est pas portion congrue de la réussite, pas plus que la mise en son tout à fait appropriée de Martin Birch, d'Andy Knight et du groupe, autre facteur ô combien décisif de l'implacable triomphe.
Massivement bonussée dans cette édition du 25ème anniversaire, Deep Purple In Rock est de ces albums qu'on ne devrait plus avoir à recommander, c'est dire l'imposante réputation de la chose, une réputation parfaitement méritée pour un opus légendaire de bout en bout et indispensable à la collection de tout amateur de bon rock des années 70.
1. Speed King 5:52
2. Bloodsucker 4:16
3. Child in Time 10:18
4. Flight of the Rat 7:53
5. Into the Fire 3:30
6. Living Wreck 4:31
7. Hard Lovin' Man 7:11
Bonus
8. Black Night (original single version) 3:27
9. Studio Chat (1) 0:28
10. Speed King (piano version) 4:14
11. Studio Chat (2) 0:25
12. Cry Free (Roger Glover remix) 3:20
13. Studio Chat (3) 0:05
14. Jam Stew (unreleased instrumental) 2:30
15. Studio Chat (4) 0:40
16. Flight of the Rat (Roger Glover remix) 7:53
17. Studio Chat (5) 0:31
18. Speed King (Roger Glover remix) 5:52
19. Studio Chat (6) 0:23
20. Black Night (unedited Roger Glover remix) 4:47
Ritchie Blackmore – guitar
Jon Lord – keyboards, organ
Ian Paice – drums, percussion
Ian Gillan – lead vocals
Roger Glover – bass
Ritchie Blackmore |
eGo oN KeyBoaRDS
Emerson, Lake & Palmer "Trilogy (remastered)" (1972)
ou "Prog for Dummies"
Depuis ses débuts, rien ne semble pouvoir contrarier le trio dans sa glorieuse ascension vers le statut de plus grand groupe du monde. Bien que son audace et ses ambitions démesurées se manifestent de manières bien différentes sur chacun des trois premiers disques, le public y adhère de façon systématique et massive des deux cotés de l'Atlantique. Alors que le monde est dans l'attente d'un nouveau projet génial et farfelu, Emerson, Lake & Palmer écartent l'idée d'une innovation sur la forme pour se concentrer sur le fond. Trilogy se veut ainsi célébrer le triomphe du groupe à travers la synthèse et la magnification des aventures précédentes. A ce stade, l'orgueil des trois musiciens n'a d'égal que leur perfectionnisme, ces deux traits de caractère marquant profondément la conception de ce quatrième album. Néanmoins, la tendance à la surenchère n'a pas encore atteint le niveau qui mènera le rock progressif à sa perte si bien que Trilogy joue son rôle à la perfection : celui de la sublimation du style ELP.
La musique du trio est en effet magnifiée, et ce jusque dans ses aspects les plus contestables. "The Sheriff" constitue notamment le meilleur épisode de la série des cocasseries honky tonk de saloon. Son groove délicieux n'est ainsi pas loin de légitimer l'intégralité de ces pitreries récurrentes. Greg Lake n'a lui jamais été aussi romantique et inspiré que sur Trilogy. Cette grâce s'exprime non seulement à travers son habituelle chanson à la guitare acoustique, le splendide "From the Beginning", mais également sur les élans plus raffinés et sophistiqués, sa prestation vocale sur "Trilogy" étant l'une des plus belles et troublantes de sa carrière. Keith Emerson n'a quant à lui jamais été aussi raisonnable dans ses prestations de soliste, et nous épargne les pénibles et interminables monopoles dont il a le secret. Son unique envolée solitaire est une "Fugue" qui ne dépasse pas les deux minutes, intercalée entre les deux parties de la pièce la plus impressionnante du disque : "The Endless Enigma". Après la tension insoutenable suscitée par son introduction, le groupe y propulse un hymne imposant et majestueux qui ne cesse de faire frissonner le Religionnaire et au sein duquel chacun des trois artistes se montre sous son meilleur jour. L'effréné "Hoedown", adapté du "Rodeo" d'Aaron Copeland, est une démonstration incroyablement jubilatoire illustrant que la virtuosité des trois hommes peut être utilisée de façon collective et surtout productive. En revanche, de par son long crescendo sans réel décollage, "Abaddon's Bolero" peut facilement irriter le non amateur de Ravel. Cet égarement final est pourtant aisément pardonnable à condition d'être considéré comme une sorte de récréation, offerte en récompense d'un travail exceptionnel.
Trilogy est ainsi probablement le meilleur album d'Emerson, Lake & Palmer, du moins le plus consistant. Le trio y peaufine son approche unique et composite du rock progressif pour atteindre un sommet artistique qu'il ne pourra jamais surpasser ni même égaler. La tournée qui suit remplira les stades, parfois de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, célébrant le trio désormais plus grand groupe du monde… (Religionaire, Destination Rock)
La musique du trio est en effet magnifiée, et ce jusque dans ses aspects les plus contestables. "The Sheriff" constitue notamment le meilleur épisode de la série des cocasseries honky tonk de saloon. Son groove délicieux n'est ainsi pas loin de légitimer l'intégralité de ces pitreries récurrentes. Greg Lake n'a lui jamais été aussi romantique et inspiré que sur Trilogy. Cette grâce s'exprime non seulement à travers son habituelle chanson à la guitare acoustique, le splendide "From the Beginning", mais également sur les élans plus raffinés et sophistiqués, sa prestation vocale sur "Trilogy" étant l'une des plus belles et troublantes de sa carrière. Keith Emerson n'a quant à lui jamais été aussi raisonnable dans ses prestations de soliste, et nous épargne les pénibles et interminables monopoles dont il a le secret. Son unique envolée solitaire est une "Fugue" qui ne dépasse pas les deux minutes, intercalée entre les deux parties de la pièce la plus impressionnante du disque : "The Endless Enigma". Après la tension insoutenable suscitée par son introduction, le groupe y propulse un hymne imposant et majestueux qui ne cesse de faire frissonner le Religionnaire et au sein duquel chacun des trois artistes se montre sous son meilleur jour. L'effréné "Hoedown", adapté du "Rodeo" d'Aaron Copeland, est une démonstration incroyablement jubilatoire illustrant que la virtuosité des trois hommes peut être utilisée de façon collective et surtout productive. En revanche, de par son long crescendo sans réel décollage, "Abaddon's Bolero" peut facilement irriter le non amateur de Ravel. Cet égarement final est pourtant aisément pardonnable à condition d'être considéré comme une sorte de récréation, offerte en récompense d'un travail exceptionnel.
Trilogy est ainsi probablement le meilleur album d'Emerson, Lake & Palmer, du moins le plus consistant. Le trio y peaufine son approche unique et composite du rock progressif pour atteindre un sommet artistique qu'il ne pourra jamais surpasser ni même égaler. La tournée qui suit remplira les stades, parfois de plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, célébrant le trio désormais plus grand groupe du monde… (Religionaire, Destination Rock)
1. The Endless Enigma (Part One) 6:41
2. Fugue 1:56
3. The Endless Enigma (Part Two) 2:03
4. From the Beginning 4:16
5. The Sheriff 3:22
6. Hoedown 3:47
7. Trilogy 8:54
8. Living Sin 3:13
9. Abaddon's Bolero 8:08
Greg Lake - vocals, electric & acoustic guitars, bass guitar
Keith Emerson - Hammond organ C3, Steinway piano, Moog synthesizer III-C, Mini-Moog model D, Zurna
Carl Palmer - drums, percussion
Keith Emerson |
Le CHaNTeuR CaRaCTéRiEL
Guns N' Roses "Appetite for Destruction" (1987)
ou "Bad Boys Rock'n'Roll"
En 1987, alors que triomphe le plus anodin des hard'n'heavy, il était bon d'entendre un groupe revenir aux vraies valeurs d'une musique tel que jadis défendues par un Aerosmith, c'est exactement ce qu'un quintet de Los Angeles se fait fort de réaliser sur un premier long-jeu qui fera date, Appetite for Destruction.
Parce qu'enfin, tout ce sucre, toute cette facilité pop ne sied pas forcément au genre, n'en est en tout cas pas la définition archétypique, lui qui fut conçu pour réveiller les masses chevelues d'un sommeil psychédélique et progressif aux relents de patchouli un peu trop envahissants. les cinq de Guns N Roses, donc, débarquent sur la foi d'un EP live, Live Like a Suicide où, justement, en plus de deux créations originales, ils assument l'héritage via une reprise de leurs modèles (Mama Kin) et se font dans le même un élan un début de réputation prometteuse. Des promesses largement accomplies sur un opus bourré de bonnes chansons dont certaines deviendront d'authentiques classiques du répertoire (Welcome to the Jungle, It's So Easy, Paradise City, My Michelle, Sweet Child of Mine).
Mais comment ont-ils fait ? La formule, en vérité, n'est pas bien complexe, extrêmement simple si tant est qu'on a les chansons pour l'alimenter. Prenez un chanteur qui a de la personnalité et de la morgue, et un organe suffisamment distinctif pour être immédiatement identifié, c'est Axl. Rajoutez y un soliste bien gras qui passe aussi bien en audio qu'en vidéo vu qu'il sait commettre de ces soli mémorisables autant que prendre la pose sous son imposante masse de cheveux bruns frisés, c'est Slash. Complétez avec un trio de complément "sachant faire le métier" et mettre en valeur ses deux stars, c'est Izzy, Duff et Steven. Pour le son, faites confiance à un vieux professionnel bien roué qui saura canaliser l'enthousiasme et ordonner l'amateurisme de jeunes pousses encore peu aguerries à l'objet studio, c'est Mike Clink, qui a alors déjà travaillé avec UFO, Survivor ou Triumph. Si vous avez de la chance, parce qu'il en faut, vous obtiendrez une galette prête à tout casser sur son passage, à rappeler aux foules que le rock'n'roll est sale, vicieux et incorrect par définition. Certes, vous n'en vendre peut-être pas 28 millions d'exemplaires (ce que fit Appetite for Destruction) mais vous aurez de fortes chance, au moins !, de ne pas vous retrouver avec une énième galette anonyme.
Appetite for Destruction ? Un bon vent frais dans une scène hard'n'heavy sclérosée par les ambitions commerciales de musiciens sans imagination, un grand album tout simplement.
1. Welcome to the Jungle 4:31
2. It's So Easy 3:21
3. Nightrain 4:26
4. Out ta Get Me 4:20
5. Mr. Brownstone 3:46
6. Paradise City 6:46
7. My Michelle 3:39
8. Think About You 3:50
9. Sweet Child o' Mine 5:55
10. You're Crazy 3:25
11. Anything Goes 3:25
12. Rocket Queen 6:13
W. Axl Rose – lead vocals, percussion on "Welcome to the Jungle", synthesizer and whistle on "Paradise City", additional percussion
Slash – lead guitar, co-rhythm guitar.
Izzy Stradlin – rhythm guitar, backing vocals, co-lead guitar on "Nightrain" and "Think About You", percussion on "Paradise City", additional percussion
Duff McKagan – bass guitar, backing vocals
Steven Adler – drums
W. Axl Rose |
Ils étaient pourtant si mignons... |
The Ill-Tempered Quintet (Mauvais caractère !)
RépondreSupprimerCharles Mingus "Pithecanthropus Erectus" (1956)
- http://www92.zippyshare.com/v/6S2tmyFj/file.html
Masters of Reality "Sunrise on the Sufferbus" (1993)
- http://www92.zippyshare.com/v/1VzuI7hm/file.html
Deep Purple "Deep purple in Rock" (1970)
- http://www92.zippyshare.com/v/fzjI1Mrh/file.html
Emerson Lake & Palmer "Trilogy" (1972)
- http://www92.zippyshare.com/v/7d4c2OSF/file.html
Guns N'Roses "Appetite for Destruction" (1987)
- http://www92.zippyshare.com/v/SBm32uqi/file.html
Hello cher Zornophage,
RépondreSupprimerles Deep purple, ELP et Gun N Roses sont depuis longtemps sur mes étagères.
Je vais écouter le Ginger Baker, ne serait-ce que pour la splendide photo de ce batteur de caractère (et sans doute caractériel). Son regard fait peur, et contribue à la beauté du cliché.
Merci de tes livraisons
musicyoucan
Et n'oublie pas le Mingus ! Et reviens dire ce que tu as pensé du MoR !
SupprimerEnjoie !
A+