samedi 6 mai 2017

M comme...

Quand on "M" la musique, on "M" la diversité, aussi le Zornophage vous a-t-il concocté une sélection... Vous m'en direz des nouvelles ! Enjoie !

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MALICORNE "Malicorne 1" (1974)
France Folk

Voici la salve originelle d'un des tous meilleurs groupe français tous styles et toutes époques confondues : Malicorne 1, surnommé Colin, création de multi-instrumentistes désireux d'accommoder de lointaines racines.
Malicorne est avant tout la création d'un couple, Gabriel et Marie, monsieur et madame Yacoub, un couple bien complété de deux autres partenaires en la personne d'Hugues de Courson (désormais plus connu dans l'imaginaire populaire pour ses relectures orientalisantes de Wolfgang Amadeus Mozart) et de Laurent Vercambre.
Musicalement, si Malicorne est souvent assimilé à la vague progressive, c'est de fait d'évolutions qui ne touchent pas encore leur musique en ces jeunes années où la transmission de traditions anciennes prédomine totalement quelque volonté prospective que ce soit (que certains veulent sans doute tellement entendre qu'ils y parviennent). C'est donc de folk music dans le sens séculaire du terme dont il s'agit, par de jeunes gens redécouvrant en même temps que leurs auditeurs le bénéfice d'une tradition orale pluri-centennale. Evidemment, ça joue, ca vibre, ça balance du solo, rien que de très normal, rien que de très classique dans un genre ayant servi précédemment à raconter des histoires (drôles, gaies, nostalgiques, dramatiques) mais aussi à danser. Dans les deux domaines, Malicorne , habillant sa musique des sonorités d'instruments anciens telle que la vielle à roue ou l'épinette des Vosges, s'y entend à merveille, pas vraiment une surprise considérant l'implication du couple leader dans le très réussi Pierre de Grenoble un an plus tôt (1973).
Ce Colin, premier album, n'est pas parfait, ce qui participe d'ailleurs à son charme un poil suranné. Un charme qu'on ne peut que conseiller à celles et ceux appréciant les musiques héritées du moyen-âge, de traditions locales autant auvergnates que celtes (françaises, quoi !).

1. Colin 0:56
2. Dame Lombarde 3:04
3. La Pernette 7:01
4. Les Filles Sont Volages/Ronde 3:16
5. La Fille Soldat 3:58
6. Landry 4:01
7. Le Chant des Livrées 2:59
8. Bourrée 2:20
9. Réveillez-Vous Belle Endormie/Branle Poitevin 3:43
10. Le Deuil d'Amour 5:38
11. Colin 0:53

Gabriel Yacoub - guitars, vocals, épinette des vosges
Marie Yacoub - electric dulcimer, bouzouki, vielle, vocals
Hughes de Courson - drums, electric guitar, bass, krummhorn
Laurent Vercambre - violin, bouzouki, psaltery, harmonium, vocals, mandolin


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MASTERS OF REALITY "Sunrise on the Sufferbus" (1993)
un Bus pour le Paradis

5 ans après un premier album remarqué à défaut de rencontrer un véritable succès, Masters of Reality, l'ex-quatuor de l'indéboulonnable Chris Goss, devient trio avec un invité de marque venu apporter sa pierre à l'édifice : Ginger Baker.
Le mariage tombe sous le sens pour ces Masters of Reality dont la filiation avec Cream était si évidente sur le premier album éponyme de 1998. Sauf que, cette fois, la formation, enfin, le duo qu'il en reste, le second guitariste ayant disparu dans le même élan que le précédent batteur, a décidé d'élargir le champs vers un rock infusé de country qu'on ne leur connaissait pas. Et c'est une excellente nouvelle dans laquelle le rouquin batteur se glisse sans la moindre difficulté, avec une évidente délectation, même. Evidemment, sur d'autres morceaux, un petit tiers de l'épatante galette, il reste la forte emprunte du trio de Clapton, Bruce et Baker, une emprunte d'autant plus profonde et réussie qu'elle bénéficie du style unique du frapadingue Ginger. On a même des relents de Beatles, sur deux courts intermèdes déjà, si gracieux qu'on aurait aimé les entendre plus développés, et même à un spoken word mis en musique où l'anglais du lot, l'ancien aussi, Ginger donc, critique la crasse incapacité des américains à faire une bonne tasse de thé, irrésistible ! Tout ça nous fait un album, varié sans rien perdre de sa cohérence, qui plus est efficacement mis en son par le trio lui-même.
Evidemment, c'était trop beau pour dure et, Ginger Baker étant aussi volubile que volatile comme on le sait, le projet restera un one shot qu'il désertat bientôt pour vaquer à d'autres activités, reste ce Sunrise on the Sufferbus sans tâche, une perle perdue dans les limbes qu'il est plus que nécessaire de recommander comme la vraie belle grande réussite qu'il est, la plus belle d'un groupe à la discographie pourtant globalement réussie, ces trop méconnus Masters of Reality.

1. She Got Me (When She Got Her Dress On) 2:47
2. J.B. Witchdance 3:37
3. Jody Sings 3:03
4. Rolling Green 3:41
5. Ants in the Kitchen 3:22
6. V.H.V. 4:21
7. Bicycle 0:47
8. 100 Years (Of Tears on the Wind) 4:06
9. T.U.S.A. 2:59
10. Tilt-A-Whirl 3:42
11. Rabbit One 3:33
12. Madonna 0:38
13. Gimme Water 2:23
14. Moon in Your Pocket 3:31

Chris Goss - vocals, guitars, keyboards
Googe - bass, backing vocals
Ginger Baker - drums, backing vocals, lead vocals (T.U.S.A.)


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MELVINS "Houdini" (1993)
Fun Sabbath

Si Black Sabbath avaient de l'humour, ils s'appelleraient les Melvins.
Le résumé est un poil lapidaire mais fait bien la synthèse de l'esprit de ces vétérans, natifs de Portland (Oregon) dont Kurt Cobain était grand fan. Il est d'ailleurs co-producteur d'une partie du présent Houdini et y fait aussi quelques parties de guitare. On se doute aussi que son soutien vocal au groupe n'est pas étranger dans la décision d'Atlantic records de les signer, une partie de la promotion étant faite par un musicien alors quasi-intouchable.
A partir de là, il n'y a pas vraiment de surprise (à l'instar d'un Sonic Youth recruté par Geffen, par exemple) de constater que leur premier album pour une major est aussi, alors, leur plus accessible. Pas que le groupe se soit vendu ou quoique ce soit du genre cependant, on retrouve bien leur son lourd et sale et toujours le sens de l'humour décalé dont ces punk-metalleux émérites ont le secret. En l'occurrence, les Melvins paraissent creuser un sillon préalablement tracé avec un album somme de leurs capacités - pour une fois doté d'une production digne de ce nom (c'était l'un des points faibles des précédents opus du groupe, manque de moyens sans doute) - et une sélection de compositions d'une implacable efficacité.
Il va sans dire qu'Atlantic ne trouva pas, avec ces trois zozos, le potentiel number one de demain. Les Melvins étaient, sont et seront toujours trop décalés pour prétendre à quoique ce soit de plus que le statut culte qu'ils ont depuis gagné et grandement mérité. Il n'en reste pas moins qu'Houdini - une des plus belles références du catalogue Melvinien encore aujourd'hui - et ses auteurs ont largement profité du soutien logistique et financier d'un mastodonte de l'industrie du disque tel qu'Atlantic pour s'établir durablement comme une référence du décalage du ton.
Evidemment, cette musique étrange, toute en riffs et en lourdeurs, ne plaira pas à tous - de toute façon les Melvins ne cherchent pas l'adoubement universel - mais pour ceux qui goûtent à ce genre de chose, Houdini risque fort de devenir un de ces albums référence sur lesquels on revient souvent sans jamais la moindre déception.

1. Hooch 2:49
2. Night Goat 4:41
3. Lizzy 4:43
4. Going Blind 4:32
5. Honey Bucket 3:01
6. Hag Me 7:06
7. Set Me Straight 2:25
8. Sky Pup 3:50
9. Joan Of Arc 3:36
10. Teet 2:51
11. Copache 2:07
12. Pearl Bomb 2:46
13. Spread Eagle Beagle 10:13

King Buzzo - guitar, bass, vocals
Lorax - bass
Dale - drums, bass, vocals
&
Bill Bartell - Bass and Lead Guitar on track 4
Al Smith - additional percussion on track 13
Mike Supple - additional percussion on track 13


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MINGUS, CHARLES "Pithecanthropus Erectus" (1956)
Fondations

C'est la pierre fondatrice de l'art de Charles Mingus, le premier album où il développe et impose vraiment un style qui n'appartient qu'à lui, un jazz savant, inventif, lettré mais aussi terriblement habité par la personnalité entière d'un compositeur et instrumentiste entré dans la légende. C'est Pithecanthropus Erectus, une œuvre dont on ne dirait pas qu'elle aura, déjà !, 60 ans l'an prochain.
C'est entendu, Pithecanthropus Erectus n'est pas aussi révolutionnaire que Mingus Ah Um, pas aussi radicalement fou et avant-gardiste que The White Saint and the Sinner Lady, ça n'en demeure pas moins la base sur laquelle les chefs d'œuvres futur de Charles seront construits, celle d'un jazz s'extirpant du courant bop alors encore en vogue pour créer son propre paysage, sa propre grammaire, ses propres possibles. Sans doute le fait que le créateur ne joue pas d'un des instruments stars du genre (saxophone et piano aux premiers d'iceux), influence-t'il notablement l'aspect compositionnel et prospectif de la chose, sans doute, d'ailleurs, la formation classique de jeunesse de Mingus au violoncelle était-elle déjà l'élément décisif sur lequel tout une carrière, et quelle carrière !, sera érigée, mais tout de même, il faut le talent du colérique et parfois violent contrebassiste, ces acquis d'un jeune temps où il se chercha une appartenance, lui le métisse, cette continue contrariété qui semblait habiter un personnage définitivement "larger than life" qui du se battre pour s'imposer comme autre chose qu'un simple accompagnateur puisque tel était le lot de ceux pratiquant le même instrument que lui.
Du coup, Mingus en fait plus, travaille plus, cherche plus, et trouve... des merveilles ! Comme l'adaptation plus que réussie du Foggy Day de George et Ira Gershwin originellement composé pour Fred Astaire et le grand écran et, ici, gracieusement méconnaissable porté, chahuté qu'il est pas un groupe dévoué à la démarche prospective de son leader, une version si décisive qu'il faudra attendre 30 ans et le Standard Time Volume 1 de Branford Marsalis pour qu'un autre jazzman ose se risquer à en rejouer une version instrumentale. Le reste de l'opus se compose de trois compositions originales du maître qui, à commencer par celle qui donne son titre à l'œuvre, un poème tonal en quatre parties illustrant l'évolution, le développement puis la déchéance du genre humain, rien que ça !, osent l'ambition sans jamais s'éloigner d'une faconde instrumentale demeurant le fil d'Ariane entre innovation et tradition. Il faut dire que, maître de la session, Mingus ouvre moult opportunités à ses partenaires de s'exprimer via le filtre de sa fantastique imagination offrant ici à Mick Waldron ou Jackie McLean, respectivement pianiste et altiste, leur plus belle opportunité de briller en soliste.
Or, donc, Charles Mingus fera mieux, mais pas beaucoup !, il n'en reste pas moins que Pithecanthropus Erectus, album important dans sa discographie comme dans l'histoire du jazz tout court, est un absolu incontournable pour les amateurs de jazz moderne, inventif et gracieux en plus d'une excellente porte d'entrée pour toutes celles et tous ceux qui ne se seraient pas encore frotté à "la bête"... Un classique, tout simplement.

1. Pithecanthropus Erectus 10:36
2. A Foggy Day 7:50
3. Profile of Jackie 3:11
4. Love Chant 14:59

Charles Mingus – bass
Jackie McLean – alto saxophone
J. R. Monterose – tenor saxophone
Mal Waldron – piano
Willie Jones – drums


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MINUTEMEN "3-Way Tie (For Last)" (1985)
Thinking Punk

Quatrième et ultime album de Minutemen qui ne pouvait décemment pas continuer du fait du décès de leur guitariste/chanteur D. Boon dans un accident de la route à 27 ans seulement, 3-Way Tie (For Last), album au titre tristement prémonitoire, est aussi l'opus le plus évolué d'une formation qui avait précédemment fait dans un punk rock on ne peut plus direct et abrasif, avec des morceaux plus courts les uns que les autres, sa trademark d'alors. Mais plus de ça ici où, dès un fort surprenant Price of Paradise (plus Neil Young que Jello Biafra pour situer) on se rend compte qu'il se passe définitivement quelque chose et que ce D. Boon en pleine mue classic rock, sans rien perdre cependant de son côté sale gosse et d'acquis d'un passé électrique nourrissant ses nouvelles ambitions. De fait, la face D., celle du regretté, est une suite d'inattendus réussis qui d'un cousinage avec les Talking Heads (Lost), d'un penchant même pas coupable pour le rockabilly (The Big Stick), d'une belle reprise de Creedence Clearwater Revival (Have You Ever Seen the Rain?) où même le punk rock sort des sentiers battus (ha ! l'excellent Political Nightmare !). Forcément, la face Mike, celle de l'autre compositeur de la formation, le bassiste et également chanteur Mike Watt, de belle qualité mais nettement moins surprenante (quoique le folk triste de Stories, l'inspiration latino de What Is It? ou le protest rock presque free de Just Another Soldier font leur petit effet) est un peu en deçà mais complète finalement bien l'inspiration "dans tous les sens" de Boon. Bref, meilleur album si le plus atypique de ces Minutemen furieusement anti-establishment, est ce qu'il est convenu d'appeler un final en fanfare, qui laisse un goût amer parce que sans ce satané sort... Immanquable !

Side D.
1. Price of Paradise 3:38
2. Lost 2:33
3. The Big Stick 2:34
4. Political Nightmare 3:56
5. Courage 2:35
6. Have You Ever Seen the Rain? 2:30
Side Mike
7. The Red and the Black 4:09
8. Spoken Word Piece 1:07
9. No One 3:29
10. Stories 1:36
11. What Is It? 1:51
12. Ack Ack Ack 0:27
13. Just Another Soldier 1:58
14. Situations at Hand 1:23
15. Hittin' the Bong 0:41
16. Bermuda 1:41

D. Boon – electric guitar, acoustic guitar, vocals, piano
Mike Watt – bass, vocals, acoustic guitar, electric guitar
George Hurley – drums
&
Joe Baiza – lead guitar ("Situations At Hand")
Ethan James – Linn drum ("What Is It?"), Vietnam War battlefield tape ("Spoken Word Piece")


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MORPHINE "Cure for Pain" (1993)
Bueno !

Un power trio pas comme les autres ? Certainement, parce qu'avec sa basse deux cordes joué en slide, son saxophone remplaçant la guitare, on peut dire que Morphine cultive sa différence mais quand c'est fait avec autant de classe, d'imagination et avec autant de compositions de qualité que sur ce magnifique Cure for Pain, leur second album, comment résister ?
Evidemment, ceux qui les avait découvert avec Good, un an plus tôt, savent les prodiges dont est capable la formation menée par Mark Sandman (qui disparaitra, hélas, foudroyé sur scène par une crise cardique, en 1999 à seulement 46 ans), Sauf que cette fois, c'est encore mieux. Déjà parce que les compositions sont bien meilleurs mais aussi parce que l'alchimie de l'inhabituel trio s'est idéalement établie et fonctionne, présentement, à plein régime ce qui n'était pas exactement le cas sur un très honorable mais encore embryonnaire Good, un an plus tôt. Or donc les chansons y sont meilleures, c'est l'évidence ! Du très accrocheur Buena, petit hit à l'époque tout à fait mérité, qui arrive juste après une courte et accessoire intro à  un All Wrong qui jazze autant qu'il rocke en passant par un A Head with Wings au groove irrésistible ou un tout doux In Spite of Me mais encore un Thursday qui, pour le coup, mérite l'étiquette souvent malvenue de jazz rock, et j'en passe forcément puisque tout est bon sur Cure for Pain, on va de bonnes en excellentes surprises grâce à l'interaction millimétrée des trois (dont un nouveau batteur, Billy Conway, qui ne participe qu'épisodiquement aux sessions). Pas de guitare ? Et alors ? Morphine n'en a nullement besoin et, au contraire, on se dit qu'un instrument de plus serait vraiment un instrument de trop qui viendrait faire perdre de sa belle fraicheur à une galette, je pèse mes mots, d'exception.
Morphine n'aura jamais caracolé en tête des charts, jamais affolé les adolescents alors plus braqués sur l'explosion grunge en général et le nihilisme d'un certain Kurt. Reste que, sur le présent album mais plus généralement dans toute leur œuvre, ces mecs là avaient réussi, l'air de rien, à s'inventer leur propre genre tout en gardant fermement en tête l'absolue nécessité de, surtout, composer de bonnes chansons. Très fort, très recommandé aussi.

1. Dawna 0:44
2. Buena 3:19
3. I'm Free Now 3:24
4. All Wrong 3:40
5. Candy 3:14
6. A Head with Wings 3:39
7. In Spite of Me 2:34
8. Thursday 3:26
9. Cure for Pain 3:13
10. Mary Won't You Call My Name? 2:29
11. Let's Take a Trip Together 2:59
12. Sheila 2:49
13. Miles Davis' Funeral 1:41

Mark Sandman - 2-string slide bass; tritar; guitar; organ; lead vocals
Dana Colley - baritone saxophone; tenor saxophone; backing vocals
Jerome Deupree - drums
&
Billy Conway - drums on tracks 9 & 11; cocktail drum overdub on track 8
Jimmy Ryan - Mandolin on track 7
Ken Winokur - Percussion on track 13


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MUSE "Showbiz" (1999)
Welcome to the Club

Ils débarquent tout juste avec leurs allures de Radiohead qui aurait bouffé du Queen, trois petits gars d'Angleterre pas encore bouffés par les ambitions irréalistes ou les compromis commerciaux de leur leader. Showbiz, c'est la quintessence de Muse, une première déclaration d'intention tout simplement indispensable.
Parce que, outre la définition forcément un peu caricaturale de leur son, Muse, et donc Matthew Bellamy LE compositeur du trio, est une sacrée usine à chansons ! Avec le producteur qui a fait le son de The Bends, John Leckie, les natifs du Devon produisent leur cocktail originel de pop (les mélodies mémorables), d'indie rock (une certaine délicatesse dans le propos), de hard rock (les riffs, l'énergie) et de rock progressif (l'emphase, l'ambition instrumentale) avec un naturel et un professionnalisme tout bonnement stupéfiant chez de si jeunes gens (la petite vingtaine chacun). Evidemment, la voix de Bellamy est voisine de celle de Thom Yorke, de là vient probablement l'insistante comparaison, plaintive et soupirante qu'elle est (ça en agace certains, chez l'un comme chez l'autre, parait-il) mais elle s'imbrique à merveille dans ces chansons passionnées, puissantes, épiques.
Et ça commence dès Sunburn, dès l'intro au piano, la batterie qui groove, et la voix qui s'immisce dans un crescendo qui déboule, forcément !, sur un refrain glorieux, mais il y a aussi de la finesse dans la façon, du soin dans les arrangements, du contrôle dans la passion. Et ça continue avec le tube, Muscle Museum, et ses faux airs de sirtaki, sa partie de basse obsédante et sa mélodie presque cabaret, et ses explosions irrésistibles, et donc une construction comme on aimerait en entendre beaucoup plus souvent. Mais ça ne s'arrête pas là, que non ! D'un Filip à l'énervement guitaristique proche d'un Sonic Youth sur lequel Bellamy appose tout le lyrisme de son maniérisme vocal et qui n'hésite pas à partir en complète vrille le temps d'un interlude mené par un piano vibrionnant, d'un Falling Down très Radiohead, petite ballade où le groupe infuse tout de même un je-ne-sais-quoi soul qui fait la différence, d'un Cave d'une belle énergie rockante comparable à celle d'un Supergrass débutant, les trips vocaux en sus ici, d'un Showbiz en long crescendo qui ne perd jamais son souffle, d'un joli Unintended presque pastoral et, une fois encore, proche de Yorke & Cie, et on arrête là l'énumération d'une tracklist sans défaut pour ne pas lasser, c'est à une belle palette, à une excellente sélection de rock ambitieux mais cependant abordable auquel nous avons affaire. Epatant !
Evidemment, Muse sortira d'autres très bons albums (Absolution !, immanquable !) mais jamais plus cet émouvant, peut-être parce que débutant, ensemble d'innocence et de maîtrise, cette parfaite collection de chansons plus réussies les unes que les autres, c'est sans doute le charme des premières fois, plus certainement celui d'un travail longtemps pensé, fantasmé. Et pour l'auditeur, plus de 15 ans après sa sortie, c'est toujours le même amour d'album, un incontournable.

1. Sunburn 3:54
2. Muscle Museum 4:23
3. Fillip 4:01
4. Falling Down 4:33
5. Cave 4:46
6. Showbiz 5:16
7. Unintended 3:57
8. Uno 3:37
9. Sober 4:04
10. Escape 3:31
11. Overdue 2:26
12. Hate This & I'll Love You 5:09

Matthew Bellamy – vocals; lead and rhythm guitars; piano; Hammond organ on "Falling Down", "Unintended" and "Escape"; mellotron on "Muscle Museum" and "Unintended", Wurlitzer electric piano on "Fillip" and "Hate This & I'll Love You"; synthesizers on "Cave", guitar synthesizer on "Sober"; harmonium on "Escape"; string arrangements on "Showbiz"; production and mixing on "Muscle Museum", "Unintended", "Uno" and "Sober"; artwork
Christopher Wolstenholme – bass; backing vocals; double bass on "Falling Down" and "Unintended"; production and mixing on "Muscle Museum", "Unintended", "Uno" and "Sober"
Dominic Howard – drums; percussion on "Showbiz", "Uno" and "Hate This & I'll Love You"; synthesizer on "Muscle Museum"; production and mixing on "Muscle Museum", "Unintended", "Uno" and "Sober"
&
Paul Reeve – backing vocals on "Unintended", "Uno", "Overdue" and "Hate This & I'll Love You"


3 commentaires:

  1. M comme...

    MALICORNE "Malicorne 1" (1974)
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    MASTERS OF REALITY "Sunrise on the Sufferbus" (1993)
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    MELVINS "Houdini" (1993)
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    MINGUS, CHARLES "Pithecanthropus Erectus" (1956)
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    MINUTEMEN "3-Way Tie (For Last)" (1985)
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    MORPHINE "Cure for Pain" (1993)
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    MUSE "Showbiz" (1999)
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  2. Ah bin M alors, y'a pas Motörhead !

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  3. Y a pas Mimie Mathy non plus ;)
    https://www.israbox.pw/3137557448-mimie-mathy-la-vie-ma-raconte-2006.html

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