Troisième et dernier volume d'une série qui aurait pu durer bien plus longtemps. Cette fois, nous sortirons de la période de gloire du graphiste pour attaquer la fin de carrière mais, surtout, nous nous intéresserons à de bons albums. Enjoie !
LoST PRoG
Mike Rutherford "Smallcreep's Day" (1980)
ou "Genebis"
Le consensus général, concernant la carrière hors de Genesis de Mike Rutherford, est que rien de tout ceci n'est bien fameux. Cependant, le fait Mike and the Mechanics fasse trop souvent dans la mainstream pop la plus gluante ne doit pas nous éloigner du fait qu'un album signé Rutherford est on ne peut plus digne d'intérêt et, comme à fait exprès, c'est d'un (quasi) concept album dont il s'agit : Smallcreep's Day.
De fait, pour sa toute première aventure solitaire, Mr. Rutherford ne s'éloigne que prudemment du son qui a fait la renommée de son projet principal. C'est bien de rock progressif dont on cause ici et, si on glisse parfois dans le rock fm (ce que Genesis fait aussi à la même période), l'ensemble ne souffre pas de ces quelques petites compromissions. La nouveauté tient donc plus dans le line-up accompagnant le flegmatique barbu que dans la musique présentement proposée.
Outre les Phillips (Antony, ex-Genesis parti après Trespass et Simon, batteur bourlingueur s'il en fut) et Morris Pert (percussions), c'est Noel McCalla - un complet inconnu qu'on retrouvera plus tard dans une énième mouture du Earth Band de Manfred Mann - qui complète la formation en tant que vocaliste. On se doute que Rutherford a dû auditionner quelques dizaines de candidats avant de dénicher son oiseau rare et si il faut un temps d'adaptation pour intégrer cette voix pleine de soul à ce rock progressif supra-mélodique, le fait est qu'elle apporte un réel plus à ce qui n'aurait été - avec un clone de Collins ou de Gabriel - qu'un Genesis bis. Evidemment, Mike prend en charge les guitares et les basses ce qu'on peut regretter car, si il est un fameux bassiste, Rutherford n'est pas le guitariste d'exception qui conviendrait à cette musique même si il s'y défend plutôt pas mal du tout. On est d'ailleurs surpris que le guitariste Anthony Phillips (ce qu'il était dans Genesis) soit confiné exclusivement aux claviers qui, il est vrai, se taillent ici la part du lion.
Quand aux chansons, si aucune ne parait de prime abord exceptionnelle, les écoutes répétées démontrent que le fort potentiel mélodique entrevu se concrétise et se renforce avec le temps. Alors, évidemment, le fantôme de Genesis est bel et bien présent tout du long de ces 51 minutes ce qui est bien naturel l'unique compositeur représentant un tiers de ce qu'il reste alors du groupe. Et si d'autres influences (Alan Parsons Project ou Camel) pointent le bout de leur nez et enrichissent le son, l'ensemble demeure profondément Genesien. La Suite Smallcreep's Day (une face du vinyl d'époque) en est le parfait exemple et rappelle souvent Duke d'autant que la production de David Hentschel - également responsable de Duke et de nombreux autres albums de Genesis - y est relativement comparable... et totalement adéquate bien qu'on eût aimé un son de batterie plus organique.
En résumé, Smallcreep's Day est un album de rock progressif tout à fait de son époque et qui, cependant, s'ingère sans la moindre difficulté aujourd'hui... A condition d'aimer le genre qu'il représente, évidemment. C'est aussi, pour les fans de Genesis qui l'auraient raté, une excellente opportunité de se replonger dans une époque bénie mais hélas révolue.
Smallcreep's day (1 to 7)
1. Between the tick and the tock 3:59
2. Working in line 3:06
3. After hours 1:46
4. Cats and rats (in this neighbourhood) 4:49
5. Smallcreep alone 1:33
6. Out into the daylight 3:49
7. At the end of the day 5:36
8. Moonshine 6:23
9. Time and time again 4:52
10. Romani 5:25
11. Every road 4:13
12. Overnight job 5:43
Mike Rutherford: guitars & basses
Noel McCalla: lead vocals
Morris Pert: percussion
Ant Phillips: keyboards
Simon Phillips: drums
MIKE RUTHERFORD |
aMeRiCaN DReaM
Def Leppard "High 'n' Dry" (1981)
ou "The Brits can Rock!"
Pour certains l'album où Def Leppard commence à trouver son son, entre stadium rock et hard rock, pour d'autres le début de la fin, la trahison d'une éthique hard-rockante disparaissant qui les verra dériver vers un rock fm peu recommandable, c'est High 'n' Dry, c'est 1981, et c'est vachement bien !
C'est vachement bien parce qu'on y retrouve encore moult traces de l'ingénuité du groupe qui sortit un an plus tôt On Through The Night avec la faconde qui en fera une star mondiale du pop metal dès son successeur, Pyromania. C'est vachement bien parce que les chansons y sont tout de même nettement plus réussies que le coup d'avant avec, en vrac, des morceaux à riffs tranchants et refrains accrocheurs (Let It Go, Another Hit and Run, High 'n' Dry, You Got Me Runnin', Lady Strange, Mirror Mirror), d'autres plus nuancées mais aussi mélodiquement réussis (l'irrésistible power-ballad Bringin' on the Heartbreak dont on préfèrera la version originale au remix un brin émasculé, On Through the Night), voire du presque heavy metal (l'exceptionnel instrumental Switch 625, le puissant et rapide No No No), que la voix de éraillée juste ce qu'il faut de Joe Elliott, les chœurs qui la soutiennent sont le parfait vecteur de l'esprit mélodique du groupe, que les performances instrumentales n'y sont pas en reste sans jamais faire dans la vaine démonstration, que chaque solo y est mélodique et bien senti, et que la production, pour la première fois signée de Robert John "Mutt" Lange (en remplacement d'un Tom Allom connu pour ses mises en son de Judas Priest), sophistiquée sans tomber dans le too much comme ce sera le cas sur Hysteria, claire et puissante aussi, va parfaitement au teint et à l'énergie de ces jouvenceaux aux dents longues.
Si vous voulez mon avis, et si vous ne le voulez pas, tant pis, je vous le donne quand même, Def Leppard ne fera jamais mieux que ce condensé d'esprit mélodique et de saine agressivité même s'il se vendra mieux par la suite mais il n'y a pas que les bilans comptables dans la vie. High 'n' Dry ? Un triomphe du hard'n'heavy des années 80 qui s'ingère avec un égal plaisir aujourd'hui qu'à l'époque de sa sortie, il y a tout de même 35 ans. Enorme, quoi !
1. Let It Go 4:43
2. Another Hit and Run 4:59
3. High 'n' Dry (Saturday Night) 3:27
4. Bringin' On the Heartbreak 4:34
5. Switch 625 3:03
6. You Got Me Runnin' 4:23
7. Lady Strange 4:39
8. On Through The Night 5:06
9. Mirror, Mirror (Look Into My Eyes) 4:08
10. No No No 3:13
Bonus
11. Bringin' On The Heartbreak (Remix) 4:34
12. Me & My Wine (Remix) 3:40
Rick Allen – drums, vocals
Pete Willis – lead guitar, vocals
Joe Elliott – lead vocals
Steve Clark – lead guitar, vocals
Rick Savage – bass guitar, vocals
DEF LEPPARD |
SoFT MeTaL
Rainbow "Straight Between the Eyes" (1982)
ou "Ho ! Le bel Arc-en-Ciel !"
Pour son deuxième opus avec le remplaçant de l'irremplaçable (Joe Lynn Turner en lieu et place du divin Ronnie James Dio), c'est dans une direction moins radio-compatible que sur le prédécesseur du présent, Difficult to Cure, que le Rainbow de Richie Blackmore part chasser n'oubliant, ravivant même, des racines qu'on serait, en vérité, peiné de ne pas retrouver ici. De fait, si Straight Between the Eyes se caractérise par quelques excellentes chansons qui paraissent avoir été conçues pour la band FM (l'évident single Stone Cold mais aussi le très classic rock Tite Squeeze, tous deux joliment réussis), l'affaire commence par un Death Alley Driver qu'on pourrait aisément qualifier de Spotlight Kid #2 dont il égale d'ailleurs presque la splendeur bastonnante et se développe en excellentes saillies (Bring on the Night, Miss Mistreated, Eyes of Fire et même la power ballad Tearin' Out My Heart) où puissance et mélodie, et évidemment les toujours classieuses intervention solistes du leader (particulièrement en verve ici), feront le bonheur, peut-être pas du fan du groupe période Dio mais certainement du taciturne Mister Blackmore indéniable cerveau de l'exercice. Un cerveau bien secondé donc, déjà avec Joe Lynn Turner qui offre ici la plus belle performance vocale de sa carrière, mais aussi par son vieux complice Roger Glover (bassiste mais aussi producteur ô combien efficace de la galette) et de deux membres "de complément" en la personne de Bobby Rondinelli (batterie) et David Rosenthal (claviers) qui semblent avoir été choisis pour leurs ressemblances stylistiques respectivement avec Cozy Powell et Tony Carey. Bref, avec un titre tout à fait approprié et une pochette qui ne l'est pas moins (Storm Thorgerson l'a faite), c'est à un bon Rainbow bien hard et bien classe auquel nous sommes conviés, un plaisir que les connaisseurs ne laisseront pas passer.
1. Death Alley Driver 4:42
2. Stone Cold 5:17
3. Bring On the Night (Dream Chaser) 4:06
4. Tite Squeeze 3:15
5. Tearin' Out My Heart 4:03
6. Power 4:26
7. MISS Mistreated 4:27
8. Rock Fever 3:50
9. Eyes of Fire 6:37
Ritchie Blackmore - guitar
Roger Glover - bass, producer
Joe Lynn Turner - vocals
Bobby Rondinelli - drums
David Rosenthal - keyboards, orchestral arrangements
&
Francois Dompierre - orchestra conductor
Raymond Dessaint - orchestra lead
RAINBOW |
LeD SiNGeR
Robert Plant "The Principle of Moments" (1983)
ou "Bel Plant"
L'essai Pictures at Eleven avait séduit au-delà des espérances, la transformation The Principle of Moments pérennise Robert Plant en artiste solo ayant su s'affranchir d'un passé si glorieux qu'il pouvait en devenir encombrant.
Parce que, voilà, Robert s'est trouvé un style, un rock moderne où claviers et guitares s'y entendent pour habiter la composition, où les libertés stylistiques permettent de continuer d'explorer des panoramas où la voix du leader ne s'est pas encore posée, où toutes choses est destinée à mettre en valeur les qualités d'une formation reconduite n'en manquant pas (et dont Phil Collins, de retour aussi, n'est pas le moindre atout). En toute logique, The Principle of Moments est le successeur logique de Pictures at Eleven, en mieux.
En mieux parce que, si fondamentalement très proche de son prédécesseur, The Principle of Moments convainc plus côté compositions, plus côté arrangements et autant concernant la production et ses atours de modernité. De fait, on peine présentement à trouver la moindre faille dans un répertoire plaisant et cohérent, un répertoire où les réussites se bousculent tellement qu'elle constituent l'ensemble de la tracklist. Aussi, si on citera plus particulièrement un In the Mood pour ses ambiances réussies et ensoleillées, un Wrecking Love qui semble vouloir accoupler les Talking Heads et Led Zeppelin sans pourtant en emprunter tant que ça à l'un ou à l'autre, ou un Stranger Here...Than Over There tout en nuance, étrangeté et polyrythmies malines, c'est l'ensemble d'une galette plus osée qu'il n'y parait qu'il faut louer.
The Principle of Moments, seconde réussite solitaire de Robert Plant en autant d'essai reste, plus de 30 ans après sa sortie, un diable d'album addictif d'un monsieur s'imposant définitivement comme une force vive, en solo ou en groupe. Bravo Robert !
1. Other Arms 4:20
2. In the Mood 5:19
3. Messin' with the Mekon 4:40
4. Wreckless Love 5:18
5. Thru' with the Two Step 5:33
6. Horizontal Departure 4:19
7. Stranger Here... Than Over There 4:18
8. Big Log 5:03
Bonus
9. In the Mood (Live) 7:35
10. Thru' with the Two Step (Live) 11:11
11. Lively Up Yourself (Live) 3:04
12. Turnaround 4:55
Robert Plant - vocals
Robbie Blunt - guitars
Paul Martinez - bass guitar
Jezz Woodroffe - keyboards
&
Phil Collins - drums on 1-3, 5-6, 8, bonus tracks
Barriemore Barlow - drums on 4 and 7
John David - backing vocals
Ray Martinez - backing vocals
Bob Mayo - guitars, keyboards, backing vocals (9-11)
ROBERT PLANT |
MuTaTioN
The Cult "Electric" (1987)
ou "Wokenwol!"
Que de chemin parcouru depuis les débuts gothiques new wave du Southern Death Cult et quelle surprise quand, ultimement, cet Electric apparut dans les bacs ! Or donc, après leur semi-conversion au hard rock sur le très recommandé Love (qui unit hard et l'heroic rock, comme on disait alors, de U2 ou Simple Minds), The Cult retourne au Manor Studios avec Steve Brown pour un album appelé Peace... Dont ils ne sont pas contents et qu'ils remisent donc non sans, avec cette fois Rick Rubin (alors connu pour ses travaux avec les Beastie Boys ou Slayer) à la console, et c'est une autre limonade, un album de (hard) rock brut de décoffrage, sans chichis et sans effets de manche, du frontal, du direct fort bien mené qui provoquera d'ailleurs l'éveil de l'intérêt du nouveau continent pour ces électriques petits anglais et leur chanteur à la gouaille évoquant Jim Morrison. Et sur avec, grosso modo, les mêmes chansons... Mais donc, puisqu'on le trouve ici, on a enfin la chance de pouvoir écouter cette arlésienne de version Peace, c'est pas trop tôt. Qu'y entend-on ? Un Cult qui continue de creuser le sillon de Love majoritairement. Certes, l'écriture a évolué, et le germe que fit éclore Rubin est, de fait, déjà présent mais, dans leur emballage de l'affaire, Astbury & Cie y semblent vouloir pérenniser leur réputation enfin gagnée. Ca ne fait pas un mauvais album, parce que ce sont de bonnes chansons comme nous le savons depuis la sortie d'Electric, mais indéniablement un album trop safe dans la carrière d'un groupe qui n'aura de cesse de se réinventer. Quand à l'objet en soi, l'accouplement si naturel des deux faces d'une même médaille, il est recommandé aux fans de The Cult, bien-sûr, mais aussi à tous les curieux amateurs de bon hard rock qui seraient passés à côté de l'édition simple.
CD 1 - Electric
1. Wild Flower 3:37
2. Peace Dog 3:34
3. Lil' Devil 2:44
4. Aphrodisiac Jacket 4:11
5. Electric Ocean 2:49
6. Bad Fun 3:33
7. King Contrary Man 3:12
8. Love Removal Machine 4:17
9. Born to Be Wild 3:55
10. Outlaw 2:52
11. Memphis Hip Shake 4:01
CD 2 - Peace
1. Love Removal Machine 5:16
2. Wild Flower 4:10
3. Peace Dog 5:09
4. Aphrodisiac Jacket 4:25
5. Electric Ocean 4:13
6. Bad Fun 6:24
7. Conquistador 2:53
8. Zap City 5:15
9. Love Trooper 3:55
10. Outlaw 5:07
11. Groove Co. 4:13
Ian Astbury – vocals
Billy Duffy – guitar
Jamie Stewart – bass guitar
Les Warner – drums
THE CULT |
RiSK
Helloween "Pink Bubbles Go Ape" (1991)
ou "Drôle de Drame"
Après deux album qui triomphèrent dans le petit monde du heavy metal (nommément les deux parties de Keeper of the Seven Keys), enregistrant le départ d'un de ses deux guitariste/fondateurs aussi, Kai Hansen étant alors parti former Gamma Ray pour ne surtout rien changer, c'est un Helloween en complète réassertion de ses possibles que propose Pink Bubbles Go Ape, 4ème long-jeu des fameux teutons. Pas qu'on n'y reconnaisse plus le patte des teutons parce que, passé une courte intro, on tombe sur un Kids of the Century qui n'aurait pas déparé sur la deuxième partie de Keeper, mais qui rame un peu n'osant pas les débordements véloces dont nous avait habitué le groupe. Si la même chose vaut pour quelques autres pièces de la galette, la majorité d'icelles en vérité (Back on the Streets, Heavy Metal Hamsters, Going Home, le speedé Someone's Crying, The Chance) qui pèchent surtout par une inspiration inférieure à celle de ses glorieux prédécesseurs, il y a aussi la partie où Helloween ose, s'essaie à l'ouverture dans des genres où on ne l'attendait pas. C'est évidemment le cas du plus décrié des deux singles (l'autre étant le salué Kids of the Century), le titre auquel l'album doit sans doute sa (trop) funeste réputation, ce Number One où Helloween se la joue pop metal avec force de claviers typiquement 80s et une mélodie... Franchement pas terrible. C'est aussi le cas d'un bon rock'n'roll (I'm Doin' Fine, Crazy Man) et d'une power ballad (Your Turn) qui est vraiment trop Scorpions pour être honnête. Au final, Pink Bubbles Go Ape n'est pas l'énorme ratage que certains se firent le plaisir de décrire (voir Chameleon pour la vraie catastrophe des germains chevelus), juste un album correct qui eut le tort de ne pas réussir à relever le gant de deux exceptionnelles réussites qu'il suivait.
1. Pink Bubbles Go Ape 0:36
2. Kids of the Century 3:51
3. Back on the Streets 3:23
4. Number One 5:13
5. Heavy Metal Hamsters 3:27
6. Goin' Home 3:51
7. Someone's Crying 4:18
8. Mankind 6:18
9. I'm Doin' Fine, Crazy Man 3:39
10. The Chance 3:47
11. Your Turn 5:38
Michael Kiske - vocals, acoustic guitar
Michael Weikath - guitar
Roland Grapow - guitar
Markus Grosskopf - bass
Ingo Schwichtenberg - drums
&
Jörn Ellerbrock, Peter Iversen, Phil Nicholas - keyboards
HELLOWEEN |
NeW WayS
Bruce Dickinson "Skunkworks" (1996)
ou "Bruce à l'alternance"
Pour son troisième opus éloigné de la maison qui a fait de lui une des voix les plus réputées et respectées du monde du metal, Iron Maiden évidemment, c'est un Bruce Dickinson avec dans envies d'ailleurs qui nous propose ce Skunkworks qui en surprit plus d'un. Mais qui surprit surtout ceux qui n'avaient pas suivi les épisodes précédents, nommément l'album solo "récréation" sorti alors qu'il était toujours chez la Vierge de Fer, Tattooed Millionaire, un album de pur hard rock qui déjà tranchait avec les valeur métalliques de son fameux groupe, puis Balls to Picasso, enregistré après le départ, qui enfonçait le clou et élargissait notablement le spectre (un album qu'on recommande d'ailleurs toujours). Mais ce n'était pas assez pour Bruce qui voulait vraiment couper les ultimes filaments du cordon musical le reliant à ses anciens partenaires et décida donc de former un groupe (Skunkworks, qui sous la pression d'un label affolé de ne pas avoir le nom "bankable" du monsieur sur la pochette devint simplement le titre de l'album), engagea un ponte de l'indie rock bruyant pour mettre tout ça en son (Jack Endino, l'ex-Skin Yard, producteur, entre autre, de Bleach et Incesticide de Nirvana) et se laissa aller, avec ses trois compagnons, à faire de l'indie rock teinté de metal alternatif. Et ça marche !, parce que la voix de Bruce qui, à priori, semble si totalement taillée pour le heavy metal, gagne ici en rudesse se glissant ainsi parfaitement dans des compositions où, si l'on reconnaît indéniablement la patte mélodique de Dickinson, on est quand même plus proche de gros groupes US du style (Soundgarden et Pearl Jam en tête) qu'au heavy metal de référence qui fit sa gloire et dont pourtant, il s'amusa à reprendre, lors de la tournée qui suivit Skunkworks, une emblématique chanson, The Prisoner, non sans l'avoir, avec une vraie délectation, systématiquement désossée. Bref, pour atypique que soit Skunkworks dans la carrière d'Air Raid Siren, qui reviendra vite à ce qu'on attendait de lui sur un opportuniste si réussi Accident of Birth, c'est une galette qui mérite le détour et surprendra probablement ceux pour qui Bruce Dickinson n'est qu'un bête chanteur de heavy metal.
1. Space Race 3:47
2. Back from the Edge 4:17
3. Inertia 3:04
4. Faith 3:35
5. Solar Confinement 3:20
6. Dreamstate 3:50
7. I Will Not Accept the Truth 3:45
8. Inside the Machine 3:28
9. Headswitch 2:14
10. Meltdown 4:35
11. Octavia 3:15
12. Innerspace 3:31
13. Strange Death in Paradise 4:50
Bonus
14. Rescue Day 4:11
15. God's Not Coming Back 2:19
16. Armchair Hero 2:42
17. R 101 2:07
18. Re-Entry 4:05
19. Americans Are Behind 2:51
Bruce Dickinson - vocals
Alex Dickson - Guitar
Chris Dale - Bass
Alessandro Elena - drums
SKUNKWORKS |
OuT THe DRiVe-iN
The Mars Volta "De-Loused in the Comatorium" (2003)
ou "Les Agités du Bocal"
At the Drive-In séparé au sommet de son art, Relationship on Command, troisième et ultime opus des fameux post-hardcoreux reste d'ailleurs très recommandé, les deux afros du groupe, Cedrix Bixler-Zavala et Omar Rodriguez-Lopez, se lancent dans une expérience progressive suite finalement logique de leur "gigotatoires" méfaits précédents. Mais là où les références tiraient vers l'indie le plus radical, le punk et le hardcore, c'est cette fois progressisme, psychédélisme et retour de racines chicanos qui prennent le relais. En chansons, ça donne une belle folie de tous les instants avec un côté illuminé bien illustré par l'artwork de Storm Thorgerson. Malins comme pas deux, les gars de The Mars Volta, dont le regretté Jeremy Michael Ward, une des additions les plus récentes au tristement célèbre "27 Club", ouvrent les hostilités, passée une intro de chauffe, par le titre qui rappelle le plus les agissements passés de Cedric et Omar, Inertiatic ESP, idéal pour préparer le pauvre auditeur au déluge de morceaux à tiroirs, où l'on croise pêle-mêle Led Zeppelin, Santana ou Faust parmi les influences, qui suivent (Roulette Dares, Drunkship of Lanterns, Eriatarka, Cicatriz ESP, Tale the Veil Cerpin Taxt, tous d'éblouissantes réussites) ne laissant à l'auditeur un peu éreinté tout de même (surtout aux premières écoutes, ça faot beaucoup de machins qui partent dans tous les sens à encaisser) que de rares respirations (This Apparatus Must Be Unearthed, plus linéaire que la moyenne, et le magnifique acid-folk de Televators) pour retrouver ses esprits. Et c'est, en vérité, cette abondance de biens, le seul défaut, défaut vite gommé par quelques écoutes passionnées, d'un album entérinant la transformation de deux punks modernes en maîtres d'un certain rock progressif crépitant et fusionnant à gogo. Chaudement recommandé aux aventureux des esgourdes.
1. Son et Lumière 1:35
2. Inertiatic ESP 4:24
3. Roulette Dares (The Haunt Of) 7:31
4. Tira Me a las Arañas 1:28
5. Drunkship of Lanterns 7:06
6. Eriatarka 6:20
7. Cicatriz ESP 12:29
8. This Apparatus Must Be Unearthed 4:58
9. Televators 6:19
10. Take the Veil Cerpin Taxt 8:42
Cedric Bixler-Zavala – vocals
Omar Rodríguez-López – guitar, bass ("Ambuletz")
Jon Theodore – drums
Isaiah "Ikey" Owens – keyboards
Flea – bass (except "Televators" and "Ambuletz")
Jeremy Michael Ward – effects & sound manipulation
&
Lenny Castro – percussion
John Frusciante – additional guitar and synthesizer treatment ("Cicatriz ESP")
Justin Meldal-Johnsen – stand-up bass ("Televators")
THE MARS VOLTA |
euTeRPe
Muse "Absolution" (2003)
ou "Bel Ami"
Avant qu'ils ne se perdent dans d'inutiles élans de pomposité (depuis The Resistance en fait), Muse avaient le chic pour fomenter des opus en équilibre entre une brit-pop qui les a indéniablement influencés (Radiohead en tête), un rock classique aux sources aisément identifiables (le Who des 70s) et quelques élans progressifs péri-Queeniens. C'est exactement ce qu'on entend sur ce 3ème opus des petits gars du Devon, Absolution. Mais surtout, c'est à une excellente collection de chansons où, enfin, Muse, Matthew Bellamy en particulier puisqu'il est le principal maître d’œuvre du groupe, exprime enfin une personnalité le démarquant de sa trop encombrante influence. Et dire que pour ça il lui suffisait de se laisser un peu aller à creuser dans ce qui n'était pas forcément "in" laissant s'exprimer le Freddie Mercury qui sommeillait en lui. Mais sans excès ici et avec un son et des arrangement vraiment contemporains et une tension de presque tous les instants, une pompe dosée juste comme il faut dès un Apocalypse Please hanté par un grand piano et une partie vocale passionnée de Matthew jusqu'à un délicat et ouateux Ruled by Secrecy et en passant, bien sûr, par quelques immanquables singles, Time Is Running Out et son groove irrésistible, le nerveux à souhait Stockholm Syndrome, ou un Butterflies and Hurricanes, osera-t-on, hollywoodien. Et tout ça fait ? Le meilleur album de Muse tout simplement, et un album forcément recommandé, du coup.
1. Intro 0:22
2. Apocalypse Please 4:12
3. Time Is Running Out 3:56
4. Sing for Absolution 4:54
5. Stockholm Syndrome 4:58
6. Falling Away with You 4:40
7. Interlude 0:37
8. Hysteria 3:47
9. Blackout 4:22
10. Butterflies and Hurricanes 5:01
11. The Small Print 3:28
12. Endlessly 3:49
13. Thoughts of a Dying Atheist 3:11
14. Ruled by Secrecy 4:54
Matthew Bellamy – lead vocals, lead and rhythm guitars, keyboards, programming, string arrangements, production
Christopher Wolstenholme – bass, backing vocals, production
Dominic Howard – drums, programming, percussion, production
&
Paul Reeve – vocal samples on "Intro", backing vocals on "Blackout" and "Butterflies and Hurricanes"
Audrey Riley – string arrangements
Spectrasonic's Symphony of Voices – vocal samples on "Stockholm Syndrome" and "Endlessly"
MUSE |
the Many Worlds of Storm Thorgerson (Vol. 3/3: 1980-2003)
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Def Leppard "High 'n' Dry" (1981)
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Rainbow "Straight Between the Eyes" (1982)
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Robert Plant "The Principle of Moments" (1983)
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The Cult "Electric" (1987)
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Helloween "Pink Bubbles Go Ape" (1991)
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Bruce Dickinson "Skunkworks" (1996)
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The Mars Volta "De-Loused in the Comatorium" (2003)
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Muse "Absolution" (2003)
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Soyons clairs : la pochette de Rainbow est abominable
RépondreSupprimerEst-ce que c'est beau ? Non. Est-ce que ça décrit bien ce qu'on y entend ? Absolument. Donc, je pense que c'est une bonne pochette de disque. :-p
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