mercredi 16 octobre 2013

Bester of the best

Bester Quartet "Metamorphoses" (2012)
ou "Klezmerofolies"


Ha ! Le New-Klezmer, ce succulent hybride de traditions musicales juives est-européennes boosté au jazz et à tout folklore compatible qui passerait par là. Le Bester Quartet, formation polonaise anciennement connue sous l’appellation "Cracow Klezmer Band" et régulièrement croisée dans la série des Radical Jewish Culture de Tzadik et notamment sur l’excellent offshoot Masadien Sanatorium Under The Sign Of The Hourglass (compositions de John Zorn, bien sûr), sont indéniablement un des plus beaux fleurons de cette scène à la vivacité plus à démontrer et dont les artistes surgissent de partout, de Strasbourg à Amsterdam, de New York à Cracovie, de Buenos Aires à Rio de Janeiro… Une passionnante et multiple diaspora, donc.

Présentement, les polonais qui nous intéressent n’en sont donc pas à leur galop d’essai. Outre le précité opus Masadien, 4 albums de compositions originales et un Book of Angels (Balan) sont à mettre à l’actif de leur musique toujours équilibrée entre trois solistes fondateurs : évidemment le leader en nom Jaroslaw Bester (ici au bayan, un accordéon chromatique d’origine russe) mais aussi le violoniste Jaroslaw Tyrala et le clarinettiste/percussionniste (cette dernière affectation tenant plus de l’accompagnement) Oleg Dyyak qui tâte ici aussi du bayan, d’ailleurs.  Si les traditions juives du groupe sont toujours évidentes et que l’âme juive (entre ses guillerets emportements et ses déchirantes lamentations) y fait figure d’inchangeable terreau, la musique du Bester Quartet, comme c’est d’usage dans le New-Klezmer, dépasse très largement les limitations harmoniques et stylistiques de son genre « source ». Ainsi y croise-t-on une forte inclination argentine (cet accordéon russe de faux airs de bandonéon mais aussi une richesse mélodique que n’aurait pas renié Piazzolla), de discrètes touches carioca instillées par les percussions, les fantômes de quelques compositeurs classiques (Mozart, Bach, c’est évident !) et même des flaveurs tex-mex qu’on n’attendait pas forcément là (et où brille le guest-trompettiste Tomasz Zietek, cf. Godforsaken) mais dont on est obligé de convenir qu’elles fonctionnent au service d’une musique admirablement théâtrale, finement mélodique et, mais comment aurait-il pu en être autrement ?, profondément nomade.

Album accessible, mélodique, tour à tour gai et triste et jamais ô grand jamais ennuyeux, Metamorphoses est une petite merveille millimétrée où des musiciens supérieurement doués s’adonnent avec passion et grâce à un étalage aussi dramatique que réussi de leur grand savoir-faire. On a beau être habitué, on en attendait pas tant !


1. The Hope 5:43
2. The Time of Freedom 3:12
3. The Magic Casket 5:29
4. The Life of the Man 5:36
5. Metamorphoses 7:07
6. Godforsaken 7:06
7. Fantasia 4:26
8. Prologue 2:19
9. Solitude 6:45
10. The Spectre 1:49
(oui ! tous en extrait ! l'album le vaut bien !)


Jaroslaw Tyrala: violon
Jaroslaw Bester: bayan
Oleg Dyyak: bayan, clarinette, percussions, duduk
Mikolaj Pospieszalski: contrebasse
&
Tomasz Zietek: trompette

.Recyclé de l'Année du Dragon.
AdD238

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