dimanche 14 août 2016

L’Été Mange-Disques - 7 de France

Pour les vacances, il y en a qui cherchent le dépaysement à tout prix, l'exotisme sinon rien ! Et puis il y a ceux qui creusent les petits coins de France et y découvrent, bonheur !, moult merveilles parmi les monts. En musique, c'est exactement pareil, certains rejettent en bloc tout ce qui est francophone/phile ou d'origine nationale au profit d'imports plus clinquants. La sélection qui suit s'adresse à eux, pour leur démontrer que, chez nous aussi, la qualité existe, et que ça ne date pas d'hier ! Et on leur dit quoi ? Enjoie, évidemment !

DiMaNCHe
Jean-Luc Ponty "Electric Connection / King Kong" (1969/70)
ou "Violon Dingue"

Ladies and gentlemen, le nouveau Ponty est arrivé ! C'est en substance ainsi que pourrait se résumer la période charnière dans la carrière du violoniste de jazz français qui glisse alors vers le jazz électrique, dit fusion, ou "rock" chez nous (sans qu'on sache exactement pourquoi).
C'est aussi la période d'une relocalisation outre-Atlantique et de line-ups qui font venir l'eau à la bouche : Bud Shank, George Duke, Ernie Watts, Ian Underwood, Art Tripp, Frank Zappa... Ha oui, parce que moitié de ce couplage discographique est dédié à Mr. Zappa, repris, adapté et même composant pour Jean-Luc et ses musiciens (dont quelques collaborateurs habituels de Frankie Moustache).
Deux albums, donc. 1969, Electric Connection ou l'apprentissage accéléré et réussi d'un nouveau vocabulaire, d'un nouvel univers sonore où Ponty, violoniste caméléon s'il en fut, se glisse sans effort et, même !, avec une grâce certaine. On n'est pas encore tout à fait dans le jazz fusion, alors tout juste commençant, mais on s'en approche. D'ailleurs, on crédite même l'album d'une véritable influence stylistique de part sa façon de "vulgariser" le jazz pour une nouvelle génération amatrice du secouage de tête au son de la guitare électrique psychédélique qui trouve ici quelques bienvenus ponts vers ses préoccupations tout en restant, fondamentalement, un album de jazz avec une guitare encore timide mais il faut dire que le violon de Ponty prend, logiquement puisque il est le leader, beaucoup de place. Et puis il y a moult cuivres (des sections tour à tour proto-funkées ou big-bandisantes) qui, rythmant, enjolivant la musique méritaient aussi d'être mis en valeur par le mix.
1970, King Kong, c'est tout autre chose ! Déjà parce que le matériau de base (4 reprises du répertoire de Frank Zappa, et un original pour chaque star du disque), en majorité du Zappa donc, s'écarte notablement des canons du jazz classique qu'Electric Connection choyait encore. Ici les amarres sont définitivement larguées ce que Ponty et son violon dingue, et son seul compagnon sur tous les titres qu'il faudrait voir à ne pas oublier d'autant qu'il s'agit du regretté George Duke, ont l'air de particulièrement apprécier. Tout comme les fans du divin moustachu apprécieront la lecture surjazzée et ludique des standards de leur idole ainsi que le solo de Frank, sa seule apparition instrumentale de l'album... Sur la seule composition qu'il ne signe pas ! On mentionnera évidemment la grosse pièce de l'album, Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra et ses presque 20 minutes, où, entre improvisation jazz et classique contemporain prouve la versatilité exceptionnelle tant du compositeur que de son interprète de l'occasion.
Phase exploratoire et démarrage d'une carrière américaine riche qui le verra aussi frayer avec un John McLaughlin et son Mahavishnu Orchestra, la présente doublette, si un peu artificiellement accolée vu l'écart de style, est une réussite à conseiller à tous ceux que le violon jazz meut.

Electric Connection (1969)
1. Summit Soul 4:55
2. Hypomode del Sol 6:27
3. Scarborough Fair/Canticle 3:02
4. The Name of the Game 5:27
5. The Loner 4:29
6. Waltz for Clara 5:09
7. Forget 4:25
8. Eighty-One 6:35

Jean-Luc Ponty - violin
Bud Shank - alto saxophone
Richard Aplan - baritone saxophone
Bob West - bass
Paul Humphrey - drums
Tony Ortega - flute
Wilbert Longmire - guitar
George Duke - piano
Frank Strong, Thurman Green - trombone
Mike Wimberly - bass trombone
William Peterson, Tony Rusch, Larry McGuire, Paul Hubinon - trumpet

King Kong: Plays the Music of Frank Zappa (1970)
9. King Kong 4:54
10. Idiot Bastard Son 4:00
11. Twenty Small Cigars 5:35
12. How Would You Like to Have a Head Like That 7:14
13. Music for Electric Violin and Low-Budget Orchestra 19:20
14. America Drinks and Goes Home 2:39

Jean-Luc Ponty - electric violin, baritone violectra
Frank Zappa - guitar
George Duke - piano, electric piano
Ernie Watts - alto and tenor sax
Ian Underwood - tenor sax
Buell Neidlinger - bass
Wilton Felder - Fender bass
Gene Estes - vibraphone, percussion
John Guerin - drums
Art Tripp - drums
Donald Christlieb - bassoon
Gene Cipriano - oboe, English horn
Vincent DeRosa - French horn, descant
Arthur Maebe - French horn, tuben
Jonathan Meyer - flute
Harold Bemko - cello
Milton Thomas - viola

JEAN-LUC PONTY (et Frank Zappa)

LuNDi
Jean-Claude Vannier "L'enfant assassin des mouches" (1972)
ou "Trésor Caché"

Qu'une telle merveille ait attendu plus de 30 ans pour se voir publiée, de découvrir que dormaient dans les tiroirs de Jean-Claude Vannier de si fines mélodies dépasse l'entendement. Que cette œuvre (osons !) magistrale soit enfin disponible pour que le monde s'en délecte n'est, donc, que justice.
Composé, ciselé et finalement enregistré, début 1972, au Studio des Dames avec la crème des musiciens de studio d'alors (dont Claude Angel ou Marcel Azzola, excusez du peu !), L'Enfant Assassin des Mouches prouve aux oublieux l'excellence du compositeur et son importance dans une aeuvre essentielle du répertoire se Serge Gainsbourg : l'Histoire de Melody Nelson (dont Vannier co-composa certaines pistes et arrangea la totalité avec l'auteur). Pas étonnant qu'on retrouve la même « patte » ici et c'est, de fait, presque un prolongement, un univers cousin même si d'autres parfums (jazz et classique contemporain, principalement) y imposent une résolue différence.
Comme Melody Nelson, L'Enfant Assassin des Mouches est un trip psyché-ochestralo-progressivo-pop totalement de son époque et pourtant d'une étonnante fraicheur où, à renfort de chorales, de cordes, de cuivres, de percussion, d'un sens mélodique hors du commun et d'une qualité d'arrangeur qui laisse pantois, Jean-Claude Vannier déroule une musique qui doit autant à Ravel et Strauss qu'à Pierre Henry et Michel Colombier, Burt Bacharach, King Crimson ou les Beatles... Violence et douceur, kitsch et avant-garde s'y côtoient dans un chaotique et pourtant évident « tout » qui ne peut que satisfaire l'amateur de musique exigeante et prospective.
Une réussite cet Enfant Assassin des Mouches (au concept/allégorie pondu par un Gainsbourg inspiré par ce qu'il entendait) ? Indéniablement. Et un peu plus que ça même, une pépite sauvée des eaux qu'on se réjouit d'avoir le loisir d'apprécier et qu'on ne peut que recommander, chaudement.

1. L'Enfant La Mouche Et Les Allumettes 4:22
2. L'Enfant Au Royaume Des Mouches 3:57
3. Danse Des Mouches Noires Gardes Du Roi 3:20
4. Danse De L'Enfant Et Du Roi Des Mouches 2:52
5. Le Roi Des Mouches Et La Confiture De Rose 6:28
6. L'Enfant Assassin Des Mouches 1:52
7. Les Gardes Volent Au Secours Du Roi 6:55
8. Mort Du Roi Des Mouches 3:29
9. Pattes De Mouches 0:51
10. Le Papier Tue-Enfant 2:44
11. Petite Agonie De L'Enfant Assassin 0:31

Jean-Claude Vannier: piano, clavecin, toy piano, bombarde, flûtes, direction
Claude Angel, Denys Lable, Raymond Gimenez: guitare
Tonio Rubio: basse
Pierre-Alain Dahan: batterie
Jean-Pierre Sabar: piano
Marc Chantereau: percussions
Philippe Mathé: percussions, saxophone soprano
Jean-Louis Chatemps: saxophone soprano
Marc Steckar: trombone, tuba
Marcel Azzola: accordéon
Pierre Llinares: bugle, cordes
Jean Gaunet, Ginette Gaunet, Hubert Varon: cordes
Chorale des Jeuneses Musicales de France: choeurs
Louis Martini: direction chorale

JEAN-CLAUDE VANNIER

MaRDi
Maurice Benin "Je Vis" (1974)
ou "Chanson Hippie"

Il n'est pas inutile de rappeler que, pendant que quelques singes savants surmédiatisés s'agitaient convulsivement dans des exhibitions signées Maritie et Gilbert Carpentier, une autre musique (ou d'autres musiques pour être plus précis) vivotaient dans un underground pas exactement injuste, il y avait chez ces doux-dingues suffisamment de désaxés pour désarçonner la ménagère vagissante, mais à l'impact nettement minoré par un système médiatique n'offrant que trop peu de place à un off-mainstream hexagonal pourtant passionnant.
Oui, dans ces seventies giscardisantes, l'ex-bande Saravah (Higelin, Fontaine et Areski en tête de pont), les progueux plus ou moins déviants (Magma, Ange, Etron Fou Le Loup Blanc, la multinationale Gong, etc.), les folkeux sans peurs et sans reproches (Gwendal, Malicorne et tous les autres), etc., vivaient une aventure au moins aussi passionnante que celles de leurs équivalents transfrontaliers. Et ce n'est que la partie immergée d'un l'impressionnant iceberg qu'il serait fastidieux d'énumérer ici...
Parce que, ici, c'est de Maurice (Morice) Bénin dont il s'agit, un zouzou digne représentant d'une chanson à la marge, agitatrice et militante sans jamais perdre d'un humour pothead franchouillard (voir Sollicitation, pour l'exemple). Musicalement, le terreau est folk, et francophile du fait de textes évoquant plus Léo Ferré que Bob Dylan (pour situer)... La voix est juste, bien posée, capable de quelques performances, de quelques déviances, mais toujours au service de la mélodie, de l'émotion. On peut, à partir de là, se demander pourquoi cette musique n'a trouvé qu'un public si extrêmement réduit et s'en voit, conséquemment, reléguée aujourd'hui à un statut micro-culte, un secret trop bien gardé qu'il est bon de dévoiler, d'essayer de partager.
1974, il vit Morice. Il vibre aussi, post-soixante-huitard luttant contre ses moulins à vent avec autant de conviction qu'un Don de la Mancha avec, en lieu et place d'un Sancho P. désabusé mais fidèle, un trio de musiciens tissant un background approprié à son bel-canto en opposition. Bien sûr, tout ceci sonne un peu daté 40 ans après, daté mais pas obsolète... Cette voix baladeuse et polyethnique, ces flutes, ces guitares, ces dérapages psychédéliques, et l'absolue conviction de l'auteur, aussi, surtout sont autant de vibrantes preuves d'un artiste (en effet) vivant, vif même. Bien sûr, comme souvent chez les français de l'époque, c'est verbeux à l'excès mais on ne le voudrait pas autrement.
Je Vis... Il faudra bien écouter les paroles, se laisser porter par les trips musicaux les accompagnant pour trouver le sésame d'un album pas exactement difficile à aborder mais suffisamment référencé et barjotant pour laisser quelques jeunes-âmes sur le bord du chemin. C'est comme ça... De la musique sans compromis, de l'art quoi...
Recommandé.

1. Je vis 11:46
2. Les comptes sont bons 3:45
3. Où tu es passé 7:12
4. Plus tu es heureux 4:36
5. Toute petite vie 2:55
6. Solicitation 4:19
7. L'églantine dans mon jardin 4:45
8. Une fois... 4:39

MAURICE (ou Morice) BENIN

MeRCReDi
La Foule "La Foule" (1996)
ou "Emporté par La Foule"

Ha le rock en français, le rock français en français même... Souvent un sujet d'embarras quand on parle avec un anglais ou un américain et qu'on n'a qu'un "maigre" Jojo lalalidé , un Trust qui porte beau sur quelques albums avec ses diatribes péri-syndicalistes mais est de toute façon plus hard que rock, un Téléphone dont on bénit que son interlocuteur ne comprenne pas les paroles douloureusement adolescentes (ce à quoi vous me répliquerez que les Beatles, les Beatles !, en leur temps, etc. Oui mais en anglais ça sonne !). Bref, si notre langue est riche elle se prête assez mal à l'adaptation rythmée et vocalisée de la musique de danse de jeunes originaires des fifties finissantes étasuniennes.
A chaque règle, évidemment, il y a des exceptions et, justement, avec La Foule, groupe mené par l'excellent toulousain Antoine Essertier, nous en tenons une belle, à défaut d'une qui fit florès mais tout ce qui est bon n'a pas forcément la chance de rencontrer le succès comme vous ne le savez que trop bien...
Et donc, en 1996 parait le premier, et hélas unique, d'une formation de rock française, s'exprimant en français sans que jamais la moindre gêne, le moindre décalage culturel, ne se fasse jour. La recette du miracle ? Une forte personnalité déjà parce que j'ai eu beau chercher à quel luminaire anglophone les petits français me faisaient penser, et rien. Il y a bien des influences, des effluves de quelques grands anciens comme Led Zeppelin (et les orientalismes bienvenus de Robert Johnson et d'autres), des rapprochements avec le meilleur de quelques "collègues" (Bertignac sur Ecoutez-moi, Daran, un grand pote d'Essertier avec lequel il a justement collaboré ceci dit en passant, sur la Folie) mais rien qui ne soit criant ou particulièrement envahissant. La Foule sont avant tout eux-mêmes, on ne les voudrait pas autrement.
Parce qu'on a là une fine équipe de musiciens, un groupe resserré, un quatuor au line-up assez inhabituel pour le genre de musique pratiqué puisqu'au classique de chez classique guitare, basse et batterie se voient ajoutées des percussions. Une fine équipe donc, possiblement des virtuoses mais la démonstration technique n'étant pas l'objet on ne pourra parler que d'une absolue maîtrise instrumentale en la circonstance. Quoiqu'il en soit, on ne peut que remarquer une basse particulièrement riche ici (L'âge du capitaine), des riffs si bien trouvés qu'on a parfois l'impression de les avoir entendu ailleurs sans vraiment pouvoir définir d'où ou de qui, des chœurs riches supportant la voix médium d'Antoine et ses "pétages de plombs" énervés bienvenus, une batterie à la lourdeur proverbialement Bonhamienne, et des percus qui sont définitivement un élément décisif offrant un supplément d'allant, d'énergie autant que de finesse au son de la formation. Et de foutues bonnes compositions surtout ! Des refrains qu'on retient instantanément et ne lassent pourtant pas (Demain c'est dimanche, Ecoutez moi, La chanson préférée). Des paroles bien troussées, poétiques et pas connes qu'on n'en entend pas tous les jours en rock francophone (évoquant même des sujets parfois difficiles, voir Constance Lerouge). Des idées musicales comme s'il en pleuvait dans un cadre rock pourtant toujours respecté stricto sensu. En un mot comme en mille, une formation DOUÉE. Et bien mise en son avec la voix bien dans le mix comme il se doit pour le rock'n'roll, et une clarté d'ensemble d'autant plus appréciable que la performance est, je me répète, pas grave, belle.
Hélas, mille fois hélas le succès ne fut pas au rendez-vous et de suite à La Foule il n'y eut point. Antoine Essertier disparut d'ailleurs de la sphère exposée de la musique française même si je ne doute pas que, quelque part, il ronge son frein et prépare son retour (vivement !). Reste cet album, quasi-introuvable aujourd'hui (sauf d'occasion), une vraie belle réussite prouvant que rock et français peuvent fonctionner ensemble quand ils sont confiés à d'habiles artisans comme c'est clairement le cas ici.

1. Robert Johnson 3:43
2. Demain c'est Dimanche 5:13
3. Ecoutez-moi 4:18
4. La Folie 3:19
5. L'âge du Capitaine 4:20
6. Au Sexe Moderne 3:00
7. Les Fantômes 3:49
8. Je reste au lit 4:12
9. Viens voir ailleurs 5:04
10. La chanson préférée 3:06
11. Constance Lerouge 3:57
12. Terence Hill 3:43

Skiz - basse, chœurs
Syl East - batterie, chœurs
Fab "Koala" Drigues - percussions, chœurs
Antoine Essertier - chant, guitares

LA FOULE (Antoine Essertier)

JeuDi
Frandol "Double Fond" (2003)
ou "Des tours et des tours"

Frandol a plus d'un tour sous son chapeau mais on ne changera pas Frandol. Sur ce second opus solo, après le très réussi Oulipop, l'ex-Roadrunner continue de distiller mélodies entêtantes et textes malins où sa plume fait merveille.
Pour Double Fond l'équipe a quelque peu changé mais l'objectif, fondamentalement, reste le même : offrir une chanson rock de qualité tant musicale que littéraire. Parce qu'il faut le dire, si la mélodie ne fait pas peur à Frandol, les mots l'enchantent et c'est un délice que de goûter aux précieuses constructions que sont ses textes, tout en chausse-trappes, faux-semblants, ludisme verbal... Une patte particulièrement adaptée au thème que s'est présentement imposé le havrais, la magie et le cirque. Musicalement, Frandol revient à des choses plus classiques se débarrassant quasi-intégralement de tentations électrophiles moins compatibles avec le présent concept. La base est donc rock à l'ancienne, d'inspiration souvent 60s, pas tout à fait comme avec les Roadrunners mais pas si loin, un territoire qu'on considèrerait presque comme pépère comparé à l' azimuté Oulipop si ce n'était que tout ceci tourne comme une horloge suisse et épate comme une évasion à la Houdini. Original ? Sans doute pas (mais pas moins qu'un Dionysos ici largement distancé sur un terrain plus ou moins commun), mais assurément diablement efficace.
Hélas, encore une fois, une sale malédiction sembler planer sur les meilleurs normands (de Little Bob aux Dogs et à l'intéressé), ce Double Fond pourtant si réussi se retrouvera en voie de garage n'attirant que de trop rares curieux. On en attend d'ailleurs toujours l'hypothétique suite, d'autant plus hypothétique que Frandol est aujourd'hui occupé à revivaliser avec les Kitchenmen... Ce qu'il fait très bien aussi.

1. La Boîte A Double-Fond 4:10
2. État Second 3:22
3. Sept Ans 3:16
4. Contorsions 3:59
5. Lévitation 3:56
6. Cléo Et L'Homme Tronc 1:14
7. Détours 3:04
8. Ventriloque 1:16
9. Léon Mandrake 3:19
10. Le Sultan Du Close Up 4:01
11. A La Masse 2:39
12. Leninska 3:41
13. L'Escamoteur 2:02
14. Fortune Teller 1:57
15. La Parade De L'Illusion 4:25

Frandol: chant, guitare, percussions, claviers, ornitophone électronique
Matt R1: guitare, basse, choeurs, batterie (6), piano
Monsieur Ced: programmations, claviers, basse (13)
Luc Durand: batterie, percussions
Thomas Schaettel: orgue, piano
Steve Brush: saxophone alto (14, 15)
Erich Weiss: saxophone ténor (14, 15)
Dal Vernon: saxophone bariton (14, 15)
Claude Conlin, David Kotkn: trompette (14, 15)
William Robison, Garcijax: violon (12)
Jean-Eugène Robert: alto (12)
Gaiffe: violoncelle (5, 12)

FRANDOL

VeNDReDi
Artaud "Music From Early Times" (2010)
ou "Chapitre Trois"

Tel le bon paysan labourant obstinément son précieux lopin de terre, tel l'horloger affairé à concocter un fragile mécanisme à l'impeccable précision, Artaud continue de tracer sa route sur ce 3ème long-jeu en tant que leader. Et sa troisième réussite, il faut le préciser.
Ceux qui ont eu la chance d'écouter les deux précédentes galettes du compositeur/arrangeur/multi-instrumentiste le savent bien, Vincent Artaud est un garçon bourré de talent et détenteur d'un savoir-faire, d'un trademark sound désormais bien installé. L'addition de Daniel Yvinec (précédemment directeur de l'Orchestre National de Jazz et présentement directeur artistique et réalisateur), pour précieuse qu'elle soit, ne vient pas tout chambouler, et c'est tant mieux. Car enfin, il eut été dommage que ce jazz convoquant des influences aussi diverses que Mingus, Coltrane, Schifrin, Glass, Morricone ou François de Roubaix (un résumé, parce que c'est bien sûr infiniment plus compliqué que ça) ne soit pas reconduit, si ce n'est à l'identique au moins essentiellement. Les différences ? Pas d'orchestre de cordes, et donc une musique plus aérée et jammeuse cette fois mais une contribution également cinématique grâce aux textures sonores amenés par les programmations d'Artaud (et de Vincent Lafont au passage seul co-compositeur, sur Rule of Beeline) et l'expertise du reste du line-up trié sur le volet, on s'en doute.
Comme à l'habitude, on a beau se dire que l'affaire a été millimétrée, profondément pensée et "tenue" par deux "co-chefs" qu'on sait aussi pointilleux l'un que l'autre, on est emporté par la fluidité, le naturel de l'entreprise qui recèle, in fine, rien de plus que des sons pour "bouger" l'âme. Si l'on détaille "l'assemblage", c'est évident, c'est à un travail d'orfèvre auquel on a affaire, chaque place a sa note et chaque note à sa place en quelque sorte. Ce rigorisme créatif, cet extrême souci du détail, une constante dans les œuvres d'Artaud, est un nécessaire carburant au moteur qu'est la délicieuse partition par laquelle Vincent nous entraîne, 55 minutes durant, dans un film sans image (plus nouvelle vague, la où La Tour Invisible se parait d'atours hollywoodiens), un trip "jazzosphérique" comme il en a le secret.
Et ça, ça ne se refuse pas !

1. People Of The Black 3:18
2. Kingdom & History 5:05
3. Rule Of Circle 7:43
4. The Crowning 5:57
5. Wisdom & Wonderment 1:49
6. Victoire! 4:50
7. Rule Of Beeline 3:33
8. Rule Of Diameter 0:51
9. People Of The White 6:45
10. Die Folgerung 5:27
11. Seed 4:44
12. Kunst 1:57
13. People Of The Red 4:37

Vincent Artaud: basse, guitare, claviers, programmation
Frédéric Couderc: clarinette, saxophone, coudophone, cor anglais
Vincent Lafont: piano, synthétiseur, électronique
Fabrice Moreau: batterie
Daniel Yvinec: direction artistique, réalisation

VINCENT ARTAUD

SaMeDi
EZ3kiel et le Naphtaline Orchestra "Live au Théâtre de Tours " (2012)
ou "ElectrOrchestre"

S'il y a une formation française qui ne manque jamais ni de souffle, ni d'ambition artistique, c'est bien EZ3kiel qui nous revient cette fois avec une relecture live et orchestrale de son répertoire avec comme colonne vertébrale son album majeur, Naphtaline... Rien que ça !
Pari gonflé tant le matériau originel était d'une immense qualité, en particulier Naphtaline qui a tant marqué la carrière d'EZ3kiel, un opus où la puissance cinématique du groupe prenait tout son essor, un album qui jouait sur les textures sonores, trip-hoppait sur le Quai des brumes, "electronisait" Les Tontons flingueurs... Une vraie réussite artistique rétro-futuriste qu'il n'est donc pas aisé de revisiter.
Pour mener à bien leur tâche, les tourangeaux ne se sont pas ménagés : adjonction d'une formation orchestrale dévouée au projet (l'orchestre de la ville de Tours), réarrangement scrupuleux, pointilleux de tous les morceaux sans oublier, bien sûr, l'aspect visuel du travail du collectif jamais secondaire et bien représenté par Yann Nguema qui en assume la responsabilité en plus des programmations (et avant ça de la basse qu'il a depuis délaissée). Bref, il aura fallu deux ans, du lancement de l'idée à l'accomplissement de l'œuvre, du travail particulièrement soigné donc.
Le résultat ? Il dépasse les plus folles espérances et ce dès la première piste, Derrière l'Ecran, où il est d'emblée évident qu'EZ3kiel n'a pas juste superposé les parties orchestrales à sa musique mais bien reconstruit sa musique pour y inclure des parties orchestrales qui, du coup, magnifient, "cinématisent" encore plus le morceau, alors qu'il l'était pourtant déjà beaucoup ! En ceci, on peut comparer la démarche à celle de Peter Gabriel sur New Blood/Live Blood à l'exception notoire que l'orchestre complémente le groupe là où il le remplaçait chez l'ancien frontman de Genesis. La suite des titres confirme sans peine cet excellent état d'esprit et la parfaite adéquation trouvée entre l'électrique, l'acoustique et l'électronique (discret). On rajoutera que la captation live de qualité (le groupe nous avait déjà fait le coup sur son grand Collision Tour enregistré en commun avec les noise-post-rockers angevins d'Hint) retranscrit magnifiquement les finesses et l'emphase d'enregistrements en état de grâce où l'auditeur consentant n'a qu'à se laisser porter pour voyager.
On n'oubliera évidemment pas de répéter que, comme d'habitude, formation totale contrôlant et développant toutes les facettes de son art et toujours généreuse avec son public, EZ3kiel a particulièrement soigné le package et ajouté une captation live en image rallongeant encore un peu plus le plaisir (ceci dit pour ceux qui achèteront l'objet).
EZ3kiel est de ces collectifs (on ne dit plus groupe à ce niveau) qui ont besoin du soutien du public, le méritent !, parce que chacune de leur sortie discographiques, chacun de leurs "live events" est un évènement mûrement réfléchi et brillamment exécuté. Artisans d'excellence, rares dans un high-tech ayant une récurrente tendance à niveler par le bas, ils satisfont toujours, sur ce Naphtaline Orchestra aussi, forcément.

1. Derrière L'Ecran 5:33
2. Naphtaline 6:13
3. Lady Deathstrike 2:32
4. Adamantium 5:30
5. Lac Des Signes 6:04
6. Insomnies 3:30
7. Exebecce 3:10
8. The Wedding 13:15
9. Leopoldine 4:37
10. Subaphonic 6:26
11. Volfoni's Revenge 13:16
12. Kika 4:33

Directed By, Arranged By – Stéphane Babiaud
Drums, Percussion – Matthieu Fays
Bass, Contrabass – Thomas Lesigne
Guitar – Gérald Bouvet
Performer, Percussion – Erick Pigeard
Piano – Cyril Soufflet
Saxophone, Theremin, Saw – Thomas Quinart
Violin – Christelle Lassort
Guitar, Keyboards, Accordion – Joan Guillon
Orchestra [Le Naphtaline Orchestra] – Orchestre Symphonique Francis Poulenc Du CRR De Tours

EZ3KIEL (noyau dur)

13 commentaires:

  1. L’Été Mange-Disques - 7 de France

    Jean-Luc Ponty "Electric Connection/King Kong" (1969/70)
    - http://www105.zippyshare.com/v/AkRTp2xd/file.html

    Jean-Claude Vannier "L'enfant assassin des mouches" (1972)
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    Maurice Benin "Je Vis" (1974)
    - http://www105.zippyshare.com/v/yaFTSK8p/file.html

    La Foule "La Foule" (1996)
    - http://www105.zippyshare.com/v/oyLuo5xA/file.html

    Frandol "Double Fond" (2003)
    - http://www105.zippyshare.com/v/Wd4cgKqe/file.html

    Vincent Artaud "Music from Early Times" (2010)
    - http://www105.zippyshare.com/v/flvlHevu/file.html

    Ez3kiel "Naphtaline Orchestra" (2012)
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  2. Camping municipal d'Ebreuil, dans l'Allier. Ça fait un mois que je n'ai pas fouine sur la toile. Je charge La Foule pour découvrir.
    Beau travail estival, mon cher Zornie.

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    1. Curieux de connaître ton avis sur ce petit album qui n'a l'air de rien mais me plait depuis, déjà !, une vingtaine d'années !
      A+ et bonne fin de vacances, Keithounet !

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    2. Le disque de La Foule n'a plus quitté mon walkman depuis que je l'ai découvert. C'est vraiment un brûlot que tout le monde devrait posséder. Que du bon, rien à jeter.
      Et puis le texte de "L'âge du Capitaine" fait froid dans le dos au vu des événements qui secouent notre pays ces derniers temps.
      Superbe découverte

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    3. Franchement, je me doutais que ça te plairait, je n'en suis donc pas surpris mais ravi tout de même... Allez, à l'occasion, je continuerai de ressortir des petits trésors cachés similaires... ^_^

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  3. Curieux !! Le Vannier je n' y arrive pas Trop gêné par tous ces bruitages
    Sinon j' ai pris le Artaud les autres je les ai déjà
    Merci

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    1. Belle pioche !
      Si l'opportunité se présente, tu me diras ce que tu en as pensé. :-)

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    2. Chouette album ce Artaud !!!
      Encore merci pour la découverte

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    3. Si tu as l'occasion, les deux qu'il a sorti avant celui-ci sont également chaudement recommandés. ;-)

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  4. Un grand merci pour l'ensemble de tes recherches et ton partage !

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  5. coucou, très sympa le choix de tes posts j'en profite pour te remercier encore je n'écris pas souvent par ici, et puis tu a le plus de passer du francophone, alors tous mes encouragements

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    1. Merci.
      Et merci de ton (trop rare) passage et de ton commentaire.

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