jeudi 9 octobre 2014

Countdown to Robert III (1998-1994): Rock'n'World Star

Excuse moi, partenaire...
Phase 3 ou le retour vers Led Zeppelin mais comme Robert n'est pas le genre de garçon à se pencher complaisamment sur son passé, en allant de l'avant. Donc, les retrouvailles puis un album de matériel original par deux vieux amis/ennemis qui, quand ils s'entendent... Un bonheur !

MoViNG FoRWaRD
Jimmy Page and Robert Plant "Walking Into Clarksdale" (1998)
ou "Chapter Two"

Ils nous  avaient fait Led Zep' à la sauce world, et c'était très bien, tournée comprise (encore un vif souvenir d'un très beau Bercy). Cette fois, place à la création, à ce premier album hélas sans suite mais pas sans qualité. Walking into Clarksdale qu'il s'appelait. Un chouette album qui en décevra pas mal en ne proposant pas ce qu'ils attendaient : du Led Zeppelin.
Pas du Led Zeppelin même si le dirigeable plane, pas si haut au dessus de la formation lui envoyant quelques ondes aussi diffuses qu'essentielles. Parce que si Page et Plant semblent alors ambitionner le début d'une nouvelle carrière, avec un nouveau groupe, un quatuor  avec le bassiste Charlie Jones, qui accompagne Robert depuis l'excellent Manic Nirvana, et Michael Lee, batteur ayant débuté chez les pop-metalleux Little Angels avant de rejoindre Plant sur Fate of Nations, les deux également de l'aventure No Quarter, ils le font avec la certitude que leur équipe peut fonctionner, et pas seulement sur la base des rares inédits de leur retour, quatre ans plus tôt déjà . Une base solide donc, de musiciens se connaissant bien, respectant ce que chacun pour amener à l'édifice mais dont les patrons restent évidemment nos deux papys de légende.
Evidemment, l'introducteur Shining in the Light évoquera quelques vibrations d'un passé doré avec son mellotron (qui en joue, mystère) à la Rain Song et son beau riff central mais ce n'est pas du Led Zep pour autant, ça n'en a pas la résonance même si un certain cousinage y est évident, on ne se refait jamais tout à fait jamais. When the World Was Young est une toute autre histoire, un morceau "à la Plant" qui, même quand il explose, n'a que peu à voir avec le fantôme de qui vous savez, mais où Jimmy contribue magnifiquement avec un petit goût de (non je ne le dirai pas !). Un morceau aux couplets tout en ambiance, entre folk et blues sans être tout à fait l'un où l'autre, une vraie petite merveille dont la liberté de ton se reflète dans la suite de l'opus. A commencer par Upon a Golden Horse dont les arrangements de cordes majestueux semblent réécrire l'histoire sur de nouvelles bases, et pour une bonne chanson en plus, avec de belles guitares forcément. Puis sur Blue Train, une sorte de blues aéré qui décolle juste quand il faut. Vient ensuite Please Read the Letter, une chanson dont la version vraiment marquante se retrouvera, quelques années plus tard, sur l'album en duo de Robert Plant avec la countrywoman Alison Krauss. Pas que la version du présent duo soit mauvaise, elle est tout sauf ça, juste que l'assemblage des voix de Krauss et Plant, l'esthétique americana aussi, amènent une saveur, un suavité irremplaçable au présent mid-tempo de qualité. Un sommet de l'album, Most High avec ses penchants orientaux rappelle les bons souvenirs No Quarter pour une composition tout à fait réussie. Idem plus loin sur le morceau donnant son nom à la galette, Walking into Clarksdale, celui où le fantôme de qui-vous-savez est le plus présent pour, pourtant, un blues fleurant bon la fin des années soixante voire, ponctuellement, déviant vers un rock presque 50s. Et je vais arrêter là l'énumération. Parce que tout est bon, dans le Clarksdale ! Pas forcément aussi accrocheur que (non je ne le dirais pas !), plus adulte aussi mais bien foutu, intelligemment arrangé, finement joué, excellemment produit.
Alors la déception de certains ? Des attentes trop élevées ? Des souhaits trop revivalistes quand Page et Plant avaient plutôt envie de reprendre la copie où il l'avait laissée, de la nourrir des diverses expériences vécues depuis, moderniser et être aussi un peu moins rock renvoyant à l'adage qu'on s'adoucit avec les années, c'est le cas ici (même si Sons of Freedom est aussi furieux que le plus furieux de leur passé). On pense souvent à Led Zeppelin ? Encore heureux avec le pédigrée des deux lascars ! Mais on pense seulement, Walking into Clarksdale, un vrai bon album qui gagne à la répétition des écoutes, n'est de fait comparable à aucun album du duo du temps du quatuor tout en étant la suite logique, l'évolution obligatoire de deux artistes toujours vivants. Le vrai seul regret, en fait, est qu'il n'y ait pas encore, qu'il n'y aura probablement jamais de suite, c'est dommage, vraiment !

1. Shining in the Light 4:01
2. When the World Was Young 6:13
3. Upon a Golden Horse 3:52
4. Blue Train 6:45
5. Please Read the Letter 4:21
6. Most High 5:36
7. Heart in Your Hand 3:50
8. Walking into Clarksdale 5:18
9. Burning Up 5:21
10. When I Was a Child 5:45
11. House of Love 5:35
12. Sons of Freedom 4:08

Jimmy Page – acoustic and electric guitars, mandolin, co-production
Robert Plant – vocals, co-production
Charlie Jones – bass guitar, percussion
Michael Lee – drums, percussion
&
Lynton Naiff
– string arrangements on "Upon a Golden Horse"
Ed Shearmur – programming and string pads on "Most High"
Tim Whelan – keyboards on "Most High"

LeS ReTRouVaiLLeS
Jimmy Page and Robert Plant "No Quarter: Jimmy Page and Robert Plant Unledded" (1994)
ou "Ethno Zeppelin"

Dire qu'on a attendu le retour de ces deux là ensembles tient indéniablement du doux euphémisme, que ce ne soit pas sous le nom qui fit leur gloire dans les 70s n'est en aucun cas un facteur minorant au bonheur de les écouter, enfin !, revisiter quelques pièces de leur répertoire et, aussi, d'en créer quelques nouvelles, promesse d'une suite pas encore tout à fait définie, alors.
Evidemment Page et Plant s'était déjà recroisés depuis la fin de Led Zeppelin, une première fois en 1984 dans les revivalistes Honeydrippers, une seconde lors des enregistrements du Now and Zen de Robert, preuve qu'ils se tournaient autour, que l'envie existait... Et pas seulement pour une courte reformation comme ce fut le cas au Live Aid, lors du concert célébrant les 40 ans du label Atlantic ou, plus intimement, pour le mariage de Jason Bonham, fils de qui vous savez... Non, cette fois c'est pour de vrai, avec un album, avec même 4 nouvelles chansons, et une tournée !, la totale !
Et donc, moult recyclages du répertoire de leur ancienne formation, bonne façon de rappeler au public peut-être oublieux, à une jeune génération qui n'a vécu le frisson que par procuration, qu'ils sont les inventeurs de ce hard rock libre, parfois blues, parfois progressif, parfois folk... Un kaléidoscope de sons et de tendances compatibles les unes aux autres présentement accommodés de nouvelles saveurs, et d'un ensemble de musiciens aux petits oignons pour servir ces ambitions dont, pour l'anecdote, une tête déjà bien connue en la personne d'un ex-Cure, Porl Thompson.
Sur la sélection proprement dite, qui, c'est évident, provoquera quelques frustrations, parce que nous avons toutes nos chansons préférées du Dirigeable de Plomb, pas forcément les plus connues, on appréciera qu'elle ait avant tout été choisie pour sa compatibilité avec l'inclinaison que nos deux légendes voulaient donner à l'album. Une chose est sûre, qu'elles soient folkisées et assaisonnées d'hurdy gurdy (Nobody's Fault but Mine), reproduites avec une certaine fidélité de l'originale (Thank You, juste un peu électrisé, No Quarter joué façon blues du delta, Since I've Been Loving You uniquement supplémenté de cordes bienvenues), ou agrémentées d'orchestrations orientalisantes (Friends, The Battle of Evermore, Four Sticks ou Kashmir et leurs excellents ensembles de cordes et de percussions), elles parviennent tous à régénérer le mythe sans jamais le trahir. Il faut dire que Page a retrouvé de l'allant en revenant à un répertoire à sa mesure, et que Plant a toujours une voix absolument impressionnante si ayant sans doute quelque peu perdu dans les aigus, c'est l'âge.
Et  les nouvelles chansons, au fait ? On se doit d'avouer que, pour sympathiques qu'elles soient, parce qu'on est vraiment bien content de voir ces deux-là recréer ensembles, elles demeurent d'autant plus anecdotiques qu'elles ont à se frotter à un prestigieux voisinage, ce qu'elles font comme elles peuvent et plutôt très bien, en fait, en particulier  City Don't Cry et Wonderful One, deux folk/blues ethniques particulièrement bien troussés.
Au bout du compte, outre l'aspect purement évènementiel que représentât le retour de Page et Plant en équipe, malgré le côté casse-gueule de reprendre son propre répertoire dans, en plus, diverses sources (du live, du studio, du qui parait enregistré autour du feu en plein bivouac), c'est d'une vraie belle galette dont il s'agit. Un album avec un cœur gros comme ça, qui bat encore 20 ans plus tard.

1. Nobody's Fault but Mine 4:06
2. Thank You 5:47
3. No Quarter 3:45
4. Friends 4:37
5. Yallah 4:59
6. City Don't Cry 6:08
7. Since I've Been Loving You 7:29
8. The Battle of Evermore 6:41
9. Wonderful One 4:57
10. Wah Wah
11. That's the Way 5:35
12. Gallows Pole 4:09
13. Four Sticks 4:52
14. Kashmir 12:27

Jimmy Page - Guitars, mandolin, vocals
Robert Plant - Vocals
Charlie Jones - Bass guitar, percussion
Michael Lee - Drums, percussion
Ed Shearmur - Keyboards, organ, piano
Porl Thompson - Guitars, banjo
Nigel Eaton - Hurdy gurdy
Jim Sutherland - Mandolin, bodhrán
Waeil Abu Bakr - Violin – soloist
Abdel Salam Kheir - Oud
Ibrahim Abdel Khaliq - Percussion
Hossam Ramzy - Percussion
Farouk El Safi - Daf, bendir
Najma Akhtar - Backing vocals
Bashir Abdel Aal - Nay
Amin Abdelazeem - Strings
Ian Humphries, David Juritz, Elizabeth Layton, Pauline Lowbury, Rita Manning, Mark Berrow, Ed Coxon, Harriet Davies, Rosemary Furness, Perry Montague-Mason, David Ogden - Violin
Janet Atkins, Andrew Brown, Rusen Gunes, Bill Hawkes - Viola
Caroline Dale, Ben Chappell, Cathy Giles, Stephen Milne - Cello
Sandy Lawson, Storme Watson - Didjeridu

...de venir à toi.

8 commentaires:

  1. Countdown to Robert III (1994-1998): Rock'n'World Star

    Jimmy Page and Robert Plant "Walking Into Clarksdale" (1998)
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    Jimmy Page and Robert Plant "No Quarter: Jimmy Page and Robert Plant Unledded" (1994)
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  2. Il existe aussi un paquet d'excellents bootlegs de cette période Page/Plant.
    Que du bon !

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    1. J'en ai un, en cd, faudrait que je le ressorte à l'occasion, plus trop le souvenir de ce qu'il vaut... Sûr que la musique y est excellente, la qualité sonore faut voir.

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  3. Gallows Pole, le morceau qui m'a fait ne jamais plus lacher le gaillard .. et le zep en général. Merci à toi pour la petite piqûre !

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    1. Une étape dans un traitement plus long... Vous reprendrez bien une petite piqûre la semaine prochaine, sieur Nestor ?

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    2. Mais bien volontiers ! merci Docteur.

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  4. Eh oui Keith...
    Dont un en 1998 à "Red Rocks Ampitheatre, Morrison"...

    Jean-Paul

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    1. On est preneur, JP !

      Et si quelqu'un a du Bercy de la tournée No Quarter de bonne qualité aussi !

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